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Printemps

110 poésies en cours de vérification
Printemps

Poésies de la collection printemps

    A

    Albert Lozeau

    @albertLozeau

    Avril Le ciel est d’un azur si pur qu’il en est blanc. C’est Avril qui revient, Avril doux et trop lent Et qui, pour émouvoir la torpeur de la terre, Lui tire, du soleil, des flèches de lumière. C’est le dimanche où les mains portent des rameaux Que le prêtre bénit avec de divins mots. Et c’est, là-bas encore, au clocher de Saint-Jacques, La musique de bronze, à l’aube, annonçant : Pâques ! Et chaque église avec sa chanson répondant, L’une en priant, l’autre en riant, l’autre en grondant, — Dont la plus belle vient de Saint-Louis-de-France, (Honni soit le curé jaloux qui mal y pense !) Avril, toi qu’a chanté jadis Remy Belleau, Le plus clair de ta gloire est encore de l’eau ! La neige fond, et le printemps frileux frissonne, Quand à Paris déjà le marronnier bourgeonne. Mais je ne t’en veux pas : c’est la faute au bon Dieu Qui retarde les pas du soleil dans le bleu. Aux mois fleuris, Avril, tu prépares la terre, Et ta venue est douce au cœur du solitaire. Tu prolonges les soirs de rêves, et tu mets Des étoiles là-haut plus qu’il n’en fut jamais, Tu rends le jour léger et transparent l’espace Et l’on regarde en soi l’espérance qui passe...

