splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Printemps

110 poésies en cours de vérification
Printemps

Poésies de la collection printemps

    D

    David Herbert Lawrence

    @davidHerbertLawrence

    Désir de Printemps Je voudrais que ce fût le printemps dans le monde. Que le printemps soit ! Viens, bouillonnement, ondée montante de sève ! Viens, flux de création ! Viens, vie ! monte à travers toute cette décomposition, Viens, balaie ces exquises, ces sinistres premières fleurs, qui sont plutôt dernières fleurs ! Viens, dégèle leur froid présage, dissous-les : perce-neige, raideurs, exhalaisons veinées de mort des crocus, blancs, violets, fleurs de pénombre, filles de corruption, nourries de décomposition, jets d’exquise finalité. Viens printemps, saccage-les ! Je piétine les perce-neige, j’ai plaisir à fouler les jonquilles, à détruire les froids narcisses ; car j’en suis dégoûté, de leur sang pauvre et de sa lenteur, de leur chair glacée, de leurs présages. Il me faut la bonne sève vineuse, ardente, du printemps, l’or, l’éclat inconcevable, la fine quintessence, ténue comme d’un rayon, pourtant d’écrasante puissance, forte comme l’ultime force équilibrant les mondes. Telle est bien celle qui soulève la moisson des blés, et la berce par tonnes de grain sur le vent mûrisseur, celle qui balade les myriades de fruits globulaires tentatrice, en l’air, entre le pouce et l’index, badine, de poirier, de pommier, d’amandier, d’abricotier, de cognassier, tempêtes et cumulus de toutes fleurs imaginables autour de nos visages interdits, adorateurs, ou non. Je voudrais que ce fût le printemps, soufflant, malin, sur les étincelles tombées, fragments épars de la vieille flamme, allumant de jolies petites conflagrations : curieux poulains aux longues jambes, veaux aux larges oreilles, moineaux nés tout nus. Je voudrais que le printemps lançât le tonnerre des pas en marche des pas neufs sur la terre, battant d’impatience. Je voudrais que ce fût le printemps, le tonnerre délicat, tendre, du printemps. Je voudrais que ces fleurs de corruption passionnée, mystérieuse cassantes, au charme de gel, ne fussent pas à venir encore, du déplaisir de l’hiver toujours actif. Ah, au printemps la jacinthe sauvage se courbe dans l’excès de son exubérance, exultant d’un secret excès de chaleur, courbée par son cœur de magnificence ! Oui, le jaillissement du printemps est assez fort pour soulever le globe terrestre comme une balle sur un jet d’eau dansant gaiement, comme on voit la petite balle de celluloïd portée par une colonne d’eau pour les tireurs à deux sous la partie, dans un stand de foire. Le jaillissement du printemps est assez fort pour jouer avec le globe terrestre comme avec une balle sur une fontaine ; en même temps il ouvre les petites mains du coudrier en toute, infinie patience. Le pouvoir de la sève montante, dorée, toute créatrice, pourrait prendre la terre et la soulever parmi les étoiles, dans l’invisible ; tout comme il place la grive au couchant sur une branche chantant contre le merle, surgit dans la vibrante hésitation de la primevère, trahit sa candeur dans la blanche fleur ronde du fraisier, trouve une dignité de chef Peau- Rouge dans la digitale. Ah, viens, viens vite printemps, Viens, élève nos myriades vers leur comble, nous qui n’avons jamais fleuri, tels de patients cactus. Viens, élève – nous au terme, à la floraison, porte nous à notre été, nous lassés de l’hiver dans l’hiver de ce monde. Viens faire le nid des pinsons creux et doux Viens attendrir les bourgeons du saule, gonfle – les, fourre – les, Puis souffle l’or dessus. Viens enjoler les gauches fleurs du pas d’âne. Viens, hâte- toi, rachète – nous d’une excessive mort. Viens vite, ébranle du dedans le globe pourri du monde, fais-y éclater la germination, nouveau monde. Viens maintenant vers nous, tes adeptes qui ne peuvent fleurir dans la glace. Le monde entier luit des lis de la Mort, l’invincible, mais viens, donne- nous notre tour. Assez de vierges et de lis, du parfum passionné, suffocant de la corruption, Plus d’odeur de narcisse, de lis prostitués, lames de sensation perçant la chair en fleurs de mort. Finissons, finissons de cette affaire, de ces délices frissonnantes, frémissant désastre de la chair, acre passion, rare extase ourlée de mort. A notre tour, vienne notre chance, sonne notre heure, Ah, bientôt, bientôt ! Que la nuit tourne au violet d’une riche aurore Que la nuit soit plus chaude, toute réchauffée par un rougeoiement violet, l’annonce violette de l’été dans le cœur cosmique de l’homme. Est – ce déjà les violettes ? Montrez – moi ! Je tremble si fort à l’entendre qu’à l’instant même au seuil du printemps, j’ai peur de mourir. Montrez – moi les violettes écloses. Ah, si c’est vrai, si la vivante nuit du sang de l’homme prend teinte de violette si les violettes percent de dessous les ruines humaines, pourriture de l’hiver écroulée, le printemps viendra. Prions de ne pas mourir sur ce Pigsa(1) fleuri de violettes. Prions d’y survivre. S’il vous vient une bouffée de violettes de l’ombre obscure de l’humanité, ce sera le printemps au monde ce sera le printemps au monde des vivants l’émerveillement qui s’organise, annoncé par les violettes, l’émoi des saisons nouvelles. Ah, que je ne meure pas au bord de telles promesses ! Que, pire encore, je ne me fasse pas illusion.

