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Bonheur

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Bonheur

Poésies de la collection bonheur

    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Au Cabaret Vert, cinq heures du soir Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi. – Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines De beurre et du jambon qui fût à moitié froid. Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table Verte : je contemplai les sujets très naïfs De la tapisserie. – Et ce fut adorable, Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs, – Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! – Rieuse, m’apporta des tartines de beurre, Du jambon tiède, dans un plat colorié, Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse Que dorait un rayon de soleil arriéré.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Jeune ménage La chambre est ouverte au ciel bleu turquin ; Pas de place : des coffrets et des huches ! Dehors le mur est plein d’aristoloches Où vibrent les gencives des lutins. Que ce sont bien intrigues de génies Cette dépense et ces désordres vains ! C’est la fée africaine qui fournit La mûre, et les résilles dans les coins. Plusieurs entrent, marraines mécontentes, En pans de lumière dans les buffets, Puis y restent ! le ménage s’absente Peu sérieusement, et rien ne se fait. Le marié a le vent qui le floue Pendant son absence, ici, tout le temps. Même des esprits des eaux, malfaisants Entrent vaguer aux sphères de l’alcôve. La nuit, l’amie oh, la lune de miel Cueillera leur sourire et remplira De mille bandeaux de cuivre le ciel. Puis ils auront affaire au malin rat. – S’il n’arrive pas un feu follet blême, Comme un coup de fusil, après des vêpres. – O spectres saints et blancs de Bethléem, Charmez plutôt le bleu de leur fenêtre ! 27 juin 1872.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Ma bohème Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. – Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Sensation Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, – heureux comme avec une femme. Mars 1870

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Ô saisons, ô châteaux Ô saisons ô châteaux, Quelle âme est sans défauts ? Ô saisons, ô châteaux, J'ai fait la magique étude Du Bonheur, que nul n'élude. Ô vive lui, chaque fois Que chante son coq gaulois. Mais ! je n'aurai plus d'envie, Il s'est chargé de ma vie. Ce Charme ! il prit âme et corps. Et dispersa tous efforts. Que comprendre à ma parole ? Il fait qu'elle fuie et vole ! Ô saisons, ô châteaux ! Et, si le malheur m'entraîne, Sa disgrâce m'est certaine. Il faut que son dédain, las ! Me livre au plus prompt trépas ! - Ô Saisons, ô Châteaux !

