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Antoine de Latour

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Poésies

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    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    A un enfant Laisse en tes yeux si purs et si beaux d'innocence Tristes plonger mes yeux, Car j'ai besoin de voir aux regards de l'enfance Se réfléchir les cieux. L'aspect doux et serein de ta naïve joie Calmera pour un jour Ces orages brûlants qui me livrent en proie Aux tourments de l'amour. Fuis-les ces ouragans, courbe ta blonde tête, Enfant, quand ils viendront ; Car on garde longtemps d'une telle tempête L'empreinte sur le front. Mais si Dieu l'a voulu, jette au cou de ta mère Tes deux bras défaillants ; Une mère a toujours ses bras prêts, quand la terre Manque à nos pas tremblants. Une mère, vois-tu, c'est là l'unique femme Qu'il faille aimer toujours, A qui le ciel ait mis assez d'amour dans l'âme Pour chacun de nos jours. Aux suaves accords de sa voix douce et tendre Endormi mollement, Enfant aimé ta mère, aime-la sans apprendre Que l'on aime autrement. Aimer ! parole triste, insultante ironie Pour qui vit un matin, Mot fatal, et qui n'a d'écho dans cette vie Qu'amertume et dédain ! Oh ! choisir une femme et créer autour d'elle Tout un monde enchanté, Et vouloir seulement pour la faire immortelle Une immortalité ! A ses moindres discours suspendre tout son être, Ému d'un doux espoir, Et mourir tout le jour, hélas ! à se promettre Un sourire, le soir ! Et lorsque ce. regard que le regard mendie On n'a pu l'obtenir, Sentir avec terreur à l'âme anéantie Echapper l'avenir ; A la vie, au bonheur, dans sa douleur farouche, Jeter un morne adieu, Tomber à deux genoux le front contre sa couche Et s'écrier : « Mon Dieu ! « Au lieu de les laisser l'un sur l'autre descendre Si pesants à mon cœur, Mon Dieu ! ne pouvez-vous ensemble les reprendre Tous ces jours de malheur ? » Épuiser ces tourments qu'en ce monde où nous sommes On ne peut exprimer, Lentement en mourir, dans la langue des hommes Cela s'appelle aimer !

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    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Adieu Tu pars !... deux jours hélas, et tu n'es plus pour nous Qu'un de ces souvenirs solitaires et doux Dont le cœur s'empare en silence. Pourquoi donc venais-tu si tu devais nous fuir ? Hélas ! mes jours sereins au nonchalant loisir Ne renaîtront pas de l'absence. Ah ! je devais penser (mais comment le pouvoir Quand je laissais mes yeux s'égarer chaque soir Sur cette place où tu reposes) Que l'amour ici-bas n'a que de courts instants, Que la vie est un songe, et qu'avec le printemps Hélas ! s'en vont toutes les roses. Tu t'en vas donc aussi !... Pars, s'il est quelque bord Où tu sois plus aimée, où plus d'âmes d'abord Recherchent ton heureux empire, Où tu puisses ravir, sans effort et sans art, Plus de regards d'amour avec un seul regard, Plus de cœurs avec un sourire. Tu pars ! je les maudis ces lieux où tu n'es plus, Et cependant jamais ne furent répandus Plus de trésors sur les campagnes, Jamais Dieu n'épancha de son sein paternel Parfums plus purs aux fleurs, plus mol azur au ciel, Plus douce rosée aux montagnes. Tu parus, aussitôt tout s'embellit de toi ; Tu parus, et le jour devint plus doux pour moi, Et la nuit devint plus sereine... Adieu, gloire, avenir ! Oh ! j'aurais tout donné Pour sentir un moment sur mon front incliné L'ombre de tes cheveux d'ébène. Tu n'étais pas venue et déjà cependant Je ne sais quel parfum de ton nom s'exhalant Allait devant ta renommée ; Et le jour où sur moi s'abaissèrent tes yeux... Où t'avais-je donc vue ? En quel songe des cieux ? Je crus déjà t'avoir aimée. Oh ! comme lentement vont se traîner les mois ! Plus de brise dans l'air, plus d'ombre sous les bois, De rêverie au bord des fleuves !... Encore si ta voix eût laissé sur mon cœur Tomber un de ces mots d'ineffable douceur Qui consolent les âmes veuves ! Ce mot eût fait éclore un magique univers Où pour l'entretenir de mes regrets si chers J'aurais enseveli ma vie ; Ainsi pour se bercer d'une image d'amour Le cygne sous son aile en attendant le jour, Ramène sa tête endormie. Mais pas même ce mot ! A l'heure du départ Ma furtive douleur s'exhalant à l'écart Évitera jusqu'à ta vue, Et quand de ton exil tu reviendras enfin, Ton œil indifférent retrouvera le mien Sans y chercher la bienvenue.

