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Musique

95 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection musique

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Bénédiction Lorsque, par un décret des puissances suprêmes, Le Poète apparaît en ce monde ennuyé, Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié : –  » Ah ! Que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipères, Plutôt que de nourrir cette dérision ! Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères Où mon ventre a conçu mon expiation ! Puisque tu m’as choisie entre toutes les femmes Pour être le dégoût de mon triste mari, Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes, Comme un billet d’amour, ce monstre rabougri, Je ferai rejaillir ta haine qui m’accable Sur l’instrument maudit de tes méchancetés, Et je tordrai si bien cet arbre misérable, Qu’il ne pourra pousser ses boutons empestés !  » Elle ravale ainsi l’écume de sa haine, Et, ne comprenant pas les dessins éternels, Elle-même prépare au fond de la Géhenne Les buchers consacrés aux crimes maternels. Pourtant, sous la tutelle invisible d’un Ange, L’Enfant déshérité s’enivre de soleil, Et dans tout ce qu’il boit et dans tout ce qu’il mange Retrouve l’ambroisie et le nectar vermeil. Il joue avec le vent, cause avec le nuage, Et s’enivre en chantant du chemin de la croix; Et l’esprit qui le suit dans son pèlerinage Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois. Tous ceux qu’il veut aimer l’observent avec crainte, Ou bien, s’enhardissant de sa tranquillité, Cherchent à qui saura lui tirer une plainte, Et font sur lui l’essai de leur férocité. Dans le pain et le vin destinés à sa bouche Ils mêlent de la cendre avec d’impurs crachats; Avec hypocrisie ils jettent ce qu’il touche, Et s’accusent d’avoir mis leurs pieds dans ses pas. Sa femme va criant sur les places publiques :  » Puisqu’il me trouve assez belle pour m’adorer, Je ferai le métier des idoles antiques, Et comme elles je veux me faire redorer; Et je me soûlerai de nard, d’encens, de myrrhe, De génuflexions, de viandes et de vins, Pour savoir si je puis dans un cœur qui m’admire Usurper en riant les hommages divins ! Et, quand je m’ennuierai de ces farces impies, Je poserai sur lui ma frêle et forte main; Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies, Sauront jusqu’à son cœur se frayer un chemin. Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite, J’arracherai ce cœur tout rouge de son sein, Et, pour rassasier ma bête favorite, Je le lui jetterai par terre avec dédain !  » Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide, Le Poète serein lève ses bras pieux, Et les vaste éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l’aspect des peuples furieux :  » Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance Comme un divin remède à nos impuretés Et comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés ! Je sais que vous gardez une place au Poète Dans les rangs bienheureux des saintes Légions, Et que vous l’invitez à l’éternelle fête Des Trônes, des vertus, des Dominations. Je sais que la douleur est la noblesse unique Où ne mordront jamais la terre et les enfers, Et qu’il faut pour tresser ma couronne mystique Imposer tous les temps et tous les univers. Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre, Les métaux inconnus, les perles de la mer, Par votre main montés, ne pourraient pas suffire A ce beau diadème éblouissant et clair; Car il ne sera fait que de pure lumière, Puisée au foyer saint des rayons primitifs, Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière, ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs !  »

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Musique Puisqu’il n’est point de mots qui puissent contenir, Ce soir, mon âme triste en vouloir de se taire, Qu’un archet pur s’élève et chante, solitaire, Pour mon rêve jaloux de ne se définir. O coupe de cristal pleine de souvenir ; Musique, c’est ton eau seule qui désaltère ; Et l’âme va d’instinct se fondre en ton mystère, Comme la lèvre vient à la lèvre s’unir. Sanglot d’or !… Oh ! voici le divin sortilège ! Un vent d’aile a couru sur la chair qui s’allège ; Des mains d’anges sur nous promènent leur douceur. Harmonie, et c’est toi, la Vierge secourable, Qui, comme un pauvre enfant, berces contre ton coeur Notre coeur infini, notre coeur misérable.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Musique sur l'eau Oh ! Écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme une agonie Dans la musique indéfinie Qu'exhale un lointain vaporeux ; D'une langueur la nuit s'enivre, Et notre cœur qu'elle délivre Du monotone effort de vivre Se meurt d'un trépas langoureux. Glissons entre le ciel et l'onde, Glissons sous la lune profonde ; Toute mon âme, loin du monde, S'est réfugiée en tes yeux, Et je regarde tes prunelles Se pâmer sous les chanterelles, Comme deux fleurs surnaturelles Sous un rayon mélodieux. Oh ! écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme l'agonie De la lèvre à la lèvre unie Dans la musique indéfinie...

