splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Angoisse

112 poésies en cours de vérification
Angoisse

Poésies de la collection angoisse

    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Le cri Vois-tu ? Vois-tu ce qui sommeille en moi ? Vois-tu l’eau qui a coulé sous mes pieds ? Vois-tu mes mains qui inspirent ? Vois-tu mes yeux dans les tiens ? Vois-tu ma bouche qui dicte mes mots ? Vois-tu la création dans ma tête ? Vois-tu mon mur d’expression ? Vois-tu les murmures de mes maux ? Vois-tu mes larmes qui coulent en silence ? Vois-tu mon coeur qui bat la mesure de mon âme ? Vois-tu le cri de mon être ? Vois-tu la liberté qui coule dans mes veines ? Vois-tu la femme que je suis ?

    en cours de vérification

    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Les invisibles Les invisibles Dans leurs nids de poule Les âmes égarées Le visage masqué Les voisins anonymes Sont-ils en train de se noyer Dis-moi Que penses-tu Qu’as-tu vu Du loup, des leurres À côté de leurs vies Sous leurs yeux clos Crois-tu qu’un jour Ils verrons la lumière Dans l’or du temps Lors de l’art entrant Ils chanteront à coup de vent Quand les fenêtres s’ouvriront Quand les portes s’offriront À l’étranger qui passe Aux âmes escarpées À l’inconnu qui foule Les chemins de travers À nouveau faut-il aller À vivre ivre faut-il bouger À vivre libre faut-il le dire

    en cours de vérification

    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    Les voies du futur… Les voies du Futur… Je refais très souvent un rêve qui me ronge, Dans un lointain futur, mais est-il si lointain ? Je vois une planète qui souffre et qui se plaint, Et dont la seule idée, dans l’angoisse me plonge. Une Terre peuplée d’étranges créatures, Qui cherchent à survivre et à calmer leur faim, Dans leurs pauvres haillons, reste-t-il de l’humain ? Quand des ventres affamés cherchent leur nourriture ! Ce monde, c’est celui qui jadis nous porta, À présent il est mort, et le sol est stérile, Après un conflit nucléaire imbécile, Qui foudroya les hommes, puis les empoisonna. Des survivants, il en eut, c’est certain, Mais leurs corps dévorés par la lèpre atomique, Ont alors corrompu leur code génétique, Et les êtres qui naissent de l’homme, n’ont plus rien. Ha oui, je voudrais tant que ce ne soit qu’un rêve, Et que ce cauchemar soit toujours démenti, En face de l’enfer, l’homme ait enfin compris, Et alors pour toujours, que les guerres s’achèvent… 14 octobre 1983

    en cours de vérification

    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    État d’âme… État d’âme… Dans de ternes soirées, ou mes pensées allaient, J’ai souvent ressenti l’obsession déprimante, Que nous étions sur Terre, que pantins et jouets, Croyant être pourtant, volonté agissante. Dans l’inconscient profond qui est notre nature, Sommes-nous donc marqués par le sceau du destin, Ou bien, sous l’influence d’une entité obscure, Nous acheminons-nous, un peu plus vers la fin. Car comment expliquer la folie permanente, Poussant l’humanité, toujours à se munir, Contre toutes raisons, d’armes terrifiantes, Compromettant toujours un peu plus l’avenir. Les idéologies, les complaintes et paroles, Qu’au gré du vent chacun, délivre à loisir, Pour faire admettre le bénéfique rôle, Qu’auront ces armes à nous faire mourir ! Sommes-nous donc sur terre pour nous entre-tuer ? Faut-il toujours laisser la parole aux guerres, N’y a-t-il pas de place pour la fraternité, Quand deux hommes sur trois ont faim sur cette Terre ! Que sommes-nous pourtant au vu de l’Univers, Nous devrions réagir en tant que race humaine, Afin que dans le froid où la Terre se perd, Les étoiles apparaissent comme un peu moins lointaines… 20 janvier 1981

