splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Vin

41 poésies en cours de vérification
Vin

Poésies de la collection vin

    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Bacchus Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée, Ô Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée ; Viens, tel que tu parus aux déserts de Naxos, Quand ta voix rassurait la fille de Minos. Le superbe éléphant, en proie à ta victoire, Avait de ses débris formé ton char d’ivoire. De pampres, de raisins mollement enchaîné, Le tigre aux lares flancs de taches sillonné, Et le lynx étoilé, la panthère sauvage, Promenaient avec toi ta cour sur ce rivage. L’or reluisait partout aux axes de tes chars. Les Ménades couraient en longs cheveux épars Et chantaient Évius, Bacchus et Thyonée, Et Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée, Et tout ce que pour toi la Grèce eut de beaux noms. Et la voix des rochers répétait leurs chansons ; Et le rauque tambour, les sonores cymbales, Les hautbois tortueux, et les doubles crotales Qu’agitaient en dansant sur ton bruyant chemin Le faune, le satyre et le jeune sylvain, Au hasard attroupés autour du vieux Silène, Qui, sa coupe à la main, de la rive indienne, Toujours ivre, toujours débile, chancelant, Pas à pas cheminait sur son âne indolent. (inachevé)

    en cours de vérification

    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Larme Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, Je buvais, accroupi dans quelque bruyère Entourée de tendres bois de noisetiers, Par un brouillard d’après-midi tiède et vert. Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert. Que tirais-je à la gourde de colocase ? Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer. Tel, j’eusse été mauvaise enseigne d’auberge. Puis l’orage changea le ciel, jusqu’au soir. Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches, Des colonnades sous la nuit bleue, des gares. L’eau des bois se perdait sur des sables vierges, Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares… Or ! tel qu’un pêcheur d’or ou de coquillages, Dire que je n’ai pas eu souci de boire ! Mai 1872

    en cours de vérification

    Auguste Barbier

    Auguste Barbier

    @augusteBarbier

    Le gin Sombre génie, ô dieu de la misère ! Fils du genièvre et frère de la bière, Bacchus du Nord, obscur empoisonneur, Écoute, ô Gin, un hymne en ton honneur. Écoute un chant des plus invraisemblables, Un chant formé de notes lamentables Qu’en ses ébats un démon de l’enfer Laissa tomber de son gosier de fer. C’est un écho du vieil hymne de fête Qu’au temps jadis à travers la tempête On entendait au rivage normand, Lorsque coulait l’hydromel écumant ; Une clameur sombre et plus rude encore Que le hourra dont le peuple Centaure, Dans les transports de l’ivresse, autrefois Épouvantait le fond de ses grands bois.   Dieu des cités ! à toi la vie humaine Dans le repos et dans les jours de peine, À toi les ports, les squares et les ponts. Les noirs faubourgs et leurs détours profonds, Le sol entier sous son manteau de brume ! Dans tes palais quand le nectar écume Et brille aux yeux du peuple contristé, Le Christ lui-même est un dieu moins fêté Que tu ne l’es : — car pour toi tout se damne, L’enfance rose et se sèche et se fane ; Les frais vieillards souillent leurs cheveux blancs, Les matelots désertent les haubans, Et par le froid, le brouillard et la bise, La femme vend jusques à sa chemise.   Du gin, du gin ! — à plein verre, garçon ! Dans ses flots d’or, cette rude boisson Roule le ciel et l’oubli de soi-même ; C’est le soleil, la volupté suprême, Le paradis emporté d’un seul coup ; C’est le néant pour le malheureux fou. Fi du porto, du sherry, du madère, De tous les vins qu’à la vieille Angleterre L’Europe fait avaler à grands frais, Ils sont trop chers pour nos obscurs palais ; Et puis le vin près du gin est bien fade ; Le vin n’est bon qu’à chauffer un malade, Un corps débile, un timide cerveau ; Auprès du gin le vin n’est que de l’eau : À d’autres donc les bruyantes batailles Et le tumulte à l’entour des futailles, Les sauts joyeux, les rires étouffants, Les cris d’amour et tous les jeux d’enfants ! Nous, pour le gin, ah ! nous avons des âmes Sans feu d’amour et sans désirs de femmes ; Pour le saisir et lutter avec lui, Il faut un corps que le mal ait durci. Vive le gin ! au fond de la taverne, Sombre hôtelière, à l’œil hagard et terne, Démence, viens nous décrocher les pots, Et toi, la Mort, verse-nous à grands flots.   Hélas ! la Mort est bientôt à l’ouvrage, Et pour répondre à la clameur sauvage, Son maigre bras frappe comme un taureau Le peuple anglais au sortir du caveau. Jamais typhus, jamais peste sur terre Plus promptement n’abattit la misère ; Jamais la fièvre, aux bonds durs et changeants, Ne rongea mieux la chair des pauvres gens : La peau devient jaune comme la pierre, L’œil sans rayons s’enfuit sous la paupière, Le front prend l’air de la stupidité, Et les pieds seuls marchent comme en santé. Pourtant, au coin de la première rue, Comme un cheval qu’un boulet frappe et tue, Le corps s’abat, et sans pousser un cri, Roulant en bloc sur le pavé, meurtri, Il reste là dans son terrible rêve, Jusqu’au moment où le trépas l’achève. Alors on voit passer sur bien des corps Des chariots, des chevaux aux pieds forts ; Au tronc d’un arbre, au trou d’une crevasse L’un tristement accroche sa carcasse ; L’autre en passant l’onde du haut d’un pont Plonge d’un saut dans le gouffre profond. Partout le gin et chancelle et s’abîme, Partout la mort emporte une victime ; Les mères même, en rentrant pas à pas, Laissent tomber les enfants de leurs bras, Et les enfants, aux yeux des folles mères, Vont se briser la tête sur les pierres.

