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Espoir

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Espoir

Poésies de la collection espoir

    Abdellatif Laâbi

    Abdellatif Laâbi

    @abdellatifLaabi

    Histoire des sept crucifies de l'espoir Gongs d'annonce tambours témoins la forêt s'est tue pour écouter le bruissement de sept rigoles de sang Le fleuve coule et chuinte dans le brouillard Que s'est-il passé et quel vent de meurtre criblé de haine et de vengeance a soufflé sur la ville Pourquoi la nuit était-elle irrespirable le sommeil lacéré de cauchemars Pourquoi le pain crissait-il sous la dent l'eau avait-elle cet arrière-goût de charogne D'où venait ce râle de sirène détraquée qui affola toutes les bêtes et ne s'éteignit qu'avec les premiers rayons du soleil ? Gongs d'annonce tambours témoins ce n'est que maintenant que nous déchiffrons vos lamentations que nous recollons les bribes de cette histoire que vous battiez sauvagement désespérément dans le crépuscule des commencements et lorsque nous comprîmes enfin gongs d'annonce tambours témoins le fleuve avait déjà avalé sept rigoles de sang et repu coulait impassiblement vers la mer Ô nuit des dupes aube de traîtrise vous êtes entrées dans notre histoire comme une écharde infrangible enracinée au centre de mémoire Notre peuple n'oubliera pas jamais n'oubliera Battez résonnez battez tam-tams hilares mains de potences et de hachoirs caillots d'étoiles à vau-l'eau giclant de la nuque et se perdant dans les gouttières du temps Battez résonnez battez gongs et cymbales tambours cannibales de Sodome et Gomorrhe narguant la justice au zénith de leurs sévices Gongs de satrape espiègle résonnez Que sa volonté soit faite dans cette nuit à carapace venimeuse où nous vomissons nos tripes Et vous gongs d'annonce tambours témoins battez résonnez battez plus fort pour raconter l'histoire des sept crucifiés de l'espoir

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    A

    Adélaïde Dufrenoy

    @adelaideDufrenoy

    L'espoir trompé Après un an de mortelles douleurs, Quand de mes feux j'allais guérir peut-être, Dans la retraite où je cachais mes pleurs Soudain j'ai vu l'infidèle apparaître. Son air ému, son discours enchanteur, Et son regard, qui, dangereux flatteur, Quand il le veut dit si bien je t'adore, D'un doux espoir ont fait battre mon cœur ; J'osai penser qu'il m'aimerait encore : Je recueillis ce regard, ce discours, Cet air ému, cette douce promesse D'être pour moi comme dans mes beaux jours ; Mais rien, hélas ! n'était de la tendresse. Je ne devais qu'au désir d'un moment De son retour l'ivresse mensongère ; Mon court bonheur ne fut qu'une chimère ; Je le paierai d'un éternel tourment.

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    A

    Alain Le Roux

    @alainLeRoux

    Le papillon bleu Le papillon bleu Du jour De l'image De la nuit Se pose Se repose Sur le mur De peupliers Prenons le papillon bleu Sur l'épaule Du vertige Du monde En lui ouvrant L'horizon Des sourires Des clochers fleuris Pour une année " 2018" d'étincelles radieuses . (c) Alain LE ROUX 17/11/2017

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Printemps passé Comme elle était si jeune et qu'elle était si blonde, Comme elle avait la peau si blanche et l'œil si noir, Je me laissai mener, docile, par l'espoir D'engourdir ma rancœur sur sa poitrine ronde. Son regard où dormait la volupté profonde M'attirait lentement ; et, sans m'apercevoir Que l'image était belle à cause du miroir, Je suivis la sirène adorable dans l'onde. Elle me regardait avec un air moqueur Faire naïvement si large dans mon cœur Une place où loger son âme si petite. L'aimais-je pour ses yeux qui ne pleurent jamais, Pour son esprit léger qui m'oublia si vite ? Je ne sais. Je l'aimais parce que je l'aimais !