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    En printemps En printemps, quand le blond vitrier Ariel Nettoie à neuf la vitre éclatante du ciel, Quand aux carrefours noirs qu'éclairent les toilettes En monceaux odorants croulent les violettes Et le lilas tremblant, frileux encor d'hier, Toujours revient en moi le songe absurde et cher Que mes seize ans ravis aux candeurs des keepsakes Vivaient dans les grands murs blancs des bibliothèques Rêveurs à la fenêtre où passaient des oiseaux... Dans des pays d'argent, de cygnes, de roseaux Dont les noms avaient des syllabes d'émeraude, Au bord des étangs verts où la sylphide rôde, Parmi les donjons noirs et les châteaux hantés, Déchiquetant des ciels d'eau-forte tourmentés, Traînaient limpidement les robes des légendes. Ossian ! Walter Scott ! Ineffables guirlandes De vierges en bandeaux s'inclinant de profil. Ô l'ovale si pur d'alors, et le pistil Du col où s'éploraient les anglaises bouclées ! Ô manches à gigot ! Longues mains fuselées Faites pour arpéger le cœur de Raphaël, Avec des yeux à l'ange et l'air « Exil du ciel », Ô les brunes de flamme et les blondes de miel ! Mil-huit-cent-vingt... parfum des lyres surannées ; Dans vos fauteuils d'Utrecht bonnes vieilles fanées, Bonnes vieilles voguant sur « le lac » étoilé, Ô âmes sœurs de Lamartine inconsolé. Tel aussi j'ai vécu les sanglots de vos harpes Et vos beaux chevaliers ceints de blanches écharpes Et vos pâles amants mourant d'un seul baiser. L'idéal était roi sur un grand cœur brisé. C'était le temps du patchouli, des janissaires, D'Elvire, et des turbans, et des hardis corsaires. Byron disparaissait, somptueux et fatal. Et le cor dans les bois sonnait sentimental. Ô mon beau cœur vibrant et pur comme un cristal.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A la mi-carême I Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ; Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon. Cependant du plaisir la frileuse saison Sous ses grelots légers rit et voltige encore, Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore, Le Printemps inquiet paraît à l’horizon. II Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire ; Bien que le laboureur le craigne justement, L’univers y renaît ; il est vrai que le vent, La pluie et le soleil s’y disputent l’empire. Qu’y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ; C’est sa première larme et son premier sourire. III C’est dans le mois de mars que tente de s’ouvrir L’anémone sauvage aux corolles tremblantes. Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr ; Et du fond des boudoirs les belles indolentes, Balançant mollement leurs tailles nonchalantes, Sous les vieux marronniers commencent à venir. IV C’est alors que les bals, plus joyeux et plus rares, Prolongent plus longtemps leurs dernières fanfares ; À ce bruit qui nous quitte, on court avec ardeur ; La valseuse se livre avec plus de langueur : Les yeux sont plus hardis, les lèvres moins avares, La lassitude enivre, et l’amour vient au coeur. V S’il est vrai qu’ici-bas l’adieu de ce qu’on aime Soit un si doux chagrin qu’on en voudrait mourir, C’est dans le mois de mars, c’est à la mi-carême, Qu’au sortir d’un souper un enfant du plaisir Sur la valse et l’amour devrait faire un poème, Et saluer gaiement ses dieux prêts à partir. VI Mais qui saura chanter tes pas pleins d’harmonie, Et tes secrets divins, du vulgaire ignorés, Belle Nymphe allemande aux brodequins dorés ? Ô Muse de la valse ! ô fleur de poésie ! Où sont, de notre temps, les buveurs d’ambroisie Dignes de s’étourdir dans tes bras adorés ? VII Quand, sur le Cithéron, la Bacchanale antique Des filles de Cadmus dénouait les cheveux, On laissait la beauté danser devant les dieux ; Et si quelque profane, au son de la musique, S’élançait dans les choeurs, la prêtresse impudique De son thyrse de fer frappait l’audacieux. VIII Il n’en est pas ainsi dans nos fêtes grossières ; Les vierges aujourd’hui se montrent moins sévères, Et se laissent toucher sans grâce et sans fierté. Nous ouvrons à qui veut nos quadrilles vulgaires ; Nous perdons le respect qu’on doit à la beauté, Et nos plaisirs bruyants font fuir la volupté. IX Tant que régna chez nous le menuet gothique, D’observer la mesure on se souvint encor. Nos pères la gardaient aux jours de thermidor, Lorsqu’au bruit des canons dansait la République, Lorsque la Tallien, soulevant sa tunique, Faisait de ses pieds nus claquer les anneaux d’or. X Autres temps, autres moeurs ; le rythme et la cadence Ont suivi les hasards et la commune loi. Pendant que l’univers, ligué contre la France, S’épuisait de fatigue à lui donner un roi, La valse d’un coup d’aile a détrôné la danse. Si quelqu’un s’en est plaint, certes, ce n’est pas moi. XI Je voudrais seulement, puisqu’elle est notre hôtesse, Qu’on sût mieux honorer cette jeune déesse. Je voudrais qu’à sa voix on pût régler nos pas, Ne pas voir profaner une si douce ivresse, Froisser d’un si beau sein les contours délicats, Et le premier venu l’emporter dans ses bras. XII C’est notre barbarie et notre indifférence Qu’il nous faut accuser ; notre esprit inconstant Se prend de fantaisie et vit de changement ; Mais le désordre même a besoin d’élégance ; Et je voudrais du moins qu’une duchesse, en France, Sût valser aussi bien qu’un bouvier allemand.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    La nuit de Mai Poète, prends ton luth et me donne un baiser ; La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore, Le printemps naît ce soir ; les vents vont s’embraser ; Et la bergeronnette, en attendant l’aurore, Aux premiers buissons verts commence à se poser. Poète, prends ton luth, et me donne un baiser. LE POÈTE Comme il fait noir dans la vallée ! J’ai cru qu’une forme voilée Flottait là-bas sur la forêt. Elle sortait de la prairie ; Son pied rasait l’herbe fleurie ; C’est une étrange rêverie ; Elle s’efface et disparaît. LA MUSE Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse, Balance le zéphyr dans son voile odorant. La rose, vierge encor, se referme jalouse Sur le frelon nacré qu’elle enivre en mourant. Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée. Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux. Ce soir, tout va fleurir : l’immortelle nature Se remplit de parfums, d’amour et de murmure, Comme le lit joyeux de deux jeunes époux. LE POÈTE Pourquoi mon coeur bat-il si vite ? Qu’ai-je donc en moi qui s’agite Dont je me sens épouvanté ? Ne frappe-t-on pas à ma porte ? Pourquoi ma lampe à demi morte M’éblouit-elle de clarté ? Dieu puissant ! tout mon corps frissonne. Qui vient ? qui m’appelle ? – Personne. Je suis seul ; c’est l’heure qui sonne ; Ô solitude ! ô pauvreté ! LA MUSE Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse Fermente cette nuit dans les veines de Dieu. Mon sein est inquiet ; la volupté l’oppresse, Et les vents altérés m’ont mis la lèvre en feu. Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle. Notre premier baiser, ne t’en souviens-tu pas, Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile, Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ? Ah ! je t’ai consolé d’une amère souffrance ! Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d’amour. Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance ; J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour. LE POÈTE Est-ce toi dont la voix m’appelle, Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ? Ô ma fleur ! ô mon immortelle ! Seul être pudique et fidèle Où vive encor l’amour de moi ! Oui, te voilà, c’est toi, ma blonde, C’est toi, ma maîtresse et ma soeur ! Et je sens, dans la nuit profonde, De ta robe d’or qui m’inonde Les rayons glisser dans mon coeur. LA MUSE Poète, prends ton luth ; c’est moi, ton immortelle, Qui t’ai vu cette nuit triste et silencieux, Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle, Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux. Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire Te ronge, quelque chose a gémi dans ton coeur ; Quelque amour t’est venu, comme on en voit sur terre, Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur. Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées, Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ; Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu, Éveillons au hasard les échos de ta vie, Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie, Et que ce soit un rêve, et le premier venu. Inventons quelque part des lieux où l’on oublie ; Partons, nous sommes seuls, l’univers est à nous. Voici la verte Écosse et la brune Italie, Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux, Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes, Et Messa la divine, agréable aux colombes, Et le front chevelu du Pélion changeant ; Et le bleu Titarèse, et le golfe d’argent Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire, La blanche Oloossone à la blanche Camyre. Dis-moi, quel songe d’or nos chants vont-ils bercer ? D’où vont venir les pleurs que nous allons verser ? Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière, Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet, Secouait des lilas dans sa robe légère, Et te contait tout bas les amours qu’il rêvait ? Chanterons-nous l’espoir, la tristesse ou la joie ? Tremperons-nous de sang les bataillons d’acier ? Suspendrons-nous l’amant sur l’échelle de soie ? Jetterons-nous au vent l’écume du coursier ? Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre De la maison céleste, allume nuit et jour L’huile sainte de vie et d’éternel amour ? Crierons-nous à Tarquin :  » Il est temps, voici l’ombre ! «  Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers ? Mènerons-nous la chèvre aux ébéniers amers ? Montrerons-nous le ciel à la Mélancolie ? Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés ? La biche le regarde ; elle pleure et supplie ; Sa bruyère l’attend ; ses faons sont nouveau-nés ; Il se baisse, il l’égorge, il jette à la curée Sur les chiens en sueur son coeur encor vivant. Peindrons-nous une vierge à la joue empourprée, S’en allant à la messe, un page la suivant, Et d’un regard distrait, à côté de sa mère, Sur sa lèvre entr’ouverte oubliant sa prière ? Elle écoute en tremblant, dans l’écho du pilier, Résonner l’éperon d’un hardi cavalier. Dirons-nous aux héros des vieux temps de la France De monter tout armés aux créneaux de leurs tours, Et de ressusciter la naïve romance Que leur gloire oubliée apprit aux troubadours ? Vêtirons-nous de blanc une molle élégie ? L’homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie, Et ce qu’il a fauché du troupeau des humains Avant que l’envoyé de la nuit éternelle Vînt sur son tertre vert l’abattre d’un coup d’aile, Et sur son coeur de fer lui croiser les deux mains ? Clouerons-nous au poteau d’une satire altière Le nom sept fois vendu d’un pâle pamphlétaire, Qui, poussé par la faim, du fond de son oubli, S’en vient, tout grelottant d’envie et d’impuissance, Sur le front du génie insulter l’espérance, Et mordre le laurier que son souffle a sali ? Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ; Mon aile me soulève au souffle du printemps. Le vent va m’emporter ; je vais quitter la terre. Une larme de toi ! Dieu m’écoute ; il est temps. LE POÈTE S’il ne te faut, ma soeur chérie, Qu’un baiser d’une lèvre amie Et qu’une larme de mes yeux, Je te les donnerai sans peine ; De nos amours qu’il te souvienne, Si tu remontes dans les cieux. Je ne chante ni l’espérance, Ni la gloire, ni le bonheur, Hélas ! pas même la souffrance. La bouche garde le silence Pour écouter parler le coeur. LA MUSE Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne, Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau, Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau ? Ô poète ! un baiser, c’est moi qui te le donne. L’herbe que je voulais arracher de ce lieu, C’est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu. Quel que soit le souci que ta jeunesse endure, Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure Que les noirs séraphins t’ont faite au fond du coeur : Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur. Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète, Que ta voix ici-bas doive rester muette. Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots. Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage, Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux, Ses petits affamés courent sur le rivage En le voyant au loin s’abattre sur les eaux. Déjà, croyant saisir et partager leur proie, Ils courent à leur père avec des cris de joie En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux. Lui, gagnant à pas lents une roche élevée, De son aile pendante abritant sa couvée, Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux. Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ; En vain il a des mers fouillé la profondeur ; L’Océan était vide et la plage déserte ; Pour toute nourriture il apporte son coeur. Sombre et silencieux, étendu sur la pierre Partageant à ses fils ses entrailles de père, Dans son amour sublime il berce sa douleur, Et, regardant couler sa sanglante mamelle, Sur son festin de mort il s’affaisse et chancelle, Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur. Mais parfois, au milieu du divin sacrifice, Fatigué de mourir dans un trop long supplice, Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ; Alors il se soulève, ouvre son aile au vent, Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage, Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu, Que les oiseaux des mers désertent le rivage, Et que le voyageur attardé sur la plage, Sentant passer la mort, se recommande à Dieu. Poète, c’est ainsi que font les grands poètes. Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps ; Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées, De tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur, Ce n’est pas un concert à dilater le coeur. Leurs déclamations sont comme des épées : Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant, Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. LE POÈTE Ô Muse ! spectre insatiable, Ne m’en demande pas si long. L’homme n’écrit rien sur le sable À l’heure où passe l’aquilon. J’ai vu le temps où ma jeunesse Sur mes lèvres était sans cesse Prête à chanter comme un oiseau ; Mais j’ai souffert un dur martyre, Et le moins que j’en pourrais dire, Si je l’essayais sur ma lyre, La briserait comme un roseau.

