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Novembre

21 poésies en cours de vérification
Novembre

Poésies de la collection novembre

    A

    Albert Lozeau

    @albertLozeau

    Rayon de novembre Comme novembre est doux, ce matin, dans la brume… Le soleil, entre deux nuages gris, s’allume Et s’éteint comme sous la paupière un regard. On dirait que l’Eté rôde au loin, quelque part… C’est son haleine qui voltige tiède et lente, Moins le parfum hier encore respiré Dans le brouillard ténu de la ville bruyante ; Et c’est comme un retour de septembre égaré Mais les arbres n’ont plus de feuilles ; la lumière N’y fait plus resplendir ses flammes coutumières, Et la pensée en pleurs songe sur un tombeau…

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Novembre LE FILS. Quand le froid des hivers chasse les hirondelles Loin de notre pays, ma mère, où s’en vont-elles ? LA MÈRE. Mon fils, d’un vol rapide elles passent les mers. Et retrouvent ensemble, après un long voyage, Un ciel bleu, du soleil et de grands arbres verts. LE FILS. Mère, il est donc là-bas un paisible rivage Où ne grondent jamais les tristes vents du nord ? LA MÈRE. Oui. — Là-bas le printemps sourit aux hirondelles ; Là-bas les jours sont beaux, là-bas les nuits sont belles ; Là-bas la rose blanche a des fleurs immortelles, Et la vigne toujours garde ses raisins d’or. LE FILS. O ma mère, si Dieu nous eût donné des ailes, Nous partirions tous deux comme les hirondelles ! — J’ai froid. — Pour nous bientôt le soleil s’éteindra. Ma mère, prions Dieu de nous donner des ailes. LA MÈRE. Enfant, console-toi. — Dieu nous en donnera.

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Les soleils de Novembre Un beau ciel de novembre aux clartés automnales Baignait de ses tiédeurs les vallons vaporeux ; Les feux du jour buvaient les gouttes matinales Qui scintillaient dans l’herbe au bord des champs pierreux.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Novembre Je te rencontre un soir d'automne, Un soir frais, rose et monotone. Dans le parc oublié, personne. Toutes les chansons se sont tues : J'ai vu grelotter les statues, Sous tant de feuilles abattues. Tu es perverse. Mais qu'importe La complainte pauvre qu'apporte Le vent froid par-dessous la porte. Fille d'automne tu t'étonnes De mes paroles monotones... Il nous reste à vider les tonnes.

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    C

    Charles Le Goffic

    @charlesLeGoffic

    Novembre Je suis revenu seul par Landrellec. Voici Qu'au soir tombant l'ajonc s'est encore épaissi Et qu'à force d'errer dans le vent et la brume, Si tard, sous ce ciel bas fouetté d'une âpre écume, Et d'entendre à mes pieds sur le varech amer Toujours, toujours ce râle obsédant de la mer, Et de voir, quand mes yeux retournaient vers la côte, Des peurs sourdes crisper la lande épaisse et haute Et la brume flotter partout comme un linceul, J'ai senti que mon mal n'était pas à moi seul Et que la lande avec ses peurs crépusculaires. Et qu'avec ses sanglots profonds et ses colères La mer, et que la nuit et la brume et le vent, Tout cela s'agitait, souffrait, était vivant, Et roulait, sous la nue immobile et sans flamme, Une peine pareille à la vôtre, mon âme.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Dédié au sud-ouest Sur la bruyère longue infiniment voici le vent cornant novembre ; Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et se démembre, En souffles lourds, battant les bourgs ; Voici le vent, Le vent sauvage de Novembre. Aux puits des fermes, Les seaux de fer et les poulies Grincent ; Aux citernes des fermes. Les seaux et les poulies Grincent et crient Toute la mort, dans leurs mélancolies. Le vent rafle, le long de l’eau, Les feuilles mortes des bouleaux, Le vent sauvage de Novembre ; Le vent mord, dans les branches, Des nids d’oiseaux ; Le vent râpe du fer Et peigne, au loin, les avalanches, Rageusement du vieil hiver, Rageusement, le vent, Le vent sauvage de Novembre.

