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Angoisse

112 poésies en cours de vérification
Angoisse

Poésies de la collection angoisse

    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Ton visage Ton visage est une symphonie Qui chante doucement en moi. Ton visage est une mélodie Que je répète mille fois. Ton visage quand tu n’es pas là Me poursuit partout où je vais Ton visage quand je suis venu C’est comme s’il ne m’avait pas vu. Tu me fais mal sans le savoir. Tu me détruis sans le vouloir Mais je ne peux tourner la page Et ne connais que ton image. Ton visage s’est illuminé Quand tu parlais à mon copain. Et ça m’a brisé de chagrin. C’est comme si la vie s’arrêtait. Ton visage se moque de ma tête Quand je fais rire l’assemblée. Alors c’est pour moi une fête Puisqu’au moins tu m’as regardé. Tu me fais mal sans le savoir. Tu me détruis sans le vouloir Mais je ne peux tourner la page Et ne connais que ton image. Combien je voudrais le toucher. Il est parfois si près du mien. Du bout des doigts du bout des mains Comme on fait d’une chose sacrée. Ton visage me tord les boyaux Car pour moi tu n’as pas un mot Et ça me laisse un goût amer. Mon paradis est un enfer. Tu me fais mal sans le savoir. Tu me détruis sans le vouloir Mais je ne peux tourner la page Et ne connais que ton image. Ton visage est une symphonie Qui chante doucement en moi. Ton visage est une mélodie Que je répète mille fois…

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    E

    Ethan Street

    @ethanStreet

    Destinée Comme l’eau stagnante d’une rivière morte L’histoire d’une vie qui me reporte de l’espoir aux démons que je supporte Je hante mon quotidien, simple cloporte Une étincelle émotionnelle qui se nourrit d’un rien une addiction virtuelle qui me maintient Jamais je ne pourrais sortir de ces entretiens Un sourire, un geste maladif je me contients. Au fond de moi comme un trésor de vie Sublimer cet espoir, une question de survie Ô combien admettre son manque d’envie Que ce jour là enfin arrive, ma destinée sans son avis.

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    E

    Etienne la Boétie (De)

    @etienneLaBoetieDe

    J'allois seul remaschant mes angoisses passes J'allois seul remaschant mes angoisses passes : Voici (Dieux destournez ce triste mal-encontre !) Sur chemin d'un grand loup l'effroyable rencontre, Qui, vainqueur des brebis de leur chien delaissees, Tirassoit d'un mouton les cuisses despecees, Le grand deuil du berger. Il rechigne et me monstre Les dents rouges de sang, et puis me passe contre, Menassant mon amour, je croy, et mes pensees. De m'effrayer depuis ce presage ne cesse : Mais j'en consulteray sans plus à ma maistresse. Onc par moy n'en sera pressé le Delphien. Il le sçait, je le croy, et m'en peut faire sage :