    en cours de vérification

    Cesare Pavese

    Cesare Pavese

    @cesarePavese

    Indiscipline L’ivrogne laisse derrière lui les maisons stupéfaites. C’est que n’importe qui ne se hasarde pas à se promener ivre en plein jour, au soleil. Il traverse la rue calmement, et pourrait s’enfiler dans les murs, car il y en a des murs. Seuls les chiens se promènent ainsi mais un chien s’arrête quand il sent une chienne et il la flaire avec soin. L’ivrogne ne regarde personne, et même pas les femmes. Dans la rue, suffoqués de le voir, les gens ne rient pas et voudraient qu’il n’y ait pas eu d’ivrogne, mais tous ceux qui trébuchent en le suivant des yeux, regardent à nouveau devant eux en jurant. Quand l’ivrogne est passé, la rue tout entière se meut plus lentement dans la lumière du soleil. Un homme qui repart aussi pressé qu’avant, ne pourra jamais être l’ivrogne. Les autres regardent, sans les distinguer, les maisons et le ciel qui sont toujours là, même si personne ne les voit. L’ivrogne ne voit ni le ciel ni les maisons mais il les connaît car d’un pas chancelant il parcourt un espace aussi net que les franges de ciel. Embarrassés, les gens se demandent à quoi servent les maisons, et les femmes s’arrêtent de regarder les hommes. Tous ont peur, dirait-on, que soudain la voix rauque éclate en un chant et les suive dans l’air. Chaque maison a sa porte mais il est inutile d’y entrer. L’ivrogne ne chante pas, mais il suit un chemin où il n’y a pas d’autre obstacle que l’air. Heureusement qu’au-delà il n’y a pas la mer, car l’ivrogne en marchant calmement, entrerait également dans la mer et, une fois disparu, il suivrait sur le fond toujours la même route. Et dehors la lumière serait toujours la même.