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Souvenirs d’enfance O frère, ô jeune ami, dernier fils de ma mère, O toi qui devanças, dans le val regretté, Cette enfant, notre sœur, une rose éphémère, Qui ne vécut qu’un jour d’été ; Que fais-tu, cher absent, ô mon frère ! à cette heure Où mon cœur et mes yeux se retournent vers toi ? Ta pensée, évoquant les beaux jours que je pleure, Revole-t-elle aussi vers moi ? Souvent dans mon exil, je rêve à notre enfance, A nos matins si purs écoulés sous les bois, Et sur mon front le vent des souvenirs balance Les molles ombres d’autrefois. Pour tromper les ennuis d’un présent bien aride Pour rafraîchir mon pied que la route a lassé, Je remonte, songeur, à la source limpide Qui gazouille dans mon passé. De nos beaux jours c’était le matin et le rêve : Tout était joie et chants, fleurs et félicités ! O bonheurs des enfants que le temps nous enlève, Pourquoi nous avez-vous quittés ? Nous étions trois alors. Éveillés dès l’aurore, Sortant du nid à l’heure où l’aube sort du ciel, Nous allions dans les fleurs qu’elle avait fait éclore Boire la rosée et le miel. Elle et toi, de concert à ma voix indociles, Vous braviez du soleil les torrides chaleurs. Quand ma mère accourait, l’arbre aux ombres mobiles Voilait nos plaisirs querelleurs. Elle avait tout vu. Quittant le frais ombrage, Nous lisions notre faute à son front rembruni. Moi – j’étais votre aîné – bien qu’étant le plus sage, Je n’étais pas le moins puni. Nous la suivions. Bientôt, trompant sa vigilance, Nous revolions aux champs, au grand air, au soleil, Et des bois assoupis, tiède abri du silence, Nous allions troubler le sommeil. Alors, malheur à l’arbre à la grappe embaumée, Au fruit d’or rayonnant à travers les rameaux ! Nous brisions branche et fruits, la grappe et la ramée, Et jusqu’aux nids des tourtereaux. Et puis nous descendions la pente des ravines, Où l’onde et les oiseaux confondaient leurs chansons, Nous heurtant aux cailloux, nous blessant aux épines Des framboisiers et des buissons. Un lac était au bas, large, aux eaux peu profondes. Sur ses bords qu’ombrageait le dais mouvant des bois, Avec les beaux oiseaux furtifs amis des ondes, Enfants, nous jouions tous les trois. Pour suivre sur les flots leur caprice sauvage, Des troncs du bananier nous faisions un radeau, Et sur ce frêle esquif, glissant près du rivage, Nous poursuivions les poules d’eau. Ma sœur, trempant ses pieds dans l’onde claire et belle, Comme la fée-enfant de ces bords enchanteurs, Jetait aux bleus oiseaux qui nageaient devant elle Des fruits, des baisers et des fleurs. Et puis nous revenions. Notre mère, inquiète, Pour nous punir s’armant de sévères froideurs, Nous attendait au seuil de l’humble maisonnette, Heureuse, avec des mots grondeurs. O chagrin des enfants, qu’aisément tu désarmes Les mères ! Nous donnant et des fruits et du lait, Elle mêlait aux mots qui nous coûtaient des larmes Le baiser qui nous consolait. Ainsi coulaient nos jours. – O radieuse aurore ! O mes doux compagnons, je crois vous voir encore ! Bonheurs évanouis des printemps révolus, Soleils des gais matins qui ne m’éclairez plus, A vos jeunes chaleurs rajeunissant mon être, Je sens mon cœur revivre et mon passé renaître ! Je vous retrouve enfin ! Je vois là, sous mes yeux, Courir sur les gazons mes souvenirs joyeux. Je vois, de notre mère oubliant la défense, Par les grands champs de riz voltiger notre enfance. Chassons le papillon, l’insecte, les oiseaux, Glanons un fruit tombé sur le cristal des eaux ; C’est le ravin, le lac aux vagues argentines, Le vieil arbre ombrageant nos têtes enfantines ; C’est toi, c’est notre mère aux yeux pleins de douceur ! C’est moi, c’est… ; ô mon frère ! où donc est notre sœur ? Un tertre vert, voilà ce qui nous reste d’elle ! Quand une âme est si blanche, à lui Dieu la rappelle. Tige, orgueil de nos champs et que la brise aimait, Tout en elle brillait, fleurissait, embaumait. Lys sans tache, à la vie elle venait d’éclore, Douce comme un parfum, blonde comme une aurore ! Le soleil à ses jours mesurait les chaleurs ; Des roses du Bengale elle avait les pâleurs. Oh ! les fins cheveux d’or ! Les nouvelles épouses Du bonheur de ma mère, hélas ! étaient jalouses. Toutes lui faisaient fête et, des mains et des yeux Caressant de son front l’ovale harmonieux, Demandaient au Seigneur, d’une lèvre muette, Un blond enfant semblable à cette blonde tête ! Nos Noirs, comme ils l’aimaient ! Dans leur langue de feu Ils la disaient l’étoile et la fille de Dieu. Naïfs, ils comparaient cette fleur des savanes Aux fraîches visions qui hantent les cabanes : C’était un bon génie, une âme douce aux Noirs ; Et, lorsque du labour ils revenaient, les soirs, Tous, ils lui rapportaient des nids et des jam-roses, Ou le bleu papillon, amant ailé des roses. Hélas ! que vous dirais-je encor de notre sœur ? Elle était tout pour nous, grâce et fée, astre et fleur ; L’ange de la maison au nimbe d’innocence ; La tige virginale, et le palmier d’enfance Qui, croissant avec nous sous les yeux maternels, Mêlait à nos rameaux ses rameaux fraternels. C’est ma nourrice aussi qui l’avait élevée : Nous étions presque enfants d’une même couvée ; Oiseaux à qui le ciel faisait des jours pareils, Un même nid le soir berçait nos longs sommeils. Temps heureux ! Et la mort ! ô deuil ! ma pauvre mère !… Elle vint après nous et s’en fut la première. Sous un souffle glacé j’ai vu ployer son corps ; L’ange froid des tombeaux éteignit sa prunelle, Et, loin d’un sol en pleurs l’emportant sur son aile, Ensemble ils sont partis pour le pays des morts. Sa tombe ?… Elle est au pied de la haute colline Dont le front large et nu sur l’Océan s’incline ; Où la vague aux soupirs des mornes filaos Vient mêler jour et nuit ses lugubres sanglots, Et semble pour les morts, d’une voix solennelle, Chanter le Requiem de sa plainte éternelle. Paris, 1840.

