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Printemps

110 poésies en cours de vérification
Printemps

Poésies de la collection printemps

    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Veillée d'avril Il doit être minuit. Minuit moins cinq. On dort. Chacun cueille sa fleur au vert jardin des rêves, Et moi, las de subir mes vieux remords sans trêves, Je tords mon cœur pour qu'il s'égoutte en rimes d'or. Et voilà qu'à songer me revient un accord, Un air bête d'antan, et sans bruit tu te lèves Ô menuet, toujours plus gai, des heures brèves Où j'étais simple et pur, et doux, croyant encor. Et j'ai posé ma plume. Et je fouille ma vie D'innocence et d'amour pour jamais défleurie, Et je reste longtemps, sur ma page accoudé, Perdu dans le pourquoi des choses de la terre, Ecoutant vaguement dans la nuit solitaire Le roulement impur d'un vieux fiacre attardé.

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Cybèle Gourmandise du bleu ton corps rongé Ne demeure que peu de ta stabilité Peau de chagrin tu es pour les uns écrin de pluies nourricières pour les autres incandescent refrain Selon les humeurs du vent sereine ou violents soubresauts de ta chevelure répandue sous le ciel indifférent

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Osmose L’eau m’a prêté sa transparence et le ciel son illusion bleue Les arbres m’ont appris le silence la pluie le vert des prairies le soleil la tyrannie du feu Les bêtes sages d’inconscience dévisagent l’homme monstre de science Je suis l’une d’elle Au printemps l’herbe grasse de la vie a un goût d’éternité pour le ruminant d’un présent perpétuel

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Printanière Elle coiffe avec le peigne radieux du soleil sa chevelure verte et fleurie d’où nait le chant des oiseaux Elle rit aux derniers frimas et fait couler de nouveaux ruisseaux pour nous dire que rien ne dure Elle dévoile les couleurs et répand par poignées l’essaim de leurs parfums Malgré la ritournelle des saisons notre Terre aux robes légères passante qui régénère

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Printemps Enfouie dans sa solitude comme un cri de détresse dans le noir sidéral une chambre dans une maison de retraite Derrière les vitres des yeux regardent la nature renaissante Bourgeon la vieillesse éclôt

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    Louis Aragon

    Louis Aragon

    @louisAragon

    L'inconnue du printemps Les yeux rencontrés au coin d'un bazar A quoi rêvaiem-ils ces grands yeux bizarres Ah Paris palpite après qu'il a plu Plaira-t-il encore autant qu'il a plu Dans l'eau du ruisseau des bouquets de fleurs S'en vont effeuillant toutes les couleurs Je verrai toujours la Chaussée d'Antin Ses trottoirs de Parme au pied des putains Les indifférents le soir et les voitures Les voilettes d'ombre et les aventures On faisait trois pas vers la Trinité Le temps d'hésiter on s'était quitté Dans le brouhaha gare Saint-Lazare Pourquoi pleurent-il ces yeux de hasard Ah Paris Paris tu ne chantes pas Tu tournes la tête et traînes le pas C'est l'heure du gaz et des imprudences Les squares sont faits pour les confidences C'est l'heure du gaz que n'allumes-tu Que n'allumes-tu Mais Paris s'est tu

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    Louis Aragon

    Louis Aragon

    @louisAragon

    La naissance du Printemps Voici ses rubans et ses flammes Ses mille petits cris ses gentils pépiements Ses bigoudis ses fleurs ses hommes et ses femmes Je lui fais de ses couleurs tous mes compliments Dieu que de baisers fous sur l'appui des fenêtres Nous n'avons pas fini de compter les baisers Il y a des semaines entières sous les hêtres Où chantent les pinsons au plumage frisé Avril n'a pas toujours vécu sous les lambris Il fut petit pâtissier puis compte-goutte Il gagna son pain à la sueur de son front De fil en aiguille il devint contrôleur des finances Enfin par un soleil de tous les diables Il tomba tout à coup amoureux

