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Titre : Estuaires

Auteur : Jean-Pierre Villebramar

A celle qui m’a dit : « tu mourras seul » « ese pájaro come a grandes picotazos el silencio luego alzará el vuelo cet oiseau mange à grands coups de bec le silence puis il se mettra à voler » Victor Rodriguez Nuñez, Cuba la scène représente un humain présumé poète un public présumé public un monde présumé monde « je me confesse à toi, mon public qui attendais de la poésie apaisement et rêve ma poésie est violence et plongée dans les ténèbres de la vie car la vie est d’abord ténèbres d’abord angoisse d’abord peur de vivre je me confesse à toi, mon public qui aspirais à l’apaisement des mots ma poésie est l’inquiétude de l’aube quand les oiseaux dorment encore, mais disparu l’éclat de la lune et le soleil nous a abandonnés sans au-revoir. À toi mon public, qui croyais à l’amour ma poésie cherchait l’amour ma poésie cherchait le sourire et l’abandon dans la folie d’être deux mais ma compagne a dit : tu mourras seul devant la grande barrière des montagnes et depuis me serre à la gorge l’angoisse de la mort. Je me confesse à toi, mon public, qui attends la joie ma poésie est le contraire de la joie ma poésie est jouissance éphémère soupirs volés dans la pénombre d’une nuit d’été ma poésie est silence. À toi, mon public, qui attendais la Sagesse, ma poésie est folie errance sur les fleuves de la nuit en quête d’insaisissables estuaires » la scène était un humain présumé poète la scène était un public présumé public la scène était un monde présumé monde