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Femmes

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Femmes

Poésies de la collection femmes

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Aux femmes S'il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre, Qu'une entre vous vraiment comprit sa tâche austère ; Si, dans le sentier rude avançant lentement, Cette âme s'arrêtait à quelque dévoûment ; Si c'était la bonté sous les cieux descendue, Vers les infortunés la main toujours tendue ; Si l'époux et l'enfant à ce cœur ont puisé ; Si l'espoir de plusieurs sur elle est déposé ; Femmes, enviez-la ! Tandis que dans la foule Votre vie inutile en vains plaisirs s'écoule Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné, Elle a sa foi, son but et son labeur donné. Enviez-la ! Qu'il souffre ou combatte, c'est Elle Que l'homme à son secours incessamment appelle, Sa joie et son espoir, son rayon sous les cieux, Qu'il pressentait de l'âme et qu'il cherchait des yeux, La colombe au cou blanc qu'un vent du ciel ramène Vers cette arche en danger de la famille humaine, Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour, Pour branche d'olivier a rapporté l'amour.

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Deux vers d'Alcée Quel était ton désir et ta crainte secrète ? Quoi ! le vœu de ton cœur, ta Muse trop discrète Rougit-elle de l'exprimer ? Alcée, on reconnaît l'amour à ce langage. Sapho feint vainement que ton discours l'outrage, Sapho sait que tu vas l'aimer. Tu l'entendais chanter, tu la voyais sourire, La fille de Lesbos, Sapho qui sur sa lyre Répandit sa grâce et ses feux. Sa voix te trouble, Alcée, et son regard t'enflamme Tandis que ses accents pénétraient dans ton âme, Sa beauté ravissait tes yeux. Que devint ton amour ? L'heure qui le vit naître L'a-t-elle vu mourir ? Vénus ailleurs peut-être Emporta tes vœux fugitifs. Mais le parfum du cœur jamais ne s'évapore ; Même après deux mille ans je le respire encore Dans deux vers émus et craintifs.

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Mon livre Je ne vous offre plus pour toutes mélodies Que des cris de révolte et des rimes hardies. Oui ! Mais en m’écoutant si vous alliez pâlir ? Si, surpris des éclats de ma verve imprudente, Vous maudissez la voix énergique et stridente Qui vous aura fait tressaillir ? Pourtant, quand je m’élève à des notes pareilles, Je ne prétends blesser les cœurs ni les oreilles. Même les plus craintifs n’ont point à s’alarmer ; L’accent désespéré sans doute ici domine, Mais je n’ai pas tiré ces sons de ma poitrine Pour le plaisir de blasphémer. Comment ? la Liberté déchaîne ses colères ; Partout, contre l’effort des erreurs séculaires ; La Vérité combat pour s’ouvrir un chemin ; Et je ne prendrais pas parti de ce grand drame ? Quoi ! ce cœur qui bat là, pour être un cœur de femme, En est-il moins un cœur humain ? Est-ce ma faute à moi si dans ces jours de fièvre D’ardentes questions se pressent sur ma lèvre ? Si votre Dieu surtout m’inspire des soupçons ? Si la Nature aussi prend des teintes funèbres, Et si j’ai de mon temps, le long de mes vertèbres, Senti courir tous les frissons ? Jouet depuis longtemps des vents et de la houle, Mon bâtiment fait eau de toutes parts ; il coule. La foudre seule encore à ses signaux répond. Le voyant en péril et loin de toute escale, Au lieu de m’enfermer tremblante à fond de cale, J’ai voulu monter sur le pont. À l’écart, mais debout, là, dans leur lit immense J’ai contemplé le jeu des vagues en démence. Puis, prévoyant bientôt le naufrage et la mort, Au risque d’encourir l’anathème ou le blâme, À deux mains j’ai saisi ce livre de mon âme, Et j’ai lancé par-dessus bord. C’est mon trésor unique, amassé page à page. À le laisser au fond d’une mer sans rivage Disparaître avec moi je n’ai pu consentir. En dépit du courant qui l’emporte ou l’entrave, Qu’il se soutienne donc et surnage en épave Sur ces flots qui vont m’engloutir ! Paris, 7 janvier 1874