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    A

    Alice Lemieux-Lévesque

    @aliceLemieuxLevesque

    Enthousiasme Il est plus de printemps dans ma jeunesse en fête. Que dans tous ces lilas enivrés de soleil ; Il est plus de chansons dans ma lyre muette, Que dans les nids : ces fleurs des arbres et du ciel. Je sens plus de tendresse en mes rêves de femme. Qu'il frémit de parfums dans les doigts du matin. J'ai plus de désirs purs d'idéal dans mon âme. Que dans ces lys qui prient le soir en mon jardin. Les érables sont blonds à force de lumière, Le lac est presque un ciel à force d'être bleu... Pourtant mon cœur a plus de jour dans son mystère. Mon âme a plus d'azur... car mon soleil c'est Dieu...

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    A

    Aloysius Bertrand

    @aloysiusBertrand

    Encore un printemps Toutes les pensées, toutes les passions qui agitent le cœur mortel sont les esclaves de l'amour. Coleridge Encore un printemps, - encore une goutte de rosée, qui se bercera un moment dans mon calice amer, et qui s en échappera comme une larme ! O ma jeunesse, tes joies ont été glacées par les baisers du temps, mais tes douleurs ont survécu au temps qu'elles ont étouffé sur leur sein. Et vous qui avez parfilé la soie de ma vie, ô femmes ! s'il y a eu dans mon roman d'amour quelqu'un de trompeur, ce n'est pas moi, quelqu'un de trompé, ce n'est pas vous ! O printemps ! petit oiseau de passage, notre hôte d'une saison qui chante mélancoliquement dans le cœur du poète et dans la ramée du chêne ! Encore un printemps, - encore un rayon du soleil de mai au front du jeune poète, parmi le monde, au front du vieux chêne, parmi les bois ! Paris, 11 mai 1836.

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    A

    Amable Tastu

    @amableTastu

    Le printemps Viens, charmante saison, jeunesse de l’année, Viens animer encore le luth des Troubadours, Des fleurs que tu fais naître accours environnée, Elles seront le prix de nos chansons d’amours. Voici venir le jour où la Reine des anges, Seule, au pied de la croix, répandit tant de pleurs, Qu’elle entende aujourd’hui l’hymne de nos louanges Redire aux saints autels ses sublimes douleurs. Cité de mes aïeux, Toulouse tant chérie, Sois à jamais l’orgueil, l’amour de tes enfants ; Qu’ils trouvent dans les murs de leur belle patrie Le sujet et le prix de leurs nobles accents ! Poètes orgueilleux, caressez l’espérance De laisser après vous un renom immortel ; Le mien s’éteindra vite ; et le nom de Clémence Ne sera point connu du jeune Ménestrel. La rose du matin le soir jonche la terre ; Avec indifférence on la voit se flétrir ; Et le vent de la nuit, de son aile légère, Disperse dans les airs son dernier souvenir.