    en cours de vérification

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Élan mystique Alors j’avais quinze ans. Au sein des nuits sans voiles, Je m’arrêtais pour voir voyager les étoiles Et contemplais trembler, à l’horizon lointain, Des flots où leur clarté jouait jusqu’au matin. Un immense besoin de divine harmonie M’entraînait malgré moi vers la sphère infinie, Tant il est vrai qu’ici cet autre astre immortel, L’âme, gravite aussi vers un centre éternel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mais, tandis-que la nuit marchait au fond des cieux, Des pensers me venaient, graves, silencieux, D’avenir large et beau, de grande destinée, D’amour à naître encor, de mission donnée, Vague image, pour moi, pareille aux flots lointains De la brume où nageaient mes regards incertains. — Aujourd’hui tout est su ; la destinée austère N’a plus devant mes yeux d’ombre ni de mystère, Et la vie, avant même un lustre révolu, Garde à peine un feuillet qui n’ait pas été lu. Humble et fragile enfant, cachant en moi ma flamme, J’ai tout interrogé dans les choses de l’âme. L’amour, d’abord. Jamais, le cœur endolori, Je n’ai dit ce beau nom sans en avoir souri. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Puis j’ai soudé la gloire, autre rêve enchanté, Dans l’être d’un moment instinct d’éternité ! Mais pour moi sur la terre, où l’âme s’est ternie, Tout s’imprégnait d’un goût d’amertume infinie. Alors, vers le Seigneur me retournant d’effroi, Comme un enfant en pleurs, j’osai crier : « Prends-moi ! Prends-moi, car j’ai besoin, par delà toute chose, D’un grand et saint espoir où mon cœur se repose, D’une idée où mon âme, à qui l’avenir ment, S’enferme et trouve enfin un terme à son tourment. » Paris, 1832.

    en cours de vérification

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Adieux a la Poésie Mes pleurs sont à moi, nul au monde Ne les a comptés ni reçus ; Pas un œil étranger qui sonde Les désespoirs que j'ai conçus. L'être qui souffre est un mystère Parmi ses frères ici-bas ; Il faut qu'il aille solitaire S'asseoir aux portes du trépas. J'irai seule et brisant ma lyre, Souffrant mes maux sans les chanter ; Car je sentirais à les dire Plus de douleur qu'à les porter. Paris, 1835.

    en cours de vérification

    Louise Labé

    Louise Labé

    @louiseLabe

    Je vis, je meurs Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; J'ai chaud extrême en endurant froidure : La vie m'est et trop molle et trop dure. J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout à un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure ; Mon bien s'en va, et à jamais il dure ; Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène ; Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine.

    en cours de vérification

    L

    Louise Siefert

    @louiseSiefert

    Angoisse Il est malade, il souffre et je ne puis rien faire, Rien pour le soulager, rien même pour lui plaire. Je n’ose m’informer tout haut de sa santé ; L’intérêt que j’y prends serait interprété. J’ai peur de l’irriter par ma sollicitude, Et Dieu sait cependant si mon inquiétude N’est pas cent fois plus vive à la cacher ainsi ! Hélas ! veiller sur moi, feindre encor, quel souci ! N’être pas toute à lui, quand mon unique envie Eût été pour jamais de lui donner ma vie, Quel supplice cruel ! — Je m’y résigne mieux Lorsque alerte et dispos il est moins soucieux. Mais le savoir tout seul, si malade et si triste, Ayant besoin de moi sans que, moi, je l’assiste, Oh ! ma force est vaincue et mon cœur déchiré ! Grâce aujourd’hui, mon Dieu ! j’en ai trop enduré. Peut-être je ferais par mes soins, ma tendresse Ce que les autres n’ont pas fait. Une caresse, Un murmure, un regard doux et compatissants A calmer la douleur sont souvent si puissants ! Un sourire… qui sait ce que peut un sourire ? Oh ! je le guérirais, l’amour a tant d’empire, L’amour !… il n’y croit point, je le sais aujourd’hui, Mais que m’importe à moi, je ne pense qu’à lui ! Il est malade, il souffre et je ne puis rien faire, Rien pour le soulager, rien même pour lui plaire. S’il s’arrête un instant lorsqu’il vient à passer, En silence, je sens mes larmes s’amasser Et me brûler le cœur en tombant goutte à goutte. Quel que soit le tourment que j’y trouve sans doute, Ah ! je préfère encor l’entendre, lui parler, Prendre ma faible part de ses peines, mêler A ses soupirs les miens, trembler pour lui, le plaindre, Chercher dans l’avenir ce que nous devons craindre (Car c’est presque un lien qu’un même désespoir), Et, malgré tout, je sens qu’il m’est doux de le voir. J’eusse été loin d’ailleurs, l’amour m’eût avertie Comme il a toujours fait par une sympathie Étrange à concevoir en sa réalité. Et dans quel trouble affreux n’eussé-je pas été ? Avec ce doute au cœur, loin de lui, sans nouvelles, Mes angoisses alors eussent été mortelles. Quoi donc ! dois-je étouffer de trop justes regrets ? Mais le pourrai-je, ô Dieu ! lorsque je le voudrais ? Il est malade, il souffre et je ne puis rien faire, Rien pour le soulager, rien même pour lui plaire.

