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Amour

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Amour

Poésies de la collection amour

    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    L’alchimiste Satan, notre meg, a dit Aux rupins embrassés des rombières :  » Icicaille est le vrai paradis  » Dont les sources nous désaltèrent.  » La vallace couleur du ciel  » Y lèche le long des allées  » Le pavot chimérique et le bel  » Iris, et les fleurs azalées.  » La douleur, et sa soeur l’Amour,  » La luxure aux chemises noires  » Y préparent pour vous, loin du jour,  » Leurs poisons les plus doux à boire.  » Et tandis qu’aux portes de fer  » Se heurte la jeune espérance,  » Une harpe dessine dans l’air  » Le contour secret du silence. «  Ainsi (à voix basse) parla Le sorcier subtil du Grand Oeuvre, Et Lilith souriait, dont les bras Sont plus frais que la peau des couleuvres.

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    Philippe Desportes

    Philippe Desportes

    @philippeDesportes

    Que vous m'allez tourmentant Que vous m'allez tourmentant De m'estimer infidèle ! Non, vous n'êtes point plus belle Que je suis ferme et constant. Pour bien voir quelle est ma foi, Regardez-moi dans votre âme : C'est comme j'en fais, Madame ; Dans la mienne je vous vois. Si vous pensez me changer, Ce miroir me le rapporte ; Voyez donc, de même sorte, En vous, si je suis léger. Pour vous, sans plus, je fus né, Mon cœur n'en peut aimer d'autre : Las ! si je ne suis plus vôtre, A qui m'avez-vous donné ?

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    Philippe Desportes

    Philippe Desportes

    @philippeDesportes

    Rosette, pour un peu d'absence Rosette, pour un peu d'absence, Votre cœur vous avez changé, Et moi, sachant cette inconstance, Le mien autre part j'ai rangé : Jamais plus, beauté si légère Sur moi tant de pouvoir n'aura Nous verrons, volage bergère, Qui premier s'en repentira. Tandis qu'en pleurs je me consume, Maudissant cet éloignement, Vous qui n'aimez que par coutume, Caressiez un nouvel amant. Jamais légère girouette Au vent si tôt ne se vira : Nous verrons, bergère Rosette. Qui premier s'en repentira. Où sont tant de promesses saintes, Tant de pleurs versés en partant ? Est-il vrai que ces tristes plaintes Sortissent d'un cœur inconstant ? Dieux ! que vous êtes mensongère ! Maudit soit qui plus vous croira ! Nous verrons, volage bergère, Qui premier s'en repentira. Celui qui a gagné ma place Ne vous peut aimer tant que moi ; Et celle que j'aime vous passe De beauté, d'amour et de foi. Gardez bien votre amitié neuve, La mienne plus ne variera, Et puis, nous verrons à l'épreuve Qui premier s'en repentira.

