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Femmes

179 poésies en cours de vérification
Femmes

Poésies de la collection femmes

    Philippe Desportes

    Philippe Desportes

    @philippeDesportes

    Que vous m'allez tourmentant Que vous m'allez tourmentant De m'estimer infidèle ! Non, vous n'êtes point plus belle Que je suis ferme et constant. Pour bien voir quelle est ma foi, Regardez-moi dans votre âme : C'est comme j'en fais, Madame ; Dans la mienne je vous vois. Si vous pensez me changer, Ce miroir me le rapporte ; Voyez donc, de même sorte, En vous, si je suis léger. Pour vous, sans plus, je fus né, Mon cœur n'en peut aimer d'autre : Las ! si je ne suis plus vôtre, A qui m'avez-vous donné ?

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    Philippe Desportes

    Philippe Desportes

    @philippeDesportes

    Rosette, pour un peu d'absence Rosette, pour un peu d'absence, Votre cœur vous avez changé, Et moi, sachant cette inconstance, Le mien autre part j'ai rangé : Jamais plus, beauté si légère Sur moi tant de pouvoir n'aura Nous verrons, volage bergère, Qui premier s'en repentira. Tandis qu'en pleurs je me consume, Maudissant cet éloignement, Vous qui n'aimez que par coutume, Caressiez un nouvel amant. Jamais légère girouette Au vent si tôt ne se vira : Nous verrons, bergère Rosette. Qui premier s'en repentira. Où sont tant de promesses saintes, Tant de pleurs versés en partant ? Est-il vrai que ces tristes plaintes Sortissent d'un cœur inconstant ? Dieux ! que vous êtes mensongère ! Maudit soit qui plus vous croira ! Nous verrons, volage bergère, Qui premier s'en repentira. Celui qui a gagné ma place Ne vous peut aimer tant que moi ; Et celle que j'aime vous passe De beauté, d'amour et de foi. Gardez bien votre amitié neuve, La mienne plus ne variera, Et puis, nous verrons à l'épreuve Qui premier s'en repentira.

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    Fabre d'Eglantine

    Fabre d'Eglantine

    @fabreDeglantine

    Hospitalité Il pleut, il pleut, bergère, Presse tes blancs moutons, Allons sous ma chaumière, Bergère, vite, allons. J'entends sur le feuillage L'eau qui tombe à grand bruit ; Voici, voici l'orage, Voici l'éclair qui luit. Bonsoir, bonsoir, ma mère, Ma Sœur Anne, bonsoir ! J'amène ma bergère Près de nous pour ce soir. Va te sécher, ma mie, Auprès de nos tisons. Sœur, fais-lui compagnie ; Entrez, petits moutons.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Chanson Si je perds bien des maîtresses, J'en fais encor plus souvent, Et mes vœux et mes promesses Ne sont que feintes caresses, Et mes vœux et mes promesses Ne sont jamais que du vent.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Source délicieuse en misères féconde Source délicieuse en misères féconde, Que voulez-vous de moi, flatteuses voluptés ? Honteux attachements de la chair et du Monde, Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés ? Allez honneurs, plaisirs, qui me livrez la guerre, Toute votre félicité Sujette à l'instabilité En moins de rien tombe par terre, Et comme elle a l'éclat du verre Elle en a la fragilité.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Stances à la marquise du parc Marquise si mon visage À quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu'à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits : On m'a vu ce que vous êtes Vous serez ce que je suis. Cependant j'ai quelques charmes Qui sont assez éclatants Pour n'avoir pas trop d'alarmes De ces ravages du temps. Vous en avez qu'on adore ; Mais ceux que vous méprisez Pourraient bien durer encore Quand ceux-là seront usés. Ils pourront sauver la gloire Des yeux qui me semblent doux, Et dans mille ans faire croire Ce qu'il me plaira de vous.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Ode à Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las ! las ! ses beautés laissé choir ! Ô vraiment marâtre Nature, Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur, la vieillesse Fera ternir votre beauté.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Prends cette rose Prends cette rose aimable comme toi, Qui sert de rose aux roses les plus belles, Qui sert de fleur aux fleurs les plus nouvelles, Dont la senteur me ravit tout de moi.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Quand vous serez bien vieille Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. » Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom, de louange immortelle. Je serai sous la terre et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Sonnet à Marie Je vous envoie un bouquet que ma main Vient de trier de ces fleurs épanouies ; Qui ne les eût à ces vêpres cueillies, Tombées à terre elles fussent demain.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Te regardant assise auprès de ta cousine Te regardant assise auprès de ta cousine, Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil, Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil, Croissantes en beauté, l'une à l'autre voisine. La chaste, sainte, belle et unique Angevine, Vite comme un éclair sur moi jeta son œil. Toi, comme paresseuse et pleine de sommeil, D'un seul petit regard tu ne m'estimas digne. Tu t'entretenais seule au visage abaissé, Pensive toute à toi, n'aimant rien que toi-même, Dédaignant un chacun d'un sourcil ramassé. Comme une qui ne veut qu'on la cherche ou qu'on l'aime. J'eus peur de ton silence et m'en ahai tout blërne, Craignant que mon salut n'eût ton œil offensé.

