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Passion

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Passion

Poésies de la collection passion

    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Envoi d’amour dans le jardin des Tuileries Accours, petit enfant dont j’adore la mère Qui pour te voir jouer sur ce banc vient s’asseoir, Pâle, avec les cheveux qu’on rêve à sa Chimère Et qu’on dirait blondis aux étoiles du soir. Viens là, petit enfant, donne ta lèvre rose, Donne tes grands yeux bleus et tes cheveux frisés ; Je leur ferai porter un fardeau de baisers, Afin que, retourné près d’Elle à la nuit close, Quand tes bras sur son cou viendront se refermer, Elle trouve à ta lèvre et sur ta chevelure Quelque chose d’ardent ainsi qu’une brûlure ! Quelque chose de doux comme un besoin d’aimer ! Alors elle dira, frissonnante et troublée Par cet appel d’amour dont son coeur se défend, Prenant tous mes baisers sur ta tête bouclée : « Qu’est-ce que je sens donc au front de mon enfant ? »

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Vénus rustique Les Dieux sont éternels. Il en naît parmi nous Autant qu’il en naissait dans l’antique Italie, Mais on ne reste plus des siècles à genoux, Et, sitôt qu’ils sont morts, le peuple les oublie. Il en naîtra toujours, et les derniers venus Régneront malgré tout sur la foule incrédule : Tous les héros sont faits de la race d’Hercule, La vieille terre enfante encore des Vénus. I Un jour de grand soleil, sur une grève immense, Un pêcheur qui suivait, la hotte sur le dos, Cette ligne d’écume où l’Océan commence, Entendit à ses pieds quelques frêles sanglots. Une petite enfant gisait, abandonnée, Toute nue, et jetée en proie au flot amer, Au flot qui monte et noie ; à moins qu’elle fût née De l’éternel baiser du sable et de la mer. Il essuya son corps et la mit dans sa hotte, Couchée en ses filets l’emporta triomphant, Et, comme au bercement d’une barque qui flotte, Le roulis de son dos fit s’endormir l’enfant. Bientôt il ne fut plus qu’un point insaisissable, Et le vaste horizon se referma sur lui, Tandis que se déroule au bord de l’eau qui luit Le chapelet sans fin de ses pas sur le sable. Tout le pays aima l’enfant trouvée ainsi ; Et personne n’avait de plus grave souci Que de baiser son corps mignon, rose de vie, Et son ventre à fossette, et ses petits bras nus. Elle tendait les mains, par les baisers ravie, Et sa joie éclatait en rires continus. Quand elle put enfin s’en aller par les rues. Posant l’un devant l’autre, avec de grands efforts, Ses pieds sur qui roulait et chancelait son corps, Les femmes l’acclamaient, pour la voir accourues. Plus tard, vêtue à peine avec de courts haillons, Montrant sa jambe fine en ses élans de chèvre, A travers l’herbe haute au niveau de sa lèvre Elle courut la plaine après les papillons, Et sa joue attirait tous les baisers des bouches, Comme une fleur séduit le peuple ailé des mouches. Quand ils la rencontraient dans les champs, les garçons L’embrassaient follement de la tête aux chevilles, Avec la même ardeur et les mêmes frissons Qu’en caressant le col charnu des grandes filles. Les vieillards la faisaient danser sur leurs genoux ; Ils enfermaient sa taille en leurs mains amaigries, Et pleins des souvenirs de l’ancien temps si doux, Effleuraient ses cheveux de leurs lèvres flétries. Bientôt, quand elle alla rôder par les chemins, Elle eut à ses côtés un troupeau de gamins Qui fuyaient le logis ou désertaient la classe. D’un signe elle domptait les petits et les grands, Et du matin au soir, sans être jamais lasse, Elle traîna partout ces amoureux errants. Leurs coeurs, pour la séduire, inventaient mainte fraude. Les uns, la nuit venue, allaient à la maraude, Sautant les murs, volant des fruits dans les jardins, Et ne redoutant rien, gardes, chiens ou gourdins ; D’autres, pour lui trouver de mignonnes fauvettes, Des merles au bec jaune, ou des chardonnerets, Grimpaient de branche en branche au sommet des forêts. Quelquefois on allait à la pêche aux crevettes. Elle, la jambe nue et poussant son filet, Cueillait la bête alerte avec un coup rapide ; Eux regardaient trembler, à travers l’eau limpide, Les contours incertains de son petit mollet. Puis, lorsqu’on retournait, le soir, vers le village, Ils s’arrêtaient parfois au milieu de la plage, Et se pressant contre elle, émus, tremblant beaucoup, La mangeaient de baisers en lui serrant le cou, Tandis que grave et fière, et sans trouble, et sans crainte, Muette, elle tendait la joue à leur étreinte. II Elle grandit, toujours plus belle, et sa beauté Avait l’odeur d’un fruit en sa maturité. Ses cheveux étaient blonds, presque roux. Sur sa face Le dur soleil des champs avait marqué sa trace : Des petits grains de feu, charmant et clairsemés. Le doux effort des seins en sa robe enfermés Gonflait l’étoffe, usant aux sommets son corsage. Tout vêtement semblait taillé pour son usage, Tant on la sentait souple et superbe dedans. Sa bouche était fendue et montrait bien ses dents, Et ses yeux bleus avaient une profondeur claire. Les hommes du pays seraient morts pour lui plaire ; En la voyant venir ils couraient au-devant. Elle riait, sentant l’ardeur de leurs prunelles, Puis passait son chemin, tranquille, et soulevant, Au vent de ses jupons, les passions charnelles. Sa grâce enguenillée avait l’air d’un défi, Et ses gestes étaient si simples et si justes, Que mettant sa noblesse en tout, quoi qu’elle fît, Ses besognes les plus humbles semblaient augustes. Et l’on disait au loin, qu’après avoir touché Sa main, on lui restait pour la vie attaché. Pendant les durs hivers, quand l’âpre froid pénètre Les murs de la chaumière et les gens dans leurs lits, Lorsque les chemins creux sont par la neige emplis, Des ombres s’approchaient, la nuit, de sa fenêtre, Et, tachant la pâleur morne de l’horizon, Rôdaient comme des loups autour de sa maison. Puis, dans les clairs étés, lorsque les moissons mûres Font venir les faucheurs aux bras noirs dans les blés, Lorsque les lins en fleur, au moindre vent troublés, Ondulent comme un flot, avec de longs murmures, Elle allait ramassant la gerbe qui tombait. Le soleil dans un ciel presque jaune flambait, Versant une chaleur meurtrière à la plaine ; Les travailleurs courbés se taisaient, hors d’haleine. Seules les larges faux, abattant les épis, Traînaient leur bruit rythmé par les champs assoupis ; Mais elle, en jupon rouge, et la poitrine à l’aise Dans sa chemise large et nouée à son col, Ne semblait point sentir ces ardeurs de fournaise Qui faisaient se faner les herbes sur le sol. Elle marchait alerte et portait à l’épaule La gerbe de froment ou la botte de foin. Les hommes se dressaient en la voyant de loin, Frissonnant comme on fait quand un désir vous frôle, Et semblaient aspirer avec des souffles forts La troublante senteur qui venait de son corps, Le grand parfum d’amour de cette fleur humaine ! Puis, voilà qu’au déclin d’un long jour de moisson, Quand l’Astre rouge allait plonger à l’horizon, On vit soudain, dressés au sommet de la plaine Comme deux géants noirs, deux moissonneurs rivaux, Debout dans le soleil, se battre à coups de faux ! Et l’ombre ensevelit la campagne apaisée. L’herbe rase sua des gouttes de rosée ; Le couchant s’éteignit, tandis qu’à l’orient Une étoile mettait au ciel un point brillant. Les derniers bruits, lointains et confus, se calmèrent : Le jappement d’un chien, le grelot des troupeaux ; La terre s’endormit sous un pesant repos, Et dans le ciel tout noir les astres s’allumèrent. Elle prit un chemin s’enfonçant dans un bois, Et se mit à danser en courant, affolée Par la puissante odeur des feuilles, et parfois Regardant, à travers les arbres de l’allée, Le clair miroitement du ciel poudré de feu. Sur sa tête planait comme un silence bleu, Quelque chose de doux, ainsi qu’une caresse De la nuit, la subtile et si molle langueur De l’ombre tiède qui fait défaillir le coeur, Et qui vous met à l’âme une vague détresse D’être seul. – Mais des pas voilés, des bonds craintifs, Ces bruits légers et sourds que font les marches douces Des bêtes de la nuit sur le tapis des mousses, Emplirent les taillis de frôlements furtifs. D’invisibles oiseaux heurtaient leur vol aux branches. Elle s’assit, sentant un engourdissement Qui, du bout de ses pieds, lui montait jusqu’aux hanches, Un besoin de jeter au loin son vêtement, De se coucher dans l’herbe odorante, et d’attendre Ce baiser inconnu qui flottait dans l’air tendre. Et parfois elle avait de rapides