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    Casimir Delavigne

    Casimir Delavigne

    @casimirDelavigne

    Épilogue A vous, puissans du monde, à vous, rois de la terre, Qui tenez dans vos mains et la paix et la guerre, À vous de décider si lassés de souffrir, Les grecs ont pris le fer pour vaincre ou pour mourir : Si du Tage au Volga, de la Tamise au Tibre, L’Europe désormais doit être esclave ou libre. Libre, elle bénira votre auguste équité ; Non qu’elle offre ses vœux à cette liberté Qui des plus saintes lois s’affranchit par le glaive, Marche sans but, sans frein, sur des débris s’élève, Triomphe dans le trouble, et, vantant ses bienfaits, Pour un abus détruit enfante cent forfaits. La sage liberté qu’elle attend, qu’elle implore, Qui préside à mes chants, que tout grand peuple adore, Par le bonheur public affermit les états ; Créant des citoyens, elle fait des soldats, Enchaîne la licence, abat la tyrannie, Des pouvoirs balancés entretient l’harmonie, Réunit les sujets sous le sceptre des rois, Rapproche tous les rangs, garantit tous les droits, Et, favorable à tous, de son ombre éternelle Couvre jusqu’aux ingrats qui conspirent contre elle ! Ainsi le chêne épais reçoit sous ses rameaux, Défend des feux du jour ces immondes troupeaux Qui, cherchant à ses pieds leur sauvage pâture, Des gazons soulevés flétrissent la verdure, Insultent vainement dans ses profonds appuis Ce tronc qui leur prodigue et son ombre et ses fruits, Et les écraserait de ses vastes ruines, S’ils pouvaient de la terre arracher ses racines.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Bohémiens en Voyage La tribu prophétique aux prunelles ardentes Hier s'est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes. Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots où les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes. Du fond de son réduit sablonneux le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson ; Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures, Fait couler le rocher et fleurir le désert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L'empire familier des ténèbres futures.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    La chevelure Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! Comme d’autres esprits voguent sur la musique, Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum. J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ; Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève ! Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts : Un port retentissant où mon âme peut boire A grands flots le parfum, le son et la couleur ; Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur. Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ; Et mon esprit subtil que le roulis caresse Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé ! Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m’enivre ardemment des senteurs confondues De l’huile de coco, du musc et du goudron. Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde ! N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le chat (2) I Dans ma cervelle se promène Ainsi qu’en son appartement, Un beau chat, fort, doux et charmant. Quand il miaule, on l’entend à peine, Tant son timbre est tendre et discret ; Mais que sa voix s’apaise ou gronde, Elle est toujours riche et profonde. C’est là son charme et son secret. Cette voix, qui perle et qui filtre Dans mon fonds le plus ténébreux, Me remplit comme un vers nombreux Et me réjouit comme un philtre. Elle endort les plus cruels maux Et contient toutes les extases ; Pour dire les plus longues phrases, Elle n’a pas besoin de mots. Non, il n’est pas d’archet qui morde Sur mon coeur, parfait instrument, Et fasse plus royalement Chanter sa plus vibrante corde, Que ta voix, chat mystérieux, Chat séraphique, chat étrange, En qui tout est, comme en un ange, Aussi subtil qu’harmonieux ! II De sa fourrure blonde et brune Sort un parfum si doux, qu’un soir J’en fus embaumé, pour l’avoir Caressée une fois, rien qu’une. C’est l’esprit familier du lieu ; Il juge, il préside, il inspire Toutes choses dans son empire ; Peut-être est-il fée, est-il dieu ? Quand mes yeux, vers ce chat que j’aime Tirés comme par un aimant Se retournent docilement Et que je regarde en moi-même Je vois avec étonnement Le feu de ses prunelles pâles, Clairs fanaux, vivantes opales, Qui me contemplent fixement.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Maesta et errabunda Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe, Loin du noir océan de l'immonde cité, Vers un autre océan où la splendeur éclate, Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ? Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe ? La mer, la vaste mer, console nos labeurs ! Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs, De cette fonction sublime de berceuse ? La mer, la vaste mer, console nos labeurs ! Emporte-moi, wagon ! enlève-moi, frégate ! Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs ! - Est-il vrai que parfois le triste cœur d'Agathe Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs, Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate ?