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    P

    Pierre Motin

    @pierreMotin

    Élégie contre les femmes À quoi, Destin sanglant, tient-il que tu n'égales Le bonheur des mortels à celui des cigales, N'ayant donné la voix qu'aux mâles seulement ? Des femmes sans raison le faible entendement, Par la bouche exprimant ses images frivoles, Ne pourrait nous tromper par de vaines paroles, Ne saurait pas mentir, reprocher et crier, Flatter, feindre, trahir, jurer, injurier. De là vient la feintise, et la haine, et la guerre, Et toutes les fureurs qui saccagent la terre, Car tout le mal qui donne aux mortels du souci Prend son nom d'une femme et de nature aussi, Comme peste, langueurs, fièvres, hydropisie, Avarice, tristesse, envie, jalousie, Crainte, furie, horreur, vengeance, ambition : Le nom de femme est propre à toute passion. La mort même, des maux le dernier et le pire, Est femme, et comme telle à toute chose aspire. ô femme, dont l'aspeâ, aux mortels déleétable Autant comme la haine, est toujours redoutable, Vous aimez en vipère, et ceux que vous baisez S'avancent au sépulcre où vous les conduisez! Ou bien la pauvreté, la douleur, et la honte, Accompagnent toujours ceux dont vous faites conte, Insensés et trop vains d'embrasser les premiers Vos corps, qui ne sont rien que de vivants fumiers ! Vos tresses en serpents aux tombeaux sont changées, Et de votre œil sorcier les fleurs sont outragées. L'oiseau qui du soleil sent les pures ardeurs, Qui s'immole, mourant, sur un lit plein d'odeurs, Et son plumage d'or de cent couleurs émaille, Apparaît plus souvent qu'une femme qui vaille.

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    Raymond Radiguet

    Raymond Radiguet

    @raymondRadiguet

    Nues Au regard frivoles les nues Se refusent selon la nuit Vers l'aurore sans plus de bruit Dormez chère étoile ingénue Sous les arbres de l'avenue Les amours ne sont plus gratuits Au regard frivoles les nues Se refusent selon la nuit Deux étoiles à demi nues Semblables sœurs nées à minuit Chacune son tour nous conduit À des adresses inconnues De vos regards frivoles nues

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    R

    Rene Depestre

    @reneDepestre

    Célébration de ma femme Comme le feu qui rit aux éclats dans ta chair ma poésie sera corps de femme au soleil tel un bateau chargé d'épices à la folie ma vie tangue sous le poids de ta mythologie toi par qui le plaisir navigue en haute mer toi qui donnes un horizon à mes chimères corps au feu magicien sexe à incandescence toi qui sais azurer les soirs sans espérance quel honneur plus glorieux que celui de chanter dans un lied éclatant de joie et de santé le grand soleil labié où les quatre éléments montent au ciel dans l'arc émerveillé du sang.

