Ton visage Ton visage est une symphonie
Qui chante doucement en moi.
Ton visage est une mélodie
Que je répète mille fois.
Ton visage quand tu n’es pas là
Me poursuit partout où je vais
Ton visage quand je suis venu
C’est comme s’il ne m’avait pas vu.
Tu me fais mal sans le savoir.
Tu me détruis sans le vouloir
Mais je ne peux tourner la page
Et ne connais que ton image.
Ton visage s’est illuminé
Quand tu parlais à mon copain.
Et ça m’a brisé de chagrin.
C’est comme si la vie s’arrêtait.
Ton visage se moque de ma tête
Quand je fais rire l’assemblée.
Alors c’est pour moi une fête
Puisqu’au moins tu m’as regardé.
Tu me fais mal sans le savoir.
Tu me détruis sans le vouloir
Mais je ne peux tourner la page
Et ne connais que ton image.
Combien je voudrais le toucher.
Il est parfois si près du mien.
Du bout des doigts du bout des mains
Comme on fait d’une chose sacrée.
Ton visage me tord les boyaux
Car pour moi tu n’as pas un mot
Et ça me laisse un goût amer.
Mon paradis est un enfer.
Tu me fais mal sans le savoir.
Tu me détruis sans le vouloir
Mais je ne peux tourner la page
Et ne connais que ton image.
Ton visage est une symphonie
Qui chante doucement en moi.
Ton visage est une mélodie
Que je répète mille fois…
il y a 10 mois
E
Ethan Street
@ethanStreet
Destinée Comme l’eau stagnante d’une rivière morte
L’histoire d’une vie qui me reporte
de l’espoir aux démons que je supporte
Je hante mon quotidien, simple cloporte
Une étincelle émotionnelle qui se nourrit d’un rien
une addiction virtuelle qui me maintient
Jamais je ne pourrais sortir de ces entretiens
Un sourire, un geste maladif je me contients.
Au fond de moi comme un trésor de vie
Sublimer cet espoir, une question de survie
Ô combien admettre son manque d’envie
Que ce jour là enfin arrive, ma destinée sans son avis.
il y a 10 mois
E
Etienne la Boétie (De)
@etienneLaBoetieDe
J'allois seul remaschant mes angoisses passes J'allois seul remaschant mes angoisses passes :
Voici (Dieux destournez ce triste mal-encontre !)
Sur chemin d'un grand loup l'effroyable rencontre,
Qui, vainqueur des brebis de leur chien delaissees,
Tirassoit d'un mouton les cuisses despecees,
Le grand deuil du berger. Il rechigne et me monstre
Les dents rouges de sang, et puis me passe contre,
Menassant mon amour, je croy, et mes pensees.
De m'effrayer depuis ce presage ne cesse :
Mais j'en consulteray sans plus à ma maistresse.
Onc par moy n'en sera pressé le Delphien.
Il le sçait, je le croy, et m'en peut faire sage :
il y a 10 mois
François Coppée
@francoisCoppee
Le défilé Dans le faubourg planté d’arbustes rabougris,
Où le pâle chardon pousse au bord des murs gris,
Sur le trottoir pavé que limitent des bornes,
Lentement, en grand deuil tous deux, tristes et mornes,
Et vers le couchant d’or d’un juillet étouffant,
Vont ensemble une mère et son petit enfant.
La mère est jeune encore, elle est pauvre, elle est veuve.
Résignée, et pourtant droite encor sous l’épreuve,
Elle songe sans doute au sombre lendemain ;
Et le petit garçon qu’elle tient par la main
A déjà dans ses yeux agrandis par les jeûnes
L’air grave des enfants qui s’étonnent trop jeunes.
Ils marchent, regardant le coucher du soleil.
Mais voici que, parmi le triomphe vermeil
Des nuages de pourpre aux franges d’écarlate,
Là-bas, soudaine et fière, une fanfare éclate ;
Et, poussant devant eux clairons et timbaliers,
Apparaissent au loin les premiers cavaliers
D’un pompeux régiment qui vient de la parade.
Des escadrons ! mais c’est comme une mascarade.
Les enfants et le peuple, hélas ! enfant aussi,
S’arrêtent en chemin pour les voir. Or ceux-ci
Sont très beaux ; et le fils de la veuve regarde.
Lui qui vécut dans les murs froids d’une mansarde,
Il n’a jamais rien vu de tel. Il est hagard ;
Et sa mère lui dit, bénissant ce hasard,
Et distraite, elle aussi, de ses rêves austères :
« Restons là. Nous verrons passer les militaires. »
Ils s’arrêtent tous deux ; et le beau régiment,
Sombre et pesant d’orgueil, défile fièrement.
