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Amis

21 poésies en cours de vérification
Amis

Poésies de la collection amis

    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    À Alfred Tattet Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie ! Tu le disais ce soir par un beau jour d'été. Tu le disais, ami, dans un site enchanté, Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie. Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie : Et moi, silencieux, courant à ton côté, Je laissais au hasard flotter ma rêverie ; Mais dans le fond du cœur je me suis répété : Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ; Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ; Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse, De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse, D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis, Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis. Bury, le 10 août 1838.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Le chant des amis De ta source pure et limpide Réveille-toi, fleuve argenté ; Porte trois mots, coursier rapide : Amour, patrie et liberté ! Quelle voile, au vent déployée, Trace dans l'onde un vert sillon ? Qui t'a jusqu'à nous envoyée ? Quel est ton nom, ton pavillon ? — J'ai porté la céleste flamme En tous lieux où Dieu l'a permis. Mon pavillon, c'est l'oriflamme ; Mon nom, c'est celui des amis. Fils des Saxons, fils de la France, Vous souvient-il du sang versé ? Près du soleil de l'Espérance Voyez-vous l'ombre du passé ? — Le Rhin n'est plus une frontière ; Amis, c'est notre grand chemin, Et, maintenant, l'Europe entière Sur les deux bords se tend la main. De ta source pure et limpide Retrempe-toi, fleuve argenté ; Redis toujours, coursier rapide ! Amour, patrie et liberté.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Amitié de femme À Madame L. sur son album. Amitié, doux repos de l'âme, Crépuscule charmant des cœurs, Pourquoi dans les yeux d'une femme As-tu de plus tendres langueurs ? Ta nature est pourtant la même ! Dans le cœur dont elle a fait don Ce n'est plus la femme qu'on aime, Et l'amour a perdu son nom. Mais comme en une pure glace Le crayon se colore mieux, Le sentiment qui le remplace Est plus visible en deux beaux yeux. Dans un timbre argentin de femme Il a de plus tendres accents : La chaste volupté de l'âme Devient presque un plaisir des sens. De l'homme la mâle tendresse Est le soutien d'un bras nerveux, Mais la vôtre est une caresse Qui frissonne dans les cheveux. Oh ! laissez-moi, vous que j'adore Des noms les plus doux tour à tour, O femmes, me tromper encore Aux ressemblances de l'amour ! Douce ou grave, tendre ou sévère, L'amitié fut mon premier bien : Quelque soit la main qui me serre, C'est un cœur qui répond au mien. Non, jamais ma main ne repousse Ce symbole d'un sentiment ; Mais lorsque la main est plus douce, Je la serre plus tendrement.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    À mon ami Victor Hugo Entends-tu ce long bruit doux comme une harmonie, Ce cri qu'à l'univers arrache le génie Trop longtemps combattu, Cri tout d'un coup sorti de la foule muette, Et qui porte à la gloire un nom de grand poète, Noble ami, l'entends-tu ? À l'étroit en ce monde où rampent les fils d'Ève, Tandis que, l'œil au ciel, tu montes où t'enlèves, Ton essor souverain, Que ton aile se joue aux flancs des noirs nuages, Lutte avec les éclairs, ou qu'à plaisir tu nages Dans un éther serein ; Poussant ton vol sublime et planant, solitaire, Entre les voix d'en haut et l'écho de la terre, Dis-moi, jeune vainqueur, Dis-moi, nous entends-tu ? la clameur solennelle Va-t-elle dans la nue enfler d'orgueil ton aile Et remuer ton cœur ? Ou bien, sans rien sentir de ce vain bruit qui passe, Plein des accords divins, le regard dans l'espace Fixé sur un soleil, Plonges-tu, pour l'atteindre, en des flots de lumière, Et bientôt, t'y posant, laisses-tu ta paupière S'y fermer au sommeil ? Oh ! moi, je l'entends bien ce monde qui t'admire. Cri puissant ! qu'il m'enivre, ami ; qu'il me déchire ! Qu'il m'est cher et cruel ! Pour moi, pauvre déchu, réveillé d'un doux songe, L'aigle saint n'est pour moi qu'un vautour qui me ronge Sans m'emporter au ciel ! Comme, un matin d'automne, on voit les hirondelles Accourir en volant au rendez-vous fidèles, Et sonner le départ ; Aux champs, sur un vieux mur, près de quelque chapelle, On s'assemble, et la voix des premières appelle Celles qui viennent tard. Mais si, non loin de là, quelque jeune imprudente, Qui va rasant le sol de son aile pendante, S'est prise dans la glu, Captive, elle entend tout : en bruyante assemblée On parle du voyage, et la marche est réglée Et le départ conclu ; On s'envole ; ô douleur ! adieu plage fleurie ; Adieu printemps naissant de cette autre patrie Si belle en notre hiver ! Il faut rester, subir la saison de détresse, Et l'enfant sans pitié qui frappe et qui caresse, Et la cage de fer. C'est mon emblème, ami ;... mais si, comme un bon frère, Du sein de ta splendeur à mon destin contraire Tu veux bien compatir ; Si tu lis en mon cœur ce que je n'y puis lire, Et si ton amitié devine sur ma lyre Ce qui n'en peut sortir ; C'est assez, c'est assez : jusqu'à l'heure où mon âme, Secouant son limon et rallumant sa flamme À la nuit des tombeaux, Je viendrai, le dernier et l'un des plus indignes, Te rejoindre, au milieu des aigles et des cygnes, Ô toi l'un des plus beaux !

