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Hiver

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Hiver

Poésies de la collection hiver

    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Un village Des murs crépis, de pauvres toits, Un pont, un chemin de halage, Et le moulin qui fait sa croix De haut en bas, sur le village. Les appentis et les maisons S’échouent, ainsi que choses mortes. Le filet dort : et les poissons Sèchent, pendus au seuil des portes. Un chien sursaute en longs abois ; Des cris passent, lourds et funèbres ; Le menuisier coupe son bois, Presque à tâtons, dans les ténèbres. Tous les métiers à bruit discord Se sont lassés l’un après l’autre Derrière un mur, marmonne encor Un dernier bruit de patenôtres. Une pauvresse aux longues mains, Du bout de son bâton tâtonne De seuil en seuil, par les chemins ; Le soir se fait et c’est l’automne. Et puis viendra l’hiver osseux, Le maigre hiver expiatoire, Où les gens sont plus malchanceux Que les âmes en purgatoire.

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    Eugène Guillevic

    Eugène Guillevic

    @eugeneGuillevic

    Arbre L'hiver L'arbre, ici, maintenant, debout, Rien que du bois, Comme un oiseau figé debout La tête en bas. L'arbre vécu Comme du bois Et comme oiseau Ne bougeant pas.

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    Eugène Guillevic

    Eugène Guillevic

    @eugeneGuillevic

    De l'hiver C'est comme écrit Entre ciel et terre, dans des gris, Inscrit sur quelque chose Qui tient du ciel et de sa banlieue. Il n'y a plus Qu'à déchiffrer. En soi-même surtout, Probablement. Chercher de quoi S'y consacrer. En somme tout ce gris Au long cours dans l'hiver Doit dépenser son temps A se trouver des formes. Il n'y aurait qu'à ouvrir, Et ce serait différent. Il n'y a qu'à penser Qu'il suffirait d'ouvrir, Et c'est tout différent. Faire usage De cela qui, en toi, Ne fait encore qu'assister A ce que tu regardes Et qu'intéressera Ce que tu vas pouvoir tirer De ce spectacle et par-delà. Tout ce qu'il y a Comme gris dans l'hiver, Toutes ces espèces de gris, Tout ce qui va Du presque blanc parfois de certains coins de ciel Au plus foncé des terres, des lointains, des nuages. Tous ces gris sont encore Pour le inonde un moyen De s'essayer semblable A qui se croit heureux De n'avoir pas en lui Plus que des déchirures, Et qui toujours espère Se voir sans trop d'effort Remodelé bientôt Sur son noyau de joie. Dans l'hiver aussi Il y a des charnières. Il faut bien qu'il y en ait Puisque tout cela s'ouvrira. La terre a beau maintenant Se couvrir d'hiver pour se cacher, Il y a de la lumière de plus tard qui entre, Du noir qui retourne vers ses tréfonds. Il n'est pas toujours facile de cacher Sa force et l'assurance Que ce n'est pas fini. Ce qui roule dans l'hiver Avec un bruit plus ou moins ouaté, Ce qui roule continuellement Comme si c'était une condamnation. Il semblerait que cela Coule vers un crible qui, lui, ne bouge pas, Que ceux qui ne pourront passer Ne rouleront plus, Mais tomberont d'un coup Dans un abîme qui est sans cri. Il y a une lumière Qui parle de ceux Qui ne sont pas encore Dans le roulement, Qui sont seulement En route vers lui, Et l'on voit bien Que la lumière aimerait dire : Ceux qui viendront, ceux-là Ce ne sera pas pareil, Il n'y a pas condamnation Au roulement dans l'identique. C'est curieux Comme l'hiver se creuse Et creuse, Toujours plus profond, sinon plus large, Et, à la fin, Il y aura pourtant Une grande surface plane Qui ne portera pas trace de son travail, Comme s'il s'était lui-même Enseveli dedans. Le printemps A son porte-parole dans le coucou Quand les bois reviennent de la préhistoire, L'été dans l'hirondelle Quand elle s'en prend au tissu du ciel. L'automne aussi dans l'hirondelle Quand elle rengaine ses ciseaux. L'hiver a les corbeaux qui eux-mêmes s'étonnent De leur présence et signifient Que cela pourrait être pire, que tous ces gris Pourraient être noirs comme eux, Et c'est contre cela