Ce sont des cuirassiers ; ils vont, musique en tête,
Répandant à l’entour comme un bruit de tempête.
Les casques sont polis ainsi que des miroirs ;
Les sabres sont tirés. Tous les chevaux sont noirs ;
Ils ont la flamme aux yeux et le sang aux narines.
– Les cuirasses d’acier qui bombent les poitrines
Jettent à chaque pas des éclairs aveuglants ;
Et les lourds escadrons, impassibles et lents,
Se succèdent, au pas, allant de gauche à droite,
Avec leurs officiers dans la distance étroite,
Si bien que le passant, sur la route arrêté,
Cependant qu’il peut voir s’éloigner d’un côté
Des croupes de chevaux et des dos de cuirasses,
Voit de l’autre, marchant de tout près sur leurs traces,
S’avancer, alignés comme par deux niveaux,
Des casques de soldats et des fronts de chevaux.
Et ce spectacle est plus sublime et plus farouche
Dans la rouge splendeur du soleil qui se couche.
Mais, l’œil tout ébloui des ors et des aciers,
L’enfant cherche surtout à voir ces officiers
Qui brandissent, tournés à demi sur la selle,
Leur sabre dont la lame au soleil étincelle,
Et sont gantés de blanc ainsi que pour le bal,
Et commandent, tandis que leur fougueux cheval,
Se rappelant sans doute une ancienne victoire,
Secoue avec orgueil son mors dans sa mâchoire.
Et plus que tous ceux-là l’enfant admire encor
Le plus jeune, qui n’a qu’une aiguillette d’or
Et marche dans les rangs ainsi qu’une recrue,
Mais qui semble toujours à la foule accourue
Le plus heureux, le plus superbe et le plus beau,
Car il porte les plis somptueux du drapeau.
Le régiment défile, et l’enfant s’extasie.
Craintif et se tenant à la jupe saisie
De sa mère, il admire, avide et stupéfait,
Et tremble. Mais alors celle-ci, qui rêvait,
Le regarde, et soudain elle devient peureuse.
La pauvre femme, qui naguère était heureuse
Que pour son fils ce beau régiment paradât,
Craint maintenant qu’il veuille un jour être soldat ;
Et même, bien avant que ce soupçon s’achève,
Son esprit a conçu l’épouvantable rêve
D’un noir champ de bataille où dans les blés versés,
Sous la lune sinistre, on voit quelques blessés,
Qui, mouillés par le sang et la rosée amère,
Se traînent sur leurs mains en appelant leur mère,
Puis qui s’accoudent, puis qui retombent enfin ;
Et, seuls debout alors, des chevaux ayant faim
Qui, baissant vers le sol leurs longs museaux avides,
Broutent le gazon noir entre les morts livides !
Elle entraîne son fils ; elle a le cœur glacé.
Et, bien que le brillant régiment soit passé
Et qu’au coin du faubourg tourne l’arrière-garde,
L’enfant se plaint tout bas, et résiste, et regarde
Son rêve qui s’enfuit, espérant voir encor
Là-bas, dans la poussière, une étincelle d’or,
Et détestant déjà les amis et les mères
Qui nous tirent loin des dangers et des chimères.
il y a 10 mois
François Coppée
@francoisCoppee
Le Père Il rentrait toujours ivre et battait sa maîtresse.
Deux sombres forgerons, le Vice et la Détresse,
Avaient rivé la chaîne à ces deux malheureux.
Cette femme était chez cet homme – c’est affreux ! –
Seulement par l’effroi de coucher dans la rue.
L’ivrogne la trouvait toujours aigre et bourrue
Le soir, et la frappait. Leurs cris et leurs jurons
Faisaient connaître l’heure aux gens des environs.
Puis c’était un silence effrayant dans leur chambre.
– Un jour que par l’horreur, par la faim, par décembre,
Ce couple épouvantable était plus assailli,
Il leur naquit un fils, berceau mal accueilli,
Humble front baptisé par un baiser morose,
Hélas ! et qui n’était pas moins pur ni moins rose.
L’homme revint encore ivre le lendemain,
Mais, s’arrêtant au seuil, ne leva point la main
Sur sa femme, depuis que c’était une mère.
Le regard noir de haine et la parole amère,
Celle-ci se tourna vers son horrible amant
Qui la voyait bercer son fils farouchement,
Et, raillant, lui cria :
« Frappe donc ! Qui t’arrête ?
