Titre : À M. le Chevalier de Boufflers
Auteur : François-Marie Arouet Voltaire
Certaine dame honnête', et savante, et profonde,
Ayant lu le traité du cœur.
Disait en se pâmant : «
Que j'aime cet auteur !
Ah ! je vois bien qu'il a le plus grand cœur du monde !
«
De mon heureux printemps j'ai vu passer la fleur :
Le cœur pourtant me parle encore :
Du nom de
Petit-Cœur quand mon amant m'honore,
Je sens qu'il me fait trop d'honneur. »
Hélas ! faibles humains, quels destins sont les nôtres !
Qu'on a mal placé les grandeurs!
Qu'on serait heureux si les cœurs Étaient faits les uns pour les autres !
Illustre chevalier, vous chantez vos combats.
Vos victoires, et votre empire ;
Et dans vos vers heureux, comme vous pleins d'appas.
C'est votre cœur qui vous inspire.
Quand
Lisette vous dit : «
Rodrigue, as-tu du cœut?»
Sur l'heure elle l'éprouve, et dit avec franchise : «
II eut encor plus de valeur
Quand il était homme d'Église. »