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Bonheur

192 poésies en cours de vérification
Bonheur

Poésies de la collection bonheur

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    Eleni Cay

    @eleniCay

    Face-book A celui en haut, à ceux en bas ainsi qu’à ceux sous nos pieds, un visage tu prêtes, visage de ce que tu es. Et puis, tu es étonné que la toile numérique soit parsemée même de prières. Depuis toujours, on s’émerveille devant nos propres visages. Voilà pourquoi tu es attiré à présent par tous ces écrans. Face-book… Ce livre des visages… Pour nos sourires, on a inventé de nouveaux cadres photo. Ces nouveaux visages exposés sur l’écran, c’est de figurer dans l’album qu’ils sont reconnaissants. Combien de fois as-tu changé ta photo de profil ? Là, c’est moi au travail et, là, c’est moi qui cuisine… Devant cette mode changeante, je me retrouve souriante. J’attends que le temps habille de vert les statues sur la place, dans les cultures et sociétés, il ne marque pas de différences. Son oeil se pose partout, quoi que tu fasses, impossible de t’abriter sous un mot de passe. Alors, ne sois pas facile et dévoile-toi seulement au fur et à mesure, surtout ne casse pas du marbre en petits cailloux tout de suite. N’avoue pas dans un autoportrait ce qui avait manqué à ton souvenir. Eleni Cay, Frémissements d’un papillon en ère numérique, 2015

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    Elodie Santos

    @elodieSantos

    J’étais ce jour de pluie La paille était bien belle et jaune comme l’été au dessus, une pelle qui n’avait pas creusé J’étais toute à l’abri sous ce toit de campagne et regardais la pluie tomber du ciel d’Espagne Allongée sur ce banc de bois, terre de Sienne je m’en allais rêvant j’étais une italienne Mes cheveux étaient noir mon corps pur comme l’eau mes pieds posés sur l’or et mes yeux un ruisseau J’étais ce jour de pluie comme je ne serai jamais plus

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    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Le vent d’automne Comme je l’aime le vent d’automne quand je l’entends à ma fenêtre Et qu’il sonne Comme je l’aime le vent d’automne quand il caresse ma cheminée Et qu’il ramone Comme je l’aime le vent d’automne quand il s’arrête d’un coup Et puis résonne Comme je l’aime le vent d’automne qui m’amène un peu l’hiver Mais je lui pardonne Comme je l’aime le vent d’automne quand je suis dans mon lit Et que je m’abandonne

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    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Promenade bleu caillou Les pierres craquent sous les semelles L’herbe transpire ce matin Un beau soleil de printemps éclate au firmament Sous ce ciel bleu, on perçoit la couleur du vent Au pied de la colline va s’élevant un chemin près d’un étang Les cyprès dansent à l’horizon au dessus des vignes et des blés On entend un petit bruit de moteur tout juste près, tout juste doux Une petite fourgonette passe, c’est le marchand du village d’à côté On marche sur un mur de pierres, un petit pont est devant nous Dessous passe une rivière, couleur de pluie, souffle d’antan Cette promenade bleu caillou, couleur d’amour, je l’aime tant c’est pour moi tout ce qu’il y a de plus pur et de plus beau dans cette vie Couleur d’argent