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    R

    Renee Vivien

    @reneeVivien

    A la femme aimée Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume, Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain. Ton corps se devinait, ondoiement incertain, Plus souple que la vague et plus frais que l’écume. Le soir d’été semblait un rêve oriental De rose et de santal. Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids. Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts En le souffle pâmé des angoisses suprêmes. De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour L’agonie et l’amour. Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes La douceur et l’effroi de ton premier baiser. Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes Parmi des flots de sons languissamment décrus, Blonde, tu m’apparus. Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible, D’infini, je voulus moduler largement Un hymne de magie et d’émerveillement. Mais la strophe monta bégayante et pénible, Reflet naïf, écho puéril, vol heurté, Vers ta Divinité.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Naïade moderne Les remous de la mer miroitaient dans ta robe. Ton corps semblait le flot traître qui se dérobe. Tu m’attirais vers toi comme l’abîme et l’eau ; Tes souples mains avaient le charme du réseau, Et tes vagues cheveux flottaient sur ta poitrine, Fluides et subtils comme l’algue marine. Cet attrait décevant qui pare le danger Rendait encor plus doux ton sourire léger ; Ton front me rappelait les profondeurs sereines, Et tes yeux me chantaient la chanson des sirènes.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Ondine Ton rire est clair, ta caresse est profonde, Tes froids baisers aiment le mal qu’ils font ; Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l’onde, Et les lys d’eau sont moins purs que ton front. Ta forme fuit, ta démarche est fluide, Et tes cheveux sont de légers réseaux ; Ta voix ruisselle ainsi qu’un flot perfide ; Tes souples bras sont pareils aux roseaux, Aux longs roseaux des fleuves, dont l’étreinte Enlace, étouffe, étrangle savamment, Au fond des flots, une agonie éteinte Dans un nocturne évanouissement.

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    R

    Renee Vivien

    @reneeVivien

    À une femme Tendre à qui te lapide et mortelle à qui t’aime, Faisant de l’attitude un frisson de poème, O Femme dont la grâce enfantine et suprême Triomphe dans la fange et les pleurs et le sang, Tu n’aimes que la main qui meurtrit ta faiblesse, La parole qui trompe et le baiser qui blesse, L’antique préjugé qui meurt avec noblesse Et le désir d’un jour qui sourit en passant. Férocité passive, âme légère et douce, Pour t’attirer, il faut que le geste repousse : Ta chair inerte appelle, en râlant, la secousse Et l’effort sans beauté du mâle triomphant. Esclave du hasard, des choses et de l’heure, Être ondoyant, en qui rien de vrai ne demeure, Tu n’accueilles jamais la passion qui pleure Ni l’amour qui languit sous ton regard d’enfant. Le baume du banal et le fard du factice, L’absurdité des lois, la vanité du vice Et l’amant dont l’orgueil contente ton caprice, Suffisent à ton cœur sans rêve et sans espoir. Jamais tu ne t’éprends de la grâce d’un songe, D’un reflet dont le charme expirant se prolonge, D’un écho dans lequel le souvenir se plonge, Jamais tu ne pâlis à l’approche du soir.

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    Rhita Benjelloun

    @rhitaBenjelloun

    Le socle du monde Être femme, cœur et âme Non seulement une chaire sous une trame Loin d’être avare, d’amour vous inonde À elle seule ce don, elle est le socle du monde Être femme, c’est la douceur qui vous guide Elle a soif d’altruisme avec un cœur avide Elle donne sans pour autant recevoir, Ne souhaitant que de l’estime et de l’égard Être femme, c’est porter le monde Le voir grandir, et renaître de ses cendres Le tenir entre les mains puis observer ses pas Et le soutenir, pour qu’un jour à bon port il arrivera Être femme, c’est l’incarnation de la patience De la tendresse, de l’affection, Du charme et de l’élégance Être femme, c’est marcher et avoir la tête haute Car elle est la fierté des autres

