Saint-Simon l'admirable
Dieu et la NRF: 1909-1949
Publié par Gallimard
311 pages
Résumé
André Bourgeois écrit : "Chronologiquement il s'agit du premier volume écrit par José Cabanis concernant la NRF. Dieu à la NRF, c'est d'abord Alain Fournier sur un strapontin et surtout la polémique autour de la mort de son beau frère, Jacques Rivière incroyant, entre sa femme et Claudel, rôdeurs des pompes funèbres, receveurs de derniers souffles, de râles de moribonds, prêts à reconnaître la présence de Dieu dans le dernier crachat d'un tuberculeux pourvu que cela leur permette d'annexer un "croyant". Gide et Martin protestèrent puis se détournèrent du clan des fous. En passant Cabanis relève l'attirance chaude de la bigote pour Jacques Copeau, le croyant confit dans les jupons. Bien commode religion que celle des catholiques où Dieu s'il interdit tout, pardonne tout. Risible évidemment, ce Dieu de la NRF ne fait, dès les premières pages, pas très sérieux. Je note au passage combien m'a toujours semblé futile, frivole, ce lien entre la croyance et l'incroyance et la chair, comme s'il ne tenait qu'au désir de pouvoir forniquer librement de ne pas croire en Dieu ! C'est bien là encore une préoccupation de croyants et de bigots de l'Eglise. Henry d'Angleterre rompt avec Rome pour une affaire de femmes, Luther ... On pourrait en faire une litanie : l'interdit du cul et la naissance de l'incroyance chez les bigots. Il est vrai que lorsque nous les prenons la main dans le sac, je veux dire dans la culotte, nous rions, c'est qu'ils sont prisonniers de la cellule dans laquelle ils ont essayé de nous enfermer. José Cabanis ne s'en étonne pas ayant lui même connu cette situation. Une des figures de Dieu à la NRF, c'est Claudel. Cabanis nous rapporte qu'il arriva à Gide de le comparer à un marteau-pilon, l'image ne semble pas être trop forte, avec Claudel on entre dans la sottise religieuse dans toute son emphase et dans toute son intolérance, ici le mot est encore trop faible. José Cabanis nous suggère que cette arrogance retrouvée des catholiques de l'entre deux guerres tenait à la satisfaction étonnée d'avoir passé le cap de la foi dans le progrès. Aux frontières de la NRF il y a les convertis, Ghéon, Du Bos, Claudel, dans la main d'un autre converti, religieux celui-là et intolérant dans l'âme. Absence de charité chez ces gens, j'ai connu leurs héritiers, catholiques des années soixante, bigots rancis, pas plus charitables pour la plupart avec, égarés, quelques braves gens. Ghéon et Gide c'est également le lieutenant Dupouey. Cabanis qualifie justement de littérature de patronage les écrits de Dupouey. Je me souviens de mon accablement le jour où j'eus entre les mains l'édition de cette correspondance. Littérature de bons mauvais sentiments, au moins Dupouey comme Péguy, est mort de ses idées, il ne s'est pas contenté comme d'autres " grands patriotes " à la Barrès, d'envoyer les autres à la boucherie. Ghéon, homme de Dieu reste à la porte de la NRF qui était pourtant sa maison, Larbaud, lui, y entre et y reste, c'est que son Dieu est discret et tout sourire, il ne fait pas de prosélytisme, un Dieu fréquentable quoi en image de donzelles harmonieuses. Après Larbaud et sa foi souriante, Copeau et ses frasques innombrables partagées avec Gide qui lui même ne cache rien, complices au-delà de la différence de goûts. Le catalogue divin comme celui du Diable qui est son envers, est marqué par la chair. Retiendrait-on autant ces aventures si le christianisme en général et le catholicisme en particulier, n'étaient pas si marqués par l'intolérance de la chair ? Pour ces gens le lien entre croyance et incroyance passait aussi par là.Dieu à la NRF, n'était-ce pas ce Claudel bardé de certitudes et vomissant ses invectives et ses ordres de bataille, guettant du pas de porte ses prochaines victimes ? La NRF était athée, comme elle n'était pas patriote, pas communiste, bref, un espace de liberté."
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