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    Louis Bouilhet

    @louisBouilhet

    Mars Le printemps s’est hâté, mars en mai se déguise ; Comme un hérisson fauve, il traîne le soleil Qui lutte et fait trembler, au froid qui les aiguise, Sur son dos frissonnant ses pointes de vermeil. La brise a des chansons qui grelottent encore ; Sous son capuchon rose enfermée à demi, La fleur du marronnier regarde et veut éclore, Puisque des pieds d’oiseaux sur sa branche ont frémi. L’eau court, les liserons montent à l’escalade, Et, de son blanc linceul secouant les lambeaux, La nature sourit comme une enfant malade Dont le front a gardé la pâleur des tombeaux. Ô germes inquiets ! j’ai connu vos audaces, J’ai voulu, comme vous, forcer le temps vainqueur, Et, rêvant les blés mûrs dans la saison des glaces, Sous le premier soleil épanouir mon cœur. Alors, comme aujourd’hui, le vent chantait, les nues Versaient un rayon d’or à mes éclosions ; Tandis que tout gonflé de sèves inconnues Bourgeonnait, dans mon sein, l’arbre des passions. L’hiver est revenu, les feuilles sont brûlées, Le sol glacé résonne à chacun de mes pas, Et j’ai vu se flétrir, sous d’après giboulées, Les saintes floraisons qui ne repoussent pas !

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    Louis-Honoré Fréchette

    Louis-Honoré Fréchette

    @louisHonoreFrechette

    Avril La neige fond partout ; plus de lourde avalanche. Le soleil se prodigue en traits plus éclatants ; La sève perce l'arbre en bourgeons palpitants Qui feront sous les fruits, plus tard, plier la branche. Un vent tiède succède aux farouches autans ; L'hirondelle est absente encor ; mais en revanche Des milliers d'oiseaux blancs couvrent la plaine blanche, Et de leurs cris aigus rappellent le printemps. Sous l'effluve fécond il faut que tout renaisse... Avril c'est le réveil, avril c'est la jeunesse. Mais quand la Poésie ajoute : mois des fleurs - Il faut bien avouer - nous que trempe l'averse, Qu'entraîne la débâcle, ou qu'un glaçon renverse - Que les poètes sont d'aimables persifleurs.

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    Léopold Sédar Senghor

    Léopold Sédar Senghor

    @leopoldSedarSenghor

    Chant de printemps III Je t’ai dit : — Écoute le silence sous les colères flamboyantes La voix de l’Afrique planant au-dessus de la rage des canons longs La voix de ton cœur de ton sang, écoute-la sous le délire de ta tête de tes cris. Est-ce sa faute si Dieu lui a demandé les prémices de ses moissons Les plus beaux épis et les plus beaux corps élus patiemment parmi mille peuples ? Est-ce sa faute si Dieu fait de ses fils les verges à châtier la superbe des nations ? Écoute sa voix bleue dans l’air lavé de haine, vois le sacri- ficateur verser les libations au pied du tumulus. Elle proclame le grand émoi qui fait trembler les corps aux souffles chauds d’Avril Elle proclame l’attente amoureuse du renouveau dans la fièvre de ce printemps La vie qui fait vagir deux enfants nouveau-nés au bord d’un tombeau cave. Elle dit ton baiser plus fort que la haine et la mort. Je vois au fond de tes yeux troubles la lumière étale de l’Été Je respire entre tes collines l’ivresse douce des moissons. Ah ! cette rosée de lumière aux ailes frémissantes de tes narines ! Et ta bouche est comme un bourgeon qui se gonfle au soleil Et comme une rose couleur de vin vieux qui va s’épanouir au chant de tes lèvres. Écoute le message, mon amie sombre au talon rose. J’entends ton cœur d’ambre qui germe dans le silence et le Printemps.

