splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Amour

461 poésies en cours de vérification
Amour

Poésies de la collection amour

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Ma lointaine aïeule Par un temps de demoiselle, Sur la frêle caravelle, Mon aïeule maternelle, Pour l’autre côté de l’Eau, Prit la mer à Saint-Malo. Son chapelet dans sa poche, Quelques sous dans la sacoche, Elle arrivait, par le coche, Sans parure et sans bijou, D’un petit bourg de l’Anjou. Devant l’autel de la Vierge, Ayant fait brûler le cierge Que la Chandeleur asperge, Sans que le coeur lui manquât, La terrienne s’embarqua. Femme de par Dieu voulue, Par le Roy première élue, Au couchant, elle salue Ce lointain mystérieux, Qui n’est plus terre ni cieux. Et tandis que son oeil plonge Dans l’azur vague, elle songe Au bon ami de Saintonge, Qui, depuis un siècle, attend La blonde qu’il aime tant. De la patrie angevine, Où la menthe et l’aubépine Embaument val et colline, La promise emporte un brin De l’amoureux romarin. Par un temps de demoiselle, Un matin dans la chapelle, Sous le poêle de dentelle, Au balustre des époux, On vit le couple à genoux. Depuis cent et cent années, Sur la tige des lignées, Aux branches nouvelles nées, Fleurit, comme au premier jour, Fleur de France, fleur d’amour. Ô mon coeur, jamais n’oublie Le cher lien qui te lie, Par-dessus la mer jolie, Aux bons pays, aux doux lieux, D’où sont venus les Aïeux.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Mère glorieuse Viens entre les bras de ta mère, Viens, tes beaux grands yeux dans les siens, À son épaule, à ta manière, Nouer tes doigts de rose. Viens! Viens! Que ta bouche sur sa bouche Dépose un baiser triomphant: Que l’âme de ta mère touche À ta divine âme d’enfant. Son coeur est glorieux d’entendre Ton coeur de française, ton coeur, Dans une poitrine si tendre, Battre d’un rythme aussi vainqueur. Son corps frémit de fibre en fibre, Et vibre, à chaque battement, Comme à la moindre touche, vibre Un harmonieux instrument. Prophétesse de ton aurore, Ta mère sait ce qu’elle sent, Dans le bruissement sonore, Dans l’allégresse de ton sang. Coeur de son coeur, tu lui fais croire À la richesse du Seigneur Qui lui donne une telle gloire, Et lui promet un tel bonheur. Coeur de son coeur, que ta pensée, Radieuse, vibre toujours, Idéalement cadencée, À l’unisson de ses amours. Accomplis tout ce que réclame La noblesse de tes aïeux, Pour être, ici-bas, grande dame, Et, grande sainte, dans les cieux.

    en cours de vérification

    O

    Okba Naji

    @okbaNaji

    À mon épouse, À mon épouse, Un voile sableux se lève Qui vient du vent rider Nos deux fronts assaillis Et nos yeux demi-clos. Quand sa voix qui ruisselle Et murmure de douceurs Mon œil étincelle C'est vivre près d'un ruisseau Du berceau au tombeau. Ce temps n'est plus Qui a fui comme un songe, Comme un vent de sable À hâlé la campagne Car l'heure trouble Me voit seul et meurtri Et je puis comparer Ce frêle souvenir Aux volutes légères Que l'aurore soulève En gorgée de lumière... Naji Okba

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Air vif J’ai regardé devant moi Dans la foule je t’ai vue Parmi les blés je t’ai vue Sous un arbre je t’ai vue Au bout de tous mes voyages Au fond de tous mes tourments Au tournant de tous les rires Sortant de l’eau et du feu L’été l’hiver je t’ai vue Dans ma maison je t’ai vue Entre mes bras je t’ai vue Dans mes rêves je t’ai vue Je ne te quitterai plus.