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'âme du vin Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles : " Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité, Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles, Un chant plein de lumière et de fraternité ! Je sais combien il faut, sur la colline en flamme, De peine, de sueur et de soleil cuisant Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ; Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant, Car j'éprouve une joie immense quand je tombe Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux, Et sa chaude poitrine est une douce tombe Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux. Entends-tu retentir les refrains des dimanches Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ? Les coudes sur la table et retroussant tes manches, Tu me glorifieras et tu seras content ; J'allumerai les yeux de ta femme ravie ; A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs Et serai pour ce frêle athlète de la vie L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs. En toi je tomberai, végétale ambroisie, Grain précieux jeté par l'éternel Semeur, Pour que de notre amour naisse la poésie Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! "

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le poison Le vin sait revêtir le plus sordide bouge D’un luxe miraculeux, Et fait surgir plus d’un portique fabuleux Dans l’or de sa vapeur rouge, Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux. L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes, Allonge l’illimité, Approfondit le temps, creuse la volupté, Et de plaisirs noirs et mornes Remplit l’âme au delà de sa capacité. Tout cela ne vaut pas le poison qui découle De tes yeux, de tes yeux verts, Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers… Mes songes viennent en foule Pour se désaltérer à ces gouffres amers. Tout cela ne vaut pas le terrible prodige De ta salive qui mord, Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord, Et, charriant le vertige, La roule défaillante aux rives de la mort !

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le vin de chiffonniers Souvent à la clarté rouge d’un réverbère Dont le vent bat la flamme et tourmente le verre, Au cœur d’un vieux faubourg, labyrinthe fangeux Où l’humanité grouille en ferments orageux, On voit un chiffonnier qui vient, hochant la tête, Butant, et se cognant aux murs comme un poète, Et, sans prendre souci des mouchards, ses sujets, Epanche tout son cœur en glorieux projets. Il prête des serments, dicte des lois sublimes, Terrasse les méchants, relève les victimes, Et sous le firmament comme un dais suspendu S’enivre des splendeurs de sa propre vertu. Oui, ces gens harcelés de chagrins de ménage Moulus par le travail et tourmentés par l’âge Ereintés et pliant sous un tas de débris, Vomissement confus de l’énorme Paris, Reviennent, parfumés d’une odeur de futailles, Suivis de compagnons, blanchis dans les batailles, Dont la moustache pend comme les vieux drapeaux. Les bannières, les fleurs et les arcs triomphaux Se dressent devant eux, solennelle magie ! Et dans l’étourdissante et lumineuse orgie Des clairons, du soleil, des cris et du tambour, Ils apportent la gloire au peuple ivre d’amour ! C’est ainsi qu’à travers l’Humanité frivole Le vin roule de l’or, éblouissant Pactole; Par le gosier de l’homme il chante ses exploits Et règne par ses dons ainsi que les vrais rois. Pour noyer la rancœur et bercer l’indolence De tous ces vieux maudits qui meurent en silence, Dieu, touché de remords, avait fait le sommeil; L’Homme ajouta le Vin, fils sacré du Soleil !

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le vin de l'assassin Ma femme est morte, je suis libre ! Je puis donc boire tout mon soûl. Lorsque je rentrais sans un sou, Ses cris me déchiraient la fibre. Autant qu'un roi je suis heureux ; L'air est pur, le ciel admirable... Nous avions un été semblable Lorsque j'en devins amoureux ! L'horrible soif qui me déchire Aurait besoin pour s'assouvir D'autant de vin qu'en peut tenir Son tombeau ; - ce n'est pas peu dire : Je l'ai jetée au fond d'un puits, Et j'ai même poussé sur elle Tous les pavés de la margelle. - Je l'oublierai si je le puis ! Au nom des serments de tendresse, Dont rien ne peut nous délier, Et pour nous réconcilier Comme au beau temps de notre ivresse, J'implorai d'elle un rendez-vous, Le soir, sur une route obscure. Elle y vint ! - folle créature ! Nous sommes tous plus ou moins fous ! Elle était encore jolie, Quoique bien fatiguée ! et moi, Je l'aimais trop ! voilà pourquoi Je lui dis : Sors de cette vie ! Nul ne peut me comprendre. Un seul Parmi ces ivrognes stupides Songea-t-il dans ses nuits morbides A faire du vin un linceul ? Cette crapule invulnérable Comme les machines de fer Jamais, ni l'été ni l'hiver, N'a connu l'amour véritable, Avec ses noirs enchantements Son cortège infernal d'alarmes, Ses fioles de poison, ses larmes, Ses bruits de chaîne et d'ossements ! - Me voilà libre et solitaire ! Je serai ce soir ivre mort ; Alors, sans peur et sans remord, Je me coucherai sur la terre, Et je dormirai comme un chien ! Le chariot aux lourdes roues Chargé de pierres et de boues, Le wagon enragé peut bien Ecraser ma tête coupable Ou me couper par le milieu, Je m'en moque comme de Dieu, Du Diable ou de la Sainte Table !