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    Fabre d'Eglantine

    Fabre d'Eglantine

    @fabreDeglantine

    Hospitalité Il pleut, il pleut, bergère, Presse tes blancs moutons, Allons sous ma chaumière, Bergère, vite, allons. J'entends sur le feuillage L'eau qui tombe à grand bruit ; Voici, voici l'orage, Voici l'éclair qui luit. Bonsoir, bonsoir, ma mère, Ma Sœur Anne, bonsoir ! J'amène ma bergère Près de nous pour ce soir. Va te sécher, ma mie, Auprès de nos tisons. Sœur, fais-lui compagnie ; Entrez, petits moutons.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Amourettes de jeune homme J'ai fait autrefois de la bête, J'avais des Philis à la tête, J'épiais les occasions, J'épiloguais mes passions, Je paraphrasais un visage. Je me mettais à tout usage, Debout, tête nue, à genoux, Triste, gaillard, rêveur, jaloux, Je courais, je faisais la grue Tout un jour au bout d'une rue. Soleil, flambeaux, attraits, appas, Pleurs, désespoir, tourment, trépas, Tout ce petit meuble de bouche Dont un amoureux s'escarmouche, Je savais bien m'en escrimer. Par là je m'appris à rimer, Par là je fis, sans autre chose, Un sot en vers d'un sot en prose.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Chagrin Usez moins avec moi du droit de tout charmer ; Vous me perdrez bientôt si vous n’y prenez garde. J’aime bien a vous voir, quoi qu’enfin j’y hasarde ; Mais je n’aime pas bien qu’on me force d’aimer. Cependant mon repos a de quoi s’alarmer ; Je sens je ne sais quoi dès que je vous regarde ; Je souffre avec chagrin tout ce qui m’en retarde, Et c’est déjà sans doute un peu plus qu’estimer. Ne vous y trompez pas, l’honneur de ma défaite N’assure point d’esclave à la main qui l’a faite, Je sais l’art d’échapper aux charmes les plus forts, Et quand ils m’ont réduit à ne plus me défendre, Savez-vous, belle Iris, ce que je fais alors ? Je m’enfuis de peur de me rendre.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Chanson Si je perds bien des maîtresses, J'en fais encor plus souvent, Et mes vœux et mes promesses Ne sont que feintes caresses, Et mes vœux et mes promesses Ne sont jamais que du vent.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Espérance D’un accueil si flatteur, et qui veut que j’espère, Vous payez ma visite alors que je vous vois, Que souvent à l’erreur j’abandonne ma foi, Et croîs seul avoir droit d’aspirer à vous plaire. Mais si j’y trouve alors de quoi me satisfaire, Ces charmes attirants, ces doux je ne sais quoi, Sont des biens pour tout autre aussi bien que pour moi, Et c’est dont un beau feu ne se contente guère. D’une ardeur réciproque il veut d’autres témoins, Un mutuel échange et de vœux et de soins, Un transport de tendresse à nul autre semblable. C’est là ce qui remplit un cœur fort amoureux : Le mien le sent pour vous ; le vôtre en est capable. Hélas ! si vous vouliez, que je serais heureux !