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Le défilé Dans le faubourg planté d’arbustes rabougris, Où le pâle chardon pousse au bord des murs gris, Sur le trottoir pavé que limitent des bornes, Lentement, en grand deuil tous deux, tristes et mornes, Et vers le couchant d’or d’un juillet étouffant, Vont ensemble une mère et son petit enfant. La mère est jeune encore, elle est pauvre, elle est veuve. Résignée, et pourtant droite encor sous l’épreuve, Elle songe sans doute au sombre lendemain ; Et le petit garçon qu’elle tient par la main A déjà dans ses yeux agrandis par les jeûnes L’air grave des enfants qui s’étonnent trop jeunes. Ils marchent, regardant le coucher du soleil. Mais voici que, parmi le triomphe vermeil Des nuages de pourpre aux franges d’écarlate, Là-bas, soudaine et fière, une fanfare éclate ; Et, poussant devant eux clairons et timbaliers, Apparaissent au loin les premiers cavaliers D’un pompeux régiment qui vient de la parade. Des escadrons ! mais c’est comme une mascarade. Les enfants et le peuple, hélas ! enfant aussi, S’arrêtent en chemin pour les voir. Or ceux-ci Sont très beaux ; et le fils de la veuve regarde. Lui qui vécut dans les murs froids d’une mansarde, Il n’a jamais rien vu de tel. Il est hagard ; Et sa mère lui dit, bénissant ce hasard, Et distraite, elle aussi, de ses rêves austères : « Restons là. Nous verrons passer les militaires. » Ils s’arrêtent tous deux ; et le beau régiment, Sombre et pesant d’orgueil, défile fièrement. Ce sont des cuirassiers ; ils vont, musique en tête, Répandant à l’entour comme un bruit de tempête. Les casques sont polis ainsi que des miroirs ; Les sabres sont tirés. Tous les chevaux sont noirs ; Ils ont la flamme aux yeux et le sang aux narines. – Les cuirasses d’acier qui bombent les poitrines Jettent à chaque pas des éclairs aveuglants ; Et les lourds escadrons, impassibles et lents, Se succèdent, au pas, allant de gauche à droite, Avec leurs officiers dans la distance étroite, Si bien que le passant, sur la route arrêté, Cependant qu’il peut voir s’éloigner d’un côté Des croupes de chevaux et des dos de cuirasses, Voit de l’autre, marchant de tout près sur leurs traces, S’avancer, alignés comme par deux niveaux, Des casques de soldats et des fronts de chevaux. Et ce spectacle est plus sublime et plus farouche Dans la rouge splendeur du soleil qui se couche. Mais, l’œil tout ébloui des ors et des aciers, L’enfant cherche surtout à voir ces officiers Qui brandissent, tournés à demi sur la selle, Leur sabre dont la lame au soleil étincelle, Et sont gantés de blanc ainsi que pour le bal, Et commandent, tandis que leur fougueux cheval, Se rappelant sans doute une ancienne victoire, Secoue avec orgueil son mors dans sa mâchoire. Et plus que tous ceux-là l’enfant admire encor Le plus jeune, qui n’a qu’une aiguillette d’or Et marche dans les rangs ainsi qu’une recrue, Mais qui semble toujours à la foule accourue Le plus heureux, le plus superbe et le plus beau, Car il porte les plis somptueux du drapeau. Le régiment défile, et l’enfant s’extasie. Craintif et se tenant à la jupe saisie De sa mère, il admire, avide et stupéfait, Et tremble. Mais alors celle-ci, qui rêvait, Le regarde, et soudain elle devient peureuse. La pauvre femme, qui naguère était heureuse Que pour son fils ce beau régiment paradât, Craint maintenant qu’il veuille un jour être soldat ; Et même, bien avant que ce soupçon s’achève, Son esprit a conçu l’épouvantable rêve D’un noir champ de bataille où dans les blés versés, Sous la lune sinistre, on voit quelques blessés, Qui, mouillés par le sang et la rosée amère, Se traînent sur leurs mains en appelant leur mère, Puis qui s’accoudent, puis qui retombent enfin ; Et, seuls debout alors, des chevaux ayant faim Qui, baissant vers le sol leurs longs museaux avides, Broutent le gazon noir entre les morts livides ! Elle entraîne son fils ; elle a le cœur glacé. Et, bien que le brillant régiment soit passé Et qu’au coin du faubourg tourne l’arrière-garde, L’enfant se plaint tout bas, et résiste, et regarde Son rêve qui s’enfuit, espérant voir encor Là-bas, dans la poussière, une étincelle d’or, Et détestant déjà les amis et les mères Qui nous tirent loin des dangers et des chimères.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Le Père Il rentrait toujours ivre et battait sa maîtresse. Deux sombres forgerons, le Vice et la Détresse, Avaient rivé la chaîne à ces deux malheureux. Cette femme était chez cet homme – c’est affreux ! – Seulement par l’effroi de coucher dans la rue. L’ivrogne la trouvait toujours aigre et bourrue Le soir, et la frappait. Leurs cris et leurs jurons Faisaient connaître l’heure aux gens des environs. Puis c’était un silence effrayant dans leur chambre. – Un jour que par l’horreur, par la faim, par décembre, Ce couple épouvantable était plus assailli, Il leur naquit un fils, berceau mal accueilli, Humble front baptisé par un baiser morose, Hélas ! et qui n’était pas moins pur ni moins rose. L’homme revint encore ivre le lendemain, Mais, s’arrêtant au seuil, ne leva point la main Sur sa femme, depuis que c’était une mère. Le regard noir de haine et la parole amère, Celle-ci se tourna vers son horrible amant Qui la voyait bercer son fils farouchement, Et, raillant, lui cria : « Frappe donc ! Qui t’arrête ? Notre homme, j’attendais ton retour. Je suis prête. L’hiver est-il moins dur ? le pain est-il moins cher ? Dis ! et n’es-tu pas ivre aujourd’hui comme hier ? » Mais le père, accablé, ne parut point l’entendre, Et, fixant sur son fils un œil stupide et tendre, Craintif, ainsi qu’un homme accusé se défend, Il murmura : « J’ai peur de réveiller l’enfant ! »