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    E

    Eudore Evanturel

    @eudoreEvanturel

    Nostalgie J'ai le regret des jours d'été Qui meurent dans les couchants roses ; J'aurais au cœur plus de gaîté Si nous étions au temps des roses.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Le soleil froid donnait un ton rose au grésil… Le soleil froid donnait un ton rose au grésil Et le ciel de novembre avait des airs d'avril. Nous voulions profiter de la belle gelée. Moi chaudement vêtu, toi bien emmitouflée Sous le manteau, sous la voilette et sous les gants, Nous franchissions, parmi les couples élégants, La porte de la blanche et joyeuse avenue, Quand soudain jusqu'à nous une enfant presque nue Et livide, tenant des fleurettes en main, Accourut, se frayant à la hâte un chemin Entre les beaux habits et les riches toilettes, Nous offrir un petit bouquet de violettes. Elle avait deviné que nous étions heureux Sans doute et s'était dit : Ils seront généreux. Elle nous proposa ses fleurs d'une voix douce, En souriant avec ce sourire qui tousse. Et c'était monstrueux, cette enfant de sept ans Qui mourait de l'hiver en offrant le printemps. Ses pauvres petits doigts étaient pleins d'engelures. Moi, je sentais le fin parfum de tes fourrures ; Je voyais ton cou rose et blanc sous la fanchon, Et je touchais ta main chaude dans ton manchon. — Nous fîmes notre offrande, amie, et nous passâmes ; Mais la gaieté s'était envolée, et nos âmes Gardèrent jusqu'au soir un souvenir amer. Mignonne, nous ferons l'aumône cet hiver.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Mois de Novembre Captif de l'hiver dans ma chambre Et las de tant d'espoirs menteurs, Je vois dans un ciel de novembre, Partir les derniers migrateurs. Ils souffrent bien sous cette pluie ; Mais, au pays ensoleillé, Je songe qu'un rayon essuie Et réchauffe l'oiseau mouillé. Mon âme est comme une fauvette Triste sous un ciel pluvieux ; Le soleil dont sa joie est faite Est le regard de deux beaux yeux ; Mais loin d'eux elle est exilée ; Et, plus que ces oiseaux, martyr, Je ne puis prendre ma volée Et n'ai pas le droit de partir.

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Novembre Beaux jours, vous n'avez qu'un temps, Et souvent qu'une heure ! Quand gémissent les autans, Il faut que tout meure. — Calme-toi, cœur agité ; Fleurs, oiseaux, joie et santé, S'en vont ! — Dieu demeure.

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    H

    Hégésippe Moreau

    @hegesippeMoreau

    L'hiver Adieu donc les beaux jours ! Le froid noir de novembre Condamne le poëte à l'exil de la chambre. Où riaient tant de fleurs, de soleil, de gaîté, Rien, plus rien ; tout a fui comme un songe d'été. Là-bas, avec sa voix monotone et touchante, Le pâtre seul détonne un vieux noël ; il chante, Et des sons fugitifs le vent capricieux M'apporte la moitié ; l'autre s'envole aux cieux. La femme de la Bible erre, pâle et courbée, Glanant le long des bois quelque branche tombée,

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    J

    Jacques Prevel

    @jacquesPrevel

    Dans le matin diminué Dans le matin diminué par le brouillard de novembre Rassemblant péniblement des mots Qui ne ressemblent pas à la vision des arbres Encore de la nuit froide et pluvieuse Je me reprends tout à coup à penser A ce désir multiplié vainement par l'espoir Mais je ne trouve jamais rien Que cette colère muette et désolée Que je refoule aussi profondément qu'une humiliation Il fait froid L'eau le pavé me renvoie mon ombre Je me souviens que toute la soirée d'hier je suis resté Près du feu avec un livre que je n'ai pas ouvert

