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Passion

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Poésies de la collection passion

    Maurice Scève

    Maurice Scève

    @mauriceSceve

    En toi je vis En toi je vis ou que tu sois absente, en moi je meurs, ou que soye présent. Tant loin sois-tu, toujours tu es présente, pour près que soie, encore suis-je absent. Et si nature outragée se sent de me voir vivre en toi trop plus qu'en moi, le haut pouvoir qui, ouvrant sans émoi, infuse l'âme en ce mien corps passible, la prévoyant sans son essence en soi, en toi l'étend comme en son plus possible.

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    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    L’amateur d’horloges Sans cesse autour de six pendules, De deux montres, de trois cadrans, Lutin, depuis trente et quatre ans, Occupe ses soins ridicules. Mais à ce métier, s’il vous plaît, A-t-il acquis quelque science? Sans doute; et c’est l’homme de France Qui sait le mieux l’heure qu’il est!

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    N

    Nta Eric Stephan

    @ntaEricStephan

    Amour cache Christelle est belle Oui je suis fou ,je suis fou d'elle Mais je l'aime pour toujours Quelque soit son amour de tous les jours Je lui reste fidèle pour toute la vie Et j'en suis ravie En sa présence je pleure Car elle ne sait pas que je l'aime J'ai peur de l'avouer mon amour Elle passe chaque jour devant moi Je baisse mon visage en larme Pour ne pas croiser son regard Tête baissé je l'adresse un bonjour en tremblant Elle est marié mais moi je l'aime Elle est plus âgé mais je l'aime Vivre l'amour,vivre l'amour pour toujours NTA ERIC STEPHAN Email:ndjokoanta@gmail.com

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Mère glorieuse Viens entre les bras de ta mère, Viens, tes beaux grands yeux dans les siens, À son épaule, à ta manière, Nouer tes doigts de rose. Viens! Viens! Que ta bouche sur sa bouche Dépose un baiser triomphant: Que l’âme de ta mère touche À ta divine âme d’enfant. Son coeur est glorieux d’entendre Ton coeur de française, ton coeur, Dans une poitrine si tendre, Battre d’un rythme aussi vainqueur. Son corps frémit de fibre en fibre, Et vibre, à chaque battement, Comme à la moindre touche, vibre Un harmonieux instrument. Prophétesse de ton aurore, Ta mère sait ce qu’elle sent, Dans le bruissement sonore, Dans l’allégresse de ton sang. Coeur de son coeur, tu lui fais croire À la richesse du Seigneur Qui lui donne une telle gloire, Et lui promet un tel bonheur. Coeur de son coeur, que ta pensée, Radieuse, vibre toujours, Idéalement cadencée, À l’unisson de ses amours. Accomplis tout ce que réclame La noblesse de tes aïeux, Pour être, ici-bas, grande dame, Et, grande sainte, dans les cieux.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Celle qui n’a pas la parole Les feuilles de couleur dans les arbres nocturnes Et la liane verte et bleue qui joint le ciel aux arbres, Le vent à la grande figure Les épargne. Avalanche, à travers sa tête transparente La lumière, nuée d’insectes, vibre et meurt. Miracle dévêtu, émiettement, rupture Pour un seul être. La plus belle inconnue Agonise éternellement. Étoiles de son cœur aux yeux de tout le monde.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La mort, l’amour, la vie J’ai cru pouvoir briser la profondeur de l’immensité Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges Comme un mort raisonnable qui a su mourir Un mort non couronné sinon de son néant Je me suis étendu sur les vagues absurdes Du poison absorbé par amour de la cendre La solitude m’a semblé plus vive que le sang Je voulais désunir la vie Je voulais partager la mort avec la mort Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buée Ni rien devant ni rien derrière rien entier J’avais éliminé le glaçon des mains jointes J’avais éliminé l’hivernale ossature Du voeu de vivre qui s’annule Tu es venue le feu s’est alors ranimé L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé Et la terre s’est recouverte De ta chair claire et je me suis senti léger Tu es venue la solitude était vaincue J’avais un guide sur la terre je savais Me diriger je me savais démesuré J’avançais je gagnais de l’espace et du temps J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit Promettait à l’aurore des regards confiants Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard Ta bouche était mouillée des premières rosées Le repos ébloui remplaçait la fatigue Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours. Les champs sont labourés les usines rayonnent Et le blé fait son nid dans une houle énorme La moisson la vendange ont des témoins sans nombre Rien n’est simple ni singulier La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit La forêt donne aux arbres la sécurité Et les murs des maisons ont une peau commune Et les routes toujours se croisent. Les hommes sont faits pour s’entendre Pour se comprendre pour s’aimer Ont des enfants qui deviendront pères des hommes Ont des enfants sans feu ni lieu Qui réinventeront les hommes Et la nature et leur patrie Celle de tous les hommes Celle de tous les temps. Paul Eluard