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    M

    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    Ronde de printemps À Charles de Sivry Dans le Parc, dans le Parc les glycines frissonnent, Etirant leurs frêles bras – Ainsi que de jeunes filles Qui se réveillent d’un court sommeil Après la nuit dansée au bal, Les boucles de leurs cheveux Tout en papillotes Pour de prochaines fêtes – Dans le Parc. Dans les Prés, dans les Prés les marguerites blanches S’endimanchent, et les coquelicots Se pavanent dans leurs jupes Savamment fripées, Mais les oiseaux, un peu outrés, Rient et se moquent des coquettes Dans les Prés. Dans les Bois, dans les Bois les ramures s’enlacent: Voûte de Cathédrale aux Silences Où le pas des Visions se fait pieux et furtif, Parmi les poses adorantes des Hêtres Et les blancs surplis des Bouleaux – Sous les vitraux d’émeraude qui font Cette lumière extatique – Dans les Bois. Dans l’Eau, dans l’Eau près de joncs somnolents Tremblent les étoiles plues du soleil Dans l’Eau, Et la Belle tout en pleurs Tombe parmi les joncs somnolents, Et la Belle Meurt parmi la torpeur lumineuse des flots: La Belle Espérance S’est noyée, et cela fait des ronds Dans l’Eau. 18 mai 1889.

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Journée de printemps Ici, le rocher, l'arbre et l'eau Font pour mon œil ce qu'il convoite. Tout ce qui luit, tremble ou miroite, Forme un miraculeux tableau. Sur le murmure qui se ouate Le rossignol file un solo : L'écorce blanche du bouleau Met du mystique dans l'air moite. À la fois légère et touffue La lumière danse à ma vue Derrière l'écran du zéphyr ; Je m'attarde, et le soir achève Avec de l'ombre et du soupir La félicité de mon rêve.