Notre homme, j’attendais ton retour. Je suis prête.
L’hiver est-il moins dur ? le pain est-il moins cher ?
Dis ! et n’es-tu pas ivre aujourd’hui comme hier ? »
Mais le père, accablé, ne parut point l’entendre,
Et, fixant sur son fils un œil stupide et tendre,
Craintif, ainsi qu’un homme accusé se défend,
Il murmura :
« J’ai peur de réveiller l’enfant ! »
il y a 10 mois
François Coppée
@francoisCoppee
Les trois oiseaux J’ai dit au ramier : – Pars et va quand même,
Au delà des champs d’avoine et de foin,
Me chercher la fleur qui fera qu’on m’aime.
Le ramier m’a dit : – C’est trop loin !
Et j’ai dit à l’aigle : – Aide-moi, j’y compte,
Et, si c’est le feu du ciel qu’il me faut,
Pour l’aller ravir prends ton vol et monte.
Et l’aigle m’a dit : – C’est trop haut !
Et j’ai dit enfin au vautour : – Dévore
Ce coeur trop plein d’elle et prends-en ta part.
Laisse ce qui peut être intact encore.
Le vautour m’a dit : – C’est trop tard !
il y a 10 mois
G
Gaston Couté
@gastonCoute
Jour de lessive Je suis parti ce matin même,
Encor soûl de la nuit mais pris
Comme d’écœurement suprême,
Crachant mes adieux à Paris…
Et me voilà, ma bonne femme,
Oui, foutu comme quatre sous…
Mon linge est sale aussi mon âme…
Me voilà chez nous !
Ma pauvre mère est en lessive…
Maman, Maman,
Maman, ton mauvais gâs arrive
Au bon moment !…
Voici ce linge où goutta maintes
Et maintes fois un vin amer,
Où des garces aux lèvres peintes
Ont torché leurs bouches d’enfer…
Et voici mon âme, plus grise
Des mêmes souillures – hélas !
Que le plastron de ma chemise
Gris, rose et lilas…
Au fond du cuvier, où l’on sème,
Parmi l’eau, la cendre du four,
Que tout mon linge de bohème
Repose durant tout un jour…
Et qu’enfin mon âme, pareille
A ce déballage attristant,
Parmi ton âme – à bonne vieille !
Repose un instant…
Tout comme le linge confie
Sa honte à la douceur de l’eau,
Quand je t’aurai conté ma vie
Malheureuse d’affreux salaud,
Ainsi qu’on rince à la fontaine
Le linge au sortir du cuvier,
Mère, arrose mon âme en peine
D’un peu de pitié !
Et, lorsque tu viendras étendre
Le linge d’iris parfumé,
Tout blanc parmi la blancheur tendre
De la haie où fleurit le Mai,
Je veux voir mon âme, encor pure
En dépit de son long sommeil
Dans la douleur et dans l’ordure,
Revivre au Soleil !…
il y a 10 mois
G
Gianluca Stival
@gianlucaStival
J'en avais marre C'était fatigant.
C'était vraiment insatisfaisant d'avoir eu ce coup de cœur-la.
C'était décevant d'avoir cru que cela m'aurait envahi de joie.
Si j'aurais su de cette future insatisfaction,
je n'aurais jamais payé ma personne de bon temps.
C'est seulement question d'espoir.
J'ai perdu tout espoir.
Irrémédiablement.
L'inévitable est arrivé.
Elle se comportait comme si j'étais imperceptible.
Invisible. Abstrait.
En vivant dans un feint monde corporel.
Quand elle me touchait, je sentais le paradis,
sa touche tait vraiment douce
même si elle ne savait d’être
la chérie que je haïssais.
Dorénavant, elle ne me frisera plus
et je persisterai à ne pas avoir marre.
il y a 10 mois
G
Grégory Rateau
@gregoryRateau
Elle est là Elle est là
l’angoisse glissée entre tes doigts
celle qui déclenche Le geste
aligne les mots
dans un ordre préexistant
à ta naissance
où tous les soleils te reconnaissent
Sans Elle
c’est la sensation d’une faim démoniaque
et ces perceptions glauques
durant cette nuit définitive
mais comment renouer avec la Muse ?