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    Antoine de Latour

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    Le bonheur Du creux de la montagne où Dieu l'avait cachée, Une fleur est tombée, et je bénis la main Qui, recueillant sa tige à demi détachée, Devant vos pas, ami, l'apporte de si loin. Vous savez maintenant où croît le saint dictame Qui parfume la vie et rend l'homme meilleur ; Maintenant, goutte à goutte, il coule sur votre âme, Et pour vous désormais il n'est plus de douleur. Moi, je cheminais seul dans mon sentier plus rude ; Vous m'avez fait un signe et je suis accouru, Et vous m'avez mené dans votre solitude, Et j'ai compris alors ce bonheur inconnu : Cette sérénité de deux amés choisies Qui de leur seul amour se font leur univers, Et se baignent aux flots des saintes poésies, Croyances, Dieu, beauté, nature, cieux et mers. Mais jamais devant tous ne laissez se répandre Cet hymne impatient de la félicité ; Une jalouse oreille, hélas ! pourrait l'entendre, Et le chant des heureux n'est que trop écouté. Gardez que nul soupir ne trahisse l'ombrage Où s'abrite en secret votre rêve charmant. Ce monde n'est pas bon, et son humeur sauvage Au bonheur qui le fuit pardonne rarement. Lorsque le fer jaloux qui frappe les vieux chênes Livre au jour tout-à-coup le mystère des bois, L'oiseau qui se berçait au doux bruit des fontaines S'envole de la mousse avec sa douce voix. Ainsi fuit le bonheur que son aile rapide Emporte sans retour sur quelque bord nouveau, Et qui jamais deux fois, oiseau fier et timide, Ne rebâtit son nid sur le même rameau.

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    Au printemps qui ne vient pas Où donc est le printemps ? Endormi sous la nue Le soleil ne luit pas ou brille sans chaleur, Et dans les champs, la neige, aux arbres suspendue, Tient la sève captive et dévore la fleur. Tout frissonne et se tait ; le pauvre laboureur S'assied morne et pensif sur quelque roche nue ; Le pain pour ses enfants va manquer, et son cœur Maudira l'heure sainte où leur mère est venue. Il est aussi des temps où du soleil divin L'homme attend le retour et le demande en vain ; Qui de nous, une fois, et de l'âme et du monde N'a cru voir les destins confondus et flottants, Et des esprits troublés sondant la nuit profonde Ne s'écria jamais : — Où donc est le printemps ?

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    Dernier effort Encore quelques efforts, encore un seul peut-être, Et vous serez, amis, contents de ma vertu ; J'ai, depuis bien des jours, vaillamment combattu, Encore un jour de lutte, et je serai le maître. Que l'aube seulement éclaire ma fenêtre, Et de ce fol amour rien n'aura survécu, Que l'orgueilleuse joie, après qu'on a vaincu, Dans un air libre et pur de se sentir renaître. Et j'aurai triomphé de tous ces vains regrets, De ces tendres ennuis, de ces retours secrets Dont le cœur, par moment, se laisse encore surprendre, Et qui font que d'abord, au moindre souvenir, On se trouble, on écoute, et qu'on a l'air d'attendre Quelqu'un que l'on sait bien ne devoir pas venir.

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    Dix ans d'absence Dix ans se sont passés, dix ans ! je l'ai revue Grande, elle que jadis enfant j'avais connue, Non plus vive et légère et souriant toujours, Mais grave et qui semblait déjà compter les jours Sa bouche avait encore cet éclat de l'enfance, Mais ne souriait plus et gardait le silence. Si mes yeux dans ses yeux osaient chercher son cœur, Son front pur se voilait de grâce et de pudeur, Et quand elle parlait, rougissante et naïve, Elle achevait à peine et d'une voix craintive. Sur moi, comme autrefois, s'est reposé son bras, Et nous avons parlé, ralentissant nos pas, Des chants de Rossini, des hymnes de Delphine, Des femmes qu'emportait l'élégante berline, De la mode d'hier déjà vieille à son tour, Et de tout ce qui naît et s'efface en un jour. Ah! dans ces entretiens si ma langue oppressée En sons inachevés laissait fuir ma pensée, Si je sentais s'éteindre et défaillir ma voix, C'est que mon cœur alors était plein d'autrefois, C'est que l'enfance seule est rieuse et légère, Car seule elle n'a pas de passé sur la terre.

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    Douleur Voici le temps passé de cette sombre lutte ; Vivant, mais épuisé, mais meurtri par la chute, A la taille de l'homme enfin redressons-nous ! Si l'avenir nous garde encore quelque disgrâce, Demeurons invincible à sa froide menace, Le regardant en face, Pour attendre ses coups. Tenons au fond du cœur toute douleur captive, Qu'elle y fasse sa plaie ardente, et toujours vive, Qu'elle saigne au-dedans mais ne se montre pas ; Si l'on nous cherche au front quelque ride profonde, Jetons un fier sourire au regard qui nous sonde, Et soyons pour le monde Un heureux d'ici-bas. Quand le chaume s'embrase on ne voit pas encore Le feu qui sourdement le broie et le dévore ; La surface au soleil étincelle et reluit ; Mais vienne l'ouragan, la flamme alors s'irrite, L'incendie apparaît, le toit se précipite, Et tout disparaît vite, Chaume, lumière et bruit. Ainsi de nous, mon âme ! ainsi de notre vie !... Chaume vivant, en proie au muet incendie, Quand tout n'est plus que cendre, arrive l'aquilon ! Qu'en nous voyant tomber sans plainte et sans murmure, Le vulgaire s'écrie : Où donc est la blessure ? Point de sang à l'armure ; Douleur, n'es-tu qu'un nom ?