    en cours de vérification

    D

    Dominique Bernier

    @dominiqueBernier

    Mésanges d’amour Au détour d’un printemps, dans un silence parfait, Curieuses et décidées au charme d’une glycine, Elles espèrent en silence, la nichée engagée Dans le secret des fleurs complices et voisines, Pas un souffle de vent ne vient troubler l’audace D’un passereau précieux, d’un oisillon braillard, Pas l’ombre d’un sujet n’ose troubler la place De ces instants fragiles qui accrochent les regards. Ainsi, nait le doux message de liberté de l’oiseau, Il anime le précieux envol d’un printemps fragile Ainsi nait l’espoir d’un été aux accents de tourtereaux Il traverse les âges dans une valse d’aller retours, Ou la vie nous guide vers une harmonie perfectible Et créée un message de bonheur pour une vie d’amour.

    en cours de vérification

    D

    Dominique Blanchemain

    @dominiqueBlanchemain

    Une femme à sa fenêtre Nous voudrions voir l’oiseau Dans le tumulte du printemps Tournoyer dans le ciel Une femme à sa fenêtre Le vieillissement imprimé sur ses rides Brouillées d’étoiles gémissantes Et les mains enchevêtrées Une femme à sa fenêtre Le regard arqué par les larmes Avec ce mouvement subtil Qui embrase tous les possibles Une femme à sa fenêtre Qui se consume Dans l’infamie du temps

    en cours de vérification

    E

    Edgar Georges

    @edgarGeorges

    Rectangle triangulaire L’allée est silencieuse Je n’entends pas les oiseaux ce matin Cette fois tous les arbres sont verts autour de la gare Un mécanisme de vérité s’est mis en route inexorablement Voilà pourquoi je ne comprends plus rien Ce printemps ne ressemble plus à celui où j’étais fidèle à toutes mes femmes J’attends l’heure éternelle de volupté Semblable à la délicatesse des sens Qui occupait l’espace d’une vie La joie n’aura plus jamais sa place maintenant C’est l’heure de la folie destructrice Que nous attendons tous

    en cours de vérification

    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    A ce printemps perdu A ce Printemps perdu où nous nous sommes aimés au bord de la rivière un jour du mois de Mai A ce Printemps perdu où l’on sent le bonheur quitter cette espérance qu’on laisse et ne voit plus A ce Printemps perdu et à la renaissance d’une passion si belle Vie qui n’existe plus A ce Printemps perdu et aux charmants oiseaux et à ces chants d’idylles belles, mises à nu A ce Printemps perdu Comme un beau violon aux cordes abimées Qu’on n’entendra plus jamais A ce Printemps perdu et à ces vieilles pierres un jour au coeur des vignes qui ne seront plus là

    en cours de vérification

    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Oiseau de printemps Joli Chardonneret tu es sorti de l’ombre Posé sur la rembarde pour venir me chanter Une ode à la Nature, au Soleil, au Printemps Tu es venu me dire que l’Amour est devant Saute, vrille, vole Et mange toutes les graines que je t’ai données Reviens sur mon balcon, recommence ton chant Qui m’envahit toute entière Ces matins des beaux jours Joli Chardonneret je te veux sur ma route dans ma jolie campagne au pied de mon balcon

    en cours de vérification

    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Pluie de printemps Pluie de Printemps tombe du ciel parfumée au Soleil qui vient pointer son nez Les plantes sourient à la lueur du jour Et viennent offrir leur coeur à ses gouttes semées Pluie de printemps plus belle que l’Automne Vient rafraîchir les coeurs, vient inonder les cours Et bientôt donne tout ce qu’attend la Nature L’Eau si précieuse et pure pour tout recommencer

    en cours de vérification

    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Printemps qui vient… Printemps qui vient fleurir le temps arrive un jour sans qu’on le voit venir Printemps qui vient comme le vent souffler sur l’hiver et le faire partir Printemps qui vient renaître à nouveau nous caresser la peau et nous faire sourire Printemps qui vient avec la Douceur accueillir le Soleil qu’on avait oublié Printemps qui vient nous réchauffer arroser les jardins, faire jaillir les fleurs Printemps qui vient nous dire Je t’aime Afin qu’on puisse tout recommencer

