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Souvenirs

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Souvenirs

Poésies de la collection souvenirs

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le cygne I Andromaque, je pense à vous ! Ce petit fleuve, Pauvre et triste miroir où jadis resplendit L'immense majesté de vos douleurs de veuve, Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit, A fécondé soudain ma mémoire fertile, Comme je traversais le nouveau Carrousel. Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville Change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel) ; Je ne vois qu'en esprit, tout ce camp de baraques, Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts, Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des flaques, Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus. Là s'étalait jadis une ménagerie ; Là je vis, un matin, à l'heure où sous les cieux Froids et clairs le travail s'éveille, où la voirie Pousse un sombre ouragan dans l'air silencieux, Un cygne qui s'était évadé de sa cage, Et, de ses pieds palmés frottant le pavé sec, Sur le sol raboteux traînait son blanc plumage. Près d'un ruisseau sans eau la bête ouvrant le bec Baignait nerveusement ses ailes dans la poudre, Et disait, le coeur plein de son beau lac natal : " Eau, quand donc pleuvras-tu ? quand tonneras-tu, foudre ? " Je vois ce malheureux, mythe étrange et fatal,

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le goût du néant Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur, Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Recueillement Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici, Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Sonnet souvenirs Je voudrais, en groupant des souvenirs divers, Imiter le concert de vos grâces mystiques. J'y vois, par un soir d'or où valsent les moustiques, La libellule bleue effleurant les joncs verts ; J'y vois la brune amie à qui rêvait en vers Celui qui fit le doux cantique des cantiques ; J'y vois ces yeux qui, dans des tableaux encaustiques, Sont, depuis Cléopâtre, encore grands ouverts. Mais, l'opulent contour de l'épaule ivoirine, La courbe des trésors jumeaux de la poitrine, Font contraste à ce frêle aspect aérien ; Et, sur le charme pris aux splendeurs anciennes, La jeunesse vivante a répandu les siennes Auprès de qui cantique ou tableau ne sont rien.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Souvenirs d'Avril Le rythme argentin de ta voix Dans mes rêves gazouille et tinte. Chant d'oiseau, bruit de source au bois, Qui réveillent ma joie éteinte. Mais les bois n'ont pas de frissons, Ni les harpes éoliennes. Qui soient si doux que tes chansons, Que tes chansons tyroliennes. * Parfois le vent m'apporte encor L'odeur de ta blonde crinière. Et je revois tout le décor D'une folle nuit, printanière ; D'une des nuits, où tes baisers S'entremêlaient d'historiettes, Pendant que de tes doigts rosés Tu te roulais des cigarettes ; Où ton babil, tes mouvements Prenaient l'étrange caractère D'inquiétants miaulements, De mordillements de panthère. * Puis tu livrais tes trésors blancs Avec des poses languissantes... Le frisson emperlait tes flancs Émus des voluptés récentes. * Ainsi ton image me suit, Réconfort aux heures glacées, Sereine étoile de la nuit Où dorment mes splendeurs passées. Ainsi, dans les pays fictifs Où mon âme erre vagabonde, Les fonds noirs de cyprès et d'ifs, S'égayent de ta beauté blonde. * Et, dans l'écrin du souvenir Précieusement enfermée, Perle que rien ne peut ternir, Tu demeures la plus aimée.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Vers amoureux Comme en un préau d'hôpital de fous Le monde anxieux s'empresse et s'agite Autour de mes yeux, poursuivant au gîte Le rêve que j'ai quand je pense à vous. Mais n'en pouvant plus, pourtant, je m'isole En mes souvenirs. Je ferme les yeux ; Je vous vois passer dans les lointains bleus, Et j'entends le son de votre parole. * Pour moi, je m'ennuie en ces temps railleurs. Je sais que la terre aussi vous obsède. Voulez-vous tenter (étant deux on s'aide) Une évasion vers des cieux meilleurs ?