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Les trois oiseaux J’ai dit au ramier : – Pars et va quand même, Au delà des champs d’avoine et de foin, Me chercher la fleur qui fera qu’on m’aime. Le ramier m’a dit : – C’est trop loin ! Et j’ai dit à l’aigle : – Aide-moi, j’y compte, Et, si c’est le feu du ciel qu’il me faut, Pour l’aller ravir prends ton vol et monte. Et l’aigle m’a dit : – C’est trop haut ! Et j’ai dit enfin au vautour : – Dévore Ce coeur trop plein d’elle et prends-en ta part. Laisse ce qui peut être intact encore. Le vautour m’a dit : – C’est trop tard !

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    Jour de lessive Je suis parti ce matin même, Encor soûl de la nuit mais pris Comme d’écœurement suprême, Crachant mes adieux à Paris… Et me voilà, ma bonne femme, Oui, foutu comme quatre sous… Mon linge est sale aussi mon âme… Me voilà chez nous ! Ma pauvre mère est en lessive… Maman, Maman, Maman, ton mauvais gâs arrive Au bon moment !… Voici ce linge où goutta maintes Et maintes fois un vin amer, Où des garces aux lèvres peintes Ont torché leurs bouches d’enfer… Et voici mon âme, plus grise Des mêmes souillures – hélas ! Que le plastron de ma chemise Gris, rose et lilas… Au fond du cuvier, où l’on sème, Parmi l’eau, la cendre du four, Que tout mon linge de bohème Repose durant tout un jour… Et qu’enfin mon âme, pareille A ce déballage attristant, Parmi ton âme – à bonne vieille ! Repose un instant… Tout comme le linge confie Sa honte à la douceur de l’eau, Quand je t’aurai conté ma vie Malheureuse d’affreux salaud, Ainsi qu’on rince à la fontaine Le linge au sortir du cuvier, Mère, arrose mon âme en peine D’un peu de pitié ! Et, lorsque tu viendras étendre Le linge d’iris parfumé, Tout blanc parmi la blancheur tendre De la haie où fleurit le Mai, Je veux voir mon âme, encor pure En dépit de son long sommeil Dans la douleur et dans l’ordure, Revivre au Soleil !…

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    G

    Gianluca Stival

    @gianlucaStival

    J'en avais marre C'était fatigant. C'était vraiment insatisfaisant d'avoir eu ce coup de cœur-la. C'était décevant d'avoir cru que cela m'aurait envahi de joie. Si j'aurais su de cette future insatisfaction, je n'aurais jamais payé ma personne de bon temps. C'est seulement question d'espoir. J'ai perdu tout espoir. Irrémédiablement. L'inévitable est arrivé. Elle se comportait comme si j'étais imperceptible. Invisible. Abstrait. En vivant dans un feint monde corporel. Quand elle me touchait, je sentais le paradis, sa touche tait vraiment douce même si elle ne savait d’être la chérie que je haïssais. Dorénavant, elle ne me frisera plus et je persisterai à ne pas avoir marre.