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    C

    Claude Mermet

    @claudeMermet

    Les amis Les amis de l'heure présente Ont le naturel du melon ; Il en faut essayer cinquante Avant d'en rencontrer un bon.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    À mon ami *** Tu sais l’amour et son ivresse Tu sais l’amour et ses combats ; Tu sais une voix qui t’adresse Ces mots d’ineffable tendresse Qui ne se disent que tout bas. Sur un beau sein, ta bouche errante Enfin a pu se reposer, Et sur une lèvre mourante Sentir la douceur enivrante Que recèle un premier baiser… Maître de ces biens qu’on envie Ton cœur est pur, tes jours sont pleins ! Esclave à tes vœux asservie, La fortune embellit ta vie Tu sais qu’on t’aime, et tu te plains ! Et tu te plains ! et t’exagères Ces vagues ennuis d’un moment, Ces chagrins, ces douleurs légères, Et ces peines si passagères Qu’on ne peut souffrir qu’en aimant ! Et tu pleures ! et tu regrettes Cet épanchement amoureux ! Pourquoi ces maux que tu t’apprêtes ? Garde ces plaintes indiscrètes Et ces pleurs pour les malheureux ! Pour moi, de qui l’âme flétrie N’a jamais reçu de serment, Comme un exilé sans patrie, Pour moi, qu’une voix attendrie N’a jamais nommé doucement, Personne qui daigne m’entendre, A mon sort qui saigne s’unir, Et m’interroge d’un air tendre, Pourquoi je me suis fait attendre Un jour tout entier sans venir. Personne qui me recommande De ne rester que peu d’instants Hors du logis ; qui me gourmande Lorsque je rentre et me demande Où je suis allé si longtemps. Jamais d’haleine caressante Qui, la nuit, vienne m’embaumer ; Personne dont la main pressante Cherche la mienne, et dont je sente Sur mon cœur les bras se fermer ! Une fois pourtant – quatre années Auraient-elles donc effacé Ce que ces heures fortunées D’illusions environnées Au fond de mon âme ont laissé ? Oh ! c’est qu’elle était si jolie ! Soit qu’elle ouvrit ses yeux si grands, Soit que sa paupière affaiblie Comme un voile qui se déplie Éteignit ses regards mourants ! – J’osai concevoir l’espérance Que les destins moins ennemis, Prenant pitié de ma souffrance, Viendraient me donner l’assurance D’un bonheur qu’ils auraient permis : L’heure que j’avais attendue, Le bonheur que j’avais rêvé A fui de mon âme éperdue, Comme une note suspendue, Comme un sourire inachevé ! Elle ne s’est point souvenue Du monde qui ne la vit pas ; Rien n’a signalé sa venue, Elle est passée, humble, inconnue, Sans laisser trace de ses pas. Depuis lors, triste et monotone, Chaque jour commence et finit : Rien ne m’émeut, rien ne m’étonne, Comme un dernier rayon d’automne J’aperçois mon front qui jaunit. Et loin de tous, quand le mystère De l’avenir s’est refermé, Je fuis, exilé volontaire ! – Il n’est qu’un bonheur sur la terre, Celui d’aimer et d’être aimé.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    Sonnet à mon ami R J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage, Comme un port où le cœur, trop longtemps agité, Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage, Un dernier jour de calme et de sérénité. Une femme modeste, à peu près de mon âge Et deux petits enfants jouant à son côté ; Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage, Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été. J'abandonnais l'amour à la jeunesse ardente Je voulais une amie, une âme confidente, Où cacher mes chagrins, qu'elle seule aurait lus ; Le ciel m'a donné plus que je n'osais prétendre ; L'amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre, Et l'amour arriva qu'on ne l'attendait plus.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Qui est ami du cœur est ami de la bourse Qui est ami du cœur est ami de la bourse, Ce dira quelque honnête et hardi demandeur, Qui de l'argent d'autrui libéral dépendeur Lui-même à l'hôpital s'en va toute la course. Mais songe là-dessus qu'il n'est si vive source Qu'on ne puisse épuiser, ni si riche prêteur Qui ne puisse à la fin devenir emprunteur, Ayant affaire à gens qui n'ont point de ressource. Gordes, si tu veux vivre heureusement romain, Sois large de faveur, mais garde que ta main Ne soit à tous venants trop largement ouverte. Par l'un on peut gagner même son ennemi, Par l'autre bien souvent on perd un bon ami, Et quand on perd l'argent, c'est une double perte.