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Perdu au jeu Je chéris ma défaite, et mon destin m’est doux, Beauté, charme puissant des yeux et des oreilles : Et je n’ai point regret qu’une heure auprès de vous Me coûte en votre absence et des soins et des veilles. Se voir ainsi vaincu par vos rares merveilles, C’est un malheur commode à faire cent jaloux : Et le cœur ne soupire en des pertes pareilles, Que pour baiser la main qui fait de si grands coups. Recevez de la mienne, après votre victoire, Ce que pourrait un Roi tenir à quelque gloire ; Ce que les plus beaux yeux n’ont jamais dédaigné. Je vous en rends, Iris, un juste et prompt hommage, Hélas ! contentez-vous de me l’avoir gagné, Sans, me dérober davantage.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Vos beaux yeux Vos beaux yeux sur ma franchise N’adressent pas bien leurs coups, Tête chauve et barbe grise Ne sont pas viande pour vous ; Quand j’aurais l’heure de vous plaire, Ce serait perdre du temps ; Iris, que pourriez-vous faire D’un galant de cinquante ans ? Ce qui vous rend adorable N’est propre qu’à m’alarmer, Je vous trouve trop aimable Et crains de vous trop aimer : Mon cœur à prendre est facile, Mes vœux sont des plus constants ; Mais c’est un meuble inutile Qu’un galant de cinquante ans. Si l’armure n’est complète, Si tout ne va comme il faut, Il vaut mieux faire retraite Que d’entreprendre un assaut : L’amour ne rend point la place À de mauvais combattants, Et rit de la vaine audace Des galants de cinquante ans.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    A cupidon Le jour pousse la nuit, Et la nuit sombre Pousse le jour qui luit D’une obscure ombre. L’Autonne suit l’Esté, Et l’aspre rage Des vents n’a point esté Apres l’orage. Mais la fièvre d’amours Qui me tourmente, Demeure en moy tousjours, Et ne s’alente. Ce n’estoit pas moy, Dieu, Qu’il falloit poindre, Ta fleche en autre lieu Se devoit joindre. Poursuy les paresseux Et les amuse, Mais non pas moy, ne ceux Qu’aime la Muse. Helas, delivre moy De ceste dure, Qui plus rit, quand d’esmoy Voit que j’endure. Redonne la clarté A mes tenebres, Remets en liberté Mes jours funebres. Amour sois le support De ma pensée, Et guide à meilleur port Ma nef cassée. Tant plus je suis criant Plus me reboute, Plus je la suis priant Et moins m’escoute. Ne ma palle couleur D’amour blesmie N’a esmeu à douleur Mon ennemie. Ne sonner à son huis De ma guiterre, Ny pour elle les nuis Dormir à terre. Plus cruel n’est l’effort De l’eau mutine Qu’elle, lors que plus fort Le vent s’obstine. Ell’ s’arme en sa beauté, Et si ne pense Voir de sa cruauté La récompense. Monstre toy le veinqueur, Et d’elle enflame Pour exemple le coeur De telle flame, Qui la soeur alluma Trop indiscrete, Et d’ardeur consuma La Royne en Crete.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Amour me tue, et si je ne veux dire Amour me tue, et si je ne veux dire Le plaisant mal que ce m'est de mourir : Tant j'ai grand peur, qu'on veuille secourir Le mal, par qui doucement je soupire. Il est bien vrai, que ma langueur désire Qu'avec le temps je me puisse guérir : Mais je ne veux ma dame requérir Pour ma santé : tant me plaît mon martyre. Tais-toi langueur je sens venir le jour, Que ma maîtresse, après si long séjour, Voyant le soin qui ronge ma pensée, Toute une nuit, folâtrement m'ayant Entre ses bras, prodigue, ira payant Les intérêts de ma peine avancée.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Amour, tu sembles Amour tu sembles au phalange qui point Lui de sa queue, et toi de ta quadrelle : De tous deux est la pointure mortelle, Qui rampe au coeur, et si n'aparoist point. Sans souffrir mal tu me conduis au point De la mort dure, et si ne voy par quelle Playe je meurs, ny par quelle cruelle Poison autour de mon âme se joint. Ceux qui se font saigner le pié dans l'eau, Meurent sans mal, pour un crime nouveau Fait à leur roy, par traitreuse cautelle : Je meurs comme eux, voire et si je n'ay fait Encontre amour, ni trayson, ni forfait, Si trop aymer un crime ne s'appelle.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Amourette Or que l'hiver roidit la glace épaisse, Réchauffons-nous, ma gentille maîtresse, Non accroupis près le foyer cendreux, Mais aux plaisirs des combats amoureux. Asseyons-nous sur cette molle couche. Sus ! baisez-moi, tendez-moi votre bouche, Pressez mon col de vos bras dépliés, Et maintenant votre mère oubliez. Que de la dent votre tétin je morde, Que vos cheveux fil à fil je détorde. Il ne faut point, en si folâtres jeux, Comme au dimanche arranger ses cheveux. Approchez donc, tournez-moi votre joue. Vous rougissez ? il faut que je me joue. Vous souriez : avez-vous point ouï Quelque doux mot qui vous ait réjoui ? Je vous disais que la main j'allais mettre Sur votre sein : le voulez-vous permettre ? Ne fuyez pas sans parler : je vois bien À vos regards que vous le voulez bien. Je vous connais en voyant votre mine. Je jure Amour que vous êtes si fine, Que pour mourir, de bouche ne diriez Qu'on vous baisât, bien que le désiriez ; Car toute fille, encore qu'elle ait envie Du jeu d'aimer, désire être ravie. Témoin en est Hélène, qui suivit D'un franc vouloir Pâris, qui la ravit. Je veux user d'une douce main forte. Ah ! vous tombez, vous faites déjà la morte. Ah ! quel plaisir dans le coeur je reçois ! Sans vous baiser, vous moqueriez de moi En votre lit, quand vous seriez seulette. Or sus ! c'est fait, ma gentille brunette. Recommençons afin que nos beaux ans Soient réchauffés de combats si plaisants.