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Amour

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Amour

Poésies de la collection amour

    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Une beauté de quinze ans enfantine Une beauté de quinze ans enfantine, Un or frisé de maint crêpe anelet, Un front de rose, un teint damoiselet, Un ris qui l'âme aux Astres achemine ; Une vertu de telles beautés digne, Un col de neige, une gorge de lait, Un coeur jà mûr en un sein verdelet, En Dame humaine une beauté divine ; Un oeil puissant de faire jours les nuits, Une main douce à forcer les ennuis, Qui tient ma vie en ses doigts enfermée Avec un chant découpé doucement Ore d'un ris, or' d'un gémissement, De tels sorciers ma raison fut charmée.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Ô ma douce moitié Voulant, ô ma douce moitié, T'assurer que mon amitié Ne se verra jamais finie, Je fis, pour t'en assurer mieux Un serment juré par mes yeux Et par mon cœur et par ma vie. Tu jures ce qui n'est à toi ; Ton cœur et tes yeux sont à moi D'une promesse irrévocable, Ce médis-tu. Hélas ! au moins Reçoit mes larmes pour témoins Que ma parole est véritable ! Alors, Belle, tu me baisas, Et doucement désattisas Mon feu, d'un gracieux visage : Puis tu fis signe de ton œil, Que tu recevais bien mon deuil Et mes larmes pour témoignage.

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    P

    Pierre-Jean de Béranger

    @pierreJeanDeBeranger

    Beaucoup d'amour Malgré la voix de la sagesse, Je voudrais amasser de l'or : Soudain aux pieds de ma maîtresse J'irais déposer mon trésor. Adèle, à ton moindre caprice Je satisferais chaque jour. Non, non, je n'ai point d'avarice, Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'amour. Pour immortaliser Adèle, Si des chants m'étaient inspirés, Mes vers, où je ne peindrais qu'elle, A jamais seraient admirés. Puissent ainsi dans la mémoire Nos deux noms se graver un jour ! Je n'ai point l'amour de la gloire, Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'amour. Que la Providence m'élève Jusqu'au trône éclatant des rois, Adèle embellira ce rêve : Je lui céderai tout mes droits. Pour être plus sûr de lui plaire, Je voudrais me voir une cour. D'ambition je n'en ai guère, Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'amour. Mais quel vain désir m'importune ? Adèle comble tous mes vœux. L'éclat, le renom, la fortune, Moins que l'amour rendent heureux. A mon bonheur je puis donc croire, Et du sort braver le retour ! Je n'ai ni bien, ni rang, ni gloire, Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'amour.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Ici-bas Ici-bas tous les lilas meurent, Tous les chants des oiseaux sont courts ; Je rêve aux étés qui demeurent Toujours... Ici-bas les lèvres effleurent Sans rien laisser de leur velours ; Je rêve aux baisers qui demeurent Toujours... Ici-bas tous les hommes pleurent Leurs amitiés ou leurs amours ; Je rêve aux couples qui demeurent Toujours...