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    J

    Joseph Autran

    @josephAutran

    Matinée de Novembre Les brouillards sont venus, dont l'humide manteau Charge dès le matin la plaine et le coteau : Pâle et froide vapeur qu'à peine un rayon perce. Les feuilles que l'eau trempe et qu'un souffle disperse, Tourbillonnent dans l'air ; la bise à l'aigre son S'est remise à chanter, à pleurer sa chanson. C'est l'heure de rentrer ; rentrons. Seul dans ma chambre Devant ces vieux chenets qu'on replace en novembre. Je rallume un feu clair de cyprès et de houx ; Et, je ne sais comment, amis ! Je songe à vous. Aux beaux jours d'autrefois — les seuls que Dieu protège — Aux beaux jours, qui pourtant sont les jours de collège, Nous étions quatre amis ; et jamais compagnons Dont l'histoire ou la fable a conservé les noms, Ni Castor ni Pollux, Oreste ni Pylade, Ne marchèrent unis de plus tendre accolade. Émules au travail et non rivaux jaloux, Le plus âpre latin s'adoucissait pour nous. Le premier finissant passait son thème à l'autre. Aux jeux même union : vrai faisceau que le nôtre ! Laissons-les, disait-on, ce sont les quatre amis. Or, en cet heureux temps, nous nous étions promis, Quel que fût l'avenir, destins bons ou contraires, De vivre ainsi toujours indivisibles frères : Rien, parmi ces hasards qu'on devait conjurer, Rien qui pût, ici-bas, un jour nous séparer ; Cela fut dit, prenant le ciel en témoignage. Ô projets ! Ô candeur des serments du jeune âge ! L'un de nous maintenant, celui qui, pâle et doux, Semblait en ce temps-là le plus frêle de tous, Là-bas, sur ce rivage où la France est campée, Travaille jour et nuit du cœur et de l'épée. Depuis six mois passés, son héroïque ennui Voit le donjon des czars se dresser devant lui, Et sur ses compagnons, troupe au labeur penchée, L'obus à tout moment pleuvoir dans la tranchée. L'autre, que son berceau, décoré d'un blason, Reçut comme héritier d'une riche maison, Erre au loin désormais, récoltant un pain rare Dans une des cités au bord du Delaware. Le sort, qui démentit sa première douceur, A fait du fier jeune homme un humble professeur. Le troisième, autrefois si joyeux, quand j'y pense, Après de longs travaux goûtait la récompense. La femme de ses vœux riait à son chevet ; Un beau groupe d'enfants près de lui s'élevait ; Il voyait sa maison, florissante et superbe, Grandir : depuis trois mois, il dort, couché sous l'herbe ! Enfin, de ce cher nid d'où chacun s'envola, Moi le dernier de tous, aujourd'hui je suis là ; Je suis là, me chauffant devant ce feu d'épines ; Je regarde parfois du côté des collines, Et je vois fuir au loin quelque vol de ramiers : Ô fuite plus rapide encore des jours premiers ! Ô tendresses des cœurs, unions éphémères ! Ô de l'homme qui passe éternelles chimères !

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    L

    Louis Chadourne

    @louisChadourne

    Jardins de Novembre La brume s'échevèle au détour des allées, Un souvenir épars s'attarde et se recueille, Il flotte une douceur de choses en allées Un songe glisse en nous, comme un pas sur les feuilles. Les jardins de Novembre accueillent vos amours, Ô jeunesse pensive, Ô saison dissolvante, Les grands jardins mélancoliques et qui sentent La fin, la pluie - odeurs humides de l'air lourd, De choses mortes qui retournent à la terre. Iris mauves aux parfums âcres, aux tiges pâles, Ployés un peu, et qui se fanent, solitaires, Et laissent tristement pendre leurs longs pétales Transparents, trop veinés, trop fins - comme une lèvre Dont les baisers ont bu le sang et la tiédeur Cherche encore une bouche où poser sa langueur. Le grand jardin brumeux sommeille. Sourde fièvre Ô parfums trop aigus des iris et des roses Flétris - parfums et mort - serre chaude d'odeurs. Tout l'univers mourant qui s'épuise en senteurs Et puis dans la tristesse odorante des choses Effeuillant, inclinant, chaque fleur du jardin D'un battement furtif, égal et doux, se pose L'aile silencieuse et lasse du déclin.

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    Louis-Honoré Fréchette

    Louis-Honoré Fréchette

    @louisHonoreFrechette

    Novembre Jours de deuil ! Plus de nids sous le feuillage vert ; Les chantres de l'été désertent nos bocages ; On n'entend que le cri de l'oiseau dans les cages, Avec les coups de bec sonores du pivert. De jaunissants débris le gazon s'est couvert ; Les grands bœufs tristement reviennent des pacages ; Et la sarcelle brune, au bord des marécages, Prend son essor pour fuir l'approche de l'hiver. Aux arbres dépouillés la brise se lamente ; A l'horizon blafard, l'aile de la tourmente Fouette et chasse vers nous d'immenses oiseaux gris... Des passants tout en noir gagnent le cimetière ; Suivons-les, et donnons notre pensée entière, Pour un instant, à ceux que la mort nous a pris.