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    M

    Max Elskamp

    @maxElskamp

    Le matin Et la première est d’un matin Dit tout en bleu, dit tout en blanc, Et la première est d’un matin Ici pour le commencement, De paix d’abord, cloches sonnant, Et Flandre étant – Vive la Rose – Douce à chacun à sa façon, Suivant son bien, suivant ses choses. Or Mai mettant les fleurs en cause, Et la première est d’un matin, Or Mai mettant les fleurs en cause, Et la première est d’un jardin, Voici qu’il sent le romarin, Et qu’on dirait – Vive la Vie – Voici qu’il sent le romarin, Et qu’on dirait qu’on se marie, Et la première est d’un matin Ainsi de paix et d’ornement, Avec du pain, avec du vin, Ici pour le commencement.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Fleurs d'aurore Comme au printemps de l'autre année, Au mois des fleurs, après les froids, Par quelque belle matinée, Nous irons encore sous bois. Nous y verrons les mêmes choses, Le même glorieux réveil, Et les mêmes métamorphoses De tout ce qui vit au soleil. Nous y verrons les grands squelettes Des arbres gris, ressusciter, Et les yeux clos des violettes À la lumière palpiter. Sous le clair feuillage vert tendre, Les tourterelles des buissons, Ce jour-là, nous feront entendre Leurs lentes et molles chansons. Ensemble nous irons encore Cueillir dans les prés, au matin, De ces bouquets couleur d'aurore Qui fleurent la rose et le thym. Nous y boirons l'odeur subtile, Les capiteux aromes blonds Que, dans l'air tiède et pur, distille La flore chaude des vallons. Radieux, secouant le givre Et les frimas de l'an dernier, Nos chers espoirs pourront revivre Au bon vieux soleil printanier. En attendant que tout renaisse, Que tout aime et revive un jour, Laisse nos rêves, ô jeunesse, S'envoler vers tes bois d'amour ! Chère idylle, tes primevères Éclosent en toute saison ; Elles narguent les froids sévères Et percent la neige à foison. Éternel renouveau, tes sèves Montent même aux coeurs refroidis, Et tes capiteuses fleurs brèves Nous grisent comme au temps jadis. Oh ! oui, nous cueillerons encore, Aussi frais qu'à l'autre matin, Ces beaux bouquets couleur d'aurore Qui fleurent la rose et le thym.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    L’Avril boréal Est-ce l’avril ? Sur la colline Rossignole une voix câline, De l’aube au soir. Est-ce le chant de la linotte ? Est-ce une flûte ? est-ce la note Du merle noir ? Malgré la bruine et la grêle, Le virtuose à la voix frêle Chante toujours ; Sur mille tons il recommence La mélancolique romance De ses amours. Le chanteur, retour des Florides, Du clair azur des ciels torrides Se souvenant, Dans les bras des hêtres en larmes Dis ses regrets et ses alarmes À tout venant. Surpris dans son vol par la neige, Il redoute encor le cortège Des noirs autans ; Et sa vocalise touchante Soupire et jase, pleure et chante En même temps. Fuyez, nuages, giboulées, Grêle, brouillards, âpres gelées, Vent boréal ! Fuyez ! La nature t’implore, Tardive et languissante aurore De floréal. Avec un ciel bleu d’améthyste, Avec le charme vague et triste Des bois déserts, Un rythme nouveau s’harmonise. Doux rossignol, ta plainte exquise Charme les airs ! Parfois, de sa voix la plus claire, L’oiseau, dont le chant s’accélère, Égrène un tril : Dans ce vif éclat d’allégresse, C’est vous qu’il rappelle et qu’il presse, Beaux jours d’avril. Déjà collines et vallées Ont vu se fondre aux soleillées Neige et glaçons ; Et, quand midi flambe, il s’élève Des senteurs de gomme et de sève Dans les buissons. Quel souffle a mis ces teintes douces Aux pointes des frileuses pousses ? Quel sylphe peint De ce charmant vert véronèse Les jeunes bourgeons du mélèze Et du sapin ? Sous les haleines réchauffées Qui nous apportent ces bouffées D’air moite et doux, Il nous semble que tout renaisse. On sent comme un flot de jeunesse Couler en nous. Tout était mort dans les futaies ; Voici, tout à coup, plein les haies, Plein les sillons, Du soleil, des oiseaux, des brises, Plein le ciel, plein les forêts grises, Plein les vallons. Ce n’est plus une voix timide Qui prélude dans l’air humide, Sous les taillis ; C’est une aubade universelle ; On dirait que l’azur ruisselle De gazouillis. Devant ce renouveau des choses, Je rêve des idylles roses ; Je vous revois, Prime saison, belles années, De fleurs de rêve couronnées, Comme autrefois. Et, tandis que dans les clairières Chuchotent les voix printanières, Et moi j’entends Rossignoler l’âme meurtrie, La tant douce voix attendrie De mes printemps.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Perce-neige Radieuses apothéoses Du soleil d’or et du ciel bleu, Fraîche gloire des printemps roses, Pourquoi donc durez-vous si peu ? Pourquoi donc êtes-vous si brèves, Aubes de l’enfance ? Beaux jours, Si pleins d’aromes et de sèves, Pourquoi donc êtes-vous si courts ? Jeunesse, où sont-elles allées Les hirondelles de jadis ? Où sont les ailes envolées De tes merveilleux paradis ? Et vous, poétiques chimères, Que dore un rayon d’idéal, Blondes idylles éphémères, N’auriez-vous qu’un seul floréal ? Ô fleurs, vous n’êtes pas finies ! Les plus tristes de nos saisons Auront encor des harmonies Et des regains de floraisons. La mortelle saison du givre N’a pas tué toutes nos fleurs : Nous pourrons encore revivre Le passé, dans des jours meilleurs.