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    À mon Frère, revenant d'Italie Ainsi, mon cher, tu t'en reviens Du pays dont je me souviens Comme d'un rêve, De ces beaux lieux où l'oranger Naquit pour nous dédommager Du péché d'Ève. Tu l'as vu, ce ciel enchanté Qui montre avec tant de clarté Le grand mystère ; Si pur, qu'un soupir monte à Dieu Plus librement qu'en aucun lieu Qui soit sur terre. Tu les as vus, les vieux manoirs De cette ville aux palais noirs Qui fut Florence, Plus ennuyeuse que Milan Où, du moins, quatre ou cinq fois l'an, Cerrito danse. Tu l'as vue, assise dans l'eau, Portant gaiement son mezzaro, La belle Gênes, Le visage peint, l'oeil brillant, Qui babille et joue en riant Avec ses chaînes.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    L'espoir en Dieu Tant que mon pauvre cœur, encor plein de jeunesse, A ses illusions n'aura pas dit adieu, Je voudrais m'en tenir à l'antique sagesse, Qui du sobre Épicure a fait un demi-dieu Je voudrais vivre, aimer, m'accoutumer aux hommes Chercher un peu de joie et n'y pas trop compter, Faire ce qu'on a fait, être ce que nous sommes, Et regarder le ciel sans m'en inquiéter. Je ne puis ; — malgré moi l'infini me tourmente. Je n'y saurais songer sans crainte et sans espoir ; Et, quoi qu'on en ait dit, ma raison s'épouvante De ne pas le comprendre et pourtant de le voir. Qu'est-ce donc que ce monde, et qu'y venons-nous faire, Si pour qu'on vive en paix, il faut voiler les cieux ? Passer comme un troupeau les yeux fixés à terre, Et renier le reste, est-ce donc être heureux ? Non, c'est cesser d'être homme et dégrader son âme. Dans la création le hasard m'a jeté ; Heureux ou malheureux, je suis né d'une femme, Et je ne puis m'enfuir hors de l'humanité. Que faire donc ? « Jouis, dit la raison païenne ; Jouis et meurs ; les dieux ne songent qu'à dormir. — Espère seulement, répond la foi chrétienne ; Le ciel veille sans cesse, et tu ne peux mourir. » Entre ces deux chemins j'hésite et je m'arrête. Je voudrais, à l'écart, suivre un plus doux sentier. Il n'en existe pas, dit une voix secrète ; En présence du ciel, il faut croire ou nier. Je le pense en effet ; les âmes tourmentées Dans l'un et l'autre excès se jettent tour à tour, Mais les indifférents ne sont que des athées ; Ils ne dormiraient plus s'ils doutaient un seul jour. Je me résigne donc, et, puisque la matière Me laisse dans le cœur un désir plein d'effroi, Mes genoux fléchiront ; je veux croire et j'espère. Que vais-je devenir, et que veut-on de moi ? Me voilà dans les mains d'un Dieu plus redoutable Que ne sont à la fois tous les maux d'ici-bas ; Me voilà seul, errant, fragile et misérable, Sous les yeux d'un témoin qui ne me quitte pas. Il m'observer il me suit. Si mon cœur bat trop vite, J'offense sa grandeur et sa divinité. Un gouffre est sous mes pas si je m'y précipite, Pour expier une heure il faut l'éternité. Mon juge est un bourreau qui trompe sa victime. Pour moi, tout devient piège et tout change de nom L'amour est un péché, le bonheur est un crime, Et l'œuvre des sept jours n'est que tentation Je ne garde plus rien de la nature humaine ; Il n'existe pour moi ni vertu ni remord . J'attends la récompense et j'évite la peine ; Mon seul guide est la peur, et mon seul but, la mort On me dit cependant qu'une joie infinie Attend quelques élus. — Où sont-ils, ces heureux ? Si vous m'avez trompé, me rendrez-vous la vie ? Si vous m'avez dit vrai, m'ouvrirez-vous les cieux ? Hélas ! ce beau pays dont parlaient vos prophètes, S'il existe là-haut, ce doit être un désert Vous les voulez trop purs, les heureux que vous faites, Et quand leur joie