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Titre : Cantique du printemps

Auteur : Anne Perrier

Ce matin la rose Eclate comme le cri du coq Le silence des choses Partout se fend les vieux mots Ont fleuri sur toutes les collines L'eau prise au piège S'échappe et court divine Entre les herbes vierges Oh ! quel vent quel soleil Dans la nuit renversa Les ombres toucha le sommeil Mit son doigt Sur la source empourpra La mort fit sauter la lumière De pierre en pierre Et comble de folie Alluma l'incendie Dans toutes les artères Le ciel comme un grand oiseau Vole nu Le cœur prisonnier n'en peut plus Et brise les barreaux L'âme bourdonne dans la ruche L'esprit monte et trébuche Sur mille pensées mortes Que le temps les emporte Ce matin la vigne Eclate au bord de la ravine Va cœur d'hiver Longtemps pris dans les glaces Te souvient-il d'avoir souffert Les saisons passent Va l'heure est venue Aujourd'hui de courir A la rencontre de l'été Mais les chemins de naguère Se sont perdus dans la lumière Est-ce mûrir est-ce mourir Cette douceur inconnue Qui tombe des pommiers O papillons de l'enfance Ne touchez pas à l'ombre des pétales Leur seule transparence Me sépare de l'ineffable Clarté Ne me conduisez pas Vers les fleuves d'été Que faire de tout l'éclat De juillet Quand c'est la douce la Douce éternité Qui traverse le jour Quand c'est l'amour Pommiers pommiers et roses O simples cerisiers Quand c'est l'amour qui pose A la ronde son pied Limpide fontaine L'heure de midi Coule dans mes veines Le ciel est pris Comme une tourterelle Endormez-vous parfums et chants O rossignols de mon sang Eteignez vos prunelles Plus un bruit Sous l'immense soleil La bouche à l'oreille A tout dit Que vienne la moisson Que tombent les fruits mûrs Sous les arbres profonds Le temps saute le mur Rassemble les saisons Sonne la trompette royale J'écoute au loin la houle des vallons Les grands troupeaux qui vont S'abreuver aux étoiles O vigne ô fleur de lait Ensorcelez l'abeille Luzerne et serpolet Pampres et treilles Et vous gardiens du jour Lumineux tournesols sans paupière Ne laissez pas ne laissez pas l'amour Repasser la rivière Retenez-le couleur d'été Couleur d'automne Son pas résonne Déjà comme un adieu l'éternité Ferme les yeux mon cœur est-ce la fin Du dimanche Une pluie tombe des branches Pétales pleurs L'odeur du foin Là-bas fait rêver les granges Le temps meurt Un ange Mais d'où ? me prend la main