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Au coeur de mon amour Un bel oiseau me montre la lumière Elle est dans ses yeux, bien en vue. Il chante sur une boule de gui Au milieu du soleil. * * * * * Les yeux des animaux chanteurs Et leurs chants de colère ou d’ennui M’ont interdit de sortir de ce lit. J’y passerai ma vie. L’aube dans des pays sans grâce Prend l’apparence de l’oubli. Et qu’une femme émue s’endorme, à l’aube, La tête la première, sa chute l’illumine. Constellations, Vous connaissez la forme de sa tête. Ici, tout s’obscurcit: Le paysage se complète, sang aux joues, Les masses diminuent et coulent dans mon cœur Avec le sommeil. Et qui donc veut me prendre le cœur? * * * * * Je n’ai jamais rêvé d’une si belle nuit. Les femmes du jardin cherchent à m’embrasser— Soutiens du ciel, les arbres immobiles Embrassent bien l’ombre qui les soutient. Une femme au cœur pâle Met la nuit dans ses habits. L’amour a découvert la nuit Sur ses seins impalpables. Comment prendre plaisir à tout? Plutôt tout effacer. L’homme de tous les mouvements, De tous les sacrifices et de toutes les conquêtes Dort. Il dort, il dort, il dort. Il raye de ses soupirs la nuit minuscule, invisible. Il n’a ni froid, ni chaud. Son prisonnier s’est évadé—pour dormir. Il n’est pas mort, il dort. Quand il s’est endormi Tout l’étonnait, Il jouait avec ardeur, Il regardait, Il entendait. Sa dernière parole:«Si c’était à recommencer, je te rencontrerais sans te chercher.» Il dort, il dort, il dort. L’aube a eu beau lever la tête, Il dort.

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Avec tes yeux Avec tes yeux je change comme avec les lunes Et je suis tour à tour et de plomb et de plume, Une eau mystérieuse et noire qui t’enserre Ou bien dans tes cheveux ta légère victoire.

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Dit de la force de l’amour Entre tous mes tourments entre la mort et moi Entre mon désespoir et la raison de vivre Il y a l’injustice et ce malheur des hommes Que je ne peux admettre il y a ma colère Il y a les maquis couleur de sang d’Espagne Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce Le pain le sang le ciel et le droit à l’espoir Pour tous les innocents qui haïssent le mal La lumière toujours est tout près de s’éteindre La vie toujours s’apprête à devenir fumier Mais le printemps renaît qui n’en a pas fini Un bourgeon sort du noir et la chaleur s’installe Et la chaleur aura raison des égoïstes Leurs sens atrophiés n’y résisteront pas J’entends le feu parler en riant de tiédeur J’entends un homme dire qu’il n’a pas souffert Toi qui fus de ma chair la conscience sensible Toi que j’aime à jamais toi qui m’as inventé Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre Tu rêvais d’être libre et je te continue.

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La mort, l’amour, la vie J’ai cru pouvoir briser la profondeur de l’immensité Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges Comme un mort raisonnable qui a su mourir Un mort non couronné sinon de son néant Je me suis étendu sur les vagues absurdes Du poison absorbé par amour de la cendre La solitude m’a semblé plus vive que le sang Je voulais désunir la vie Je voulais partager la mort avec la mort Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buée Ni rien devant ni rien derrière rien entier J’avais éliminé le glaçon des mains jointes J’avais éliminé l’hivernale ossature Du voeu de vivre qui s’annule Tu es venue le feu s’est alors ranimé L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé Et la terre s’est recouverte De ta chair claire et je me suis senti léger Tu es venue la solitude était vaincue J’avais un guide sur la terre je savais Me diriger je me savais démesuré J’avançais je gagnais de l’espace et du temps J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit Promettait à l’aurore des regards confiants Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard Ta bouche était mouillée des premières rosées Le repos ébloui remplaçait la fatigue Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours. Les champs sont labourés les usines rayonnent Et le blé fait son nid dans une houle énorme La moisson la vendange ont des témoins sans nombre Rien n’est simple ni singulier La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit La forêt donne aux arbres la sécurité Et les murs des maisons ont une peau commune Et les routes toujours se croisent. Les hommes sont faits pour s’entendre Pour se comprendre pour s’aimer Ont des enfants qui deviendront pères des hommes Ont des enfants sans feu ni lieu Qui réinventeront les hommes Et la nature et leur patrie Celle de tous les hommes Celle de tous les temps. Paul Eluard

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La terre est bleue La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus à chanter Au tour des baisers de s’entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d’alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vêtements d’indulgence À la croire toute nue. Les guêpes fleurissent vert L’aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres Des ailes couvrent les feuilles Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beauté.

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Nudité de la vérité «Je le sais bien» Le désespoir n’a pas d’ailes, L’amour non plus, Pas de visage, Ne parlent pas, Je ne bouge pas, Je ne les regarde pas, Je ne leur parle pas Mais Je suis bien aussi vivant que mon amour et que mon désespoir.

    en cours de vérification

    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Dans le lit vaste et dévasté Dans le lit vaste et dévasté J'ouvre les yeux près d'elle ; Je l'effleure : un songe infidèle L'embrasse à mon côté. Une lueur tranchante et mince Echancre mon plafond. Très loin, sur le pavé profond, J'entends un seau qui grince...