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La terre est bleue La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus à chanter Au tour des baisers de s’entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d’alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vêtements d’indulgence À la croire toute nue. Les guêpes fleurissent vert L’aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres Des ailes couvrent les feuilles Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beauté.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    L’égalité des sexes Tes yeux sont revenus d’un pays arbitraire Où nul n’a jamais su ce que c’est qu’un regard Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres, Celle des gouttes d’eau, des perles en placards, Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue, Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir Et s’il semble obéir aux puissances du soir C’est que ta tête est close, ô statue abattue Par mon amour et par mes ruses de sauvage. Mon désir immobile est ton dernier soutien Et je t’emporte sans bataille, ô mon image, Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Billet à Lily Ma petite compatriote, M’est avis que veniez ce soir Frapper à ma porte et me voir. Ô la scandaleuse ribote De gros baisers et de petits Conforme à mes gros appétits ? Mais les vôtres sont si mièvres ? Primo, je baiserai vos lèvres, Toutes, c’est mon cher entremets, Et les manières que j’y mets, Comme en tant de choses vécues, Sont friandes et convaincues ! Vous passerez vos doigts jolis Dans ma flave barbe d’apôtre, Et je caresserai la vôtre. Et sur votre gorge de lys, Où mes ardeurs mettront des roses, Je poserai ma bouche en feu. Mes bras se piqueront au jeu, Pâmés autour de bonnes choses De dessous la taille et plus bas. Puis mes mains, non sans fols combats Avec vos mains mal courroucées Flatteront de tendres fessées Ce beau derrière qu’étreindra tout l’effort qui lors bandera Ma gravité vers votre centre. À mon tour je frappe. Ô dis : Entre !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Green Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux. J’arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encor de vos derniers baisers ; Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête. Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Initium Les violons mêlaient leur rire au chant des flûtes Et le bal tournoyait quand je la vis passer Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes De son oreille où mon Désir comme un baiser S’élançait et voulait lui parler, sans oser. Cependant elle allait, et la mazurque lente La portait dans son rhythme indolent comme un vers, – Rime mélodieuse, image étincelante, – Et son âme d’enfant rayonnait à travers La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts. Et depuis, ma Pensée – immobile – contemple Sa Splendeur évoquée, en adoration, Et dans son Souvenir, ainsi que dans un temple, Mon Amour entre, plein de superstition. Et je crois que voici venir la Passion.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Vas unguentatum Admire la brèche moirée Et le ton rose-blanc qu’y met La trace encor de mon entrée Au paradis de Mahomet. Vois, avec un plaisir d’artiste, Ô mon vieux regard fatigué D’ordinaire à bon droit si triste, Ce spectacle opulent et gai, Dans un mol écrin de peluche Noire aux reflets de cuivre roux Qui serpente comme une ruche, D’un bijou, le dieu des bijoux, Palpitant de sève et de vie Et vers l’extase de l’amant Essorant la senteur ravie, On dirait, à chaque élément. Surtout contemple, et puis respire, Et finalement baise encor Et toujours la gemme en délire, Le rubis qui rit, fleur du for Intérieur, tout petit frère Epris de l’autre et le baisant Aussi souvent qu’il le peut faire, Comme lui soufflant à présent… Mais repose-toi, car tu flambes. Aussi, lui, comment s’apaiser, Cuisses et ventre, seins et jambes Qui ne cessez de l’embraser ? Hélas ! voici que son ivresse Me gagne et s’en vient embrasser Toute ma chair qui se redresse… Allons, c’est à recommencer !