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Ange divin, qui mes plaies embaume Ange divin, qui mes plaies embaume, Le truchement et le héraut des dieux, De quelle porte es-tu coulé des cieux, Pour soulager les peines de mon âme ? Toi, quand la nuit par le penser m'enflamme, Ayant pitié de mon mal soucieux, Ore en mes bras, ore devant mes yeux, Tu fais nager l'idole de ma Dame. Demeure, Songe, arrête encore un peu ! Trompeur, attends que je me sois repu De ce beau sein dont l'appétit me ronge, Et de ces flancs qui me font trépasser : Sinon d'effet, souffre au moins que par songe Toute une nuit je les puisse embrasser.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    À Madame Marguerite Il faut que j’aille tanter L’oreille de MARGUERITE, Et dans son palais chanter Quel honneur elle merite : Debout Muses, qu’on m’atelle Vostre charette immortelle, Affin qu’errer je la face Par une nouvelle trace, Chantant la vierge autrement Que nos poëtes barbares, Qui ses saintes vertus rares Ont souillé premierement. J’ai sous l’esselle un carquois Gros de fleches nompareilles, Qui ne font bruire leurs vois Que pour les doctes oreilles : Leur roideur n’est apparante, A telle bande ignorante, Quand l’une d’elles annonce L’honneur que mon arc enfonce : Entre toutes j’elirai La mieus sonnante, & de celle Par la terre universelle Ses vertus je publirai. Sus mon Ame, ouvre la porte A tes vers plus dous que miel, Affin qu’une fureur sorte Pour la ravir jusque au ciel : Du croc arrache la Lire Qui tant de gloire t’aquit, Et vien sus ses cordes dire Comme la Nimphe náquit. Par un miracle nouveau Pallas du bout de sa lance Ouvrit un peu le cerveau De François seigneur de France. Adonques Vierge nouvelle Tu sortis de sa cervelle, Et les Muses qui te prindrent En leurs sçiences t’apprindrent : Mais quand le tens eut parfait L’acroissance de ton age, Tu pensas en ton courage, De mettre à chef un grand fait. Tes mains s’armerent alors De l’horreur de deus grands haches : Tes braz, tes flancs, & ton cors, Sous un double fer tu caches : Une menassante creste Branloit au hault de ta teste Joant sur la face horrible D’une Meduse terrible : Ainsi tu alas trouver Le vilain monstre Ignorance, Qui souloit toute la France Desous son ventre couver. L’ire qui la Beste offense En vain irrita son cueur, Pour la pousser en defense S’opposant au bras vainqueur : Car le fer pront à la batre Ja dans son ventre est caché, Et ja trois fois voire quatre, Le cueur lui a recherché. Le Monstre gist etandu, De son sang l’herbe se mouille : Aus Muses tu as pandu Pour Trophée sa depouille : Puis versant de ta poitrine Mainte source de doctrine, Au vrai tu nous fais connoistre Le miracle de ton estre. Pour cela je chanterai Ce bel hinne de victoire, Et de France à la Gent noire L’enseigne j’en planterai. Mais moi qui suis le témoin De ton los qui le monde orne, Il ne faut ruer si loin Que mon trait passe la borne : Frape à ce coup MARGUERITE, Et te fiche en son merite, Qui luit comme une planette Ardante la nuit brunette. Repandon devant ses ieus Ma musique toute neuve Et ma douceur qui abreuve L’honneur alteré des cieus. Affin que la Nimphe voie Que mon luc premierement Aus François montra la voie De sonner si proprement : Et comme imprimant ma trace Au champ Attiq’ & Romain, Callimaq’, Pindare, Horace, Je deterrai de ma main.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Chanson Le printemps n’a point tant de fleurs, L’autonne tant de raisins meurs, L’esté tant de chaleurs halées, L’hyver tant de froides gelées, Ny la mer a tant de poissons, Ny la Beauce tant de moissons, Ny la Bretaigne tant d’arenes, Ny l’Auvergne tant de fonteines, Ny la nuict tant de clairs flambeaux, Ny les forests tant de rameaux, Que je porte au coeur, ma maistresse, Pour vous de peine et de tristesse.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Chanson d'amour Chanson XV Quand ce beau printemps je vois, J'aperçois Rajeunir la terre et l'onde, Et me semble que le jour Et l'amour, Comme enfants, naissent au monde. Le jour, qui plus beau se fait, Nous refait Plus belle et verte la terre : Et Amour, armé de traits Et d'attraits, En nos cœurs nous fait la guerre, II répand de toutes parts Feu et dards, Et dompte sous sa puissance Hommes, bêtes et oiseaux, Et les eaux Lui rendent obéissance. Vénus, avec son enfant Triomphant Au haut de son Coche assise, Laisse ses cygnes voler Parmi l'air Pour aller voir son Anchise. Quelque part que ses beaux yeux Par les Cieux Tournent leurs lumières belles, L'air qui se montre serein Est tout plein D'amoureuses étincelles. Puis en descendant à bas, Sous ses pas Naissent mille fleurs écloses : Les beaux lys et les oeillets Vermeillets Rougissent entre les roses. Je sens en ce mois si beau Le flambeau D'Amour qui m'échauffe l'âme, Y voyant de tous côtés Les beautés Qu'il emprunte de ma Dame. Quand je vois tant de couleurs Et de fleurs Qui émaillent un rivage, Je pense voir le beau teint Qui est peint Si vermeil en son visage. Quand je vis les grands rameaux Des ormeaux