    en cours de vérification

    L

    Léon Niangaly

    @leonNiangaly

    Rumeurs de pluie Des paroles de canicule ont craquelé mon cœur avant tout soleil desséchant ma gorge desséchant mes mots pour un un feu de brousse Pour un feu de brousse d'une énigme de chanson brûle la saison sèche de ma gorge en liesse sans laisser un mot de mes paroles en friche Quels chants propiatoires m'annonceront encore les rumeurs de pluie sans laisser un mot des rigueurs d'hyvernages de mes paroles en fuite.

    en cours de vérification

    Max Jacob

    Max Jacob

    @maxJacob

    Angoisses et autres J'ai peur que tu ne t'offenses lorsque je mets en balance dans mon cœur et dans mes œuvres ton amour dont je me prive et l'autre amour dont je meurs Qu'écriras-tu en ces vers ou bien Dieu que tu déranges Dieu les prêtres et les anges ou bien tes amours d'enfer et leurs agonies gourmandes Justes rochers vieux molochs je pars je reviens j'approche de mon accessible mal mes amours sont dans ma poche je vais pleurer dans une barque Sur les remparts d'Édimbourg tant de douleur se marie ce soir avec tant d'amour que ton cheval Poésie en porte une voile noire

    en cours de vérification

    M

    Maëlle Ranoux

    @maelleRanoux

    L’île belle Je fais le tour de l’île Belle, Madame, Pour trouver enfin simple repos, De l’âme. Vos voiles et vos étoles, Si douce, Me frissonnent et oserais-je… m’émoussent ? Vous oisive et vous active, Idem, le ballet de votre intense vie, parsème, sur mon esprit, mon épiderme, chaos, anarchie, pulsions folles et indicibles quêtes de votre présence, de tout votre être. Ainsi est-ce ma vie, Madame, Depuis votre entrée ici, Chère âme, Depuis que vous mêlez votre existence, Vos impertinences, A ma trouble vie de poète las, Chercheur hébété de beautés envoutantes Terriblement porté à vous, toujours, chaque jour, quel que soit le verglas, Quelles que soient les épreuves qui me hantent. Madame, qui jamais ne vîntes à l’île Belle, me voir, qui dansez sans même m’apercevoir ; Madame si belle, Madame si suave, Pour vous je marche contre le vent qui m’avale. Pour vous rendre libre, j’arrache à mon esprit, Votre présence Votre existence J’efface les traces profondes de mon troublant tourment.