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    La glycine est fanée et morte est l’aubépine La glycine est fanée et morte est l’aubépine ; Mais voici la saison de la bruyère en fleur Et par ce soir si calme et doux, le vent frôleur T’apporte les parfums de la pauvre Campine. Aime et respire-les, en songeant à son sort Sa terre est nue et rêche et le vent y guerroie ; La mare y fait ses trous, le sable en fait sa proie Et le peu qu’on lui laisse, elle le donne encor. En automne, jadis, nous avons vécu d’elle, De sa plaine et ses bois, de sa pluie et son ciel, Jusqu’en décembre où les anges de la Noël Traversaient sa légende avec leurs grands coups d’aile. Ton coeur s’y fit plus sûr, plus simple et plus humain ; Nous y avons aimé les gens des vieux villages, Et les femmes qui nous parlaient de leur grand âge Et de rouets déchus qu’avaient usés leurs mains. Notre calme maison dans la lande brumeuse Etait claire aux regards et facile à l’accueil, Son toit nous était cher et sa porte et son seuil Et son âtre noirci par la tourbe fumeuse. Quand la nuit étalait sa totale splendeur Sur l’innombrable et pâle et vaste somnolence, Nous y avons reçu des leçons du silence Dont notre âme jamais n’a oublié l’ardeur. A nous sentir plus seuls dans la plaine profonde Les aubes et les soirs pénétraient plus en nous ; Nos yeux étaient plus francs, nos coeurs étaient plus doux Et remplis jusqu’aux bords de la ferveur du monde. Nous trouvions le bonheur en ne l’exigeant pas, La tristesse des jours même nous était bonne Et le peu de soleil de cette fin d’automne Nous charmait d’autant plus qu’il semblait faible et las. La glycine est fanée, et morte est l’aubépine ; Mais voici la saison de la bruyère en fleur. Ressouviens-toi, ce soir, et laisse au vent frôleur T’apporter les parfums de la pauvre Campine.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Voici quinze ans déjà que nous pensons d’accord Voici quinze ans déjà que nous pensons d’accord ; Que notre ardeur claire et belle vainc l’habitude, Mégère à lourde voix, dont les lentes mains rudes Usent l’amour le plus tenace et le plus fort. Je te regarde, et tous les jours je te découvre, Tant est intime ou ta douceur ou ta fierté : Le temps, certe, obscurcit les yeux de ta beauté, Mais exalte ton coeur dont le fond d’or s’entr’ouvre. Tu te laisses naïvement approfondir, Et ton âme, toujours, paraît fraîche et nouvelle ; Les mâts au clair, comme une ardente caravelle, Notre bonheur parcourt les mers de nos désirs. C’est en nous seuls que nous ancrons notre croyance, A la franchise nue et la simple bonté ; Nous agissons et nous vivons dans la clarté D’une joyeuse et translucide confiance. Ta force est d’être frêle et pure infiniment ; De traverser, le coeur en feu, tous chemins sombres, Et d’avoir conservé, malgré la brume ou l’ombre, Tous les rayons de l’aube en ton âme d’enfant. Émile Verhaeren, Les Heures d’après-midi  

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    Esther Granek

    @estherGranek

    Attente Cette graine que je tiens dans le creux de ma main, qu’en naîtra-t-il demain ? Un roseau ou un chêne ? Quelque plante de jardin ? J’ignore et ne m’en plains. Mais le coeur me palpite, sachant qu’en elle habite une vie qui attend mon plaisir du moment et qui dira : présent pourvu que je lui trouve bonne terre qui la couve. Ainsi, bonne graine attend. Cet amour que tu tiens dans le creux de ta main, qu’en naîtra-t-il demain ? Mon bonheur, ou ma peine ? Ou mes regrets sans fin ? Je l’ignore, ô combien. Mais là, mon coeur se glace de ne savoir ma place au destin qui attend ton plaisir du moment. Car c’est toi qui choisis, et c’est moi qui subis. Bonne chienne qui attend. Et bon chien s’y entend.

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Bien dans sa peau Paraît que pour être au plus haut faut se sentir bien dans sa peau. Si donc nous nous y sentons mal ça peut nous bouffer le moral et c’est porte ouverte aux dégâts… Aussi soyons de notre temps car qui voudrait tels embarras ? Solutionnons en nous soignant Ché pas si j’ai bien expliqué. P’têt’ qu’un ajout peut y aider… * Paraît que pour s’épanouir avant tout faut se définir. S’adore-t-on ? Quand ? Et comment ? Se déteste-t-on mêmement ? Si c’était les deux à la fois (car connaît-on ce qu’on engrange ?) faut en situer les pourquoi et clarifier un tel mélange. Ché pas si j’ai bien expliqué. P’têt’ qu’un ajout peut y aider… * Paraît que pour être serein faut pas jouer au p’tit malin. N’hésitons pas à exposer ce qui en nous fut enterré dans les entrailles du non-dit depuis peu, ou des décennies, et qui pourtant respire encore causant en nous le plus grand tort. Ché pas si j’ai bien expliqué. P’têt’ qu’un ajout peut y aider… * Paraît que pour tourner le dos aux dépressions et autres maux, faut réparer là où ça craque. Si vous pensez : « J’en ai ma claque. Je me croyais hier un génie et moins qu’une merde aujourd’hui », pour vous sortir de ce micmac au plus tôt videz votre sac. Ché pas si j’ai bien expliqué. P’têt’ qu’un ajout peut y aider… * Paraît que pour s’équilibrer, en soi autant qu’en société, les procédés courent les rues. Y’a qu’à mettre son âme à nu et décortiquer sa substance. L’implication de mille traits s’entremêlant en permanence ne devrait pas vous affoler… Ché pas si j’ai bien expliqué. P’têt’ qu’un ajout… ?

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    Esther Granek

    @estherGranek

    Incantation Que tes yeux faits d’azur et d’ombre, d’ombre ne trouvent en ton destin. Que tes ans jamais ne soient sombres. Qu’y sombrent les esprits malins. Que tes pas soient comme une danse où danseront joyeux matins. Et que ta vie qui commence, commence ton bonheur et le mien.