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    En regardant vers le pays de France En regardant vers le pays de France, Un jour m’advint, à Douvres sur la mer, Qu’il me souvint de la douce plaisance Que je soulais au dit pays trouver ; Si commençai de cœur à soupirer, Combien certes que grand bien me faisoit De voir France que mon cœur aimer doit

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    France, jadis on te soulait nommer France, jadis on te soulait nommer, En tous pays, le trésor de noblesse, Car un chacun pouvait en toi trouver Bonté, honneur, loyauté, gentillesse, Clergie, sens, courtoisie, prouesse. Tous étrangers aimaient te suivre. Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance, Qu'il te convient maint grief mal soustenir, Très chrétien, franc royaume de France. Sais-tu d'où vient ton mal, à vrai parler ? Connais-tu point pourquoi es en tristesse ? Conter le veux, pour vers toi m'acquitter, Ecoute-moi et tu feras sagesse. Ton grand orgueil, glotonnie, paresse, Convoitise, sans justice tenir, Et luxure, dont as eu abondance, Ont pourchacié vers Dieu de te punir, Très chrétien, franc royaume de France.

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    C

    Charles le Quintrec

    @charlesLeQuintrec

    Il me souvient du vieux pays Ô mer, ne reste-t-il que sable sur le sable Pour écrire l'Histoire ? Ô mer sauvée des fables Quelle écume, à nos pieds, se souvient du chaos ? Les galets du soleil captent d'autres lumières Les goémons frottent leurs insectes par milliers Ce vieux pays en moi Mais c'est toute la mer ! Le flux et le reflux imposent ma prière Paysans et pêcheurs savent comment l'aimer. Dites-moi, mes amis, ce pays vers la mer Ce pays dans la mer, comment y revenir ? Rebâtir sur le roc villages de naguère Qui parle dans mon cœur soudain de rebâtir ? Prendrai-je le chemin qui nous aide à mourir ? Suis-je déjà trop loin sur la route éphémère ? Une rivière va, son bruit blanc, sur les pierres.

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    C

    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    Le dernier souvenir J'ai vécu, je suis mort. - Les yeux ouverts, je coule Dans l'incommensurable abîme, sans rien voir, Lent comme une agonie et lourd comme une foule. Inerte, blême, au fond d'un lugubre entonnoir Je descends d'heure en heure et d'année en année, À travers le Muet, l'Immobile, le Noir. Je songe, et ne sens plus. L'épreuve est terminée. Qu'est-ce donc que la vie ? Étais-je jeune ou vieux ? Soleil ! Amour ! - Rien, rien. Va, chair abandonnée ! Tournoie, enfonce, va ! Le vide est dans tes yeux, Et l'oubli s'épaissit et t'absorbe à mesure. Si je rêvais ! Non, non, je suis bien mort. Tant mieux. Mais ce spectre, ce cri, cette horrible blessure ? Cela dut m'arriver en des temps très anciens. Ô nuit ! Nuit du néant, prends-moi ! - La chose est sûre : Quelqu'un m'a dévoré le coeur. Je me souviens.

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    Charles Peguy

    Charles Peguy

    @charlesPeguy

    Adieu à la Meuse Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance, Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas. Meuse, adieu : j'ai déjà commencé ma partance En des pays nouveaux où tu ne coules pas.

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    C

    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Je me souviens de mon enfance Je me souviens de mon enfance Et du silence où j’avais froid ; J’ai tant senti peser sur moi Le regard de l’indifférence. Ô jeunesse, je te revois Toute petite et repliée, Assise et recueillant les voix De ton âme presque oubliée.