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose, A votre fuite en vain un long regret s'oppose. Beaux jours, quoique, souvent obscurcis de mes pleurs, Vous dont j'ai su jouir même au sein des douleurs, Sur ma tête bientôt vos fleurs seront fanées ; Hélas ! bientôt le flux des rapides années Vous aura loin de moi fait voler sans retour. Oh ! si du moins alors je pouvais à mon tour ; Champêtre possesseur, dans mon humble chaumière Offrir à mes amis une ombre hospitalière ; Voir mes lares charmés, pour les bien recevoir, A de joyeux banquets la nuit les faire asseoir ; Et là nous souvenir, au milieu de nos fêtes, Combien chez eux longtemps, dans leurs belles retraites, Soit sur ces bords heureux, opulents avec choix, Où Montigny s'enfonce en ses antiques bois, Soit où la Marne lente, en un long cercle d'îles, Ombrage de bosquets l'herbe et les prés fertiles, J'ai su, pauvre et content, savourer à longs traits Les muses, les plaisirs, et l'étude et la paix. Qui ne sait être pauvre est né pour l'esclavage. Qu'il serve donc les grands, les flatte, les ménage ; Qu'il plie, en approchant de ces superbes fronts, Sa tête à la prière, et son âme aux affronts, Pour qu'il puisse, enrichi de ces affronts utiles, Enrichir à son tour quelques têtes serviles. De ses honteux trésors je ne suis point jaloux. Une pauvreté libre est un trésor si doux ! Il est si doux, si beau, de s'être fait soi-même, De devoir tout à soi, tout aux beaux-arts qu'on aime ; Vraie abeille en ses dons, en ses soins, en ses mœurs, D'avoir su se bâtir, des dépouilles des fleurs, Sa cellule de cire, industrieux asile Où l'on coule une vie innocente et facile ; De ne point vendre aux grands ses hymnes avilis ; De n'offrir qu'aux talents de vertus ennoblis, Et qu'à l'amitié douce et qu'aux douces faiblesses, D'un encens libre et pur les honnêtes caresses ! Ainsi l'on dort tranquille, et, dans son saint loisir, Devant son propre cœur on n'a point à rougir. Si le sort ennemi m'assiège et me désole, On pleure : mais bientôt la tristesse s'envole ; Et les arts, dans un cœur de leur amour rempli, Versent de tous les maux l'indifférent oubli. Les délices des arts ont nourri mon enfance. Tantôt, quand d'un ruisseau, suivi dès sa naissance, La nymphe aux pieds d'argent a sous de longs berceaux Fait serpenter ensemble et mes pas et ses eaux, Ma main donne au papier, sans travail, sans étude, Des vers fils de l'amour et de la solitude ; Tantôt de mon pinceau les timides essais Avec d'autres couleurs cherchent d'autres succès Ma toile avec Sappho s'attendrit et soupire ; Elle rit et s'égaye aux danses du satyre ; Ou l'aveugle Ossian y vient pleurer ses yeux, Et pense voir et voit ses antiques aïeux Qui dans l'air, appelés à ses hymnes sauvages, Arrêtent près de lui leurs palais de nuages. Beaux-arts, ô de la vie aimables enchanteurs, Des plus sombres ennuis riants consolateurs, Amis sûrs dans la peine et constantes maîtresses, Dont l'or n'achète point l'amour ni les caresses, Beaux-arts, dieux bienfaisants, vous que vos favoris Par un indigne usage ont tant de fois flétris, Je n'ai point partagé leur honte trop commune ; Sur le front des époux de l'aveugle Fortune Je n'ai point fait ramper vos lauriers trop jaloux : J'ai respecté les dons que j'ai reçus de vous. Je ne vais point, à prix de mensonges serviles, Vous marchander au loin des récompenses viles, Et partout, de mes vers ambitieux lecteur, Faire trouver charmant mon luth adulateur. Abel, mon jeune Abel, et Trudaine et son frère, Ces vieilles amitiés de l'enfance première, Quand tous quatre, muets, sous un maître inhumain, Jadis au châtiment nous présentions la main ; Et mon frère, et Le Brun, les Muses elles-mêmes De Pange, fugitif de ces neuf Sœurs qu'il aime : Voilà le cercle entier qui, le soir quelquefois, A des vers non sans peine obtenus de ma voix, Prête une oreille amie et cependant sévère. Puissé-je ainsi toujours dans cette troupe chère Me revoir, chaque fois que mes avides yeux Auront porté longtemps mes pas de lieux en lieux, Amant des nouveautés compagnes de voyage ; Courant partout, partout cherchant à mon passage Quelque ange aux yeux divins qui veuille me charmer, Qui m'écoute ou qui m'aime, ou qui se laisse aimer !

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Enfin je puis ne plus épier le printemps Enfin je puis ne plus épier le printemps! Je cesse d’écouter, d’une oreille attentive, Ce frémissant secret qui soulève et ravive, Et dont j’ai vénéré le bruit sourd et montant! Je puis me reposer de la tâche royale De recueillir avec des sens religieux L’appel de la nature aux trompeuses cymbales, Qui veut relier l’homme à d’inutiles cieux! L’univers n’a plus rien qu’il m’ôte ou qu’il m’apporte, Mon être est à l’écart de ses jeux décevants, Dans un tombeau sacré je suis comme une morte, Et ma vie est encore en pleurs dans un vivant!