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Le bonheur Dans le château de mon enfance Fait de nuages et d’espérance Dans ce taudis où je suis né Où j’ai eu faim sans murmurer Où s’engouffraient les vents mauvais Et s’étirait l’aube glacée Où les jours étaient des années Je possédais sans le savoir Encore l’immense don de croire Que le bonheur est quelque part Dans la chambre de ma jeunesse Remplie d’amour et de promesses De mes idées de mes projets De mes vieux disques ébréchés Et de poèmes inachevés Et de mes phrases grandiloquentes Et de mon génie en attente Dans le printemps de mon ardeur Je chérissais au fond du cœur L’espoir d’un immense bonheur Dans ma maison d’homme de bien Dans l’acajou et le satin Qu’on peut caresser de la main Et se dire tout cela est mien Dans mes trésors accumulés Dans ma fonction parachevée Dans mes revenus bien placés Et dans le temps qui s’est enfui Je cherche encore jusqu’aujourd’hui Un bonheur qui s’est rétréci Dans la maison de ma vieillesse Dans ma demeure aux nombreuses pièces Seul un petit coin me suffit Alors errant dans mes lambris Je voudrais jeter aux cochons Les perles de ma distinction Les fers forgés les bois taillés Les peintures sur toile étalées Et faire fleurir encore une fois Ce bonheur qui n’est plus déjà Qu’un blanc fossile comme moi.

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    Esther Granek

    @estherGranek

    Promenade Un banc, des coteaux, des fleurs, une treille, rayons de soleil me chauffant le dos. Des troncs noirs et hauts. Émois du matin… Que je me sens bien ! Bocages, ramures. Un toit qui rassure. Abri où je dure. Du rêve. Un piano. Des livres à gogo. Pour moi un festin ! Que je me sens bien ! Et quittant la rade, parfois en balade ou en randonnée, je prends le sentier, coeur et pied légers. Appel quotidien… Que je me sens bien ! S’allongent les lieues. Au vent mes cheveux. Fatigue aux mollets. Un coin oublié. Un silence ailé. Gazouillis soudain… Que je me sens bien ! Des baies, des épines. Et l’air qui burine. Odeurs de résine et de chèvrefeuille. Un saut d’écureuil. Soleil au déclin… Que je me sens bien ! Chemin du retour. Rougeoiement du jour. Et paix alentour. Au loin en beauté, mon toit, mon grenier. En moi un refrain… Que je me sens bien !… Que je me sens bien !… Que je me sens bien !… Que je me sens bien !…

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Toi Toi c’est un mot Toi c’est une voix Toi c’est tes yeux et c’est ma joie Toi c’est si beau Toi c’est pour moi Toi c’est bien là et je n’y crois Toi c’est soleil Toi c’est printemps Toi c’est merveille de chaque instant Toi c’est présent Toi c’est bonheur Toi c’est arc-en-ciel dans mon coeur Toi c’est distant… Toi c’est changeant… Toi c’est rêvant et esquivant… Toi c’est pensant… Toi c’est taisant… Toi c’est tristesse qui me prend… Toi c’est fini. Fini ? Pourquoi ? Toi c’est le vide dans mes bras… Toi c’est mon soleil qui s’en va… Et moi, je reste, pleurant tout bas.

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Vacances Tiède est le vent Chaud est le temps Fraîche est ta peau Doux, le moment Blanc est le pain Bleu est le ciel Rouge est le vin D’or est le miel Odeurs de mer Embruns, senteurs Parfums de terre D’algues, de fleurs Gai est ton rire Plaisant ton teint Bons, les chemins Pour nous conduire Lumière sans voile Jours à chanter Millions d’étoiles Nuits à danser Légers, nos dires Claires, nos voix Lourd, le désir Pesants, nos bras Tiède est le vent Chaud est le temps Fraîche est ta peau Doux, le moment Doux le moment… Doux le moment…