    en cours de vérification

    M

    Mohammed Hachoum

    @mohammedHachoum

    Monologues inédits Le silence est le deuil du non dit Quand la parole s'égare dans les ruelles étroites du souvenir amer Dans les abattoirs des rêves étendus sur l'autel des dieux damnés Qui tracent sur les pages ténébreuses des nuits Des parcours interdits Pour nos âmes hardies perdues entre le dit et le non dit Fascinées par leurs ébats dans le lit des blessures ouvertes Qui saignent nos coeurs des histoires inédites En vers ou en prose qu'ils transcrivent sur le blanc virginal Des pages du manuscrit tombeau d'une mémoire Abysses infernaux où se laissent choir Des braises des passions et des pleurs Fleurs des âges perdus Qu'elles teintent tantôt de noir tantôt de gris Souffre et abstiens-toi, m'a-t-elle dit Transgresse les mots et les verbes, piétine-les, écris Dérobe à la vie des instants furtifs Que tu suspends aux ailes du temps chétif Aux manches longues d'une nuit Où seul le rêve s'étoile et luit Je ne suis qu'une personne qui se tue, ai-je répondu Un mordu des signes enfouis dans les plis d'une écriture Dans les entrailles d'une encre indélébile Coulant à flots d'une blessure Fruit d'une morsure Dans mes moments de folie colossale Je mets au jour des débris de mots verts Imprégnés tantôt d'amour Doux comme du velours Tantôt de tristesse innée et fatale Qui suis-je? Suis-je un érudit maudit? Non, je ne suis qu'un être sans son paraître qui déflore les interlignes Les pénètre et les dépoussière Les libère d'une accidentelle aphasie Qui apprend à tromper la vigilance du silence A se jeter entre les bras de la parole effrontée A se baigner dans sa mer immense et dentée Où sa plume trouve ses réserves de ressources Que soit exécutée la sentence! Une condamnation à la potence Pour que les mots chevauchent les rêves Munis de leur glaive Dur comme la pierre Alourdie par les larmes d'une âme fière Qui se nourrit des cendres de l'oubli Nage dans les annales d'un passé anobli Étreint par l'angoisse d'un avenir incertain Délirant radin et mutin Qui s'agrippe à mes veines pâles Où le crépuscule d'une vie râle M'avertit d'une imminente descente aux enfers Berceaux de l'univers Du regard insolent et foudroyant d'un destin De ses calculs mesquins De ses festins qui dans les airs répandent Des échos sépulcraux immondes Faits de nuages noirs De vents de décharges d'entonnoirs Qui dissipent mes désirs mes espoirs Ô monologues inédits! Ô fleurs des âges perdus! Êtes-vous un lourd fardeau? Ô plume ingrate êtes-vous le couteau Qui dissèque les lambeaux de nos rêves tordus? Êtes-vous les aveux complets de nos erreurs De nos douleurs de nos malheurs De notre sang sur les pages fondu? Mohammed Hachoum Oualidia 30 mars 2012.

    en cours de vérification

    N

    Nadia Ben Slima

    @nadiaBenSlima

    Abyssal Quand comprendras-tu? tu n’es pas ce que tu crains et les peurs ne revêtent que les âmes muettes les peines que tu repeins d’une angoisse ingénue ne valent pas le dessein promis par ta vertu Les fleurs ont soudain le parfum de ta peur et quand tu te souviens s’agite le chagrin tu en fais ta demeure des remparts de riens Quand comprendras-tu? tu es bien ce qui te plaît

    en cours de vérification

    N

    Nashmia Noormohamed

    @nashmiaNoormohamed

    La fin des mots Il arrive qu’un couple sombre, comme un bateau pris dans la tourmente, que l’orage soit si violent que le navire malmené, prenne l’eau, que les voiles tendues, que l’équipage aurait omis de régler, se détachent et que la coque se brise. La passion des premiers jours passée, la réalité nouvelle de la vie à deux, la possession de l’autre, le don de soi, les mots doux qui cimentent cette idylle rêvée, le nid d’amour se construit, peu à peu, brin par brin. Il arrive que la source se tarisse, que le flot, un temps puissant et généreux, faiblisse, que le lit de la rivière s’assèche et laisse pousser de nouvelles espèces, faute d’eau; que ces deux forces, un temps complémentaires, s’ignorent longtemps. L’amour se transforme, au gré de la vie et de ses changements, il se teinte de mille nouvelles couleurs, il se renouvelle face aux obstacles, il grandit à l’ombre des arbres centenaires; à l’abri, il s’exprime et se renforce. Il arrive que les mots se perdent, que le couple en soit réduit à parler de toutes les tracasseries des jours monotones, en s’y limitant, faute de temps; au lieu de trouver les mots justes pour s’aimer et se respecter au quotidien, il se chamaille, se querelle et se perd. On en vient à cette saison qu’on nomme la fin des mots, cette saison où le verbe est limité à des ordres, des injonctions, des instructions, des reproches. Qu’en est-il de la poésie, des mots pleins de tendresse et de désir, des messages pleins de bienveillance ? Qu’en est-il du langage du coeur, cette langue sans mots, qui s’exprime par des regards complices, des sourires admiratifs et des tendres caresses ? Quelle saison succède à la fin des mots?