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Semper eadem D'où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrange, Montant comme la mer sur le roc noir et nu ?" - Quand notre cœur a fait une fois sa vendange, Vivre est un mal. C'est un secret de tous connu, Une douleur très simple et non mystérieuse, Et, comme votre joie, éclatante pour tous. Cessez donc de chercher, ô belle curieuse ! Et, bien que votre voix soit douce, taisez-vous ! Taisez-vous, ignorante ! âme toujours ravie ! Bouche au rire enfantin ! Plus encor que la Vie, La Mort nous tient souvent par des liens subtils. Laissez, laissez mon cœur s'enivrer d'un mensonge, Plonger dans vos beaux yeux comme dans un beau songe, Et sommeiller longtemps à l'ombre de vos cils !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Un voyage à Cythère Mon coeur, comme un oiseau, voltigeait tout joyeux Et planait librement à l'entour des cordages ; Le navire roulait sous un ciel sans nuages, Comme un ange enivré d'un soleil radieux. Quelle est cette île triste et noire ? - C'est Cythère, Nous dit-on, un pays fameux dans les chansons, Eldorado banal de tous les vieux garçons. Regardez, après tout, c'est une pauvre terre.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Je sais faire des vers perpétuels Je sais faire des vers perpétuels. Les hommes Sont ravis à ma voix qui dit la vérité. La suprême raison dont j'ai, fier, hérité Ne se payerait pas avec toutes les sommes. J'ai tout touché : le feu, les femmes, et les pommes ; J'ai tout senti : l'hiver, le printemps et l'été J'ai tout trouvé, nul mur ne m'ayant arrêté. Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ? Je me distrais à voir à travers les carreaux Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques Où le bonheur est un suivi de six zéros. Je m'étonne, valant bien les rois, les évêques, Les colonels et les receveurs généraux De n'avoir pas de l'eau, du soleil, des pastèques.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    La vie idéale Une salle avec du feu, des bougies, Des soupers toujours servis, des guitares, Des fleurets, des fleurs, tous les tabacs rares, Où l'on causerait pourtant sans orgies. Au printemps lilas, roses et muguets, En été jasmins, oeillets et tilleuls Rempliraient la nuit du grand parc où, seuls Parfois, les rêveurs fuiraient les bruits gais. Les hommes seraient tous de bonne race, Dompteurs familiers des Muses hautaines, Et les femmes, sans cancans et sans haines, Illumineraient les soirs de leur grâce. Et l'on songerait, parmi ces parfums De bras, d'éventails, de fleurs, de peignoirs, De fins cheveux blonds, de lourds cheveux noirs, Aux pays lointains, aux siècles défunts.

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    C

    Charles Van Lerberghe

    @charlesVanLerberghe

    Au coeur solitaire du bonheur Au coeur solitaire du bonheur, Devenu mon coeur même, Quelle paix divine en ce jour, Et quelle plénitude suprême ! Ô le rire adorable d'amour De tout ce qui m'environne ! Autour de mon bonheur en fleur Une abeille éternelle bourdonne... Elle se clôt doucement et s'apaise, Mon âme heureuse ; Elle se tait, La rose qui chantait.

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    C

    Charles Van Lerberghe

    @charlesVanLerberghe

    Ce soir, a travers le bonheur Ce soir, à travers le bonheur, Qui donc soupire, qu'est-ce qui pleure ? Qu'est-ce qui vient palpiter sur mon coeur, Comme un oiseau blessé ? Est-ce une plainte de la terre, Est-ce une voix future, Une voix du passé ? J'écoute, jusqu'à la souffrance, Ce son dans le silence. Ile d'oubli, ô Paradis ! Quel cri déchire, cette nuit, Ta voix qui me berce ? Quel cri traverse Ta ceinture de fleurs, Et ton beau voile d'allégresse ?