sans doute Qu'ils ont ce cri venu d'un temps Hors des quatre saisons. On peut penser Que derrière ou bien Au sein de tous ces gris, dans l'intérieur De ce qu'ils sont et qu'ils deviennent, Il y a Une masse de noir, un océan Qui se cherche et tâtonne Et qui ne peut Percer la croûte ici ou là, venir Que lorsqu'il abandonne en partie sa couleur, Prend alors forme et mouvement, Conscience un peu. Car ce noir, ce n'est pas quelqu'un Qui spéculerait, modèlerait, modulerait. Il n'a conscience de rien Tant qu'il n'a pas pris forme. C'est du départ. On voit émerger des poussées De ce qui en dehors de l'hiver Ne pourrait pas être aussi aigu Que par exemple des glaçons, Ne pourrait pas attaquer Avec autant de force que le froid, Avoir aussi peu De remords que lui. Et tout ce blanc de la neige pour nier Ce que tant d'autres si longtemps Ont essayé de faire. Il y a un temps pour tout, Paraît dire la terre pendant l'hiver. Ce n'est pas encore Le moment de s'embrasser. Cela viendra quand l'eau Sera en état de se marier. Tout le monde alors Doit participer. L'hiver est lourd des morts Largués par les saisons Tout au long de l'année, Lesté des morts menés S'englober dans les soutes Qu'il traîne sur les fonds. Ces morts que nous sentons Monter, édulcorés, De l'un à l'autre gris. Il n'y a pas besoin De beaucoup de couleur Dans l'hiver, pour qu'elle compte. Il suffit d'une tache, d'une traînée De couleur, même pas violente. Et la montée s'ébauche, Et la verticale revendique. Un orchestre Veut accompagner. D'où Peut venir la douceur Qu'il y a quand même Dans l'hiver? A quoi Tient-elle? Comment arrive-t-elle Dans les teintes que prend le ciel, Dans celles des champs, Dans l'inclinaison des toits, Dans leurs façons De se répondre, Dans l'air qu'ont les chemins D'être contents De trouver un village? Il y a toujours Noël qui arrive. Il y a toujours dans le plus noir des noirs De la lumière à supposer, A voir déjà monter, Même en dehors de soi, Surtout lorsque la nuit où l'on patauge Est la plus longue. C'est un tunnel sans voûte Qui débouche Dès maintenant Sur un enfant dans la lumière. Il y a dans l'hiver Beaucoup de canaux. C'est un réseau Qui doit faire entendre un grésillement A ceux qui ont l'oreille fine. Ce réseau pourrait ne véhiculer Que de la lumière et du gris, Mais il transporte aussi Tous les secrets Que la terre veut se cacher Pendant l'hiver, Des secrets Pas tellement sûrs d'eux-mêmes. La terre détrempée Dans les sous-bois Lassés d'eux-mêmes. La terre Qui ne pourrait tenir Si elle devait longtemps Rester ainsi, sans perspective. On dirait qu'il arrive Même à la terre De s'ennuyer à mort. Voici Que je ne sais plus rien de l'hiver, Que je suis coupé de lui. Il n'y a plus Que ma chambre et son silence. Et sans doute Il y a communication Entre elle et lui.

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    F

    Fester Bryan

    @festerBryan

    Amour nordique Le vent polaire fouette férocement mon corps Des formations de glace apparaissent au moindre souffle Ma fourrure me couvre comme un maillot de corps Il fait moins vingt cinq Mais au cœur de moi Rougeoie calmement une veilleuse Où mes pensées pour toi Dansent à jamais Prêtes à s’enflammer passionnellement Fester Bryan, 2006

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    F

    Francis Etienne Sicard

    @francisEtienneSicard

    Campanile d’Hiver La vigne endolorie sous le poids des nuages, Pareille au clapotis des barques enchainées, Gémit, pleure et s’éteint comme un brasier mouillé Par la rage du ciel et son gravier d’outrages. Les lavoirs de soleil et leurs lourds sarcophages Ruissellent de tumeurs aux couleurs bigarrées, Comme si leur destin se tissait sous les dès De gouttes détachées d’un suaire sauvage. Seule, morne et feutrée, une cloche d’airain Sonne un glas parfumé d’une douce beauté Dont le silence boit la mélodie sans fin. Or la vigne endurcie, comme un oratorio, Fugue le long de mots brillants de nouveauté, Que ce poème joue sur un pas d’adagio.