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    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Elle est là Elle est là l’angoisse glissée entre tes doigts celle qui déclenche Le geste aligne les mots dans un ordre préexistant à ta naissance où tous les soleils te reconnaissent Sans Elle c’est la sensation d’une faim démoniaque et ces perceptions glauques durant cette nuit définitive mais comment renouer avec la Muse ? regagner ce territoire solaire entre ton carnet vide et ce cendrier plein de poèmes

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    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Exil Je ne suis plus d’ici Lieu de transit Comptoir d’un hôtel Baie vitrée panoramique Les silhouettes tournent Et me reviennent La ville les appelle Vivre vite Ne plus chercher un visage en particulier J’ai échoué en suivant des ombres Dans les impasses de l’amitié Alors je me glisse dans la première valise venue Retiens mon souffle Bringuebalé aux douanes du hasard En passe-muraille de mon époque Je rentre peut-être chez moi

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Silence bombardé Silence bombardé par les froides étoiles Ô mon amour tacite et noir Lamente-toi, puis soudain éclate en sanglots… Là-bas, voici les blanches voiles Des projecteurs jetés aux horizons d’espoir Où la terre est creusée ainsi que sont les flots. Adieu la nuit ! Tous les oiseaux du monde Ont fait leur nid Et chante à la ronde Ptit Lou, je connais bien malgré tout ta douceur En suivant le Printemps tous les jours sur la route En me baignant le front dans cette ombreuse odeur Qui me vient des jardins où je te revois toute. Ainsi je gagnerai le grand cœur embaumé De l’univers tiède et doux comme ta bouche Et son tendre visage au bout de la mi-mai S’offre à moi tout à coup langoureux sur sa couche De pétales d’iris, de grappes de lilas. Ptit Lou d’Amour je sens à mon cou tes bras roses : Cette île de corail qui sort de tes yeux las Et que sur l’océan de l’Amour tu disposes. « Tu me demandes trop d’aimer sans être aimé Tu me demande trop peut-être »… Disait en souriant le doux soleil de mai À la belle fenêtre « Tu veux que chaque jour Les longs rayons de mon amour T’illuminent, mon cœur, ainsi qu’une caresse Et toi ,toi que me donnes-tu ?» « Turlututu Dit la fenêtre Écoute-moi soleil mon maître Je ne suis belle que par toi J’existe par ta lumière, À part l’obscurité de la chambre, ma foi Je ne possède rien de rien; pénètre-moi Et tout à coup je deviens belle et je suis claire.» Ainsi, ma tendre Lou, parlèrent le Soleil Et la sombre fenêtre. Soudain ce fut la nuit, Il vint à disparaître Elle mourut aussi dans un obscur sommeil Comme un Phénix Il renaquit toujours pareil Et son amant La vit renaître… À cette fable il ne faut pas Chercher une morale… J’entends du bruit : ce sont les rats qui pas à pas Tournent autour de ma cabane en la nuit pâle Tournent en rond… Et je te baise Sur ton beau sein fait d’une rose et d’une fraise Et tu me baises sur le FRONT Courmelois, le 17 mai 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    À mon tiercelet Terrible Aquilan de Mayogre, Il me faudrait un petit noc Car j’ai faim d’amour comme un ogre Et je ne trouve qu’un faucon !! Courmelois, le 23 juin 1915