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    M

    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    Ève À Maurice Isabey Ève au corps ingénu lasse de jeux charmants Avec les biches rivales et les doux léopards Goûte à présent le repos extatique, Sur la riche brocatelle des mousses. Autour d’elle, le silence de midi Exalte la pamoison odorante des calices, Et le jeune soleil baise les feuillées neuves. Tout est miraculeux dans ce Jardin de Joie: Les branchages s’étoilent de fruits symboliques Rouges comme des cœurs et blancs comme des âmes; Les Roses d’Amour encore inécloses Dorment au beau Rosier; Les Lys premiers nés Balancent leurs fervents encensoirs Auprès Des chères coupes des Iris Où fermente le vin noir des mélancolies; Et le Lotus auguste rêve aux règnes futurs. Mais parmi les ramures, C’est la joie criante des oiseaux; Bleus comme les flammes vives du Désir, Roses comme de chastes Caresses Ornés d’or clair ainsi que des Poèmes Et vêtus d’ailes sombres comme les Trahisons. Ève repose, Et cependant que ses beaux flancs nus, Ignorants de leurs prodigieuses destinées, Dorment paisibles et par leurs grâces émerveillent La tribu docile des antilopes, Voici descendre des plus hautes branches Un merveilleux Serpent à la bouche lascive, Un merveilleux Serpent qu’attire et tente La douceur magnétique de ces beaux flancs nus, Et voici que pareil à un bras amoureux, Il s’enroule autour De ces beaux flancs nus Ignorants de leurs prodigieuses destinées.

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    M

    Martineau Philippe

    @martineauPhilippe

    Carmen Comment savoir si tes cheveux au vent ont un cœur de tourterelle... ou un nid de frelons ? Comment savoir si tes yeux tant rêvés ont l’autre part du rêve... ou ne sont que deux plaies ? Comment savoir si tes lèvres carmin préparent un baiser... ou un cri de douleur ? Comment savoir si ton sang d’aquarelle est celui qui me peint... ou celui que je perds ?

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    Maurice Scève

    Maurice Scève

    @mauriceSceve

    L'aube éteignait étoiles à foison L'Aube éteignait Étoiles à foison, Tirant le jour des régions infimes, Quand Apollo montant sur l'Horizon Des monts cornus dorait les hautes cimes. Lors du profond des ténébreux Abîmes, Où mon penser par ses fâcheux ennuis Me fait souvent percer les longues nuits, Je révoquai à moi l'âme ravie : Qui, desséchant mes larmoyants conduits, Me fait clair voir le Soleil de ma vie… L'ardent désir du haut bien désiré, Qui aspirait à cette fin heureuse, A de l'ardeur si grand feu attiré, Que le corps vif est jà poussière Ombreuse : Et de ma vie, en ce point malheureuse Pour vouloir tout à son bien condescendre, Et de mon être, ainsi réduit en cendre Ne m'est resté, que ces deux signes-ci : L'œil larmoyant pour piteuse te rendre, La bouche ouverte à demander merci…

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    Mellin de Saint-Gelais

    Mellin de Saint-Gelais

    @mellinDeSaintGelais

    Epitaphe de Marie Compane femme de Nicolas de Herberay Cy gist le corps de la plus heureuse ame Qui oncques fut ou soit pour sa beauté, Ou pour ses meurs, ou pour sa loyaulté, Ou pour avoir esté d'un amy femme. Amy qui a or le bruyt et la fame D'un vif exemple et seur de fermetté, Qui ce corps mort, ce corps tant regretté, Plus mort luy mesme a mys soubz ceste lame. Pas n'eust voulu seul demeurer vivant, Et seul sans elle au monde il pensoit estre, Dont vif voulut s'enterrer la suivant. L'ombre de luy seulle on veoit apparoistre, Et est ce lieu heureux sur toute chose, Où il languit et morte elle repose.