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    Travail bienheureux Je choisis la marche en arrière pour arriver au sommet de mes pensées. Pour ce moment de liberté, Je grimperais trois fois, et chaque fois d’un différent coté. Je n’ai besoin de luxes pour me sentir satisfaite. Seulement le travail que je dois faire dans ma tête me donne des espoirs. Et qu’importe la sueur pour comprendre que j’existe dans ce monde éphémère. je n’ai pas besoin de gloire, aucune jalousie, tout est possible dans mon esprit libre. L’union humaine est une merveille, avec du travail devient le miel de l’abeille.

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    Christophe Bregaint

    @christopheBregaint

    Je m’arrime à coté de toi J’ai laissé dans des flaques de larmes L’acier de mes armes Des sombres vents D’avant N’en reste que poussières furtives A jamais captives, Du passé Trépassé.. Car tu m’as ouvert la porte du bonheur Cet unique seigneur Lumière Bannière En Face duquel, les autres dieux ne sont rien Que dogmes incertains Que relents De sang. Dors mon ange Le futur nous lange Les nuits prochaines seront nôtres La sérénité en sera l’apôtre Je m’arrime là A côté de toi….

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    C

    Christophe Bregaint

    @christopheBregaint

    Regard désarmé J’ai franchi l’autre rive, Vers d’autres paysages, Où j’apprends à aimer, Pas à pas Dans tes bras. La vie n’est plus nocive J’ouvre, sur ton visage Mon regard désarmé…

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    Cécile Carrara

    @cecileCarrara

    Exquise souffrance Exquise souffrance, tendre saveur, celle qu’il m’offre dans son regard, prisonnière d’un doux labeur, j’avance à tâtons dans le noir. Je suis happée par sa douceur, si vive et franche comme un poignard, la lame froide et sans candeur, me réveille d’un rêve hagard. Exquise bise et beau projet, que le souffle de son âme vive, me berçant de ses grandes idées, tandis que nos cœurs se ravivent. Ses mains sont là mais en retrait, prometteuses quand elles s’activent, et choisissent de se déposer, sur mon corps comme sur leur rive.

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    C

    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Enfant, pâle embryon Enfant, pâle embryon, toi qui dors dans les eaux Comme un petit dieu mort dans un cercueil de verre. Tu goûtes maintenant l’existence légère Du poisson qui somnole au-dessous des roseaux. Tu vis comme la plante, et ton inconscience Est un lis entr’ouvert qui n’a que sa candeur Et qui ne sait pas même à quelle profondeur Dans le sein de la terre il puise sa substance. Douce fleur sans abeille et sans rosée au front, Ma sève te parcourt et te prête son âme ; Cependant l’étendue avare te réclame Et te fait tressaillir dans mon petit giron. Tu ne sais pas combien ta chair a mis de fibres Dans le sol maternel et jeune de ma chair Et jamais ton regard que je pressens si clair N’apprendra ce mystère innocent dans les livres. Qui peut dire comment je te serre de près ? Tu m’appartiens ainsi que l’aurore à la plaine, Autour de toi ma vie est une chaude laine Où tes membres frileux poussent dans le secret. Je suis autour de toi comme l’amande verte Qui ferme son écrin sur l’amandon laiteux, Comme la cosse molle aux replis cotonneux Dont la graine enfantine et soyeuse est couverte. La larme qui me monte aux yeux, tu la connais, Elle a le goût profond de mon sang sur tes lèvres, Tu sais quelles ferveurs, quelles brûlantes fièvres Déchaînent dans ma veine un torrent acharné. Je vois tes bras monter jusqu’à ma nuit obscure Comme pour caresser ce que j’ai d’ignoré, Ce point si douloureux où l’être resserré Sent qu’il est étranger à toute la nature. Écoute, maintenant que tu m’entends encor, Imprime dans mon sein ta bouche puérile, Réponds à mon amour avec ta chair docile Quel autre enlacement me paraîtra plus fort ? Les jours que je vivrai isolée et sans flamme, Quand tu seras un homme et moins vivant pour moi, Je reverrai les temps où j’étais avec toi, Lorsque nous étions deux à jouer dans mon âme. Car nous jouons parfois. Je te donne mon coeur Comme un joyau vibrant qui contient des chimères, Je te donne mes yeux où des images claires Rament languissamment sur un lac de fraîcheur. Ce sont des cygnes d’or qui semblent des navires, Des nymphes de la nuit qui se posent sur l’eau. La lune sur leur front incline son chapeau Et ce n’est que pour toi qu’elles ont des sourires. Aussi, quand tu feras plus tard tes premiers pas, La rose, le soleil, l’arbre, la tourterelle, Auront pour le regard de ta grâce nouvelle Des gestes familiers que tu reconnaîtras. Mais tu ne sauras plus sur quelles blondes rives De gros poissons d’argent t’apportaient des anneaux Ni sur quelle prairie intime des agneaux Faisaient bondir l’ardeur de leurs pattes naïves. Car jamais plus mon coeur qui parle avec le tien Cette langue muette et chaude des pensées Ne pourra renouer l’étreinte délacée : L’aurore ne sait pas de quelle ombre elle vient. Non, tu ne sauras pas quelle Vénus candide Déposa dans ton sang la flamme du baiser, L’angoisse du mystère où l’art va se briser, Et ce goût de nourrir un désespoir timide. Tu ne sauras plus rien de moi, le jour fatal Où tu t’élanceras dans l’existence rude, Ô mon petit miroir qui vois ma solitude Se pencher anxieuse au bord de ton cristal.

