Titre : Monologues inédits
Auteur : Mohammed Hachoum
Le silence est le deuil du non dit
Quand la parole s'égare dans les ruelles étroites du souvenir amer
Dans les abattoirs des rêves étendus sur l'autel des dieux damnés
Qui tracent sur les pages ténébreuses des nuits
Des parcours interdits
Pour nos âmes hardies perdues entre le dit et le non dit
Fascinées par leurs ébats dans le lit des blessures ouvertes
Qui saignent nos coeurs des histoires inédites
En vers ou en prose qu'ils transcrivent sur le blanc virginal
Des pages du manuscrit tombeau d'une mémoire
Abysses infernaux où se laissent choir
Des braises des passions et des pleurs
Fleurs des âges perdus
Qu'elles teintent tantôt de noir tantôt de gris
Souffre et abstiens-toi, m'a-t-elle dit
Transgresse les mots et les verbes, piétine-les, écris
Dérobe à la vie des instants furtifs
Que tu suspends aux ailes du temps chétif
Aux manches longues d'une nuit
Où seul le rêve s'étoile et luit
Je ne suis qu'une personne qui se tue, ai-je répondu
Un mordu des signes enfouis dans les plis d'une écriture
Dans les entrailles d'une encre indélébile
Coulant à flots d'une blessure
Fruit d'une morsure
Dans mes moments de folie colossale
Je mets au jour des débris de mots verts
Imprégnés tantôt d'amour
Doux comme du velours
Tantôt de tristesse innée et fatale
Qui suis-je? Suis-je un érudit maudit?
Non, je ne suis qu'un être sans son paraître qui déflore les interlignes
Les pénètre et les dépoussière
Les libère d'une accidentelle aphasie
Qui apprend à tromper la vigilance du silence
A se jeter entre les bras de la parole effrontée
A se baigner dans sa mer immense et dentée
Où sa plume trouve ses réserves de ressources
Que soit exécutée la sentence!
Une condamnation à la potence
Pour que les mots chevauchent les rêves
Munis de leur glaive
Dur comme la pierre
Alourdie par les larmes d'une âme fière
Qui se nourrit des cendres de l'oubli
Nage dans les annales d'un passé anobli
Étreint par l'angoisse d'un avenir incertain
Délirant radin et mutin
Qui s'agrippe à mes veines pâles
Où le crépuscule d'une vie râle
M'avertit d'une imminente descente aux enfers
Berceaux de l'univers
Du regard insolent et foudroyant d'un destin
De ses calculs mesquins
De ses festins qui dans les airs répandent
Des échos sépulcraux immondes
Faits de nuages noirs
De vents de décharges d'entonnoirs
Qui dissipent mes désirs mes espoirs
Ô monologues inédits!
Ô fleurs des âges perdus!
Êtes-vous un lourd fardeau?
Ô plume ingrate êtes-vous le couteau
Qui dissèque les lambeaux de nos rêves tordus?
Êtes-vous les aveux complets de nos erreurs
De nos douleurs de nos malheurs
De notre sang sur les pages fondu?
Mohammed Hachoum Oualidia 30 mars 2012.