    en cours de vérification

    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Voilà la rose Voilà la rose est rouge les amoureux s’embrassent et partagent leur âme assis sur le banc chaud Voilà la rose est douce les amoureux se touchent et se disent en cachette des mots silencieux Voilà la rose perle les amoureux s’enivrent au doux son du printemps que chantent les oiseaux Voilà la rose brûle les amoureux s’endorment et les belles fleurs jaillissent au bord du vieux ruisseau Voilà la rose pique les amoureux se quittent quand le soleil se couche et que le ciel n’est plus là

    en cours de vérification

    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Avril Lorsqu’un homme n’a pas d’amour, Rien du printemps ne l’intéresse ; Il voit même sans allégresse, Hirondelles, votre retour ; Et, devant vos troupes légères Qui traversent le ciel du soir, Il songe que d’aucun espoir Vous n’êtes pour lui messagères. Chez moi ce spleen a trop duré, Et quand je voyais dans les nues Les hirondelles revenues, Chaque printemps, j’ai bien pleuré. Mais depuis que toute ma vie A subi ton charme subtil, Mignonne, aux promesses d’Avril Je m’abandonne et me confie. Depuis qu’un regard bien-aimé A fait refleurir tout mon être, Je vous attends à ma fenêtre, Chères voyageuses de Mai. Venez, venez vite, hirondelles, Repeupler l’azur calme et doux, Car mon désir qui va vers vous S’accuse de n’avoir pas d’ailes.

    en cours de vérification

    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Le printemps C'est l'aurore et c'est l'avril, Lui dit-il, Viens, la rosée étincelle. – Le vallon est embaumé : Viens, c'est mai Et c'est l'aube, lui dit-elle Et dans le bois abritant Un étang, Où les chevreuils viennent boire, Ils sont allés, les heureux Amoureux, Suspendre leur balançoire. Gaîment ils s'y sont assis, Puis Thyrsis Prit les cordes à mains pleines ; Et voilà qu'ils sont lancés, Enlacés Et confondant leurs haleines. Daphné, près de son ami, A frémi D'entendre craquer les branches, Et, prise d'un rire fou, Mis au cou Du brun Thyrsis ses mains blanches. Mais, fier du fardeau léger, Le berger La regarde avec ivresse Et presse le bercement Si charmant Qui lui livre sa maîtresse. Elle a son seul point d'appui Contre lui, Qui touche ce que dérobe L'écharpe qu'un vent mutin Du matin Fait flotter avec la robe. Leurs beaux cheveux envolés, Sont mêlés. Ils vont, rasant les fleurettes De leurs jeunes pieds unis ; Et les nids Là-haut sont pleins de fauvettes. – Un baiser sur tes cheveux, Je le veux Et je veux que tu le veuilles. – Non, berger, car les grimpants Ægipans Sont là, cachés sous les feuilles. – Un baiser, – qu'il soit moins prompt ! – Sur ton front, Sur ta bouche qui m'attire ! – Non, berger. N'entends-tu pas Que là-bas Déjà ricane un satyre ? Ainsi l'ingénue enfant Se défend Et veut détourner la tête ; Mais, pour augmenter sa peur, Le trompeur Fait voler l'escarpolette ; Et craintive, et s'attachant Au méchant Qui lâchement en profite, La vierge au regard divin Bien en vain L'adjure d'aller moins vite. Mais déjà le bercement Lentement S'affaiblit et diminue. Les enfants se sont assez Balancés, Mais leur baiser continue. Où ce jeu les mène-t-il ? Très subtil Est Éros, riveur de chaînes, Et, dans le taillis en paix, Très épais Le gazon au pied des chênes. Sur l'écorce des rameaux En deux mots Plus d'une idylle est écrite, Et sous les myrtes de Cos Les échos Savent par cœur Théocrite.

    en cours de vérification

    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Mai Depuis un mois, chère exilée, Loin de mes yeux tu t’en allas, Et j’ai vu fleurir les lilas Avec ma peine inconsolée. Seul, je fuis ce ciel clair et beau Dont l’ardente effluve me trouble, Car l’horreur de l’exil se double De la splendeur du renouveau. En vain j’entends contre les vitres, Dans la chambre où je m’enfermai, Les premiers insectes de Mai Heurter leurs maladroits élytres ; En vain le soleil a souri ; Au printemps je ferme ma porte Et veux seulement qu’on m’apporte Un rameau de lilas fleuri ; Car l’amour dont mon âme est pleine Retrouve, parmi ses douleurs, Ton regard dans ces chères fleurs Et dans leur parfum ton haleine.