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Avril, dont l'odeur nous augure Avril, dont l'odeur nous augure Le renaissant plaisir, Tu découvres de mon désir La secrète figure.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Impression de printemps Il est des jours - avez-vous remarqué ? - Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau, Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! plus gai Que la même gaieté d'un damoiseau. L'on se souvient sans bien se rappeler... Évidemment l'on rêve, et non, pourtant. L'on semble nager et l'on croirait voler. L'on aime ardemment sans amour cependant Tant est léger le coeur sous le ciel clair Et tant l'on va, sûr de soi, plein de foi Dans les autres, que l'on trompe avec l'air D'être plutôt trompé gentiment, soi. La vie est bonne et l'on voudrait mourir, Bien que n'ayant pas peur du lendemain, Un désir indécis s'en vient fleurir, Dirait-on, au coeur plus et moins qu'humain. Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ? Meurent plutôt la vie et son tourment ! Ô dieux cléments, gardez-moi du malheur D'à jamais perdre un moment si charmant.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Élégie du printemps À la sœur d'Astrée. Printemps, fils du Soleil, que la terre arrosée De la fertile humeur d'une douce rosée, Au milieu des œillets et des roses conçut, Quand Flore entre ses bras nourrice vous reçut, Naissez, croissez, Printemps, laissez-vous apparaître : En voyant Isabeau vous pourrez vous connaître, Elle est votre miroir, et deux lis assemblés Ne se ressemblent tant que vous entresemblez : Tous les deux n'êtes qu'un, c'est une même chose. La rose que voici ressemble à cette rose, Le diamant à l'autre, et la fleur à la fleur : Le Printemps est le frère, Isabeau est la sœur. On dit que le Printemps, pompeux de sa richesse, Orgueilleux de ses fleurs, enflé de sa jeunesse, Logé comme un grand prince en ses vertes maisons, Se vantait le plus beau de toutes les saisons, Et se glorifiant le contait à Zéphyre ; Le Ciel en fut marri, qui soudain le vint dire À la mère Nature. Elle, pour rabaisser L'orgueil de cet enfant, va partout ramasser Les biens qu'elle serrait de maint et mainte année.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Jaloux du printemps Des saisons la plus désirée Et la plus rapide, ô printemps, Qu'elle m'est longue, ta durée ! Tu possèdes mon adorée, Et je l'attends ! Ton azur ne me sourit guère, C'est en hiver que je la vois ; Et cette douceur éphémère, Je ne l'ai dans l'année entière Rien qu'une fois. Mon bonheur n'est qu'une étincelle Volée au bal dans un coup d'œil : L'hiver passe, et je vis sans elle ; C'est pourquoi, fête universelle, Tu m'es un deuil. J'ai peur de toi quand je la quitte : Je crains qu'une fleur d'oranger, Tombant sur son cœur, ne l'invite À consulter la marguerite, Et quel danger ! Ce cœur qui ne sait rien encore, Couvé par tes tendres chaleurs, Devine et pressent son aurore ; Il s'ouvre à toi qui fais éclore Toutes les fleurs. Ton souffle l'étonne, elle écoute Les conseils embaumés de l'air ; C'est l'air de mai que je redoute, Je sens que je la perdrai toute Avant l'hiver.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Mars En mars, quand s’achève l’hiver, Que la campagne renaissante Ressemble à la convalescente Dont le premier sourire est cher ; Quand l’azur, tout frileux encore, Est de neige éparse mêlé, Et que midi, frais et voilé, Revêt une blancheur d’aurore ; Quand l’air doux dissout la torpeur Des eaux qui se changeaient en marbres ; Quand la feuille aux pointes des arbres Suspend une verte vapeur ; Et quand la femme est deux fois belle, Belle de la candeur du jour, Et du réveil de notre amour Où sa pudeur se renouvelle, Oh ! Ne devrais-je pas saisir Dans leur vol ces rares journées Qui sont les matins des années Et la jeunesse du désir ? Mais je les goûte avec tristesse ; Tel un hibou, quand l’aube luit, Roulant ses grands yeux pleins de nuit, Craint la lumière qui les blesse, Tel, sortant du deuil hivernal, J’ouvre de grands yeux encore ivres Du songe obscur et vain des livres, Et la nature me fait mal.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Printemps oublié Ce beau printemps qui vient de naître À peine goûté va finir ; Nul de nous n'en fera connaître La grâce aux peuples à venir. Nous n'osons plus parler des roses : Quand nous les chantons, on en rit ; Car des plus adorables choses Le culte est si vieux qu'il périt. Les premiers amants de la terre Ont célébré Mai sans retour, Et les derniers doivent se taire, Plus nouveaux que leur propre amour. Rien de cette saison fragile Ne sera sauvé dans nos vers, Et les cytises de Virgile Ont embaumé tout l'univers. Ah ! frustrés par les anciens hommes, Nous sentons le regret jaloux Qu'ils aient été ce que nous sommes, Qu'ils aient eu nos cœurs avant nous.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Prière au printemps Toi qui fleuris ce que tu touches, Qui, dans les bois, aux vieilles souches Rends la vigueur, Le sourire à toutes les bouches, La vie au cœur ; Qui changes la boue en prairies, Sèmes d'or et de pierreries Tous les haillons, Et jusqu'au seuil des boucheries Mets des rayons ! Ô printemps, alors que tout aime, Que s'embellit la tombe même, Verte au dehors, Fais naître un renouveau suprême Au cœur des morts ! Qu'ils ne soient pas les seuls au monde Pour qui tu restes inféconde, Saison d'amour ! Mais fais germer dans leur poussière L'espoir divin de la lumière Et du retour !