frissons, Une chaleur courant de la peau jusqu’aux moelles. Les points de feu des vers luisants dans les buissons Mettaient à ses côtés comme un troupeau d’étoiles. Mais un corps tout à coup s’abattit sur son corps ; Des lèvres qui brûlaient tombèrent sur sa bouche, Et dans l’épais gazon, moelleux comme une couche, Deux bras d’homme crispés lièrent ses efforts. Puis soudain un nouveau choc étendit cet homme Tout du long sur le sol, comme un boeuf qu’on assomme ; Un autre le tenait couché sous son genou Et le faisait râler en lui serrant le cou. Mais lui-même roula, la face martelée Par un poing furieux. – A travers les halliers On entendait venir des pas multipliés. – Alors ce fut, dans l’ombre, une opaque mêlée, Un tas d’hommes en rut luttant, comme des cerfs Lorsque la blonde biche a fait brâmer les mâles. C’étaient des hurlements de colère, des râles, Des poitrines craquant sous l’étreinte des nerfs, Des poings tombant avec des lourdeurs de massue, Tandis qu’assise au pied d’un vieux arbre écarté, Et suivant le combat d’un oeil plein de fierté, De la lutte féroce elle attendait l’issue. Or quand il n’en resta qu’un seul, le plus puissant, Il s’élança vers elle, ivre et couvert de sang ; Et sous l’arbre touffu qui leur servait d’alcôve Elle reçut sans peur ses caresses de fauve ! III Quand le feu prend soudain dans un village, on voit L’incendie égrener, ainsi qu’une semence, Ses flammes à travers le pays ; chaque toit S’allume à son voisin comme une torche immense, Et l’horizon entier flamboie. Un feu d’amour Qui ravageait les coeurs, brûlait les corps, et, comme L’incendie, emportait sa flamme d’homme en homme, Eut bientôt embrasé le pays d’alentour. Par les chemins des bois, par les ravines creuses, Où la poussait, le soir, un instinct hasardeux, Son pied semblait tracer des routes amoureuses, Et ses amants luttaient sitôt qu’ils étaient deux. Elle s’abandonnait sans résistance, née Pour cette oeuvre charnelle, et le jour ou la nuit, Sans jamais un soupir de bonheur ou d’ennui, Acceptait leurs baisers comme une destinée. Quiconque avait suivi de la bouche ou des yeux Tous les sentiers perdus de son corps merveilleux, Cueillant ce fruit d’ivresse éternelle que sème La Beauté dans ces flancs de déesse qu’elle aime, Gardait au fond du coeur un long frémissement Et, grelottant d’amour comme on tremble de fièvre, Il la cherchait sans cesse avec acharnement, Laissant tomber des mots éperdus de sa lèvre. IV Les animaux aussi l’aimaient étrangement. Elle avait avec eux des caresses humaines, Et près d’elle ils prenaient des allures d’amant. Ils frottaient à son corps ou leurs poils ou leurs laines ; Les chiens la poursuivaient en léchant ses talons ; Elle faisait, de loin, hennir les étalons, Se cabrer les taureaux comme auprès des génisses, Et l’on voyait, trompé par ces ardeurs factices, Les coqs battre de l’aile et les boucs s’attaquer Front contre front, dressés sur leurs jambes de faunes. Les frelons bourdonnants et les abeilles jaunes Voyageaient sur sa peau sans jamais la piquer. Tous les oiseaux du bois chantaient à son passage, Ou parfois d’un coup d’aile errant la caressaient, Nourrissant leurs petits cachés en son corsage. Elle emplissait d’amour des troupeaux qui passaient, Et les graves béliers aux cornes recourbées, N’écoutant plus l’appel chevrotant du berger, Et les brebis, poussant un bêlement léger, Suivaient, d’un trot menu, ses grandes enjambées. V Certains soirs, échappant à tous, elle partait Pour aller se baigner dans l’eau fraîche. La lune Illuminait le sable et la mer qui montait. Elle hâtait le pas, et sur la blonde dune Aux lointains infinis et sans rien de vivant, Sa grande ombre rampait très vite en la suivant. En un tas sur la plage elle posait ses hardes, S’avançait toute nue et mouillait son pied blanc Dans le flot qui roulait des écumes blafardes, Puis, ouvrant les deux bras, s’y jetait d’un élan. Elle sortait du bain heureuse et ruisselante, Se couchait tout du long sur la dune, enfonçant Dans le sable son corps magnifique et puissant, Et, quand elle partait d’une marche plus lente, Son contour demeurait près du flot incrusté. On eût dit à le voir qu’une haute statue De bronze avait été sur la grève abattue, Et le ciel contemplait ce moule de Beauté Avec ses milliers d’yeux. – Puis la vague furtive L’atteignant refaisait toute plate la rive ! VI C’était l’Etre absolu, créé selon les lois Primitives, le type éternel de la race Qui dans le cours des temps reparaît quelquefois, Dont la splendeur est reine ici-bas, et terrasse Tous les vouloirs humains, et dont l’Art saint est né. Ainsi que l’Homme aima Cléopâtre et Phryné On l’aimait ; et son coeur répandait, comme une onde, Sa tendresse abondante et sereine sur tous. Elle ne détestait qu’un être par le monde : C’était un vieux berger perfide à qui les loups Obéissaient. Jadis une Bohémienne Le jeta tout petit dans le fond d’un fossé. Un pâtre du pays qui l’avait ramassé L’éleva, puis mourut, lui laissant une haine Pour quiconque était riche ou paraissait heureux, Et, disait-on, beaucoup de secrets ténébreux. L’enfant grandit tout seul sans famille et sans joies, Menant paître au hasard des chèvres ou des oies, Et tout le jour debout sur le flanc du coteau, Sous la pluie et le vent et l’injure des bouches. Alors qu’il s’endormait roulé dans son manteau, Il songeait à ceux-là qui dorment dans leurs couches ; Puis, quand le clair soleil baignait les horizons, Il mangeait son pain noir en guettant par la plaine Ce filet de fumée au-dessus des maisons Qui dit la soupe au feu dans la ferme lointaine. Il vieillit. – Un effroi grandit à ses côtés. On en parlait, le soir, dans les longues veillées, Et d’étranges récits à son nom chuchotés Tenaient jusqu’au matin les femmes réveillées. A son gré, disait-on, il guidait les destins, Sur les toits ennemis faisait choir des désastres, Et, déchiffrant ces mots de feu qui sont les astres, Épelait l’avenir au fond des cieux lointains. Tout le jour il roulait sa hutte vagabonde, Ne se mêlant jamais aux hommes et souvent, Quand il jetait des cris inconnus dans le vent, Des voix lui répondaient qui n’étaient point du monde. On lui croyait encore un pouvoir dans les yeux, Car il savait dompter les taureaux furieux. Et puis d’autres rumeurs coururent la contrée. Une fille, qu’un soir il avait rencontrée, Sentit à son aspect un trouble la saisir. Il ne lui parla pas ; mais, dans la nuit suivante, Elle se réveilla frissonnant d’épouvante ; Elle entendait, au loin, l’appel de son désir. Se sentant impuissante à soutenir la lutte, Malgré l’obscurité redoutable, elle alla Partager avec lui la paille de sa hutte ! Lors, suivant son caprice impur, il appela Des filles chaque soir. Toutes, jeunes et belles, Sans révolte pourtant, et sans pudeurs rebelles, Prêtaient des seins de vierge aux choses qu’il voulait Et paraissaient l’aimer bien qu’il fût vieux et laid. Il était si velu du front et de la lèvre, Avec des sourcils blancs et longs comme des crins, Que, semblable au sayon qui lui couvrait les reins, Sa figure semblait pleine de poils de chèvre ! Et son pied bot mettait sur la cime du mont, Quand le soleil couchant jetait son ombre aux plaines, Comme un sautillement sinistre de démon. Ce vieux Satan rustique et plein d’ardeurs obscènes, Près d’un coteau désert et sans verdure encor Mais que les fleurs d’ajoncs couvraient d’un manteau d’or, Par un brillant matin d’avril, rencontra celle Que le pays entier adorait. – Il reçut Comme un coup de soleil alors qu’il l’aperçut, Et frémit de désir tant il la trouva belle. Et leurs regards croisés s’attaquèrent. – Ce fut La rencontre de Dieux ennemis sur la terre ! Il eut l’étonnement d’un chasseur à l’affût Qui cherche une gazelle et trouve une panthère ! Elle passa. – La fleur de ses lourds cheveux blonds Se confondit, au pied de la côte embaumée, Comme un bouquet plus pâle, avec les fleurs d’ajoncs. Pourtant elle tremblait, sachant sa renommée, Et malgré le dégoût qu’elle sentait pour lui, Redoutant son pouvoir occulte, elle avait fui. Elle erra jusqu’au soir ; mais, à la nuit venue, Elle s’épouvanta, pour la première fois, De l’ombre qui tombait sur les champs et les bois. Alors, en traversant une noire avenue, Entre les rangs pressés des chênes, tout à coup, Elle crut voir le pâtre immobile et debout. Mais, comme elle partit d’une course affolée, Elle ne sut jamais, dans son effarement, Si ce qu’elle avait vu n’était pas seulement Quelque tronc d’arbre mort au milieu de l’allée. Et