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Terreur Ce soir-là j’avais lu fort longtemps quelque auteur. Il était bien minuit, et tout à coup j’eus peur. Peur de quoi ? je ne sais, mais une peur horrible. Je compris, haletant et frissonnant d’effroi, Qu’il allait se passer une chose terrible… Alors il me sembla sentir derrière moi Quelqu’un qui se tenait debout, dont la figure Riait d’un rire atroce, immobile et nerveux : Et je n’entendais rien, cependant. O torture ! Sentir qu’il se baissait à toucher mes cheveux, Et qu’il allait poser sa main sur mon épaule, Et que j’allais mourir au bruit de sa parole !… Il se penchait toujours vers moi, toujours plus près ; Et moi, pour mon salut éternel, je n’aurais Ni fait un mouvement ni détourné la tête… Ainsi que des oiseaux battus par la tempête, Mes pensers tournoyaient comme affolés d’horreur. Une sueur de mort me glaçait chaque membre, Et je n’entendais pas d’autre bruit dans ma chambre Que celui de mes dents qui claquaient de terreur. Un craquement se fit soudain ; fou d’épouvante, Ayant poussé le plus terrible hurlement Qui soit jamais sorti de poitrine vivante, Je tombai sur le dos, roide et sans mouvement.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Sur le pays des chimères Sur le pays des chimères Notre vol s’est arrêté : Conduis-nous en sûreté Pour traverser ces bruyères, Ces rocs, ce champ dévasté. Vois ces arbres qui se pressent Se froisser rapidement ; Vois ces roches qui s’abaissent Trembler dans leur fondement. Partout le vent souffle et crie ! Dans ces rocs, avec furie, Se mêlent fleuve et ruisseau ; J’entends là le bruit de l’eau, Si cher à la rêverie ! Les soupirs, les voeux flottants, Ce qu’on plaint, ce qu’on adore… Et l’écho résonne encore Comme la voix des vieux temps, Ou hou ! chou hou ! retentissent ; Hérons et hiboux gémissent, Mêlant leur triste chanson ; On voit de chaque buisson Surgir d’étranges racines ; Maigres bras, longues échines ; Ventres roulants et rampants ; Parmi les rocs, les ruines, Fourmillent vers et serpents. À des noeuds qui s’entrelacent Chaque pas vient s’accrocher ! Là des souris vont et passent Dans la mousse du rocher. Là des mouches fugitives Nous précèdent par milliers, Et d’étincelles plus vives Illuminent les sentiers. Mais faut-il à cette place Avancer ou demeurer ? Autour de nous tout menace, Tout s’émeut, luit et grimace, Pour frapper, pour égarer ; Arbres et rocs sont perfides ; Ces feux, tremblants et rapides, Brillent sans nous éclairer !…

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    H

    Hubert-Tadéo Félizé

    @hubertTadeoFelize

    A l’intérieur de mon âme Toujours dans mes pensées, et votre voix rêvée, Toujours je vous perçois dans ma photographie, Vous êtes cette voix qui éclaire mon lit, Vous êtes cet esprit qui veille à mes côtés ! Innocence perdue dans les couloirs du temps, A travers mes écrits je vous mentionne encore, D’une goutte de sang, j’ai délié le vent, Où vos cendres, hier, détachées de vos corps, Se sont amalgamées dans l’iris de mes yeux, Vous pensiez à la fin, je pensais au départ ! En vos noms je chéris l’amour si pernicieux. Celui que l’on n’oublie jamais dans notre cœur, Alors, détrompez-vous ! Père et Mère, au liard De votre jeu cruel je lutte avec ferveur !

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    I

    Isaac Lerutan

    @isaacLerutan

    Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ? Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube et nous empoisonner dès le premier frisson ? Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ? Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ? Mais que font les vieux anges autour des ventres ronds ? Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ? Est-ce le sage assassin que le monde saborde ou chassons-nous fatalement nos lendemains ? Martyrs ou baladins enrôlés dans la horde Violerons-nous les lois de ces dieux trop humains ? Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ?

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    I

    Isaac Lerutan

    @isaacLerutan

    Tragique farandole aux mélodies arides Entendez-vous ce cri ? Inclassable, mouvant Il vient de ces déserts que la pluie assassine comme pour mieux saluer les richesses d’antan Mais quel est cet insigne extérieur à vos lèvres qui retourne les vases en non-communiquant ? il n’est répartitions de vos musiques brèves que si vos douces fleurs enfantaient des piquants ! Attachez-moi sans vie ! Que le sort me déchaîne par la magie sournoise du destin pénitent Je ne veux de l’enfer qu’emprisonner sa plèvre et d’un accord furieux me noyer en son sang