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le vin des amants Aujourd’hui l’espace est splendide ! Sans mors, sans éperons, sans bride, Partons à cheval sur le vin Pour un ciel féerique et divin ! Comme deux anges que torture Une implacable calenture, Dans le bleu cristal du matin Suivons le mirage lointain ! Mollement balancés sur l’aile Du tourbillon intelligent, Dans un délire parallèle, Ma soeur, côte à côte nageant, Nous fuirons sans repos ni trêves Vers le paradis de mes rêves !

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le vin du solitaire Le regard singulier d’une femme galante Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant, Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante ; Le dernier sac d’écus dans les doigts d’un joueur ; Un baiser libertin de la maigre Adeline ; Les sons d’une musique énervante et câline, Semblable au cri lointain de l’humaine douleur, Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde, Les baumes pénétrants que ta panse féconde Garde au cœur altéré du poète pieux ; Tu lui verses l’espoir, la jeunesse et la vie, – Et l’orgueil, ce trésor de toute gueuserie, Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux !

    en cours de vérification

    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Le cabaret Dans le bouge qu’emplit l’essaim insupportable Des mouches bourdonnant dans un chaud rayon d’août, L’ivrogne, un de ceux-là qu’un désespoir absout, Noyait au fond du vin son rêve détestable. Stupide, il remuait la bouche avec dégoût, Ainsi qu’un bœuf repu ruminant dans l’étable. Près de lui le flacon, renversé sur la table, Se dégorgeait avec les hoquets d’un égout. Oh ! qu’il est lourd, le poids des têtes accoudées Où se heurtent sans fin les confuses idées Avec le bruit tournant du plomb dans le grelot ! Je m’approchai de lui, pressentant quelque drame, Et vis que dans le vin craché par le goulot Lentement il traçait du doigt un nom de femme.

    en cours de vérification

    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    La dernière bouteille Les gas ! apportez la darniér’ bouteille Qui nous rest’ du vin que j’faisions dans l’temps, Varsez à grands flots la liqueur varmeille Pour fêter ensembl’ mes quat’er vingts ans… Du vin coumm’ c’ti-là, on n’en voit pus guère, Les vign’s d’aujord’hui dounn’nt que du varjus, Approchez, les gas, remplissez mon verre, J’ai coumm’ dans l’idé’ que j’en r’boirai pus ! Ah ! j’en r’boirai pus ! c’est ben triste à dire Pour un vieux pésan qu’a tant vu coumm’ moué Le vin des vendang’s, en un clair sourire Pisser du perssoué coumme l’ieau du touet ; On aura bieau dire, on aura bieau faire, Faura pus d’un jour pour rempli’ nos fûts De ce sang des vign’s qui’rougit mon verre. J’ai coumm’ dans l’idé’ que j’en r’boirai pus ! A pesant, cheu nous, tout l’mond’ gueul’ misère, On va-t-à la ville où l’on crév’ la faim, On vend poure ren le bien d’son grand-père Et l’on brûl’ ses vign’s qui n’amén’nt pus d’vin ; A l’av’nir le vin, le vrai jus d’la treille Ça s’ra pour c’ti-là qu’aura des écus, Moué que j’viens d’vider nout’ dargnier’ bouteille J’ai coumm’ dans l’idé’ que j’en r’boirai pus.

