Titre : Devant la Mer
Auteur : Max Jacob
Les années sont des villes dont on a fait le tour
les jours sont des palais dont les heures sont des tours
De l'autre côté de mes heures
quand, écartant les météores
et votre chevelure, ô vagues, soulevée
le
Christ enchantera mon âme nouvelle-née
je tâtonnerai, ébloui à la porte de ton enceinte
Vierge
Sainte.
ô vallée, ô portes, ô palais, allées...
Plus de vent qui secoue les soupirs de ma robe
L'on a ratissé le chemin de la mort
Plus de beuglement du bétail
la volière est ignifugée ; l'alcool et l'ail
éteints
rimée ta racine d'aigle, ô mandragore
Les siècles sont des villes résonnantes
et l'éternité même est
Jérusalem.
Les années sont des lacs dont la rive est l'amour
et cette neige : la pensée
A l'horizon il y a un cratère
solennel : c'est l'enfer.