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    Il va neiger Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu’est-ce? J’aurais dit : laissez-moi tranquille. Ce n’est rien. J’ai bien réfléchi, l’année avant, dans ma chambre, pendant que la neige lourde tombait dehors. J’ai réfléchi pour rien. À présent comme alors je fume une pipe en bois avec un bout d’ambre. Ma vieille commode en chêne sent toujours bon. Mais moi j’étais bête parce que ces choses ne pouvaient pas changer et que c’est une pose de vouloir chasser les choses que nous savons. Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous? C’est drôle; nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas et cependant nous les comprenons, et les pas d’un ami sont plus doux que de douces paroles. On a baptisé les étoiles sans penser qu’elles n’avaient pas besoin de nom, et les nombres qui prouvent que les belles comètes dans l’ombre passeront, ne les forceront pas à passer. Et maintenant même, où sont mes vieilles tristesses de l’an dernier? À peine si je m’en souviens. Je dirais : laissez-moi tranquille, ce n’est rien, si dans ma chambre on venait me demander : qu’est-ce?

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Décembre Le hibou parmi les décombres Hurle, et Décembre va finir ; Et le douloureux souvenir Sur ton coeur jette encor ses ombres. Le vol de ces jours que tu nombres, L’aurais-tu voulu retenir ? Combien seront, dans l’avenir, Brillants et purs ; et combien, sombres ? Laisse donc les ans s’épuiser. Que de larmes pour un baiser, Que d’épines pour une rose ! Le temps qui s’écoule fait bien ; Et mourir ne doit être rien, Puisque vivre est si peu de chose.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Etoiles filantes Dans les nuits d’automne, errant par la ville, Je regarde au ciel avec mon désir, Car si, dans le temps qu’une étoile file, On forme un souhait, il doit s’accomplir. Enfant, mes souhaits sont toujours les mêmes : Quand un astre tombe, alors, plein d’émoi, Je fais de grands voeux afin que tu m’aimes Et qu’en ton exil tu penses à moi. A cette chimère, hélas ! je veux croire, N’ayant que cela pour me consoler. Mais voici l’hiver, la nuit devient noire, Et je ne vois plus d’étoiles filer.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Janvier Songes-tu parfois, bien-aimée, Assise près du foyer clair, Lorsque sous la porte fermée Gémit la bise de l’hiver, Qu’après cette automne clémente, Les oiseaux, cher peuple étourdi, Trop tard, par un jour de tourmente, Ont pris leur vol vers le Midi ; Que leurs ailes, blanches de givre, Sont lasses d’avoir voyagé ; Que sur le long chemin à suivre Il a neigé, neigé, neigé ; Et que, perdus dans la rafale, Ils sont là, transis et sans voix, Eux dont la chanson triomphale Charmait nos courses dans les bois ? Hélas ! comme il faut qu’il en meure De ces émigrés grelottants ! Y songes-tu ? Moi, je les pleure, Nos chanteurs du dernier printemps. Tu parles, ce soir où tu m’aimes, Des oiseaux du prochain Avril ; Mais ce ne seront plus les mêmes, Et ton amour attendra-t-il ?

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Mois de Janvier Songes-tu parfois, bien-aimée, Assise près du foyer clair, Lorsque sous la porte fermée Gémit la bise de l'hiver, Qu'après cette automne clémente, Les oiseaux, cher peuple étourdi, Trop tard, par un jour de tourmente, Ont pris leur vol vers le Midi ; Que leurs ailes, blanches de givre, Sont lasses d'avoir voyagé ; Que sur le long chemin à suivre Il a neigé, neigé, neigé ; Et que, perdus dans la rafale, Ils sont là, transis et sans voix, Eux dont la chanson triomphale Charmait nos courses dans les bois ? Hélas ! comme il faut qu'il en meure De ces émigrés grelottants ! Y songes-tu ? Moi, je les pleure, Nos chanteurs du dernier printemps. Tu parles, ce soir où tu m'aimes, Des oiseaux du prochain Avril ; Mais ce ne seront plus les mêmes, Et ton amour attendra-t-il ?

