Pindare et les pindarismes

Les humanités président longtemps à la formation du lettré et du savant : le futur érudit traduit Lysias ou Cicéron avant même de maîtriser sa langue maternelle. Le bon goût s'apprend par l'imitation des Anciens : rhétorique et poétique dictent leur loi aux exercices de traduction et de composition. L'art de traduire est théorisé et enseigné : si la traduction littérale fait partie intégrante de l'apprentissage scolaire, la traduction littéraire requiert un talent supérieur. L'édition scolaire propose des morceaux choisis d'auteurs  traduits : ces  recueils  ne sont  pas séparables  des  manuels de  type  grammatical. À toutes les époques, la pédagogie des langues anciennes marque de son empreinte les traductions des auteurs grecs et latins, que celles-ci émanent de philologues-pédagogues ou de littérateurs nourris au lait des humanités.

Le style version

Métaphilologie  de "de lingua graeca"

Étudiants au début des années 2000, ils ont en commun d'avoir croisé le même professeur (de littérature française, de grec ou de latin) mais ne se connaissent pas tous entre eux. Au fil des travaux et des jours, des liens se sont tissés avec le maître que le temps n'a pas défaits. Les missives qu'ils lui adressent ont du style et du sens ; la plume est inspirée, le regard sur le monde lucide et sans complaisance. Ils aiment les belles-lettres et manient la langue avec talent : l'enseignement des humanités (classiques et modernes) les a durablement façonnés. Les péripéties de la vie, les livres et les études nourrissent un échange épistolaire à plusieurs voix. Dans l'antiquité le chemin tracé par Socrate eût séduit ces jeunes humanistes épris d'une vérité autre que celle de la cité et riches d'un discernement aujourd'hui presque suranné. L'ombre d'un indicible plane sur leurs confidences.

Excursus ; les humanités aux champs

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement : la clarté, selon la formule célèbre, serait inséparablement affaire de style et de pensée.
L'histoire suggère qu'elle est aussi affaire de transmission. Le savoir et la pensée se transmettent de personne à personne ou dans le cadre de l'institution :ils sont selon le cas affaire d'initiation, d'éducation ou d'instruction. L'acte même de la transmission (personnelle ou institutionnelle), qui fonde la tradition, suppose la volonté de partager un contenu. Cette décision ne va pas toujours de soi : au geste pédagogique ou initiatique s'oppose l'attitude de rétention.
Le savoir ainsi peut être ésotérique ou exotérique. Si l'ésotérisme est souvent volontaire, il est parfois aussi le résultat d'un état de fait. L'absence de clarté rend volontiers le savoir ésotérique, quand la clarté, à l'inverse, le fait exotérique. Les contributeurs de ce volume enquêtent sur les ressorts de la clarté, sous les angles complémentaires des contenus de savoir, des idées, du style, de l'initiation et de l'éducation pour les époques de l'histoire et de la pensée où la question se pose avec le plus de pertinence, dans les champs théoriques de la philosophie, de l'épistémologie et de la stylistique, autant que dans les domaines pratiques (science, érudition, rhétorique, enseignement, vie quotidienne, etc.) auxquels elle s'applique.

Exotérisme(s) ; études sur les ressorts de la clarté

La maison et le chemin

Philologia : Recueil de textes sur la philologie

La philologie semble avoir toujours eu quelque souci avec l'image qu'elle donnait d'elle et celles qu'on lui renvoyait. Elle est ainsi faite qu'elle fut appelée à jouer un rôle cardinal à toutes les époques où mot et chose, matière et esprit, corps et idée, réalité et idéalité, histoire et théologie, théorie et pratique s'agencèrent dialectiquement en de nouvelles combinaisons sémiologiques. Ces tensions sont pour elle l'expression la plus juste d'une conquête, celle d'un territoire épistémologique utopiquement situé entre ontologie et histoire. Le genre particulier de l'histoire de la philologie dont ce livre propose l'analyse, à travers notamment les réalisations significatives de l'Allemagne du XIXe siècle, constitue le reflet fidèle des contradictions sur lesquelles de tout temps se construisit son identité. Il permet de rendre compte métaphoriquement du corps-miroir ou corps-discours dont elle s'habille. L'histoire de la philologie ne livre ainsi qu'une image imparfaite ou déformée de la vérité épistémique et pragmatique de la philologie, et l'histoire de son histoire a fortiori en restitue l'inquiète nature.

Pindare et les pindarismes

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