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    M

    Michel Ménaché

    @michelMenache

    Le métier qui danse La femme de chambre chaque matin danse avec les draps de lit en capilotade Elle les déploie comme des drapeaux En trois tours de valse elle les roule en boule et s’éclipse avec le panier à linge Et quand elle rentre chez elle elle se laisse tomber sur son lit défait épuisée par tous ces tours sans l’épaule d’un cavalier pour appuyer sa joue et ses rêves

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    N

    Nashmia Noormohamed

    @nashmiaNoormohamed

    Grossesse Grossesse, quel mot immonde, pour cette merveilleuse métamorphose. Grossesse, voulue ou non, désirée, provoquée ou avortée. Grossesse, en prélude à la maternité, la mère enfantée. Grossesse, fruit de l’amour, l’amour éclair ou l’amour toujours. Grossesse, moment de plénitude, ou quand l’enfant élève la mère. Grossesse, heureux hasard aléatoire, source de vie. Grossesse, nausées, insomnies, mal-être oubliés dès le premier regard, entre le nouveau-né et sa mère fraîchement nommée.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    La muse Bluet aux regards d’améthyste, Bluet aux yeux de ciel, dis-nous Ce qui te fait être si triste ? – J’ai vu ses yeux, j’en suis jaloux. Et toi, simple églantine rose, Payse aux lèvres de carmin, Pourquoi sembles-tu si morose ? – Je suis jalouse de son teint. Toi, beau lys, qu’en dis-tu ? – Que n’ai-je Le fin velouté, la blancheur, La fraîcheur d’aurore et de neige De sa diaphane blondeur ! Je comprends votre jalousie, Ô fleurs, c’est qu’hier, en ces lieux, Dans sa robe de fantaisie La Muse a passé sous vos yeux.