des jours et des mois passèrent. Sa raison, Comme un oiseau blessé qui porte un plomb dans l’aile, S’affaissait sous la peur incessante et mortelle. Même elle n’osait plus sortir de sa maison, Car sitôt qu’elle allait aux champs, elle était sûre De voir le Vieux paraître au détour d’un chemin ; Son oeil rusé semblait dire : « C’est pour demain », Et mettait comme un fer ardent sur la blessure. Bientôt un poids si lourd courba sa volonté Qu’en son coeur engourdi de crainte vint à naître Un besoin d’obéir à la fatalité. Et, décidée enfin à se rendre à son Maître, Elle alla le trouver par une nuit d’hiver. La neige dont le sol était partout couvert Étalait sa blancheur immobile. Une brise, Qui paraissait venir du bout du monde, errait Glaciale, et faisait craquer par la forêt Les arbres qui dressaient, tout nus, leur forme grise. Dans le ciel douloureux, la lune, ainsi qu’un fil De lumière, indiquait à peine son profil. La souffrance du froid étreignait jusqu’aux pierres. Elle marchait, les pieds gelés, et sans songer, Certaine qu’elle allait trouver le vieux berger, Et tachant d’un point noir les plaines solitaires. Mais elle s’arrêta clouée au sol : là-bas, Sur la neige, couraient deux bêtes effrayantes ; Elles semblaient jouer et prenaient leurs ébats, Et l’ombre agrandissait leurs gambades géantes. Puis, poussant par la nuit leurs élans vagabonds, Toutes deux, dans l’ardeur d’une gaieté folâtre, Du fond de l’horizon vinrent en quelques bonds. Elle les reconnut : c’étaient les chiens du pâtre. Hors d’haleine, efflanqués par la faim, l’oeil ardent Sous la ronce des poils emmêlés de leur tête, Ils sautaient devant elle avec des cris de fête Et ce rire velu qui découvre la dent. Comme deux grands Seigneurs vont en une province Quérir et ramener la Belle de leur Prince, Et, la guidant vers lui, caracolent autour, Ainsi la conduisaient ces messagers d’amour. Mais l’Homme qui guettait, debout sur une butte, Vint, et lui prit le bras en montant vers sa hutte. La porte était ouverte, il la poussa dedans, La dévêtant déjà de ses regards ardents, Et des pieds à la tête il tressaillit de joie, Ainsi qu’on fait au choc d’un bonheur qu’on attend. Depuis qu’il l’avait vue il était haletant Comme un limier qui chasse et n’atteint point sa proie ! Or, quand elle sentit traîner contre sa peau La caresse visqueuse ainsi qu’une limace De ce vieux qui gardait l’odeur de son troupeau, Tout son être frémit sous ce baiser de glace. Mais lui, tenant ce corps d’amour, aux flancs si doux, Que tant de fiers garçons devaient déjà connaître, Et fait pour être aimé si follement de tous, En son coeur de vieillard difforme, sentit naître La jalousie aiguë et sans pardon. Il eut Un besoin vague et fort de vengeance cruelle ! Elle subit d’abord l’amant maigre et poilu, Puis, comme elle luttait, il se rua sur elle En la frappant du poing pour qu’elle consentît, Et le silence épais des neiges amortit Quelques cris, comme ceux des gens qu’on assassine. Tout à coup, les deux chiens poussèrent longuement Par la plaine déserte un triste hurlement, Et des frissons de peur couraient sur leur échine. Dans la cabane alors ce fut comme un combat : Les heurts désespérés d’un corps qui se débat Sonnant contre les murs de l’étroite demeure ; Puis, comme les sanglots d’une femme qui pleure ! Et la lutte reprit, dura longtemps, cessa Après un faible appel de secours qui passa Et mourut sans écho dan les champs ! Le jour pâle Commençait à tomber faiblement du ciel gris. Un vent plus froid geignait avec le bruit d’un râle. Le givre avait roidi les arbres rabougris Qui semblaient morts. C’était partout la fin des choses. Mais, comme on lève un voile, un nuage glissant Fit pleuvoir sur la neige un flot de clartés roses. Le ciel devenu pourpre éclaboussa de sang Et le coteau désert au bout des plaines blanches, Et la hutte du pâtre, et la glace des branches. On eût dit qu’un grand meurtre emplissait l’horizon ! – Et le berger parut au seuil de sa maison. – Il était rouge aussi, plus rouge que l’aurore ! Même, lorsque le ciel cramoisi fut lavé, Quand tout redevint blanc sous le soleil levé, Lui, hagard et debout, semblait plus rouge encore, Comme s’il eût trempé son visage et sa main, Avant que de sortir, dans un flot de carmin. Il se pencha, prenant de la neige, et la trace De ses doigts fit par terre un large trou sanglant. S’étant agenouillé pour se laver la face, Une eau rouge en coula, qu’il regardait, tremblant, Avec des soubresauts de peur. – Puis il s’enfuit. Il dévale du mont, roule dans les ornières, Perce d’épais fourrés pareils à des crinières, Et fait mille détours comme un loup qu’on poursuit ! Il s’arrête. – Son oeil que la terreur dilate Guette de tous côtés s’il est loin d’un hameau ; Alors dans sa main creuse il fait fondre un peu d’eau, Pour effacer encor quelque tache écarlate ! Puis il repart. – Mais en son coeur surgit l’effroi D’errer jusqu’à la mort, sans rencontrer personne, Par la neige si vaste et sous un ciel si froid ! Il écoute. – Il entend une cloche qui sonne, Et va vers le village à pas précipités. Les paysans déjà causaient de porte en porte ; Il leur crie en courant : « Venez tous, Elle est morte ! » Il passe. – Il va frapper aux logis écartés, Répétant : « Venez donc, venez, je l’ai tuée ! » Alors une rumeur grandit, continuée Jusqu’aux hameaux voisins. Et chacun, se levant Et quittant sa maison, accompagne le pâtre. Mais lui n’arrête pas sa course opiniâtre ; Il marche. – Le troupeau des hommes le suivant Déroule par les prés sans tache un ruban sombre. Tout pays qu’on traverse augmente encor leur nombre ; Ils vont, tumultueux, là-bas, vers la hauteur Où les guide, essoufflé, leur sinistre pasteur ! Ils ont compris quelle est la femme assassinée, Et ne demandent pas ni pourquoi ni comment Le meurtre fut commis. Ils sentent vaguement Planer sur cette mort comme une Destinée. Elle avait la Beauté, lui la Ruse ; il fallait Qu’un des deux succombât. Deux Puissances égales Ne règnent pas toujours. Deux Idoles rivales Ne se partagent point le ciel, et le Dieu laid Ne pardonne jamais au Dieu beau. Sur la cime De la côte, et devant la hutte on s’arrêta. Il osa seul entrer en face de son crime, Et, ramassant la morte aimée, il l’apporta, Pour la leur jeter, nue, et d’un geste d’outrage, Comme s’il eût crié : « Tenez, je vous la rends ! » Puis il gagna sa hutte et s’enferma dedans. On l’y laissa, mordu d’amour, et plein de rage. Sur la neige gisait le corps éblouissant Où n’apparaissait plus une goutte de sang ; Car les chiens, la trouvant immobile et couchée, L’avaient avec tendresse obstinément léchée. Elle semblait vivante, endormie. Un reflet De beauté surhumaine illuminait sa face. Mais le couteau restait planté, juste à la place Où s’ouvrait une route entre ses seins de lait. Sa figure faisait une tache dorée Sur la blancheur du sol. – Les hommes éperdus La contemplaient ainsi qu’une chose sacrée ! Et ses cheveux ardents, en cercle répandus, Luisaient comme la queue en feu d’une comète, Comme un soleil tombé de la voûte des cieux ; On eût dit des rayons qui sortaient de sa tête, L’auréole qu’on met autour du front des dieux ! Mais quelques paysans, des vieux au coeur pudique, Arrachant de leur dos la veste en peau de bique, Couvrirent brusquement sa claire nudité, Et les jeunes, ayant coupé de longues branches, Construit une civière et retroussé leurs manches, Par vingt bras qui tremblaient son corps fut emporté ! La foule, sans parole, à pas lents l’accompagne Et, jusqu’aux bords lointains de la pâle campagne, Rampe, comme un serpent, l’immense défilé. Et puis tout redevint muet et dépeuplé ! Mais le pâtre, enfermé dans sa hutte isolée, Sent une solitude horrible autour de lui, Comme si l’univers tout entier l’avait fuit. Il sort et n’aperçoit que la plaine gelée !… La peur l’étreint. N’osant rester seul plus longtemps, Il siffle ses grands chiens, ses deux bons chiens de garde. Comme ils n’accourent point, il s’étonne, il regarde ; Mais il ne les voit pas gambader par les champs… Il crie alors. La neige étouffe sa voix forte… Il se met à hurler à la façon des fous ! Ses chiens, comme entraînés dans le départ de tous, Abandonnant leur maître, avaient suivi la morte.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Choeur d’amour Ici l’on passe Des jours enchantés ! L’ennui s’efface Aux coeurs attristés Comme la trace Des flots agités. Heure frivole Et qu’il faut saisir, Passion folle Qui n’est qu’un désir, Et qui s’envole Après le plaisir !