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    À Ninon Si je vous le disais pourtant, que je vous aime, Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ? L’amour, vous le savez, cause une peine extrême ; C’est un mal sans pitié que vous plaignez vous-même ; Peut-être cependant que vous m’en puniriez. Si je vous le disais, que six mois de silence Cachent de longs tourments et des voeux insensés : Ninon, vous êtes fine, et votre insouciance Se plaît, comme une fée, à deviner d’avance ; Vous me répondriez peut-être : Je le sais. Si je vous le disais, qu’une douce folie A fait de moi votre ombre, et m’attache à vos pas : Un petit air de doute et de mélancolie, Vous le savez, Ninon, vous rend bien plus jolie ; Peut-être diriez-vous que vous n’y croyez pas. Si je vous le disais, que j’emporte dans l’âme Jusques aux moindres mots de nos propos du soir : Un regard offensé, vous le savez, madame, Change deux yeux d’azur en deux éclairs de flamme ; Vous me défendriez peut-être de vous voir. Si je vous le disais, que chaque nuit je veille, Que chaque jour je pleure et je prie à genoux ; Ninon, quand vous riez, vous savez qu’une abeille Prendrait pour une fleur votre bouche vermeille ; Si je vous le disais, peut-être en ririez-vous. Mais vous ne saurez rien. – Je viens, sans rien en dire, M’asseoir sous votre lampe et causer avec vous ; Votre voix, je l’entends ; votre air, je le respire ; Et vous pouvez douter, deviner et sourire, Vos yeux ne verront pas de quoi m’être moins doux. Je récolte en secret des fleurs mystérieuses : Le soir, derrière vous, j’écoute au piano Chanter sur le clavier vos mains harmonieuses, Et, dans les tourbillons de nos valses joyeuses, Je vous sens, dans mes bras, plier comme un roseau. La nuit, quand de si loin le monde nous sépare, Quand je rentre chez moi pour tirer mes verrous, De mille souvenirs en jaloux je m’empare ; Et là, seul devant Dieu, plein d’une joie avare, J’ouvre, comme un trésor, mon cœur tout plein de vous. J’aime, et je sais répondre avec indifférence ; J’aime, et rien ne le dit ; j’aime, et seul je le sais ; Et mon secret m’est cher, et chère ma souffrance ; Et j’ai fait le serment d’aimer sans espérance, Mais non pas sans bonheur ; – je vous vois, c’est assez. Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême, De mourir dans vos bras et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… Si je vous le disais pourtant, que je vous aime, Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Jamais Jamais, avez-vous dit, tandis qu'autour de nous Résonnait de Schubert la plaintive musique ; Jamais, avez-vous dit, tandis que, malgré vous, Brillait de vos grands yeux l'azur mélancolique. Jamais, répétiez-vous, pâle et d'un air si doux Qu'on eût cru voir sourire une médaille antique. Mais des trésors secrets l'instinct fier et pudique Vous couvrit de rougeur, comme un voile jaloux. Quel mot vous prononcez, marquise, et quel dommage ! Hélas ! je ne voyais ni ce charmant visage, Ni ce divin sourire, en vous parlant d'aimer. Vos yeux bleus sont moins doux que votre âme n'est belle. Même en les regardant, je ne regrettais qu'elle, Et de voir dans sa fleur un tel cœur se fermer.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    La nuit d'Octobre Le poète Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve. Je n'en puis comparer le lointain souvenir Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève, Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    La nuit de Mai Poète, prends ton luth et me donne un baiser ; La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore, Le printemps naît ce soir ; les vents vont s’embraser ; Et la bergeronnette, en attendant l’aurore, Aux premiers buissons verts commence à se poser. Poète, prends ton luth, et me donne un baiser. LE POÈTE Comme il fait noir dans la vallée ! J’ai cru qu’une forme voilée Flottait là-bas sur la forêt. Elle sortait de la prairie ; Son pied rasait l’herbe fleurie ; C’est une étrange rêverie ; Elle s’efface et disparaît. LA MUSE Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse, Balance le zéphyr dans son voile odorant. La rose, vierge encor, se referme jalouse Sur le frelon nacré qu’elle enivre en mourant. Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée. Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux. Ce soir, tout va fleurir : l’immortelle nature Se remplit de parfums, d’amour et de murmure, Comme le lit joyeux de deux jeunes époux. LE POÈTE Pourquoi mon coeur bat-il si vite ? Qu’ai-je donc en moi qui s’agite Dont je me sens épouvanté ? Ne frappe-t-on pas à ma porte ? Pourquoi ma lampe à demi morte M’éblouit-elle de clarté ? Dieu puissant ! tout mon corps frissonne. Qui vient ? qui m’appelle ? – Personne. Je suis seul ; c’est l’heure qui sonne ; Ô solitude ! ô pauvreté ! LA MUSE Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse Fermente cette nuit dans les veines de Dieu. Mon sein est inquiet ; la volupté l’oppresse, Et les vents altérés m’ont mis la lèvre en feu. Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle. Notre premier baiser, ne t’en souviens-tu pas, Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile, Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ? Ah ! je t’ai consolé d’une amère souffrance ! Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d’amour. Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance ; J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour. LE POÈTE Est-ce toi dont la voix m’appelle, Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ? Ô ma fleur ! ô mon immortelle ! Seul être pudique et fidèle Où vive encor l’amour de moi ! Oui, te voilà, c’est toi, ma blonde, C’est toi, ma maîtresse et ma soeur ! Et je sens, dans la nuit profonde, De ta robe d’or qui m’inonde Les rayons glisser dans mon coeur. LA MUSE Poète, prends ton luth ; c’est moi, ton immortelle, Qui t’ai vu cette nuit triste et silencieux, Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle, Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux. Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire Te ronge, quelque chose a gémi dans ton coeur ; Quelque amour t’est venu, comme on en voit sur terre, Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur. Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées, Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ; Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu, Éveillons au hasard les échos de ta vie, Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie, Et que ce soit un rêve, et le premier venu. Inventons quelque part des lieux où l’on oublie ; Partons, nous sommes seuls, l’univers est à nous. Voici la verte Écosse et la brune Italie, Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux, Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes, Et Messa la divine, agréable aux colombes, Et le front chevelu du Pélion changeant ; Et le bleu Titarèse, et le golfe d’argent Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire, La blanche Oloossone à la blanche Camyre. Dis-moi, quel songe d’or nos chants vont-ils bercer ? D’où vont venir les pleurs que nous allons verser ? Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière, Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet, Secouait des lilas dans sa robe légère, Et te contait tout bas les amours qu’il rêvait ? Chanterons-nous l’espoir, la tristesse ou la joie ? Tremperons-nous de sang les bataillons d’acier ? Suspendrons-nous l’amant sur l’échelle de soie ? Jetterons-nous au vent l’écume du coursier ? Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre De la maison céleste, allume nuit et jour L’huile sainte de vie et d’éternel amour ? Crierons-nous à Tarquin :  » Il est temps, voici l’ombre ! «  Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers ? Mènerons-nous la chèvre aux ébéniers amers ? Montrerons-nous le ciel à la Mélancolie ? Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés ? La biche le regarde ; elle pleure et supplie ; Sa bruyère l’attend ; ses faons sont nouveau-nés ; Il se baisse, il l’égorge, il jette à la curée Sur les chiens en sueur son coeur encor vivant. Peindrons-nous une vierge à la joue empourprée, S’en allant à la messe, un page la suivant, Et d’un regard distrait, à côté de sa mère, Sur sa lèvre entr’ouverte oubliant sa prière ? Elle écoute en tremblant, dans l’écho du pilier, Résonner l’éperon d’un hardi cavalier. Dirons-nous aux héros des vieux temps de la France De monter tout armés aux créneaux de leurs tours, Et de ressusciter la naïve romance Que leur gloire oubliée apprit aux troubadours ? Vêtirons-nous de blanc une molle élégie ? L’homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie, Et ce qu’il a fauché du troupeau des humains Avant que l’envoyé de la nuit éternelle Vînt sur son tertre vert l’abattre d’un coup d’aile, Et sur son coeur de fer lui croiser les deux mains ? Clouerons-nous au poteau d’une satire altière Le nom sept fois vendu d’un pâle pamphlétaire, Qui, poussé par la faim, du fond de son oubli, S’en vient, tout grelottant d’envie et d’impuissance, Sur le front du génie insulter l’espérance, Et mordre le laurier que son souffle a sali ? Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ; Mon aile me soulève au souffle du printemps. Le vent va m’emporter ; je vais quitter la terre. Une larme de toi ! Dieu m’écoute ; il est temps. LE POÈTE S’il ne te faut, ma soeur chérie, Qu’un baiser d’une lèvre amie Et qu’une larme de mes yeux, Je te les donnerai sans peine ; De nos amours qu’il te souvienne, Si tu remontes dans les cieux. Je ne chante ni l’espérance, Ni la gloire, ni le bonheur, Hélas ! pas même la souffrance. La bouche garde le silence Pour écouter parler le coeur. LA MUSE Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne, Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau, Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau ? Ô poète ! un baiser, c’est moi qui te le donne. L’herbe que je voulais arracher de ce lieu, C’est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu. Quel que soit le souci que ta jeunesse endure, Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure Que les noirs séraphins t’ont faite au fond du coeur : Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur. Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète, Que ta voix ici-bas doive rester muette. Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots. Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage, Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux, Ses petits affamés courent sur le rivage En le voyant au loin s’abattre sur les eaux. Déjà, croyant saisir et partager leur proie, Ils courent à leur père avec des cris de joie En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux. Lui, gagnant à pas lents une roche élevée, De son aile pendante abritant sa couvée, Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux. Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ; En vain il a des mers fouillé la profondeur ; L’Océan était vide et la plage déserte ; Pour toute nourriture il apporte son coeur. Sombre et silencieux, étendu sur la pierre Partageant à ses fils ses entrailles de père, Dans son amour sublime il berce sa douleur, Et, regardant couler sa sanglante mamelle, Sur son festin de mort il s’affaisse et chancelle, Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur. Mais parfois, au milieu du divin sacrifice, Fatigué de mourir dans un trop long supplice, Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ; Alors il se soulève, ouvre son aile au vent, Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage, Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu, Que les oiseaux des mers désertent le rivage, Et que le voyageur attardé sur la plage, Sentant passer la mort, se recommande à Dieu. Poète, c’est ainsi que font les grands poètes. Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps ; Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées, De tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur, Ce n’est pas un concert à dilater le coeur. Leurs déclamations sont comme des épées : Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant, Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. LE POÈTE Ô Muse ! spectre insatiable, Ne m’en demande pas si long. L’homme n’écrit rien sur le sable À l’heure où passe l’aquilon. J’ai vu le temps où ma jeunesse Sur mes lèvres était sans cesse Prête à chanter comme un oiseau ; Mais j’ai souffert un dur martyre, Et le moins que j’en pourrais dire, Si je l’essayais sur ma lyre, La briserait comme un roseau.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Sur trois marches de marbre rose Depuis qu'Adam, ce cruel homme, A perdu son fameux jardin, Où sa femme, autour d'une pomme, Gambadait sans vertugadin, Je ne crois pas que sur la terre Il soit un lieu d'arbres planté Plus célébré, plus visité, Mieux fait, plus joli, mieux hanté, Mieux exercé dans l'art de plaire, Plus examiné, plus vanté, Plus décrit, plus lu, plus chanté, Que l'ennuyeux parc de Versailles. Ô dieux ! ô bergers ! ô rocailles ! Vieux Satyres, Termes grognons, Vieux petits ifs en rangs d'oignons, Ô bassins, quinconces, charmilles ! Boulingrins pleins de majesté, Où les dimanches, tout l'été, Bâillent tant d'honnêtes familles ! Fantômes d'empereurs romains, Pâles nymphes inanimées Qui tendez aux passants les mains, Par des jets d'eau tout enrhumées ! Tourniquets d'aimables buissons, Bosquets tondus où les fauvettes Cherchent en pleurant leurs chansons, Où les dieux font tant de façons Pour vivre à sec dans leurs cuvettes ! Ô marronniers ! n'ayez pas peur ; Que votre feuillage immobile, Me sachant versificateur, N'en demeure pas moins tranquille. Non, j'en jure par Apollon Et par tout le sacré vallon, Par vous, Naïades ébréchées, Sur trois cailloux si mal couchées, Par vous, vieux maîtres de ballets, Faunes dansant sur la verdure, Par toi-même, auguste palais, Qu'on n'habite plus qu'en peinture, Par Neptune, sa fourche au poing, Non, je ne vous décrirai point. Je sais trop ce qui vous chagrine ; De Phoebus je vois les effets : Ce sont les vers qu'on vous a faits Qui vous donnent si triste mine. Tant de sonnets, de madrigaux, Tant de ballades, de rondeaux, Où l'on célébrait vos merveilles, Vous ont assourdi les oreilles, Et l'on voit bien que vous dormez Pour avoir été trop rimés.