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    A

    Anne Perrier

    @annePerrier

    Cantique du printemps Ce matin la rose Eclate comme le cri du coq Le silence des choses Partout se fend les vieux mots Ont fleuri sur toutes les collines L'eau prise au piège S'échappe et court divine Entre les herbes vierges Oh ! quel vent quel soleil Dans la nuit renversa Les ombres toucha le sommeil Mit son doigt Sur la source empourpra La mort fit sauter la lumière De pierre en pierre Et comble de folie Alluma l'incendie Dans toutes les artères Le ciel comme un grand oiseau Vole nu Le cœur prisonnier n'en peut plus Et brise les barreaux L'âme bourdonne dans la ruche L'esprit monte et trébuche Sur mille pensées mortes Que le temps les emporte Ce matin la vigne Eclate au bord de la ravine Va cœur d'hiver Longtemps pris dans les glaces Te souvient-il d'avoir souffert Les saisons passent Va l'heure est venue Aujourd'hui de courir A la rencontre de l'été Mais les chemins de naguère Se sont perdus dans la lumière Est-ce mûrir est-ce mourir Cette douceur inconnue Qui tombe des pommiers O papillons de l'enfance Ne touchez pas à l'ombre des pétales Leur seule transparence Me sépare de l'ineffable Clarté Ne me conduisez pas Vers les fleuves d'été Que faire de tout l'éclat De juillet Quand c'est la douce la Douce éternité Qui traverse le jour Quand c'est l'amour Pommiers pommiers et roses O simples cerisiers Quand c'est l'amour qui pose A la ronde son pied Limpide fontaine L'heure de midi Coule dans mes veines Le ciel est pris Comme une tourterelle Endormez-vous parfums et chants O rossignols de mon sang Eteignez vos prunelles Plus un bruit Sous l'immense soleil La bouche à l'oreille A tout dit Que vienne la moisson Que tombent les fruits mûrs Sous les arbres profonds Le temps saute le mur Rassemble les saisons Sonne la trompette royale J'écoute au loin la houle des vallons Les grands troupeaux qui vont S'abreuver aux étoiles O vigne ô fleur de lait Ensorcelez l'abeille Luzerne et serpolet Pampres et treilles Et vous gardiens du jour Lumineux tournesols sans paupière Ne laissez pas ne laissez pas l'amour Repasser la rivière Retenez-le couleur d'été Couleur d'automne Son pas résonne Déjà comme un adieu l'éternité Ferme les yeux mon cœur est-ce la fin Du dimanche Une pluie tombe des branches Pétales pleurs L'odeur du foin Là-bas fait rêver les granges Le temps meurt Un ange Mais d'où ? me prend la main

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Au printemps qui ne vient pas Où donc est le printemps ? Endormi sous la nue Le soleil ne luit pas ou brille sans chaleur, Et dans les champs, la neige, aux arbres suspendue, Tient la sève captive et dévore la fleur. Tout frissonne et se tait ; le pauvre laboureur S'assied morne et pensif sur quelque roche nue ; Le pain pour ses enfants va manquer, et son cœur Maudira l'heure sainte où leur mère est venue. Il est aussi des temps où du soleil divin L'homme attend le retour et le demande en vain ; Qui de nous, une fois, et de l'âme et du monde N'a cru voir les destins confondus et flottants, Et des esprits troublés sondant la nuit profonde Ne s'écria jamais : — Où donc est le printemps ?

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    Armand Silvestre

    Armand Silvestre

    @armandSilvestre

    En Mai Dans la tiède haleine des fleurs Le printemps passe par bouffées, Brodant l’aile aux mille couleurs Des libellules et des fées. Son vol accroche aux réseaux verts Des broussailles ébouriffées, Dépouille errante des hivers, De longs fils de soie, en trophées. L’air du soir sonne les abois Des belles filles décoiffées : — Dans nos cœurs, comme dans les bois, Le printemps passe par bouffées !

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Bannières de mai Aux branches claires des tilleuls Meurt un maladif hallali. Mais des chansons spirituelles Voltigent parmi les groseilles. Que notre sang rie en nos veines, Voici s’enchevêtrer les vignes. Le ciel est joli comme un ange. L’azur et l’onde communient. Je sors. Si un rayon me blesse Je succomberai sur la mousse. Qu’on patiente et qu’on s’ennuie C’est trop simple. Fi de mes peines. je veux que l’été dramatique Me lie à son char de fortunes Que par toi beaucoup, ô Nature, – Ah moins seul et moins nul ! – je meure. Au lieu que les Bergers, c’est drôle, Meurent à peu près par le monde. Je veux bien que les saisons m’usent. A toi, Nature, je me rends ; Et ma faim et toute ma soif. Et, s’il te plaît, nourris, abreuve. Rien de rien ne m’illusionne ; C’est rire aux parents, qu’au soleil, Mais moi je ne veux rire à rien ; Et libre soit cette infortune.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Chant de guerre Parisien Le Printemps est évident, car Du coeur des Propriétés vertes, Le vol de Thiers et de Picard Tient ses splendeurs grandes ouvertes ! Ô Mai ! quels délirants culs-nus ! Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières, Ecoutez donc les bienvenus Semer les choses printanières ! Ils ont shako, sabre et tam-tam, Non la vieille boîte à bougies, Et des yoles qui n'ont jam, jam... Fendent le lac aux eaux rougies ! Plus que jamais nous bambochons Quand arrivent sur nos tanières Crouler les jaunes cabochons Dans des aubes particulières ! Thiers et Picard sont des Eros, Des enleveurs d'héliotropes ; Au pétrole ils font des Corots : Voici hannetonner leurs tropes... Ils sont familiers du Grand Truc !... Et couché dans les glaïeuls, Favre Fait son cillement aqueduc, Et ses reniflements à poivre ! La grand ville a le pavé chaud Malgré vos douches de pétrole, Et décidément, il nous faut Vous secouer dans votre rôle... Et les Ruraux qui se prélassent Dans de longs accroupissements, Entendront des rameaux qui cassent Parmi les rouges froissements !

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Je préfère sans doute… Je préfère sans doute, au printemps, la guinguette Où des marronniers nains bourgeonne la baguette, Vers la prairie étroite et communale, au mois De mai. Des jeunes chiens rabroués bien des fois Viennent près des Buveurs triturer des jacinthes De plate-bande. Et c’est, jusqu’aux soirs d’hyacinthe, Sur la table d’ardoise où, l’an dix-sept cent vingt Un diacre grava son sobriquet latin Maigre comme une prose à des vitraux d’église La toux des flacons noirs qui jamais ne les grise. François Coppée. A.R. * L’Humanité chaussait le vaste enfant Progrès. Louis-Xavier de Ricard. A. Rimbaud.