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    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    En descendant des collines au Printemps En descendant des collines au printemps A l'heure où la rosée brille dans les toiles d'araignées Au bruit lointain du fer battu dans les forges, Au miroitement du jour dans l'eau des rivières. En descendant des collines au printemps J'ai laissé, dis-je, avec l'hiver les chagrins et les rancunes Un amour profond me transporte de joie Et ma haine elle-même me transporte et m'exalte. En descendant des collines au printemps Abandonnant des tombes vermoulues et des souvenirs, Ivre des parfums de la terre et de l'air Et me dilatant jusqu'à contenir le monde. En descendant des collines au printemps, J'ai brisé les balances où je pesais la vie et la mort, Enfin prêt à accueillir l'été et les vendanges, Prêt à accepter que le chemin, mon chemin s'interrompe. En descendant des collines au printemps Vivant de plus de joie qu'aux jours de ma jeunesse Mais attentif aux parfums de la terre et de l'air, Attentif à l'écho d'une petite chanson lointaine Chantée, d'une voix mal assurée, par une petite fille Que jamais je ne connaîtrai.

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    La glycine Ô beau pied de glycine Qui rampes sur le toit ! Glycine en fleurs, tendre glycine – bleu pavois Des grilles, des balcons, des murs trop neufs, des toits Trop vieux – souple glycine ! Ce matin, sous le ciel frémissant comme toi, C’est dans tes grappes et tes feuilles, Tout le miracle bleu du printemps qui m’accueille ! En papillons, du bleu s’effeuille… Du bleu… du bleu nuancé de lilas, De violet si doux qu’on ne sait pas Si l’on voit des touffes d’iris ou de lilas. Par terre est un champ de pétales. Jacinthes, violettes pâles ? Non, mais, en l’air, une guirlande qui s’étale, Qui s’effrange, qui glisse en gouttes de satin… Il pleut mauve. Il a plu cette nuit, ce matin. La terre est mauve ; l’herbe mauve. Le jardin Est un jardin pareil à ceux que j’imagine Autour d’un petit pont sur des lotus, en Chine. Jardins d’Asie… Ombre au pied des collines, Toits retroussés, bassins fleuris et murmurants… C’est comme un frais bonheur inconnu qui me prend, Un bonheur du matin, fait d’air si transparent, De couleurs et d’odeurs si fines, Qu’on y sent toute l’âme en fête des glycines ! Ô glycine, collier des gouttières chagrines, Manteau léger du parc aux grands escaliers blancs Et de la pierre des vieux bancs Devant les chaumes en ruines ; – Treille aux raisins d’azur, festons d’argent, Vitrail d’évêque où chaque palme dessine Entre des pendentifs d’améthystes, en rangs ; Flocons d’encens, clairs sachets odorants, Qui tombent sur mon front, sur ma poitrine, Comme un présent de mai ! – Glycine, Dont le nom grec veut dire : doux, douceur, Vin sucré… dont le nom est comme une liqueur, Comme un parfum dans la brise câline, Dont le nom, doucement, glisse comme tes fleurs, Je te salue au seuil du Bel Été, Glycine…

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Premières feuilles Vous vous tendez vers moi, vertes petites mains des arbres, Vertes petites mains des arbres du chemin. Pendant que les vieux murs un peu plus se délabrent, Que les vieilles maisons montrent leurs plaies, Vous vous tendez vers moi, bourgeons des haies, Verts petits doigts. Petits doigts en coquilles, Petits doigts jeunes, lumineux, pressés de vivre, Par-dessus les vieux murs vous vous tendez vers nous. Le vieux mur dit : « Gare au vent fou, Gare au soleil trop vif, gare aux nuits qui scintillent, Gare à la chèvre, à la chenille, Gare à la vie, ô petits doigts ! » Verts petits doigts griffus, bourrus et tendres, Vous sentez bien pourquoi Les vieux murs, ce matin, ont la voix de Cassandre. Petits doigts en papier de soie, Petits doigts de velours ou d’émail qui chatoie, Vous savez bien pourquoi Vous n’écouterez pas les murs couleur de cendre… Frêles éventails verts, mains du prochain été, Nous sentons bien pourquoi vous n’écoutez Ni les vieux murs, ni les toits qui s’affaissent ; Nous savons bien pourquoi Par-dessus les vieux murs, de tous vos petits doigts, Vous faites signe à la jeunesse !