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    Louise Colet

    Louise Colet

    @louiseColet

    Une amie Si vous l'aviez connue à sa quinzième année, Elle était belle alors, belle à vous rendre fou ! En voyant les attraits dont elle était ornée, Vous auriez devant elle incliné le genou ! Pour caresser sa main frêle, blanche et veinée, Poète, vous eussiez été je ne sais où ; Et votre part du ciel, oh ! vous l'auriez donnée Pour un baiser d'amour posé sur son beau cou ! Mais, avec la douleur, toute beauté se fane ; Elle a souffert longtemps, et le regard profane Ne voit plus sur ses traits de magiques trésors : Ses yeux se sont ternis et son front n'est plus rose. Eh bien ! moi, j'applaudis à sa métamorphose, Car son âme a gagné ce qu'a perdu son corps.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    L'ami d'enfance Un ami me parlait et me regardait vivre : Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ; Et cet ami riait, car il était moqueur. Il n'avait pas d'aimer la funeste science. Son seul orage à lui, c'était l'impatience. Léger comme l'oiseau qui siffle avant d'aimer, Disant : « Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s'allumer ; » Plein de chants, plein d'audace et d'orgueil sans alarme, Il eût mis tout un jour à comprendre une larme. De nos printemps égaux lui seul portait les fleurs ; J'étais déjà l'aînée, hélas ! Par bien des pleurs. Décorant sa pitié d'une grâce insolente, Il disputait, joyeux, avec ma voix tremblante. À ses doutes railleurs, je répondais trop bas... Prouve-t-on que l'on souffre à qui ne souffre pas ? Soudain, presque en colère, il m'appela méchante De tromper la saison où l'on joue, où l'on chante : « Venez, sortez, courez où sonne le plaisir ! Pourquoi restez-vous là navrant votre loisir ? Pourquoi défier vos immobiles peines ? Venez, la vie est belle, et ses coupes sont pleines ! ... Non ? Vous voulez pleurer ? Soit ! J'ai fait mon devoir : Adieu ! — quand vous rirez, je reviendrai vous voir. » Et je le vis s'enfuir comme l'oiseau s'envole ; Et je pleurai longtemps au bruit de sa parole. Mais quoi ? La fête en lui chantait si haut alors Qu'il n'entendait que ceux qui dansent au dehors. Tout change. Un an s'écoule, il revient... qu'il est pâle ! Sur son front quelle flamme a soufflé tant de hâle ? Comme il accourt tremblant ! Comme il serre ma main ! Comme ses yeux sont noirs ! Quel démon en chemin L'a saisi ? — c'est qu'il aime ! Il a trouvé son âme. Il ne me dira plus : « Que c'est lâche ! Une femme. » Triste, il m'a demandé : « C'est donc là votre enfer ? Et je riais... grand dieu ! Vous avez bien souffert ! »