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    Pablo Neruda

    Pablo Neruda

    @pabloNeruda

    À mon coeur suffit ta poitrine À mon cœur suffit ta poitrine, Mes ailes pour ta liberté. De ma bouche atteindra au ciel Tout ce qui dormait sur ton âme. En toi l’illusion quotidienne. Tu viens, rosée sur les corolles. Absente et creusant l’horizon Tu t’enfuis, éternelle vague. Je l’ai dit : tu chantais au vent Comme les pins et les mâts des navires. Tu es haute comme eux et comme eux taciturne. Tu t’attristes soudain, comme fait un voyage. Accueillante, pareille à un ancien chemin. Des échos et des voix nostalgiques te peuplent. À mon réveil parfois émigrent et s’en vont Des oiseaux qui s’étaient endormis dans ton âme.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    L’entente I Au centre de la ville la tête prise dans le vide d’une place Ne sachant pas ce qui t’arrête ô toi plus forte qu’une statue Tu donnes à la solitude un premier gage Mais c’est pour mieux la renier T’es-tu déjà prise par la main As-tu déjà touché tes mains Elles sont petites et douces Ce sont les mains de toutes les femmes Et les mains des hommes leur vont comme un gant Les mains touchent aux mêmes choses Écoute-toi parler tu parles pour les autres Et si tu te réponds ce sont les autres qui t’entendent Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinie Multiple tes yeux divers et confondus Font fleurir les miroirs Les couvrent de rosée de givre de pollen Les miroirs spontanés où les aubes voyagent Où les horizons s’associent Le creux de ton corps cueille des avalanches Car tu bois au soleil Tu dissous le rythme majeur Tu le redonnes au monde Tu enveloppes l’homme. Toujours en train de rire Mon petit feu charnel Toujours prête à chanter Ma double lèvre en flammes Les chemins tendres que trace ton sang clair Joignent les créatures C’est de la mousse qui recouvre le désert Sans que la nuit jamais puisse y laisser d’emprintes ni d’ornières Belle à dormir partout à rêver rencontrée à chaque instant d’air pur Aussi bien sur la terre que parmi les fruits des bras des jambes de la tête Belle à désirs renouvelés tout est nouveau tout est futur Mains qui s’étreignent ne pèsent rien Entre des yeux qui se regardent la lumière déborde L’écho le plus lointain rebondit entre nous Tranquille sève nue Nous passons à travers nos semblables Sans nous perdre Sur cette place absurde tu n’es pas plus seule Qu’une feuille dans un arbre qu’un oiseau dans les airs Qu’un trésor délivré. II Ou bien rire ensemble dans les rues Chaque pas plus léger plus rapide Nous sommes deux à ne plus compter sur la sagesse Avoue le ciel n’est pas sérieux Ce matin n’est qu’un jeu sur ta bouche de joie Le soleil se prend dans sa toile Nous conduisons l’eau pure et toute perfection Vers l’été diluvien Sur une mer qui a la forme et la couleur de ton corps Ravie de ses tempêtes qui lui font robe neuve Capricieuse et chaude Changeante comme moi Ô mes raisons le loir en a plus de dormir Que moi d’en découvrir de valables à la vie À moins d’aimer En passe de devenir caresses Tes rires et tes gestes règlent mon allure Poliraient les pavés Et je ris avec toi et je te crois toute seule Tout le temps d’une rue qui n’en finit pas.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    L’unique Elle avait dans la tranquillité de son corps Une petite boule de neige couleur d’œil Elle avait sur les épaules Une tache de silence une tache de rose Couvercle de son auréole Ses mains et des arcs souples et chanteurs Brisaient la lumière Elle chantait les minutes sans s’endormir.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    L’égalité des sexes Tes yeux sont revenus d’un pays arbitraire Où nul n’a jamais su ce que c’est qu’un regard Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres, Celle des gouttes d’eau, des perles en placards, Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue, Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir Et s’il semble obéir aux puissances du soir C’est que ta tête est close, ô statue abattue Par mon amour et par mes ruses de sauvage. Mon désir immobile est ton dernier soutien Et je t’emporte sans bataille, ô mon image, Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Dans le lit vaste et dévasté Dans le lit vaste et dévasté J'ouvre les yeux près d'elle ; Je l'effleure : un songe infidèle L'embrasse à mon côté. Une lueur tranchante et mince Echancre mon plafond. Très loin, sur le pavé profond, J'entends un seau qui grince...

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    Anne Anne qui se mélange au drap pâle et délaisse Des cheveux endormis sur ses yeux mal ouverts Mire ses bras lointains tournés avec mollesse Sur la peau sans couleur du ventre découvert. Elle vide, elle enfle d'ombre sa gorge lente, Et comme un souvenir pressant ses propres chairs, Une bouche brisée et pleine d'eau brûlante Roule le goût immense et le reflet des mers. Enfin désemparée et libre d'être fraîche, La dormeuse déserte aux touffes de couleur Flotte sur son lit blême, et d'une lèvre sèche, Tette dans la ténèbre un souffle amer de fleur. Et sur le linge où l'aube insensible se plisse, Tombe, d'un bras de glace effleuré de carmin, Toute une main défaite et perdant le délice A travers ses doigts nus dénoués de l'humain. Au hasard ! A jamais, dans le sommeil sans hommes Pur des tristes éclairs de leurs embrassements, Elle laisse rouler les grappes et les pommes Puissantes, qui pendaient aux treilles d'ossements,