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    À celle qu’on dit froide Tu n’es pas la plus amoureuse De celles qui m’ont pris ma chair ; Tu n’es pas la plus savoureuse De mes femmes de l’autre hiver. Mais je t’adore tout de même ! D’ailleurs ton corps doux et bénin A tout, dans son calme suprême, De si grassement féminin, De si voluptueux sans phrase, Depuis les pieds longtemps baisés Jusqu’à ces yeux clairs pur d’extase, Mais que bien et mieux apaisés ! Depuis les jambes et les cuisses Jeunettes sous la jeune peau, A travers ton odeur d’éclisses Et d’écrevisses fraîches, beau, Mignon, discret, doux, petit Chose A peine ombré d’un or fluet, T’ouvrant en une apothéose A mon désir rauque et muet, Jusqu’aux jolis tétins d’infante, De miss à peine en puberté, Jusqu’à ta gorge triomphante Dans sa gracile venusté, Jusqu’à ces épaules luisantes, Jusqu’à la bouche, jusqu’au front Naïfs aux mines innocentes Qu’au fond les faits démentiront, Jusqu’aux cheveux courts bouclés comme Les cheveux d’un joli garçon, Mais dont le flot nous charme, en somme, Parmi leur apprêt sans façon, En passant par la lente échine Dodue à plaisir, jusques au Cul somptueux, blancheur divine, Rondeurs dignes de ton ciseau, Mol Canova ! jusques aux cuisses Qu’il sied de saluer encor, Jusqu’aux mollets, fermes délices, Jusqu’aux talons de rose et d’or ! Nos nœuds furent incoërcibles ? Non, mais eurent leur attrait leur. Nos feux se trouvèrent terribles ? Non, mais donnèrent leur chaleur. Quant au Point, Froide ? Non pas, Fraîche. Je dis que notre « sérieux » Fut surtout, et je m’en pourlèche, Une masturbation mieux, Bien qu’aussi bien les prévenances Sussent te préparer sans plus, Comme l’on dit, d’inconvenances, Pensionnaire qui me plus. Et je te garde entre mes femmes Du regret non sans quelque espoir De quand peut-être nous aimâmes Et de sans doute nous ravoir.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    A ma bien-aimée Je connais tout, même moi-même '. Je ne sais rien, même de toi. Je suis l'inconscient et j'aime Je ne sais qui, jusques à moi ! Mais je n'ignore pas quiconque. Et ce quiconque-là, j'y suis Pour lui parler si, dans la conque De son oreille, ce pertuis ! II désire que je lui glisse Telle parole ou bien un mot Et s'il voulait qu'on lui foutisse Un compliment de matelot. Je suis de ce siècle et de toutes Les décadences et je suis Ce pèlerin qui, par les routes. Et me congèle et me recuis. Et sans peur ni de la mort verde Ni de la vie en rose, j'ai Pour réponse à tel propos gai, Triste ou riendutoutiste : M...