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    Francis Vielé Griffin

    @francisVieleGriffin

    Joies J'ai fleuri mon royaume de lys frêles Comme les vierges et comme les joies ; Mon palais clair a de grêles tourelles Et j'ai drapé mes cieux de pâles soies. J'ai semé mon jardin de flores saintes Comme les vierges et comme les joies, Et je me suis grisé de mes jacinthes, Aurore, à chaque fois que tu rougeoies. Je chante en mon âme des choses folles Comme les vierges et comme les joies, Et j'ai trouvé de si douces paroles, O si douces, qu'il faut que tu les croies. Pour parfumer ta vie érubescente. J'ai fleuri mon royaume de lys frêles, Et que balance, à toute aube naissante, La brise qui chante dans mes tourelles. Pour que tes pas écrasent des arômes, J ai semé mon jardin de flores saintes, Que ne connaissent pas les autres hommes, Et nous nous griserons de mes jacinthes. Pour que ta lèvre éclose en un sourire, Je chante en mon âme des choses folles ; Je sais des choses, et, pour te les dire, O, j'ai trouvé de si douces paroles.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Innocence Si chétive, une haleine, une âme, L’orpheline du porte-clés Promenait dans la cour infâme L’innocence en cheveux bouclés. Elle avait cinq ans ; son épaule Était blanche sous les haillons ; Et, libre, elle emplissait la geôle D’éclats de rire et de rayons.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    La cueillette des cerises Espiègle ! j’ai bien vu tout ce que vous faisiez, Ce matin, dans le champ planté de cerisiers Où seule vous étiez, nu-tête, en robe blanche. Caché par le taillis, j’observais. Une branche, Lourde sous les fruits mûrs, vous barrait le chemin Et se trouvait à la hauteur de votre main. Or, vous avez cueilli des cerises vermeilles, Coquette ! et les avez mises à vos oreilles, Tandis qu’un vent léger dans vos boucles jouait. Alors, vous asseyant pour cueillir un bleuet Dans l’herbe, et puis un autre, et puis un autre encore, Vous les avez piqués dans vos cheveux d’aurore ; Et, les bras recourbés sur votre front fleuri, Assise dans le vert gazon, vous avez ri ; Et vos joyeuses dents jetaient une étincelle. Mais pendant ce temps-là, ma belle demoiselle, Un seul témoin, qui vous gardera le secret, Tout heureux de vous voir heureuse, comparait, Sur votre frais visage animé par les brises, Vos regards aux bleuets, vos lèvres aux cerises.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    La trêve La fatigue nous désenlace. Reste ainsi, mignonne. Je veux Voir reposer ta tête lasse Sur l’or épais de tes cheveux. Tais-toi. Ce que tu pourrais dire Sur le bonheur que tu ressens Jamais ne vaudrait ce sourire Chargé d’aveux reconnaissants. Sous tes paupières abaissées Cherche plutôt à retenir, Pour en parfumer tes pensées, L’extase qui vient de finir. Et pendant ton doux rêve, amie, Accoudé parmi les coussins, Je regarderai l’accalmie Vaincre l’orage de tes seins.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Le rêve du poète Ce serait sur les bords de la Seine. Je vois Notre chalet, voilé par un bouquet de bois. Un hamac au jardin, un bateau sur le fleuve. Pas d’autre compagnon qu’un chien de Terre-Neuve Qu’elle aimerait et dont je serais bien jaloux. Des faïences à fleurs pendraient après des clous ; Puis beaucoup de chapeaux de paille et des ombrelles. Sous leurs papiers chinois les murs seraient si frêles Que même, en travaillant à travers la cloison Je l’entendrais toujours errer par la maison Et traîner dans l’étroit escalier sa pantoufle. Les miroirs de ma chambre auraient senti son souffle Et souvent réfléchi son visage, charmés. Elle aurait effleuré tout de ses doigts aimés. Et ces bruits, ces reflets, ces parfums, venant d’elle, Ne me permettraient pas d’être une heure infidèle. Enfin, quand, poursuivant un vers capricieux, Je serais là, pensif et la main sur les yeux, Elle viendrait, sachant pourtant que c’est un crime, Pour lire mon poème et me souffler ma rime, Derrière moi, sans bruit, sur la pointe des pieds. Moi, qui ne veux pas voir mes secrets épiés, Je me retournerais avec un air farouche ; Mais son gentil baiser me fermerait la bouche. – Et dans les bois voisins, inondés de rayons, Précédés du gros chien, nous nous promènerions, Moi, vêtu de coutil, elle, en toilette blanche, Et j’envelopperais sa taille, et sous sa manche Ma main caresserait la rondeur de son bras. On ferait des bouquets, et, quand nous serions las On rejoindrait, toujours suivis du chien qui jappe, La table mise, avec des roses sur la nappe, Près du bosquet criblé par le soleil couchant ; Et, tout en s’envoyant des baisers en mangeant, Tout en s’interrompant pour se dire : Je t’aime ! On assaisonnerait des fraises à la crème, Et l’on bavarderait comme des étourdis Jusqu’à ce que la nuit descende… – O Paradis !

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Un rêve de bonheur… Un rêve de bonheur qui souvent m’accompagne, C’est d’avoir un logis donnant sur la campagne, Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé, Où je vivrais ainsi qu’un ouvrier rangé. C’est là, me semble-t-il, qu’on ferait un bon livre. En hiver, l’horizon des coteaux blancs de givre ; En été, le grand ciel et l’air qui sent les bois ; Et les rares amis, qui viendraient quelquefois Pour me voir, de très loin, pourraient me reconnaître, Jouant du flageolet, assis à ma fenêtre.

