splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Titre : Des rives et des rêves

Auteur : Christian Mégrelis

Souvenir de Panama Le monde défilait, tu lui tournais la tête, Sûr qu’il attendrait ton tour. Le monde, ce jour- là, avait l’allure parfaite D’un vaisseau au long cours. Venait-il des Indes ou bien de Cipango, Solitaire et blasé tu feignais d’ignorer, Ou bien des Antipodes ou de Valparaiso ? Pendant qu’autour de toi on jouait à qui saurait ! C’était à Miraflore où pivotait l’écluse . Et je rêvais du jour où je t’ai contemplé Dans un berceau pimpant, dormant avec ma muse Au bord d’une autre rive où les coques haletaient, Déjà indifférent aux trafics vraquiers. Pourtant j’imaginais qu’un jour t’arrive Ce qui m’est arrivé : trouver sa liberté Aux carrefours du monde ,et qu’explorer les rives C’était déjà rêver de ponts vers l’avenir. Mais c’était autrefois et nous étions heureux ! Tout nous était possible , il suffisait de dire : Le monde ces temps- là se ployait à nos vœux. Aujourd’hui est menace, qui vive ! aux barrières. Rien n’est plus sûr , hélas, rien n’est moins sûr, non plus. Et tout pas en avant peut tirer en arrière . Le brillant avenir qui gouvernait nos vues Devient illisible et nous jette au hasard . Mais il faut bien voguer au milieu des périls Et larguer les amarres ! Le large qui t’attend est un mouvant asile. C’est là que l’âge compte et qu’écouter les rares Qui ont conduit leurs vies tête aux vents dominants, C’est choisir la sagesse . Ils ont vu des tempêtes Et pour les surmonter, ont trouvé des courants Qui les ont dirigé vers ces canaux en quête De nouveaux océans. Les vents leur ont apprît que, pour être conduit, Il faut toujours marier les rives et les rêves. Alors, jeune étourdi que le canal ennuie, Regarde ! Le monde passe, un nouveau jour se lève. Ces coques qui balancent entre océans et mers, Glissant sous ton berceau ou encombrant ta vue, Sont le sang de la race et les outils des pères. Sans eux le monde meurt, qu’elles voguent, et tout est vu. Regarde ! leurs sillages t’invitent à les rejoindre. Détroits, presqu’îles, canaux, ces rives à gagner, Tu les verras, entre tes rêves, crânement poindre Pour te guider à celles que tu t’ais assignées. Ta vie sera heureuse car tu l’auras gardée D’entrer à reculons dans l’océan du monde De grand-père pour Achille