regagner ce territoire solaire
entre ton carnet vide et ce cendrier plein de poèmes
il y a 10 mois
G
Grégory Rateau
@gregoryRateau
Exil Je ne suis plus d’ici
Lieu de transit
Comptoir d’un hôtel
Baie vitrée panoramique
Les silhouettes tournent
Et me reviennent
La ville les appelle
Vivre vite
Ne plus chercher un visage en particulier
J’ai échoué en suivant des ombres
Dans les impasses de l’amitié
Alors je me glisse dans la première valise venue
Retiens mon souffle
Bringuebalé aux douanes du hasard
En passe-muraille de mon époque
Je rentre peut-être chez moi
il y a 10 mois
Guillaume Apollinaire
@guillaumeApollinaire
Silence bombardé Silence bombardé par les froides étoiles
Ô mon amour tacite et noir
Lamente-toi, puis soudain éclate en sanglots…
Là-bas, voici les blanches voiles
Des projecteurs jetés aux horizons d’espoir
Où la terre est creusée ainsi que sont les flots.
Adieu la nuit !
Tous les oiseaux du monde
Ont fait leur nid
Et chante à la ronde
Ptit Lou, je connais bien malgré tout ta douceur
En suivant le Printemps tous les jours sur la route
En me baignant le front dans cette ombreuse odeur
Qui me vient des jardins où je te revois toute.
Ainsi je gagnerai le grand cœur embaumé
De l’univers tiède et doux comme ta bouche
Et son tendre visage au bout de la mi-mai
S’offre à moi tout à coup langoureux sur sa couche
De pétales d’iris, de grappes de lilas.
Ptit Lou d’Amour je sens à mon cou tes bras roses :
Cette île de corail qui sort de tes yeux las
Et que sur l’océan de l’Amour tu disposes.
« Tu me demandes trop d’aimer sans être aimé
Tu me demande trop peut-être »…
Disait en souriant le doux soleil de mai
À la belle fenêtre
« Tu veux que chaque jour
Les longs rayons de mon amour
T’illuminent, mon cœur, ainsi qu’une caresse
Et toi ,toi que me donnes-tu ?»
« Turlututu
Dit la fenêtre
Écoute-moi soleil mon maître
Je ne suis belle que par toi
J’existe par ta lumière,
À part l’obscurité de la chambre, ma foi
Je ne possède rien de rien; pénètre-moi
Et tout à coup je deviens belle et je suis claire.»
Ainsi, ma tendre Lou, parlèrent le Soleil
Et la sombre fenêtre.
Soudain ce fut la nuit, Il vint à disparaître
Elle mourut aussi dans un obscur sommeil
Comme un Phénix Il renaquit toujours pareil
Et son amant La vit renaître…
À cette fable il ne faut pas
Chercher une morale…
J’entends du bruit : ce sont les rats qui pas à pas
Tournent autour de ma cabane en la nuit pâle
Tournent en rond…
Et je te baise
Sur ton beau sein fait d’une rose et d’une fraise
Et tu me baises sur le FRONT
Courmelois, le 17 mai 1915
il y a 10 mois
Guillaume Apollinaire
@guillaumeApollinaire
À mon tiercelet Terrible Aquilan de Mayogre,
Il me faudrait un petit noc
Car j’ai faim d’amour comme un ogre
Et je ne trouve qu’un faucon !!
Courmelois, le 23 juin 1915
il y a 10 mois
Guy de Maupassant
@guyDeMaupassant
Terreur Ce soir-là j’avais lu fort longtemps quelque auteur.
Il était bien minuit, et tout à coup j’eus peur.
Peur de quoi ? je ne sais, mais une peur horrible.
Je compris, haletant et frissonnant d’effroi,
Qu’il allait se passer une chose terrible…
Alors il me sembla sentir derrière moi
Quelqu’un qui se tenait debout, dont la figure
Riait d’un rire atroce, immobile et nerveux :
Et je n’entendais rien, cependant. O torture !
Sentir qu’il se baissait à toucher mes cheveux,
Et qu’il allait poser sa main sur mon épaule,
Et que j’allais mourir au bruit de sa parole !…
Il se penchait toujours vers moi, toujours plus près ;
Et moi, pour mon salut éternel, je n’aurais
Ni fait un mouvement ni détourné la tête…
Ainsi que des oiseaux battus par la tempête,
Mes pensers tournoyaient comme affolés d’horreur.
Une sueur de mort me glaçait chaque membre,
Et je n’entendais pas d’autre bruit dans ma chambre
Que celui de mes dents qui claquaient de terreur.
Un craquement se fit soudain ; fou d’épouvante,
Ayant poussé le plus terrible hurlement
Qui soit jamais sorti de poitrine vivante,
Je tombai sur le dos, roide et sans mouvement.
il y a 10 mois
Gérard de Nerval
@gerardDeNerval
Sur le pays des chimères Sur le pays des chimères
Notre vol s’est arrêté :
Conduis-nous en sûreté
Pour traverser ces bruyères,
Ces rocs, ce champ dévasté.