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La courbe de tes yeux La Courbe de tes Yeux un des plus beaux poèmes de Paul Éluard. C’est un poème d'amour en trois quintils, publié en 1924 dans le recueil Capitale de la Douleur. Il est écrit après sa séparation avec sa femme avec Gala, d’origine Russe, qu’il aime encore. Ils se rencontrent en 1912 se marient en 1917. La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    La première fois » Maman !… Je voudrais qu’on en meure. «  Fit-elle à pleine voix. –  » C’est que c’est la première fois, Madame, et la meilleure. «  Mais elle, d’un coude ingénu Remontant sa bretelle, –  » Non, ce fut en rêve « , dit-elle.  » Ah ! que vous étiez nu… « 

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Chanson Si je perds bien des maîtresses, J'en fais encor plus souvent, Et mes vœux et mes promesses Ne sont que feintes caresses, Et mes vœux et mes promesses Ne sont jamais que du vent.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Espérance D’un accueil si flatteur, et qui veut que j’espère, Vous payez ma visite alors que je vous vois, Que souvent à l’erreur j’abandonne ma foi, Et croîs seul avoir droit d’aspirer à vous plaire. Mais si j’y trouve alors de quoi me satisfaire, Ces charmes attirants, ces doux je ne sais quoi, Sont des biens pour tout autre aussi bien que pour moi, Et c’est dont un beau feu ne se contente guère. D’une ardeur réciproque il veut d’autres témoins, Un mutuel échange et de vœux et de soins, Un transport de tendresse à nul autre semblable. C’est là ce qui remplit un cœur fort amoureux : Le mien le sent pour vous ; le vôtre en est capable. Hélas ! si vous vouliez, que je serais heureux !

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Perdu au jeu Je chéris ma défaite, et mon destin m’est doux, Beauté, charme puissant des yeux et des oreilles : Et je n’ai point regret qu’une heure auprès de vous Me coûte en votre absence et des soins et des veilles. Se voir ainsi vaincu par vos rares merveilles, C’est un malheur commode à faire cent jaloux : Et le cœur ne soupire en des pertes pareilles, Que pour baiser la main qui fait de si grands coups. Recevez de la mienne, après votre victoire, Ce que pourrait un Roi tenir à quelque gloire ; Ce que les plus beaux yeux n’ont jamais dédaigné. Je vous en rends, Iris, un juste et prompt hommage, Hélas ! contentez-vous de me l’avoir gagné, Sans, me dérober davantage.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Dans le serein de sa jumelle flamme Dans le serein de sa jumelle flamme Je vis Amour, qui son arc débandait, Et sur mon coeur le brandon épandait, Qui des plus froids les moelles enflamme. Puis çà puis là près les yeux de ma dame Entre cent fleurs un rets d’or me tendait, Qui tout crépu blondement descendait A flots ondés pour enlacer mon âme. Qu’eussé-je fait ? l’Archer était si doux, Si doux son feu, si doux l’or de ses noeuds, Qu’en leurs filets encore je m’oublie : Mais cet oubli ne me tourmente point, Tant doucement le doux Archer me point, Le feu me brûle, et l’or crêpe me lie.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Douce maîtresse Douce Maîtresse, touche, Pour soulager mon mal, Ma bouche de ta bouche Plus rouge que coral ; Que mon col soit pressé De ton bras enlacé. Puis, face dessus face, Regarde-moi les yeux, Afin que ton trait passe En mon coeur soucieux, Coeur qui ne vit sinon D’Amour et de ton nom. Je l’ai vu fier et brave, Avant que ta beauté Pour être son esclave Du sein me l’eût ôté ; Mais son mal lui plaît bien, Pourvu qu’il meure tien. Belle, par qui je donne A mes yeux, tant d’émoi, Baise-moi, ma mignonne, Cent fois rebaise-moi : Et quoi ? faut-il en vain Languir dessus ton sein ? Maîtresse, je n’ai garde De vouloir t’éveiller. Heureux quand je regarde Tes beaux yeux sommeiller, Heureux quand je les vois Endormis dessus moi. Veux-tu que je les baise Afin de les ouvrir ? Ha ! tu fais la mauvaise Pour me faire mourir ! Je meurs entre tes bras, Et s’il ne t’en chaut pas ! Ha ! ma chère ennemie, Si tu veux m’apaiser, Redonne-moi la vie Par l’esprit d’un baiser. Ha ! j’en sens la douceur Couler jusques au coeur. J’aime la douce rage D’amour continuel Quand d’un même courage Le soin est mutuel. Heureux sera le jour Que je mourrai d’amour !

