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Robert Merle : une vie de passions : biographie | Pierre Merle
Robert Merle : une vie de passions : biographie | Pierre Merle

Robert Merle : une vie de passions : biographie

Publié par L'Aube, le 17 avril 2008

441 pages

Résumé

La veille encore, il montait avec agilité les escaliers qui menaient à son bureau. Puis ce fut une vraie chute, dans un escalier. Il en sortit choqué, contusionné, le corps bleui, affreusement affaibli.Après son hospitalisation, il fallait à Robert un moment de convalescence, un gîte et un couvert. Sa fille aînée se fit hôtesse. Heureux hasard dans ces tristes circonstances, son arrivée coïncida avec l'anniversaire d'un de ses petits-fils. Ce fut un prétexte bienvenu à la fête. Petite réunion de famille - la dernière.À quatre-vingt-quinze ans passés, cet homme à la conversation enjouée, brillante, avait fini par perdre le fil de ses pensées. Il hésitait, s'arrêtait, prenait une idée, l'égarait. La confusion de ses propos était pourtant entrecoupée par des moments de lucidité brutale. Tout d'un coup, il dit d'une voix inquiète :«C'est terrible, j'ai beau chercher, je ne me souviens plus de mon passé. Et sans passé, comment vivre le présent ?»Chacun de nous savait qu'il avait raison. Il nous aurait fallu mentir pour lui donner tort et personne n'en trouva la force. L'accablement nous rendait muets, complices d'un aveu trop vrai pour être dit. Paradoxe, ce fut notre père qui vint à notre secours. Il évoqua ses nouveaux projets. Pourquoi ne pas reprendre son métier de professeur ? Se remettre à écrire ?Ses paroles étaient utopiques. Il le savait confusément, mais elles le réconfortaient. La fiction nous épargnait la réalité : un présent en pointillé, un passé évanescent.Quelques heures avant que ne débute notre petite fête, je m'étais glissé dans sa chambre où il dormait encore. Demi-sommeil en vérité. Dans ses derniers moments, il lui était difficile d'être véritablement éveillé ou endormi. Quelque bruit ou seulement la sensation d'une présence l'avaient amené à ouvrir doucement des yeux toujours aussi bleus, mais devenus plus clairs, un peu délavés, presque pâles.M'inquiétant de sa santé, il me répondit seulement d'une voix faible, à peine audible : «J'ai mal aux reins.» Pour qui a connu cet homme pendant près d'un demi-siècle, cette plainte banale stupéfiait. Ce n'était pas la douleur qui faisait peine. C'était l'aveu.Venait de mourir une façon d'exister. Il avait parcouru le siècle sans jamais s'apitoyer sur lui-même et avait toujours donné le sentiment d'être épargné par la maladie ou d'en être sans cesse vainqueur. Une victoire dont il était modeste. L'évocation même du mal aurait été une défaite. Octogénaire infatigable, il avait envisagé ses cent vingt ans avec optimisme, par ironie et par défi. Pour ne pas être surpris par la maladie, il suffisait d'en taire l'existence. C'était sa façon ultime d'être bien portant.

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