    en cours de vérification

    N

    Nashmia Noormohamed

    @nashmiaNoormohamed

    La marchande d’amour Le plus vieux métier du monde, en dit-on, L’argent facile, l’argent inodore et incolore, L’engrenage grisant du commerce de soi, Cet être à l’érotisme poli, un peu marchand. La femme dite facile, celle de légère vertu, Celle que les gens aiment tant ne pas voir, Celle-là même qui connaît leurs vils secrets, Cet être prêt à se monnayer pour en vivre. Dans le silence de la nuit noire et sombre, Derrière les portes closes, les volets roses, Sous les draps fins, le cuir et la peau de chagrin, Cet être désabusé, à la fois, force et fragilité. La jeune fille innocente, celle qu’elle était, Celle devenue une femme, devenue objet, Celle rendue femme-objet, objet de désir, Cet être prêt à vivre caché, et sans rang. Quand l’humanité déserte la chaire des corps, Quand la compassion délaisse les sans coeurs, Quand la cupidité consume le fond des âmes, Cet être méconnu, bafoué, est érigé en remparts. La jeunesse exploitée, usée et abusée, Celle à qui l’on a ôté l’essence innocente, Celle à qui l’on a volé toute sa candeur, Cet être prêt à tout pour ravoir sa liberté. Prestations de rêve, charmes prometteurs, Déguisements dénudés, costumes allusifs, Masques et mascarades, dissimulant à peine, Ces mystérieuses créatures, souvent à fleur de peau, De stoïques captives, simulacres d’êtres libres, De vraies aliénées, aux faux-semblants de liberté.

    en cours de vérification

    N

    Nashmia Noormohamed

    @nashmiaNoormohamed

    Ma peine Ma peine, ma vieille amie, Douleur imperceptible, Au fond d’une abysse infinie, Ma tristesse, mon véhément reflet, Que me renvoie cette vile peine, Inénarrable sentiment désabusé, Mes sentiments, mes vacillants vassaux, Fluctuants et insaisissables, Débordements continus de flots, Mes larmes, mes vénérables alliées, Flots promptes à rompre la digue, Tendres, libres et émancipés, Mes regrets, mes vénéneux remords, Plaies ouvertes et blessures inoubliables, Infâme culpabilité rendue tendre bourreau, Mes cris, mes virulents ennemis, Aveux perdus dans l’épaisse obscurité, Chaotiques regrets et indicibles avis, Mes sanglots, mes vains sanglots, Incontrôlables aveux saccadés, Laide résonance de ces maux, Mon corps, ma vétuste armure, Jonchés d’amours et d’amitiés Maux réels et virtuelles fêlures, Mes mots, ma vibrante verve, Écrits voraces, virtuels et excessifs Interprétations confuses et brèves, Ma voix, mon velouté timbre, Tantôt confus tantôt apaisés, Note éraillée, en mal de sisymbre, Mon esprit, mon vif serviteur, Voix raisonnable et insensible à l’envie, Repaire de percutants franc-tireurs, Ma mémoire, ma volubile maîtresse, Esprit inique et insolente compagne, Bouillonnante et émotive traîtresse, Mes peurs, mes victorieuses frayeurs, Crainte de l’échec, mauvaise conseillère Insolente faiblesse menant droit à l’erreur, Ma lâcheté, ma véritable faiblesse, Symbole sans égal de tous mes abandons, Réussites avortées, réel signal de détresse, Mes défauts, mes vaseuses défaillances, Fuyants, embrumés, réels et incorrigibles, Oeuvrer sur soi sans cesse et à outrance… Mes choix, mes vertueuses résolutions, Chemins fuyants impairs, pavés de naïveté, D’immaturité, d’oublis… tristes tribulations, Mes défaites, mes vexantes pertes, Choix irresponsables, chèrement payés, Certes instructifs, édifiants casse-têtes, Mon coeur, mon vaillant protecteur, Forteresse de courage et de cran, Édifiant d’audace, mémoire de douceur. Ma vie, ma verdoyante vie, Au coeur de précieux instants passagers, Des bonheurs fugaces sitôt ternis, Mon amour, mon vagabond soupirant, Mon ami, mon amant, ma vie, mon tout, Qui m’a effleuré de ce doux sentiment.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Les corbeaux Les noirs corbeaux au noir plumage, Que chassa le vent automnal, Revenus de leur long voyage, Croassent dans le ciel vernal. Les taillis, les buissons moroses Attendent leurs joyeux oiseaux : Mais, au lieu des gais virtuoses, Arrivent premiers les corbeaux. Pour charmer le bois qui s’ennuie, Ces dilettantes sans rival, Ce soir, par la neige et la pluie, Donneront un grand festival. Les rêveurs, dont l’extase est brève, Attendent des vols d’oiseaux d’or ; Mais, au lieu des oiseaux du rêve, Arrive le sombre condor. Mars pleure avant de nous sourire. La grêle tombe en plein été. L’homme, né pour les deuils, soupire Et pleure avant d’avoir chanté.