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    I

    Isaac Lerutan

    @isaacLerutan

    L’ombre des anges Je traverserai les villes J’emporterai ta voix J’irai chercher le feu dans le ciel Et le vent dans nos voiles Quand l’ombre des nuages Démasquera nos souffles Nous volerons sereins Par les chemins du sort Et nos songes en fuite Eviteront les gouffres Pour balayer ensuite Les traces de nos morts Je traverserai les villes J’emporterai ta voix J’irai chercher le feu dans le ciel Et le vent dans nos voiles Une étoile se repose Dès qu’un ange s’endort…

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    J

    Jean Auvray

    @jeanAuvray

    Ma belle un jour dessus son lit j'approche Ma belle un jour dessus son lit j'approche Qui me baisant là sous moi frétillait Et de ses bras mon col entortillait Comme un Lierre une penchante Roche. Au fort de l'aise et la pâmoison proche Il me sembla que son oeil se fermait, Qu'elle était froide et qu'elle s'endormait Dont courroucé je lui fis ce reproche : Vous dormez donc! Quoi Madame êtes-vous Si peu sensible à des plaisirs si doux? Lors me jetant une oeillade lascive Elle me dit: Non non mon cher désir Je ne dors pas mais j'ai si grand plaisir Que je ne sais si je suis morte ou vive.

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Les yeux de chat « Le chat rêve et ronronne dans la lutherie brune » André Breton La pièce est presque nue, des murs très blancs deux fauteuils en rotin, une table basse, un meuble bas également, des livres. Sur la tranche de l’un, le mot : RÊVES en lettres majuscules. Elle m’attend sans rien dire, m’observe, la tête légèrement penchée, comme ferait un chat. J’aime ses yeux, parfois verts, parfois gris, et ce visage. Nous parlons de tout et de rien ; puis je pose ma main. Un silence. Au fond de la pièce, une porte ; je l’ouvre. Elle me suit, sans dire mot Bientôt, elle sera nue.

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Oiseau de nuit A M… San Sebastian «le chat rêve et ronronne dans la lutherie brune ; il scrute le fond de l’ébène» André Breton, Femme et oiseau Ta main, oiseau de nuit, immobile entre deux collines de toi, j’apprends une géographie singulière du plaisir Dans ton sommeil, oiseau de nuit il y a une vallée qui s’écarte sombre et humide sombre et humide sombre et humide, oiseau de nuit, immobile entre deux collines oiseau de nuit apprends-moi à poser ma main là où tes veines sont plus bleues ta peau plus douce où nous veillons, oiseau de nuit où la vallée s’écarte une fontaine attend ma soif apprends-moi à aimer ma soif main, oiseau de nuit collines, oiseau de nuit plaisir, oiseau de nuit sommeil, oiseau de nuit une vallée s’écarte ma main où sont tes veines bleues