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Colloque sentimental Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux formes ont tout à l'heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l'on entend à peine leurs paroles. Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé. - Te souvient-il de notre extase ancienne ? - Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ? - Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non. Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Compagne savoureuse et bonne Compagne savoureuse et bonne À qui j'ai confié le soin Définitif de ma personne, Toi mon dernier, mon seul témoin, Viens çà, chère, que je te baise, Que je t'embrasse long et fort, Mon coeur près de ton coeur bat d'aise Et d'amour pour jusqu'à la mort : Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Je vais gueux comme un rat d'église Et toi tu n'as que tes dix doigts ; La table n'est pas souvent mise Dans nos sous-sols et sous nos toits ; Mais jamais notre lit ne chôme, Toujours joyeux, toujours fêté Et j'y suis le roi du royaume De ta gaîté, de ta santé ! Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Après nos nuits d'amour robuste Je sors de tes bras mieux trempé, Ta riche caresse est la juste, Sans rien de ma chair de trompé, Ton amour répand la vaillance Dans tout mon être, comme un vin, Et, seule, tu sais la science De me gonfler un coeur divin. Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Qu'importe ton passé, ma belle, Et qu'importe, parbleu ! le mien : Je t'aime d'un amour fidèle Et tu ne m'as fait que du bien. Unissons dans nos deux misères Le pardon qu'on nous refusait Et je t'étreins et tu me serres Et zut au monde qui jasait ! Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    En sourdine Calmes dans le demi-jour Que les branches hautes font, Pénétrons bien notre amour De ce silence profond. Fondons nos âmes, nos cœurs Et nos sens extasiés, Parmi les vagues langueurs Des pins et des arbousiers. Ferme tes yeux à demi, Croise tes bras sur ton sein, Et de ton cœur endormi Chasse à jamais tout dessein. Laissons-nous persuader Au souffle berceur et doux Qui vient à tes pieds rider Les ondes de gazon roux. Et quand, solennel, le soir Des chênes noirs tombera, Voix de notre désespoir, Le rossignol chantera.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Green Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux. J’arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encor de vos derniers baisers ; Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête. Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Initium Les violons mêlaient leur rire au chant des flûtes Et le bal tournoyait quand je la vis passer Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes De son oreille où mon Désir comme un baiser S’élançait et voulait lui parler, sans oser. Cependant elle allait, et la mazurque lente La portait dans son rhythme indolent comme un vers, – Rime mélodieuse, image étincelante, – Et son âme d’enfant rayonnait à travers La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts. Et depuis, ma Pensée – immobile – contemple Sa Splendeur évoquée, en adoration, Et dans son Souvenir, ainsi que dans un temple, Mon Amour entre, plein de superstition. Et je crois que voici venir la Passion.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L'amour est infatigable L'amour est infatigable ! Il est ardent comme un diable, Comme un ange il est aimable. L'amant est impitoyable, Il est méchant comme un diable, Comme un ange, redoutable. Il va rôdant comme un loup Autour du cœur de beaucoup Et s'élance tout à coup Poussant un sombre hou-hou ! Soudain le voilà roucou- Lant ramier gonflant son cou. Puis que de métamorphoses ! Lèvres rouges, joues roses, Moues gaies, ris moroses, Et, pour finir, moulte chose Blanche et noire, effet et cause ; Le lys droit, la rose éclose...

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    La lune blanche La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée... Ô bien-aimée. L'étang reflète, Profond miroir, La silhouette Du saule noir Où le vent pleure... Rêvons, c'est l'heure. Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l'astre irise... C'est l'heure exquise.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Les coquillages Chaque coquillage incrusté Dans la grotte où nous nous aimâmes A sa particularité L’un a la pourpre de nos âmes Dérobée au sang de nos cœurs Quand je brûle et que tu t’enflammes ; Cet autre affecte tes langueurs Et tes pâleurs alors que, lasse, Tu m’en veux de mes yeux moqueurs ; Celui-ci contrefait la grâce De ton oreille, et celui-là Ta nuque rose, courte et grasse ; Mais un, entre autres, me troubla.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Lettre Éloigné de vos yeux, Madame, par des soins Impérieux (j’en prends tous les dieux à témoins), Je languis et je meurs, comme c’est ma coutume En pareil cas, et vais, le cœur plein d’amertume, À travers des soucis où votre ombre me suit, Le jour dans mes pensers , dans mes rêves la nuit, Et la nuit et le jour, adorable Madame ! Si bien qu’enfin, mon corps faisant place à mon âme, Je deviendrai fantôme à mon tour aussi, moi, Et qu’alors, et parmi le lamentable émoi Des enlacements vains et des désirs sans nombre, Mon ombre se fondra pour jamais en votre ombre. En attendant, je suis, très chère, ton valet. Tout se comporte-t-il là-bas comme il te plaît, Ta perruche, ton chat, ton chien ? La compagnie Est-elle toujours belle, et cette Silvanie Dont j’eusse aimé l’œil noir si le tien n’était bleu, Et qui parfois me fit des signes, palsambleu ! Te sert-elle toujours de douce confidente ? Or, Madame, un projet impatient me hante De conquérir le monde et tous ses trésors pour Mettre à vos pieds ce gage – indigne – d’un amour Égal à toutes les flammes les plus célèbres Qui des grands cœurs aient fait resplendir les ténèbres. Cléopâtre fut moins aimée, oui, sur ma foi ! Par Marc-Antoine et par César que vous par moi, N’en doutez pas, Madame, et je saurai combattre Comme César pour un sourire, ô Cléopâtre, Et comme Antoine fuir au seul prix d’un baiser. Sur ce, très chère, adieu. Car voilà trop causer, Et le temps que l’on perd à lire une missive N’aura jamais valu la peine qu’on l’écrive.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L’amour par terre Le vent de l’autre nuit a jeté bas l’Amour Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc, Souriait en bandant malignement son arc, Et dont l’aspect nous fit tant songer tout un jour ! Le vent de l’autre nuit l’a jeté bas ! Le marbre Au souffle du matin tournoie, épars. C’est triste De voir le piédestal, où le nom de l’artiste Se lit péniblement parmi l’ombre d’un arbre. Oh ! c’est triste de voir debout le piédestal Tout seul ! Et des pensers mélancoliques vont Et viennent dans mon rêve où le chagrin profond Évoque un avenir solitaire et fatal. Oh ! c’est triste ! – Et toi-même, est-ce pas ? es touchée D’un si dolent tableau, bien que ton œil frivole S’amuse au papillon de pourpre et d’or qui vole Au-dessus des débris dont l’allée est jonchée.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Tu vis en toutes les femmes Car tu vis en toutes les femmes Et toutes les femmes c'est toi. Et tout l'amour qui soit, c'est moi Brûlant pour toi de mille flammes. Ton sourire tendre ou moqueur, Tes yeux, mon Styx ou mon Lignon, Ton sein opulent ou mignon Sont les seuls vainqueurs de mon cœur. Et je mords à ta chevelure Longue ou frisée, en haut, en bas, Noire ou rouge et sur l'encolure Et là ou là — et quels repas ! Et je bois à tes lèvres fines Ou grosses, — à la Lèvre, toute ! Et quelles ivresses en route, Diaboliques et divines ! Car toute la femme est en toi Et ce moi que tu multiplies T'aime en toute Elle et tu rallies En toi seule tout l'amour : Moi !