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    André Breton

    André Breton

    @andreBreton

    Danseuses Acrobates - Constellation Parlez-moi de ces femmes dont la double huppe de coq de roche déploie à volonté l'arc semi-circulaire qui relie leurs narines à leurs talons, leur nuque à leur pubis et qui dans un bruit sourd toujours déchirant choisissent de s'abîmer en étoile à même la terre. L'écuyère dérive sur son patin de soie, c'est la plume au vent et son cheval n'a laissé qu'un fer étincelanl dans le ciel. Corsetée de mousse, en maillot de lumière, l'exquise Marie Spelterini s'avance sur un fil au-dessus du Niagara. Rien non plus en esprit ne se gouvernera sans le trait d'éperdu à l'expiration duquel le plus haut période d'assouplissement commande l'abandon au radar qui aiguille infailliblement les rencontres et, le doute au rebut, de tropisme en giration, doit toujours permettre de ressaisir par la main.

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre Anime la fin d'un beau jour, Au pied de l'échafaud j'essaye encor ma lyre. Peut-être est-ce bientôt mon tour ; Peut-être avant que l'heure en cercle promenée Ait posé sur l'émail brillant, Dans les soixante pas où sa route est bornée, Son pied sonore et vigilant, Le sommeil du tombeau pressera ma paupière ! Avant que de ses deux moitiés Ce vers que je commence ait atteint la dernière, Peut-être en ces murs effrayés Le messager de mort, noir recruteur des ombres, Escorté d'infâmes soldats, Remplira de mon nom ces longs corridors sombres. Quand au mouton bêlant la sombre boucherie Ouvre ses cavernes de mort, Pâtre, chiens et moutons, toute la bergerie Ne s'informe plus de son sort. Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine, Les vierges aux belles couleurs Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine Entrelaçaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui, le mangent s'il est tendre. Dans cet abîme enseveli, J'ai le même destin. Je m'y devais attendre. Accoutumons-nous à l'oubli. Oubliés comme moi dans cet affreux repaire, Mille autres moutons, comme moi Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Seront servis au peuple-roi. Que pouvaient mes amis ? Oui, de leur main chérie Un mot, à travers les barreaux, Eût versé quelque baume en mon âme flétrie ; De l'or peut-être à mes bourreaux... Mais tout est précipice. Ils ont eu droit de vivre. Vivez, amis ; vivez contents. En dépit de Bavus, soyez lents à me suivre ; Peut-être en de plus heureux temps J'ai moi-même, à l'aspect des pleurs de l'infortune, Détourné mes regards distraits ; A mon tour aujourd'hui mon malheur importune. Vivez, amis ; vivez en paix.

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Salut, ô belle nuit, étincelante et sombre Salut, ô belle nuit, étincelante et sombre, Consacrée au repos. Ô silence de l’ombre, Qui n’entends que la voix de mes vers, et les cris De la rive aréneuse où se brise Téthys. Muse, muse nocturne, apporte-moi ma lyre. Comme un fier météore, en ton brûlant délire, Lance-toi dans l’espace ; et, pour franchir les airs, Prends les ailes des vents, les ailes des éclairs, Les bonds de la comète aux longs cheveux de flamme. Mes vers impatients, élancés de mon âme, Veulent parler aux dieux, et volent où reluit L’enthousiasme errant, fils de la belle nuit. Accours, grande nature, ô mère du génie ; Accours, reine du monde, éternelle Uranie. Soit que tes pas divins sur l’astre du Lion Ou sur les triples feux du superbe Orion Marchent, ou soit qu’au loin, fugitive, emportée, Tu suives les détours de la voie argentée, Soleils amoncelés dans le céleste azur. Où le peuple a cru voir les traces d’un lait pur, Descends ; non, porte-moi sur ta route brûlante, Que je m’élève au ciel comme une flamme ardente. Déjà ce corps pesant se détache de moi. Adieu, tombeau de chair, je ne suis plus à toi. Terre, fuis sous mes pas. L’éther où le ciel nage M’aspire. Je parcours l’océan sans rivage. Plus de nuit. Je n’ai plus d’un globe opaque et dur Entre le jour et moi l’impénétrable mur. Plus de nuit, et mon œil et se perd et se mêle Dans les torrents profonds de lumière éternelle. Me voici sur les feux que le langage humain Nomme Cassiopée et l’Ourse et le Dauphin. Maintenant la Couronne autour de moi s’embrase. Ici l’Aigle et le Cygne et la Lyre et Pégase. Et voici que plus loin le Serpent tortueux Noue autour de mes pas ses anneaux lumineux. Féconde immensité, les esprits magnanimes Aiment à se plonger dans tes vivants abîmes, Abîmes de clartés, où, libre de ses fers. L’homme siège au conseil qui créa l’univers ; Où l’âme, remontant à sa grande origine, Sent qu’elle est une part de l’essence divine…