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Novembre Captif de l’hiver dans ma chambre Et las de tant d’espoirs menteurs, Je vois dans un ciel de novembre, Partir les derniers migrateurs. Ils souffrent bien sous cette pluie ; Mais, au pays ensoleillé, Je songe qu’un rayon essuie Et réchauffe l’oiseau mouillé. Mon âme est comme une fauvette Triste sous un ciel pluvieux ; Le soleil dont sa joie est faite Est le regard de deux beaux yeux ; Mais loin d’eux elle est exilée ; Et, plus que ces oiseaux, martyr, Je ne puis prendre ma volée Et n’ai pas le droit de partir.

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    F

    François Fabié

    @francoisFabie

    Les moineaux La neige tombe par les rues, Et les moineaux, au bord du toit, Pleurent les graines disparues. « J’ai faim ! » dit l’un ; l’autre : « J’ai froid ! » « Là-bas, dans la cour du collège, Frères, allons glaner le pain Que toujours jette – ô sacrilège ! – Quelque écolier qui n’a plus faim ». A cet avis, la bande entière S’égrène en poussant de grands cris, Et s’en vient garnir la gouttière Du vieux collège aux pignons gris. C’est l’heure vague où, dans l’étude, Près du poêle au lourd ronflement, Les écoliers, de lassitude, S’endorment sur le rudiment. Un seul auprès de la fenêtre, – Petit rêveur au fin museau, – Se plaint que le sort l’ait fait naître Ecolier, et non pas oiseau.

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    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    Le printemps, l’été et l’hiver Vallée au nord, onduleuse prairie, Déserts charmants, mon cœur, formé pour vous, Toujours vous cherche en sa mélancolie. A ton aspect, solitude chérie, Je ne sais quoi de profond et de doux Vient s’emparer de mon âme attendrie. Si l’on savait le calme qu’un ruisseau En tous mes sens porte avec son murmure, Ce calme heureux que j’ai, sur la verdure, Goûté cent fois seul au pied d’un coteau, Les froids amants du froid séjour des villes Rechercheraient ces voluptés faciles. Si le printemps les champs vient émailler, Dans un coin frais de ce vallon paisible, Je lis assis sous le rameux noyer, Au rude tronc, au feuillage flexible. Du rossignol le suave soupir Enchaîne alors mon oreille captive, Et dans un songe au-dessus du plaisir Laisse flotter mon âme fugitive. Au fond d’un bois quand l’été va durant, Est-il une onde aimable et sinueuse Qui, dans son cours, lente et voluptueuse, A chaque fleur s’arrête en soupirant ? Cent fois au bord de cette onde infidèle J’irai dormir sous le coudre odorant, Et disputer de paresse avec elle. Sous le saule nourri de ta fraîcheur amie, Fleuve témoin de mes soupirs, Dans ces prés émaillés, au doux bruit des zéphyrs, Ton passage offre ici l’image de la vie. En des vallons déserts, au sortir de ces fleurs, Tu conduis tes ondes errantes : Ainsi nos heures inconstantes Passent des plaisirs aux douleurs. Mais si voluptueux, du moins dans notre course, Du printemps nous allons jouir, Nos jours plus doucement s’éloignent de leur source, Emportant avec eux un tendre souvenir : Ainsi tu vas moins triste au rocher solitaire, Vers ces bois où tu fais toujours, Si de ces prés ton heureux cours Entraîne quelque fleur légère. De mon esprit ainsi l’enchantement Naît et s’accroît pendant tout un feuillage. L’aquilon vient, et l’on voit tristement L’arbre isolé sur le coteau sauvage Se balancer au milieu de l’orage. De blancs oiseaux en troupes partagés Quittent les bords de l’Océan antique : Tous en silence à la file rangés Fendent l’azur d’un ciel mélancolique. J’erre aux forêts où pendent les frimas : Interrompu par le bruit de la feuille Que lentement je traîne sous mes pas, Dans ses pensers mon esprit se recueille. Qui le croirait ? plaisirs solacieux, Je vous retrouve en ce grand deuil des cieux : L’habit de veuve embellit la nature. Il est un charme à des bois sans parure : Ces prés riants entourés d’aunes verts, Où l’onde molle énerve la pensée, Où sur les fleurs l’âme rêve bercée Aux doux accords du feuillage et des airs, Ces prés riants que l’aquilon moissonne, Plaisent aux cœurs. Vers la terre courbés Nous imitons, ou flétris ou tombés, L’herbe en hiver et la feuille en automne.