Qui sont lacez de lierre, Je pense être pris et las De ses bras, Et que mon col elle serre. Quand j'entends la douce voix Par les bois Du gai Rossignol qui chante, D'elle je pense jouir Et ouïr Sa douce voix qui m'enchante. Quand je vois en quelque endroit Un pin droit, Ou quelque arbre qui s'élève. Je me laisse décevoir, Pensant voir Sa telle taille et sa grève (1). Quand je vois dans un jardin Au matin S'éclore une fleur nouvelle, Je compare le bouton Au téton De son beau sein qui pommelle. Quand le soleil tout riant D'Orient Nous montre sa blonde tresse, II me semble que je vois Devant moi Lever ma belle maîtresse. Quand je sens parmi les prés Diaprez (2) Les fleurs dont la terre est pleine, Lors je fais croire à mes sens Que je sens La douceur de son haleine. Bref, je fais comparaison Par raison Du Printemps et de ma mie : II donne aux fleurs la vigueur, Et mon cœur D'elle prend vigueur et vie. Je voudrais, au bruit de l'eau D'un ruisseau. Déplier ses tresses blondes, Frisant en autant de nœuds Ses cheveux, Que je verrais friser d'ondes. Je voudrais, pour la tenir, Devenir Dieu de ces forets désertes, La baisant autant de fois Qu'en un bois Il y a de feuilles vertes. Ah, maîtresse mon souci, Vient ici, Vient contempler la verdure Les fleurs, de mon amitié Ont pitié, Et seule tu n'en as cure (3). Au moins lève un peu tes yeux Gracieux, Et vois ces deux colombelles, Qui font naturellement, Doucement, L'amour, du bec et des ailes : Et nous, sous ombre d'honneur, Le bonheur Trahissons par une crainte : Les oiseaux sont plus heureux Amoureux Qui font l'amour sans contrainte. Toutefois ne perdons pas Nos ébats Pour ces lois tant rigoureuses : Mais si tu m'en crois, vivons, Et suivons Les colombes amoureuses. Pour effacer mon émoi, Baise-moi, Rebaise-moi, ma Déesse ; Ne laissons passer en vain Si soudain Les ans de notre jeunesse. 1. Grève : Jambe. 2. Diaprer : Varier. 3. Cure : Souci.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Comme on voit sur la branche Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose, En sa belle jeunesse, en sa première fleur, Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose; La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose, Embaumant les jardins et les arbres d’odeur; Mais battue, ou de pluie, ou d’excessive ardeur, Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose. Ainsi en ta première et jeune nouveauté, Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté, La Parque t’a tuée, et cendres tu reposes. Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs, Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs, Afin que vif et mort, ton corps ne soit que roses.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Cueillez dés aujourd’huy les roses de la vie Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise aupres du feu, dévidant & filant, Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant, Ronsard me celebroit du temps que j’estois belle. Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle, Desja sous le labeur à demy sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s’aille resveillant, Bénissant vostre nom de louange immortelle. Je seray sous la terre: & fantôme sans os Par les ombres myrteux je prendray mon repos ; Vous serez au fouyer une vieille accroupie Regrettant mon amour & vostre fier desdain. Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : Cueillez dés aujourd’huy les roses de la vie.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Dans le serein de sa jumelle flamme Dans le serein de sa jumelle flamme Je vis Amour, qui son arc débandait, Et sur mon coeur le brandon épandait, Qui des plus froids les moelles enflamme. Puis çà puis là près les yeux de ma dame Entre cent fleurs un rets d’or me tendait, Qui tout crépu blondement descendait A flots ondés pour enlacer mon âme. Qu’eussé-je fait ? l’Archer était si doux, Si doux son feu, si doux l’or de ses noeuds, Qu’en leurs filets encore je m’oublie : Mais cet oubli ne me tourmente point, Tant doucement le doux Archer me point, Le feu me brûle, et l’or crêpe me lie.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Douce maîtresse Douce Maîtresse, touche, Pour soulager mon mal, Ma bouche de ta bouche Plus rouge que coral ; Que mon col soit pressé De ton bras enlacé. Puis, face dessus face, Regarde-moi les yeux, Afin que ton trait passe En mon coeur soucieux, Coeur qui ne vit sinon D’Amour et de ton nom. Je l’ai vu fier et brave, Avant que ta beauté Pour être son esclave Du sein me l’eût ôté ; Mais son mal lui plaît bien, Pourvu qu’il meure tien. Belle, par qui je donne A mes yeux, tant d’émoi, Baise-moi, ma mignonne, Cent fois rebaise-moi : Et quoi ? faut-il en vain Languir dessus ton sein ? Maîtresse, je n’ai garde De vouloir t’éveiller. Heureux quand je regarde Tes beaux yeux sommeiller, Heureux quand je les vois Endormis dessus moi. Veux-tu que je les baise Afin de les ouvrir ? Ha ! tu fais la mauvaise Pour me faire mourir ! Je meurs entre tes bras, Et s’il ne t’en chaut pas ! Ha ! ma chère ennemie, Si tu veux m’apaiser, Redonne-moi la vie Par l’esprit d’un baiser. Ha ! j’en sens la douceur Couler jusques au coeur. J’aime la douce rage D’amour continuel Quand d’un même courage Le soin est mutuel. Heureux sera le jour Que je mourrai d’amour !