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    L’heure du platane Sentez-vous cette odeur, cette odeur fauve et rousse de beau cuir neuf, chauffé par l’automne qui flambe ? Tous les cuirs du Levant sont là, venus ensemble de souks lointains saturés d’ambre et de santal. Des huiles et des gommes d’or les éclaboussent. En de jaunes parfums d’essences et de gousses, tous les cuirs précieux d’un faste oriental, cuirs gaufrés et gravés, pointillés de métal, peints et damasquinés, sont là. Ceux de Cordoue s’allongent en panneaux où la lumière joue comme dans l’escalier d’un palacio ducal ; ceux de Russie ont des reflets de pourpre ardente ; ceux de Venise la douceur d’épais velours, et ceux des Flandres aux blonds rares, aux bruns sourds, semblent chez le bourgmestre attendre une kermesse. Quelles mains ont offert à ces livres de messe la reliure somptueuse qui m’enchante ? Et ce manteau pareil à la robe de Dante, qui le tailla pour des poètes ignorés ? Beaux livres d’autrefois, je vous aime, dorés sur un fond de soleil ainsi que des Icones, et ma bibliothèque est un gala d’automne ce soir, entre les bras d’un arbre mitré d’or. La légende se brode à même le décor. Mes livres, des très vieux aux très jeunes, s’étagent de branche en branche, à la façon d’oiseaux pensifs, et par-dessus la mosaïque des massifs prennent la gamme fauve et rousse du feuillage. Car ils sont habillés de feuilles, en ce temps où les platanes roux et fauves se dépouillent. La vierge, dans l’allée, a filé sa quenouille afin que chaque page ait un signet flottant. Vous qui lisez, le front penché, dans une chambre, ne sentez-vous donc pas qu’au seuil froid de novembre tout ce maroquin neuf et ces parchemins d’or sont faits pour que, ce soir, on traduise, dehors, uniquement, les strophes du platane ? Automne, guilloché de soleil, broché d’insectes jaunes, plein de miel et de grains, et de cette odeur forte que promène le vent du sud, de porte en porte; Automne, qui donc pourrait croire aux feuilles mortes, croire, ce soir, à la tristesse de la mort ?

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Novembre Je lui dis : La rose du jardin, comme tu sais, dure peu ; et la saison des roses est bien vite écoulée. SADI. Quand l’Automne, abrégeant les jours qu’elle dévore, Éteint leurs soirs de flamme et glace leur aurore, Quand Novembre de brume inonde le ciel bleu, Que le bois tourbillonne et qu’il neige des feuilles, Ô ma muse ! en mon âme alors tu te recueilles, Comme un enfant transi qui s’approche du feu. Devant le sombre hiver de Paris qui bourdonne, Ton soleil d’orient s’éclipse, et t’abandonne, Ton beau rêve d’Asie avorte, et tu ne vois Sous tes yeux que la rue au bruit accoutumée, Brouillard à ta fenêtre, et longs flots de fumée Qui baignent en fuyant l’angle noirci des toits. Alors s’en vont en foule et sultans et sultanes, Pyramides, palmiers, galères capitanes, Et le tigre vorace et le chameau frugal, Djinns au vol furieux, danses des bayadères, L’Arabe qui se penche au cou des dromadaires, Et la fauve girafe au galop inégal ! Alors, éléphants blancs chargés de femmes brunes, Cités aux dômes d’or où les mois sont des lunes, Imans de Mahomet, mages, prêtres de Bel, Tout fuit, tout disparaît : – plus de minaret maure, Plus de sérail fleuri, plus d’ardente Gomorrhe Qui jette un reflet rouge au front noir de Babel ! C’est Paris, c’est l’hiver. – A ta chanson confuse Odalisques, émirs, pachas, tout se refuse. Dans ce vaste Paris le klephte est à l’étroit ; Le Nil déborderait ; les roses du Bengale Frissonnent dans ces champs où se tait la cigale ; A ce soleil brumeux les Péris auraient froid. Pleurant ton Orient, alors, muse ingénue, Tu viens à moi, honteuse, et seule, et presque nue. – N’as-tu pas, me dis-tu, dans ton coeur jeune encor Quelque chose à chanter, ami ? car je m’ennuie A voir ta blanche vitre où ruisselle la pluie, Moi qui dans mes vitraux avais un soleil d’or ! Puis, tu prends mes deux mains dans tes mains diaphanes ; Et nous nous asseyons, et, loin des yeux profanes, Entre mes souvenirs je t’offre les plus doux, Mon jeune âge, et ses jeux, et l’école mutine, Et les serments sans fin de la vierge enfantine, Aujourd’hui mère heureuse aux bras d’un autre époux. Je te raconte aussi comment, aux Feuillantines, Jadis tintaient pour moi les cloches argentines ; Comment, jeune et sauvage, errait ma liberté, Et qu’à dix ans, parfois, resté seul à la brune, Rêveur, mes yeux cherchaient les deux yeux de la lune, Comme la fleur qui s’ouvre aux tièdes nuits d’été. Puis tu me vois du pied pressant l’escarpolette Qui d’un vieux marronnier fait crier le squelette, Et vole, de ma mère éternelle terreur ! Puis je te dis les noms de mes amis d’Espagne, Madrid, et son collège où l’ennui t’accompagne, Et nos combats d’enfants pour le grand Empereur ! Puis encor mon bon père, ou quelque jeune fille Morte à quinze ans, à l’âge où l’oeil s’allume et brille. Mais surtout tu te plais aux premières amours, Frais papillons dont l’aile, en fuyant rajeunie, Sous le doigt qui la fixe est si vite ternie, Essaim doré qui n’a qu’un jour dans tous nos jours.