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Aux Hirondelles De l’aile effleurant mon visage, Volez, doux oiseaux de passage, Volez sans peur tout près de moi ! Avec amour je vous salue ; Descendez du haut de la nue, Volez, et n’ayez nul effroi ! Des mois d’or aux heures légères, Venez, rapides messagères, Venez, mes sœurs, je vous attends ! Comme vous je hais la froidure, Comme vous j’aime la verdure, Comme vous j’aime le printemps ! Vous qui des pays de l’aurore Nous arrivez tièdes encore, Dites, les froids vont donc finir ! Ah ! contez-nous de jeunes choses, Parlez-nous de nids et de roses, Parlez-nous d’un doux avenir ! Parlez-moi de soleil et d’ondes, D’épis flottants, de plaines blondes, De jours dorés, d’horizons verts ; De la terre enfin réveillée, Qui se mourait froide et mouillée Sous le dais brumeux des hivers. L’hiver, c’est le deuil de la terre ! Les arbres n’ont plus leur mystère ; Oiseaux et bardes sont sans toits ; Une bise à l’aile glacée A nos fronts tarit la pensée, Tarit la sève au front des bois. Le ciel est gris, l’eau sans murmure, Et tout se meurt ; sur la nature S’étend le linceul des frimas. Heureux, alors, sur d’autres plages, Ceux qui vont chercher les feuillages Et les beaux jours des beaux climats ! O très heureuses hirondelles ! Si comme vous j’avais des ailes, J’irais me baigner d’air vermeil ; Et, loin de moi laissant les ombres, Je fuirais toujours les cieux sombres Pour toujours suivre le soleil ! Saint-Nazaire, avril 1840

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Les soleils de Mai D’un souffle virginal le plus aimé des mois Emplit l’air ; le lilas aux troncs moussus des bois Suspend sa grappe parfumée ; Les oiseaux sont joyeux et chantent le soleil ; Tout sourit ; du printemps, tout fête le réveil : Toi seule es triste, ô bien-aimée ! « Pourquoi ces yeux rêveurs et ce regard penché ? De quel secret ennui ton cœur est-il touché ? Qu’as-tu ma grande et pâle Amie, Qu’as-tu ? Vois ce beau ciel sourire et resplendir ! Oh ! souris-moi ! Je sens mon cœur s’épanouir Avec la terre épanouie. « Sur le cours bleu des eaux, au flanc noir de la tour, Regarde ! l’hirondelle est déjà de retour. Ailes et feuilles sont décloses. C’est la saison des fleurs, c’est la saison des vers. C’est le temps où dans l’âme et dans les rameaux verts Fleurissent l’amour et les roses. « Soyons jeunes ! fêtons le beau printemps vainqueur ! Quand on est triste, Amie, il fait nuit dans le cœur ; La joie est le soleil de l’âme ! Oublions ce que l’homme et la vie ont d’amer ! Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer, Pour vous aimer, ma noble Dame ! « Loin de nous les soucis, belle aux cheveux bruns ! Enivrons-nous de brise, et d’air et de parfums, Enivrons-nous de jeunes sèves ! Sur leurs tiges cueillons les promesses des fleurs ! Assez tôt reviendront l’hiver et ses rigueurs Flétrir nos roses et nos rêves ! » Et, tandis qu’il parlait, muette à ses côtés, Marchait la grande Amie aux regards veloutés ; Son front baigné de rêverie S’éclairait à sa voix d’un doux rayonnement ; Et, lumière de l’âme, un sourire charmant Flottait sur sa lèvre fleurie.

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    C

    Catulle Mendès

    @catulleMendes

    Ballade de la convenance de se deshabiller au printemps La Seine, clair ciel à l'envers, S'ensoleille comme le Tage ! Laisse éclore des menus vairs Tes bras, ta gorge et davantage. Au diable l'imbécile adage : " Avril. Ne quitte pas un fil. " Il ne sied qu'aux personnes d'âge. Quitte tout, ma mie, en avril ! Quand Zéphyr dévêt des hivers La colline après un long stage, Pourquoi resteraient-ils couverts Les seins de lys qu'un val partage ? Vent ! déchire en ton brigandage Ces brumes : batiste et coutil ! Je me charge du ravaudage. Quitte tout, ma mie, en avril ! C'est le temps où par l'univers Le franc amour flambe et s'étage ; Le faune halète aux bois verts Et l'ermite en son ermitage. Aimons ! plus de baguenaudage ! Les pudeurs, le refus subtil Des flirts et du marivaudage, Quitte tout, ma mie, en avril ! ENVOI Ange ! si ton démaillotage Veut un poêle, mon coeur viril Le remplace avec avantage ! Quitte tout, ma mie, en avril.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Les quatre saisons - le printemps Au printemps, c'est dans les bois nus Qu'un jour nous nous sommes connus. Les bourgeons poussaient vapeur verte. L'amour fut une découverte. Grâce aux lilas, grâce aux muguets, De rêveurs nous devînmes gais. Sous la glycine et le cytise, Tous deux seuls, que faut-il qu'on dise ? Nous n'aurions rien dit, réséda, Sans ton parfum qui nous aida.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Bien moustrez, Printemps gracieux Bien moustrez, Printemps gracieux, De quel mestier savez servir, Car Yver fait cueurs ennuieux, Et vous les faictes resjouir. Si tost comme il vous voit venir, Lui et sa meschant retenue Sont contrains et prestz de fuir A vostre joyeuse venue. Yver fait champs et arbres vieulx, Leurs barbes de neige blanchir, Et est si froit, ort (1) et pluieux Qu'emprés le feu couvient croupir ; On ne peut hors des huis yssir (2) Comme un oisel qui est en mue. Mais vous faittes tout rajeunir A vostre joyeuse venue. Yver fait le souleil es cieulx Du mantel des nues couvrir ; Or maintenant, loué soit Dieux, Vous estes venu esclersir Toutes choses et embellir. Yver a sa peine perdue, Car l'an nouvel l'a fait bannir A vostre joyeuse venue. 1. Ort : Sale. 2. Yssir : Sortir de sa maison.