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    F

    François Fabié

    @francoisFabie

    Notre nid A Madelaine F. Un jardin tout planté de poiriers en plein vent, Auxquels depuis trente ans le pinson est fidèle, Une blanche maison où revient l’hirondelle, Voilà le nid heureux que je rêve souvent. Un bouquet de sureaux au parfum énervant, Par les midis en feu, servirait de tonnelle ; J’aurais un banc très court pour être plus près d’Elle Et mieux sentir son doux regard noir me couvant. Puis des murs tapissés de ronces et de treilles, Des carrés tout remplis de fèves et de pois, Dont les fleurs à ta joue, ô chère ! sont pareilles. Là, nous apporterions un livre quelquefois, Je te lirais mes vers au bruit de nos abeilles, Et tu t’endormirais doucement à ma voix.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    Le retour de la bien-aimée I Que ces vallons déserts, que ces vastes prairies Où j’allais promener mes tristes rêveries, Que ces rivages frais, que ces bois, que ces champs, Que tout prenne une voix et retrouve des chants Et porte jusqu’au sein de Ta Toute Puissance Un hymne de bonheur et de reconnaissance ! Celle, qui dans un chaste et pur embrassement, A reçu mon amour et mon premier serment, Celle à qui j’ai juré de consacrer ma vie Par d’injustes parents m’avait été ravie ; Ils avaient repoussé mes pleurs, et les ingrats Avaient osé venir l’arracher de mes bras ; Et jaloux de m’ôter la dernière espérance Qui pût me soutenir et calmer ma souffrance, Un message trompeur nous avait informés Que sur un bord lointain ses yeux s’étaient fermés. Celui qui fut aimé, celui qui put connaître Ce bonheur enivrant de confondre son être, De vivre dans un autre, et de ne plus avoir Que son cœur pour sentir, et que ses yeux pour voir, Celui-là pourra seul deviner et comprendre Ce qu’une voix humaine est impuissante à rendre ; Celui-là saura seul tout ce que peut souffrir Un homme, et supporter de tourments sans mourir. Mais la main qui sur moi s’était appesantie Semble de mes malheurs s’être enfin repentie. Leur cœur s’est attendri, soit qu’un pouvoir caché, Que sais-je ? Ou que la voix du remords l’ait touché. Celle que je pleurais, que je croyais perdue, Elle vit ! elle vient ! et va m’être rendue ! Ne demandez donc plus, amis, pourquoi je veux Qu’on mêle ces boutons de fleurs dans mes cheveux. Non ! Je n’ai point souffert et mes douleurs passées En cet heureux instant sont toutes effacées ; Que sont tous mes malheurs, que sont tous mes ennuis. Et ces rêves de deuil qui tourmentaient mes nuits ? Et moi ! J’osais du ciel accuser la colère ! Je reconnais enfin sa bonté tutélaire. Et je bénis ces maux d’un jour qui m’ont appris Que mes yeux ne devaient la revoir qu’à ce prix ! II Quel bonheur est le mien ! Pourtant — ces deux années Changent bien des projets et bien des destinées ; — Je ne puis me celer, à parler franchement, Que ce retour me gêne un peu, dans ce moment. Certes, le souvenir de notre amour passé N’est pas un seul instant sorti de ma pensée ; Mais enfin je ne sais comment cela s’est fait : Invité cet hiver aux bals chez le préfet. J’ai vu sa fille aînée, et par étourderie Risqué de temps en temps quelque galanterie : Je convins aux parents, et fus bientôt admis Dans cette intimité qu’on réserve aux amis. J’y venais tous les soirs, je faisais la lecture, Je présentais la main pour monter en voiture ; Dans nos réunions en petit comité, Toujours près de la fille, assis à son côté. Je me rendais utile à tout, j’étais son page. Et quand elle chantait, je lui tournais la page. Enfin, accoutumé chaque jour à la voir. 60 Que sais-je ? J’ai rendu, sans m’en apercevoir, Et bien innocemment, des soins, que je soupçonne N’être pas dédaignés de la jeune personne : Si bien que je ne sais trop comment m’arranger : On jase, et les parents pourront bien exiger Que j’ôte ce prétexte à la rumeur publique, Et, quelque beau matin, vouloir que je m’explique. C’est ma faute, après tout, je me suis trop pressé, Et, comme un débutant, je me suis avancé. Mais, d’un autre côté, comment prévoir… ? N’importe, Mes serments sont sacrés, et mon amour l’emporte, J’irai demain trouver le père, et s’il vous plaît,- Je lui raconterai la chose comme elle est. — C’est bien ! — Mais que va-t-on penser, que va-t-on dire ? Le monde est si méchant, et si prompt à médire ! — Je le brave ! et s’il faut, je verserai mon sang… Oui : mais toujours est-il que c’est embarrassant. III Comme tout ici-bas se flétrit et s’altère, Et comme les malheurs changent un caractère ! J’ai cherché vainement, et n’ai point retrouvé Cette aimable candeur qui m’avait captivé. Celle que j’avais vue autrefois si craintive. Dont la voix résonnait si douce et si plaintive, Hautaine, au parler bref, et parfois emporté, A rejeté bien loin cette timidité. A moi, qui n’ai vécu, n’ai souffert que pour elle. Est-ce qu’elle n’a pas déjà cherché querelle ? Jetant sur le passé des regards curieux, Elle m’a demandé d’un air impérieux Si, pendant tout ce temps que j’ai passé loin d’elle. Mon cœur à sa mémoire était resté fidèle : Et de quel droit, bon Dieu ? Nous n’étions point liés. Et nous aurions très bien pu nous être oubliés ! J’avais juré, promis ! — Qu’est-ce que cela prouve ? Tous les jours, en amour, on jure ; et lorsqu’on trouve Quelque distraction, on laisse rarement Perdre l’occasion de trahir son serment : Il n’est pas défendu d’avoir un cœur sensible, Et ce n’est point du « tout un crime irrémissible. Et puis d’ailleurs, après ce que j’ai découvert. Entre nous, soyons franc, parlons à cœur ouvert : J’en avais fait mon deuil, et la pauvre exilée S’est bien de son côté quelque peu consolée ; Et si je persistais à demander sa main. C’était par conscience, et par respect humain ; Je m’étais étourdi. Mais elle a, la première. Fait ouvrir, par bonheur, mes yeux à la lumière, Et certes, j’aime mieux encore, à beaucoup près, Qu’elle se soit ainsi montrée avant qu’après. Car enfin, rien n’est fait, au moins, et le notaire N’a point à nos serments prêté son ministère. — Mais quels emportements ! quels pleurs ! car elle croit Exiger une dette et réclamer un droit. Or il faut en finir : quoi qu’elle dise ou fasse, J’en ai pris mon parti ; j’irai lui dire en face, — Quoi ? — Que son caractère est à n’y pas tenir. — Elle avait bien besoin aussi de revenir ! Nous étions si bien tous, quand son humeur altière Vint troubler le repos d’une famille entière ! On nous la disait morte ; et je croirais aussi Qu’il vaudrait beaucoup mieux que cela fût ainsi.