    en cours de vérification

    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    Le printemps, l’été et l’hiver Vallée au nord, onduleuse prairie, Déserts charmants, mon cœur, formé pour vous, Toujours vous cherche en sa mélancolie. A ton aspect, solitude chérie, Je ne sais quoi de profond et de doux Vient s’emparer de mon âme attendrie. Si l’on savait le calme qu’un ruisseau En tous mes sens porte avec son murmure, Ce calme heureux que j’ai, sur la verdure, Goûté cent fois seul au pied d’un coteau, Les froids amants du froid séjour des villes Rechercheraient ces voluptés faciles. Si le printemps les champs vient émailler, Dans un coin frais de ce vallon paisible, Je lis assis sous le rameux noyer, Au rude tronc, au feuillage flexible. Du rossignol le suave soupir Enchaîne alors mon oreille captive, Et dans un songe au-dessus du plaisir Laisse flotter mon âme fugitive. Au fond d’un bois quand l’été va durant, Est-il une onde aimable et sinueuse Qui, dans son cours, lente et voluptueuse, A chaque fleur s’arrête en soupirant ? Cent fois au bord de cette onde infidèle J’irai dormir sous le coudre odorant, Et disputer de paresse avec elle. Sous le saule nourri de ta fraîcheur amie, Fleuve témoin de mes soupirs, Dans ces prés émaillés, au doux bruit des zéphyrs, Ton passage offre ici l’image de la vie. En des vallons déserts, au sortir de ces fleurs, Tu conduis tes ondes errantes : Ainsi nos heures inconstantes Passent des plaisirs aux douleurs. Mais si voluptueux, du moins dans notre course, Du printemps nous allons jouir, Nos jours plus doucement s’éloignent de leur source, Emportant avec eux un tendre souvenir : Ainsi tu vas moins triste au rocher solitaire, Vers ces bois où tu fais toujours, Si de ces prés ton heureux cours Entraîne quelque fleur légère. De mon esprit ainsi l’enchantement Naît et s’accroît pendant tout un feuillage. L’aquilon vient, et l’on voit tristement L’arbre isolé sur le coteau sauvage Se balancer au milieu de l’orage. De blancs oiseaux en troupes partagés Quittent les bords de l’Océan antique : Tous en silence à la file rangés Fendent l’azur d’un ciel mélancolique. J’erre aux forêts où pendent les frimas : Interrompu par le bruit de la feuille Que lentement je traîne sous mes pas, Dans ses pensers mon esprit se recueille. Qui le croirait ? plaisirs solacieux, Je vous retrouve en ce grand deuil des cieux : L’habit de veuve embellit la nature. Il est un charme à des bois sans parure : Ces prés riants entourés d’aunes verts, Où l’onde molle énerve la pensée, Où sur les fleurs l’âme rêve bercée Aux doux accords du feuillage et des airs, Ces prés riants que l’aquilon moissonne, Plaisent aux cœurs. Vers la terre courbés Nous imitons, ou flétris ou tombés, L’herbe en hiver et la feuille en automne.

    en cours de vérification

    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    Nuit de printemps Le ciel est pur, la lune est sans nuage : Déjà la nuit au calice des fleurs Verse la perle et l’ambre de ses pleurs ; Aucun zéphyr n’agite le feuillage. Sous un berceau, tranquillement assis, Où le lilas flotte et pend sur ma tête, Je sens couler mes pensers rafraîchis Dans les parfums que la nature apprête. Des bois dont l’ombre, en ces prés blanchissants, Avec lenteur se dessine et repose, Deux rossignols, jaloux de leurs accents, Vont tour à tour réveiller le printemps Qui sommeillait sous ces touffes de rose. Mélodieux, solitaire Ségrais, Jusqu’à mon cœur vous portez votre paix ! Des prés aussi traversant le silence, J’entends au loin, vers ce riant séjour, La voix du chien qui gronde et veille autour De l’humble toit qu’habite l’innocence. Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds ! Parmi les cieux à l’aurore entrouverts, Phébé n’a plus que des clartés mourantes, Et le zéphyr, en rasant le verger, De l’orient, avec un bruit léger, Se vient poser sur ces tiges tremblantes.

    en cours de vérification

    G

    Gabriel Cousin

    @gabrielCousin

    Hier le printemps Nous reposons en croix, ta tête sur mon ventre et mes mains parcourent ton corps tant de fois parcouru. Hier la plénitude de la chair lumineuse. Aujourd'hui cette fatigue déjà mortelle qui nous habille jour et nuit. Hier ce printemps corporel que ma jeunesse regardait sans le voir, touchait sans le reconnaître, humait sans le sentir. Aujourd'hui ces plis à nos flancs, ces paupières plombées. Sous la fenêtre de l'hiver, nus dans la chaleur de la chambre, nous venons de nous délier encore une fois.

