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Titre : La mésange

Auteur : Guillaume Apollinaire Recueil : Poèmes à Lou

Les soldats s’en vont lentement Dans la nuit trouble de la ville. Entends battre mon cœur d’amant. Ce cœur en vaut bien plus de milles Puisque je t’aime éperdument. Je t’aime éperdument, ma chère, J’ai perdu le sens de la vie Je ne connais plus la lumière, Puisque l’Amour est mon envie, Mon soleil et ma vie entière. Écoute-le battre mon cœur ! Un régiment d’artillerie En marche, mon cœur d’Artilleur Pour toi se met en batterie, Écoute-le, petite sœur. Petite sœur je te prends toute Tu m’appartiens, je t’appartiens, Ensemble nous faisons la route, Et dis-moi de ces petits riens Qui consolent qui les écoute. Un tramway descend vitement Trouant la nuit, la nuit de verre Où va mon coeur en régiment Tes beaux yeux m’envoient leur lumière Entends battre mon coeur d’amant. Ce matin vint une mésange Voleter près de mon cheval. C’était peut-être un petit ange Exilé dans le joli val Où j’eus sa vision étrange. Ses yeux c’était tes jolis yeux, Son plumage ta chevelure, Son chant les mots mystérieux Qu’à mes oreilles on susurre Quand nous sommes bien seuls, tous deux Dans le vallon j’étais tout blême D’avoir chevauché jusque-là. Le vent criait un long poème Au soleil dans tout son éclat. Au bel oiseau j’ai dit « Je t’aime ! » Nîmes, le 2 février 1915