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    À Horatio Ami, le temps n'est plus des guitares, des plumes, Des créanciers, des duels hilares à propos De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes. Voici venir, ami très tendre qui t'allumes Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots, Horatio, terreur et gloire des tripots, Cher diseur de jurons à remplir cent volumes, Voici venir parmi les brumes d'Elseneur Quelque chose de moins plaisant, sur mon honneur, Qu'Ophélia, l'enfant aimable qui s'étonne, C'est le spectre, le spectre impérieux ! Sa main Montre un but et son oeil éclaire et son pied tonne, Hélas ! et nul moyen de remettre à demain !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Aux amis inconnus Ces vers, je les dédie aux amis inconnus, À vous, les étrangers en qui je sens des proches, Rivaux de ceux que j'aime et qui m'aiment le plus, Frères envers qui seuls mon coeur est sans reproches Et dont les coeurs au mien sont librement venus. Comme on voit les ramiers sevrés de leurs volières Rapporter sans faillir, par les cieux infinis, Un cher message aux mains qui leur sont familières, Nos poèmes parfois nous reviennent bénis, Chauds d'un accueil lointain d'âmes hospitalières. Et quel triomphe alors ! Quelle félicité Orgueilleuse, mais tendre et pure, nous inonde, Quand répond à nos voix leur écho suscité, Par delà le vulgaire, en l'invisible monde Où les fiers et les doux se sont fait leur cité ! Et nous la méritons, cette ivresse suprême, Car si l'humanité tolère encor nos chants, C'est que notre élégie est son propre poème, Et que seuls nous savons, sur des rythmes touchants, En lui parlant de nous lui parler d'elle-même. Parfois un vers, complice intime, vient rouvrir Quelque plaie où le feu désire qu'on l'attise ; Parfois un mot, le nom de ce qui fait souffrir, Tombe comme une larme à la place précise Où le coeur méconnu l'attendait pour guérir. Peut-être un de mes vers est-il venu vous rendre Dans un éclair brûlant vos chagrins tout entiers, Ou, par le seul vrai mot qui se faisait attendre, Vous ai-je dit le nom de ce que vous sentiez, Sans vous nommer les yeux où j'avais dû l'apprendre. Vous qui n'aurez cherché dans mon propre tourment Que la sainte beauté de la douleur humaine, Qui, pour la profondeur de mes soupirs m'aimant, Sans avoir à descendre où j'ai conçu ma peine, Les aurez entendus dans le ciel seulement ; Vous qui m'aurez donné le pardon sans le blâme, N'ayant connu mes torts que par mon repentir, Mes terrestres amours que par leur pure flamme, Pour qui je me fais juste et noble sans mentir, Dans un rêve où la vie est plus conforme à l'âme ! Chers passants, ne prenez de moi-même qu'un peu, Le peu qui vous a plu parce qu'il vous ressemble ; Mais de nous rencontrer ne formons point le voeu : Le vrai de l'amitié, c'est de sentir ensemble ; Le reste en est fragile, épargnons-nous l'adieu.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Remémoration d'amis belges À des heures et sans que tel souffle l'émeuve Toute la vétusté presque couleur encens Comme furtive d'elle et visible je sens Que se dévêt pli selon pli la pierre veuve Flotte ou semble par soi n'apporter une preuve Sinon d'épandre pour baume antique le temps Nous immémoriaux quelques-uns si contents Sur la soudaineté de notre amitié neuve Ô très chers rencontrés en le jamais banal Bruges multipliant l'aube au défunt canal Avec la promenade éparse de maint cygne Quand solennellement cette cité m'apprit Lesquels entre ses fils un autre vol désigne A prompte irradier ainsi qu'aile l'esprit.