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    Jim Morrison

    Jim Morrison

    @jimMorrison

    La sensation amoureuse Laisse couler ton corps, Mélange toi au décor, Ces sentiments que tu n'as jamais connus, Vont se mettre à nu. Qu'est ce que l'amour? Un sentiment lourd. Qu'est-ce que la haine? C'est quand tu lui fais de la peine. Tu n'es qu'un visage, Tu regardes le monde. Mais un jour elle te dévisage Et apparait une sensation d'onde. Tu viens de commencer, Commencer d'aimer. Est ce que ça va se finir? Ça dépendra de votre plaisir. Vous commencez à vous parler, Est-ce ta destinée? Elle a 17 ans, Et toi 22 ans. Mais vous vous aimez, Vous fuyez le monde. Vous filez comme une fronde. Vous vous aimez.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Mars, vergogneux d’avoir donné tant d’heur Mars, vergogneux d’avoir donné tant d’heur A ses neveux que l’impuissance humaine Enorgueillie en l’audace romaine Semblait fouler la céleste grandeur, Refroidissant cette première ardeur, Dont le Romain avait l’âme si pleine, Souffla son feu, et d’une ardente haleine Vint échauffer la gothique froideur. Ce peuple adonc, nouveau fils de la Terre, Dardant partout les foudres de la guerre, Ces braves murs accabla sous sa main, Puis se perdit dans le sein de sa mère, Afin que nul, fût-ce des dieux le père, Se pût vanter de l’empire romain.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    À Vénus Ayant après long désir Pris de ma douce ennemie Quelques arrhes du plaisir, Que sa rigueur me dénie, Je t'offre ces beaux œillets, Vénus, je t'offre ces roses, Dont les boutons vermeillets Imitent les lèvres closes Que j'ai baisé par trois fois, Marchant tout beau dessous l'ombre De ce buisson que tu vois Et n'ai su passer ce nombre, Parce que la mère était Auprès de là, ce me semble, Laquelle, nous aguettait De peur encores j'en tremble. Or' je te donne des fleurs Mais si tu fais ma rebelle Autant piteuse à mes pleurs, Comme à mes yeux elle est belle, Un myrthe je dédierai Dessus les rives de Loire, Et sur l'écorce écrirai Ces quatre vers à ta gloire « Thénot sur ce bord ici, A Vénus sacre et ordonne Ce myrthe et lui donne aussi Ses troupeaux et sa personne. »

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    Joh Hope

    @johHope

    Ma petite plume d'or, mon trésor Ô Petite plume d'oiseau Sans cesse malmenée et piétinée, Tu gisais là sur ce manteau Au milieu de ces feuilles fanées! Tu étais tant déçue De ne point posséder de voix Pour hurler que tu étais perdue Mais personne ne te laissait le choix! Et tu maudissais le jour Où ce vent violent T'arracha pour toujours, Déracinée complètement, De ce formidable amour Qui t'unissait à cet oisillon! Ainsi tu fus anéantie! Jamais tu ne te ferais une raison Mais ces terribles ennemies, Les plus mauvaises saisons, T'emportaient au gré de leurs envies Pour finalement te déposer Sur ce tapis aux couleurs écarlates! Alors que perdue dans mes pensées Je tentais de fuir à la hâte Mes plus sombres idées... Brusquement, je me suis arrêtée: -Quel émerveillement ce spectacle, En effet, ce fut un véritable miracle!- Ô tu fus envahie Par cette intense lueur Qui te rendit la Vie! Frappée de stupeur, Je ne pus résister à ce désir De doucement t'accueillir Au creux de mes mains Qui deviendraient ton parchemin! Oui, tout comme toi, Avant de croiser ton chemin, J'avais perdu la foi, Accablée par cet immense chagrin Qui avait brisé mon destin! Puis, je te tins à peine, Que de mille éclats Telle une majestueuse reine, Tu brillais déjà! Quand j'ai voulu te déposer, Recouverte d'un filet d'or, Tu te mis à briller de plus en plus fort Comme pour me guider Vers la découverte de ce trésor: - Ô Toi, l'intemporelle écriture La seule à nous délivrer De toutes nos tortures!- Désormais nous sommes liées: Tu es mon invincible armure Et je suis ton servant chevalier! Inouï, l'une sans l'autre Nous ne pourrions exister: Tu es mon fidèle apôtre Sur lequel je peux compter En toute circonstance Dans les moments de pire souffrance! Depuis ce jour, je ne cesse d'écrire Tout ce que je peux ressentir Grâce à ton cadeau immense: Un sens à ma futile existence! "Ma petite Plume d'Or, mon Trésor" Copyright Joh Hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Au coeur de mon âme Perdue dans cette brume, A la croisée des chemins de ma Vie Subitement, Je fus enveloppée Par d'étranges étincelles Dont la sublime lueur éblouissante Raviva cette furieuse envie De me libérer des griffes acérées De cette destinée si cruelle!!!!!!!! En effet, cette Lumière pénétra au coeur de mon Ame Et telle une éruption d'une intensité sans pareille Déversa cette lave bouillonnante qui s'enflamme Dans ce corps épuisé, meurtri par si peu de sommeil Etouffant par sa clarté magique mes cris de rage Prononcés lors de ces terribles et incessants cauchemars!!!! Désormais, elle a anéanti les plus vils des paysages Grâce à sa toute puissance qui tel ce majestueux phare Me guide sans relâche A travers ces cendres incandescentes Pour que je puisse un jour lui offrir sur un plateau d'argent Le fruit de cette pénible et contraignante attente: Ma reconnaissance en guise de présent Comme la plus sublime des renaissances!!!!! Au coeur de mon Ame, tu brilleras toujours par ta présence, Je travaillerai avec acharnement A ces inéluctables renoncements Me délivrerai de Toi, Ô invisible Armure Ton poids représente une insidieuse torture!!!! "Au coeur de mon âme" Copyright Joh Hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Délire ou folie? Je ne sais pas par quel miracle Je suis encore en vie! Si! C'est sur ta décision - Ô oracle- Que je ressens cette puissante envie, Sans nul doute, De poursuivre ma route, Vaille que vaille, Malgré toutes les batailles Bien qu'il me faille escalader Ces gigantesques falaises Surmonter tous ces malaises Afin de vous atteindre Ô sommets : - Vous ne cessez d'occulter Ce sublime paysage D'où jaillissent Les traits De ton merveilleux visage!- - Ô Toi, tu me parais si près Que je voudrais déjà Te couvrir de caresses De toute la force de ma tendresse Mais voilà Tu n'es encore qu'un mirage Et je dois affronter ce barrage Avec toute l'intensité de ma rage Pour que tu deviennes réalité Afin de renaitre à tes côtés!- Y renoncer? Non, je ne le pourrais jamais Car j'ai l'intime conviction Qu'il s'agisse de ma destinée! Laquelle donc sans contestation? Enfin! Celle d'un être de passion Prêt à braver tous les dangers Dans l'ultime but de se sentir aimée! Peut- être est-ce du délire Ou simplement de la folie Mais je veux enfin découvrir Toute l'ampleur de cette magie Au bout de ce long parcours Celle du véritable Amour? Ô peu m'importe La réponse à cette question, Que le diable l'emporte Car je camperai sur mes positions! "Délire ou folie" Copyright Joh Hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Ensorcelante mélodie Toutes mes inquiétudes se sont envolées Grâce à ta charmante voix empreinte de magie Qui possède ce don particulier de m'envoûter Telle cette merveilleuse et ensorcelante mélodie Dont l'écho puissant fait vibrer tout mon être Au point d'en oublier toute cette mélancolie Pareille à ce torrent de larmes amères Dévastant et anéantissant sur son passage Le plus sublime et chaleureux paysage!!! Ainsi, de ces quelques notes au son particulier Se dégage un charisme tout-à-fait exceptionnel Et je ne peux lutter contre la volonté de m'agenouiller Afin de me laisser envahir par ces sublimes étincelles Jaillies de cet irrésistible et incroyable magnétisme Apaisant instantanément par sa puissance Le plus fulgurant et foudroyant des séismes M'occasionnant la plus cruelle des souffrances!!! En effet, jamais je ne pourrai t'oublier Car sur moi, tu n'as eu de cesse de veiller Pour m'empêcher de sombrer silencieusement Dans la folie de ce monde mystérieux... Ô je te remercierai éternellement De m'avoir toujours prise au sérieux Pour avoir entendu ce petit enfant Qui réclamait avec force sa Maman!!!! Dès-à-présent, je me laisse guider Sur le Chemin de ma propre Destinée Par cette fabuleuse Etoile Mentholée!!!! "Ensorcelante mélodie" Copyright Joh hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Entre chienne errante et loup Entre chienne errante et Loup Confidences, tendres câlins Yeux papillons, Ô Garde-Fou Le désir ancré en leur sein Fusent quelques mots doux Quand, à l'horizon, nul Malin: - "Que suis-je pour Toi Chéri?" Réponse tel un cri sans appel: - "Mon grand Amour à l'infini!" Qui donc réellement est -elle? Peu importe! Son Soleil luit; Au loin, une ombre s'enfuit.... "Entre chienne errante et Loup" Copyright Joh Hope Auteur-poète, 2015