Vois ces arbres qui se pressent
Se froisser rapidement ;
Vois ces roches qui s’abaissent
Trembler dans leur fondement.
Partout le vent souffle et crie !
Dans ces rocs, avec furie,
Se mêlent fleuve et ruisseau ;
J’entends là le bruit de l’eau,
Si cher à la rêverie !
Les soupirs, les voeux flottants,
Ce qu’on plaint, ce qu’on adore…
Et l’écho résonne encore
Comme la voix des vieux temps,
Ou hou ! chou hou ! retentissent ;
Hérons et hiboux gémissent,
Mêlant leur triste chanson ;
On voit de chaque buisson
Surgir d’étranges racines ;
Maigres bras, longues échines ;
Ventres roulants et rampants ;
Parmi les rocs, les ruines,
Fourmillent vers et serpents.
À des noeuds qui s’entrelacent
Chaque pas vient s’accrocher !
Là des souris vont et passent
Dans la mousse du rocher.
Là des mouches fugitives
Nous précèdent par milliers,
Et d’étincelles plus vives
Illuminent les sentiers.
Mais faut-il à cette place
Avancer ou demeurer ?
Autour de nous tout menace,
Tout s’émeut, luit et grimace,
Pour frapper, pour égarer ;
Arbres et rocs sont perfides ;
Ces feux, tremblants et rapides,
Brillent sans nous éclairer !…
il y a 10 mois
H
Hubert-Tadéo Félizé
@hubertTadeoFelize
A l’intérieur de mon âme Toujours dans mes pensées, et votre voix rêvée,
Toujours je vous perçois dans ma photographie,
Vous êtes cette voix qui éclaire mon lit,
Vous êtes cet esprit qui veille à mes côtés !
Innocence perdue dans les couloirs du temps,
A travers mes écrits je vous mentionne encore,
D’une goutte de sang, j’ai délié le vent,
Où vos cendres, hier, détachées de vos corps,
Se sont amalgamées dans l’iris de mes yeux,
Vous pensiez à la fin, je pensais au départ !
En vos noms je chéris l’amour si pernicieux.
Celui que l’on n’oublie jamais dans notre cœur,
Alors, détrompez-vous ! Père et Mère, au liard
De votre jeu cruel je lutte avec ferveur !
il y a 10 mois
I
Isaac Lerutan
@isaacLerutan
Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ? Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube
et nous empoisonner dès le premier frisson ?
Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ?
Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ?
Mais que font les vieux anges autour des ventres ronds ?
Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ?
Est-ce le sage assassin que le monde saborde
ou chassons-nous fatalement nos lendemains ?
Martyrs ou baladins enrôlés dans la horde
Violerons-nous les lois de ces dieux trop humains ?
Pourquoi le ciel se doit de nous couper de l’aube ?
il y a 10 mois
I
Isaac Lerutan
@isaacLerutan
Tragique farandole aux mélodies arides Entendez-vous ce cri ? Inclassable, mouvant
Il vient de ces déserts que la pluie assassine
comme pour mieux saluer les richesses d’antan
Mais quel est cet insigne extérieur à vos lèvres
qui retourne les vases en non-communiquant ?
il n’est répartitions de vos musiques brèves
que si vos douces fleurs enfantaient des piquants !
Attachez-moi sans vie ! Que le sort me déchaîne
par la magie sournoise du destin pénitent
Je ne veux de l’enfer qu’emprisonner sa plèvre
et d’un accord furieux me noyer en son sang
il y a 10 mois
J
Jacques Viallebesset
@jacquesViallebesset
Le coeur d’une femme Je ne veux pas pour toi les déchirures des ronces
Ni les étangs glauques des illusions ou l’on s’enfonce
Efface de ton âme les noirs tourbillons
Une étoile flamboie au milieu de ton front
Abandonne les cauchemars au fond de leur nuit
L’amertume blême de la tristesse est un désert
Je veux un ciel clair et des poitrines au cœur chantant
Des poumons vibrant comme des arbres en plein vent
Je ne veux pas pour toi l’ombre portée de la souffrance
Sur le pur visage embué de ton enfance
Arraches de toi les barreaux de la cage
Le fardeau de douleur est un trop lourd bagage
La vie est là qui frémit et palpite dans là sève
Chaude vie plus forte que les illusions
Une vie jamais vécue voilà ce que je veux
Où les oiseaux viennent chanter dans tes cheveux
Je ne veux pas pour toi l’étendue du dérisoire
Ni les lèvres murées par tant de pierres noires
Tu as trop arpenté déjà les labyrinthes du malheur
Pour qu’enfin ton cœur soit parsemé de fleurs.
il y a 10 mois
Jean de La Fontaine
@jeanDeLaFontaine
La fille Certaine fille un peu trop fière
Prétendait trouver un mari
Jeune, bien fait et beau, d’agréable manière.