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose, A votre fuite en vain un long regret s'oppose. Beaux jours, quoique, souvent obscurcis de mes pleurs, Vous dont j'ai su jouir même au sein des douleurs, Sur ma tête bientôt vos fleurs seront fanées ; Hélas ! bientôt le flux des rapides années Vous aura loin de moi fait voler sans retour. Oh ! si du moins alors je pouvais à mon tour ; Champêtre possesseur, dans mon humble chaumière Offrir à mes amis une ombre hospitalière ; Voir mes lares charmés, pour les bien recevoir, A de joyeux banquets la nuit les faire asseoir ; Et là nous souvenir, au milieu de nos fêtes, Combien chez eux longtemps, dans leurs belles retraites, Soit sur ces bords heureux, opulents avec choix, Où Montigny s'enfonce en ses antiques bois, Soit où la Marne lente, en un long cercle d'îles, Ombrage de bosquets l'herbe et les prés fertiles, J'ai su, pauvre et content, savourer à longs traits Les muses, les plaisirs, et l'étude et la paix. Qui ne sait être pauvre est né pour l'esclavage. Qu'il serve donc les grands, les flatte, les ménage ; Qu'il plie, en approchant de ces superbes fronts, Sa tête à la prière, et son âme aux affronts, Pour qu'il puisse, enrichi de ces affronts utiles, Enrichir à son tour quelques têtes serviles. De ses honteux trésors je ne suis point jaloux. Une pauvreté libre est un trésor si doux ! Il est si doux, si beau, de s'être fait soi-même, De devoir tout à soi, tout aux beaux-arts qu'on aime ; Vraie abeille en ses dons, en ses soins, en ses mœurs, D'avoir su se bâtir, des dépouilles des fleurs, Sa cellule de cire, industrieux asile Où l'on coule une vie innocente et facile ; De ne point vendre aux grands ses hymnes avilis ; De n'offrir qu'aux talents de vertus ennoblis, Et qu'à l'amitié douce et qu'aux douces faiblesses, D'un encens libre et pur les honnêtes caresses ! Ainsi l'on dort tranquille, et, dans son saint loisir, Devant son propre cœur on n'a point à rougir. Si le sort ennemi m'assiège et me désole, On pleure : mais bientôt la tristesse s'envole ; Et les arts, dans un cœur de leur amour rempli, Versent de tous les maux l'indifférent oubli. Les délices des arts ont nourri mon enfance. Tantôt, quand d'un ruisseau, suivi dès sa naissance, La nymphe aux pieds d'argent a sous de longs berceaux Fait serpenter ensemble et mes pas et ses eaux, Ma main donne au papier, sans travail, sans étude, Des vers fils de l'amour et de la solitude ; Tantôt de mon pinceau les timides essais Avec d'autres couleurs cherchent d'autres succès Ma toile avec Sappho s'attendrit et soupire ; Elle rit et s'égaye aux danses du satyre ; Ou l'aveugle Ossian y vient pleurer ses yeux, Et pense voir et voit ses antiques aïeux Qui dans l'air, appelés à ses hymnes sauvages, Arrêtent près de lui leurs palais de nuages. Beaux-arts, ô de la vie aimables enchanteurs, Des plus sombres ennuis riants consolateurs, Amis sûrs dans la peine et constantes maîtresses, Dont l'or n'achète point l'amour ni les caresses, Beaux-arts, dieux bienfaisants, vous que vos favoris Par un indigne usage ont tant de fois flétris, Je n'ai point partagé leur honte trop commune ; Sur le front des époux de l'aveugle Fortune Je n'ai point fait ramper vos lauriers trop jaloux : J'ai respecté les dons que j'ai reçus de vous. Je ne vais point, à prix de mensonges serviles, Vous marchander au loin des récompenses viles, Et partout, de mes vers ambitieux lecteur, Faire trouver charmant mon luth adulateur. Abel, mon jeune Abel, et Trudaine et son frère, Ces vieilles amitiés de l'enfance première, Quand tous quatre, muets, sous un maître inhumain, Jadis au châtiment nous présentions la main ; Et mon frère, et Le Brun, les Muses elles-mêmes De Pange, fugitif de ces neuf Sœurs qu'il aime : Voilà le cercle entier qui, le soir quelquefois, A des vers non sans peine obtenus de ma voix, Prête une oreille amie et cependant sévère. Puissé-je ainsi toujours dans cette troupe chère Me revoir, chaque fois que mes avides yeux Auront porté longtemps mes pas de lieux en lieux, Amant des nouveautés compagnes de voyage ; Courant partout, partout cherchant à mon passage Quelque ange aux yeux divins qui veuille me charmer, Qui m'écoute ou qui m'aime, ou qui se laisse aimer !

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    A la musique Place de la Gare, à Charleville. Sur la place taillée en mesquines pelouses, Square où tout est correct, les arbres et les fleurs, Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses. – L’orchestre militaire, au milieu du jardin, Balance ses schakos dans la Valse des fifres : Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ; Le notaire pend à ses breloques à chiffres. Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs : Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames Auprès desquelles vont, officieux cornacs, Celles dont les volants ont des airs de réclames ; Sur les bancs verts, des clubs d’épiciers retraités Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme, Fort sérieusement discutent les traités, Puis prisent en argent, et reprennent :  » En somme !…  » Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins, Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande, Savoure son onnaing d’où le tabac par brins Déborde – vous savez, c’est de la contrebande ; – Le long des gazons verts ricanent les voyous ; Et, rendus amoureux par le chant des trombones, Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious Caressent les bébés pour enjôler les bonnes… – Moi, je suis, débraillé comme un étudiant, Sous les marronniers verts les alertes fillettes : Elles le savent bien ; et tournent en riant, Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes. Je ne dis pas un mot : je regarde toujours La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles : Je suis, sous le corsage et les frêles atours, Le dos divin après la courbe des épaules. J’ai bientôt déniché la bottine, le bas… – Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres. Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas… – Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres…