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    Joh Hope

    @johHope

    Etat de grâce Alors que tout était joué d'avance La profondeur de ton doux regard A émoustillé tous mes sens Mais ce n'était point un hasard Car tu attendais avec patience Cet abandon total de ma part En toute inconscience et insouciance Aux pouvoirs enchanteurs et fabuleux De cette mystérieuse et formidable aura M'enivrant de son parfum voluptueux Afin de m'attirer au creux de tes bras!!!! Contre ce puissant magnétisme Il m'est impossible de résister! En effet, les mille reflets de ce prisme Anéantissent toutes mes pensées!!! Ainsi, vers ce sublime rivage Je me laisse lentement guider Afin d'admirer ce sublime paysage Et goûter à ce délicieux nectar Emprisonné dans cette majestueuse fleur!!!! Mais puisqu'il n'est jamais trop tard, Je le délivre avec un intense bonheur Afin d'éteindre ta pénible nuit Pour quelques heures ou toute la Vie!!!! Dés-à-présent, au diable les ennuis Adonnons-nous à nos plus folles envies!!!!! Bien sûr, nous atteignons cet état de Grâce Sans que je me soucie de perdre la face!!!! Grâce à ce puissant raz-de-marée Les vagues de la passion Sur nous ont déferlé de toute leur intensité!!! Aujourd'hui, au comble de l'émotion Nous admirons les traces de leurs passages: Ces deux petites perles précieuses Ces angéliques petits visages Nos princesses merveilleuses!!!! Cette fois, il ne s'agit en aucun cas d'une illusion Qui me plonge dans un douloureux désespoir Mais bel et bien du réel fruit de ma passion Auquel je me permets de croire Encore et toujours au lever du jour!!!! Serait-ce donc le Véritable Amour????? Et c'est le corps parcouru de frissons Que je vous livre ces sensations!!!! Mon Dieu qu'il est bon D'aimer à en perdre la raison!!!! "Etat de grâce" Copyright Joh hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Etincelles magiques En cette nuit de Noël, Nous vîmes avec stupeur, Un merveilleux halo d'étincelles Dont la majestueuse lueur Eclaira d'une intensité sans pareille Nos bien tristes esprits Et nous découvrîmes tes merveilles Enfouis au fond de notre douillet lit -Ô incroyable magie- En effet, à la vue d'un tel feu d'artifice Aux mille couleurs de la Vie Nos âmes furent envahies de malice Mais aussi de cette irrépressible envie De délaisser un instant tous ces soucis Afin de goûter à tes inégalables délices Tombés depuis si longtemps dans l'oubli -Ô étrange Passion- Bien sûr, cette ambiance féérique Fut propice à toutes les attentions Elle rendit cet instant unique Et nous combla d'émotions!!! Désormais dans mes yeux scintille Tout ton or, Etoile fabuleuse - Ô au fond de moi, tu brilles, Ton éclat m'a rendue heureuse!!!!- Aujourd'hui, de bonheur, je pétille Grâce à toute cette magie!!! "Etincelles magiques" Copyright joh Hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Euphorie (2) Submergée par tant de nouvelles sensations Mon esprit plonge dans une euphorie Où se bouscule tout un panel d'émotions Jailli par surprise avec une telle furie Du plus profond de mes entrailles Où régnait un véritable chaos A force de livrer ces multiples batailles Me renvoyant ton puissant écho - Ô "l'Innommable" ancrée en mes failles!!!- Serait-ce la soudaine magie Due à cette splendeur immaculée Qui ravive cette féroce envie De complètement m'abandonner A ces instants de pure féerie Afin de me débarrasser enfin De toute cette terre souillée Pour poursuivre mon chemin A la quête de ma destinée Guidée par cette puissante main Qui ne m'a jamais abandonnée??? Me bercerais-je encore d'illusions? Peut-être s'agit-il d'un délire Simple projection de mon imagination Envahie de tous ces fous-rires Afin de lutter contre ces répulsions Dans le but d'éviter le pire??? Encore de nombreuses questions Qui resteront vaines de réponse; Tant pis, je prends une décision Au travers de ces ronces, je fonce Pour m'adonner à ma passion!!! Par contre, je ne suis point déçue Car j'ai acquis une certitude absolue Qui ne peut que me réjouir; En effet, cette fabuleuse source d'inspiration Ne risque pas de se tarir Puisqu'elle s'enrichit de toutes mes émotions!!!! "Euphorie-2" Copyright Joh Hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Juste un souffle Et dans le souffle de notre baiser passionnel Nous entrevoyons des milliers de petites étincelles Parcourant nos corps délicieusement entrelacés Pour y laisser leurs sublimes empreintes magiques, Ces fabuleux frissons d'Amour gravés à jamais Sur nos chairs assaillies par ce désir unique: Vibrer sous le rythme de cette inouïe passion Assoiffés de ces incroyables, salvatrices émotions!!!! Ainsi, nous gravons pour l'éternité cet instant féérique Où corps, coeurs, Ames en parfaite harmonie Enfin délivrés de cette effrayante, imposante relique S'abreuvent de nos destinées jusqu'à la lie!!!! Avons-nous perdu la raison? Peu importe, à la folie, nous nous aimons!!!!! "Juste un souffle" Copyright Joh Hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    L'envol du papillon J'ai fini par me l'avouer: Je me suis forcée à ses apparences Afin de ne point affronter Cette peur de la différence!!! Sans doute pour éviter ce rejet, Cette triste indifférence, Et réaliser cet intense souhait De me sentir enfin appréciée!!! Qu'en ai-je donc retiré? J'ai bien essayé dans cette masse De toute mes forces, de me fondre Mais ce ne fut pas très efficace!!! Aujourd'hui, je m'effondre... A force de plaire à ces gens-là Je ne cesse de me morfondre!!! Oui,, je me suis perdue là-bas Enfermée dans ton monde, Ô silence Gênant, lourd, destructeur, terrifiant Evocateur de cette détresse immense: - Ô tu me renvoies l'écho puissant De tous ces mots enfouis profondément!!!!- Bien sûr, ils hurlent depuis si longtemps Créant un véritable champs de bataille Au creux de mes entrailles Et cherchent cette porte de sortie Pour enfin assouvir cette envie D'exprimer l'intensité de cette rage De s'être retrouvés prisonnier Au coeur de ce violent orage Sans jamais pouvoir se confier Sur ta simple décision, Ô Esprit: - Envahi par cette terrible appréhension Tu redoutait tant tes ennemis Qui n'étaient qu'incompréhension Face à ton besoin d'exister Pimenté d'une pointe de folie; Tu en as suscité des jalousies: Tant qu'il fallait te retrancher Et mettre un terme à cette existence Qui éveillait tous tes sens!!!- Moi qui autrefois donnait toujours le "la" Et rayonnait par tant de présence JE fais aujourd'hui le premier pas Après cette si longue absence!!! Dorénavant, je vivrai à ma manière Et tant pis si je déplais Car je veux rejoindre cette lumière Celle qui m'attire et me plait!!!! Oh, je sais du fond de ma raison Que certains médiront et me mépriseront Mais avec moi-même, je serai en paix Et gagnerai ma liberté de m'exprimer!!! En bref, voici ma petite conclusion, Je suis juste un être de passion. Tout comme ce magnifique papillon!!! Ô je ne vous en donne pas la définition Pour éviter toute provocation J'apprécie cette expression: Au diable toutes ces frustrations Vive la révolution de mes émotions!!!! "L'envol du papillon" Copyright Joh Hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Le ballet de nos corps, parfait accord Ô Toi, je ne cesserai de t'aimer Même si par moment, j'ai pu te haïr Pour m'avoir abandonnée Face à ma propre vérité! Mais dès-à-présent, telle une rose, je ne peux que m'épanouir Lorsque de tes yeux étincelants D' Amour et Envie Tu succombes sans aucune honte ni retenue à ce désir De m'envoûter me posséder grâce à cette sublime Magie Ô emporte-moi dans ce monde onirique!!!! Et face à ce splendide fabuleux ballet de nos corps Enveloppés par ce halo d'étincelles magnifiques Nos âmes, nos coeurs réclament encore et encore Tes clés, Ô merveilleux paysage "L' Unique" "Le Féérique" Dans une incroyable dualité, un inouï accord!!!!! Ainsi, nourrie par la chaleur de tes subtiles caresses Je deviens à nouveau cette resplendissante déesse Qui à ta hauteur, avec ces pouvoirs fougueux, se hisse Pour qu'enfin, tu puisses cueillir délicatement ce mignon iris!!!!!! Devrions-nous être maudits de jouir si fort Lorsque j'accueille ce si précieux et ultime trésor Dans cette minuscule caverne en parfaite harmonie Avec ce don qui éveille mes sens à la vie?????? Non, Aimons-nous vivants Accomplissons nos rêves d'antan Puisque court inéluctablement ce temps De vibrer l'un pour l'autre passionnément !!!!! "Le ballet de nos corps" Copyright Joh Hope, 2011