Point froid et point jaloux ; notez ces deux points-ci.
Cette fille voulait aussi
Qu’il eût du bien, de la naissance,
De l’esprit, enfin tout. Mais qui peut tout avoir ?
Le destin se montra soigneux de la pourvoir :
Il vint des partis d’importance.
La belle les trouva trop chétifs de moitié.
Quoi moi ? quoi ces gens-là ? l’on radote, je pense.
A moi les proposer ! hélas ils font pitié.
Voyez un peu la belle espèce !
L’un n’avait en l’esprit nulle délicatesse ;
L’autre avait le nez fait de cette façon-là ;
C’était ceci, c’était cela,
C’était tout ; car les précieuses
Font dessus tous les dédaigneuses.
Après les bons partis, les médiocres gens
Vinrent se mettre sur les rangs.
Elle de se moquer. Ah vraiment je suis bonne
De leur ouvrir la porte : Ils pensent que je suis
Fort en peine de ma personne.
Grâce à Dieu, je passe les nuits
Sans chagrin, quoique en solitude.
La belle se sut gré de tous ces sentiments.
L’âge la fit déchoir : adieu tous les amants.
Un an se passe et deux avec inquiétude.
Le chagrin vient ensuite : elle sent chaque jour
Déloger quelques Ris, quelques jeux, puis l’amour ;
Puis ses traits choquer et déplaire ;
Puis cent sortes de fards. Ses soins ne purent faire
Qu’elle échappât au temps cet insigne larron :
Les ruines d’une maison
Se peuvent réparer ; que n’est cet avantage
Pour les ruines du visage !
Sa préciosité changea lors de langage.
Son miroir lui disait : Prenez vite un mari.
Je ne sais quel désir le lui disait aussi ;
Le désir peut loger chez une précieuse.
Celle-ci fit un choix qu’on n’aurait jamais cru,
Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse
De rencontrer un malotru.
il y a 10 mois
J
Jean-Charles Dorge
@jeanCharlesDorge
Heureux le bon Rêvez, poussins de l’univers,
Aux doux parfums des fleurs champêtres…
Rangez vos armes de pervers
Tuant le plus beau de votre être !
Pauvres enfants, avez-vous su
Jamais combien l’amour transforme
Un combat de jiu-jitsu
En une danse hors la norme ?
Et vous « gros durs », terreurs des rues,
Songez un peu que l’avenir
Ferme sa porte à votre vue,
Car il ne peut que vous punir !
Heureux le bon, celui qui donne,
Car il ne vole qu’à l’air pur :
On l’aimera pour sa personne
Quand le méchant va droit au mur !
il y a 10 mois
J
Jean-Pierre Villebramar
@jeanPierreVillebramar
Estuaires A celle qui m’a dit : « tu mourras seul »
« ese pájaro come a grandes picotazos el silencio
luego alzará el vuelo
cet oiseau mange à grands coups de bec le silence
puis il se mettra à voler »
Victor Rodriguez Nuñez, Cuba
la scène représente un humain présumé poète
un public présumé public
un monde présumé monde
« je me confesse à toi, mon public
qui attendais de la poésie apaisement et rêve
ma poésie est violence et plongée dans les ténèbres de la vie
car la vie est d’abord ténèbres
d’abord angoisse
d’abord peur de vivre
je me confesse à toi, mon public
qui aspirais à l’apaisement des mots
ma poésie est l’inquiétude de l’aube
quand les oiseaux dorment encore, mais disparu l’éclat de la lune
et le soleil nous a abandonnés sans au-revoir.
À toi mon public, qui croyais à l’amour
ma poésie cherchait l’amour
ma poésie cherchait le sourire
et l’abandon dans la folie d’être deux
mais ma compagne a dit : tu mourras seul
devant la grande barrière des montagnes
et depuis me serre à la gorge l’angoisse de la mort.
Je me confesse à toi, mon public, qui attends la joie
ma poésie est le contraire de la joie
ma poésie est jouissance éphémère
soupirs volés dans la pénombre d’une nuit d’été
ma poésie est silence.