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le meilleur moment des amours Le meilleur moment des amours N’est pas quand on a dit : « Je t’aime. » Il est dans le silence même À demi rompu tous les jours ; Il est dans les intelligences Promptes et furtives des coeurs ; Il est dans les feintes rigueurs Et les secrètes indulgences ; Il est dans le frisson du bras Où se pose la main qui tremble, Dans la page qu’on tourne ensemble Et que pourtant on ne lit pas. Heure unique où la bouche close Par sa pudeur seule en dit tant ; Où le coeur s’ouvre en éclatant Tout bas, comme un bouton de rose ; Où le parfum seul des cheveux Parait une faveur conquise ! Heure de la tendresse exquise Où les respects sont des aveux.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le réveil Si tu m'appartenais (faisons ce rêve étrange !), Je voudrais avant toi m'éveiller le matin Pour m'accouder longtemps près de ton sommeil d'ange, Egal et murmurant comme un ruisseau lointain. J'irais à pas discrets cueillir de l'églantine, Et, patient, rempli d'un silence joyeux, J'entr'ouvrirais tes mains, qui gardent ta poitrine, Pour y glisser mes fleurs en te baisant les yeux. Et tes yeux étonnés reconnaîtraient la terre Dans les choses où Dieu mit le plus de douceur, Puis tourneraient vers moi leur naissante lumière, Tout pleins de mon offrande et tout pleins de ton cœur. Oh ! Comprends ce qu'il souffre et sens bien comme il aime, Celui qui poserait, au lever du soleil, Un bouquet, invisible encor, sur ton sein même, Pour placer ton bonheur plus près de ton réveil !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Les amours terrestres Nos yeux se sont croisés et nous nous sommes plu. Née au siècle où je vis et passant où je passe, Dans le double infini du temps et de l’espace Tu ne me cherchais point, tu ne m’as point élu ; Moi, pour te joindre ici le jour qu’il a fallu, Dans le monde éternel je n’avais point ta trace, J’ignorais ta naissance et le lieu de ta race : Le sort a donc tout fait, nous n’avons rien voulu. Les terrestres amours ne sont qu’une aventure : Ton époux à venir et ma femme future Soupirent vainement, et nous pleurons loin d’eux : C’est lui que tu pressens en moi, qui lui ressemble, Ce qui m’attire en toi, c’est elle, et tous les deux Nous croyons nous aimer en les cherchant ensemble.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L’amour maternel À Maurice Chevrier Fait d’héroïsme et de clémence, Présent toujours au moindre appel, Qui de nous peut dire où commence, Où finit l’amour maternel ? Il n’attend pas qu’on le mérite, Il plane en deuil sur les ingrats ; Lorsque le père déshérite, La mère laisse ouverts ses bras ; Son crédule dévouement reste Quand les plus vrais nous ont menti, Si téméraire et si modeste Qu’il s’ignore et n’est pas senti. Pour nous suivre il monte ou s’abîme, À nos revers toujours égal, Ou si profond ou si sublime Que, sans maître, il est sans rival : Est-il de retraite plus douce Qu’un sein de mère, et quel abri Recueille avec moins de secousse Un cœur fragile endolori ? Quel est l’ami qui sans colère Se voit pour d’autres négligé ? Qu’on méconnaît sans lui déplaire, Si bon qu’il n’en soit affligé ? Quel ami dans un précipice Nous joint sans espoir de retour, Et ne sent quelque sacrifice Où la mère ne sent qu’amour ? Lequel n’espère un avantage Des échanges de l’amitié ? Que de fois la mère partage Et ne garde pas sa moitié ! Ô mère, unique Danaïde Dont le zèle soit sans déclin, Et qui, sans maudire le vide, Y penche un grand cœur toujours plein !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    A la bien-aimée Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne, Et ma voile de soie et mon jardin de lys, Ma cassolette d'or et ma blanche colonne, Mon parc et mon étang de roseaux et d'iris. Vous êtes mes parfums d'ambre et de miel, ma palme, Mes feuillages, mes chants de cigales dans l'air, Ma neige qui se meurt d'être hautaine et calme, Et mes algues et mes paysages de mer. Et vous êtes ma cloche au sanglot monotone, Mon île fraîche et ma secourable oasis ... Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne, Et ma voile de soie et mon jardin de lys.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    A la femme aimée Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume, Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain. Ton corps se devinait, ondoiement incertain, Plus souple que la vague et plus frais que l’écume. Le soir d’été semblait un rêve oriental De rose et de santal. Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids. Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts En le souffle pâmé des angoisses suprêmes. De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour L’agonie et l’amour. Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes La douceur et l’effroi de ton premier baiser. Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes Parmi des flots de sons languissamment décrus, Blonde, tu m’apparus. Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible, D’infini, je voulus moduler largement Un hymne de magie et d’émerveillement. Mais la strophe monta bégayante et pénible, Reflet naïf, écho puéril, vol heurté, Vers ta Divinité.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Absence Ô Femme au cœur de qui mon triste cœur a cru, Je te convoite, ainsi qu’un trésor disparu. Je te maudis, mais en t’aimant… Mon cœur bizarre Te recherche, Émeraude admirablement rare ! Que je suis exilée ! Et que pèse le temps, Malgré le beau soleil des midis éclatants ! Retombant chaque soir dans un amer silence, Je pleure sur le plus grand des maux : sur l’absence !…