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    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Le bonheur est mélancolique Le bonheur est mélancolique. Le cri des plus joyeux oiseaux Paraît lointain comme de l’eau Où se noierait une musique. À l’oeil qui s’en repaît longtemps La couleur des fleurs est moins fraîche ; L’herbe a parfois l’air d’être sèche Sur le sein même du printemps. L’allégresse comme un mensonge Hausse sa note d’un degré Et l’angoisse au coeur se prolonge Sous un jour trop longtemps doré.

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    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Musique Une lente voix murmure Dans la verte feuillaison ; Est-ce un rêve ou la nature Qui réveille sa chanson ? Cette voix dolente et pure Glisse le long des rameaux : Si fondue est la mesure Qu’elle se perd dans les mots, Si douces sont les paroles Qu’elles meurent dans le son Et font sous les feuilles molles Un mystère de chanson. Ô lente voix réveillée Qui caresse la feuillée Comme la brise et le vent ; Voix profondes de la vie Et de l’âme réunies Qui murmurez en rêvant. Une forme s’effaçant Dont les gestes nus et blancs Flottent dans l’ombre légère Sous un rideau de fougères Semble exhaler à demi De ses lèvres entr’ouvertes Un chant de silence aussi Berceur que les branches vertes. À peine si le murmure De la muette chanson Poursuit sa note et s’épure Dans la douce feuillaison ; Et la main passe en silence Sur la tige d’un surgeon Dont le rythme fin balance Les branches de ce vallon. Ô musique qui t’envoles Sur les papillons glissants Et dans la plainte du saule Et du ruisseau caressant ! Passe, chant grêle des choses, Coule, aile fluide qui n’ose Peser sur l’azur pâli, Sur les rameaux endormis ; Efface-toi, chant de l’âme Où se mêlent des soupirs Dans la fuite molle et calme Des voix qu’on ne peut saisir.

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    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Peut-être serai-je plus gaie Peut-être serai-je plus gaie Quand, dédaigneuse du bonheur, Je m’en irai vieille et fanée, La neige au front et sur le coeur : Quand la joie ou les cris des autres Seront mon seul étonnement Et que des pleurs qui furent nôtres Je n’aurai que le bavement. Alors, on me verra sourire Sur un brin d’herbe comme au temps Où sans souci d’apprendre à lire Je courais avec le printemps.

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    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Souvent le coeur qu’on croyait mort Souvent le coeur qu’on croyait mort N’est qu’un animal endormi ; Un air qui souffle un peu plus fort Va le réveiller à demi ; Un rameau tombant de sa branche Le fait bondir sur ses jarrets Et, brillante, il voit sur les prés Lui sourire la lune blanche.