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    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    Sonnet à mon ami R J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage, Comme un port où le cœur, trop longtemps agité, Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage, Un dernier jour de calme et de sérénité. Une femme modeste, à peu près de mon âge Et deux petits enfants jouant à son côté ; Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage, Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été. J'abandonnais l'amour à la jeunesse ardente Je voulais une amie, une âme confidente, Où cacher mes chagrins, qu'elle seule aurait lus ; Le ciel m'a donné plus que je n'osais prétendre ; L'amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre, Et l'amour arriva qu'on ne l'attendait plus.

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    G

    Georges Fourest

    @georgesFourest

    En passant sur le quai… Le long des parapets tout argentés de brumes, Vraiment je ne sais plus pourquoi je remarquai Ce banal in-dix-huit parmi tant de volumes Endormis comme lui dans les boîtes du quai ; Lamentable bouquin ! voyez : le dos se casse, Le soleil tord les plats que l’averse a mouillés ; On a, sans aucun soin, gratté la dédicace Et le vent de la scène emporte des feuillets. C’est un livre de vers : jadis par les allées Du Luxembourg vernal où chantaient les lilas Comme il vous pourchassait gaiement, strophes ailées, Ce poète chanteur alerte et jamais las ! Fou d’épithète rare, et de rythme et de rime, D’allitération, de consonnes d’appui, Il n’apercevait point (irrémissible crime !) Putanettes en fleurs, vos yeux fixés sur lui ! Et comme il se dressait en dompteur de chimère Et comme il agitait son crâne chevelu, Ce jour, cet heureux jour où l’éditeur Lemerre Lui dit : « Monsieur Ledrain, jeune homme, vous a lu; « Vos vers le satisfont. Casquez, et je publie ! » Oh ! mots harmonieux ! le murmure embaumé Des forêts où l’aveu d’une lèvre jolie Peut-être, en ce moment, ne l’eût point tant charmé ! Oh ! tu n’espérais point, je le sais, bon jeune homme, Non ! tu n’espérais point le foudroyant succès Qui du soir au matin fait l’auteur qu’on renomme De l’inconnu d’hier, mais au moins tu pensais (D’ailleurs peu soucieux de vulgaires tapages) Qu’une femme, un poète, un couple d’amoureux, Peut-être… un chroniqueur feuilletteraient ces pages Et scanderaient ces vers que tu rimais pour eux. Hélas ! Monsieur Ledrain fut ton lecteur unique ; Ton bouquin resta vierge au passage Choiseul… Nulle main n’entrouvrit cette jaune tunique Dont la brocheuse a fait son lange et son linceul ! — Est-il mort, aujourd’hui, l’auteur de ces poèmes ? Aigri, désespéré, faiseur de mots méchants, A-t-il grossi le flot des sordides bohêmes ? Non ! laissez-moi penser qu’il regagna ses champs, Sa maison de province où toute chose est douce, L’enclos où le glaïeul fleurit auprès du chou ; Il végète comme eux sans heurt et sans secousse, Adipeux et béat, tel un poussah mandchou ! Critique au Moniteur de la Sous-Préfecture, Il préside là-bas de vagues JEUX FLORAUX, Déplore les excès de la littérature Et flétrit les auteurs de romans immoraux ; Le ruban violet orne sa boutonnière Et lui qui se posait naguère en Charles Moor, Il couche maintenant avec sa cuisinière S’avouant satisfait d’un ancillaire amour. Chaque nuit, dans les draps, couple en rut mais que hante Incoerciblement la terreur du fœtus, Avec précaution, le maître et la servante Échangent des baisers contrôlés par Malthus. Il grisonne, pourtant ses ruses de satyre Avivent les langueurs de sa nymphe à l’oignon Mais, toujours galant homme, à temps, il se retire : Le jour, il est : « Monsieur » et la nuit : « Gros Mignon ! » Si tout est bien ainsi que je l’ai voulu croire, Ami, tombe à genoux et bénis le Seigneur, Ta pauvre ambition ne rêvait que la gloire ; Plus clément, le Bon Dieu t’a donné le bonheur !