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Hinne à la nuit Nuit, des amours ministre et sergente fidele Des arrests de Venus, et des saintes lois d’elle, Qui secrete acompaignes L’impatient ami de l’heure acoutumée, Ô l’aimée des Dieus, mais plus encore aimée Des étoiles compaignes, Nature de tes dons adore l’excellence, Tu caches lés plaisirs desous muet silence Que l’amour jouissante Donne, quand ton obscur étroitement assemble Les amans embrassés, et qu’ils tumbent ensemble Sous l’ardeur languissante. Lors que l’amie main court par la cuisse, et ores Par les tetins, ausquels ne s’acompare encores Nul ivoire qu’on voie, Et la langue en errant sur la joüe, et la face, Plus d’odeurs, et de fleurs, là naissantes, amasse Que I’Orient n’envoie. C’est toi qui les soucis, et les gennes mordantes, Et tout le soin enclos en nos ames ardantes Par ton present arraches. C’est toi qui rens la vie aus vergiers qui languissent, Aus jardins la rousée, et aus cieus qui noircissent Les idoles attaches. Mai, si te plaist déesse une fin à ma peine, Et donte sous mes braz celle qui est tant pleine De menasses cruelles. Affin que de ses yeus (yeus qui captif me tiennent) Les trop ardens flambeaus plus bruler ne me viennent Le fond de mes mouelles.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Les amours terrestres Nos yeux se sont croisés et nous nous sommes plu. Née au siècle où je vis et passant où je passe, Dans le double infini du temps et de l’espace Tu ne me cherchais point, tu ne m’as point élu ; Moi, pour te joindre ici le jour qu’il a fallu, Dans le monde éternel je n’avais point ta trace, J’ignorais ta naissance et le lieu de ta race : Le sort a donc tout fait, nous n’avons rien voulu. Les terrestres amours ne sont qu’une aventure : Ton époux à venir et ma femme future Soupirent vainement, et nous pleurons loin d’eux : C’est lui que tu pressens en moi, qui lui ressemble, Ce qui m’attire en toi, c’est elle, et tous les deux Nous croyons nous aimer en les cherchant ensemble.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    A la femme aimée Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume, Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain. Ton corps se devinait, ondoiement incertain, Plus souple que la vague et plus frais que l’écume. Le soir d’été semblait un rêve oriental De rose et de santal. Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids. Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts En le souffle pâmé des angoisses suprêmes. De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour L’agonie et l’amour. Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes La douceur et l’effroi de ton premier baiser. Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes Parmi des flots de sons languissamment décrus, Blonde, tu m’apparus. Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible, D’infini, je voulus moduler largement Un hymne de magie et d’émerveillement. Mais la strophe monta bégayante et pénible, Reflet naïf, écho puéril, vol heurté, Vers ta Divinité.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Chanson pour elle L’orgueil endolori s’obstine À travestir ton cœur lassé, Ténébreux comme la morphine Et le mystère du passé. Tu récites les beaux mensonges Comme on récite les beaux vers. L’ombre répand de mauvais songes Sur tes yeux d’archange pervers. Tes joyaux sont des orchidées Qui se fanent sous tes regards Et les miroitantes idées Plus hypocrites que les fards. Tes prunelles inextinguibles Bravent la flamme et le soleil… Et les Présences Invisibles Rôdent autour de ton sommeil.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Désir Elle est lasse, après tant d’épuisantes luxures. Le parfum émané de ses membres meurtris Est plein du souvenir des lentes meurtrissures. La débauche a creusé ses yeux bleus assombris. Et la fièvre des nuits avidement rêvées Rend plus pâles encor ses pâles cheveux blonds. Ses attitudes ont des langueurs énervées. Mais voici que l’Amante aux cruels ongles longs Soudain la ressaisit, et l’étreint, et l’embrasse D’une ardeur si sauvage et si douce à la fois, Que le beau corps brisé s’offre, en demandant grâce, Dans un râle d’amour, de désirs et d’effrois. Et le sanglot qui monte avec monotonie, S’exaspérant enfin de trop de volupté, Hurle comme l’on hurle aux moments d’agonie, Sans espoir d’attendrir l’immense surdité. Puis, l’atroce silence, et l’horreur qu’il apporte, Le brusque étouffement de la plaintive voix, Et sur le cou, pareil à quelque tige morte, Blêmit la marque verte et sinistre des doigts.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Essentielle Ainsi, l’on se contemple avec des yeux sacrés Devant l’autel des mers et sur l’autel des prés… Toi dont la chevelure en plis d’or illumine, Tu m’as fait partager ton essence divine… Et tu m’as emportée au fond même du ciel, Ô toi que l’on adore, ô l’Être Essentiel ! Tes yeux ont le regard que n’ont point d’autres femmes… Et ce fut, pour nous, comme une rencontre d’âmes. Mon cœur nouveau renaît de mon cœur d’autrefois… Que dire de tes yeux ? Que dire de ta voix ? Ô ma splendeur parfaite, ô ma Toute Adorée ! La mer était en nous, unie à l’empyrée !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Le couchant adoucit Le couchant adoucit le sourire du ciel. La nuit vient gravement, ainsi qu’une prêtresse. La brise a dérouté, d’un geste de caresse, Tes cheveux aux blondeurs de maïs et de miel. Tes lèvres ont gardé le pli de la parole Dont mon rêve attentif s’est longtemps enchanté. Une voix de souffrance et d’extase a chanté Dans l’ombre d’où l’encens des fleurs blanches s’envole. Ta robe a des frissons de festins somptueux, Et, sous la majesté de la noble parure, Fleurit, enveloppé d’haleines de luxure, Lys profane, ton corps pâle et voluptueux. Ta prunelle aux bleus frais s’alanguit et se pâme. Je vois, dans tes regards pareils aux tristes cieux, Dans cette pureté dernière de tes yeux, La forme endolorie et lasse de ton âme. Là-bas s’apaise enfin l’essaim d’or des guêpiers. Parmi tes rythmes morts et tes splendeurs éteintes, Tu frôles sans tes voir les frêles hyacinthes Qui se meurent d’amour, ayant touché tes pieds