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    J

    Jacques Viallebesset

    @jacquesViallebesset

    Le coeur d’une femme Je ne veux pas pour toi les déchirures des ronces Ni les étangs glauques des illusions ou l’on s’enfonce Efface de ton âme les noirs tourbillons Une étoile flamboie au milieu de ton front Abandonne les cauchemars au fond de leur nuit L’amertume blême de la tristesse est un désert Je veux un ciel clair et des poitrines au cœur chantant Des poumons vibrant comme des arbres en plein vent Je ne veux pas pour toi l’ombre portée de la souffrance Sur le pur visage embué de ton enfance Arraches de toi les barreaux de la cage Le fardeau de douleur est un trop lourd bagage La vie est là qui frémit et palpite dans là sève Chaude vie plus forte que les illusions Une vie jamais vécue voilà ce que je veux Où les oiseaux viennent chanter dans tes cheveux Je ne veux pas pour toi l’étendue du dérisoire Ni les lèvres murées par tant de pierres noires Tu as trop arpenté déjà les labyrinthes du malheur Pour qu’enfin ton cœur soit parsemé de fleurs.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La fille Certaine fille un peu trop fière Prétendait trouver un mari Jeune, bien fait et beau, d’agréable manière. Point froid et point jaloux ; notez ces deux points-ci. Cette fille voulait aussi Qu’il eût du bien, de la naissance, De l’esprit, enfin tout. Mais qui peut tout avoir ? Le destin se montra soigneux de la pourvoir : Il vint des partis d’importance. La belle les trouva trop chétifs de moitié. Quoi moi ? quoi ces gens-là ? l’on radote, je pense. A moi les proposer ! hélas ils font pitié. Voyez un peu la belle espèce ! L’un n’avait en l’esprit nulle délicatesse ; L’autre avait le nez fait de cette façon-là ; C’était ceci, c’était cela, C’était tout ; car les précieuses Font dessus tous les dédaigneuses. Après les bons partis, les médiocres gens Vinrent se mettre sur les rangs. Elle de se moquer. Ah vraiment je suis bonne De leur ouvrir la porte : Ils pensent que je suis Fort en peine de ma personne. Grâce à Dieu, je passe les nuits Sans chagrin, quoique en solitude. La belle se sut gré de tous ces sentiments. L’âge la fit déchoir : adieu tous les amants. Un an se passe et deux avec inquiétude. Le chagrin vient ensuite : elle sent chaque jour Déloger quelques Ris, quelques jeux, puis l’amour ; Puis ses traits choquer et déplaire ; Puis cent sortes de fards. Ses soins ne purent faire Qu’elle échappât au temps cet insigne larron : Les ruines d’une maison Se peuvent réparer ; que n’est cet avantage Pour les ruines du visage ! Sa préciosité changea lors de langage. Son miroir lui disait : Prenez vite un mari. Je ne sais quel désir le lui disait aussi ; Le désir peut loger chez une précieuse. Celle-ci fit un choix qu’on n’aurait jamais cru, Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse De rencontrer un malotru.

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    J

    Jean-Charles Dorge

    @jeanCharlesDorge

    Heureux le bon Rêvez, poussins de l’univers, Aux doux parfums des fleurs champêtres… Rangez vos armes de pervers Tuant le plus beau de votre être ! Pauvres enfants, avez-vous su Jamais combien l’amour transforme Un combat de jiu-jitsu En une danse hors la norme ? Et vous « gros durs », terreurs des rues, Songez un peu que l’avenir Ferme sa porte à votre vue, Car il ne peut que vous punir ! Heureux le bon, celui qui donne, Car il ne vole qu’à l’air pur : On l’aimera pour sa personne Quand le méchant va droit au mur !

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Estuaires A celle qui m’a dit : « tu mourras seul » « ese pájaro come a grandes picotazos el silencio luego alzará el vuelo cet oiseau mange à grands coups de bec le silence puis il se mettra à voler » Victor Rodriguez Nuñez, Cuba la scène représente un humain présumé poète un public présumé public un monde présumé monde « je me confesse à toi, mon public qui attendais de la poésie apaisement et rêve ma poésie est violence et plongée dans les ténèbres de la vie car la vie est d’abord ténèbres d’abord angoisse d’abord peur de vivre je me confesse à toi, mon public qui aspirais à l’apaisement des mots ma poésie est l’inquiétude de l’aube quand les oiseaux dorment encore, mais disparu l’éclat de la lune et le soleil nous a abandonnés sans au-revoir. À toi mon public, qui croyais à l’amour ma poésie cherchait l’amour ma poésie cherchait le sourire et l’abandon dans la folie d’être deux mais ma compagne a dit : tu mourras seul devant la grande barrière des montagnes et depuis me serre à la gorge l’angoisse de la mort. Je me confesse à toi, mon public, qui attends la joie ma poésie est le contraire de la joie ma poésie est jouissance éphémère soupirs volés dans la pénombre d’une nuit d’été ma poésie est silence. À toi, mon public, qui attendais la Sagesse, ma poésie est folie errance sur les fleuves de la nuit en quête d’insaisissables estuaires » la scène était un humain présumé poète la scène était un public présumé public la scène était un monde présumé monde