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    Dégoût Il est des jours ingrats où tout est triste et noir, Où de ce qu'on attend rien n'arrive à son heure, Où la lyre se tait sous la main qui l'effleure, Où l'autel ment au prêtre et l'amour à l'espoir ; De ces jours où tout livre exhale un chant qui pleure, Où l'esprit cherche en vain et regarde sans voir, Où le fort n'a de force et le grand de pouvoir Que pour mieux se sentir petit dans sa demeure. Que ferons-nous, mon Dieu ! dans ces ennuis profonds ? Dans les sables ardents nous cacherons nos fronts, Jusqu'à ce que sur nous ait passé tout l'orage ; Puis, oubliant bientôt l'orage et les éclairs, A cet amour maudit qui tourmente notre âge Nous jetterons encore et notre âme et nos vers.

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    L'amitié Oh ! le charmant tableau, la suave peinture Que celle où vers saint Jean, Jésus, le Dieu martyr, Tend ses deux petits bras ! à cette image pure Les mères dans leurs yeux sentent des pleurs venir. C'est là de l'amitié la divine figure : Deux enfants dont les mains se cherchent pour s'unir, Et si prompts à s'aimer que leur double nature Semble se reconnaître et se ressouvenir. Quand l'amour pour régner n'a que l'heure qui passe, L'amitié seule dure, et pare de sa grâce Sur un front dépouillé les rides du vieillard ; L'amour n'est ici-bas que son ombre infidèle, Mais plus d'un pauvre cœur désabusé trop tard S'y laisse prendre, hélas ! tant l'ombre est encore belle.

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    L'ange Il est, au pied du Christ, à côté de sa mère, Un ange, le plus beau des habitants du ciel, Un frère adolescent de ceux que Raphaël Entre ses bras divins apporta sur la terre. Un léger trouble effleure à demi sa paupière, Sa voix ne s'unit pas au cantique éternel, Mais son regard plus tendre et presque maternel Suit l'homme qui s'égare au vallon de misère. De clémence et d'amour esprit consolateur, Dans une coupe d'or, sous les yeux du Seigneur, Par lui du repentir les larmes sont comptées, Car de la pitié sainte il a reçu le don ; C'est lui qui mène à Dieu les âmes rachetées Et ce doux séraphin se nomme : le pardon !

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    L'hiver Ce qu'il faut au bonheur, lorsque souffle la bise, C'est une porte close, un livre, et dans un coin Une lampe qui brûle, et qui tout bas me dise Que, si l'ennui venait, la muse n'est pas loin. Il faut que d'heure en heure, et d'église en église, La voix de l'avenir me parle dans l'airain, Relève par degrés mon âme qui se brise, Et, d'espoir en espoir, la mène au lendemain. Surtout que nul amour ne tourmente ma veille, Ou si dans le passé quelque ombre se réveille, Qu'elle s'efface vite, et se perde à mes yeux, Dans ce monde de l'âme, où d'une vie étrange L'art anime son rêve, être mystérieux Qui n'est déjà plus l'homme, et n'est pas encore l'ange.

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    La chanson d'adieu Je cherche au firmament une étoile nouvelle, Celle qui me fut chère a disparu des cieux ; Je ne la maudis pas, sa clarté me fut belle, Et son dernier rayon est encore dans mes yeux. Peut-être un autre cœur, à mes vœux moins rebelle, En vers mieux inspirés ou plus mélodieux Me rendra les soupirs qui s'égaraient vers elle Mais soyons-lui clément, à l'heure des adieux. Elle ira dans ce monde où celle qui fut Laure Entre ses jeunes sœurs murmure, à chaque aurore, Le doux nom de Pétrarque et sa chanson d'amour ; Mais jamais, dans le ciel, de sa bouche sévère, Elle ne redira le nom de son trouvère, Et son cœur, s'il l'a su, ne l'aura su qu'un jour.

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    La famille Salut, bords où j'aimai ! Beaux arbres dont l'ombrage Me couvrit tant de fois, Quand j'allais, loin de tous emportant son image, L'adorer dans les bois ! Je vous revois sans trouble et sans mélancolie, Le chant de ma douleur, Comme un baume divin qui fait que l'on oublie, A coulé sur mon cœur. Sur le même chevet, aujourd'hui tiède encore De ma fièvre d'hier, J'ai, sans rêver son nom, dormi jusqu'à l'aurore, Ce nom jadis si cher ! Et quand le souvenir s'est, à l'aube nouvelle, Épanoui dans moi, Mon premier vœu d'amour n'a pas été pour elle, Il est allé vers toi, Vers toi, mon père aimé, vers toi, ma tendre mère, Car vous m'avez tous deux Appris, dès le berceau, les sentiers de la terre Les plus voisins des cieux. Face à face aux deux coins du foyer qui rayonne, Je vous entends d'ici Vous dire : Quand jadis nous revenait l'automne, Il revenait aussi. Oh ! faites de ma place au banquet de famille Celle du voyageur, Qui s'en vient, un moment, devant le feu qui brille, Reprendre un peu de cœur. Cet autre voyageur que vous aimez sans doute Y viendra quelque jour, Vous demander enfin, au terme de la route, Le baiser du retour. Par tous les champs, hélas ! semant nos destinées, Nous allons, nous allons, Puis à l'humble berceau de nos jeunes années Enfin nous revenons. Ainsi je reviendrai : près du clocher rustique Je ferai halte un soir ; A celui qui revient son toit mélancolique Garde un trésor d'espoir. Mais avant l'heure, hélas ! que de nuits dévorantes Suivront de mauvais jours ! D'un stérile renom promesses décevantes, C'est le but où je cours. Et quand j'aurai conquis cette vaine mémoire, Une voix me dira : Insensé, qu'as-tu fait ? Nulle part n'est la gloire, Le bonheur était là !