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    Joh Hope

    @johHope

    Le fruit de la tentation Je ne peux que sourire A ta simple évocation; -Ô Sublime Désir. Tu me combles d'émotion!!!- Et je ferme les paupières Me laisse emporter Vers cette intense Lumière, Elle ne cesse de me guider Dans tes méandres, Ô Imaginaire!!! Hop, un petit coup de baguette magique, Et tu transformes mes idées mélancoliques En instants de pures fééries Où je n'ai plus qu'une seule envie: Celle de te posséder corps et esprit Dans le plus douillets des nids; -Tu possèdes ce fabuleux don Ô, j'en perds déjà la raison!!!- Non, je ne sais plus que croire Car il me suffit d'apercevoir Ton regard profond et pétillant Pour me noyer sans même le savoir Dans ce bleu azur, cet océan!!! Ô Toi, puissant raz-de-marée Déferle encore sur mes idées; Je te laisse m' envahir Sans pouvoir me ressaisir Au point de m'évanouir!!!! Lors de mon réveil Rien n'est plus pareil! Nul regret en ton nom, Ô Rêve, Tu as déchainé cette passion Où Tels Adam et Eve J'ai succombé à cette tentation: Croquer ton fruit, Ô Passion Crime formel en apparence, Comment résister à ton attirance??? Subitement, tout s'éclaire Comme une absolue évidence, Je ressens dans ma propre chair, En mon sein, ce plaisir immense!!! Du rêve à la réalité, Un seul pas à franchir! Oserais-je me lancer, Sans crainte,m'épanouir? Vaut-il mieux conserver Ce merveilleux souvenir? Finalement,peu m'importe La réponse à ces questions! Que les vents m'emportent Au gré de mon imagination Vers tes infinies portes Ô fertile Inspiration!!! "Le fruit de la tentation" Copyright Joh Hope,2011

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    Johann Wolfgang von Goethe

    Johann Wolfgang von Goethe

    @johannWolfgangVonGoethe

    Bienvenue et adieu Mon coeur battait fort, vite en selle! Et, sitôt, j’étais à cheval Le soir déjà berçait la terre La nuit pendait aux montagnes. Déjà, le chêne avait son costume de brume, Tour gigantesque dressée, là, Dans la broussaille ténébreuse, Où m’observaient cent regards noirs. La lune au sommet d’un nuage Passait un regard langoureux, Les vents à lents frottement d’ailes Sifflaient, lugubres, à mes oreilles . La nuit façonnait mille monstres. Pourtant, j’étais joyeux et gai. Ô, la fournaise dans mes veines ! Ô, la braise ardente en mon cœur. Je t’ai vue, et la joie si tendre De tes doux yeux m’a inondé ; Tout mon coeur était près du tien, Et tous mes souffles étaient pour toi. Une rose aurore de printemps Nimbait le visage charmant, Et la tendresse - ô Dieu – pour moi! Je l'espérais, mais sans la mériter! Las, dès le soleil du matin, Les adieux m'étreignaient le cœur : Quelle extase dans tes baisers ! Et dans ton regard, quelle douleur! Je suis parti, tu es restée, les yeux baissés Et tu m’as suivi, les yeux baignés de larmes, Quel bonheur, pourtant, d'être aimé! Et d’aimer, ô dieux, quel bonheur!

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Mirage Comme un mirage je t’ai dessiné Dans mon éprouvette érotique Tu brûles si fort Dans mon accroche-coeur J’ai mis mes pensées en gigognes Avant qu’elles ne cognent ma raison J’ai cherché la sortie Quand tu disparaissais Je t’attendrai Avant le vertige de nos ombres Je suis de déserts arides La soif de ton parfum Mon invisible dans tes pas La marche à contresens Je cherche l’atterrissage Le planeur équilibre de ton nuage Le fil tendu vers notre infini