    en cours de vérification

    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    Les saisons Printemps Le printemps va bientôt naître. Les hirondelles Pour que l’azur s’en vienne égayer son berceau Fendent le crêpe du brouillard à grands coups Prestes et nets ainsi que des coups de ciseaux. Des rustres stupides et des corbeaux voraces Qui s’engraissaient parmi les horreurs de l’hiver En voyant les oiseaux d’espoir traverser l’air Se liguent aussitôt pour leur donner la chasse. Les hirondelles agonisent en des cages, Leur aile saigne sous la serre des corbeaux, Mais parmi l’azur qui crève enfin les nuages Voici l’Avril ! Voici le printemps jeune et beau. O gouvernants bourgeois à la poigne cruelle Emprisonnez les gens, faites en des martyrs, Tuez si ça vous plaît toutes les hirondelles, Vous n’empêcherez pas le printemps de venir. Eté Pour emblaver ces champs, quelques sas ont suffi Ils n’ont jeté que quelques poignées de semence Mais le miracle blond de l’Eté s’accomplit Cent faucheurs sont penchés sur la moisson immense. De chaque grain tombé dans la nuit du sillon Un bel épi s’est élancé vers la lumière Et nul ne peut, sous le vol bleu des faucillons Compter tous les épis de la récolte entière. O vous, plus isolés encor que les semeurs Qui sont passés dans la plaine au temps des emblaves, En la nuit des cerveaux et l’intensité des cœurs Jetez votre bon grain sur Je champ des Esclaves. Fiers semeurs de l’Ida, jetez votre bon grain. il dormira comme le blé dort dans la terre. Mais innombrable, aux beaux jours de l’Eté prochain, Votre moisson resplendira dans la lumière1 Automne Comme un monde qui meurt écrasé sous son Or, La Forêt automnale en son faste agonise Et ses feuilles, comme les pièces d’un trésor, S’amoncellent sous le râteau fou de la bise. Parmi la langueur des sous-bois, on sent flotter La même odeur de lente mort et de luxure Qui vous accable au cœur des trop riches cités : Tout l’Or de la Forêt s’exhale en pourriture ! Mais nous savons que de l’amas de ce fumier Doit fleurir, en l’élan de la sève prochaine, La gaieté des coucous, la grâce des aubiers, La douceur de la mousse et la beauté des chênes. Notre Société ressemble à la Forêt, Nous sommes en Novembre, et l’Automne est en elle. O fumier d’aujourd’hui ! plus ton lit est épais Plus l’Avril sera vert dans la Forêt nouvelle ! Hiver Tristes, mornes, muets, voûtés comme une échine De malheureux tâcherons , les vieux monts ont l’air D’un peuple d’ouvriers sur un chemin d’usine, Et leur long défilé semble entrer dans l’hiver. En un effeuillement lent de pétales sombres La neige tombe comme tombe la Douleur Et la Misère sur le dos des travailleurs. La neige tombe sur les monts. La neige tombe. Emprisonnant leur flanc, écrasant leur sommet, Sous un suaire dont la froideur s’accumule Encor ! Toujours ! plus fort ! la neige tombe. Mais Au simple bruit d’un pas heurtant le crépuscule, Les vieux monts impassibles travaillent soudain Et leur révolte gronde en avalanche blanche Qui renverse et qui brise tout sur son chemin… Sur notre monde un jour, quelle horrible avalanche !

    en cours de vérification

    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Mai Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée Les pétales flétris sont comme ses paupières Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

    en cours de vérification

    G

    Guillaume de Lacoste Lareymondie

    @guillaumeDeLacosteLareymondie

    Avril & la mort Le printemps est venu, Il sillonne l’azur, Il bouillonne, il exulte. Mais c’est un crépuscule. Les arbres vibrent, Vêtus de vert, Ivres de fleurs. Mais c’est ténèbre. Partout mille âmes se réveillent ; Mille oiseaux croisent dans le ciel, Chantent sans fin leur symphonie. Mais la nuée les engloutit. La machine ennemie s’abat sur le pays. Une agonie secoue les décombres de nuit, Sourd, gronde, grince, crie : où est la vie enfuie ? L’heure de la mort sonne, et personne ne prie.

    en cours de vérification

    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Avril Déjà les beaux jours, – la poussière, Un ciel d’azur et de lumière, Les murs enflammés, les longs soirs ; – Et rien de vert : – à peine encore Un reflet rougeâtre décore Les grands arbres aux rameaux noirs ! Ce beau temps me pèse et m’ennuie. – Ce n’est qu’après des jours de pluie Que doit surgir, en un tableau, Le printemps verdissant et rose, Comme une nymphe fraîche éclose Qui, souriante, sort de l’eau.

    en cours de vérification

    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Chanson gothique Belle épousée, J’aime tes pleurs ! C’est la rosée Qui sied aux fleurs. Les belles choses N’ont qu’un printemps, Semons de roses Les pas du Temps ! Soit brune ou blonde Faut-il choisir ? Le Dieu du monde, C’est le Plaisir.