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    Les saisons Printemps Le printemps va bientôt naître. Les hirondelles Pour que l’azur s’en vienne égayer son berceau Fendent le crêpe du brouillard à grands coups Prestes et nets ainsi que des coups de ciseaux. Des rustres stupides et des corbeaux voraces Qui s’engraissaient parmi les horreurs de l’hiver En voyant les oiseaux d’espoir traverser l’air Se liguent aussitôt pour leur donner la chasse. Les hirondelles agonisent en des cages, Leur aile saigne sous la serre des corbeaux, Mais parmi l’azur qui crève enfin les nuages Voici l’Avril ! Voici le printemps jeune et beau. O gouvernants bourgeois à la poigne cruelle Emprisonnez les gens, faites en des martyrs, Tuez si ça vous plaît toutes les hirondelles, Vous n’empêcherez pas le printemps de venir. Eté Pour emblaver ces champs, quelques sas ont suffi Ils n’ont jeté que quelques poignées de semence Mais le miracle blond de l’Eté s’accomplit Cent faucheurs sont penchés sur la moisson immense. De chaque grain tombé dans la nuit du sillon Un bel épi s’est élancé vers la lumière Et nul ne peut, sous le vol bleu des faucillons Compter tous les épis de la récolte entière. O vous, plus isolés encor que les semeurs Qui sont passés dans la plaine au temps des emblaves, En la nuit des cerveaux et l’intensité des cœurs Jetez votre bon grain sur Je champ des Esclaves. Fiers semeurs de l’Ida, jetez votre bon grain. il dormira comme le blé dort dans la terre. Mais innombrable, aux beaux jours de l’Eté prochain, Votre moisson resplendira dans la lumière1 Automne Comme un monde qui meurt écrasé sous son Or, La Forêt automnale en son faste agonise Et ses feuilles, comme les pièces d’un trésor, S’amoncellent sous le râteau fou de la bise. Parmi la langueur des sous-bois, on sent flotter La même odeur de lente mort et de luxure Qui vous accable au cœur des trop riches cités : Tout l’Or de la Forêt s’exhale en pourriture ! Mais nous savons que de l’amas de ce fumier Doit fleurir, en l’élan de la sève prochaine, La gaieté des coucous, la grâce des aubiers, La douceur de la mousse et la beauté des chênes. Notre Société ressemble à la Forêt, Nous sommes en Novembre, et l’Automne est en elle. O fumier d’aujourd’hui ! plus ton lit est épais Plus l’Avril sera vert dans la Forêt nouvelle ! Hiver Tristes, mornes, muets, voûtés comme une échine De malheureux tâcherons , les vieux monts ont l’air D’un peuple d’ouvriers sur un chemin d’usine, Et leur long défilé semble entrer dans l’hiver. En un effeuillement lent de pétales sombres La neige tombe comme tombe la Douleur Et la Misère sur le dos des travailleurs. La neige tombe sur les monts. La neige tombe. Emprisonnant leur flanc, écrasant leur sommet, Sous un suaire dont la froideur s’accumule Encor ! Toujours ! plus fort ! la neige tombe. Mais Au simple bruit d’un pas heurtant le crépuscule, Les vieux monts impassibles travaillent soudain Et leur révolte gronde en avalanche blanche Qui renverse et qui brise tout sur son chemin… Sur notre monde un jour, quelle horrible avalanche !

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    Georg Trakl

    Georg Trakl

    @georgTrakl

    En hiver Le champ brille blanc et froid. Le ciel est solitaire et immense. Des choucas tournent au-dessus de l’étang Et des chasseurs descendent de la forêt, Un mutisme habite les cimes noires des arbres. Le reflet d’un feu s’échappe des cabanes. Parfois très loin sonne un traîneau Et lentement monte la lune grise. Un gibier saigne doucement sur le talus Et des corbeaux pataugent dans des rigoles sanglantes Le roseau frémit jaune et haut. Gel, fumée, un pas dans le bois vide.