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    L'abeille Quelle, et si fine, et si mortelle, Que soit ta pointe, blonde abeille, Je n'ai, sur ma tendre corbeille, Jeté qu'un songe de dentelle.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    À celle qu’on dit froide Tu n’es pas la plus amoureuse De celles qui m’ont pris ma chair ; Tu n’es pas la plus savoureuse De mes femmes de l’autre hiver. Mais je t’adore tout de même ! D’ailleurs ton corps doux et bénin A tout, dans son calme suprême, De si grassement féminin, De si voluptueux sans phrase, Depuis les pieds longtemps baisés Jusqu’à ces yeux clairs pur d’extase, Mais que bien et mieux apaisés ! Depuis les jambes et les cuisses Jeunettes sous la jeune peau, A travers ton odeur d’éclisses Et d’écrevisses fraîches, beau, Mignon, discret, doux, petit Chose A peine ombré d’un or fluet, T’ouvrant en une apothéose A mon désir rauque et muet, Jusqu’aux jolis tétins d’infante, De miss à peine en puberté, Jusqu’à ta gorge triomphante Dans sa gracile venusté, Jusqu’à ces épaules luisantes, Jusqu’à la bouche, jusqu’au front Naïfs aux mines innocentes Qu’au fond les faits démentiront, Jusqu’aux cheveux courts bouclés comme Les cheveux d’un joli garçon, Mais dont le flot nous charme, en somme, Parmi leur apprêt sans façon, En passant par la lente échine Dodue à plaisir, jusques au Cul somptueux, blancheur divine, Rondeurs dignes de ton ciseau, Mol Canova ! jusques aux cuisses Qu’il sied de saluer encor, Jusqu’aux mollets, fermes délices, Jusqu’aux talons de rose et d’or ! Nos nœuds furent incoërcibles ? Non, mais eurent leur attrait leur. Nos feux se trouvèrent terribles ? Non, mais donnèrent leur chaleur. Quant au Point, Froide ? Non pas, Fraîche. Je dis que notre « sérieux » Fut surtout, et je m’en pourlèche, Une masturbation mieux, Bien qu’aussi bien les prévenances Sussent te préparer sans plus, Comme l’on dit, d’inconvenances, Pensionnaire qui me plus. Et je te garde entre mes femmes Du regret non sans quelque espoir De quand peut-être nous aimâmes Et de sans doute nous ravoir.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    A ma femme Grande amie, aujourd'hui l'épouse de mon cœur, Toi qui fis mon délice en mes jours de langueur, Or, maintenant quelque force m'est revenue Et je puis défier la tentation nue. Rose et Noire en dehors de toi, bien entendu, A qui mon corps, vaillant et douloureux, est dû, Tout mon corps et toute mon âme et tout cet être Qui t'approche aujourd'hui, ton servant mais son maître, Et communie en toi par tels tours innocents. Désormais, Reine Légitime de mes sens, Que te voici car Dieu nous veut voir, car il aime A nous voir toujours, avec ou sans emblème, Unis, ce qui nous fait des anges à ses yeux; Tout, aussi bien, nous tient de liens précieux, Tout nous a mariés, ta maturité même. Epanouie exprés en une fleur suprême. Et ce même passé, souvent à déplorer. Luxures, trahisons, qu'il faudra réparer. Et surtout ce malheur qu'en sainte tu partages D'un courage charmant par quoi tu t'avantages, Ce malheur tout physique où je suis, tout moral De là d'où tu plaças ton vraiment auroral Et comme virginal mode de m'ëtre bonne, Ne le cédant en exactitude à personne Que dis-je ? toujours là, près du triste chevet Où l'on crut par moments que mon sort s'achevait. Oui, tout nous fiançait, tout fit les justes noces De notre avenir calme après les chocs atroces Où nous usions la chair et l'esprit, en enfants Vieillis que nous étions déjà, fous, triomphants D'un reste de jeunesse encor bien usurpée : Mais qui se sert du fer périra par l'épée ! Heureusement que sur moi seul le mot divin S'accomplit presque sous tes yeux. — Mais il est vain De parler. Agissons. Usons de patience D'abord. Il le faut bien. Puisque l'âpre science Et l'âpre maladie, en leurs mornes combats, Me piétinent, champ de bataille aux mille pas. Et puis, soyons joyeux, ou plutôt sois joyeuse, Toi dont la joie éperle une gamme soyeuse. Moi je suis résigné, presque content, content. Comblé, puisque tu vas m'en sourire d'autant. Ah ! nous serons heureux mieux qu'avant : la sagesse... Raisonnable est bien là pour nous faire largesse D'un bonheur jusqu'au bout au lieu de ce plaisir Où tu te méfiais et qui m'était désir Pur et simple, avec bien, pourtant, déjà la flèche Au cœur d'une amour étonnée et pure et fraîche-Mais tout cela c'est du futur... Vite au présent. Nous ! Et puis, te voilà de tes yeux apaisant Ma fièvre, avec ma main sur ta main qui s'y laisse. Embrassons, de bras lents, — acomptes et promesse !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    A une femme A vous ces vers de par la grâce consolante De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux, De par votre âme pure et toute bonne, à vous Ces vers du fond de ma détresse violente. C’est qu’hélas ! le hideux cauchemar qui me hante N’a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux, Se multipliant comme un cortège de loups Et se pendant après mon sort qu’il ensanglante ! Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien Que le gémissement premier du premier homme Chassé d’Eden n’est qu’une églogue au prix du mien ! Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme Des hirondelles sur un ciel d’après-midi, – Chère, – par un beau jour de septembre attiédi.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Beauté des femmes Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal, Et ces yeux, où plus rien ne reste d'animal Que juste assez pour dire : " assez " aux fureurs mâles. Et toujours, maternelle endormeuse des râles, Même quand elle ment, cette voix ! Matinal Appel, ou chant bien doux à vêpre, ou frais signal, Ou beau sanglot qui va mourir au pli des châles !... Hommes durs ! Vie atroce et laide d'ici-bas ! Ah ! que du moins, loin des baisers et des combats, Quelque chose demeure un peu sur la montagne, Quelque chose du coeur enfantin et subtil, Bonté, respect ! Car, qu'est-ce qui nous accompagne Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ?