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    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Voeux simples Vivre du vert des prés et du bleu des collines, Des arbres racineux qui grimpent aux ravines, Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ; Vivre du cliquetis allègre des moissons, Du clair halètement des sources remuées, Des matins de printemps qui soufflent leurs buées, Des octobres semeurs de feuilles et de fruits Et de l’enchantement lunaire au long des nuits Que disent les crapauds sonores dans les trèfles. Vivre naïvement de sorbes et de nèfles, Gratter de la spatule une écuelle en bois, Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix Et voir, ronds et crémeux, sur l’émail des assiettes, Des fromages caillés couverts de sarriettes. Ne rien savoir du monde où l’amour est cruel, Prodiguer des baisers sagement sensuels Ayant le goût du miel et des roses ouvertes Ou d’une aigre douceur comme les prunes vertes À l’ami que bien seule on possède en secret. Ensemble recueillir le nombre des forêts, Caresser dans son or brumeux l’horizon courbe, Courir dans l’infini sans entendre la tourbe Bruire étrangement sous la vie et la mort, Ignorer le désir qui ronge en vain son mors, La stérile pudeur et le tourment des gloses ; Se tenir embrassés sur le néant des choses Sans souci d’être grands ni de se définir, Ne prendre de soleil que ce qu’on peut tenir Et toujours conservant le rythme et la mesure Vers l’accomplissement marcher d’une âme sûre. Voir sans l’interroger s’écouler son destin, Accepter les chardons s’il en pousse en chemin, Croire que le fatal a décidé la pente Et faire simplement son devoir d’eau courante. Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu’on a, Repousser le rayon que l’orgueil butina, N’avoir que robe en lin et chapelet de feuilles, Mais jouir en son plein de la figue qu’on cueille, Avoir comme une nonne un sentiment d’oiseau, Croire que tout est bon parce que tout est beau, Semer l’hysope franche et n’aimer que sa joie Parmi l’agneau de laine et la chèvre de soie.

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    Didier Sicchia

    @didierSicchia

    Appassionato A demi-mot, sans même peut-être le dire, J’ai su reconnaître l’émotion lancinante Qui anime mon être comme un long sourire Fabule l’âme humaine et le visage enchante. Alors que j’eusse adulé le morne et le pire – Encore l’âpre saveur des sauvages menthes, Voici que maintenant je découvre et j’admire Les délicats parfums – les faveurs envoûtantes. Tout en moi est devenu beauté et radieuse Perception des folles natures délicieuses. Comment donc faudrait-il définir cette obscure Fièvre du désir et cette concupiscence Qui chavire mon coeur et couvre mes blessures D’un baume hydrophile aux vertueuses essences ?

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    Didier Sicchia

    @didierSicchia

    Le sud de la France Ineffables parfums de rouges fruits confits, Délicates saveurs âpres de raisins mûrs. L’ivresse est profonde et la narcose embellit L’instant si fugace au potron-jacquet azur. Ah ! Le long des chemins hasardeux de Provence, Je respire la saponaire et la lavande Aussi ces infinies bacchanales fragrances Que le Sombre et le Libeccio austral répandent. Puis, au crépuscule de la douce journée, A l’heure tardive quand chantent les grillons, Il viendra encore à la table s’ajouter L’intime chaleureux et le vin vermillon. Parmi les Enfers et les lointains paradis Se trouve un balcon sublime sur le bonheur, Un séjour idyllique et presque une utopie Afin de subir l’insistant carillonneur. Ineffables parfums de rouges fruits confits, Délicates saveurs âpres de raisins mûrs. L’ivresse est profonde et la narcose embellie L’instant si fugace au potron-minet azur.

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    Didier Venturini

    @didierVenturini

    Jour de marché Tous ces râclements de voix Huilent l’air dès les premières lueurs Les trétaux éventrent le froid De leurs pieds d’acier sans douceur Des confins du lourd sommeil Se déplient les jambes engourdies Qui s’agitent entre les corbeilles De légumes replets et de fruits Des regards soupèsent le temps Les premiers mots tanguent en surface La gueule des camions géants S’étire renifle à même l’espace De larges mains gomment la nuit De leurs gestes sûrs et rapides Les couleurs se multiplient Sur ce fond gris et insipide Ah ! Que la vie est belle Là sur son coin de mousse Dans son rêve d’eau douce Sur son bout de pouce Comme dans un aéroport Les halles se sont soudain gonflées De ces balancements de corps Cadencés au rythme des paniers Les cris lézardent le soleil S’habillent de rouge de jaune de vert Roulent sous ces langues de miel En notes chaudes libres de l’hiver Les parfums rallongent les nez les entraînent dans une course folle Flirtant du sucré au salé Comme un principe de farandole C’en est ainsi juqu’à midi Cet instant où la place se donne Au silence des pavés meurtris Par cette vie qui encore résonne Ah ! Que la vie est belle Là sur son coin de mousse Dans son rêve d’eau douce Sur son bout de pouce

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