Histoire de Juliette: ou les Prospérités du vice
Justine ou les Malheurs de la vertu
Publié par Kinoscript, le 29 juillet 2012
Résumé
Si bien des lecteurs ont eu l'audace de lire les dialogues de Sade, rares sont ceux qui peuvent se vanter de connaître ses romans. Les critiques littéraires parisiens les disent longs, ennuyeux et mal écrits... Quand ils sont le parfait contraire de cette définition à la sauvette. Justine ou les Malheurs de la vertu devrait sièger dans la panthéon littéraire, à la droite de Bovary et à la gauche de Raquin. Bref, un chef-d'ouvre. Justine, c'est d'abord un roman noir dans la veine de cette littérature gothique anglaise qui se développe au XVIIIe siècle, notamment sous la plume de Richardson, que Sade admirait. Tous les ingrédients se trouvent en présence : le château, la jeune fille persécutée, le religieux peu catholique, l'incarcération, la torture... En 1791, quand paraît la seconde version de Juliette, Justine ou les Malheurs de la vertu, c'est Celestina de Richardson qui fait son apparition. Coïncidence? Non. Sade est l'un des principaux importateurs du genre en France, grâce auquel les Romantiques comme Théophile Gautier, puis les Naturalistes comme Guy de Maupassant, pourront faire leur beurre fantastique : qui a lu La Morte amoureuse ne doutera pas un instant de l'influence du divin Marquis sur l'auteur du Capitaine Fracasse... Mais, Justine, c'est aussi l'aboutissement des réflexions philosophiques de tout un siècle : la Raison, le Progrès, la Civilisation n'ont aucune valeur, elles sont même les agents de la destruction de l'humanité. Voilà la thèse de Sade résumée de manière lapidaire mais efficace. Démonstration. Justine et Juliette sont deux sours. La première choisit la vertu, la seconde, le vice. La première subit l'existence, la seconde la maîtrise. Lorsque l'une se fait violer, l'autre en impose par sa violence. La symétrie est géométrique, quasi manichéenne, car pour Sade, la moral est un leurre et la civilisation, un mensonge. Et s'il prend la peine de décrire pendant plus de deux cents pages les "ennuis" de son héroïne, c'est que rien n'est épargné pour faire admettre aux lecteurs la terrible vérité : la vertu n'est jamais récompensée. A l'orée de ce XXIe siècle balbutiant de dettes, comment ne pas donner raison à Sade : guerres, corruptions, viols, de l'individu aux Etats, de la sexualitéà la finance, la norme semble être la perversion. Nos chefs d'Etats feraient mieux de lire Justine dans le texte plutôt que de regarder Marianne dans le rouge du bonnet La présente édition reprend le texte de la seconde version de Justine, tel qu'il est paru en 1791 chez l'éditeur Girouard à Paris.
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