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Amour Mirage de la mer sous la lune, ô l’Amour ! Toi qui déçois, toi qui parais pour disparaître Et pour mentir et pour mourir et pour renaître, Toi qui crains le regard juste et sage du jour ! Toi qu’on nourrit de songe et de mélancolie, Inexplicable autant que le souffle du vent Et toujours inégal, injuste trop souvent, Je te crains à l’égal de ta sœur la folie ! Je te crains, je te hais et pourtant tu m’attires Puisque aussi le fatal est proche du divin. Voici qu’il m’est donné de te connaître enfin, Et je mourrais pour l’un de tes moindres sourires !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Amour méprisable L’Amour dont je subis l’abominable loi M’attire vers ce que je crains le plus, vers Toi ! Tu fus et tu seras l’Inconnue ennemie… Je t’adore en pleurant, ô si mauvaise amie ! Car voici la raison de mon tourment infâme : Je ne surprendrai pas le regard de ton âme. C’est pourquoi je te hais, c’est pourquoi je te crains… J’appelle un autre amour, d’autres yeux, d’autres mains, Et surtout, pour calmer la plainte qui s’élève Du fond de mon cœur las, un rêve, un divin rêve !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Amour, toi le larron Amour, toi, le larron éternel, qui dérobes Les lourds trésors des cœurs et le secret des robes ! Tu te glisses et te dissimules la nuit, Et ton pas est le pas du traître qui s’enfuit… Ton pas est plus léger que le doux pas du Songe ! Et l’on n’entend jamais ce bruit sournois qui ronge. N’as-tu point d’amitié ? N’as-tu point de raison ? Voici que s’insinue en mon cœur ton poison. Épargne-moi ! Vois mon visage et mon front blême… Mon ennemi, l’Amour, je te hais et je t’aime.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Aurore sur la mer Je te méprise enfin, souffrance passagère ! J’ai relevé le front. J’ai fini de pleurer. Mon âme est affranchie, et ta forme légère Dans les nuits sans repos ne vient plus l’effleurer. Aujourd’hui je souris à l’Amour qui me blesse. O vent des vastes mers, qui, sans parfum de fleurs, D’une âcre odeur de sel ranimes ma faiblesse, O vent du large ! emporte à jamais les douleurs ! Emporte les douleurs au loin, d’un grand coup d’aile, Afin que le bonheur éclate, triomphal, Dans nos cœurs où l’orgueil divin se renouvelle, Tournés vers le soleil, les chants et l’idéal !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Chanson Ta voix est un savant poème… Charme fragile de l’esprit, Désespoir de l’âme, je t’aime Comme une douleur qu’on chérit. Dans ta grâce longue et blémie, Tu revins du fond de jadis… O ma blanche et lointaine amie, Je t’adore comme les lys! On dit qu’un souvenir s’émousse, Mais comment oublier jamais Que ta voix se faisait très douce Pour me dire que tu m’aimais?

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Essentielle Ainsi, l’on se contemple avec des yeux sacrés Devant l’autel des mers et sur l’autel des prés… Toi dont la chevelure en plis d’or illumine, Tu m’as fait partager ton essence divine… Et tu m’as emportée au fond même du ciel, Ô toi que l’on adore, ô l’Être Essentiel ! Tes yeux ont le regard que n’ont point d’autres femmes… Et ce fut, pour nous, comme une rencontre d’âmes. Mon cœur nouveau renaît de mon cœur d’autrefois… Que dire de tes yeux ? Que dire de ta voix ? Ô ma splendeur parfaite, ô ma Toute Adorée ! La mer était en nous, unie à l’empyrée !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Invocation à la lune Ô Lune chasseresse aux flèches très légères, Viens détruire d’un trait mes amours mensongères ! Viens détruire les faux baisers, les faux espoirs, Toi dont les traits ont su percer les troupeaux noirs ! Toi qui fus autrefois l’Amie et la Maîtresse, Incline-toi vers moi, dans ma grande détresse !… Dis-moi que nul regard n’est divinement beau Pour qui sait contempler le grand regard de l’eau !… Ô Lune, toi qui sais disperser les mensonges, Éloigne le troupeau serré des mauvais songes ! Et, daignant aiguiser l’arc d’argent bleu qui luit, Accorde-moi l’espoir d’un rayon dans la nuit ! Ô Lune, toi qui sais rendre l’âme à soi-même Dans sa vérité froide, indifférente et blême ! Ô toi, victorieuse adversaire du jour, Accorde-moi le don d’échapper à l’amour !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    La promesse des fées Le vent du soir portait des chansons par bouffées, Et, par lui, je reçus la promesse des Fées… Avec des mots très doux, les elfes m’ont promis D’être immanquablement mes fidèles amis. Mais n’attachez jamais votre âme à leurs paroles, Un Elfe est tôt enfui, souffle vif d’ailes folles !… Leur vol tourbillonnait, vague comme un parfum. Cependant tous semblaient obéir à quelqu’un. La première portait sur son front découvert Une couronne d’or… Son manteau semblait vert. Et la couronne d’or, brûlant comme la flamme, Rayonnait au-dessus d’un visage de femme. Malgré l’étonnement d’un cœur audacieux, Je ne pus endurer la splendeur de ses yeux… Car j’entendais un bruit d’étreintes étouffées… Aussi j’ai voulu fuir l’amour fatal des Fées… Mais, devant ce bonheur mêlé d’un si grand mal, Ne regrettais-je pas un peu l’amour fatal !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Le couchant adoucit Le couchant adoucit le sourire du ciel. La nuit vient gravement, ainsi qu’une prêtresse. La brise a dérouté, d’un geste de caresse, Tes cheveux aux blondeurs de maïs et de miel. Tes lèvres ont gardé le pli de la parole Dont mon rêve attentif s’est longtemps enchanté. Une voix de souffrance et d’extase a chanté Dans l’ombre d’où l’encens des fleurs blanches s’envole. Ta robe a des frissons de festins somptueux, Et, sous la majesté de la noble parure, Fleurit, enveloppé d’haleines de luxure, Lys profane, ton corps pâle et voluptueux. Ta prunelle aux bleus frais s’alanguit et se pâme. Je vois, dans tes regards pareils aux tristes cieux, Dans cette pureté dernière de tes yeux, La forme endolorie et lasse de ton âme. Là-bas s’apaise enfin l’essaim d’or des guêpiers. Parmi tes rythmes morts et tes splendeurs éteintes, Tu frôles sans tes voir les frêles hyacinthes Qui se meurent d’amour, ayant touché tes pieds