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    G

    Georges Emmanuel Clancier

    @georgesEmmanuelClancier

    D'un hiver La dernière maison a celé le dernier Cri de tes souvenirs, et s'élevant, la terre Sous chaque pas a bu, comme une source éteinte, Le scintillement des ombres de ta présence. Il te faut rire au vent avec sa même joie Et lui parler et le tenter, le conquérir Avec aux yeux le reflet même de la voix Dont il a su baigner, lécher à l'horizon Ce jour : ses paysans fumeurs de souvenir. II Va sur l'hiver. La terre tâtonnante et riche Éprouve le silence. Adore en toi le chant De son étendue qui, sûre, lointaine, épaisse, Protège ta calme alliance au front des champs Et te fait plus humain, plus dense de leur grâce. III Te voilà plus humain pour être devenu Tout pareil à cet arbre, et pris à son attente, Comme lui : seul, pris dans sa solitude, nu, Sans espérance que ce désir où vous hantent Une sève et le sang jaillis du temps fidèle. Lourd enfin, d'être sorti par ce feu amer Du tour de ta pensée, rare du poids d'un dieu, Enfant audacieux blotti contre le ciel. Lourd de la charge des landes et de ta chair Perdues à la mesure où meurt ta marche heureuse.

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    G

    Georges Haldas

    @georgesHaldas

    Campagne d'hiver Peupliers un vent faible allaitait le silence Et c'étaient soldats morts pour des patries lointaines pour des drapeaux fourbus De neige et de douleur les larmes nous coulaient Te souviens-tu ma mère ? Et toi qu'aurais-tu fait pendant la longue marche ? Je voyais les villages posés près des forêts Je voyais la montagne mais on n'entendait rien Patries patries amères où le vent seul parlait où le gel était dur comme l'apôtre Pierre Celui qui reniait La vérité craquait pareille à la banquise Et quand revenait l'aube de ces journées d'hiver Pour la seconde fois tous les soldats mouraient

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La blanche neige Les anges les anges dans le ciel L’un est vêtu en officier L’un est vêtu en cuisinier Et les autres chantent Bel officier couleur du ciel Le doux printemps longtemps après Noël Te médaillera d’un beau soleil D’un beau soleil Le cuisinier plume les oies Ah! tombe neige Tombe et que n’ai-je Ma bien-aimée entre mes bras

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Les oies sauvages Tout est muet, l’oiseau ne jette plus ses cris. La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris. Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant leurs proies, Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur. Voilà qu’à l’horizon s’élève une clameur ; Elle approche, elle vient, c’est la tribu des oies. Ainsi qu’un trait lancé, toutes, le cou tendu, Allant toujours plus vite, en leur vol éperdu, Passent, fouettant le vent de leur aile sifflante. Le guide qui conduit ces pèlerins des airs Delà les océans, les bois et les déserts, Comme pour exciter leur allure trop lente, De moment en moment jette son cri perçant. Comme un double ruban la caravane ondoie, Bruit étrangement, et par le ciel déploie Son grand triangle ailé qui va s’élargissant. Mais leurs frères captifs répandus dans la plaine, Engourdis par le froid, cheminent gravement. Un enfant en haillons en sifflant les promène, Comme de lourds vaisseaux balancés lentement. Ils entendent le cri de la tribu qui passe, Ils érigent leur tête ; et regardant s’enfuir Les libres voyageurs au travers de l’espace, Les captifs tout à coup se lèvent pour partir. Ils agitent en vain leurs ailes impuissantes, Et, dressés sur leurs pieds, sentent confusément, A cet appel errant se lever grandissantes La liberté première au fond du coeur dormant, La fièvre de l’espace et des tièdes rivages. Dans les champs pleins de neige ils courent effarés, Et jetant par le ciel des cris désespérés Ils répondent longtemps à leurs frères sauvages.

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Nuit de neige La grande plaine est blanche, immobile et sans voix. Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte. Mais on entend parfois, comme une morne plainte, Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois. Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes. L’hiver s’est abattu sur toute floraison ; Des arbres dépouillés dressent à l’horizon Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes. La lune est large et pâle et semble se hâter. On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère. De son morne regard elle parcourt la terre, Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter. Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde, Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant ; Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement, Aux étranges reflets de la clarté blafarde. Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux ! Un vent glacé frissonne et court par les allées ; Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux, Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées. Dans les grands arbres nus que couvre le verglas Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ; De leur oeil inquiet ils regardent la neige, Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.