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    Georges Haldas

    @georgesHaldas

    Epoque heureuse Logés dans le cristal on buvait la lumière Chaque jour recousait le travail matinal Plus douce que la mer une brise attisait comme un feu d'espérance On renaissait à l'aube toujours neuf à soi-même On mangeait à midi servis par des mains d'anges qui devinant sans cesse nos secrètes pensées en chassaient la tristesse On devenait plus jeunes La solitude même était comme un fil d'or Chaque silence en nous laissait parler les morts

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    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    En route ! Géant, il commandait aux ombres Agitant ses longs bras Avec cette insouciance des Dieux Tout en lui repoussait les limites du bon sens Son sourire planait trop haut La misère à bonne distance La voix du monde pour coryphée Lui seul détenait le secret du bonheur Je le suivais sans réfléchir Me reniant si souvent Jusqu’à perdre sa trace Au carrefour de villes imaginaires Son secret irrévélé Et ce silence pesant

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    C’est l’hiver C’est l’hiver et déjà j’ai revu des bourgeons Aux figuiers dans les clos Mon amour nous bougeons Vers la paix ce printemps de la guerre où nous sommes Nous sommes bien Là-bas entends le cri des hommes Un marin japonais se gratte l’œil gauche avec l’orteil droit Sur le chemin de l’exil voici des fils de rois Mon cœur tourne autour de toi comme un kolo où dansent quelques jeunes soldats serbes auprès d’une pucelle endormie Le fantassin blond fait la chasse aux morpions sous la pluie Un belge interné dans les Pays-Bas lit un journal où il est question de moi Sur la digue une reine regarde le champ de bataille avec effroi L’ambulancier ferme les yeux devant l’horrible blessure Le sonneur voit le beffroi tomber comme une poire trop mûre Le capitaine anglais dont le vaisseau coule tire une dernière pipe d’opium Ils crient Cri vers le printemps de paix qui va venir Entends le cri des hommes Mais mon cri va vers toi mon Lou tu es ma paix et mon printemps Tu es ma Lou chérie le bonheur que j’attends C’est pour notre bonheur que je me prépare à la mort C’est pour notre bonheur que dans la vie j’espère encore C’est pour notre bonheur que luttent les armées Que l’on pointe au miroir sur l’infanterie décimée Que passent les obus comme des étoiles filantes Que vont les prisonniers en troupes dolentes Et que mon cœur ne bat que pour toi ma chérie Mon amour ô mon Loup mon art et mon artillerie Nîmes, le 17 janvier 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le chat Je souhaite dans ma maison : Une femme ayant sa raison, Un chat passant parmi les livres, Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le toutou et le gui Un gentil toutou vit un jour un brin de gui Tombé d’un chêne Il allait lever la patte dessus, sans gêne, Quand sa maîtresse qui L’observe, l’en empêche et d’un air alangui Ramasse le gui « Gui, jappe le toutou, pour toi c’est une veine ! Qu’est-ce qui donc te la valut ?» « Vous êtes, cher toutou, fidèle et résolu Et c’est pourquoi votre maîtresse Vous aime avec tendresse, Lui répond La plante des Druides, Pour la tendresse à vous le pompon Mais moi je suis l’amour à grandes guides Je suis le bonheur; La plus rare des fleurs, ô toutou, mon meilleur Compagnon, puisque, plante, je n’ai pas de fleur !… Vous êtes l’idéal et je porte bonheur… » Et leur Maîtresse Étendue avec paresse Effeuillant indifféremment de belles fleurs Aux mille couleurs Aux suaves odeurs Feint de ne pas entendre Le toutou jaser avec le gui. Leurs Propos la font sourire, et nos rêveurs Imaginent de comparer leurs deux bonheurs Cependant qu’Elle les regarde d’un air tendre, Puis se levant soudain auprès d’eux vient s’étendre. Le toutou, pour sa part, eut bien plus (à tout prendre) De baisers que le gui Qui tout alangui Entre deux jolis seins ne peut rien entreprendre Mais se contente bien, ma foi, De son trône digne d’un roi Il jouit des baisers, les voyant prendre Et les voyant rendre Sans rien prétendre. Morale Il ne faut pas chercher à comprendre.