    en cours de vérification

    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    Sur le pressoir Sous les étoiles de septembre Notre cour a l’air d’une chambre Et le pressoir d’un lit ancien ; Grisé par l’odeur des vendanges Je suis pris d’un désir Né du souvenir des païens. Couchons ce soir Tous les deux, sur le pressoir ! Dis, faisons cette folie ?… Couchons ce soir Tous les deux sur le pressoir, Margot, Margot, ma jolie ! Parmi les grappes qui s’étalent Comme une jonchée de pétales, Ô ma bacchante ! roulons-nous. J’aurai l’étreinte rude et franche Et les tressauts de ta chair blanche Ecraseront les raisins doux. Sous les baisers et les morsures, Nos bouches et les grappes mûres Mêleront leur sang généreux ; Et le vin nouveau de l’Automne Ruissellera jusqu’en la tonne, D’autant plus qu’on s’aimera mieux ! Au petit jour, dans la cour close, Nous boirons la part de vin rose Oeuvrée de nuit par notre amour ; Et, dans ce cas, tu peux m’en croire, Nous aurons pleine tonne à boire Lorsque viendra le petit jour.

    en cours de vérification

    G

    Georges Haldas

    @georgesHaldas

    Le vin fidèle Je regarde ma vie Voici le pont jeté chaque jour sur l'abîme où la rose en silence dans l'ombre dépérit Voici que l'ennemi s'empare de la ville Voici que nous mourons de ne rien pouvoir dire (on meurt ainsi deux fois) Voici en attendant toujours les rues légères les cafés le matin la place familière où se jouent nos destins Où enfin on comprend qu'on ne comprend plus rien Mais où on boit quand même ce peu de vin qui sert entre nous tous de lien

    en cours de vérification

    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le vigneron champenois Le régiment arrive Le village est presque endormi dans la lumière parfumée Un prêtre a le casque en tête La bouteille champenoise est-elle ou non une artillerie Les ceps de vigne comme l’hermine sur un écu Bonjour soldats Je les ai vus passer et repasser en courant Bonjour soldats bouteilles champenoises où le sang fermente Vous resterez quelques jours et puis remonterez en ligne Échelonnés ainsi que sont les ceps de vigne J’envoie mes bouteilles partout comme les obus d’une charmante artillerie La nuit est blonde ô vin blond Un vigneron chantait courbé dans sa vigne Un vigneron sans bouche au fond de l’horizon Un vigneron qui était lui-même la bouteille vivante Un vigneron qui sait ce qu’est la guerre Un vigneron champenois qui est un artilleur C’est maintenant le soir et l’on joue à la mouche Puis les soldats s’en iront là-haut Où l’Artillerie débouche ses bouteilles crémantes Allons Adieu messieurs tâchez de revenir Mais nul ne sait ce qui peut advenir

    en cours de vérification

    G

    Géo Norge

    @geoNorge

    Le vin de cailloux Noircirent le front D'antique statue Et bouche perdue En terre de fond. Mémoire latine De ce qui régna Et bonne racine De ce qui sera. Lavèrent leurs yeux Dans l'eau de fontaine. Lavèrent leurs dieux Dans la vague saine. Mordirent le fruit Dont le jus fait rire. Et viande qu'on cuit Dont le jus fait rire. De vents légendaires Emplirent leurs mains Et leurs corps foncèrent. Ces vents pour tanins. Excellente rage : Cailloux au pressoir. Changé le roc noir En vineux breuvage.

    en cours de vérification

    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Gaieté Petit piqueton de Mareuil, Plus clairet qu’un vin d’Argenteuil, Que ta saveur est souveraine ! Les Romains ne t’ont pas compris Lorsqu’habitant l’ancien Paris Ils te préféraient le Surène. Ta liqueur rose, ô joli vin ! Semble faite du sang divin De quelque nymphe bocagère ; Tu perles au bord désiré D’un verre à côtes, coloré Par les teintes de la fougère. Tu me guéris pendant l’été De la soif qu’un vin plus vanté M’avait laissé depuis la veille ; Ton goût suret, mais doux aussi, Happant mon palais épaissi, Me rafraîchit quand je m’éveille. Eh quoi ! si gai dès le matin, Je foule d’un pied incertain Le sentier où verdit ton pampre !… – Et je n’ai pas de Richelet Pour finir ce docte couplet… Et trouver une rime en ampre.