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    Tristan Corbière

    Tristan Corbière

    @tristanCorbiere

    À la douce amie Çà : badinons – J'ai ma cravache – Prends ce mors, bijou d'acier gris ; – Tiens : ta dent joueuse le mâche... En serrant un peu : tu souris... – Han !... C'est pour te faire la bouche... – V'lan !... C'est pour chasser une mouche... Veux-tu sentir te chatouiller L'éperon, honneur de ma botte ?... – Et la Folle-du-logis trotte... – Jouons à l'Amour-cavalier ! Porte-beau ta tête altière, Laisse mes doigts dans ta crinière... J'aime voir ton beau col ployer !... Demain : je te donne un collier. – Pourquoi regarder en arrière ?... Ce n'est rien : c'est une étrivière... Une étrivière... et – je te tiens ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Et tu m'as aimé... – rosse, tiens !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À mes amis S.-B. et L.B Amis, mes deux amis, mon peintre, mon poète ! Vous me manquez toujours, et mon âme inquiète Vous redemande ici. Des deux amis, si chers à ma lyre engourdie, Pas un ne m'est resté. Je t'en veux, Normandie, De me les prendre ainsi ! Ils emportent en eux toute ma poésie ; L'un, avec son doux luth de miel et d'ambroisie, L'autre avec ses pinceaux. Peinture et poésie où s'abreuvait ma muse, Adieu votre onde ! Adieu l'Alphée et l'Aréthuse Dont je mêlais les eaux ! Adieu surtout ces coeurs et ces âmes si hautes, Dont toujours j'ai trouvé pour mes maux et mes fautes Si tendre la pitié ! Adieu toute la joie à leur commerce unie ! Car tous deux, ô douceur ! si divers de génie, Ont la même amitié ! Je crois d'ici les voir, le poète et le peintre. Ils s'en vont, raisonnant de l'ogive et du cintre Devant un vieux portail ; Ou, soudain, à loisir, changeant de fantaisie, Poursuivent un oeil noir dessous la jalousie, À travers l'éventail. Oh ! de la jeune fille et du vieux monastère, Toi, peins-nous la beauté, toi, dis-nous le mystère. Charmez-nous tour à tour. À travers le blanc voile et la muraille grise Votre oeil, ô mes amis, sait voir Dieu dans l'église, Dans la femme l'amour ! Marchez, frères jumeaux, l'artiste avec l'apôtre ! L'un nous peint l'univers que nous explique l'autre ; Car, pour notre bonheur, Chacun de vous sur terre a sa part qu'il réclame. À toi, peintre, le monde ! à toi, poète, l'âme ! À tous deux le Seigneur ! Mai 1830.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Ami, j'ai quitté vos fêtes Ami, j'ai quitté vos fêtes. Mon esprit, à demi-voix, Hors de tout ce que vous faites, Est appelé par les bois. J'irai, loin des murs de marbre, Tant que je pourrai marcher, Fraterniser avec l'arbre, La fauvette et le rocher. Je fuirai loin de la ville Tant que Dieu clément et doux Voudra me mettre un peu d'huile Entre les os des genoux. Ne va pas croire du reste Que, bucolique et hautain, J'exige, pour être agreste, Le vieux champ grec ou latin ; Ne crois pas que ma pensée, Vierge au soupir étouffé, Ne sachant où prendre Alcée, Se rabatte sur d'Urfé ; Ne crois pas que je demande L'Hémus où Virgile erra. Dans de la terre normande Mon églogue poussera. Pour mon vers, que l'air secoue, Les pommiers sont suffisants ; Et mes bergers, je l'avoue, Ami, sont des paysans. Mon idylle est ainsi faite ; Franche, elle n'a pas besoin D'avoir dans miel l'Hymète Et l'Arcadie en son foin. Elle chante, et se contente, Sur l'herbe où je viens m'asseoir, De l'haleine haletante Du boeuf qui rentre le soir. Elle n'est point misérable Et ne pense pas déchoir Parce qu'Alain, sous l'érable, Ôte à Toinon son mouchoir. Elle honore Théocrite ; Mais ne se fâche pas trop Que la fleur soit Marguerite Et que l'oiseau soit Pierrot. J'aime les murs pleins de fentes D'où sortent les liserons, Et les mouches triomphantes Qui soufflent dans leurs clairons. J'aime l'église et ses tombes, L'invalide et son bâton ; J'aime, autant que les colombes Qui jadis venaient, dit-on, Conter leurs métempsycoses À Terpandre dans Lesbos, Les petites filles roses Sortant du prêche en sabots. J'aime autant Sedaine et Jeanne Qu'Orphée et Pratérynnis. Le blé pousse, l'oiseau plane, Et les cieux sont infinis.