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Compagne savoureuse et bonne Compagne savoureuse et bonne À qui j'ai confié le soin Définitif de ma personne, Toi mon dernier, mon seul témoin, Viens çà, chère, que je te baise, Que je t'embrasse long et fort, Mon coeur près de ton coeur bat d'aise Et d'amour pour jusqu'à la mort : Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Je vais gueux comme un rat d'église Et toi tu n'as que tes dix doigts ; La table n'est pas souvent mise Dans nos sous-sols et sous nos toits ; Mais jamais notre lit ne chôme, Toujours joyeux, toujours fêté Et j'y suis le roi du royaume De ta gaîté, de ta santé ! Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Après nos nuits d'amour robuste Je sors de tes bras mieux trempé, Ta riche caresse est la juste, Sans rien de ma chair de trompé, Ton amour répand la vaillance Dans tout mon être, comme un vin, Et, seule, tu sais la science De me gonfler un coeur divin. Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Qu'importe ton passé, ma belle, Et qu'importe, parbleu ! le mien : Je t'aime d'un amour fidèle Et tu ne m'as fait que du bien. Unissons dans nos deux misères Le pardon qu'on nous refusait Et je t'étreins et tu me serres Et zut au monde qui jasait ! Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Dans la danse Petite table enfantine, il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre, il y a des femmes graves comme les mouvements de l’amour qu’on ne surprend pas il y a des femmes au visage pâle d’autres comme le ciel à la veille du vent. Petite table dorée des jours de fête, il y a des femmes de bois vert et sombre: celles qui pleurent, de bois sombre et vert: celles qui rient. Petite table trop basse ou trop haute, il y a des femmes grasses avec des ombres légères, il y a des robes creuses, des robes sèches, des robes que l’on porte chez soi et que l’amour ne fait jamais sortir. Petite table, je n’aime pas les tables sur lesquelles je danse, je ne m’en doutais pas.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Es-tu brune ou blonde ? Es-tu brune ou blonde ? Sont-ils noirs ou bleus, Tes yeux ? Je n’en sais rien, mais j’aime leur clarté profonde, Mais j’adore le désordre de tes cheveux. Es-tu douce ou dure ? Est-il sensible ou moqueur, Ton cœur ? Je n’en sais rien, mais je rends grâce à la nature D’avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur. Fidèle, infidèle ? Qu’est-ce que ça fait. Au fait ? Puisque, toujours disposé à couronner mon zèle Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.