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Max Ernst Dans un coin l’inceste agile Tourne autour de la virginité d’une petite robe Dans un coin le ciel délivré Aux épines de l’orage laisse des boules blanches. Dans un coin plus clair de tous les yeux On attend les poissons d’angoisse. Dans un coin la voiture de verdure de l’été Immobile glorieuse et pour toujours. À la lueur de la jeunesse Des lampes allumées très tard La première montre ses seins qui tuent des insectes rouges.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Cauchemar J’ai vu passer dans mon rêve – Tel l’ouragan sur la grève, – D’une main tenant un glaive Et de l’autre un sablier, Ce cavalier Des ballades d’Allemagne Qu’à travers ville et campagne, Et du fleuve à la montagne, Et des forêts au vallon, Un étalon Rouge-flamme et noir d’ébène, Sans bride, ni mors, ni rêne, Ni hop ! ni cravache, entraîne Parmi des râlements sourds Toujours ! toujours ! Un grand feutre à longue plume Ombrait son oeil qui s’allume Et s’éteint. Tel, dans la brume, Éclate et meurt l’éclair bleu D’une arme à feu. Comme l’aile d’une orfraie Qu’un subit orage effraie, Par l’air que la neige raie, Son manteau se soulevant Claquait au vent, Et montrait d’un air de gloire Un torse d’ombre et d’ivoire, Tandis que dans la nuit noire Luisaient en des cris stridents Trente-deux dents. Paul Verlaine

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Dans les bois D’autres, – des innocents ou bien des lymphatiques, – Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux, Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux ! D’autres s’y sentent pris – rêveurs – d’effrois mystiques. Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords Epouvantable et vague affole sans relâche, Par les forêts je tremble à la façon d’un lâche Qui craindrait une embûche ou qui verrait des morts. Ces grands rameaux jamais apaisés, comme l’onde, D’où tombe un noir silence avec une ombre encore Plus noire, tout ce morne et sinistre décor Me remplit d’une horreur triviale et profonde. Surtout les soirs d’été : la rougeur du couchant Le fond dans le gris bleu des brumes qu’elle teinte D’incendie et de sang ; et l’angélus qui tinte Au lointain semble un cri plaintif se rapprochant. Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur, Et s’éparpille, ainsi qu’un miasme, dans l’espace. La nuit vient. Le hibou s’envole. C’est l’instant Où l’on songe aux récits des aïeules naïves… Sous un fourré, là-bas, là-bas, des sources vives Font un bruit d’assassins postés se concertant.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Il pleure dans mon coeur Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s'écœure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cœur a tant de peine !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L'angoisse Nature, rien de toi ne m'émeut, ni les champs Nourriciers, ni l'écho vermeil des pastorales Siciliennes, ni les pompes aurorales. Ni la solennité dolente des couchants. Je ris de l'Art, je ris de l'Homme aussi, des chants, Des vers, des temples grecs et des tours en spirales Qu'étirent dans le ciel vide les cathédrales. Et je vois du même œil les bons et les méchants. Je ne crois pas en Dieu, j'abjure et je renie Toute pensée, et quant à la vieille ironie, L'Amour, je voudrais bien qu'on ne m'en parlât plus. Lasse de vivre, ayant peur de mourir. pareille Au brick perdu jouet du flux et du reflux. Mon âme pour d'affreux naufrages appareille .

    en cours de vérification

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La prière Je voudrais bien prier, je suis plein de soupirs ! Ma cruelle raison veut que je les contienne. Ni les voeux suppliants d’une mère chrétienne, Ni l’exemple des saints, ni le sang des martyrs, Ni mon besoin d’aimer, ni mes grands repentirs, Ni mes pleurs, n’obtiendront que la foi me revienne. C’est une angoisse impie et sainte que la mienne : Mon doute insulte en moi le Dieu de mes désirs. Pourtant je veux prier, je suis trop solitaire ; Voici que j’ai posé mes deux genoux à terre : Je vous attends, Seigneur ; Seigneur, êtes-vous là ? J’ai beau joindre les mains, et, le front sur la Bible, Redire le Credo que ma bouche épela, Je ne sens rien du tout devant moi. C’est horrible.

