Titre : Le soir dans les vitres VII
Auteur : Georges Rodenbach
C'est Octobre qui s'en revient avec le Soir ;
Frères pensifs, ils reviennent de compagnie
S'installer dans la chambre et devant le miroir
Dont la clarté prolonge un éclat qui les nie ;
Frères lointains, envers lesquels on eut des torts
Qui rapportent un peu de fleurs des jardins morts
Pour les intercaler dans les fleurs des tentures,
Les tentures de demi-deuil de la Toussaint.
C'est le Soir, c'est Octobre ; une cloche se plaint
Songeant confusément à des cloches futures
Dont la tristesse en pleurs dans notre âme est déjà !
Le Soir s'installe, et rien de précis ne subsiste ;
Octobre aussi s'installe et nous revient plus triste
Depuis tous ces longs mois où seul il voyagea
Durant l'année, à la recherche de notre âme !
Il la retrouve enfin, et doucement la blâme
De l'avoir attendu pour faire accueil au Soir,
Et qu'elle soit encor si profane aux approches
De la Toussaint qui vient par un chemin de cloches…
Alors Octobre, auprès du Soir, songe à s'asseoir ;
Et notre âme s'éplore en voyant, face à face,
Ces deux hôtes causer de sa mort à voix basse !