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Printemps Et puis, c’est oublié. Ai-je pensé, vraiment, ces choses-là ? Bon soleil, te voilà Sur les bourgeons poisseux qui vont se déplier. Le miracle est partout. Le miracle est en moi qui ne me souviens plus. Il fait clair, il fait gai sur les bourgeons velus ; Il fait beau – voilà tout. Je m’étire, j’étends mes bras au bon soleil Pour qu’il les dore comme avant, qu’ils soient pareils Aux premiers abricots dans les feuilles de juin. L’herbe ondule au fil du chemin Sous le galop du vent qui rit. Les pâquerettes ont fleuri. Je viens, je viens ! Mes pieds dansent tout seuls Comme les pieds du vent rieur, Comme ceux des moineaux sur les doigts du tilleul. (Tant de gris au-dehors, de gris intérieur, De pluie et de brouillard, était-ce donc hier ?) Ne me rappelez rien. Le ciel est si léger ! Vous ne saurez jamais tout le bonheur que j’ai À sentir la fraîcheur légère de cet air. Un rameau vert aux dents comme le « Passeur d’eau », J’ai sans doute ramé bien des nuits, bien des jours… Ne me rappelez rien. C’est oublié. Je cours Sur le rivage neuf où pointent les roseaux. Rameau vert du Passeur ou branche qu’apporta La colombe de l’Arche, ah ! la verte saveur Du buisson que tondra la chèvre aux yeux rêveurs ! Être chèvre sans corde, éblouie à ce tas De bourgeons lumineux qui mettent un halo Sur la campagne verte – aller droit devant soi Dans le bruit de grelots Du ruisseau vagabond – suivre n’importe quoi, Sauter absurdement, pour sauter – rire au vent Pour l’unique raison de rire… Comme Avant ! C’est l’oubli, je vous dis, l’oubli miraculeux. Votre visage même à qui j’en ai voulu De trop guetter le mien, je ne m’en souviens plus, C’est un autre visage – et mes deux chats frileux, Mon grand Dikette-chien sont d’autres compagnons Faits pour gens bien portant, nouveaux, ressuscités. Bon soleil, bon soleil, voici que nous baignons Dans cette clarté chaude où va blondir l’été. Hier n’existe plus. Qui donc parlait d’hier ? Il fait doux, il fait gai sur les bourgeons ouverts…

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    S

    Salim Zouhaier

    @salimZouhaier

    Je sens le printemps Apres la pluie, vient le beau temps, chantent les tourtereaux attendant les sauterelles, les hirondelles Le chant des moineaux fait le moine, mais leur habit fait le printemps Les fleurs ouvrent leur petales accueillant les belles coccinelles Don juan se prépare à faire la parade et la course aux jupons Le soleil étend ses ailes, heureux que s'en rechauffent les pigeons

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    S

    Salim Zouhaier

    @salimZouhaier

    L'hirondelle du matin Une hirondelle vole, coupe le ciel en lamelles éparses Le printemps se dégage et les fleurs ne font plus la farce douceur de l'herbe moite telle une chatte de garce chantonnant l'entrée de son poète en mars De douces mélodies coquines tout en harmonie fondant dans la fine brume d'une symphonie Non pastorales , mais fractales sont les ondulations de la sève serpentant la voie menant de l'abîme, montant vers l'espace, l'air et la lumière; le chemin est respiration...

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Renouveau Le printemps maladif a chassé tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide, Et, dans mon être à qui le sang morne préside L'impuissance s'étire en un long bâillement. Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau Et triste, j'erre après un rêve vague et beau, Par les champs où la sève immense se pavane

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