arrive, ils en ont trop souffert. Je suis seulement homme, et ne veux pas moins être, Ni tenter davantage. — À quoi donc m'arrêter ? Puisque je ne puis croire aux promesses du prêtre, Est-ce l'indifférent que je vais consulter ? Si mon cœur, fatigué du rêve qui l'obsède, À la réalité revient pour s'assouvir, Au fond des vains plaisirs que j'appelle à mon aide Je trouve un tel dégoût, que je me sens mourir Aux jours même où parfois la pensée est impie, Où l'on voudrait nier pour cesser de douter, Quand je posséderais tout ce qu'en cette vie Dans ses vastes désirs l'homme peut convoiter ; Donnez-moi le pouvoir, la santé, la richesse, L'amour même, l'amour, le seul bien d'ici-bas ! Que la blonde Astarté, qu'idolâtrait la Grèce, De ses îles d'azur sorte en m'ouvrant les bras ; Quand je pourrais saisir dans le sein de la terre Les secrets éléments de sa fécondité, Transformer à mon gré la vivace matière Et créer pour moi seul une unique beauté ; Quand Horace, Lucrèce et le vieil Épicure, Assis à mes côtés m'appelleraient heureux Et quand ces grands amants de l'antique nature Me chanteraient la joie et le mépris des dieux, Je leur dirais à tous : « Quoi que nous puissions faire, Je souffre, il est trop tard ; le monde s'est fait vieux Une immense espérance a traversé la terre ; Malgré nous vers le ciel il faut lever les yeux ! » Que me reste-t-il donc ? Ma raison révoltée Essaye en vain de croire et mon cœur de douter De chrétien m'épouvante, et ce que dit l'athée, En dépit de mes sens, je ne puis l'écouter. Les vrais religieux me trouveront impie, Et les indifférents me croiront insensé. À qui m'adresserai-je, et quelle voix amie Consolera ce cœur que le doute a blessé ? Il existe, dit-on, une philosophie Qui nous explique tout sans révélation, Et qui peut nous guider à travers cette vie Entre l'indifférence et la religion. J'y consens. — Où sont-ils, ces faiseurs de systèmes, Qui savent, sans la foi, trouver la vérité, Sophistes impuissants qui ne croient qu'en eux-mêmes ? Quels sont leurs arguments et leur autorité ? L'un me montre ici-bas deux principes en guerre, Qui, vaincus tour à tour, sont tous deux immortels ; L'autre découvre au loin, dans le ciel solitaire, Un inutile Dieu qui ne veut pas d'autels. Je vois rêver Platon et penser Aristote ; J'écoute, j'applaudis, et poursuis mon chemin Sous les rois absolus je trouve un Dieu despote ; On nous parle aujourd'hui d'un Dieu républicains. Pythagore et Leibniz transfigurent mon être. Descartes m'abandonne au sein des tourbillons. Montaigne s'examine, et ne peut se connaître. Pascal fuit en tremblant ses propres visions. Pyrrhon me rend aveugle, et Zénon insensible. Voltaire jette à bas tout ce qu'il voit debout Spinoza, fatigué de tenter l'impossible, Cherchant en vain son Dieu, croit le trouver partout. Pour le sophiste anglais l'homme est une machine. Enfin sort des brouillards un rhéteur allemand Qui, du philosophisme achevant la ruine, Déclare le ciel vide, et conclut au néant. Voilà donc les débris de l'humaine science ! Et, depuis cinq mille ans qu'on a toujours douté, Après tant de fatigue et de persévérance, C'est là le dernier mot qui nous en est rester Ah ! pauvres insensés, misérables cervelles, Qui de tant de façons avez tout expliqué, Pour aller jusqu'aux cieux il vous fallait des ailes ; Vous aviez le désir, la foi vous a manqué. Je vous plains ; votre orgueil part d'une âme blesses, Vous sentiez les tourments dont mon cœur est rempli Et vous la connaissiez, cette amère pensée Qui fait frissonner l'homme en voyant l'infini. Eh bien, prions ensemble,-abjurons la misère De vos calculs d'enfants, de tant de vains