    en cours de vérification

    R

    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Sommeil Ton sommeil m’épouvante, il est froid et profond Ainsi que le Sommeil aux langueurs éternelles. J’ai peur de tes yeux clos, du calme de ton front, Je guette, et le silence inquiet me confond, Un mouvement des cils sur la nuit des prunelles. Je ne sais, présageant les mortelles douleurs, Si, dans la nuit lointaine où l’aurore succombe, Ton souffle n’a pas fui comme un souffle de fleurs, Sans effort d’agonie et sans râle et sans pleurs, Et si ton lit d’amour n’est pas déjà la tombe.

    en cours de vérification

    R

    Richard Taillefer

    @richardTaillefer

    Ne laisse jamais le vide t’envahir Sur quelle barque atteindre le rivage. Puisse mon cri, clamer toute cette douleur qui m’aveugle. Le bonheur pourrait-il m’entendre, ne serait-ce qu’une fois ? Lou soulèu est déjà couché, je n’ai rien écrit, si ce n’est quelques lignes où des mots maladroits s’entrechoquent en cascade, jouent à colin- Maillard. Je sais, les airs à la mode font couler bien des larmes. Chez moi, vous ne trouverez que de piètres lamentations. Je ne déposerai pas l’inventaire à vos pieds. Ce fatras des confidences que l’on raconte sans même y croire. Sur toutes ces choses Pose une nappe de silence Mais ne laisse jamais le vide t’envahir

    en cours de vérification

    R

    Robert Tirvaudey

    @robertTirvaudey

    Ni ici ni là Cette nuit comme nuit Ai l’esprit Ni ici ni là En raison De n’être pas fleur-ci ni arbre-là ni animal-ci ni végétal-là Seulement un être humain ni là ni ici Ne sachant pas le dire complètement Est-ce là folie ?

    en cours de vérification

    R

    Roberto Juarroz

    @robertoJuarroz

    Toujours au bord Toujours au bord. Mais au bord de quoi? Nous savons seulement que quelque chose tombe de l’autre côté de ce bord et qu’une fois parvenu à sa limite il n’est plus possible de reculer. Vertige devant un pressentiment et devant un soupçon : lorsqu’on arrive à ce bord cela aussi qui fut auparavant devient abîme. Hypnotisés sur une arête qui a perdu les surfaces qui l’avaient formée et resta en suspens dans l’air. Acrobates sur un bord nu, équilibristes sur le vide, dans un cirque sans autre chapiteau que le ciel et dont les spectateurs sont partis.

    en cours de vérification

    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Demain Tout voir – je vous ai dit que je voulais tout voir, Tout voir et tout connaître ! Ah! ne pas seulement le rêver… le pouvoir ! Ne pas se contenter d’une seule fenêtre Sur un même horizon, Mais dans chaque pays avoir une maison Et flâner à son gré de l’une à l’autre – ou mieux, Avoir cette maison roulante, Cette maison volante, d’où les yeux Peuvent aller plus loin, plus loin toujours ! Attente D’on ne sait quoi… je veux savoir ce qu’on attend. Tout savoir… Tout savoir de l’univers profond, Des êtres et des choses, De la terre et des astres, jusqu’au fond. Savoir la cause De cet amour qu’on a pour des noms de pays, Des noms qui chantent à l’oreille avec instance Comme s’ils appelaient depuis longtemps, Depuis toujours – des noms immenses Dont on est envahi, Ou des noms tout petits, presque ignorés. Longs pays blancs du Nord, pays dorés Du Sud ou du Levant plein de mystère… Et les jeunes, aux villes claires : New-York, San Francisco, Miami, des lumières, Du bruit, de la vitesse, de l’espace… Ah ! tout voir, tout savoir des minutes qui passent, De celles qui viendront… Demain, comme je t’aime ! Je ne fais qu’entrouvrir les yeux, lever le front, Commencer de comprendre. Hier, savais-je même Ce que c’était que respirer dans le jour tendre ? Bonheur de voir, d’entendre, Qui vient à vous dans un frisson ; Tant de beauté, tant de couleurs, de sons… Royaume de la vie ! Les images m’entourent de leur ronde, La musique est en moi comme une ivresse. Ne suis-je pas cette jeune princesse Qui s’en allait, suivie De tous ses petits pages ? Rien au monde Peut-il me cacher ton visage, cher Passant ? Te voilà… D’où viens-tu ? Quelle est ton âme ? Es-tu prince ou poète ? Je pressens Tout ce que tu diras si tu viens de là-bas Où, pour toi, quelque vieille femme, en son isba, Implore Notre-Dame. « Notre-Dame de Potchaïeff, guidez ses pas ! » Tu te nommes Boris ou Michel, n’est-ce pas ? Non ? C’est Tommy ? Pardon. Tu viens du golf et je te sais vainqueur. Serrons-nous les deux mains, en camarades. Beppo ? Tu dis Beppo ? C’est donc La voix de Roméo qui nous parle et son cœur Que tu m’apportes ? Soit. Je suis en promenade Et nous pouvons causer. De qui ? De Juliette ? Ou de vous, les Tristan, les Siegfried, les Vincent, Les Cyrano, les Poliche peut-être… Oui, ton âme, Poliche, la connaître. Moi je te comprendrai. Va, si la vie est faite De telles cruautés, c’est qu’on n’a pas compris. Tu dis : « On peut comprendre et rester impuissant. » Qui sait ? Qui sait, Poliche. Je pense que surtout l’on peut s’être mépris Et nous ne savons pas de quoi nous sommes riches. Tous les bonheurs, sait-on jamais leur prix ? …Sait-on si l’important n’est pas d’aimer quand même, Fût-ce un rêve toujours fuyant, pourvu qu’on aime…