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    Edmond Rostand

    Edmond Rostand

    @edmondRostand

    L'album de photographies Cet album sur quoi tu te penches, Je n'en peux voir sans un frisson Les épais feuillets blancs qui sont Pareils à des façades blanches ! Je vois, dans le carton glacé, S'ouvrir, à chacune des pages Qui sont à deux ou trois étages, Six fenêtres sur le passé. On est là, la mine ravie ! Et peut-être restera-t-on A ces fenêtres de carton Plus qu'aux fenêtres de la vie. Jusques à quand souriront-ils A ces fenêtres découpées De maisonnettes de poupées, Nos vieux trois-quarts, nos vieux profils ? Sous leurs fermoirs et sous leurs moires, Les vieux albums de vieux portraits Laisseront s'effacer nos traits Plus lentement que les mémoires. On sera morts depuis longtemps Qu'aux visiteurs priés d'attendre Ces portraits feront encor prendre Patience quelques instants. On sera ces oncles, ces tantes, Ces bonshommes gras ou fluets, Ces haut-de-forme désuets, Et ces robes trop importantes ! Ces enfants dans des fauteuils, nus ; Ces lycéens — depuis grands-pères ! — Ces magistrats, ces militaires, Tous ces morts, tous ces inconnus ! Cessez, fenêtres minuscules, De nous offrir aux yeux moqueurs Lorsqu'il n'y aura plus des cœurs Pour accepter nos ridicules ! Ah ! nos portraits qui s'en iront Dans les albums inévitables Déposés sur les coins des tables Où, doucement, ils jauniront ! Morts, faudra-t-il que l'on remeure D'abord dans les cœurs, puis encor Sur ces cartons à biseau d'or Où sinistrement on demeure ? Jetez ces rois et ces valets Dont s'éternise l'agonie ! Puisque la partie est finie, Jetez les cartes ! Jetez-les !

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    En souvenir Ce soir, seul avec moi-même, je descends aux caveaux de mon cœur. Là, sous des croix, ils reposent, ceux dont j'ai vu seul et consolé les agonies, toi mon père, toi ma mère, toi ma si douce et volontaire tante qui mourus la première, voici bien des ans, en ce funèbre hiver de novembre où tant de pauvres gens sont morts au village. Toute mon enfance est restée pendue à ton cœur. Silencieuse et comme lointaine à l'existence des autres, tu m'aimais avec une maternité refoulée, avec un rêve de femme seule, mélancoliquement à part et seule. Avais-tu jamais autrement aimé ? Moi, je me confessai à toi, avant l'heure où l'on va chez les prêtres ; j'avais en une de tes poches mon épargne de gros sous ; les soirs de peur, je venais frapper à ta chambre. J'ai passé des heures — est-ce doux et déjà pâle ? — à te questionner sur mes petites amies, à te raconter mes chagrins larme à larme, à t'en-nuyer de mes pourquoi et de mes impatiences, et je me souviens qu'un jour je t'ai battue. Ce soir, seul avec moi-même, je descends aux caveaux de mon cœur. Et tes yeux me reviennent en mémoire comme de vieux joyaux ranimés soudain, doux yeux ! dont j'ai moi-même pour à tout jamais abaissé les paupières en cette heure mortuaire de cierges allumés dans la chambre aux volets clos. En ta dernière toilette, je te revois aussi : un petit bonnet blanc serrait l'ovale cireux de ton visage, tes mains étaient jointes et parmi les doigts si pâles erraient les graines d'un chapelet de la bonne mort. Parmi ce lit, si glacialement alors recouvert de grands draps, j'avais dormi, blotti et tout coi, me serrant minuscule, et je revois encore les petites étoiles au ciel en papier peint. Tu restas ainsi deux longs jours, longue avec les pieds en pointe — et moi, qui jamais jusqu'à ce jour n'avais fixé ni défunt, ni défunte, je ne te quittai qu'à l'instant de la mise en bière — oh ! les vis à travers mon âme — et quand tout fut cloué, pendant les dernières heures, avant les cloches pour toi sonnantes, l'ai-je embrassé le bois, oh ! l'ai-je embrassé, le funèbre bois chrétien de ton cercueil ! Ce soir, seul avec moi-même, je descends aux caveaux de mon cœur et m'examinant avec des pleurs et des regrets, je m'imagine : « S'il est vrai que les morts reviennent par les minuits propices, est-ce toi que je sens, douce et volontaire tante, quand la lune visiteuse s'incline, est-ce toi, cette Diane bienfaisante, telle que les légendes lointaines nous la racontent, non pas la mère, mais la tante et la vierge assise près des berceaux, patiente, tendre et sacrifiée comme la sœur d'une sœur plus heureuse ? Est-ce ta caresse, cette spirituelle lumière qui certes me vient du plus loin que la vie ? Pauvre vieille et bonne tante, dis, m'es-tu encore la pardonneuse et la consolante, suis-je toujours pour toi l'enfant, m'aimes-tu encore, toi, la plus aimée, la seule vraiment aimée en moi, quoique la déjà si morte pour tous les autres ? » Ce soir, seul avec moi-même, je descends aux caveaux de mon cœur. (Société nouvelle. 1892.)