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Amis, un dernier mot Toi, vertu, pleure si je meurs ! André Chénier. Amis, un dernier mot ! - et je ferme à jamais Ce livre, à ma pensée étranger désormais. Je n'écouterai pas ce qu'en dira la foule. Car, qu'importe à la source où son onde s'écoule ? Et que m'importe, à moi, sur l'avenir penché, Où va ce vent d'automne au souffle desséché Qui passe, en emportant sur son aile inquiète Et les feuilles de l'arbre et les vers du poète ? Oui, je suis jeune encore, et quoique sur mon front, Où tant de passions et d'oeuvres germeront, Une ride de plus chaque jour soit tracée, Comme un sillon qu'y fait le soc de ma pensée, Dans le cour incertain du temps qui m'est donné, L'été n'a pas encor trente fois rayonné. Je suis fils de ce siècle ! une erreur, chaque année, S'en va de mon esprit, d'elle-même étonnée, Et, détrompé de tout, mon culte n'est resté Qu'à vous, sainte patrie et sainte liberté ! Je hais l'oppression d'une haine profonde. Aussi, lorsque j'entends, dans quelque coin du monde, Sous un ciel inclément, sous un roi meurtrier, Un peuple qu'on égorge appeler et crier ; Quand, par les rois chrétiens aux bourreaux turcs livrée, La Grèce, notre mère, agonise éventrée ; Quand l'Irlande saignante expire sur sa croix ; Quand Teutonie aux fers se débat sous dix rois ; Quand Lisbonne, jadis belle et toujours en fête, Pend au gibet, les pieds de Miguel sur sa tête ; Lorsqu'Albani gouverne au pays de Caton ; Que Naples mange et dort ; lorsqu'avec son bâton, Sceptre honteux et lourd que la peur divinise, L'Autriche casse l'aile au lion de Venise ; Quand Modène étranglé râle sous l'archiduc ; Quand Dresde lutte et pleure au lit d'un roi caduc ; Quand Madrid se rendort d'un sommeil léthargique ; Quand Vienne tient Milan ; quand le lion Belgique, Courbé comme le boeuf qui creuse un vil sillon, N'a plus même de dents pour mordre son bâillon ; Quand un Cosaque affreux, que la rage transporte, Viole Varsovie échevelée et morte, Et, souillant son linceul, chaste et sacré lambeau, Se vautre sur la vierge étendue au tombeau ; Alors, oh ! je maudis, dans leur cour, dans leur antre, Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu'au ventre Je sens que le poète est leur juge ! je sens Que la muse indignée, avec ses poings puissants, Peut, comme au pilori, les lier sur leur trône Et leur faire un carcan de leur lâche couronne, Et renvoyer ces rois, qu'on aurait pu bénir, Marqués au front d'un vers que lira l'avenir ! Oh ! la muse se doit aux peuples sans défense. J'oublie alors l'amour, la famille, l'enfance, Et les molles chansons, et le loisir serein, Et j'ajoute à ma lyre une corde d'airain !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Confiance Ami, tu me dis : « Joie extrême ! Donc, ce matin, comblant ton voeu, Rougissante, elle a dit : Je t'aime ! Devant l'aube, cet autre aveu. Ta victoire, tu la dévoiles. On t'aime, ô Léandre, ô Saint-Preux, Et te voilà dans les étoiles, Sans parachute, malheureux ! » Et tu souris. Mais que m'importe ! Ton sourire est un envieux. Sois gai ; moi, ma tristesse est morte. Rire c'est bien, aimer c'est mieux. Tu me croyais plus fort en thème, N'est-ce pas ? tu te figurais Que je te dirais : Elle m'aime, Défions-nous, et buvons frais. Point. J'ai des manières étranges ; On fait mon bonheur, j'y consens ; Je vois là-haut passer des anges Et je me mêle à ces passants. Je suis ingénu comme Homère, Quand cet aveugle aux chants bénis