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Bal des pendus Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins. Messire Belzébuth tire par la cravate Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel, Et, leur claquant au front un revers de savate, Les fait danser, danser aux sons d’un vieux Noël ! Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles Comme des orgues noirs, les poitrines à jour Que serraient autrefois les gentes damoiselles Se heurtent longuement dans un hideux amour. Hurrah ! les gais danseurs, qui n’avez plus de panse ! On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs ! Hop ! qu’on ne sache plus si c’est bataille ou danse ! Belzébuth enragé racle ses violons ! Ô durs talons, jamais on n’use sa sandale ! Presque tous ont quitté la chemise de peau ; Le reste est peu gênant et se voit sans scandale. Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau : Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées, Un morceau de chair tremble à leur maigre menton : On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées, Des preux, raides, heurtant armures de carton. Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes ! Le gibet noir mugit comme un orgue de fer ! Les loups vont répondant des forêts violettes : A l’horizon, le ciel est d’un rouge d’enfer… Holà, secouez-moi ces capitans funèbres Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés Un chapelet d’amour sur leurs pâles vertèbres : Ce n’est pas un moustier ici, les trépassés ! Oh ! voilà qu’au milieu de la danse macabre Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou Emporté par l’élan, comme un cheval se cabre : Et, se sentant encor la corde raide au cou, Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque Avec des cris pareils à des ricanements, Et, comme un baladin rentre dans la baraque, Rebondit dans le bal au chant des ossements. Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Fête d'hiver La cascade sonne derrière les huttes d'opéra-comique. Des girandoles prolongent, dans les vergers et les allées voisins du Méandre, — les verts et les rouges du couchant. Nymphes d'Horace coiffées au Premier Empire, — Rondes Sibériennes, Chinoises de Boucher.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Fête galante Rêveur, Scapin Gratte un lapin Sous sa capote. Colombina, -Que l'on pina! - - Do, mi, - tapote L'œil du lapin Qui tôt, tapin, Est en ribote...

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Fêtes de la faim Ma faim, Anne, Anne, Fuis sur ton âne. Si j’ai du goût, ce n’est guère Que pour la terre et les pierres. Dinn ! dinn ! dinn ! dinn ! je pais l’air, Le roc, les Terres, le fer. Tournez, les faims ! paissez, faims, Le pré des sons ! Puis l’humble et vibrant venin Des liserons ; Les cailloux qu’un pauvre brise, Les vieilles pierres d’églises, Les galets, fils des déluges, Pains couchés aux vallées grises ! Mes faims, c’est les bouts d’air noir ; L’azur sonneur ; – C’est l’estomac qui me tire, C’est le malheur. Sur terre ont paru les feuilles : Je vais aux chairs de fruit blettes. Au sein du sillon je cueille La doucette et la violette. Ma faim, Anne, Anne ! Fuis sur ton âne. (Deuxième version) Ma faim, Anne, Anne, Fuis sur ton âne. Si j’ai du goût, ce n’est guère Que pour la terre et les pierres. Dinn! dinn! dinn! dinn ! Mangeons l’air, Le roc, les charbons, le fer. Mes faims, tournez. Paissez, faims, Le pré des sons ! Attirez le gai venin Des liserons ; Mangez Les cailloux qu’un pauvre brise, Les vieilles pierres d’église, Les galets, fils des déluges, Pains couchés aux vallées grises ! Mes faims, c’est les bouts d’air noir; L’azur sonneur; – C’est l’estomac qui me tire. C’est le malheur. Sur terre ont paru les feuilles ! Je vais aux chairs de fruit blettes. Au sein du sillon je cueille La doucette et la violette. Ma faim, Anne, Anne ! Fuis sur ton âne. Août 1872.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Ma bohème Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. – Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Voyelles A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ; I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ; U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ; O, suprême Clairon plein des strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges : — O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