    en cours de vérification

    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Printemps du Nord Linotte Qui frigotte, Dis, que veux-tu de moi ? Ta note, Qui tremblote, Me met tout en émoi. Journée Illuminée, Soleil riant d'avril, En quel songe Se plonge Mon cœur, et que veut-il ? Sur la haie, Où s'égaie Le folâtre printemps, La rosée, Irisée, Sème ses diamants. Violette Discrète, Devant Dieu tu fleuris ; Primevère, A la terre, Bouche d'or, tu souris. Petite Marguerite, Conseillère du cœur, Ta couronne Mignonne Epèle mon bonheur. Blanche et fine Aubépine, A tes pieds, la fourmi Déjà teille Et réveille Son brin d'herbe endormi. La mousse Qui repousse Attend l'or du grillon ; La rose, Fraîche éclose, Rêve au bleu papillon. Mais, fidèle Hirondelle, Au nid toi qui reviens, La tristesse M'oppresse... Où donc sont tous les miens ? L'eau sans ride Et limpide Ouvre de ses palais, Où tout brille Et frétille, Les réduits les plus frais. Sur la branche Qui penche, Vif, l'écureuil bondit ; La fauvette Coquette Se lustre dans son nid. La grue En l'étendue A glissé, trait d'argent ; Dans l'anse Se balance Le cygne négligent. La follette Alouette, Gai chantre des beaux jours, Dans l'azur libre Vibre, Appelant les amours. Journée Illuminée, Soleil riant d'avril, En quel songe Se plonge Mon cœur, et que veut-il ? Dans l'onde Vagabonde, Aux prés, sur les buissons, Sous la ramée Aimée, Aux airs, dans les sillons, Tout tressaille Et travaille, Germe, respire et vit, Tout palpite Et s'agite, Va, chante, aime et bénit. Mais mon âme Est sans flamme... Beaux jours en vain donnés, Nature Calme et pure, Ô printemps, pardonnez ! Linotte Qui frigotte, Dis, que veux-tu de moi ? Ta note Qui tremblote Met mon cœur en émoi.

    en cours de vérification

    H

    Honorat de Racan

    @honoratDeRacan

    La venue du Printemps. a Monsieur de Termes Enfin, Termes, les ombrages Reverdissent dans les bois, L'hiver et tous ses orages Sont en prison pour neuf mois ; Enfin la neige et la glace Font à la verdure place, Enfin le beau temps reluit, Et Philomèle, assurée De la fureur de Térée, Chante aux forêts jour et nuit. Déjà les fleurs qui bourgeonnent Rajeunissent les vergers, Tous les échos ne résonnent Que de chansons de bergers, Les jeux, les ris, et la danse Sont partout en abondance, Les délices ont leur tour, La tristesse se retire, Et personne ne soupire S'il* ne soupire d'amour. Les moissons dorent les plaines, Le ciel est tout de saphirs, Le murmure des fontaines S'accorde au bruit des zéphirs, Les foudres et les tempêtes Ne grondent plus sur nos têtes, Ni des vents séditieux Les insolentes colères Ne poussent plus les galères Des abîmes dans les deux. Ces belles fleurs que Nature Dans les campagnes produit Brillent parmi la verdure Comme des astres la nuit : L'Aurore, qui dans son âme Brûle d'une douce flamme, Laissant au lit endormi Son vieux mari, froid et pâle, Désormais est matinale Pour aller voir son amis. Termes, de qui le mérite Ne se peut trop estimer, La belle saison invite Chacun au plaisir d'aimer : La jeunesse de l'année Soudain se voit terminée, Après le chaud véhément Revient l'extrême froidure, Et rien au monde ne dure Qu'un éternel changement. Leurs courses entresuivies Vont comme un flux et reflux, Mais le printemps de nos vies Passe et ne retourne plus, Tout le soin des Destinées Est de guider nos journées Pas à pas vers le tombeau, Et sans respecter personne, Le Temps de sa faux moissonne Ce que l'homme a de plus beau. Tes louanges immortelles Ni tes aimables appas Qui te font chérir des belles Ne t'en garantiront pas : Crois-moi, tant que Dieu t'octroie Cet âge comblé de joie Qui s'enfuit de jour en jour, Jouis du temps qu'il te donne, Et ne crois pas en automne Cueillir les fruits de l'amour.

    en cours de vérification

    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Février Voici que Février revient, plein de promesses, Çà et là quelques fleurs s’ouvrent hâtivement ; Il peut encor neiger, mais le grand froid régresse Et l’on perçoit déjà des jours l’allongement. Le printemps apparaît, le rude hiver s’achève ; Par les champs, par les prés, dévalent les ruisseaux, Le vieil arbre bourgeonne et se gorge de sève, Bientôt, dans sa ramée, nicheront les moineaux. Un soleil radieux inonde la colline, Au jardin tout prend vie, tout cherche à émouvoir, Et je sens, sous mes pas, tandis que je chemine, La terre qui frémit et palpite d’espoir.