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Parfum d’hiver La froideur de ta peau réchauffe mon coeur. Mon rêve enfoui dans mes chairs s’écoule dans mon corps. Les impossibles jours de cris de larmes coulent en silence. Tes désirs sont enroulés dans mes cheveux. Les écorces de lune nous éclairent. Mes cils frétillent tambour battant. La nuit voluptueuse nous enlace.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Daphné À Éva Callimaki-Catargi Lorsque le dieu du jour, plein d’amoureuse audace, Dédaignant tout à coup l’Olympe et ses plaisirs, Sans char, la lyre en main, s’élançait sur la trace De la nymphe de ses désirs, Celle-ci, jusqu’au bout insensible et rétive, Le laissa s’égarer en des sentiers ingrats ; Puis, quand il la saisit, la jeune fugitive Se change en laurier dans ses bras. Un sort pareil attend ici-bas le génie : En l’Idéal qui fuit l’artiste a mis sa foi. Heureux qui voit de loin, dans l’arène infinie, Courir son rêve devant soi ! Car il faut, d’un élan qu’aucun refus n’arrête, Poursuivre aussi Daphné, quand ce serait en vain, Pour sentir à son tour s’agiter sur sa tête Les rameaux du laurier divin.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    L’amour et la mort A M. Louis de Ronchaud) I Regardez-les passer, ces couples éphémères ! Dans les bras l’un de l’autre enlacés un moment, Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières, Font le même serment : Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent Avec étonnement entendent prononcer, Et qu’osent répéter des lèvres qui pâlissent Et qui vont se glacer. Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse Qu’un élan d’espérance arrache à votre coeur, Vain défi qu’au néant vous jetez, dans l’ivresse D’un instant de bonheur ? Amants, autour de vous une voix inflexible Crie à tout ce qui naît : « Aime et meurs ici-bas !  » La mort est implacable et le ciel insensible ; Vous n’échapperez pas. Eh bien ! puisqu’il le faut, sans trouble et sans murmure, Forts de ce même amour dont vous vous enivrez Et perdus dans le sein de l’immense Nature, Aimez donc, et mourez ! II Non, non, tout n’est pas dit, vers la beauté fragile Quand un charme invincible emporte le désir, Sous le feu d’un baiser quand notre pauvre argile A frémi de plaisir. Notre serment sacré part d’une âme immortelle ; C’est elle qui s’émeut quand frissonne le corps ; Nous entendons sa voix et le bruit de son aile Jusque dans nos transports. Nous le répétons donc, ce mot qui fait d’envie Pâlir au firmament les astres radieux, Ce mot qui joint les coeurs et devient, dès la vie, Leur lien pour les cieux. Dans le ravissement d’une éternelle étreinte Ils passent entraînés, ces couples amoureux, Et ne s’arrêtent pas pour jeter avec crainte Un regard autour d’eux. Ils demeurent sereins quand tout s’écroule et tombe ; Leur espoir est leur joie et leur appui divin ; Ils ne trébuchent point lorsque contre une tombe Leur pied heurte en chemin. Toi-même, quand tes bois abritent leur délire, Quand tu couvres de fleurs et d’ombre leurs sentiers, Nature, toi leur mère, aurais-tu ce sourire S’ils mouraient tout entiers ? Sous le voile léger de la beauté mortelle Trouver l’âme qu’on cherche et qui pour nous éclôt, Le temps de l’entrevoir, de s’écrier :  » C’est Elle !  » Et la perdre aussitôt, Et la perdre à jamais ! Cette seule pensée Change en spectre à nos yeux l’image de l’amour. Quoi ! ces voeux infinis, cette ardeur insensée Pour un être d’un jour ! Et toi, serais-tu donc à ce point sans entrailles, Grand Dieu qui dois d’en haut tout entendre et tout voir, Que tant d’adieux navrants et tant de funérailles Ne puissent t’émouvoir, Qu’à cette tombe obscure où tu nous fais descendre Tu dises :  » Garde-les, leurs cris sont superflus. Amèrement en vain l’on pleure sur leur cendre ; Tu ne les rendras plus !  » Mais non ! Dieu qu’on dit bon, tu permets qu’on espère ; Unir pour séparer, ce n’est point ton dessein. Tout ce qui s’est aimé, fût-ce un jour, sur la terre, Va s’aimer dans ton sein. III Eternité de l’homme, illusion ! chimère ! Mensonge de l’amour et de l’orgueil humain ! Il n’a point eu d’hier, ce fantôme éphémère, Il lui faut un demain ! Pour cet éclair de vie et pour cette étincelle Qui brûle une minute en vos coeurs étonnés, Vous oubliez soudain la fange maternelle Et vos destins bornés. Vous échapperiez donc, ô rêveurs téméraires Seuls au Pouvoir fatal qui détruit en créant ? Quittez un tel espoir ; tous les limons sont frères En face du néant. Vous dites à la Nuit qui passe dans ses voiles :  » J’aime, et j’espère voir expirer tes flambeaux.  » La Nuit ne répond rien, mais demain ses étoiles Luiront sur vos tombeaux. Vous croyez que l’amour dont l’âpre feu vous presse A réservé pour vous sa flamme et ses rayons ; La fleur que vous brisez soupire avec ivresse : « Nous aussi nous aimons ! » Heureux, vous aspirez la grande âme invisible Qui remplit tout, les bois, les champs de ses ardeurs ; La Nature sourit, mais elle est insensible : Que lui font vos bonheurs ? Elle n’a qu’un désir, la marâtre immortelle, C’est d’enfanter toujours, sans fin, sans trêve, encor. Mère avide, elle a pris l’éternité pour elle, Et vous laisse la mort. Toute sa prévoyance est pour ce qui va naître ; Le reste est confondu dans un suprême oubli. Vous, vous avez aimé, vous pouvez disparaître : Son voeu s’est accompli. Quand un souffle d’amour traverse vos poitrines, Sur des flots de bonheur vous tenant suspendus, Aux pieds de la Beauté lorsque des mains divines Vous jettent éperdus ; Quand, pressant sur ce coeur qui va bientôt s’éteindre Un autre objet souffrant, forme vaine ici-bas, Il vous semble, mortels, que vous allez étreindre L’Infini dans vos bras ; Ces délires sacrés, ces désirs sans mesure Déchaînés dans vos flancs comme d’ardents essaims, Ces transports, c’est déjà l’Humanité future Qui s’agite en vos seins. Elle se dissoudra, cette argile légère Qu’ont émue un instant la joie et la douleur ; Les vents vont disperser cette noble poussière Qui fut jadis un coeur. Mais d’autres coeurs naîtront qui renoueront la trame De vos espoirs brisés, de vos amours éteints, Perpétuant vos pleurs, vos rêves, votre flamme, Dans les âges lointains. Tous les êtres, formant une chaîne éternelle, Se passent, en courant, le flambeau de l’amour. Chacun rapidement prend la torche immortelle Et la rend à son tour. Aveuglés par l’éclat de sa lumière errante, Vous jurez, dans la nuit où le sort vous plongea, De la tenir toujours : à votre main mourante Elle échappe déjà. Du moins vous aurez vu luire un éclair sublime ; Il aura sillonné votre vie un moment ; En tombant vous pourrez emporter dans l’abîme Votre éblouissement. Et quand il régnerait au fond du ciel paisible Un être sans pitié qui contemplât souffrir, Si son oeil éternel considère, impassible, Le naître et le mourir, Sur le bord de la tombe, et sous ce regard même, Qu’un mouvement d’amour soit encor votre adieu ! Oui, faites voir combien l’homme est grand lorsqu’il aime, Et pardonnez à Dieu !

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    Louise Labé

    Louise Labé

    @louiseLabe

    Baise m’encor, rebaise-moi et baise Baise m’encor, rebaise-moi et baise ; Donne m’en un de tes plus savoureux, Donne m’en un de tes plus amoureux : Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise. Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j’apaise, En t’en donnant dix autres doucereux. Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux, Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise. Lors double vie à chacun en suivra. Chacun en soi et son ami vivra. Permets m’Amour penser quelque folie : Toujours suis mal, vivant discrètement, Et ne me puis donner contentement Si hors de moi ne fais quelque saillie.

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    Marc de Papillon de Lasphrise

    @marcDePapillonDeLasphrise

    L'amour passionnée de Noémie Sur ses ailes, Amour, d'un vol plein de vitesse, Sans donner à mon âme un moment de repos, Plus vite qu'un dauphin qui traverse les flots, Me transporte haut-volant vers ma chaste déesse. Jamais de tel randon des aquilons la presse, Franchissant à l'envi d'Amphitrite les sauts, Si raide n'élança par le glacis des eaux Le vaisseau désarmé vide de toute adresse. Comme sur les cerceaux de cent mille désirs Le vent impétueux de mes ailés soupirs Me trajette* à grands bonds au phare de sa vue : Flambes d'amour et vous, soupirs, enfants de l'air, Passez-moi sans danger cette amoureuse mer, Et puis à mon retour que votre feu me tue.

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    M

    Mathieu Cauchie

    @mathieuCauchie

    Donne-moi tes yeux Il s’élève, plane et se fige dans tes yeux, Lui, qui rendra meilleur le lever du demain, Oui lui, portant la fraîcheur du frisson humain, Il s’élève, plane et se fige dans les cieux. Mais lorsque vous regarderez les étoiles, Je serai un navire vide sans voile, Sur une mer sans fin, encore et encore, Cherchant ce regard qui nous fait perdre le nord, Les jours se suivent et expirent sans soleil, Et comme un crabe au clair de lune, je cherche, Là où personne ne trouve plus merveille, C’est dans une lueur d’espoir qu’il apparaît, Noir comme la nuit, sucré comme le péché, Ce sentiment qui se pétrifie dans la plaie.

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