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    La fleur des poètes Chacun, comme un trésor, garde au fond de son ame Le parfum préféré de quelque chère fleur, Et dans tous nos pensers, sur le plus sombre drame Ce souvenir lointain épanche sa fraîcheur. Au lilas, confident de sa longue douleur, Valmore de son chant suspend l'aile de flamme, Et sur la véronique, image de son cœur, Tastu laisse tomber le soupir de la femme. Le chaste amant d'Elvire au pied de l'amandier S'arrête pour cueillir une branche, et Nodier D'une grâce rêveuse a doué l'anémone ; Ah ! si parmi ces fleurs tu t'élevais un jour, Blanc jasmin qui jadis, par un beau soir d'au tomne, Reçus les larmes d'or de mon premier amour !

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    Antoine de Latour

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    La neige J'aime la neige éblouissante Qui couronne les vieilles tours, Et sur les arbres qu'elle argente : Courbe la feuille jaunissante, Dernier souvenir des beaux jours. Ses blancs flocons avec mystère Reposent au toit des maisons, Et d'une tunique légère Voilent la face de la terre, Ainsi que de molles toisons. Écoutez ! tout semble immobile, La neige endort tous les échos ; Sans bruit passe la foule agile, Et sur l'enceinte de la ville Pèse un mystérieux repos. La ville est un camp qui sommeille Avec ses muets pavillons, Quand le vent n'apporte à l'oreille Que la voix du soldat qui veille, Dans l'absence des bataillons. C'est une flotte dont la grâce Fait rêver aux golfes des cieux, Une blanche flotte qui passe, Et qui semble au loin dans l'espace Suivre un astre silencieux. L'arbre balancé par l'orage Est un mât penché sur les mers, Chaque brise un chant de la plage, Chaque voix un cri du rivage Prolongé sur les flots amers. Et le soir quand la ville étale L'éclat de ses mille flambeaux, C'est une tente triomphale Qui, dans sa grâce orientale, Garde la couche d'un héros.