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    E

    Eric Dubois

    @ericDubois

    Chemin Creux Saison sèche de sifflements secs D’un vent omniscient Tu Balaies le pas de ta porte Une serviette éponge ton front Tu Chantes dans la cuisine doucement Et le transistor chante aussi Tu Mets dans le bain l’enfant Qui chante Tu Dis quelle belle journée La loco tremble sur ses bases Cahote doucement Les voyageurs de la Bastille Sont comme des bannières De cendre dans le soleil blanc Masques mortuaires d’un bel Eté Tu Caresses les cuivres Et vides les cendriers Tu As pour compagnie Les cris de l’enfant Et la danse des arbres Plantés dans l’asphalte Et les couleurs Du potager

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    Amie, souviens-Toi... Amie, souviens-toi de ce jour où les prairies étaient de pierre, où les vallées étaient mouillées par la lumière, où les montagnes avaient les teintes de ces liqueurs balsamiques fabriquées par des religieux. C'était au soir et je sentais que s'élargissait mon cœur vers la neige des hauts pics dorés, verts, et des pleurs montaient à mes yeux en songeant au pays de mon enfance, là-bas, vers l'air pur et froid, vers les neiges denses, vers les montagnards, vers les bergers, vers les brebis, vers les chèvres et les chiens gardiens et les flûtes de buis que les mains calleuses rendent luisantes, vers les cloches rauques des troupeaux piétinants, vers les eaux éclusées, vers les tristes jardins, vers les presbytères doux, vers les gamins qui suivaient en chantant les conscrits qui chantaient, vers les eaux d'été, vers les poissons blancs aux ailes rouges, vers la fontaine de la place du village où j'étais un petit garçon triste et sage.

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    François Mauriac

    François Mauriac

    @francoisMauriac

    Attendre et se souvenir L'heure passe sur moi, plus lente Qu'un lourd charroi sur un chemin. Je t'attends. Je sais que l'attente Demeure mon unique gain. Elle ronge l'enfant de Sparte, Cette heure que mon sang nourrit. Mais, dès que tu m'auras souri. Je désirerai que tu partes. Les faibles mains de ma jeunesse Soutenaient l'amour sans effroi. Aujourd'hui, qu'obtenir de toi, Qui ne me tue ou ne me blesse ? Mais dans les coussins — vaine proie Que je n'ai pas su retenir — Je creuse une place à ma joie Pour t'attendre et me souvenir. Que je t'attende ou me souvienne. Alors seulement je t'étreins. Ta présence mettait un frein A ma fureur plus que païenne. Prends en pitié ces yeux fuyants Et ces mains qui me demandaient grâce : Comment te regarder en face, O dur visage éblouissant ! Mais que ton image perdue Leurre ce cœur mourant de faim ! Mais, où ta chair fut étendue. Que ma chair attende sa fin ! Mieux que dormir, mourir sépare Et toute chair et tout amour — Même si l'ami de Lazare Les ressuscite au dernier jour.