travaux ! Maintenant que vos corps sont réduits en poussière J'irai m'agenouiller pour vous sur vos tombeaux. Venez, rhéteurs païens, maîtres de la science, Chrétiens des temps passés et rêveurs d'aujourd'hui ; Croyez-moi' la prière est un cri d'espérance ! Pour que Dieu nous réponde, adressons-nous à lui, Il est juste, il est bon ; sans doute il vous pardonne. Tous vous avez souffert, le reste est oublié. Si le ciel est désert, nous n'offensons personne ; Si quelqu'un nous entend, qu'il nous prenne en pitié ! Ô toi que nul n'a pu connaître, Et n'a renié sans mentir, Réponds-moi, toi qui m'as fait naître, Et demain me feras mourir ! Puisque tu te laisses comprendre, Pourquoi fais-tu douter de toi ? Quel triste plaisir peux-tu prendre À tenter notre bonne foi ? Dès que l'homme lève la tête, Il croit t'entrevoir dans les cieux ; La création, sa conquête, N'est qu'un vaste temple à ses yeux. Dès qu'il redescend en lui-même, Il l'y trouve ; tu vis en lui. S'il souffre, s'il pleure, s'il aime, C'est son Dieu qui le veut ainsi. De la plus noble intelligence La plus sublime ambition Est de prouver ton existence, Et de faire épeler ton nom. De quelque façon qu'on t'appelle, Brahma, Jupiter ou Jésus, Vérité, Justice éternelle, Vers toi tous les bras sont tendus. Le dernier des fils de la terre Te rend grâces du fond du coeur, Dès qu'il se mêle à sa misère Une apparence de bonheur. Le monde entier te glorifie : L'oiseau te chante sur son nid ; Et pour une goutte de pluie Des milliers d'êtres t'ont béni. Tu n'as rien fait qu'on ne l'admire ; Rien de toi n'est perdu pour nous ; Tout prie, et tu ne peux sourire Que nous ne tombions à genoux. Pourquoi donc, ô Maître suprême, As-tu créé le mal si grand, Que la raison, la vertu même S'épouvantent en le voyant ? Lorsque tant de choses sur terre Proclament la Divinité, Et semblent attester d'un père L'amour, la force et la bonté, Comment, sous la sainte lumière, Voit-on des actes si hideux, Qu'ils font expirer la prière Sur les lèvres du malheureux ? Pourquoi, dans ton oeuvre céleste, Tant d'éléments si peu d'accord ? À quoi bon le crime et la peste ? Ô Dieu juste ! pourquoi la mort ? Ta pitié dut être profonde Lorsqu'avec ses biens et ses maux, Cet admirable et pauvre monde Sortit en pleurant du chaos ! Puisque tu voulais le soumettre Aux douleurs dont il est rempli, Tu n'aurais pas dû lui permettre De t'entrevoir dans l'infini. Pourquoi laisser notre misère Rêver et deviner un Dieu ? Le doute a désolé la terre ; Nous en voyons trop ou trop peu. Si ta chétive créature Est indigne de t'approcher, Il fallait laisser la nature T'envelopper et te cacher. Il te resterait ta puissance, Et nous en sentirions les coups ; Mais le repos et l'ignorance Auraient rendu nos maux plus doux. Si la souffrance et la prière N'atteignent pas ta majesté, Garde ta grandeur solitaire, Ferme à jamais l'immensité. Mais si nos angoisses mortelles Jusqu'à toi peuvent parvenir ; Si, dans les plaines éternelles, Parfois tu nous entends gémir, Brise cette voûte profonde Qui couvre la création ; Soulève les voiles du monde, Et montre-toi, Dieu juste et bon ! Tu n'apercevras sur la terre Qu'un ardent amour de la foi, Et l'humanité tout entière Se prosternera devant toi. Les larmes qui l'ont épuisée Et qui ruissellent de ses yeux, Comme une légère rosée S'évanouiront dans les cieux. Tu n'entendras que tes louanges, Qu'un concert de joie et d'amour Pareil à celui dont tes anges Remplissent l'éternel séjour ; Et dans cet hosanna suprême, Tu verras, au bruit de nos chants, S'enfuir le doute et le blasphème, Tandis que la Mort elle-même Y joindra ses derniers accents.