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    Auguste Barbier

    Auguste Barbier

    @augusteBarbier

    Au Bal de L'Opera - Satire Arlequin et Pierrot se rencontrent au foyer: Pierrot est seul sur un banc, abîmé dans ses Réflexions. Arlequin. Toujours triste, toujours soucieux, cher Pierrot, Et toujours mécontent du monde comme un sot! C' est un tort, un grand tort: il faut fuir la tristesse Et faire de chaque heure une charmante ivresse. Pierrot. Dans mes pensers je suis la constance elle-même; Vois mon gilet, mes bas et ma figure blême! Je suis blanc, toujours blanc comme un lis du Carmel. Arlequin. Quant à moi, mon habit est l' éclatant symbole De mes goûts fugitifs comme de ma parole. Jaune, vert, rouge, bleu, blanc et noir, j' ai vraiment D' un perroquet bavard le riche accoutrement, Et sur les papillons ma vertu se modèle. En ce moment ici, demain là, j' ouvre l' aile À chaque vent qui passe, et vole sans détour Courtiser toute fleur de puissance et d' amour. Changer est, selon moi, véritable sagesse, Et, comme dit Hégel, ce maître sans second, Dont on n' a pas encor saisi le sens profond, Mon cher, je ne suis pas, mais je me fais sans cesse. Pierrot. Tu dois te fatiguer beaucoup à ce métier, Et je ne voudrais pas même un jour l' essayer; Changer, changer toujours, mon ami, que de peine! Suer d' âme et de corps, se mettre hors d' haleine, Et pour attraper quoi? Pour, la plupart du temps, Pincer des rogatons quand on n' a plus de dents! Arlequin. Oui, grand observateur des choses de la vie, J' en ai bien calculé les chances et j' ai vu Qu' à changer notre temps n' est point toujours perdu, Et qu' on gagne parfois à la palinodie Des places, de l' argent, des décorations, Un fauteuil au sénat, voire à l' académie, Et c' est bien quelque chose, ami, que ces lardons. Pierrot. Cela dépend du prix qu' on y met, de l' estime Qu' on en fait. -quant à moi j' aime peu le sublime, Tu le sais, j' ai des goûts modestes: un bon plat Cuit à point, un flacon de beaune ou de muscat Et les embrassements de ma chère Pierrette, Voilà ce qu' il me faut, tout ce que je souhaite En ce monde. -pour moi, le reste ne vaut pas L' effort d' un seul regard, la dépense d' un pas. Arlequin. Lorsque le vin est bon, la Pierrette charmante, Ton système, mon cher, n' est pas à réformer; Mais le vin peut s' aigrir et ta gentille infante Suivre un autre caprice et cesser de t' aimer: Alors que feras-tu dans ta détresse amère? Pierrot. Hélas! Ce qu' à cette heure encore on me voit faire, Regarder tristement la pointe de mes bas En attendant l' objet aimé qui ne vient pas. Arlequin. Et si ta belle amie au bras d' un autre file Et te laisse en un coin, seul, croquer le marmot, Est-ce que tu serais, par Vénus! Assez sot Pour demeurer fidèle à cette âme mobile? Pierrot. Mon cher, je ne peux pas changer de naturel. La constance est mon lot sur ce globe mortel, Et si Pierrette rit de ma tendresse extrême, Je suis homme à l' aimer et l' adorer quand même. Arlequin. Bon courage, Pierrot, et surtout du bonheur! Je te laisse en pâture à la mélancolie, Broie à ton gré du noir, -j' estime trop la vie Pour la couvrir jamais d' un voile de langueur. Tu vois là-bas ce gros et grave personnage Qui s' avance escorté de deux femmes aux bras, Deux démons babillant et riant aux éclats? C' est un homme d' état et du plus haut parage. Il rentre tout à fait dans mes façons de voir. En ses opinions politiques, ce sage A, ma foi, plus souvent passé du blanc au noir Que la lune en un mois n' a changé de visage. Je pense qu' en amour il a le même usage Et m' en vais donc avec ses deux lutins et lui Achever galamment le reste de ma nuit. Pierrot. Libre à chacun d' aller où son instinct l' entraîne; Des êtres d' ici-bas c' est la loi souveraine, Et la tienne partant... vole de fleurs en fleurs, Ô léger papillon aux brillantes couleurs. Bonne chance surtout, car en courant les belles À plus d' un feu follet on peut griller ses ailes! Publié en .

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    Blaise Cendrars

    Blaise Cendrars

    @blaiseCendrars

    Bal Un couple américain danse des danses apaches Les jeunes Argentines boudent l'orchestre et méprisent cordialement les jeunes gens du bord Les Portugais éclatent en applaudissements dès qu'on joue un air portugais Les Français font bande à part rient fort et se moquent de tout le monde Seules les petites bonnes ont envie de danser dans leurs belles robes J'invite la nourrice nègre au grand scandale des uns et pour l'amusement des autres Le couple américain redanse des danses apaches

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Danse Macabre Fière, autant qu'un vivant, de sa noble stature, Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants, Elle a la nonchalance et la désinvolture D'une coquette maigre aux airs extravagants. Vit-on jamais au bal une taille plus mince ? Sa robe exagérée, en sa royale ampleur, S'écroule abondamment sur un pied sec que pince Un soulier pomponné, joli comme une fleur. La ruche qui se joue au bord des clavicules, Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher, Défend pudiquement des lazzi ridicules Les funèbres appas qu'elle tient à cacher. Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres, Et son crâne, de fleurs artistement coiffé, Oscille mollement sur ses frêles vertèbres. Ô charme d'un néant follement attifé. Aucuns t'appelleront une caricature, Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair, L'élégance sans nom de l'humaine armature. Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher ! Viens-tu troubler, avec ta puissante grimace, La fête de la Vie ? ou quelque vieux désir, Éperonnant encor ta vivante carcasse, Te pousse-t-il, crédule, au sabbat du Plaisir ? Au chant des violons, aux flammes des bougies, Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur, Et viens-tu demander au torrent des orgies De rafraîchir l'enfer allumé dans ton coeur ? Inépuisable puits de sottise et de fautes ! De l'antique douleur éternel alambic ! A travers le treillis recourbé de tes côtes Je vois, errant encor, l'insatiable aspic. Pour dire vrai, je crains que ta coquetterie Ne trouve pas un prix digne de ses efforts ; Qui, de ces coeurs mortels, entend la raillerie ? Les charmes de l'horreur n'enivrent que les forts ! Le gouffre de tes yeux, plein d'horribles pensées, Exhale le vertige, et les danseurs prudents Ne contempleront pas sans d'amères nausées Le sourire éternel de tes trente-deux dents. Pourtant, qui n'a serré dans ses bras un squelette, Et qui ne s'est nourri des choses du tombeau ? Qu'importe le parfum, l'habit ou la toilette ? Qui fait le dégoûté montre qu'il se croit beau. Bayadère sans nez, irrésistible gouge, Dis donc à ces danseurs qui font les offusqués : " Fiers mignons, malgré l'art des poudres et du rouge, Vous sentez tous la mort ! Ô squelettes musqués, Antinoüs flétris, dandys, à face glabre, Cadavres vernissés, lovelaces chenus, Le branle universel de la danse macabre Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus ! Des quais froids de la Seine aux bords brûlants du Gange, Le troupeau mortel saute et se pâme, sans voir Dans un trou du plafond la trompette de l'Ange Sinistrement béante ainsi qu'un tromblon noir. En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire En tes contorsions, risible Humanité, Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe, Mêle son ironie à ton insanité ! "