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    W

    William Chapman

    @williamChapman

    Les rayons de Novembre De grands nuages gris estompent l’horizon ; Le soleil jette à peine un regard à la terre ; Les feuilles et les fleurs roulent sur le gazon, Et le torrent gonflé gronde comme un tonnerre. Adieu le soir serein ! adieu le matin clair ! Adieu le frais ombrage ! adieu les folles courses ! Adieu les voix d’oiseaux qui se croisent dans l’air ! Adieu le gazouillis des buissons et des sources ! Plus de gais moissonneurs attroupés dans les blés ! Plus d’amoureux rêveurs assis sous les tonnelles ! Plus de concerts la nuit sur les flots étoilés ! Dans les prés et les bois plus de parfums, plus d’ailes ! Mais parfois le soleil, déchirant les brouillards, Verse des lueurs d’or sur les eaux et les chaumes… Et nous croyons ouïr les oiseaux babillards, Nous respirons partout de sauvages arômes. L’arbre nu nous paraît se rhabiller de vert : Le vent attiédi joue avec ses rameaux souples ; Et dans le creux du val, de feuilles recouvert, Il nous semble encor voir errer de joyeux couples.

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    W

    William Chapman

    @williamChapman

    Novembre L’érable nu frissonne, et de jaunes débris Chaque sentier se couvre et chaque seuil s’encombre. La rafale à travers les branches a des cris Plaintifs comme le glas qui sanglote dans l’ombre. Les bruits assourdissants croissent sous les grands bois Agités et tordus comme une sombre houle. Les hommes de chantier sont partis pour cinq mois, Et le grand pin rugueux sous la hache s’écroule. Un souffle sépulcral passe sur les vallons, Les coteaux, les étangs, les forêts et les chaumes ; Et quelquefois, la nuit, tout à coup nous tremblons En croyant voir au loin errer de blancs fantômes. Sous le soleil mourant tout est froid, sombre, amer, Tout fuit dans l’air qui pleure et sur l’onde qui fume ; Et les derniers hauts-bords, voyant poindre l’hiver, Quittent nos ports glacés et plongent dans la brume.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Il fait novembre en mon âme Rayures d'eau, longues feuilles couleur de brique, Par mes plaines d'éternité comme il en tombe ! Et de la pluie et de la pluie - et la réplique D'un gros vent boursouflé qui gonfle et qui se bombe Et qui tombe, rayé de pluie en de la pluie.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Les saints, les morts, les arbres et le vent Les grand'routes tracent des croix A l'infini, à travers bois ; Les grand'routes tracent des croix lointaines A l'infini, à travers plaines ; Les grand'routes tracent des croix Dans l'espace livide et froid, Où voyagent les vents déchevelés A l'infini, par les allées. Arbres et vents pareils aux pèlerins ; Arbres tristes et fous où l'orage s'accroche, Arbres pareils au défilé de tous les saints, Au défilé de tous les morts Au son des cloches, Arbres qui combattez au Nord Et vents qui déchirez le monde, Oh ! vos luttes et vos sanglots et vos remords Se débattant et s'engouffrant dans les âmes profondes Voici Novembre assis auprès de l'âtre, Avec ses maigres doigts chauffés au feu ; Oh ! tous ces morts, sans feu ni lieu, Oh ! tous ces vents cognant les murs opiniâtres Et repoussés et rejetés Vers l'inconnu, de tous côtés.

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