    en cours de vérification

    I

    Isaac Lerutan

    @isaacLerutan

    Sanglant Secret Sous nos cuirs inégaux que l’on recouvre à souhait de tissus et de peaux, se cache un grand secret… Celui que l’on étouffe de règles et de craintes Celui qui se refuse de sombrer dans la plainte Car il est lumineux comme un éclat de grâce sous nos corps incrédules, son âme se déplace dans de sombres tunnels sans jamais voir le ciel Ce vin mystérieux, curieusement s’évapore par delà les frontières de chacun de nos pores Cruellement délicieux, il transporte avec lui ses signes de faiblesse et sa force, insoumis Cette sève docile, en vigne de noblesse, secrètement se joue des sens de nos caresses Mais l’enveloppe absurde a cru bon s’enjouer de sa grande richesse dénaturalisée Pensant la libérer, personne n’a compris qu’un secret ne se percera jamais d’un fusil Le reflet de l’amour, foyer des espérances coule inlassablement, partageant son essence Il se glace de voir ce qu’on a fait de lui Malmené sans pudeur, au cœur des apparences, Enseveli sous le non-sens des différences son image est rebelle, fidèle et infinie elle est universelle comme le sens de la vie Imprudent, sache bien qu’au delà des habits le sang de chaque humain joue la même mélodie !

    en cours de vérification

    J

    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Pour la lumière et pour le vin Comme entre les os proférés la parole mère — le feu dans le lit natal de la nuit, qu'ainsi la tête de taureau luisante de laits et d'anis sous l'arbre de la lune, — un peuple avec la pierre prophétique se lève encore pour sacrer la science des noces peintes dans la profondeur des cerfs rouges ! Car malgré le sang et la mort toute planète pour la fable à reconnaître et inventer d'un même amour — d'un même amour à recevoir et à mûrir comme dans l'incantation la terre hantée d'une autre terre, n'a pas le nom des foudroiements. Ô voyages magnétisés! Dans la mémoire sous la laine, dans le mystère entre les morts n'est pas détruite la racine qui charge d'herbe et d'or la chair, mais séparée — et la narine dure à la force de ton sel, ô mon soleil ! Cette semence plantée plus vive que la vie aux origines du silence cherche pourtant, dedans le corps frappé déjà d'éternité, à le changer en elle-même. Et comme d'un seul poumon mues les hautes respirations, c'est de toutes glaises obscures une traversée, une enfance vers l'eau centrale de l'été. Les augures teints sur la roche sont d'agneaux noirs, la mer acide, et dans les pays enterrés brûlée, noyée la femme aux neiges. Mais ton amour est sous la menthe et ta chair déjà sous la chair et sous le malheur le pain pur. Car une joie d'iode et de bois depuis le premier jour du monde fait une fête essentielle à travers signes et figures vers le seul corps royal — ô Christ, afin qu'en lui seul soit par lui la patience de la vigne fraîche aux captures solennelles, libre dans la métamorphose pour la lumière et pour le vin.

    en cours de vérification

    Jean Richepin

    Jean Richepin

    @jeanRichepin

    Le vin triste J’ai du sable à l’amygdale. Ohé ! ho ! buvons un coup, Un, deux, trois, longtemps, beaucoup ! Il faut s’arroser la dalle Du cou. J’ai le cœur en marmelade. Les membres froids, l’esprit lourd. Hé ! ho ! crions comme un sourd Pour étourdir ce malade D’amour. J’ai le nez blanc, l’œil qui rentre, Le teint couleur de citron, Le corps sec comme un mitron. Je veux trogne rouge, et ventre Tout rond. J’ai, pour guérir ma folie, Pris un remède, dix, vingt; Et puisque tout fut en vain, Je veux être une outre emplie De vin. Que les verres soient mes armes. Moi je serai leur fourreau. Nous tuerons l’amour bourreau Qui met dans mon vin mes larmes Pour eau. Je ne bois pas, je me panse. Au bruit du glouglou moqueur Je fais taire ma rancœur. Et j’enterre dans ma panse Mon cœur.

