Titre : Soleil en bandoulière nous entrons dans la nuit
Auteur : Minod Alain
Soleil en bandoulière nous entrons dans la nuit
Soleil mou – plat et blanc comme vin
Chaleur tendre et douce dans l'assiette du ciel gris
Rivière clairsemée de poissons fauves
Entre rives murales
A crème brûlée
Ce festin qu'elle attendrait
A la barbe rousse d'un arbre
Secoue l'estomac
De la ville
Il creuse mes entrailles
Puisque je l'ai épousée...
Or la jeunesse est absente
Mais là où elle trempe
Le soleil s'ouvre
Ici il vient se faisant écho brillant
De ce qui commence...
Le printemps
Ne peut s'user à le reconnaître
On prend son temps
Pour dévoiler dessous leurs masques
Les tueurs de ce qui s'épanouit
Nous ne sommes plus au temps
Des menuets de cour
Scherzo bat
Le mouvement...
Le soleil – de voile en voile -
Descend sur notre
Table dégarnie
Le festin est nu
Et le vent lui souffle dessus...
Il se lève – couronnant
La fin d'un jour
De travail
Le travail ! Sans tête ni voix
Que celle des princes
S'émiette et
Siffle quand il se perd
Voici le merle gambadant vers nous
Il accrochera peut-être
Un trille à
L'ouverture de la partie pour
La ville sans dessein
Qui voit se lever un soir étincelant
Pour le désordre amoureux
Contre l'ordre fou
Des lois
Le festin est nu
Le travail est à nu
Mais les loups des princes dansants
Sont ôtés ! Et l'on voit
Des monstres
En vigie
Passer dans des rues sans fin
Avec des yeux injectés
Du sang de
La haine
On n'attend plus dans la veille
Les monstres sont à nu...
Il est tard déjà...
Dans son dernier sourire
L'astre flambant neuf
Nous lance un
Dernier regard
Et nous chevauchons déjà
L'ombre âcre et amère
Et nous nous dégageons
De l'âpre guerre des places
Et des sièges où ruminent
Les fantassins des
Princes
Notre vent dans nos voiles
Secoue tous les puissants
Dont nous sommes
Pourtant séparés