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    H

    Henri Thomas

    @henriThomas

    Hiver Il est un torrent de neige à l'intérieur de la ville, quelquefois un homme espère, dans la blancheur paraît une île, ainsi s'éclaire la Terre. Sous l'arche recomposée de sa vie, le torrent passe, lui, s'il se jette à la nage, il se brise au frais pilier dans le flot qui se partage, la ville reste éclairée d'un vestige de blancheur.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Février Voici que Février revient, plein de promesses, Çà et là quelques fleurs s’ouvrent hâtivement ; Il peut encor neiger, mais le grand froid régresse Et l’on perçoit déjà des jours l’allongement. Le printemps apparaît, le rude hiver s’achève ; Par les champs, par les prés, dévalent les ruisseaux, Le vieil arbre bourgeonne et se gorge de sève, Bientôt, dans sa ramée, nicheront les moineaux. Un soleil radieux inonde la colline, Au jardin tout prend vie, tout cherche à émouvoir, Et je sens, sous mes pas, tandis que je chemine, La terre qui frémit et palpite d’espoir.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Matin d’hiver La brume conservait un goût de rêve étrange, Déliant la candeur des secrets de la nuit, Elle mêlait ainsi le soleil et l’ennui Sous le voile infini de son aile d’archange ; Déliant la candeur des secrets de la nuit La neige regardait l’étoile ou le nuage, Pâle comme un soupir, triste comme un naufrage, Elle mêlait ainsi le soleil et l’ennui ; La neige regardait l’étoile ou le nuage Lorsque je m’éveillai dans le petit matin Bercée par la douceur d’un rayon de satin… Pâle comme un soupir, triste comme un naufrage.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Novembre La forêt se défait de ses belles couleurs, Dans le froid du matin quelques rêves s’accrochent, L’automne se consume et l’hiver se rapproche, Le temps s’écoule avec une extrême langueur… Au long sommeil la vie semble se résigner ; Tandis que l’horizon timidement s’allume Des écharpes de givre et des manteaux de brume S’enroulent tout autour des arbres dénudés. Silencieusement s’évapore la nuit, L’amertume grandit au fur et à mesure ; Novembre est là, qui décompose la nature Et qui provoque un si mélancolique ennui.

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    Gelée blanche Février. Le blé monte aux tiédeurs hivernales. En hiver nos midis sont des matins d'été ; Mais parfois méchamment, aux heures matinales, Un souffle d'hiver glace Avril épouvanté. Il sent alors que tout s'est trop hâté d'éclore, Que tout s'est revêtu de trop claires couleurs, Et, dans les champs déserts, en attendant l'aurore, Avril frileux et blanc frissonne sous les fleurs.

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    Jean Orizet

    Jean Orizet

    @jeanOrizet

    Hiver sur la Baltique Baltique, lac tranquille aux reflets de vieux bronze avalé par la brume, à quelques encablures. Longeant le rivage, une ligne d'arbres taillés dans du givre pur, tranche d'un éclat plus vif sur la neige un peu grise, écaille des champs plats. Sable sans couleur où canards, mouettes et poules d'eau sont les seuls baigneurs de cette fin de janvier. Température: quinze degrés en dessous de zéro. On dit que lors d'hivers encore plus rudes, la mer peut être prise par les glaces. Des cygnes se laissent parfois surprendre. Si nul ne vient les délivrer, ils meurent le cou tendu, lisses joyaux sertis dans Faigue-marine.