Adorait la mouche éphémère Qui sort des joncs de l'Hypanis. J'ai la foi. Mon esprit facile Dès le premier jour constata Dans la Sologne une Sicile, Une Aréthuse en Rosita. Je ne vois point dans une femme Un filou, par l'ombre enhardi. Je ne crois pas qu'on prenne une âme Comme on vole un maravedi. La supposer fausse, et plâtrée, Non, justes dieux ! je suis épris. Je ne commence point l'entrée Au paradis, par le mépris. Je lui donne un coeur sans lui dire : Rends-moi la monnaie ! - Et je crois À sa pudeur, à mon délire, Au bleu du ciel, aux fleurs des bois. J'entre en des sphères idéales Sans fredonner le vieux pont-neuf De Villon aux piliers des Halles Et de Fronsac à l'Oeil-de-Boeuf. Je m'enivre des harmonies Qui, de l'azur, à chaque pas, M'arrivent, claires, infinies, Joyeuses, et je ne crois pas Que l'amour trompe nos attentes, Qu'un bien-aimé soit un martyr, Et que toutes ces voix chantantes Descendent du ciel pour mentir. Je suis rempli d'une musique ; Je ne sens point, dans mes halliers, La désillusion classique Des vieillards et des écoliers. J'écoute en moi l'hymne suprême De mille instruments triomphaux Qui tous répètent qu'elle m'aime, Et dont pas un ne chante faux. Oui, je t'adore ! oui, tu m'adores ! C'est à ces mots-là que sont dus Tous ces vagues clairons sonores Dans un bruit de songe entendus. Et, dans les grands bois qui m'entourent, Je vois danser, d'un air vainqueur, Les cupidons, gamins qui courent Dans la fanfare du coeur.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À mes amis L. B. et S.-B Here's a sigh to those who love me, And a smile to those who hate ; And whatever sky's above me, Here's a heart for every fate. BYRON. Amis ! c'est donc Rouen, la ville aux vieilles rues, Aux vieilles tours, débris des races disparues, La ville aux cent clochers carillonnant dans l'air, Le Rouen des châteaux, des hôtels, des bastilles, Dont le front hérissé de flèches et d'aiguilles Déchire incessamment les brumes de la mer ; C'est Rouen qui vous a ! Rouen qui vous enlève ! Je ne m'en plaindrai pas. J'ai souvent fait ce rêve D'aller voir Saint-Ouen à moitié démoli, Et tout m'a retenu, la famille, l'étude, Mille soins, et surtout la vague inquiétude Qui fait que l'homme craint son désir accompli. J'ai différé. La vie à différer se passe. De projets en projets et d'espace en espace Le fol esprit de l'homme en tout temps s'envola. Un jour enfin, lassés du songe qui nous leurre, Nous disons : " Il est temps. Exécutons! c'est l'heure. " Alors nous retournons les yeux : la mort est là ! Ainsi de mes projets. Quand vous verrai-je, Espagne, Et Venise et son golfe, et Rome et sa campagne, Toi, Sicile que ronge un volcan souterrain, Grèce qu'on connaît trop, Sardaigne qu'on ignore, Cités de l'aquilon, du couchant, de l'aurore, Pyramides du Nil, cathédrales du Rhin ! Qui sait ? Jamais peut-être. Et quand m'abriterai-je Près de la mer, ou bien sous un mont blanc de neige, Dans quelque vieux donjon, tout plein d'un vieux héros, Où le soleil, dorant les tourelles du faîte, N'enverra sur mon front que des rayons de fête Teints de pourpre et d'azur au prisme des vitraux ? Jamais non plus, sans doute. En attendant, vaine ombre, Oublié dans l'espace et perdu dans le nombre, Je vis. J'ai trois enfants en cercle à mon foyer ; Et lorsque la sagesse entr'ouvre un peu ma porte, Elle me crie : Ami ! sois content. Que t'importe Cette tente d'un jour qu'il faut sitôt ployer ! Et puis, dans mon esprit, des choses que j'espère Je me fais cent récits, comme à son fils un père. Ce que je voudrais voir je le rêve si beau ! Je vois en moi des tours, des Romes, des Cordoues, Qui jettent mille feux, muse, quand tu secoues Sous leurs sombres piliers ton magique flambeau ! Ce sont des Alhambras, de hautes cathédrales, Des Babels, dans la nue enfonçant