De la démocratie participative - Fondements et limites
Cahier Nietzsche
Publié par L'Herne, le 14 septembre 2006
301 pages
Résumé
Dans une lettre datée du 24 septembre 1886, Nietzsche exposait à Malwida von Meysenbug sa crainte que Par-delà bien et mal, qui porte le sous-titre : «prélude à une philosophie de l'avenir» ne puisse être lu avant l'an 2000, et que personne n'ait les moyens, d'ici-là, de donner ses impressions à son sujet. Ce que ce livre de psychologue et de philosophe entendait décrire, mais aussi détruire, tout comme ce qu'il annonçait, il faudrait, pensait-il, attendre le prochain millénaire pour l'entendre. Cent ans après sa mort, il est difficile de dire si le siècle écoulé lui a donné tort ou raison. Tout juste peut-on rappeler qu'en ce qui concerne la France, il a fallu longtemps pour qu'il soit enfin lu, comme un philosophe. Plusieurs livres ont néanmoins donné à sa réception cette orientation, indiquant combien cette oeuvre ne laissait rien de la tradition philosophique intact. Et l'on se doit de citer au moins deux d'entre eux : le livre de Deleuze Nietzsche et la philosophie en 1962, et la traduction du Nietzsche de Heidegger en 1971. Mais, pour autant, la tâche n'est pas close. Depuis plusieurs années, une confrontation plus ou moins directe et avouée avec ces commentaires imposants et leurs limites, dégage des voies pour une nouvelle interprétation. Il s'agit d'explorer ce que Heidegger et Deleuze ont pu laisser dans l'ombre et qui est peut-être tout aussi décisif. Plusieurs méthodes renouvellent, en effet, la lecture de Nietzsche. C'est d'abord la prise en compte de l'extraordinaire intertextualité du texte nietzschéen, de la masse des lectures qu'il a pu faire dans des domaines aussi divers que la physique, la cosmologie ou les sciences de la nature. Celles-ci font apparaître un rapport de Nietzsche aux sciences de son temps que Charles Andler entrevoyait déjà, mais qu'on avait eu tendance à oublier. Le texte de Nietzsche apparaît ainsi tissé de citations, de références cachées, dont la prise en compte rigoureuse donne un nouvel éclairage à des pensées aussi complexes que celle de l'éternel retour, sans en alléger la gravité. C'est ensuite la mesure plus exacte de l'extraordinaire travail de soi sur soi que présente cette oeuvre en devenir, des textes de jeunesse aux grandes oeuvres de la maturité et aux derniers fragments posthumes. Lire Nietzsche, aujourd'hui, c'est aussi prendre au mot l'adage dont il fit très tôt un principe d'existence et d'écriture : «deviens celui que tu es !» Plusieurs questions difficiles, comme, par exemple, le rapport de cette pensée à la politique, gagnent à cette perspective génétique, une approche plus construite. L'interprétation philosophique de Nietzsche se trouve ainsi sinon approfondie, du moins réajustée, grâce à des travaux qui ne reculent pas devant les méthodes de la philologie - une orientation dont les lectures italiennes de Nietzsche ont depuis longtemps montré la voie. Ces différentes méthodes et ces nouvelles ouvertures, qui marquent profondément la réception actuelle de l'oeuvre de Nietzsche, justifiaient à elles seules que, trente ans après le colloque international de Royaumont, et vingt-cinq ans après le recueil Nietzsche aujourd'hui, un nouvel ouvrage collectif fasse le point sur les lectures de Nietzsche.Mais il fallait aussi rendre compte de la nécessité qu'un philosophe peut ressentir, aujourd'hui encore, de s'expliquer avec l'oeuvre de Nietzsche. Non seulement pour mieux la comprendre, mais pour avancer dans sa propre démarche. Il n'est pas rare, en effet, qu'elle se dresse sur son chemin comme une sorte d'obstacle incontournable. Comme Nietzsche le dit à plusieurs reprises : la lecture de son oeuvre n'est pas de celles dont on sort sans que rien n'ait changé. Et ceci est d'autant plus vrai que rien de ce qu'elle prophétise ou annonce ne s'est définitivement accompli. Nous ne sommes pas sortis de ce qu'elle décrit, que ce soit l'épuisement de la démocratie, les différentes formes de réactions au nihilisme qui ne font que le perpétuer (comme tous les extrémismes), la résistance, plus ou moins déguisée, des valeurs imposées par le christianisme.
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