    en cours de vérification

    Jean Richepin

    Jean Richepin

    @jeanRichepin

    Poivrot Eh ben ! oui, j’ suis bu. Et puis, quoi ? Que qu’ vous m’voulez, messieurs d’la rousse ? Est-ç’ que vous n’aimez pas comm’ moi Àvous rincer la gargarousse ? Voyez-vous, frangins, eh ! sergots, Faut êt’ bon pour l’espèce humaine. D’vant l’ pivois les homm’s sont égaux. D’ailleurs j’ai massé tout’ la s’maine. (Tu sais, j’ dis ça à ton copain, Pa’ç’que j’vois qu’ c’est un gonç’ qui boude. Mais entre nous, mon vieux lapin, J’ai jamais massé qu’à l’ver l’coude.) Après six jours entiers d’turbin, J’ me sentais la gueule un peu sale. Vrai, j’avais besoin d’ prend’ un bain ; Seul’ment j’l’ai pris par l’amygdale. J’ sais ben c’ que vous m’ dit’s : qu’il est tard, Que j’ baloche et que j’ vagabonde. Mais j’ suis tranquill’ j’ fais pas d’pétard. Et j’ crois qu’ la rue est à tout l’ monde. Les pant’s sont couchés dans leurs pieux, Par conséquent je n’ gên’ personne.–164 – Laissez-moi donc ! j’ suis un pauv’ vieux. Où qu’ vous m’emm’nez, messieurs d’la sonne ? Quoi ? vrai! vous allez m’ ramasser ? Ah ! c’est muf! Mais quoi qu’on y gagne ! J’m’en vas vous empêcher d’pioncer. J’ ronfle comme un’ toupi’ d’All’magne.

    en cours de vérification

    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Bacchanale Une brusque clameur épouvante le Gange. Les tigres ont rompu leurs jougs et, miaulants, Ils bondissent, et sous leurs bonds et leurs élans Les Bacchantes en fuite écrasent la vendange. Et le pampre que l’ongle ou la morsure effrange Rougit d’un noir raisin les gorges et les flancs Où près des reins rayés luisent des ventres blancs De léopards roulés dans la pourpre et la fange. Sur les corps convulsifs les fauves éblouis, Avec des grondements que prolonge un long râle, Flairent un sang plus rouge à travers l’or du hâle ; Mais le Dieu, s’enivrant à ces jeux inouïs, Par le thyrse et les cris les exaspère et mêle Au mâle rugissant la hurlante femelle.

    en cours de vérification

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Hébé Les yeux baissés, rougissante et candide, Vers leur banquet quand Hébé s’avançait, Les Dieux charmés tendaient leur coupe vide, Et de nectar l’enfant la remplissait. Nous tous aussi, quand passe la Jeunesse, Nous lui tendons notre coupe à l’envi. Quel est le vin qu’y verse la déesse ? Nous l’ignorons; il enivre et ravit. Ayant souri dans sa grâce immortelle, Hébé s’éloigne ; on la rappelle en vain. Longtemps encor sur la route éternelle, Notre œil en pleurs suit l’échanson divin

    en cours de vérification

    M

    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    Valse Ah! pourquoi de vos yeux Tant appeler mes yeux, Et pourquoi d’une folle étreinte me dire Que tout est puéril Hors élan de nos cœurs Éperdus l’un vers l’autre. Ces lampes claires et ces girandoles Dévoileraient mon trouble sans doute, Si je laissais vos yeux Tant parler à mes yeux. Vois l’enchantement de cette nuit complice Et ces roses Amoureuses Aux corsages des Amoureuses. Respirons les arômes charmants Qui montent de ces fleurs, Parées comme des femmes, Et des ces femmes parées Comme des fleurs. Enivrons-nous du doux vin Cher à Cythérée, Tandis que les violons Traînent des notes pâmées Et que les violoncelles sont Des voix humaines extasiées. Ne fuyez pas, chers yeux, tes yeux Abandonnez-vous vaincus et vainqueurs, Abandonnez-vous, tes yeux à mes yeux.

