Titre : L'ange de la mort
Auteur : Michel Leiris
Toi
si haute
et douce de la tête aux pieds
Les menus ouvrages du vent sont inscrits en tatouages lunaires sur ton front et sur le dos de tes mains
Ongle d'argent sur peau de bronze trace fraîche d'un lent pèlerinage vers la
Mecque de tes flancs à ta limpidité de cloche arracher un tintement
S'ôter du sol
et se hausser
comme la tige qui s'alourdit
de richesses bulbeuses
au-dessus de tes genoux bossues
au-dessus de la ramure
maigre et sans oiseaux de tes pieds
S'ouvrir grand
et se refermer
pareil au vide de tes deux mains
hachurées de croix et de lignes
S'essorer
puis se résorber
le long du creux de tes reins
sans corde pour boire à pleins seaux
au fond de ce puits de ténèbres
S'épanouir
et se lover
mimant le rond de tes deux seins
que tachent tes bijoux en sang
nuages rouges
aux lobes démantelés de tes oreilles
Vitrine opulente en denrées
ton ventre
Entrepôt croulant de parfums
tes hanches
Vivacité sagace de sagaie
ta langue
Fosse de chair ou fosse d'air
livrée aux loups
aux lévriers du plaisir
tes lèvres
Lèpre rosée
perlant dans la paix de tes cuisses
ta plaie
Croix de nos yeux
Croix de nos bras
Bouche ouverte entre haut et bas
Caillots d'orage
Feux stridents
les pics acérés de tes dents
se mirent aux ravins de ta voix
Qui m'a aimée de ciel en terre
dit-elle
n'a rien à craindre du soleil
N'aura plus peur du soleil
gui m'a aimée du haut en bas