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    La pensée et la rêverie Viens, recueillons, ami, ce double écho d'un monde Où l'âme tour à tour s'éclaire et se féconde, Rêverie et pensée, oracles immortels ! La pensée ! Oh ! salut, sœur des jours éternels, Toi par qui devant nous se courbent sans murmure Ces animaux pétris d'une argile moins pure, Qui n'ont qu'un vil instinct pour vaincre le trépas, Et dont l'être commence et s'achève ici-bas ! Si Dieu dans notre sein endormait la pensée, Que serait l'homme alors ? Une forme glacée, Corps sans âme, pareil à ces tristes débris Dans les champs de la Grèce encore ensevelis. Mais, jaloux de revivre en son plus bel ouvrage, Le Dieu qui nous créa nous fit à son image. La pensée, il est vrai, s'éveille lentement, De nos impressions se féconde et s'étend ; Esclave de ce monde, à sa première aurore, Sous le poids de ses fers elle sommeille encore : Mais comme Galatée, à la voix de l'Amour, Sous le marbre vivant sent pénétrer le jour, La royale captive, entrouvrant sa paupière, Et sous son regard d'aigle enfermant la matière, A ce monde impuissant impose à son réveil Les fers qu'elle en reçut pendant son court sommeil. Voyageur égaré dans ce désert du monde, L'homme est sans la pensée un navire sans sonde, Flambeau par un aveugle emporté dans la nuit, Qu'une feuille protège ou qu'un souffle détruit. Mais sitôt que l'esprit a brillé dans l'argile, Il ouvre à la clarté sa paupière docile, Et toute la nature, en son cours solennel Te salue en passant, ô dernier né du ciel ! La terre s'abandonne à ton génie avide L'abîme est sans terreur pour ton œil intrépide, Et ces rocs éternels d'où la foudre descend N'ont pas d'autre secret pour ton regard brûlant. Que dis-je ! dédaignant de faciles conquêtes, Pour mieux interroger le secret des tempêtes, La pensée a jeté par des chemins divers Nos palais sur les flots et nos chars dans les airs. Voilà celle à qui l'homme ici-bas se confie, Et sa langue immortelle est la philosophie. Mais du sombre portique éloignant nos regards, Ensemble remontons jusqu'aux sources des arts. Vois-tu la rêverie en sa marche incertaine Dérobant à nos yeux sa grâce aérienne, Se confondre de loin avec le doux rayon Que laisse le soleil sur le pâle gazon ? Étrangère à la vie, aux âmes virginales Elle aime à révéler ses formes idéales, Beautés sans vêtement ainsi qu'au premier jour Et qui viennent du ciel, ce berceau de l'amour. Rêverie ! oh ! je plains ces âmes desséchées Que jamais de ta voix les grâces n'ont touchées, Et qui des pleurs sacrés ignorant la douceur, Ne t'ont pas demandé le secret du bonheur. A peine nous naissons, la vierge demi-nue Accourt, et, pour l'enfant enfant redevenue, Sur le voile léger qui revêt le berceau Déroule, par degrés, un ravissant tableau, Dont le riant tissu vient tenter la paupière, Et sans la fatiguer l'invite à la lumière. Puis, quand l'âge est venu, sais-tu pourquoi l'enfant Aime à prêter l'oreille aux longs soupirs du vent, A voir au loin frémir le royal front des chênes, A plonger son regard dans l'azur des fontaines, A sentir la rosée épanchée aux vallons, A suivre l'arc-en-ciel sur la cime des monts, Alors qu'il se balance et sourit au nuage, Comme l'aile d'un ange égaré dans l'orage ? C'est que la rêverie, invisibles encore, Autour d'elle, partout, jette ses réseaux d'or. Oh ! ne nous fermez plus dans vos tristes écoles, Où notre âme s'épuise en disputes frivoles, Où pour nous enseigner le Dieu que l'univers Salue à son réveil sous mille noms divers, Au lieu de nous placer au sein de la nature, La science étalant son ignorance obscure, Nous présente sans cesse un livre où le regard Ne voit que signes morts, vains prestiges de l'art : Vers le Dieu créateur un plus doux sentier mène ; L'homme peut le gravir sans qu'une main l'y traîne ; Vous qui m'enseignez Dieu, dans son œuvre ici-bas Laissez-moi le surprendre et ne l'expliquez pas. Ouvrez-moi ce grand livre où brille son image, Laissez-moi m'incliner, pleurer sur chaque page, Laissez-moi respirer ces fleurs que chaque jour Jette au front du printemps comme un don de l'amour ; Suivre ces astres d'or dont une main suprême Couronna l'univers comme d'un diadème, Et contempler au sein de tant d'êtres divers L'homme, de son regard dépassant l'univers, Seul debout, élevant vers la voûte divine Son front encore empreint de sa haute origine ; Grand Dieu ! Plein de ton œuvre alors et plein de toi, Je pourrai m'élancer au monde de la foi ; Si la terre pour nous est une autre patrie, Ah ! j'en rends grâce à toi, touchante rêverie ! L'enfant devient jeune homme, et son guide immortel Le conduit pas à pas vers le monde réel ; Quel autre élève en lui la scène imaginaire Où commence le drame achevé sur la terre, Où s'ébauche la vie et ce qui doit un jour Dans l'espace et le temps apparaître à son tour, Mystérieux chaos où s'enfante en silence Ce qui sera bonheur, gloire, vertu, puissance, Où vit en sentiments, en désirs, en accords, Tout ce qui prendra vie en ce monde des corps ? Quel autre, nous plongeant dans cette mer d'images, D'avance à nos regards en déroule les pages ? C'est elle, toujours elle, en qui l'adolescent Dérobe à l'avenir le secret du présent ; Elle seule en effet montre à l'homme qui passe Et son jour dans le temps et son lieu dans l'espace, Seule lui dit son rang dans cette chaîne d'or Qui des êtres créés embrasse tout l'essor, Chaîne mystérieuse et toujours agitée, Par un souffle invisible ici-bas tourmentée, Et qui, livrant la terre à des êtres nouveaux, Chaque jour au soleil tourne un de ses anneaux, Jusqu'à ce qu'épuisée, en sa course féconde, Disparaissant enfin de la scène du monde, Dans les cieux tout entière elle remontera Pour couronner le trône où s'assied Jéhovah ! Aux yeux de l'âge mûr, dont l'or seul est l'idole, La rêverie hélas ! n'est que chose frivole, Car elle est ignorante et voudrait faire en vain L'argent avec le fer et l'or avec l'airain ; Mais, semblable au soleil dont la chaleur divine Vient réchauffer parfois l'esclave dans sa mine, A celui dont le cœur s'enferme en son trésor Austère elle apparaît, mais consolante encore ; Et l'on sent, à sa voix féconde, enchanteresse, S'évanouir ce doute où tout l'homme en détresse S'interroge, et n'osant contempler l'avenir S'écrie avec effroi : Si tout allait finir ! Ainsi la rêverie est pour l'adolescence Un regard amoureux jeté sur l'existence, Pour l'âge mûr regret, parfois heureux réveil, Pour le vieillard doux songe au sein d'un doux sommeil, Pour tous un océan où l'âme rajeunie Se repose un moment des luttes de la vie, Où le pauvre exilé jusque dans sa prison Respire l'air natal et rêve le pardon, Où l'oreille inclinée écoute et croit entendre D'une voix d'autrefois l'accent plaintif et tendre, Monde sacré qui flotte emportant vers le jour Tout ce qui vit d'espoir, de prière et d'amour, Dont la langue ici-bas dans tout âme choisie Est cet écho du ciel qu'on nomme poésie. Ami, ce sont deux sœurs qui n'eurent qu'un berceau, Mais chacune a sa foi, sa langue, son flambeau, Chacune un monde à part empreint de son image ; Façonnant à son gré cet univers sauvage, L'une aime à se jouer dans la création ; L'autre prend son essor où finit l'horizon ; Plus pures que le jour, plus vives que la flamme, L'une est l'œil de l'esprit, l'autre l'instinct de l'âme.