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    C

    Charles Le Goffic

    @charlesLeGoffic

    Printemps de Bretagne Une aube de douceur s'éveille sur la lande : Le printemps de Bretagne a fleuri les talus. Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande Aux pâles « En-Allés » qui ne reviendront plus. Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle, Loin de la douce fée aux cheveux de genêt, Que notre cœur au moins lui demeure fidèle : Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît. Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde ! Sourire virginal de la terre et des eaux ! C'est comme un miel épars dans la lumière blonde : Viviane éveillée a repris ses fuseaux. File, file l'argent des aubes aprilines ! File pour les landiers ta quenouille d'or fin ! De tes rubis. Charmeuse, habille les collines ; Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin. C'est assez qu'un reflet pris à tes doigts de flamme, Une lueur ravie à ton ciel enchanté, Descende jusqu'à nous pour rattacher notre âme A l'âme du pays qu'a fleuri ta beauté !

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    C

    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    Juin Les prés ont une odeur d’herbe verte et mouillée, Un frais soleil pénètre en l’épaisseur des bois, Toute chose étincelle, et la jeune feuillée Et les nids palpitants s’éveillent à la fois. Les cours d’eau diligents aux pentes des collines Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ; Ils chantent au milieu des buissons d’aubépines Avec le vent rieur et l’oiseau du matin. Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses, L’aube fait un tapis de perles aux sentiers, Et l’abeille, quittant les prochaines yeuses, Suspend son aile d’or aux pâles églantiers. Sous les saules ployants la vache lente et belle Paît dans l’herbe abondante au bord des tièdes eaux ; La joug n’a point encor courbé son cou rebelle, Une rose vapeur emplit ses blonds naseaux. Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries Qui vers l’horizon bleu coule à travers les prés, Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies, Hume l’air qui l’enivre, et bat ses flancs pourprés. La Terre rit, confuse, à la vierge pareille Qui d’un premier baiser frémit languissamment, Et son oeil est humide et sa joue est vermeille, Et son âme a senti les lèvres de l’amant. O rougeur, volupté de la Terre ravie ! Frissonnements des bois, souffles mystérieux ! Parfumez bien le coeur qui va goûter la vie, Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux ! Assez tôt, tout baignés de larmes printanières, Par essaims éperdus ses songes envolés Iront brûler leur aile aux ardentes lumières Des étés sans ombrage et des désirs troublés. Alors inclinez-lui vos coupes de rosée, O fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours ! Et verse un flot de pourpre en son âme épuisée, Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !

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    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    Ce printemps Ce printemps Le ciel est bleu Il ne pleut pas beaucoup Dans les champs Les agneaux arrivent Les oiseaux chantent Leur chœur matinal Mains tenant. Ce printemps Le vent souffle sur les collines Et traverse la vallée A contre temps Les fleurs bourgeonnent Et les arbres aussi Malgré familles séparées Des grands parents. Ce printemps Dans la campagne Le silence explose Voitures, motards fous Le bruit implose Les bébés ne crient pas Ni rires des voisins, Les enfants ne jouent Dans les chemins. Ce printemps Les abeilles bourdonnent Dans ma tête La télé explique Ce silence infecte Le monde a besoin De respirer sans peur De toucher à nouveau De sentir le cœur. Ce printemps semble De longue durée Cruelle et horrible Et sans pitié Ce printemps Doit devenir l’été Et surement l’automne Et cet hiver, bouleversé. Ce printemps une prière Pour ne pas trop souffrir. Ensemble nous trouverons Pour pouvoir guérir.

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    Eclat Reine Terre, votre corps opulent se renverse dans l’horizon. Votre robe aux couleurs de soleil levant s’étale à perte de vue. Par-ci et par là, sculptures perpendiculaires ; cordes à grimper, lignes, courbes et pentes dansent à l’arrivée du vent de l’est. C’est ce moment du printemps, Anémone des bois invite toutes ses amies sauvages : Primevère, Célandine et Violette à se baigner dans la rosée. Il semble que pour la conférence des oiseaux, c’est ce chant de Merle angélique, comme si vous n’aviez jamais entendu son cœur joyeux. Il cherche comme un philosophe une histoire parfaite. Printemps, sa muse, sur le flot vert des forêts, sème l’enchantement partout sur la terre. Nous sommes joyeux, Unis par cette fête royale chaque année.

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    Mon ami La lune s’enfuit dans la lutte, entre la nuit et l’aurore. L’argent de la toile d’araignée étincelle dans la brume. Mon ami, mon ami, mon ami, Je t’appelle mon ami. La rosée dans la vallée, Les violettes sur la colline, Les ruisseaux coulent de la montagne, dans le matin de ma vie. Mon ami, mon ami, mon ami, Je t’appelle mon ami. Les chevaux sont dans la prairie, mangeant de l’herbe douce. Les oiseaux chantent dans la fôret, Sauf le rossignol endormi. Mon ami, mon ami, mon ami, Tu es revenu mon amour.

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    Christian Mégrelis

    @christianMegrelis

    Printemps toxique J’ai vécu des printemps gracieux comme des cygnes, Où l’amour se tissait autour des magnolias. Des printemps de Madère et des printemps à vignes Là-bas aux terres australes où l’on nous oublia. Les nuées se déchirent et les cieux se résignent A laisser le soleil rougir les camélias. Et nous qui attendions depuis longtemps ce signe Dansions en fredonnant un air d’harmonica. C’était les jours anciens et nous étions heureux. Le printemps d’aujourd’hui est d’un tout autre aveu. Souriant il arrive en ne pensant à rien. On l’accueille, on le fête, comme il est magnifique ! Sourdement il s’agite et prépare un venin, Et soudain il se mue en un printemps toxique !