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Let the dead bury their dead Voici la nuit : je vais ensevelir mes morts, Mes songes, mes désirs, mes douleurs, mes remords, Tout le passé… je vais ensevelir mes morts. J’ensevelis, parmi les sombres violettes, Tes yeux, tes mains, ton front et tes lèvres muettes, Ô toi qui dors parmi les sombres violettes ! J’emporte cet éclair dernier de ton regard… Dans le choc de la vie et le heurt du hasard, J’emporte ainsi la paix de ton dernier regard. Je couvrirai d’encens, de roses et de roses, La pâle chevelure et les paupières closes D’un amour dont l’ardeur mourut parmi les roses. Que s’élève vers moi l’âme froide des morts, Abolissant en moi les craintes, les remords, Et m’apportant la paix souriante des morts ! Que j’obtienne, dans un grand lit de violettes, Cette immuable paix d’éternités muettes Où meurt jusqu’à l’odeur des douces violettes ! Que se reflète, au fond de mon calme regard, Un vaste crépuscule immobile et blafard ! Que diminue enfin l’ardeur de mon regard ! Mais que j’emporte aussi le souvenir des roses, Lorsqu’on viendra poser sur mes paupières closes Les lotus et les lys, les roses et les roses !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Locusta Nul n’a mêlé ses pleurs au souffle de ma bouche, Nul sanglot n’a troublé l’ivresse de ma couche, J’épargne à mes amants les rancoeurs de l’amour. J’écarte de leur front la brûlure du jour, J’éloigne le matin de leurs paupières closes, Ils ne contemplent pas l’accablement des roses. Seule je sais donner des nuits sans lendemains. Je sais les strophes d’or sur le mode saphique, J’enivre de regards pervers et de musique La langueur qui sommeille à l’ombre de mes mains. Je distille les chants, l’énervante caresse Et les mots d’impudeur murmurés dans la nuit. J’estompe les rayons, les senteurs et le bruit. Je suis la tendre et la pitoyable Maîtresse. Car je possède l’art des merveilleux poisons, Insinuants et doux comme les trahisons Et plus voluptueux que l’éloquent mensonge. Lorsque, au fond de la nuit, un râle se prolonge Et se mêle à la fuite heureuse d’un accord, J’effeuille une couronne et souris à la Mort. Je l’ai domptée ainsi qu’une amoureuse esclave. Elle me suit, passive, impénétrable et grave, Et je sais la mêler aux effluves des fleurs Et la verser dans l’or des coupes des Bacchantes. J’éteins le souvenir importun du soleil Dans les yeux alourdis qui craignent le réveil Sous le regard perfide et cruel des amantes. J’apporte le sommeil dans le creux de mes mains. Seule je sais donner des nuits sans lendemains.