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    A

    Amélie Paris

    @amelieParis

    Étude Comme un retour de l'été, Elle se pose, les yeux fermés, Seule sur le banc, Elle rêve un instant. Elle repense à ces moments, À ces doux instants Qui ne s'effaceront jamais Par ce lien qui les unissait. Ces moments de complicité, Ces moments d'affinité, Ces moments de sourires, Ces moments de rires. Désormais elle l'attend, Elle ne sait pas pour combien de temps, Mais elle le reverra Pour s'enlacer dans ses bras. 10/09/2015

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    La jeune captive « L'épi naissant mûrit de la faux respecté ; Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été Boit les doux présents de l'aurore ; Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui, Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui, Je ne veux point mourir encore.

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Salut, ô belle nuit, étincelante et sombre Salut, ô belle nuit, étincelante et sombre, Consacrée au repos. Ô silence de l’ombre, Qui n’entends que la voix de mes vers, et les cris De la rive aréneuse où se brise Téthys. Muse, muse nocturne, apporte-moi ma lyre. Comme un fier météore, en ton brûlant délire, Lance-toi dans l’espace ; et, pour franchir les airs, Prends les ailes des vents, les ailes des éclairs, Les bonds de la comète aux longs cheveux de flamme. Mes vers impatients, élancés de mon âme, Veulent parler aux dieux, et volent où reluit L’enthousiasme errant, fils de la belle nuit. Accours, grande nature, ô mère du génie ; Accours, reine du monde, éternelle Uranie. Soit que tes pas divins sur l’astre du Lion Ou sur les triples feux du superbe Orion Marchent, ou soit qu’au loin, fugitive, emportée, Tu suives les détours de la voie argentée, Soleils amoncelés dans le céleste azur. Où le peuple a cru voir les traces d’un lait pur, Descends ; non, porte-moi sur ta route brûlante, Que je m’élève au ciel comme une flamme ardente. Déjà ce corps pesant se détache de moi. Adieu, tombeau de chair, je ne suis plus à toi. Terre, fuis sous mes pas. L’éther où le ciel nage M’aspire. Je parcours l’océan sans rivage. Plus de nuit. Je n’ai plus d’un globe opaque et dur Entre le jour et moi l’impénétrable mur. Plus de nuit, et mon œil et se perd et se mêle Dans les torrents profonds de lumière éternelle. Me voici sur les feux que le langage humain Nomme Cassiopée et l’Ourse et le Dauphin. Maintenant la Couronne autour de moi s’embrase. Ici l’Aigle et le Cygne et la Lyre et Pégase. Et voici que plus loin le Serpent tortueux Noue autour de mes pas ses anneaux lumineux. Féconde immensité, les esprits magnanimes Aiment à se plonger dans tes vivants abîmes, Abîmes de clartés, où, libre de ses fers. L’homme siège au conseil qui créa l’univers ; Où l’âme, remontant à sa grande origine, Sent qu’elle est une part de l’essence divine…

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    Andrée Chedid

    Andrée Chedid

    @andreeChedid

    Ceux de l'espoir Attisés par le chant Ils échappent à l'aimantation Des sols et des couteaux Émergeant des abris taciturnes Ils apprivoisent l'horizon Se libèrent des mots flétris Quittent les ornières du soupçon L'avenir cédant à l'espérance Leur rêve engrènera le réel.