leurs spirales, De noirs Escurials, mystérieux séjour, Des villes d'autrefois, peintes et dentelées, Où chantent jour et nuit mille cloches ailées, Joyeuses d'habiter dans des clochers à jour ! Et je rêve ! Et jamais villes impériales N'éclipseront ce rêve aux splendeurs idéales. Gardons l'illusion ; elle fuit assez tôt. Chaque homme, dans son coeur, crée à sa fantaisie Tout un monde enchanté d'art et de poésie. C'est notre Chanaan que nous voyons d'en haut. Restons où nous voyons. Pourquoi vouloir descendre, Et toucher ce qu'on rêve, et marcher dans la cendre ? Que ferons-nous après ? où descendre ? où courir ? Plus de but à chercher ! plus d'espoir qui séduise ! De la terre donnée à la terre promise Nul retour ; et Moïse a bien fait de mourir ! Restons loin des objets dont la vue est charmée. L'arc-en-ciel est vapeur, le nuage est fumée. L'idéal tombe en poudre au toucher du réel. L'âme en songes de gloire ou d'amour se consume. Comme un enfant qui souffle en un flocon d'écume, Chaque homme enfle une bulle où se reflète un ciel ! Frêle bulle d'azur, au roseau suspendue, Qui tremble au moindre choc et vacille éperdue ! Voilà tous nos projets, nos plaisirs, notre bruit ! Folle création qu'un zéphyr inquiète ! Sphère aux mille couleurs, d'une goutte d'eau faite ! Monde qu'un souffle crée et qu'un souffle détruit ! Le saurons-nous jamais ? Qui percera nos voiles, Noirs firmaments, semés de nuages d'étoiles ? Mer, qui peut dans ton lit descendre et regarder ? Où donc est la science ? Où donc est l'origine ? Cherchez au fond des mers cette perle divine, Et, l'océan connu, l'âme reste à sonder ! Que faire et que penser ? Nier, douter, ou croire ? Carrefour ténébreux ! triple route! nuit noire ! Le plus sage s'assied sous l'arbre du chemin, Disant tout bas : J'irai, Seigneur, où tu m'envoies. Il espère, et, de loin, dans les trois sombres voies, Il écoute, pensif, marcher le genre humain ! Mai 1830.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À un ami Sur l'effrayante falaise, Mur par la vague entrouvert, Roc sombre où fleurit à l'aise Un charmant petit pré vert, Ami, puisque tu me laisses Ta maison loin des vivants Entre ces deux allégresses, Les grands flots et les grands vents, Salut ! merci ! les fortunes Sont fragiles, et nos temps, Comme l'algue sous les dunes, Sont dans l'abîme, et flottants. Nos âmes sont des nuées Qu'un vent pousse, âpre ou béni, Et qui volent, dénouées, Du côté de l'infini. L'énorme bourrasque humaine, Dont l'étoile est la raison, Prend, quitte, emporte et ramène L'espérance à l'horizon. Cette grande onde inquiète Dont notre siècle est meurtri Écume et gronde, et me jette Parfois mon nom dans un cri. La haine sur moi s'arrête. Ma pensée est dans ce bruit Comme un oiseau de tempête Parmi les oiseaux de nuit. Pendant qu'ici je cultive Ton champ comme tu le veux, Dans maint journal l'invective Grince et me prend aux cheveux. La diatribe m'écharpe ; Je suis âne ou scélérat ; Je suis Pradon pour Laharpe, Et pour de Maistre Marat. Qu'importe ! les coeurs sont ivres. Les temps qui viennent feront Ce qu'ils pourront de mes livres Et de moi ce qu'ils voudront. J'ai pour joie et pour merveille De voir, dans ton pré d'Honfleur, Trembler au poids d'une abeille Un brin de lavande en fleur.

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    À mes amis Rions, chantons, ô mes amis, Occupons-nous à ne rien faire, Laissons murmurer le vulgaire, Le plaisir est toujours permis. Que notre existence légère S'évanouisse dans les jeux. Vivons pour nous, soyons heureux, N'importe de quelle manière. Un jour il faudra nous courber Sous la main du temps qui nous presse ; Mais jouissons dans la jeunesse, Et dérobons à la vieillesse Tout ce qu'on peut lui dérober.

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