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    Renee Vivien

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    Nocturne J’adore la langueur de ta lèvre charnelle Où persiste le pli des baisers d’autrefois. Ta démarche ensorcelle, Et ton impitoyable et perverse prunelle À pris au ciel du nord ses bleus traîtres et froids. Tes cheveux, répandus ainsi qu’une fumée, Légers et vaporeux, presque immatériel, Semblent, ô Bien-Aimée, Recéler les rayons d’une lune embrumée, D’une lune d’hiver dans le cristal des ciels. Le soir voluptueux a des moiteurs d’alcôve : Les astres sont pareils aux regards sensuels Dans l’éther d’un gris mauve, Et je vois s’allonger, inquiétant et fauve, Le lumineux reflet de tes ongles cruels. Sous ta robe, qui glisse en un frôlement d’aile, Je devine ton corps, — les lys ardents des seins, L’or blême de l’aisselle, Les flancs doux et fleuris, les jambes d’immortelle, Le velouté du ventre et la rondeur des reins. La terre s’alanguit, énervée, et la brise, Chaude encore des lits lointains, vient assouplir La mer lasse et soumise… Voici la nuit d’amour depuis longtemps promise… Dans l’ombre je te vois divinement pâlir.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Victoire Donne-moi tes baisers amers comme des larmes, Le soir, quand les oiseaux s’attardent dans leurs vols. Nos longs accouplements sans amour ont les charmes Des rapines, l’attrait farouche des viols. Repousse, délivrant ta haine contenue, Le frisson de ma bouche éprise de ta chair. Pour crier ton dégoût, dresse-toi, froide et nue, Comme un marbre funèbre aux lueurs d’un éclair. Tes yeux ont la splendeur auguste de l’orage… Exhale ton mépris jusqu’en ta pâmoison, O très chère ! — Ouvre-moi tes lèvres avec rage : J’en boirai lentement le fiel et le poison. J’ai l’émoi du pilleur devant un butin rare, Pendant la nuit de fièvre où ton regard pâlit… L’âme des conquérants, éclatante et barbare, Chante dans mon triomphe au sortir de ton lit

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