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    F

    François Porché

    @francoisPorche

    Il me souvient d’un jour Il me souvient d’un jour que l’oiseau gazouillait Derrière un contrevent par où filtrait l’aurore. Je rêvais sur ton sein et j’y rêvait d’oeillet, Dans un sommeil profond et cependant sonore. Quelque main égarée et nos genoux unis, Tous deux allongés nus sur la fraîcheur des nattes, J’écoutais en dormant l’hymne éternel des nids, Prisonnier de ton souffle et de tes aromates.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La chanson du mal-aimé Et je chantais cette romance En 1903 sans savoir Que mon amour à la semblance Du beau Phénix s’il meurt un soir Le matin voit sa renaissance. Un soir de demi-brume à Londres Un voyou qui ressemblait à Mon amour vint à ma rencontre Et le regard qu’il me jeta Me fit baisser les yeux de honte Je suivis ce mauvais garçon Qui sifflotait mains dans les poches Nous semblions entre les maisons Onde ouverte de la Mer Rouge Lui les Hébreux moi Pharaon Oue tombent ces vagues de briques Si tu ne fus pas bien aimée Je suis le souverain d’Égypte Sa soeur-épouse son armée Si tu n’es pas l’amour unique Au tournant d’une rue brûlant De tous les feux de ses façades Plaies du brouillard sanguinolent Où se lamentaient les façades Une femme lui ressemblant C’était son regard d’inhumaine La cicatrice à son cou nu Sortit saoule d’une taverne Au moment où je reconnus La fausseté de l’amour même Lorsqu’il fut de retour enfin Dans sa patrie le sage Ulysse Son vieux chien de lui se souvint Près d’un tapis de haute lisse Sa femme attendait qu’il revînt L’époux royal de Sacontale Las de vaincre se réjouit Quand il la retrouva plus pâle D’attente et d’amour yeux pâlis Caressant sa gazelle mâle J’ai pensé à ces rois heureux Lorsque le faux amour et celle Dont je suis encore amoureux Heurtant leurs ombres infidèles Me rendirent si malheureux Regrets sur quoi l’enfer se fonde Qu’un ciel d’oubli s’ouvre à mes voeux Pour son baiser les rois du monde Seraient morts les pauvres fameux Pour elle eussent vendu leur ombre J’ai hiverné dans mon passé Revienne le soleil de Pâques Pour chauffer un coeur plus glacé Que les quarante de Sébaste Moins que ma vie martyrisés Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir Adieu faux amour confondu Avec la femme qui s’éloigne Avec celle que j’ai perdue L’année dernière en Allemagne Et que je ne reverrai plus Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d’ahan Ton cours vers d’autres nébuleuses Je me souviens d’une autre année C’était l’aube d’un jour d’avril J’ai chanté ma joie bien-aimée Chanté l’amour à voix virile Au moment d’amour de l’année

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Mai Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée Les pétales flétris sont comme ses paupières Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Marie Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand C’est la maclotte qui sautille Toutes les cloches sonneront Quand donc reviendrez-vous Marie Les masques sont silencieux Et la musique est si lointaine Qu’elle semble venir des cieux Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine Et mon mal est délicieux Les brebis s’en vont dans la neige Flocons de laine et ceux d’argent Des soldats passent et que n’ai-je Un cœur à moi ce cœur changeant Changeant et puis encor que sais-je

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Delfica La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance, Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs, Sous l’olivier, le myrthe ou les saules tremblants, Cette chanson d’amour… qui toujours recommence ! Reconnais-tu le Temple, au péristyle immense, Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents ? Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents, Où du dragon vaincu dort l’antique semence. Ils reviendront, ces dieux que tu pleures toujours ! Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ; La terre a tressailli d’un souffle prophétique… Cependant la sibylle au visage latin Est endormie encor sous l’arc de Constantin : – Et rien n’a dérangé le sévère portique.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Fantaisie Il est un air pour qui je donnerais Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, Un air très-vieux, languissant et funèbre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens à l'entendre, De deux cents ans mon âme rajeunit : C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre Un coteau vert, que le couchant jaunit, Puis un château de brique à coins de pierre, Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs, Ceint de grands parcs, avec une rivière Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ; Puis une dame, à sa haute fenêtre, Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens, Que dans une autre existence peut-être, J'ai déjà vue… et dont je me souviens !