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Lou est un enfant charmant Lou est un enfant charmant petit Lou au bon cœur Il y a aussi des libellules bleues Lou est la huitième merveille du monde Lierre Herbe de la tendresse Lierre Herbe de la fidélité Avions de cristal beaux fruits du ciel qui chante Simple douceur des nues si blanches et si rondes Ce fut une heure de départ ! secteur… Ceci c’est ma prière bleue vers toi Et c’est aussi mon délice Que ce soit toi que je veuille 1915 Soldats de faïence et d’escarboucle Ô AMOUR Est-il temps de monter plus haut que notre idéal Les heures sont de belles filles langoureuse Le printemps défleuri s’éloigne Là-bas bas et se tourne parfois encore pour me sourire Et dans les champs les coquelicots se fanent en se violaçant Et en répendant une odeur opiacé Je contemple ton absenbce et ton silence Mais tu tiens à moi par mille liens subtils Mon imagination royale allume ses millions d’astres À ta flamboyante divinité des délices Non ! je ne veux pas fermer pendant la contemplation Les neufs portes des sens Et leur ouverture se dirige et se prolonge Jusqu’à toi et ton délice Le jour n’est plus. Il est temps que j’aille à la rivière me baigner. et cette onde est pleine d’herbes aussi fallaces que ton regard tandis qu’éclate un artifice meurtrier et qu’un incendie teint la nuit de couleur cerise Cueille vite cette fleur Prends vite le lambeau de nuage que je te donne Lou Dans cette nuit profonde de juin adorable Je suis ici pour te chanter des chansons En combattant Je te couvrirai de trophées J’attends seulement l’amour Mort, tes servants sont à leurs postes Mes chants t’ont appelée toute ma vie Mon chant est nu, il a dépouillé ses parures Écris-moi vite, Lou, de belle belles choses Vie de ma vie, je baise votre main Courmelois, le 21 juin 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Mon Lou la nuit descend Mon Lou la nuit descend tu es à moi je t’aime Les cyprès ont noirci le ciel a fait de même Les trompettes chantaient ta beauté mon bonheur De t’aimer pour toujours ton cœur près de mon cœur Je suis revenu doucement à la caserne Les écuries sentaient bon la luzerne Les croupes des chevaux évoquaient ta force et ta grâce D’alezane dorée ô ma belle jument de race La tour Magne tournait sur sa colline laurée Et dansait lentement lentement s’obombrait Tandis que des amants descendaient de la colline La tour dansait lentement comme une sarrasine Le vent souffle pourtant il ne fait pas du tout froid Je te verrai dans deux jours et suis heureux comme un roi Et j’aime de t’y aimer cette Nîmes la Romaine Où les soldats français remplacent l’armée prétorienne Beaucoup de vieux soldats qu’on n’a pu habiller Ils vont comme des bœufs tanguent comme des mariniers Je pense à tes cheveux qui sont mon or et ma gloire Ils sont toute ma lumière dans la nuit noire Et tes yeux sont les fenêtres d’où je veux regarder La vie et ses bonheurs la mort qui vient aider Les soldats las les femmes tristes et les enfants malades Des soldats mangent près d’ici de l’ail dans la salade L’un a une chemise quadrillée de bleu comme une carte Je t’adore mon Lou et sans te voir je te regarde Ça sent l’ail et le vin et aussi l’iodoforme Je t’adore mon Lou embrasse-moi avant que je ne dorme Le ciel est plein d’étoiles qui sont les soldats Morts ils bivouaquent là-haut comme ils bivouaquaient là-bas Et j’irai conducteur un jour lointain t’y conduire Lou que de jours de bonheur avant que ce jour ne vienne luire Aime-moi mon Lou je t’adore Bonsoir Je t’adore je t’aime adieu mon Lou ma gloire Nîmes, le 29 décembre 1914

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