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    Paul Verlaine

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    @paulVerlaine

    Femme et chatte Elle jouait avec sa chatte, Et c’était merveille de voir La main blanche et la blanche patte S’ébattre dans l’ombre du soir. Elle cachait – la scélérate ! – Sous ces mitaines de fil noir Ses meurtriers ongles d’agate, Coupants et clairs comme un rasoir. L’autre aussi faisait la sucrée Et rentrait sa griffe acérée, Mais le diable n’y perdait rien… Et dans le boudoir où, sonore, Tintait son rire aérien, Brillaient quatre points de phosphore.

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    Paul Verlaine

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    @paulVerlaine

    Les ingénus Les hauts talons luttaient avec les longues jupes, En sorte que, selon le terrain et le vent, Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes. Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux Inquiétait le col des belles sous les branches, Et c'était des éclairs soudains de nuques blanches, Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous. Le soir tombait, un soir équivoque d'automne : Les belles, se Pendant rêveuses à nos bras, Dirent alors des mots si spécieux, tout bas, Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L’allée Fardée et peinte comme au temps des bergeries, Frêle parmi les nœuds énormes de rubans, Elle passe sous les ramures assombries, Dans l’allée où verdit la mousse des vieux bancs, Avec mille façons et mille afféteries Qu’on garde d’ordinaire aux perruches chéries. Sa longue robe à queue est bleue, et l’éventail Qu’elle froisse en ses doigts fluets aux larges bagues S’égaie un des sujets érotiques, si vagues Qu’elle sourit, tout en rêvant, à maint détail. — Blonde, en somme. Le nez mignon avec la bouche Incarnadine, grasse, et divine d’orgueil Inconscient. — D’ailleurs plus fine que la mouche Qui ravive l’éclat un peu niais de l’œil.

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    Paul Verlaine

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    @paulVerlaine

    Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Partie carrée Chute des reins, chute du rêve enfantin d’être sage, Fesses, trône adoré de l’impudeur, Fesses, dont la blancheur divinise encor la rondeur, Triomphe de la chair mieux que celui par le visage ! Seins, double mont d’azur et de lait aux deux cîmes brunes, Commandant quel vallon, quel bois sacré ! Seins, dont les bouts charmants sont un fruit vivant, savouré Par la langue et la bouche ivres de ces bonnes fortunes ! Fesses, et leur ravin mignard d’ombre rose un peu sombre Où rôde le désir devenu fou, Chers oreillers, coussin au pli profond pour la face ou Le sexe, et frais repos des mains après ces tours sans nombres ! Seins, fins régals aussi des mains qu’ils gorgent de délices, Seins lourds, puissants, un brin fiers et moqueurs, Dandinés, balancés, et, se sentant forts et vainqueurs, Vers nos prosternements comme regardant en coulisse ! Fesses, les grandes sœurs des seins vraiment, mais plus nature, Plus bonhomme, sourieuses aussi, Mais sans malices trop et qui s’abstiennent du souci De dominer, étant belles pour toute dictature ! Mais quoi ? Vous quatre, bons tyrans, despotes doux et justes, Vous impériales et vous princiers, Qui courbez le vulgaire et sacrez vos initiés, Gloire et louange à vous, Seins très saints, Fesses très augustes !

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La courbe de tes yeux La Courbe de tes Yeux un des plus beaux poèmes de Paul Éluard. C’est un poème d'amour en trois quintils, publié en 1924 dans le recueil Capitale de la Douleur. Il est écrit après sa séparation avec sa femme avec Gala, d’origine Russe, qu’il aime encore. Ils se rencontrent en 1912 se marient en 1917. La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.

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