    en cours de vérification

    S

    Sophie d'Arbouville

    @sophieDarbouville

    Anxiété Silence ! reprenons les travaux de mon âge. Que le pinceau docile obéisse à mes doigts, Des lieux que j'ai quittés qu'il retrace l'image, Que ma harpe se mêle aux accents de ma voix ; Sur un brillant tissu, que l'aiguille légère Arrête les contours d'une fleur passagère. Oh ! pourquoi, dédaignant ces faciles bonheurs, Mon âme en murmurant s'envole-t-elle ailleurs ? Tel mugit un torrent quand son onde écumante, Dans un lit trop étroit, s'agite et se tourmente ; Sur de noirs rochers, meurt un impuissant effort. Et je me brise ainsi contre l'arrêt du sort ! Devant moi, sur la rive, il ferme la barrière, Et mon âme est captive en son étroite sphère ; Reculant dans la lutte entre elle et le destin, Sous la main qui l'écrase elle ronge son frein ! Silence ! reprenons les travaux de mon âge. Que le pinceau docile obéisse à mes doigts, Des lieux que j'ai quittés qu'il retrace l'image ; Que ma harpe se mêle aux accents de ma voix ; Sur un brillant tissu, que l'aiguille légère Arrête les contours d'une fleur passagère. Qu'exiger de la vie ? A-t-elle un seul trésor, Pour qui le pèserait comme on pèse de l'or ? Sous la froide analyse et sous la main qui sonde, S'évente le parfum des bonheurs de ce monde. La nuit répand son deuil quand le soleil a lui ; Le bonheur qui brillait se couche comme lui, Et l'âme qui le sait, se sentant immortelle, Ne voudrait que des biens qui durassent comme elle. Elle cherche, formant vingt rêves tour à tour... Le monde lui répond par ses bonheurs d'un jour ! Silence ! reprenons les travaux de mon âge. Que le pinceau docile obéisse à mes doigts, Des lieux que j'ai quittés qu'il retrace l'image ; Que ma harpe se mêle aux accents de ma voix ; Sur un brillant tissu, que l'aiguille légère Arrête les contours d'une fleur passagère. Mon âme, calme-toi, reprends un vol plus doux, Et passe sous le joug d'un sort commun à tous.

    en cours de vérification

    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Angoisse Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser Dans tes cheveux impurs une triste tempête Sous l'incurable ennui que verse mon baiser : Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes Planant sous les rideaux inconnus du remords, Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges, Toi qui sur le néant en sais plus que les morts : Car le Vice, rongeant ma native noblesse, M'a comme toi marqué de sa stérilité, Mais tandis que ton sein de pierre est habité Par un cœur que la dent d'aucun crime ne blesse, Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul, Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

    en cours de vérification