    en cours de vérification

    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    Le printemps donne à tout la vie Le printemps donne à tout la vie et la beauté ; Chaque tige a sa fleur ; chaque fleur est superbe ; L'azur est souriant. La nature en gaîté Met des trésors d'amour et de bonheur dans l'herbe ! Dans les arbres, songeurs profonds, germe le fruit : La joie est par les airs ; tout est gonflé de sève ; Et ce jour trouble plus le penseur que la nuit, Car un plus grand mystère entre dans son grand rêve ! Dieu se laisse entrevoir, et sur des arbrisseaux, Êtres souffrants que nul doux parfum ne console, Une fleur vient d'éclore, un nid de passereaux : Encore de l'amour au sein d'une corolle !

    en cours de vérification

    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    Le printemps me plaît Le printemps me plaît... J'erre avec délices Dans les champs joyeux, avec les moineaux ; Je contemple tout : les riches calices, Les insectes d'or et les foins nouveaux. Ninetta là-bas relève sa robe, Et, pour passer l'eau, montre son bas blanc : Par le sang du Christ ! l'homme, roi du globe, Devant ce pied-là se sent tout tremblant ! Le printemps me plaît... Je dis des folies ! Je suis sérieux, à la fois, et gai. D'azur et de miel les fleurs sont emplies : Pour suivre Nina j'ai passé le gué. Bonjour, Ninetta ! j'éprouve en mon âme, Dieu me le pardonne ! un trouble connu... Viens, repasse l'onde en mes bras, ô femme, Ou livre au ruisseau ton joli pied nu !

    en cours de vérification

    Jean Antoine de Baïf

    Jean Antoine de Baïf

    @jeanAntoineDeBaif

    Du printemps La froidure paresseuse De l'yver a fait son tems : Voici la saison joyeuse Du délicieux printems. La terre est d'herbes ornée, L'herbe de fleuretes l'est ; La fueillure retournée Fait ombre dans la forest. De grand matin la pucelle Va devancer la chaleur Pour de la rose nouvelle Cueillir l'odorante fleur ; Pour avoir meilleure grace, Soit qu'elle en pare son sein, Soit que present elle en face A son amy de sa main ; Qui de sa main l'ayant ue Pour souvenance d'amour, Ne la perdra point de vue, La baisant cent fois le jour. Mais oyez dans le bocage Le flageolet du berger, Qui agace le ramage Du rossignol bocager. Voyez l'onde clere et pure Se cresper dam les ruisseaux ; Dedans voyez la verdure De ces voisins arbrisseaux. La mer est calme et bonasse ;

    en cours de vérification

    J

    Jean-Philippe Salabreuil

    @jeanPhilippeSalabreuil

    Fable le printemps Dans le temps clair des feux d'érable . Je tourne en rond je n'attends pas le jour On cloue au ciel de nouvelles étables On roule des meubles des astres tout autour Il y a des bœufs rouges des drôles de vaches Des hommes en bistre montés des villages Avec les femmes de soie nouées à leur cou Le soleil est trapu il tiendra bien le coup Jusqu'au printemps que ce soit ensuite Pour toujours une jolie commune là-haut Je voudrais bien voir ça je quitte ma guérite Je gravis quatre à quatre les fleurs des vicinaux Je suis curieux d'abord citoyen je devienne Et creuse un puits qui joigne mon verger d'en bas Pour y puiser par seaux les mauves du lilas Mais non je rêve j'ai l'âme pleine Des cris d'oiseaux de l'érable ronflant Un village cela s'envole tout pimpant Du cœur nocturne de ma triste vie Et se blottit au creux de la jubilante prairie Je suis semblable aux autres j'use le temps Des feux d'érable à réchauffer l'ingrat printemps Et comme ils disent en me cinglant poète âne bâté Quelle encore sacrée moralité !

