Titre : L'aube éteignait étoiles à foison
Auteur : Maurice Scève
L'Aube éteignait Étoiles à foison,
Tirant le jour des régions infimes,
Quand Apollo montant sur l'Horizon
Des monts cornus dorait les hautes cimes.
Lors du profond des ténébreux Abîmes,
Où mon penser par ses fâcheux ennuis
Me fait souvent percer les longues nuits,
Je révoquai à moi l'âme ravie :
Qui, desséchant mes larmoyants conduits,
Me fait clair voir le Soleil de ma vie…
L'ardent désir du haut bien désiré,
Qui aspirait à cette fin heureuse,
A de l'ardeur si grand feu attiré,
Que le corps vif est jà poussière Ombreuse :
Et de ma vie, en ce point malheureuse
Pour vouloir tout à son bien condescendre,
Et de mon être, ainsi réduit en cendre
Ne m'est resté, que ces deux signes-ci :
L'œil larmoyant pour piteuse te rendre,
La bouche ouverte à demander merci…