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    Robert Garnier

    @robertGarnier

    Les juives, chœur Pauvres filles de Sion, Vos liesses sont passées; La commune affliction Les a toutes effacées.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Autre éventail de mademoiselle Mallarmé O rêveuse, pour que je plonge Au pur délice sans chemin, Sache, par un subtil mensonge, Garder mon aile dans ta main. Une fraîcheur de crépuscule Te vient à chaque battement Dont le coup prisonnier recule L’horizon délicatement. Vertige ! voici que frissonne L’espace comme un grand baiser Qui, fou de naître pour personne, Ne peut jaillir ni s’apaiser. Sens-tu le paradis farouche Ainsi qu’un rire enseveli Se couler du coin de ta bouche Au fond de l’unanime pli ! Le sceptre des rivages roses Stagnants sur les soirs d’or, ce l’est, Ce blanc vol fermé que tu poses Contre le feu d’un bracelet.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Billet Pas les rafales à propos De rien comme occuper la rue Sujette au noir vol de chapeaux ; Mais une danseuse apparue Tourbillon de mousseline ou Fureur éparses en écumes Que soulève par son genou Celle même dont nous vécûmes Pour tout, hormis lui, rebattu Spirituelle, ivre, immobile Foudroyer avec le tutu, Sans se faire autrement de bile Sinon rieur que puisse l’air De sa jupe éventer Whistler.

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    S

    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Maïeutique reproductive J’ai enfanté moi aussi dans la douleur Mon ventre dégonflé Soudaine surprise biochimique Mon enfant était là Luisant et métallique Comme une œuvre d’art jaillissant du néant J’étais la déesse créatrice Fertile, sacrée Seule dans mon bonheur Emparée par une euphorie mystique J’ai cru, un seul instant, être le scarabée de l’humanité

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    S

    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Sérigraphie d’une cellule Puis-je espérer plus ? NON Vision multiple et multiplicatrice Âme décalée soumise au vouloir de la chair Transgression Énergie désaltérante d’un après-midi Éclair Je crie pour que mon ego s’éparpille dans le néant. Puis-je croire encore ? OUI Si la dichotomie de l’être surgit assoiffée de vérités. Émerveillement subit d’une naissance Désir de maternité Vie intense et inévitable C’est encore possible Je sais

