De Fama - Etudes sur la construction de la réputation et de la postérité

Pascale Hummel-Israel

Publié par Philologicum, le 01 janvier 2013

357 pages

Résumé

Dans la mythologie classique, Fama possède deux trompettes, la petite pour les ragots, la grande pour la renommée. Investie de son pouvoir de nuisance, elle informe Didon du départ d'Enée, et par elle Vénus déverse de fausses rumeurs sur Lemnos. Investie de son pouvoir de bienfaisance, elle immortalise les héros en pérennisant leur mémoire. Si l'histoire vise à restituer le passé dans son objectivité, la mémoire (personnelle et collective) fait toute sa place à la subjectivité. A l'intérieur de la mémoire, la réputation est l'opinion (positive ou négative) attachée à un individu : nourrie des mécanismes réciproques de la croyance et de la confiance, elle se trouve érigée en métacroyance et dépend de la propension de chacun à se plier aux injonctions perceptives ou représentatives contenues dans le dispositif même de la transmission. En tant que telle, elle peut être un instrument de cohésion autant qu'un ferment de dissension. Ensemble, la mémoire et la réputation façonnent la postérité avec tous les risques inhérents à l'éloignement temporel et à l'oubli. Les contributeurs de ce volume étudient la construction de la réputation et de la postérité du point de vue "philologique" des traces ou témoignages contradictoires relatifs à des figures marquantes de l'histoire de la tradition (théologique, philosophique, littéraire et érudite principalement), entre hagiographie et infamie, panégyrique et calomnie, mensonge historique et vérité officielle, légende et biographie, autobiographie et historiographie, malédiction et eulogie, etc. Quels moyens les acteurs de l'H/histoire ont-ils de contrôler leur image et leur perception par autrui, de la façonner ou de la déformer, de s'exposer ou de se cacher, de mentir ou de se confesser, d'orienter ou de désorienter, etc ? Quels moyens ceux qui écrivent cette H/histoire ont-ils à leur tour d'embellir ou d'enlaidir, d'enjoliver ou de caricaturer, de blanchir ou de noircir, de ternir ou d'orner, d'amplifier ou de minimiser, etc ? Quelles raisons les uns et les autres ont-ils d'agir de telle ou telle manière ?