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    Antoine de Latour

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    La vieille d'un mariage Il dormait, si l'on dort en ces nuits enflammées Où l'âme se repait d'un si divin espoir, Et devant lui, dans l'ombre, un magique miroir Évoquait tout le chœur des femmes trop aimées. Le regret entrouvrait leurs lèvres embaumées, Et dans leurs yeux pensifs il croyait entrevoir Ces rêves qui pour lui naguère, chaque soir, S'animaient à l'appel des charmantes Aimées. Mais calme et dédaigneux : « Passez, ô visions, Du poème des sens folles illusions, Doux noms, regards plus doux, voix plus douces encore, Passez, de ce matin qui se lève si pur, Fugitives clartés, vous n'étiez que l'aurore, Étoiles de la nuit, perdez-vous dans l'azur ! »

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    Antoine de Latour

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    Le jour des morts Voici le jour des morts, l'âme croit les entendre ; Mais au lieu d'un jour sombre et d'un ciel attriste, Une heure de printemps se lève sur leur cendre, Comme un signe de paix et d'immortalité. Vers les champs du repos, autour de la cité, La foule des vivants commence à se répandre, Et plus d'un a choisi le sentier écarté Que peut-être demain il lui faudra reprendre. Ah ! vous n'êtes pas là, vous que j'ai tant pleures, Le hasard fit, hélas ! à vos mânes sacrés, Pour la nuit de la tombe, un chevet solitaire. Mais la loi du temps cesse où la vie a cessé, Et les larmes du cœur vont partout sous la terre Consoler dans la mort le pauvre trépassé.

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    Antoine de Latour

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    Le livre perdu Si vous l'avez trouvé, rapportez-moi mon livre, L'hôte consolateur de mon obscur foyer, Un de ces doux amis qui nous aident à vivre, Et nous font oublier. Comme un sage modeste en son âme sereine Cache de sa vertu le précieux trésor, Il était sans parure et sur sa tranche à peine Il avait un peu d'or. Mais dans sa nudité quelle grâce infinie ! La sève de nos bois tarit en un moment, Mais le baume sacré des livres du génie Coule éternellement. Que j'aimais celui-ci ! Sur mes pâles journées Il jetait une égale et paisible lueur, Et, talisman chéri de mes jeunes années, Il dormait sur mon cœur. Que de fois, dans l'ennui d'une heure sombre et dure, Comme une fleur des champs qui commence à fleurir, Le volume entr'ouvert de son tendre murmure Est venu m'assoupir ! Dès que mon doigt touchait ses pages immortelles, J'entendais s'élever mille douces rumeurs Comme d'oiseaux charmants qui vont ouvrir leurs ailes Et s'envoler ailleurs. Il n'est plus ici-bas de ces livres magiques Dont un mot prononcé tout bas par les devins Évoquait dans la nuit des ombres fantastiques Et des concerts divins. Ces temps sont loin de nous, et le dernier des mages A fermé pour jamais ces livres de l'enfer. Notre froide raison sur les dernières pages A mis le sceau de fer. Seul, le poète encore a le don des miracles, Et le monde nouveau que nous ouvrent ses mains Par sa voix éclatante à d'augustes spectacles Invite les humains. Mais où donc est le mien, où retrouver ta trace, Pauvre livre égaré dans la froide cité ? Elle a bien des chanteurs, mais lequel a ta grâce Et ta simplicité ? Confident des désirs, des regrets du jeune âge, Sous chacun de tes vers je laissais en passant L'émotion première et la première image D'un poème naissant. De ces songes dorés une main étrangère Va-t-elle dissiper l'harmonieux essaim, Et le nom émouvant de celle qui m'est chère S'effacer de ton sein ? Nous t'avions là tous deux, elle et moi : sur sa tête, Dans un jour expié d'ineffable bonheur, J'avais fait ruisseler tous les vers du poète, Chastes baisers du cœur. De son noble regard sur le livre fidèle En ces instants si courts les clartés avaient lui, Et je sens, dans mon cœur, que quelque chose d'elle M'abandonne aujourd'hui. Rendez, rendez-le-moi : s'il vient reprendre encore Sur le rayon désert sa place d'autrefois, S'il m'est encore donné d'ouïr avec l'aurore — Se réveiller sa voix, Ce sera jour de fête en mon humble demeure ; Jamais jalouse lèvre avec un son plus doux N'aura dit à celui qui laissa passer l'heure : Ingrat, d'où venez-vous ? Ah ! déchiré, flétri, qu'importe ? S'il arrive. L'ami que sur l'écueil les flots ont jeté nu, Pour celui qui le pleure et l'attend sur la rive Est toujours bienvenu. Si vous me le rendez, qu'en vos coupes de joie Sa muse verse encore les gouttes de son miel, Et que dans le malheur sa pitié vous envoie Son chant venu du ciel. Mais si vous le gardez, que toutes ses pensées, S'armant contre vous seul de mille dards vengeurs, Vous fassent du récit de vos peines passées De nouvelles douleurs ! Que le sceptique essor de sa chanson légère Trouble d'amers soupçons chaque heure de vos jours, Et vous force à douter s'il est sur cette terre Des sincères amours !

