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Titre : Aux Hirondelles

Auteur : Auguste Lacaussade Recueil : Poèmes et Paysages

De l’aile effleurant mon visage, Volez, doux oiseaux de passage, Volez sans peur tout près de moi ! Avec amour je vous salue ; Descendez du haut de la nue, Volez, et n’ayez nul effroi ! Des mois d’or aux heures légères, Venez, rapides messagères, Venez, mes sœurs, je vous attends ! Comme vous je hais la froidure, Comme vous j’aime la verdure, Comme vous j’aime le printemps ! Vous qui des pays de l’aurore Nous arrivez tièdes encore, Dites, les froids vont donc finir ! Ah ! contez-nous de jeunes choses, Parlez-nous de nids et de roses, Parlez-nous d’un doux avenir ! Parlez-moi de soleil et d’ondes, D’épis flottants, de plaines blondes, De jours dorés, d’horizons verts ; De la terre enfin réveillée, Qui se mourait froide et mouillée Sous le dais brumeux des hivers. L’hiver, c’est le deuil de la terre ! Les arbres n’ont plus leur mystère ; Oiseaux et bardes sont sans toits ; Une bise à l’aile glacée A nos fronts tarit la pensée, Tarit la sève au front des bois. Le ciel est gris, l’eau sans murmure, Et tout se meurt ; sur la nature S’étend le linceul des frimas. Heureux, alors, sur d’autres plages, Ceux qui vont chercher les feuillages Et les beaux jours des beaux climats ! O très heureuses hirondelles ! Si comme vous j’avais des ailes, J’irais me baigner d’air vermeil ; Et, loin de moi laissant les ombres, Je fuirais toujours les cieux sombres Pour toujours suivre le soleil ! Saint-Nazaire, avril 1840