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La courbe de tes yeux La Courbe de tes Yeux un des plus beaux poèmes de Paul Éluard. C’est un poème d'amour en trois quintils, publié en 1924 dans le recueil Capitale de la Douleur. Il est écrit après sa séparation avec sa femme avec Gala, d’origine Russe, qu’il aime encore. Ils se rencontrent en 1912 se marient en 1917. La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Prête aux baisers résurrecteurs Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignorance Il me faut voir entendre et abuser T’entendre nue et te voir nue Pour abuser de tes caresses Par bonheur ou par malheur Je connais ton secret pas coeur Toutes les portes de ton empire Celle des yeux celle des mains Des seins et de ta bouche où chaque langue fond ET la porte du temps ouverte entre tes jambes La fleur des nuits d’été aux lèvres de la foudre Au seuil du paysage où la fleur rit et pleure Tout en gardant cette pâleur de perle morte Tout en donnant ton coeur tout en ouvrant tes jambes Tu es comme la mer tu berces les étoiles Tu es le champ d’amour tu lies et tu sépares Les amants et les fous Tu es la faim le pain la soif l’ivresse haute Et le dernier mariage entre rêve et vertu.

    en cours de vérification

    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Boulogne Boulogne, où nous nous querellâmes Aux pleurs d’un soir trop chaud Dans la boue ; et toi, le pied haut, Foulant aussi nos âmes. La nuit fut ; ni, rentrés chez moi, Tes fureurs plus de mise. Ah ! de te voir nue en chemise, Quel devint mon émoi ! On était seuls (du moins j’espère) ; Mais tu parlais tout bas. Ainsi l’amour naît des combats : Le dieu Mars est son père.

    en cours de vérification

    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    La première fois » Maman !… Je voudrais qu’on en meure. «  Fit-elle à pleine voix. –  » C’est que c’est la première fois, Madame, et la meilleure. «  Mais elle, d’un coude ingénu Remontant sa bretelle, –  » Non, ce fut en rêve « , dit-elle.  » Ah ! que vous étiez nu… « 

    en cours de vérification

    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Le tremble est blanc Le temps irrévocable a fui. L’heure s’achève. Mais toi, quand tu reviens, et traverses mon rêve, Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève, Tes yeux plus clairs. A travers le passé ma mémoire t’embrasse. Te voici. Tu descends en courant la terrasse Odorante, et tes faibles pas s’embarrassent Parmi les fleurs. Par un après-midi de l’automne, au mirage De ce tremble inconstant que varient les nuages, Ah ! verrai-je encor se farder ton visage D’ombre et de soleil ?

    en cours de vérification