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    Pierre de Ronsard

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    @pierreDeRonsard

    Je veux mourir pour tes beautés, maîtresse Je veux mourir pour tes beautés, Maîtresse, Pour ce bel oeil, qui me prit à son hain, Pour ce doux ris, pour ce baiser tout plein D’ambre et de musc, baiser d’une Déesse. Je veux mourir pour cette blonde tresse, Pour l’embonpoint de ce trop chaste sein, Pour la rigueur de cette douce main, Qui tout d’un coup me guérit et me blesse. Je veux mourir pour le brun de ce teint, Pour cette voix, dont le beau chant m’étreint Si fort le coeur que seul il en dispose. Je veux mourir ès amoureux combats, Soûlant l’amour, qu’au sang je porte enclose, Toute une nuit au milieu de tes, bras.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Je voudrais être Ixion et Tantale Je voudrais être Ixion et Tantale, Dessus la roue et dans les eaux là-bas, Et nu à nu presser entre mes bras Cette beauté qui les anges égale. S’ainsi était, toute peine fatale Me serait douce et ne me chaudrait pas, Non, d’un vautour fussé-je le repas, Non, qui le roc remonte et redévale. Lui tâtonner seulement le tétin. Echangerait l’obscur de mon destin Au sort meilleur des princes de l’Asie : Un demi-dieu me ferait son baiser, Et flanc à flanc entre ses bras m’aiser, Un de ces Dieux qui mangent l’Ambrosie.

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    Pierre de Ronsard

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    @pierreDeRonsard

    Le ciel ne veut dame que je jouisse Le Ciel ne veut, Dame, que je jouisse De ce doux bien que dessert mon devoir ; Aussi ne veux-je, et ne me plaît d’avoir Sinon du mal en vous faisant service. Puisqu’il vous plaît, que pour vous je languisse, Je suis heureux, et ne puis recevoir Plus grand honneur, qu’en mourant, de me voir Faire à vos yeux de mon coeur sacrifice. Donc si ma main, malgré moi, quelquefois De l’amour chaste outrepasse les lois, Dans votre sein cherchant ce qui m’embraise, Punissez-la du foudre de vos yeux, Et la brûlez : car j’aime beaucoup mieux Vivre sans main, que ma main vous déplaise.

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    Pierre de Ronsard

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    @pierreDeRonsard

    Mignonne, allons voir si la rose A Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d’espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Plût-il à dieu n’avoir jamais tâté Plût-il à Dieu n’avoir jamais tâté Si follement le tétin de m’amie ! Sans lui vraiment l’autre plus grande envie, Hélas ! ne m’eût, ne m’eût jamais tenté. Comme un poisson, pour s’être trop hâté, Par un appât, suit la fin de sa vie, Ainsi je vois où la mort me convie, D’un beau tétin doucement apâté. Qui eût pensé, que le cruel destin Eût enfermé sous un si beau tétin Un si grand feu, pour m’en faire la proie ? Avisez donc, quel serait le coucher Entre ses bras, puisqu’un simple toucher De mille morts, innocent, me froudroie.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Prends cette rose Prends cette rose aimable comme toi, Qui sert de rose aux roses les plus belles, Qui sert de fleur aux fleurs les plus nouvelles, Dont la senteur me ravit tout de moi.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Quand vous serez bien vieille Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. » Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom, de louange immortelle. Je serai sous la terre et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Sonnet à Marie Je vous envoie un bouquet que ma main Vient de trier de ces fleurs épanouies ; Qui ne les eût à ces vêpres cueillies, Tombées à terre elles fussent demain.

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