À toi, mon public, qui attendais la Sagesse,
ma poésie est folie
errance sur les fleuves de la nuit
en quête d’insaisissables estuaires »
la scène était un humain présumé poète
la scène était un public présumé public
la scène était un monde présumé monde
il y a 10 mois
J
Jean-Pierre Villebramar
@jeanPierreVillebramar
Océane « lo único que existe es lo que nombro: un cuerpo y otro
y el aire de verano.
Cuando no sople más, quedará a vista la tierra y el mundo tal cual es.
Sin caricias.
la seule chose qui existe est ce que je nomme : un corps et un autre
et l’air de l’été.
Quand il cessera de souffler, on ne verra que la terre
et le monde tel qu’il est.
Sans tendresse. »
Tatiana Oroño
Amie, guéris-moi du siècle.
Bombes sur Hanoï.
Dien Bien Phu.*
Amie, guéris-moi du temps des plages
de l’été cinquante-quatre,
dis-moi que jamais tu n’entendis parler
de Stalingrad, d’Okinawa, d’Omaha Beach
ni des massacres de Canton.
Des blanches ruelles de la bataille d’Alger.
Du crime ineffaçable, Hiroshima mon amour.
Ni du mystère sauvage des Illuminés de Dieu.
Guéris-moi des Noces de Sang.
Vois comme l’océan est paisible,
léger le vol des mouettes,
et doux le sable blond où nous dormons.
Amie, guéris-moi des blessures du corps,
donne-moi le miel de ton ventre,
le profond de ta forêt.
Montre-moi le regard
d’un garçon aux boucles brunes,
dis-lui combien vaste est le monde,
hardies les Caravelles.
Amour, guéris-moi du monde.
Donne-moi le miel de ton ventre,
le profond de ta forêt.
Villebramar, 2017
il y a 10 mois
Joachim du Bellay
@joachimDuBellay
Chant du désespéré La Parque si terrible
A tous les animaux,
Plus ne me semble horrible,
Car le moindre des maux,
Qui m’ont fait si dolent,
Est bien plus violent.
Comme d’une fontaine
Mes yeux sont dégouttants,
Ma face est d’eau si pleine
Que bientôt je m’attends
Mon coeur tant soucieux
Distiller par les yeux.
De mortelles ténèbres
Lis sont déjà noircis,
Mes plaintes sont funèbres,
Et mes membres transis
Mais je ne puis mourir,
Et si ne puis guérir.
La fortune amiable
Est ce pas moins que rien ?
O que tout est muable
En ce val terrien !
Hélas, je le connais
Que rien tel ne craignais.
Langueur me tient en laisse,
Douleur me fuit de près,
Regret point ne me laisse,
Et crainte vient après
Bref, de jour, et de nuit,
Toute chose me nuit.
La verdoyant’ campagne,
Le fleuri arbrisseau,
Tombant de la montagne,
Le murmurant ruisseau,
De ces plaisirs jouir
Ne me peut réjouir.
La musique sauvage
Du rossignol au bois
Contriste mon courage,
Et me déplaît la voix
De tous joyeux oiseaux,
Qui sont au bord des eaux.
Le cygne poétique
Lors qu’il est mieux chantant,
Sur la rive aquatique
Va sa mort lamentant.
Las ! tel chant me plaît bien,
Comme semblable au mien.
La voix répercussive
En m’oyant lamenter
De ma plainte excessive
Semble se tourmenter,
Car cela que j’ai dit
Toujours elle redit.
Ainsi la joie et l’aise
Me vient de deuil saisir,
Et n’est qui tant me plaise
Comme le déplaisir.
De la mort en effet
L’espoir vivre me fait.
Dieu tonnant, de ta foudre
Viens ma mort avancer,
Afin que soie en poudre
Premier que de penser
Au plaisir que j’aurai
Quand ma mort je saurai.
il y a 10 mois
J
Jules Delavigne
@julesDelavigne
Le cauchemar Vers le vide
il se précipite, cet homme
dans les rues de cette ville sans nom
Sous un ciel rouge de flammes, de bruits
il ne s’arrête pas pour regarder autour de lui
il n’a pas le temps
Un cri, «tourne vite
non, pas par-là
vite! rejoins les autres, quels autres?»