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Je te donne ces vers… Je te donne ces vers afin que si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et fait rêver un soir les cervelles humaines, Vaisseau favorisé par un grand aquilon, Ta mémoire, pareille aux fables incertaines, Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon, Et par un fraternel et mystique chaînon Reste comme pendue à mes rimes hautaines ; Être maudit à qui, de l’abîme profond Jusqu’au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne réponds ! – Ô toi qui, comme une ombre à la trace éphémère, Foules d’un pied léger et d’un regard serein Les stupides mortels qui t’ont jugée amère, Statue aux yeux de jais, grand ange au front d’airain !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'albatros Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le guignon Pour soulever un poids si lourd, Sisyphe, il faudrait ton courage! Bien qu’on ait du coeur à l’ouvrage, L’Art est long et le Temps est court. Loin des sépultures célèbres, Vers un cimetière isolé, Mon coeur, comme un tambour voilé, Va battant des marches funèbres. — Maint joyau dort enseveli Dans les ténèbres et l’oubli, Bien loin des pioches et des sondes; Mainte fleur épanche à regret Son parfum doux comme un secret Dans les solitudes profondes.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Les phares Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse, Oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer, Mais où la vie afflue et s’agite sans cesse, Comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer ; Léonard de Vinci, miroir profond et sombre, Où des anges charmants, avec un doux souris Tout chargé de mystère, apparaissent à l’ombre Des glaciers et des pins qui ferment leur pays, Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures, Et d’un grand crucifix décoré seulement, Où la prière en pleurs s’exhale des ordures, Et d’un rayon d’hiver traversé brusquement ; Michel-Ange, lieu vague où l’on voit des Hercules Se mêler à des Christs, et se lever tout droits Des fantômes puissants qui dans les crépuscules Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts ; Colères de boxeur, impudences de faune, Toi qui sus ramasser la beauté des goujats, Grand coeur gonflé d’orgueil, homme débile et jaune, Puget, mélancolique empereur des forçats, Watteau, ce carnaval où bien des coeurs illustres, Comme des papillons, errent en flamboyant, Décors frais et légers éclairés par des lustres Qui versent la folie à ce bal tournoyant ; Goya, cauchemar plein de choses inconnues, De foetus qu’on fait cuire au milieu des sabbats, De vieilles au miroir et d’enfants toutes nues, Pour tenter les démons ajustant bien leurs bas ; Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges, Ombragé par un bois de sapins toujours vert, Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges Passent, comme un soupir étouffé de Weber ; Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes, Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum, Sont un écho redit par mille labyrinthes ; C’est pour les coeurs mortels un divin opium ! C’est un cri répété par mille sentinelles, Un ordre renvoyé par mille porte-voix ; C’est un phare allumé sur mille citadelles, Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois ! Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge Et vient mourir au bord de votre éternité !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Paysage Je veux, pour composer chastement mes églogues, Coucher auprès du ciel, comme les astrologues, Et, voisin des clochers, écouter en rêvant Leurs hymnes solennels emportés par le vent. Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde, Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ; Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité, Et les grands ciels qui font rêver d'éternité. Il est doux, à travers les brumes, de voir naître L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre, Les fleuves de charbon monter au firmament Et la lune verser son pâle enchantement. Je verrai les printemps, les étés, les automnes ; Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones, Je fermerai partout portières et volets Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais. Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres, Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin, Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin. L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre, Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ; Car je serai plongé dans cette volupté D'évoquer le Printemps avec ma volonté, De tirer un soleil de mon cœur, et de faire De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

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    C

    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    Vénus de milo Marbre sacré, vêtu de force et de génie, Déesse irrésistible au port victorieux, Pure comme un éclair et comme une harmonie, O Vénus, ô beauté, blanche mère des Dieux ! Tu n'es pas Aphrodite, au bercement de l'onde, Sur ta conque d'azur posant un pied neigeux, Tandis qu'autour de toi, vision rose et blonde, Volent les Rires d'or avec l'essaim des Jeux.

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    L’attente Je languis pour toi, mon amour, c’est trop ! De fabuleuses touches, doigts doux au piano, Sur tout l’instrument, hanté de frissons, Voix veloutées, soupires profonds, A un cheveu près avec mes défauts, Je te sens me caresser sous la peau. Encore des frissons puisque tu me manques, Un manque de rappels physiques pour l’instant, Jusqu’au jour, oui, retour dans mes bras, joie ! Sublime mais tranquille et active de toute foi.

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    Petite épître au roi En m'ébattant je fais rondeaux en rime, Et en rimant bien souvent, je m'enrime ; Bref, c'est pitié d'entre nous rimailleurs, Car vous trouvez assez de rime ailleurs, Et quand vous plait, mieux que moi rimassez, Des biens avez et de la rime assez : Mais moi, à tout ma rime et ma rimaille, Je ne soutiens, dont je suis marri, maille. Or ce me dit un jour quelque rimart : Viens ça, Marot, trouves-tu en rime art Qui serve aux gens, toi qui as rimassé ? – Oui vraiment, réponds-je, Henri Macé ; Car, vois-tu bien, la personne rimante Qui au jardin de son sens la rime ente, Si elle n'a des biens en rimoyant, Elle prendra plaisir en rime oyant. Et m'est avis, que si je ne rimois, Mon pauvre corps ne serait nourri mois, Ne demi-jour. Car la moindre rimette, C'est le plaisir, où faut que mon ris mette. Si vous supplie, qu'à ce jeune rimeur Fassiez avoir par sa rime heur, Afin qu'on dise, en prose ou en rimant, Ce rimailleur, qui s'allait enrimant, Tant rimassa, rima et rimonna, Qu'il a connu quel bien par rime on a.

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