    en cours de vérification

    Max Jacob

    Max Jacob

    @maxJacob

    Le vin Le calice où les lèvres de Dieu ont bu du vin est le calice où les prêtres boivent le matin. Si le vin est l'Esprit, donnez-moi à boire au même verre, le Vôtre, Seigneur ! S'il faut des agonies et la mort après ce coup de Boisson, saisissons-les et jusqu'au sang et jusqu'à la fièvre. Les agonies et la mort ne sont pas épargnées aux autres. Autant boire ! Si le vin qui vient de Vos Vignes est le meilleur, je veux en boire et y retourner. Les boissons rendent orgueilleux. Les boissons font du bruit. Votre Vin est silence, humilité, joie intime. En touchant notre estomac il touche aussi notre âme ! et en voilà pour toute une journée de sérénité et d'union avec autrui et avec Vous.

    en cours de vérification

    M

    Michelle Grenier

    @michelleGrenier

    Je n’aime plus le coca Je n’aime plus le coca J’en aime un autre. Avec lui je me vautre Dans un bain de caresse Il est mon idole, mon ivresse ! Il m’offre en bouquet des violettes, Des nectars de fruits noirs À en perdre la tête ! Et je lui dis des mots d’amour il est en jambe, il a du velours Il a du corps et de la cuisse Et je cède à tous ses caprices Il aura ma peau, oh ! Délicieux supplice ! Tous les jours à la noce Il m’en fait boire De toutes les couleurs, le beau gosse : Des rubis pourpres grenat ! Je n’aime plus le coca, J’en aime un autre : Mon beau jojo, mon beaujolais, mon beau jaja, Avec lui je me vautre Dans la lie, jusque là !

    en cours de vérification

    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Chanson a boire (I) Philosophes rêveurs, qui pensez tout savoir, Ennemis de Bacchus, rentrez dans le devoir: Vos esprits s’en font trop accroire. Allez, vieux fous, allez apprendre à boire. On est savant quand on boit bien: Qui ne sait boire ne sait rien. S’il faut rire ou chanter au milieu d’un festin, Un docteur est alors au bout de son latin: Un goinfre en a toute la gloire. Allez, vieux fous, allez apprendre à boire. On est savant quand on boit bien: Qui ne sait boire ne sait rien.

    en cours de vérification

    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Chanson a boire (II) Soupirez jour et nuit sans manger et sans boire; Ne songez qu’à souffrir; Aimez, aimez vos maux, et mettez votre gloire À n’en jamais guérir. Cependant nous rirons Avecque la bouteille, Et dessous la treille Nous la chérirons. Si sans vous soulager une aimable cruelle Vous retient en prison, Allez aux durs rochers, aussi sensibles qu’elle? En demander raison. Cependant nous rirons Avecque la bouteille, Et dessous la treille Nous la chérirons.

    en cours de vérification

    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Chanson a boire (III) Que Bâville me semble aimable, Quand des magistrats le plus grand Permet que Bacchus à sa table Soit notre premier président! Trois muses, en habit de ville, Y président à ses côtés: Et ses arrêts par Arbouville Sont à plein verre exécutés. Si Bourdaloue un peu sévère Nous dit, Craignez la volupté; Escobar, lui dit-on, mon Père, Nous la permet pour la santé. Contre ce docteur authentique Si du jeûne il prend l’intérêt, Bacchus le déclare hérétique, Et janséniste, qui pis est.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Vendanges Les choses qui chantent dans la tête Alors que la mémoire est absente, Ecoutez, c’est notre sang qui chante… O musique lointaine et discrète ! Ecoutez ! c’est notre sang qui pleure Alors que notre âme s’est enfuie, D’une voix jusqu’alors inouïe Et qui va se taire tout à l’heure. Frère du sang de la vigne rose, Frère du vin de la veine noire, O vin, ô sang, c’est l’apothéose ! Chantez, pleurez ! Chassez la mémoire Et chassez l’âme, et jusqu’aux ténèbres Magnétisez nos pauvres vertèbres,

    en cours de vérification