Tête basse, il suit les lignes
il suit son ombre
ne voyant même pas les bâtiments sur le coté
Il n’entend que cette voix qui lui dit
«cours, vas-y, plus vite»
Le son d’acier qui frappe les murs
frappe encore dans sa tête
Est-ce qu’ils sont là? il ne le sait pas
Il continue comme une bête
c’est le renard coincé par des chiens
qui veulent le déchiqueter
Il a peur
Il entre vite dans le jardin
les arbres le soulagent
ils filtrent la lumière éclatante, éblouissante
L’herbe mouillée lui fait penser à des jours plus tranquilles
Il ferme les yeux, tout se calme
mais ces couleurs, ces bruits, pèsent sur lui
Il entend toujours cette voix qui lui dit
«vas-y plus vite, cours, cours, cours»
Puis il la sent dans toute sa richesse
doucement lui percer la peau, la chair, le cœur
Petit à petit le film se ralentit devant ses yeux
et il se réjouit
Tout s’engourdit en lui
tout devient plus beau
il y a 10 mois
K
Kamal Zerdoumi
@kamalZerdoumi
Adversaire Comme dans le fameux conte
de Poe le visionnaire
à l’abri de ce qu’ils croyaient être
leur forteresse
ses personnages ne purent sauver
leur peau :
la peste était parmi eux
cette maladie du manque
d’amour
qui aujourd’hui éclate
au grand jour
qui vous ordonne le confinement
pour de l’individualisme
goûter aux raffinements
et de la peur multiforme
connaître les délires
devenir les forçats
d’ordres
venus de l’Olympe médiatique
et étatique
Pourtant il suffirait de laisser la parole
à nos coeurs
pour voir que l’invisible ennemi
est l’absence
d’humaine chaleur
il y a 10 mois
K
Kamal Zerdoumi
@kamalZerdoumi
Exotisme Ils nous ont arrachés nus
aux bras de la forêt nourricière
pour nous exposer aux regards
de Blancs bien vêtus
Dans cette ville Paris
pourquoi ce froid
ces bruits
Une fillette de deux ans et demi
est morte
Nous l’avons enveloppée
dans des peaux
À présent elle dort
tout près du zoo
où nous attirons les foules
Bientôt leurs virus
nous aurons décimés
Le jour croit pouvoir
se passer de la nuit
et le Blanc du Noir
Sachez que votre double
de couleur
lui aussi
appartient au genre humain
et qu’un monstre vit
sous chaque masque blanc
il y a 10 mois
K
Kamal Zerdoumi
@kamalZerdoumi
Maladie Déserts
une vie d’où s’effacent
les visages
une mémoire sans ce passé
magnifié ou maudit
un présent hors du temps
la silencieuse anarchie
et la danse macabre
de l’absence de repères
Alzheimer un nom
pour définir
l’indéfinissable
ce supplice inconscient
d’identités dévastées
cette étrange agonie
de n’être plus personne
il y a 10 mois
K
Kamal Zerdoumi
@kamalZerdoumi
Tension La bête ivre de douleur
tire sur sa chaîne
sa pesanteur
à la vue de l’éternel passage
des oiseaux, du vent
et des nuages
Son imagination les suit
battements d’ailes, souffle
où formes étranges
Ainsi naît le poète
entre impossible essor
et élévation
Esclave du sort
affranchi de la mort
il y a 10 mois
L
Laetitia Sioen
@laetitiaSioen
Clando destin Sombre tristesse à l’aube de la décadence
Un bout de trottoir comme terre d’asile,
Seul refuge d’un espoir.
Dans cette jungle de marchandage on abat des humains.
Les frontières se dressent comme les murs d’une prison.
Après avoir parcouru les mers, les montagnes, les campagnes, les villes,
Mon ami de passage est un ennemi sans papiers.
On a arraché ses racines et violé son innocence,
Coupable de vivre en recherche d’une terre d’accueil.
Regarde l’ami Clandestin,
C’est un enfant du monde,
Pour une seule nation.
il y a 10 mois
L
Laetitia Sioen
@laetitiaSioen
Insomnie Insomnie au bord du lit,
Quand je partage mes états d’âme,
Immobile, je digère mes pensées.
Des histoires à dormir debout,
Du moulin à paroles dans ma tête,
Mes tourmentes qui tourbillonnent,
Dans mon esprit je m’envole,
Un pas de trop, je perds pieds,
Tours et tournelles de tourterelles,
La tourmente m’écoeure.
Glisser entre les draps froissés,
Plonger dans la pesanteur du matelas molletonné,
Une minute de silence m’apaise.
soliste au bord du Nil,
la ville enchantée plongée dans la nuit est le miroir de mon mirage.
Les prémisses du matin déjà me narguent.
La trace de l’oreiller tatoue ma joue d’une nuit mouvementée.
Mon petit coeur mou broyé s’éveille pour une nouvelle journée.