Hymnes à la nuit

«Foncièrement et par nature, Henri était né pour être poète. Tous les hasards semblaient converger et s'unir pour sa formation, et rien encore n'était venu contrarier le vif éveil de sa vie intérieure. Tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il entendait n'était que pour, semblait-il, lui ôter un nouveau verrou au-dedans de lui-même, lui ouvrir une fenêtre nouvelle. Il voyait devant lui s'étaler le monde dans toute l'étendue et la diversité de ses modalités entremêlées et sans cesse changeantes. Mais c'était un monde encore muet, et son âme, la parole, n'y était toujours pas éveillée. Or, déjà s'approchait un poète qui tenait par la main une adorable jeune fille, afin que, par les sons de la langue maternelle et la caresse exquise et douce d'une tendre bouche, s'ouvrissent les lèvres stupides et qu'en mélodies infinies se développât le simple accord.»

Henri d'ofterdingen

Hymnes à la Nuit -- Cantiques spirituels

«Foncièrement et par nature, Henri était né pour être poète. Tous les hasards semblaient converger et s'unir pour sa formation, et rien encore n'était venu contrarier le vif éveil de sa vie intérieure. Tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il entendait n'était que pour, semblait-il, lui ôter un nouveau verrou au-dedans de lui-même, lui ouvrir une fenêtre nouvelle. Il voyait devant lui s'étaler le monde dans toute l'étendue et la diversité de ses modalités entremêlées et sans cesse changeantes. Mais c'était un monde encore muet, et son âme, la parole, n'y était toujours pas éveillée. Or, déjà s'approchait un poète qui tenait par la main une adorable jeune fille, afin que, par les sons de la langue maternelle et la caresse exquise et douce d'une tendre bouche, s'ouvrissent les lèvres stupides et qu'en mélodies infinies se développât le simple accord ».

Henri d'Ofterdingen

Ainsi parlait Novalis

FRAGMENTS

Pollen est le premier texte publié par le poète et penseur Novalis. Avant de le faire paraître dans le premier numéro de l'Athenaeum en 1798 son ami Schlegel y prélève quelques morceaux et les remplace par des aphorismes de sa plume et de celle de F. Schleiermacher. Les fragments ôtés au manuscrit seront à leur tour mêlés à ceux de Schlegel dans le deuxième numéro de la revue. C'est la version que l'on connaissait jusque là de Pollen. Malgré ses nombreuses affinités avec Schlegel, Novalis est loin de s'accorder en tout avec lui. Nous proposons ici la version d'origine de ce texte. L'ordre des aphorismes choisi est loin d'être fortuit. Novalis s'est attaché à donner à l'ensemble de l'ouvrage une structure organique, le dernier texte étant consacré aux rapports entre auteur et lecteur.

Pollen

Du grand nombre de fragments laissés par Novalis, dont à peu près toute l'oeuvre reste inachevée, quelques uns sont présentés ici par Paul Gorceix dans une traduction de Maurice Maeterlinck.

Fragments: précédé de Les disciples à Saïs

Ecrit par Novalis (1772-1801) alors qu'il suit une formation de géologue à l'Ecole des Mines de Freiberg, le " Brouillon général " (1798-1799) se présente comme le projet encyclopédique du premier romantisme allemand (1794-1800). Prenant place entre l'" Encyclopédie des Arts, des Sciences et des Lettres " (1751-1772) de Diderot et d'Alembert et l'" Encyclopédie des sciences philosophiques " (1817-1830) de Hegel, Novalis nous propose une encyclopédie infinie, se jouant de toutes les divisions et de tous les cloisonnements habituellement dressés entre les arts, les sciences et le monde quotidien. Un savoir total en somme, audacieux, résolument libre, pour lequel les problèmes de digestion, la classification des minéraux, ou encore la connaissance de Dieu sont également dignes d'intérêt et amenés à dialoguer. A mi-chemin entre le système philosophique et le rêve d'une œuvre absolue, le projet inachevé de Novalis n'a pas fini de nous hanter. Car en faisant littéralement exploser la pensée de son temps, en quête d'unité et de synthèse, Novalis invente la nôtre, plurielle, mobile et décentrée. Ces manuscrits apparaissent ainsi comme le lieu d'une incessante expérimentation des forces de l'esprit et du corps. Et telle est l'étonnante découverte de Novalis en cette fin de XVIIIe, siècle, plus proche en cela de Nietzsche que de Hegel : la philosophie, comme l'art, n'a d'autre objet que la vie, d'autre enjeu que de dire, de penser, d'écrire le corps pluriel et pathologique du sujet vivant.

Hymnes à la nuit

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