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    Henry Bataille

    Henry Bataille

    @henryBataille

    Les souvenirs Les souvenirs, ce sont les chambres sans serrures, Des chambres vides où l'on n'ose plus entrer, Parce que de vieux parents jadis y moururent. On vit dans la maison où sont ces chambres closes. On sait qu'elles sont là comme à leur habitude, Et c'est la chambre bleue, et c'est la chambre rose... La maison se remplit ainsi de solitude, Et l'on y continue à vivre en souriant...

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    Auteur inconnu

    Titre inconnu Il nous a quitté dans la journée, entouré des siens qui étaient tous biens. La tête toujours haute, celui qui avait la cote est parti, laissant une vie bien remplie. C'était didi, mon oncle tant chéri qui n'avait aucun ennemi parmi les Biskris. C'était un bon infirmier qui avait à l'hôpital, exercé pendant de longues années sans se préoccuper de sa propre santé. Il était le meilleur en toute heure, un homme de coeur courageux et sans peur. A nous tous, il va manquer Je suis profondément peiné Adieu mon oncle.

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    J

    Jean-Baptiste Clément

    @jeanBaptisteClement

    Le temps des cerises Quand nous chanterons le temps des cerises, Et gai rossignol et merle moqueur Seront tous en fête ; Les belles auront la folie en tête Et les amoureux du soleil au cœur… Quand nous chanterons le temps des cerises, Sifflera bien mieux le merle moqueur. Mais il est bien court, le temps des cerises, Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant Des pendants d'oreilles ! Cerises d'amour, aux robes pareilles, Tombant sous la feuille en gouttes de sang … Mais il est bien court le temps des cerises, Pendants de corail qu'on cueille en rêvant ! Quand vous en serez au temps des cerises, Si vous avez peur des chagrins d'amour, Évitez les belles. Moi qui ne crains pas les peines cruelles, Je ne vivrai point sans souffrir un jour. Quand vous en serez au temps des cerises, Vous aurez aussi des chagrins d'amour. J'aimerai toujours le temps des cerises ; C'est de ce temps là que je garde au cœur Une plaie ouverte ; Et dame Fortune, en m'étant offerte, Ne pourra jamais fermer ma douleur. J'aimerai toujours le temps des cerises Et le souvenir que je garde au cœur.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Plaisir d'amour Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, Chagrin d'amour dure toute la vie. J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie, Elle me quitte et prend un autre amant. Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, Chagrin d'amour dure toute la vie. Tant que cette eau coulera doucement Vers ce ruisseau qui borde la prairie, Je t'aimerai, me répétait Sylvie ; L'eau coule encor, elle a changé pourtant ! Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, Chagrin d'amour dure toute la vie.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    France, Mère des arts, des armes et des lois France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois, Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ? France, France, réponds à ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix. Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine, Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau. Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure : Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché, Qui pour son ornement quelque trophée porte, Lever encore au ciel sa vieille tête morte, Dont le pied fermement n'est en terre fiché,

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    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    J’ai vu pleurer maman… J’ai vu pleurer maman… Qu’importe allez les souvenirs, Ils ne sont que chimères… Lambeaux de sentiments, comme ils font souffrir, Jetés aux quatre vents, J’ai vu pleurer ma mère, Avec ses cinq enfants, avec mes petits frères, Et dans leurs yeux l’espoir, bien plus grand que la terre, cœurs d’enfants grands comme l’océan, Pour cacher toutes les misères, Froid aux pieds en hivers, et aux mains pas de gants, La neige est l’ennemi quand on est un enfant, Et qu’il n’y a pas d’argent. J’ai vu pleurer ma mère, J’ai vu pleurer Maman…

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