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Le labyrinthe J’erre au fond d’un savant et cruel labyrinthe… Je n’ai pour mon salut qu’un douloureux orgueil. Voici que vient la Nuit aux cheveux d’hyacinthe, Et je m’égare au fond du cruel labyrinthe, Ô Maîtresse qui fus ma ruine et mon deuil. Mon amour hypocrite et ma haine cynique Sont deux spectres qui vont, ivres de désespoir ; Leurs lèvres ont ce pli que le rictus complique : Mon amour hypocrite et ma haine cynique Sont deux spectres damnés qui rôdent dans le soir. J’erre au fond d’un savant et cruel labyrinthe, Et mes pieds, las d’errer, s’éloignent de ton seuil. Sur mon front brûle encor la fièvre mal éteinte… Dans l’ambiguïté grise du Labyrinthe, J’emporte mon remords, ma ruine et mon deuil…

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Les chardons Tu ne seras jamais la fiévreuse captive Qu’enchaîne, qu’emprisonne le lit, Tu ne seras jamais la compagne lascive Dont la chair se consume et dont le front pâlit. Garde ton blanc parfum qui dédaigne le faste. Tu ne connaîtras point les lâches abandons, Les sanglots partagés qui font l’âme plus vaste, Le doute et la faiblesse ardente des pardons Et, puisque c’est ainsi que je t’aime, ô très chaste ! Nous cueillerons ce soir les mystiques chardons.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Let the dead bury their dead Voici la nuit : je vais ensevelir mes morts, Mes songes, mes désirs, mes douleurs, mes remords, Tout le passé… je vais ensevelir mes morts. J’ensevelis, parmi les sombres violettes, Tes yeux, tes mains, ton front et tes lèvres muettes, Ô toi qui dors parmi les sombres violettes ! J’emporte cet éclair dernier de ton regard… Dans le choc de la vie et le heurt du hasard, J’emporte ainsi la paix de ton dernier regard. Je couvrirai d’encens, de roses et de roses, La pâle chevelure et les paupières closes D’un amour dont l’ardeur mourut parmi les roses. Que s’élève vers moi l’âme froide des morts, Abolissant en moi les craintes, les remords, Et m’apportant la paix souriante des morts ! Que j’obtienne, dans un grand lit de violettes, Cette immuable paix d’éternités muettes Où meurt jusqu’à l’odeur des douces violettes ! Que se reflète, au fond de mon calme regard, Un vaste crépuscule immobile et blafard ! Que diminue enfin l’ardeur de mon regard ! Mais que j’emporte aussi le souvenir des roses, Lorsqu’on viendra poser sur mes paupières closes Les lotus et les lys, les roses et les roses !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Ondine Ton rire est clair, ta caresse est profonde, Tes froids baisers aiment le mal qu’ils font ; Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l’onde, Et les lys d’eau sont moins purs que ton front. Ta forme fuit, ta démarche est fluide, Et tes cheveux sont de légers réseaux ; Ta voix ruisselle ainsi qu’un flot perfide ; Tes souples bras sont pareils aux roseaux, Aux longs roseaux des fleuves, dont l’étreinte Enlace, étouffe, étrangle savamment, Au fond des flots, une agonie éteinte Dans un nocturne évanouissement.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Tes cheveux irréels, aux reflets clairs et froids Tes cheveux irréels, aux reflets clairs et froids, Ont des lueurs de lune et des lumières blondes ; Tes regards ont l’azur des éthers et des ondes ; Ta robe a le frisson des brises et des bois. Je brûle de baisers la blancheur de tes doigts. L’air nocturne répand la poussière des mondes. Pourtant je ne sais plus, au sein des nuits profondes, Te contempler avec l’extase d’autrefois. Car l’Astre t’effleura d’une lueur oblique, Et ce fut un éclair lugubre et prophétique Révélant la hideur au fond de ta beauté. Je vis, — oh la terreur de ce rêve profane ! — Sur ta lèvre, pareille aux aurores d’été, Un sourire fané de vieille courtisane.