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    Jean Richepin

    Jean Richepin

    @jeanRichepin

    Première gelée Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens. Ainsi qu’un dur baron précédé de sergents, Il fait, pour l’annoncer, courir le long des rues La gelée aux doigts blancs et les bises bourrues. On entend haleter le souffle des gamins Qui se sauvent, collant leurs lèvres à leurs mains, Et tapent fortement du pied la terre sèche. Le chien, sans rien flairer, file ainsi qu’une flèche. Les messieurs en chapeau, raides et boutonnés, Font le dos rond, et dans leur col plongent leur nez. Les femmes, comme des coureurs dans la carrière, Ont la gorge en avant, les coudes en arrière, Les reins cambrés. Leur pas, d’un mouvement coquin, Fait onduler sur leur croupe leur troussequin. Oh ! comme c’est joli, la première gelée ! La vitre, par le froid du dehors flagellée, Étincelle, au dedans, de cristaux délicats, Et papillotte sous la nacre des micas Dont le dessin fleurit en volutes d’acanthe. Les arbres sont vêtus d’une faille craquante. Le ciel a la pâleur fine des vieux argents. Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens. Voici venir l’Hiver dans son manteau de glace. Place au Roi qui s’avance en grondant, place, place ! Et la bise, à grands coups de fouet sur les mollets, Fait courir le gamin. Le vent dans les collets Des messieurs boutonnés fourre des cents d’épingles. Les chiens au bout du dos semblent traîner des tringles. Et les femmes, sentant des petits doigts fripons Grimper sournoisement sous leurs derniers jupons, Se cognent les genoux pour mieux serrer les cuisses. Les maisons dans le ciel fument comme des Suisses. Près des chenets joyeux les messieurs en chapeau Vont s’asseoir ; la chaleur leur détendra la peau. Les femmes, relevant leurs jupes à mi-jambe, Pour garantir leur teint de la bûche qui flambe Étendront leurs deux mains longues aux doigts rosés, Qu’un tendre amant fera mollir sous les baisers. Heureux ceux-là qu’attend la bonne chambre chaude ! Mais le gamin qui court, mais le vieux chien qui rôde, Mais les gueux, les petits, le tas des indigents… Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens.

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Hiver Manrique, ami très cher des têtes de mort, que sont devenus tous ces vers sinon rien que des mots ni plus ni moins« ) María Mercedes Carranza Otro Camino « Pour une fois, dis-moi quelque chose de vrai » Il ressemble à un ours. Ou à un chat. Elle et lui dans un hôtel du bord de mer, l’hiver. Elle et lui, et l’amertume de l’amour. Il la regarde, ne sachant quoi dire. Quelque chose de vrai. Qu’y a-t-il de vrai ? Il ne sait pas ; c’est à cause du vent du Nord. Il ressemble à un ours, ou à un chat. Est vrai, le vent du Nord. Vraie, l’écume des vagues. Vrai, le ressac. Vrais, vrais encore, les souvenirs d’autres hivers. « Dis-moi quelque chose de vrai ». Il ne sait pas. Il ressemble à un ours. Ou à un chat.

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Solstice d’hiver « l’espoir, ce perce-neige… » Villebramar je me souviens c’était le solstice d’hiver, et la mer était haute, et sombre la lumière je me souviens des vagues s’enroulant sur la jetée, et des oiseaux de nuit de longs cheveux de varechs noirs, d’écumes grises et de l’horizon rouge je me souviens des couleurs de la nuit. Dans une brasserie de front de mer, au plus intime de la grande salle, ayant trouvé refuge, et heureux, je me souviens, et c’est le solstice d’hiver. Viennent alors sur nous de grands nuages, depuis les golfes cantabriques, la mer se met à crépiter je prends dans mes mains ton visage, et je te dis : « tu es heureuse » tu souris.

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    Joséphin Soulary

    Joséphin Soulary

    @josephinSoulary

    Sonnet de Décembre L’hiver est là. L’oiseau meurt de faim ; l’homme gèle. Passe pour l’homme encor ; mais l’oiseau, c’est pitié ! Dans un bouquin rongé des rats plus qu’à moitié J’ai lu qu’il paie aussi la faute originelle. La bise a mangé l’air, durci le sol, lié Les ruisseaux. — Temps propice aux heureux ! La flanelle Les couvre ; au coin du feu le festin les appelle. Mais les autres ?… Sans doute ils auront mal prié ! Le soleil disparaît sous la brume glacée ; C’est l’acteur des beaux jours qui, la toile baissée, Prépare sa rentrée au prochain renouveau ; Et, tandis qu’on grelotte, il vient, par intervalle, Regarder plaisamment, l’œil au trou du rideau, La grimace que fait son public dans la salle.

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