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Océane « lo único que existe es lo que nombro: un cuerpo y otro y el aire de verano. Cuando no sople más, quedará a vista la tierra y el mundo tal cual es. Sin caricias. la seule chose qui existe est ce que je nomme : un corps et un autre et l’air de l’été. Quand il cessera de souffler, on ne verra que la terre et le monde tel qu’il est. Sans tendresse. » Tatiana Oroño Amie, guéris-moi du siècle. Bombes sur Hanoï. Dien Bien Phu.* Amie, guéris-moi du temps des plages de l’été cinquante-quatre, dis-moi que jamais tu n’entendis parler de Stalingrad, d’Okinawa, d’Omaha Beach ni des massacres de Canton. Des blanches ruelles de la bataille d’Alger. Du crime ineffaçable, Hiroshima mon amour. Ni du mystère sauvage des Illuminés de Dieu. Guéris-moi des Noces de Sang. Vois comme l’océan est paisible, léger le vol des mouettes, et doux le sable blond où nous dormons. Amie, guéris-moi des blessures du corps, donne-moi le miel de ton ventre, le profond de ta forêt. Montre-moi le regard d’un garçon aux boucles brunes, dis-lui combien vaste est le monde, hardies les Caravelles. Amour, guéris-moi du monde. Donne-moi le miel de ton ventre, le profond de ta forêt. Villebramar, 2017

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Chant du désespéré La Parque si terrible A tous les animaux, Plus ne me semble horrible, Car le moindre des maux, Qui m’ont fait si dolent, Est bien plus violent. Comme d’une fontaine Mes yeux sont dégouttants, Ma face est d’eau si pleine Que bientôt je m’attends Mon coeur tant soucieux Distiller par les yeux. De mortelles ténèbres Lis sont déjà noircis, Mes plaintes sont funèbres, Et mes membres transis Mais je ne puis mourir, Et si ne puis guérir. La fortune amiable Est ce pas moins que rien ? O que tout est muable En ce val terrien ! Hélas, je le connais Que rien tel ne craignais. Langueur me tient en laisse, Douleur me fuit de près, Regret point ne me laisse, Et crainte vient après Bref, de jour, et de nuit, Toute chose me nuit. La verdoyant’ campagne, Le fleuri arbrisseau, Tombant de la montagne, Le murmurant ruisseau, De ces plaisirs jouir Ne me peut réjouir. La musique sauvage Du rossignol au bois Contriste mon courage, Et me déplaît la voix De tous joyeux oiseaux, Qui sont au bord des eaux. Le cygne poétique Lors qu’il est mieux chantant, Sur la rive aquatique Va sa mort lamentant. Las ! tel chant me plaît bien, Comme semblable au mien. La voix répercussive En m’oyant lamenter De ma plainte excessive Semble se tourmenter, Car cela que j’ai dit Toujours elle redit. Ainsi la joie et l’aise Me vient de deuil saisir, Et n’est qui tant me plaise Comme le déplaisir. De la mort en effet L’espoir vivre me fait. Dieu tonnant, de ta foudre Viens ma mort avancer, Afin que soie en poudre Premier que de penser Au plaisir que j’aurai Quand ma mort je saurai.