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    Antoine de Latour

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    Le pays natal L'automne a ses heures oisives Pleines des choses d'autrefois, Les yeux ont des larmes furtives Qu'ils n'osent confier qu'aux bois. Là, chaque plume que l'orage Détache du nid de l'oiseau M'apporte un rêve du jeune âge, Un souvenir de mon berceau. Dans chaque feuille qui murmure. J'entends un nom des anciens jours, Et chaque voix de la nature Me parle des premiers amours. C'est alors que vient en silence Poser sa main entre mes mains La jeune fille dont l'enfance Eut ses beaux jours si près des miens. Son ombre me sourit plus belle Plus ravissante que jamais, Et cependant est-ce bien elle, Est-ce bien elle que j'aimais ? Ce que j'aimais, ô jeune fille, C'était, avec son doux loisir, Ce vieux foyer de la famille Où chacun s'en revient mourir. C'était la table hospitalière Qui nous rassemblait chaque soir ; Hélas ! à l'appel de ma mère Tous ne reviendront plus s'asseoir... C'était l'air pur de nos bruyères, C'étaient, au flanc de nos coteaux, Les prés déroulés solitaires Entre les bois et les ruisseaux ; C'était quelque chanson encore Le long des murs du vieux couvent Se prêtant, plaintive ou sonore, Au flot capricieux du vent ; C'était l'aurore sur nos mousses Versant son reflet virginal, Les jours plus frais, les nuits plus douces, C'était tout le pays natal ; C'était ma jeunesse ravie A mille songes éclatants, Que sais-je, enfin ? C'était la vie Vue à travers mes dix-sept ans. Cependant on dit qu'il existe Un autre amour au fond des cœurs, Un amour qui fait l'âme triste Comme celle des voyageurs. Ce qu'ils rapportèrent d'images Des bords de l'Orient vermeil, Hélas ! des maternelles plages Leur désenchante le soleil. A leur âme mélancolique Il faut désormais l'ouragan, Et les grands bois de l'Amérique Et les grands flots de l'Océan.

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    Le repos est plus loin Quand mon doigt, au hasard, tournait la blanche page Du livre où votre cœur se recueille et s'endort, Et qui mêle sans cesse à son doux chant de mort Le souvenir plus doux de votre premier âge, Je ne sais quelle grave et consolante image De ce monde où notre âme attend un meilleur sort, A d'austères pensers m'attirait sans effort, Et détournait mes yeux de la terrestre plage. Mais quand vous avez dit avec tant de douleur : « — Celle qui nous fut chère, et qui fut notre sœur, Nous laissant tous en deuil, hier, s'en est allée ; » Le livre, tout-à-coup, s'est fermé sous ma main, Car votre voix, Madame, incertaine et voilée, Disait bien mieux que lui : — le repos est plus loin !

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    Les autographes On dit que le poète en son œuvre chantante N'épuise pas toujours le souffle inspirateur, Qu'en se laissant courir sa main insouciante Revêt les moindres mots de force ou de douceur. De ces mots au hasard échappés de son cœur, Moi, je poursuis sans bruit la conquête charmante, Comme un enfant de loin suit un vieil oiseleur, Et relève joyeux quelque plume traînante ; Et, joyeux comme lui, le soir, à mon retour, Sous l'érable embaumé j'enferme avec amour D'un poème vivant ces pages envolées, Et quand, pour m'endormir, je relis quelques vers, Je crois entendre alors toutes ces voix ailées Murmurer près de moi les noms qui me sont chers.

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    Les petits enfants Le jour se lève triste, et chaque heure, en silence, Tombe dans le passé pour ne plus revenir ; L'hiver a sur les bois jeté son deuil immense, Et jusques au printemps la terre va languir. Notre âme aussi languit, et l'humaine croyance A de mornes hivers qui semblent l'endormir, Où le doute l'enivre, où la pale espérance N'est plus qu'une lueur qui commence à mourir. Mais comme sous la neige on voit encore paraître Un reste de gazon qui perce et veut renaître, Quand le doute m'accable et me cache les cieux, Je regarde sortir de l'école chrétienne, Le sourire à la bouche et marchant deux à deux, Les tout petits enfants qui vont à Saint-Étienne.

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    Regret Quand la flamme au foyer pâlissait vers le soir, C'était jadis pour moi votre heure de clémence ; Nous nous taisions tous deux, mais un rêve d'espoir Arrivait à mon âme à travers ce silence ; Sur mon front, où l'amour n'était plus une offense, Passait ce grand œil bleu dont je sais le pouvoir, Je ne le voyais pas, mais ma longue souffrance En devenait plus douce, et je croyais le voir. Mais aujourd'hui qu'il faut n'aimer plus ce que j'aime, Quand la flamme au foyer tombe et meurt d'elle-même, Dans mon cœur désolé quelque chose se plaint ; Ma main ne cherche plus une autre main dans l'ombre, Et je sens, dans ce cœur où tout devient plus sombre, Une autre flamme encore qui pâlit et s'éteint.

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    Rencontre Dans ce monde parfois on trouve en son chemin Un être au front charmant dont la voix séduisante Fait naitre au cœur (hélas ! voilà le cœur humain !) Ce trouble précurseur qui se mêle à l'attente. On le laisse partir sans lui tendre la main, Mais, le songe envolé, la vie impatiente S'agite dans le vague, et jusqu'au lendemain, L'heure pèse sur l'âme et se traîne plus lente. Romans nés à demi, silencieux amours Dont les regrets sont doux, si leurs destins sont courts, Livres sans dénouement qu'entrouvre la pensée ! Ne les achevons pas, la suite a ses hasards ; Souvent l'œuvre est plus belle à peine commencée Que sur le piédestal qui la montre aux regards.

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    Souvenir Que voulez-vous de moi, sylphe de ma colline ? A mes tristes combats venez-vous m'arracher ? Ah ! ce n'est plus l'enfant que votre main divine Berçait déjà rêveur, au pied de son rocher. Depuis que loin de vous mon pied, hélas ! chemine, Si longtemps et si loin je l'ai laissé marcher, Qu'aujourd'hui vainement mon oreille s'incline, Pour écouter encore l'appel de mon clocher. Pourtant à mon oreille il était doux et tendre, Quand sous les châtaigniers il venait me surprendre, Et qu'il mêlait sa plainte aux chansons de mes sœurs. Moi, je chantais aussi, mais ce chant de ma joie, En traversant l'orage où mon cœur fut en proie, Y prit, je le sens trop, l'amertume des pleurs.