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    Christine de Pisan

    Christine de Pisan

    @christineDePisan

    En ce printemps gracieux En ce printemps gracieux D'estre gai suis envieux, Tout a l'onnour De ma dame, qui vigour De ses doulz yeulz Me donne, dont par lesquielx Vifs en baudour. Toute riens fait son atour De mener joye a son tour, Bois et préz tieulx Sont, qu'ilz semblent de verdour Estre vestus et de flour Et qui mieulx mieulx. Oysiaulx chantent en maint lieux; Pour le temps delicieux Et plein d'odour Se mettent hors de tristour Joennes et vieux; Tous meinent et ris et jeux Ou temps paschour, En ce printemps gracieux. Et moy n'ay je bien coulour D'estre gay, quant la meilleur, Ainsi m'aist Dieux, Qui soit, je sers sanz erreur, N'a autre je n'ay favour, Car soubz les cieulx N'a dame ou biens soient tieulx; Si doy estre curieux Pour sa valour D'elle servir sanz sejour, Car anieux Ne pourrait estre homs mortieulx De tel doulçour En ce printemps gracieux.

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    C

    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Le jour Levons-nous, le jour bleu colle son front aux vitres, La note du coucou réveille le printemps, Les rameaux folichons ont des gestes de pitres, Les cloches de l’aurore agitent leurs battants. La nuit laisse en fuyant sa pantoufle lunaire Traîner dans l’air mouillé plein de sommeil encor Et derrière les monts cachant sa face claire Le soleil indécis darde trois flèches d’or. Il monte. Notre ferme en est tout éblouie, Les volets sont plus verts et le toit plus vermeil, La crête des sapins dans la brume enfouie S’avive de clarté. Voilà le plein soleil Avec son blanc collier de franges barbelées, Avec ses poudroiements de cristal dans les prés, Avec ses flots nacrés, ses cascades brûlées, Ses flûtes, ses oiseaux et ses chemins pourprés. L’abeille tôt levée, attendant sa venue, Essayait d’animer les boutons engourdis, Dérangeait l’ordre neuf de la rose ingénue, Pressait de toutes parts les lilas interdits. Dès qu’elle vit au ciel fuser la bonne gerbe, Son gorgerin blondit, son aile miroita, Et, tandis que les fleurs se découpaient dans l’herbe, Sur un lis qui s’ouvrait son ivresse pointa. Quel massacre badin de vierges cachetées ! La nonnain-violette en conserve un frisson, Les corbeilles d’argent aux blancheurs dépitées S’inquiètent du vent rural et sans façon. Sur l’églantine fraîche aux saveurs paysannes Voici que les frelons éthiopiens vont choir, Les bambous en rumeur entre-choquent leurs cannes, Sur un brin d’amandier sifflote un merle noir. Levons-nous. Notre chien lappe son écuelle, Les chevaux affamés piaffent après le foin, On entend barboter un refrain de vaisselle Et des appels de coqs s’égosiller au loin. Déjeunons sur le seuil de tartines miellées, Dans nos verres en feu le soleil boit sa part, Les arbres font danser leurs feuilles déroulées Et teignent leurs bourgeons d’un petit point de fard. C’est l’heure puérile où la margelle est rose, Où la jeune campagne éclose au jour nouveau Dans ses terrains bêchés brille comme une alose, Où l’araignée étend son lumineux réseau. C’est l’heure où les lapins se grisent de rosée, Où l’enfant matinal aux gestes potelés, Agitant le soleil de sa tête frisée ; Rit tenant à deux mains un pesant bol de lait. La montagne se vêt de légères buées Et semble perdre un peu de son austérité, Les cyprès accusant leurs grâces fuselées Dressent des cierges verts sur l’autel de l’été. Ô rajeunissement du réveil, ô lumière Qui laves les noirceurs, les fanges, les chagrins, Qui donnes des splendeurs au bourbier de l’ornière Et mets une ombre d’or sur nos charniers humains.

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    D

    D.Isabelle

    @disabelle

    Au retour du printemps Au retour du printemps, Les cœurs ont une âme poétique Les promesses font rêver les femmes Les visages s’ouvrent et s’épanouissent Comme les fleurs au fond des jardins Perchés sur la branche des espoirs hésitants Les gentlemen sifflent comme l’oiseau des bois En agitant leurs plumes pour n’en garder qu’une Ils écrivent des mots d’amour en toute loyauté A faire glisser une larme sur leur joue mal rasée Au retour du printemps, Comme un sage, ils effeuillent des pétales de roses Dans les décolletés, pour exprimer leurs sentiments Le printemps à présent renaît comme tous les ans En estompant les petites rides creusées par la vie Au retour du printemps, Les dames viendront avec leur loup au bal masqué Cueillir les œuvres fleuries de saison et les garder Dans la poche secrète de leur dessous en broderie En songeant à tous les baisers promis dans le cou La saison des amours se réveille, Elle n’est pas différente de celle de nos vingt ans Les rues des villes et des campagnes s’animent Les oiseaux des bois sont aux aguets pour chansonner A la plus belle fleur des champs, vive le printemps D.Isabelle Bonne journée à toutes et à tous... http://lapassiondesmotsd-isabelle.over-blog.com/2019/02/au-retour-du-printemps.html

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    D

    David Bunel

    @davidBunel

    Dans les bois Sous bois pour la trouver, faut se montrer discret ! Princesse du Printemps, négresse absolument, Cachée là à nos pieds, dans les feuilles au secret Il faut être patient, humer l'air humblement ... Exquise et parfumée, au joli pieds blanchet, Tête cervelle semblant, Dame Morille attend Qu'on vienne la chercher et d'elle nous régaler .

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