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Vers d’amour Tu gardes dans tes yeux la volupté des nuits, O Joie inespérée au fond des solitudes ! Ton baiser est pareil à la saveur des fruits Et ta voix fait songer aux merveilleux préludes Murmurés par la mer à la beauté des nuits. Tu portes sur ton front la langueur et l’ivresse, Les serments éternels et les aveux d’amour, Tu sembles évoquer la craintive caresse Dont l’ardeur se dérobe à la clarté du jour Et qui te laisse au front la langueur et l’ivresse.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    À l’amie Dans tes yeux les clartés trop brutales s’émoussent. Ton front lisse, pareil à l’éclatant vélin, Que l’écarlate et l’or de l’image éclaboussent, Brûle de reflets roux ton regard opalin. Ton visage a pour moi le charme des fleurs mortes, Et le souffle appauvri des lys que tu m’apportes Monte vers tes langueurs du soleil au déclin. Fuyons, Sérénité de mes heures meurtries, Au fond du crépuscule infructueux et las. Dans l’enveloppement des vapeurs attendries, Dans le soir énerve, je te dirai très bas. Ce que fut la beauté de la Maîtresse unique… Ah ! cet âpre parfum, cette amère musique Des bonheurs accablés qui ne reviendront pas ! Ainsi nous troublerons longtemps la paix des cendres. Je te dirai des mots de passion, et toi, Le rêve ailleurs, longtemps, de tes vagues yeux tendres, Tu suivras ton passé de souffrance et d’effroi. Ta voix aura le chant des lentes litanies Où sanglote l’écho des plaintes infinies, Et ton âme, l’essor douloureux de la Foi.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    À l’ennemie aimée Tes mains ont saccagé mes trésors les plus rares, Et mon cœur est captif entre tes mains barbares. Tu secouas au vent du nord tes longs cheveux Et j’ai dit aussitôt : Je veux ce que tu veux. Mais je te hais pourtant d’être ainsi ton domaine, Ta serve… Mais je sens que ma révolte est vaine. Je te hais cependant d’avoir subi tes lois, D’avoir senti mon cœur près de ton cœur sournois… Et parfois je regrette, en cette splendeur rare Qu’est pour moi ton amour, la liberté barbare…

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    Rhita Benjelloun

    @rhitaBenjelloun

    Ma couronne Brave homme à l’allure très sage Amplement actif malgré ton âge Tant de sacrifice, tant de courage Pour le bien-être de ton petit entourage Tu fus pour moi l’exemple à suivre J’imitais tes gestes, tes paroles et même tes rires Mon idole, ainsi je te nomme L’homme à qui je porte un amour hors norme La jouvencelle que je suis, à toi je te la dois Tu nous as toujours procuré la gaieté, l’amour et la joie Père tu es mon idéal, tu es ma voie Rhita Benjelloun

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    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    J’ai tant rêvé de toi J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ? J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années je deviendrais une ombre sans doute, Ô balances sentimentales. J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

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