    en cours de vérification

    J

    Jules Breton

    @julesBreton

    L’artois À José-Maria de Heredia I J’aime mon vieil Artois aux plaines infinies, Champs perdus dans l’espace où s’opposent, mêlés, Poèmes de fraîcheur et fauves harmonies, Les lins bleus, lacs de fleurs, aux verdures brunies, L’oeillette, blanche écume, à l’océan des blés. Au printemps, les colzas aux gais bouquets de chrome, De leur note si vive éblouissent les yeux ; Des mousses de velours émaillent le vieux chaume, Et sur le seuil béni que la verdure embaume On voit s’épanouir de beaux enfants joyeux. Chérubins de village avec leur tête ronde, Leurs cheveux flamboyants qu’allume le soleil ; De sa poudre dorée un rayon les inonde. Quelle folle clameur pousse leur troupe blonde, Quel rire éblouissant et quel éclat vermeil ! Quand nos ciels argentés et leur douce lumière Ont fait place à l’azur si sombre de l’été ; Quand les ormes sont noirs, qu’à sec est la rivière ; Près du chemin blanchi, quand, grise de poussière, La fleur se crispe et meurt de soif, d’aridité ; Dans sa fureur l’Été, soufflant sa chaude haleine, Exaspère la vie et l’enivre de feu ; Mais si notre sang bout et brûle notre veine, Bientôt nous rafraîchit la nuit douce et sereine, Où les mondes ardents scintillent dans le bleu. II Artois aux gais talus où les chardons foisonnent, Entremêlant aux blés leurs têtes de carmin ; Je t’aime quand, le soir, les moucherons bourdonnent, Quand tes cloches, au loin, pieusement résonnent, Et que j’erre au hasard, tout seul sur le chemin. J’aime ton grand soleil qui se couche dans l’herbe ; Humilité, splendeur, tout est là, c’est le Beau ; Le sol fume ; et c’est l’heure où s’en revient, superbe, La glaneuse, le front couronné de sa gerbe Et de cheveux plus noirs que l’aile d’un corbeau. C’est une enfant des champs, âpre, sauvage et fière ; Et son galbe fait bien sur ce simple décor, Alors que son pied nu soulève la poussière, Qu’agrandie et mêlée au torrent de lumière, Se dressant sur ses reins, elle prend son essor. C’est elle. Sur son sein tombent des plis de toile ; Entre les blonds épis rayonne son oeil noir ; Aux franges de la nue ainsi brille une étoile ; Phidias eût rêvé le chef-d’oeuvre que voile Cette jupe taillée à grands coups d’ébauchoir. Laissant à l’air flotter l’humble tissu de laine, Elle passe, et gaîment brille la glane d’or, Et le soleil rougit sur sa face hautaine. Bientôt elle se perd dans un pli de la plaine, Et le regard charmé pense la voir encor. III Voici l’ombre qui tombe, et l’ardente fournaise S’éteint tout doucement dans les flots de la nuit, Au rideau sourd du bois attachant une braise Comme un suprême adieu. Tout se voile et s’apaise, Tout devient idéal, forme, couleur et bruit. Et la lumière avare aux détails se refuse ; Le dessin s’ennoblit, et, dans le brun puissant, Majestueusement le grand accent s’accuse ; La teinte est plus suave en sa gamme diffuse, Et la sourdine rend le son plus ravissant. Miracle d’un instant, heure immatérielle, Où l’air est un parfum et le vent un soupir ! Au crépuscule ému la laideur même est belle, Car le mystère est l’art : l’éclat ni l’étincelle Ne valent un rayon tout prêt à s’assoupir. Mais la nuit vient voiler les plaines infinies, L’immensité de brume où s’endorment, mêlés, Poèmes de fraîcheur et fauves harmonies, Les lins bleus, lacs de fleurs, les verdures brunies, L’oeillette, blanche écume, et l’océan des blés.

    en cours de vérification

    J

    Jules Delavigne

    @julesDelavigne

    Les fleurs reviendront Le printemps est loin, si loin Les champs sont roses sombres Dans le fil d’une pensée morbide fluide Le vieil homme crache, crapote Comme un cochon il se fera abattre Le lampadaire tremble dans la nuit effervescente Les gens crient que c’est la fin du monde Puis rient car tout n’est pas encore fini Les fleurs et les odeurs reviendront C’est sûr Et on y sera, ou pas

    en cours de vérification

    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Complainte des printemps Permettez, ô sirène. Voici que votre haleine Embaume la verveine; C'est l'printemps qui s'amène ! — Ce système, en effet, ramène le printemps, Avec son impudent cortège d'excitants. Otez donc ces mitaines ; Et n'ayez, inhumaine, Que mes soupirs pour traîne : Ous'qu'il y a de la gêne... — Ah ! yeux bleus méditant sur l'ennui de leur art ! Et vous, jeunes divins, aux soirs crus de hasard ! Du géant à la naine. Vois, tout bon sire entraîne Quelque contemporaine, Prendre l'air, par hygiène... — Mais vous saignez ainsi pour l'amour de l'exil ! Pour l'amour de l'Amour ! D'ailleurs, ainsi soit-il... T'ai-je fait de la peine ? Oh ! vicas vers les fontaines Où tournent les phalènes Des Nuits Elyséennes ! — Pimbêche aux yeux vaincus, bellâtre aux beaux jarrets, Donnez votre fumier à la fleur du Regret. Voilà que son haleine N'embaum' plus la verveine ! Drôle de phénomène... Hein, à l'année prochaine ? — Vierges d'hier, ce soir traîneuses de fœtus, À genoux ! voici l'heure où se plaint l'Angélus. Nous n'irons plus au bois, Les pins sont éternels, les cors ont des appels !... Neiges des pâles mois, Vous serez mon missel ! — Jusqu'au jour de dégel.

    en cours de vérification