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Ô jeune Florentine Ô jeune Florentine à la prunelle noire, Beauté dont je voudrais éterniser la gloire, Vous sur qui notre maître eût jeté plus de lys Que devant Galatée ou sur Amaryllis, Vous qui d’un blond sourire éclairez toutes choses Et dont les pieds polis sont pleins de reflets roses, Hier vous étiez belle, en quittant votre bain, À tenter les pinceaux du bel ange d’Urbin. Ô colombe des soirs ! moi qui vous trouve telle Que j’ai souvent brûlé de vous rendre immortelle, Si j’étais Raphaël ou Dante Alighieri Je mettrais des clartés sur votre front chéri, Et des enfants riants, fous de joie et d’ivresse, Planeraient, éblouis, dans l’air qui vous caresse. Si Virgile, ô diva ! m’instruisait à ses jeux, Mes chants vous guideraient vers l’Olympe neigeux Et l’on y pourrait voir sous les rayons de lune, Près de la Vénus blonde une autre Vénus brune. Vous fouleriez ces monts que le ciel étoilé Regarde, et sur le blanc tapis inviolé Qui brille, vierge encor de toute flétrissure, Les Grâces baiseraient votre belle chaussure ! Mai 1842.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    La chanson de ma mie Or, voyez qui je suis, ma mie. Alfred de Musset. L’eau, dans les grands lacs bleus Endormie, Est le miroir des cieux : Mais j’aime mieux les yeux De ma mie. Pour que l’ombre parfois Nous sourie, Un oiseau chante au bois : Mais j’aime mieux la voix De ma mie. La rosée, à la fleur Défleurie Rend sa vive couleur : Mais j’aime mieux un pleur De ma mie. Le temps vient tout briser. On l’oublie : Moi, pour le mépriser, Je ne veux qu’un baiser De ma mie. La rose sur le lin Meurt flétrie ; J’aime mieux pour coussin Les lèvres et le sein De ma mie. On change tour à tour De folie : Moi, jusqu’au dernier jour, Je m’en tiens à l’amour De ma mie. Mars 1845.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    La femme aux roses Nue, et ses beaux cheveux laissant en vagues blondes Courir à ses talons des nappes vagabondes, Elle dormait, sereine. Aux plis du matelas Un sommeil embaumé fermait ses grands yeux las, Et ses bras vigoureux, pliés comme des ailes, Reposaient mollement sur des flots de dentelles. Or, la capricieuse avait, d’un doigt coquet, Sur elle et sur le lit parsemé son bouquet, Et, – fond éblouissant pour ces splendeurs écloses ! – Son corps souple et superbe était jonché de roses. Et ses lèvres de flamme, et les fleurs de son sein, Sur ces coteaux neigeux qu’elle montre à dessein, Semblaient, aux yeux séduits par de douces chimères, Les boutons rougissants de ces fleurs éphémères.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Le thé Miss Ellen, versez-moi le Thé Dans la belle tasse chinoise, Où des poissons d’or cherchent noise Au monstre rose épouvanté. J’aime la folle cruauté Des chimères qu’on apprivoise : Miss Ellen, versez-moi le Thé Dans la belle tasse chinoise. Là, sous un ciel rouge irrité, Une dame fière et sournoise Montre en ses longs yeux de turquoise L’extase et la naïveté : Miss Ellen, versez-moi le Thé.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Lorsque ma soeur et moi Lorsque ma soeur et moi, dans les forêts profondes, Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux, En nous baisant au front tu nous appelais fous, Après avoir maudit nos courses vagabondes. Puis, comme un vent d’été confond les fraîches ondes De deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux, Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux, Tu mêlais en riant nos chevelures blondes. Et pendant bien longtemps nous restions là blottis, Heureux, et tu disais parfois : Ô chers petits. Un jour vous serez grands, et moi je serai vieille ! Les jours se sont enfuis, d’un vol mystérieux, Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Caerulei oculi Une femme mystérieuse, Dont la beauté trouble mes sens, Se tient debout, silencieuse, Au bord des flots retentissants. Ses yeux, où le ciel se reflète, Mêlent à leur azur amer, Qu'étoile une humide paillette, Les teintes glauques de la mer. Dans les langueurs de leurs prunelles, Une grâce triste sourit ; Les pleurs mouillent les étincelles Et la lumière s'attendrit ; Et leurs cils comme des mouettes Qui rasent le flot aplani, Palpitent, ailes inquiètes, Sur leur azur indéfini. Comme dans l'eau bleue et profonde, Où dort plus d'un trésor coulé, On y découvre à travers l'onde La coupe du roi de Thulé. Sous leur transparence verdâtre, Brille parmi le goémon, L'autre perle de Cléopâtre Prés de l'anneau de Salomon. La couronne au gouffre lancée Dans la ballade de Schiller, Sans qu'un plongeur l'ait ramassée, Y jette encor son reflet clair. Un pouvoir magique m'entraîne Vers l'abîme de ce regard, Comme au sein des eaux la sirène Attirait Harald Harfagar. Mon âme, avec la violence D'un irrésistible désir, Au milieu du gouffre s'élance Vers l'ombre impossible à saisir. Montrant son sein, cachant sa queue, La sirène amoureusement Fait ondoyer sa blancheur bleue Sous l'émail vert du flot dormant. L'eau s'enfle comme une poitrine Aux soupirs de la passion ; Le vent, dans sa conque marine, Murmure une incantation. " Oh ! viens dans ma couche de nacre, Mes bras d'onde t'enlaceront ; Les flots, perdant leur saveur âcre, Sur ta bouche, en miel couleront. " Laissant bruire sur nos têtes, La mer qui ne peut s'apaiser, Nous boirons l'oubli des tempêtes Dans la coupe de mon baiser. " Ainsi parle la voix humide De ce regard céruléen, Et mon coeur, sous l'onde perfide, Se noie et consomme l'hymen.

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