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    J

    Jules Delavigne

    @julesDelavigne

    Le cauchemar Vers le vide il se précipite, cet homme dans les rues de cette ville sans nom Sous un ciel rouge de flammes, de bruits il ne s’arrête pas pour regarder autour de lui il n’a pas le temps Un cri, «tourne vite non, pas par-là vite! rejoins les autres, quels autres?» Tête basse, il suit les lignes il suit son ombre ne voyant même pas les bâtiments sur le coté Il n’entend que cette voix qui lui dit «cours, vas-y, plus vite» Le son d’acier qui frappe les murs frappe encore dans sa tête Est-ce qu’ils sont là? il ne le sait pas Il continue comme une bête c’est le renard coincé par des chiens qui veulent le déchiqueter Il a peur Il entre vite dans le jardin les arbres le soulagent ils filtrent la lumière éclatante, éblouissante L’herbe mouillée lui fait penser à des jours plus tranquilles Il ferme les yeux, tout se calme mais ces couleurs, ces bruits, pèsent sur lui Il entend toujours cette voix qui lui dit «vas-y plus vite, cours, cours, cours» Puis il la sent dans toute sa richesse doucement lui percer la peau, la chair, le cœur Petit à petit le film se ralentit devant ses yeux et il se réjouit Tout s’engourdit en lui tout devient plus beau

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Adversaire Comme dans le fameux conte de Poe le visionnaire à l’abri de ce qu’ils croyaient être leur forteresse ses personnages ne purent sauver leur peau : la peste était parmi eux cette maladie du manque d’amour qui aujourd’hui éclate au grand jour qui vous ordonne le confinement pour de l’individualisme goûter aux raffinements et de la peur multiforme connaître les délires devenir les forçats d’ordres venus de l’Olympe médiatique et étatique Pourtant il suffirait de laisser la parole à nos coeurs pour voir que l’invisible ennemi est l’absence d’humaine chaleur

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Exotisme Ils nous ont arrachés nus aux bras de la forêt nourricière pour nous exposer aux regards de Blancs bien vêtus Dans cette ville Paris pourquoi ce froid ces bruits Une fillette de deux ans et demi est morte Nous l’avons enveloppée dans des peaux À présent elle dort tout près du zoo où nous attirons les foules Bientôt leurs virus nous aurons décimés Le jour croit pouvoir se passer de la nuit et le Blanc du Noir Sachez que votre double de couleur lui aussi appartient au genre humain et qu’un monstre vit sous chaque masque blanc

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Maladie Déserts une vie d’où s’effacent les visages une mémoire sans ce passé magnifié ou maudit un présent hors du temps la silencieuse anarchie et la danse macabre de l’absence de repères Alzheimer un nom pour définir l’indéfinissable ce supplice inconscient d’identités dévastées cette étrange agonie de n’être plus personne

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Tension La bête ivre de douleur tire sur sa chaîne sa pesanteur à la vue de l’éternel passage des oiseaux, du vent et des nuages Son imagination les suit battements d’ailes, souffle où formes étranges Ainsi naît le poète entre impossible essor et élévation Esclave du sort affranchi de la mort

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Clando destin Sombre tristesse à l’aube de la décadence Un bout de trottoir comme terre d’asile, Seul refuge d’un espoir. Dans cette jungle de marchandage on abat des humains. Les frontières se dressent comme les murs d’une prison. Après avoir parcouru les mers, les montagnes, les campagnes, les villes, Mon ami de passage est un ennemi sans papiers. On a arraché ses racines et violé son innocence, Coupable de vivre en recherche d’une terre d’accueil. Regarde l’ami Clandestin, C’est un enfant du monde, Pour une seule nation.

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Insomnie Insomnie au bord du lit, Quand je partage mes états d’âme, Immobile, je digère mes pensées. Des histoires à dormir debout, Du moulin à paroles dans ma tête, Mes tourmentes qui tourbillonnent, Dans mon esprit je m’envole, Un pas de trop, je perds pieds, Tours et tournelles de tourterelles, La tourmente m’écoeure. Glisser entre les draps froissés, Plonger dans la pesanteur du matelas molletonné, Une minute de silence m’apaise. soliste au bord du Nil, la ville enchantée plongée dans la nuit est le miroir de mon mirage. Les prémisses du matin déjà me narguent. La trace de l’oreiller tatoue ma joue d’une nuit mouvementée. Mon petit coeur mou broyé s’éveille pour une nouvelle journée.

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