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    Souvenir de Mai Un matin que, troublé de sa mélancolie, Mon cœur péniblement portait le poids du jour, Je suivais le chemin, méditant la folie A qui nous avons fait ce beau nom de l'amour. Et je me demandais si jusqu'à la dernière Elle tourmenterait mes heures, ici-bas, Comme ce vent du nord qui va, dans sa colère, Inclinant tour à tour les arbres sur mes pas. Et je n'osais plonger mes regards dans l'allée, De peur de voir au fond m'apparaître soudain L'image que toujours mes vers gardent voilée, Et que depuis longtemps j'adore de si loin. Et c'est vous que j'ai vue... et blanche et reposée, Vous étiez là, lisant : un saule vous couvrait, Et sur votre front pur secouant sa rosée, La haie harmonieuse entre nous murmurait. Et ce tableau si doux de paix et d'innocence, Amie, a fait rentrer le calme dans mon cœur, Et j'aurais bien voulu, dans ma reconnaissance, Effeuiller à vos pieds tout ce jardin en fleur. Ainsi, dans cette vie agitée et flottante, Quand nous nous croyons seuls et désertés de tous, Par-delà le mur sombre ou la haie odorante, Un ange du Seigneur passe à côté de nous.

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    Antoine de Latour

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    Un soir d'automne Une source à mes pieds roule son eau limpide, Et mêle son murmure à celui de mes vers, Tandis qu'autour de moi tombe la feuille humide Du saule qui déjà sent le froid des hivers. A l'autre bord du lac, une beauté timide Dessine, en se jouant, ces coteaux encor verts Qui disputent en vain à son crayon rapide Et leurs mille détours et leurs lointains divers. Et parfois je crois voir une blanche nacelle S'en venir d'elle à moi pour retourner vers elle, Et la muse, au milieu, nous sourire en passant, Et verser tour à tour de sa coupe bénie, Aux changeantes lueurs du jour qui va baissant, La lumière sur l'un, sur l'autre l'harmonie.

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    Une fleur Hier, lorsqu'au matin sonnait la dixième heure, J'allais, et je ne sais comment il arriva Que je me retrouvai devant votre demeure, Je ne sais où j'allais, mais je me trouvai là. Et de tristes pensers dans mon sein murmurèrent, Tristesses que le cœur exhale en les chantant, Et ces pensers vers vous doucement s'élevèrent, Comme un parfum des bois qui s'épure en montant. Et j'avais une fleur, messagère odorante Des premières senteurs du printemps revenu, La porte était ouverte, et d'une main tremblante J'y jetai cette fleur, et m'enfuis tout ému. Va ! ton destin est beau, pauvre fleur printanière, Car peut-être sur toi son regard tombera ; Tes feuilles vont mourir éparses sur la terre, Mais peut-être, en passant, son pied te foulera.

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    Antoine de Latour

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    Une larme Quand sous les lèvres de ta mère Ton front, ô jeune fille, est venu se placer, J'ai vu languissamment tes longs cils s'abaisser, Et même j'ai cru voir une larme glisser Et luire au bord de ta paupière. Le jour à ton chaste sommeil A-t-il ravi trop tôt quelque merveilleux songe ?... Oh ! ne le pleure pas ; en eux tout est mensonge ; Eh ! quel songe, dis-moi, vaut l'extase où te plonge Le premier rayon du soleil ? Lorsque l'on est et jeune et belle, Est-il, au sein des nuits, rêves si séduisants Qu'ils puissent égaler ces mondes rayonnants Qu'en sa fraîche pensée une vierge à seize ans Voit se dérouler devant elle ? Non, ce n'est pas encore cela ; C'est donc qu'en t'éveillant une glace infidèle A tes propres regards t'aura faite moins belle ? Elle mentait !... D'ailleurs qu'importe la rebelle ? Ton bien-aimé n'était pas là. Hier soir sans doute, en silence, Tu lisais à l'écart quelque récit d'amour, Et ta lampe, soudain s'éteignant, jusqu'au jour T'aura laissée hélas ! tremblante tour-à-tour Entre la crainte et l'espérance ? Peut-être à ton chant virginal Refusant de s'unir, ton âme vive et tendre Sur tes lèvres n'a pu monter et se répandre ? Mais le génie est roi ; parfois il fait attendre Longtemps l'harmonieux signal. L'inspiration a son heure : Impétueuse et libre, elle ne souffre pas Qu'un maître la mesure et lui compte ses pas : Attends-la fièrement, bientôt tu sentiras Vibrer la corde intérieure. — « Non, ma lampe, toute la nuit, A brûlé sans s'éteindre, et ma glace est discrète ; La harpe sous mes doigts n'a pas été muette, Et mon calme sommeil n'a pas rêvé de fête Qu'un jaloux réveil ait détruit. Si le sourire m'abandonne, Si pâle maintenant et triste tu me vois, C'est que j'eus sur la terre une amie autrefois, Et la mort la surprit lorsqu'ainsi dans les bois Tombaient les feuilles de l'automne. »

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