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    B

    Baptiste Rousseau

    @baptisteRousseau

    Jean ode tirée du cantique d'Ézéchias J'ai vu mes tristes journées Décliner vers leur penchant ; Au midi de mes années Je touchais à mon couchant : La Mort, déployant ses ailes, Couvrait d'ombres éternelles La clarté dont je jouis ; Et, dans cette nuit funeste, Je cherchais en vain le reste De mes jours évanouis.

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    S

    Sadek Belhamissi

    @sadekBelhamissi

    Aveugles, les humains ! Que la Paix soit, en ce jour béni, Dans vos yeux limpides qui sourient. à la vie la lumière Je perçois, chez grands et tout-petits. Que la Joie emplisse vos doux foyers fleuris. . Le miracle d’un sourire, tient sa force du Divin. Pourquoi sommes nous si pressés et remettre à demain, pourquoi, dès aujourd’hui, ne pas tendre la main à ce frère qui nous ressemble, apaiser son chagrin.? . Ballotée dans l’immensité qui défie la raison aveugles les humains, pour ne point voir encore que nous sommes les enfants d’une seule maison, et pour son prochain aimer, pourquoi attendre sa mort. . Dans le cœur de l’humain, qu’efface la douceur ses rancunes, la violence et toute mélancolie. Que cessent les injustices et toutes sortes de malheurs et tel le Phoenix que partout l’espoir reprenne vie. . . . comment/ Dans le 3eme quatrain ,_ballotée dans l'imensité......enfants d'une seule maison _ il s'agit de la Terre seule maison des humains et chacun sait que cette planète tourne autour d'elle même ,autour du Soleil qui lui-même tourne autour de son orbite _la Terre n'étant jamais à la même place d'où le terme" ballotée" _sadek

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    B

    Biron Marlene

    @bironMarlene

    Juste un peu de temps Comme une chenille sans famille Je rame l'air tranquille Le temps me surprend Pleine ma patience j'avance Je cherche ma route Tel est mon destin J'attendrai comme un matin Que l'amour me surprenne Comme une vague qui s'enchaîne Au son de la harpe Je lui dirai tiens moi la main Conduis- moi au sentier du bonheur Là où l'amour sera roi divin

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    C

    Caroline Baucher

    @carolineBaucher

    La plume de l'espoir Je me suis levée, un matin une plume est tombée à mes pieds ; Je l'ai ramassée : c'était la plume de l'espoir. Grâce à elle, Je survole mon désespoir : Et elle me fait entrevoir de nouveaux rêves. Elle hèle mes pensées Qui virevoltent sous ma plume. Elle est devenue, depuis, une aile protectrice

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'imprévu Harpagon, qui veillait son père agonisant, Se dit, rêveur, devant ces lèvres déjà blanches: «Nous avons au grenier un nombre suffisant, Ce me semble, de vieilles planches?» Célimène roucoule et dit: «Mon coeur est bon, Et naturellement, Dieu m'a faite très belle.» — Son coeur! coeur racorni, fumé comme un jambon, Recuit à la flamme éternelle! Un gazetier fumeux, qui se croit un flambeau, Dit au pauvre, qu'il a noyé dans les ténèbres: «Où donc l'aperçois-tu, ce créateur du Beau, Ce Redresseur que tu célèbres?»

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    La mort des amants Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ; Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le désespoir de la vieille La petite vieille ratatinée se sentit toute réjouie en voyant ce joli enfant à qui chacun faisait fête, à qui tout le monde voulait plaire ; ce joli être, si fragile comme elle, la petite vieille, et, comme elle aussi, sans dents et sans cheveux. Et elle s’approcha de lui, voulant lui faire des risettes et des mines agréables. Mais l’enfant épouvanté se débattait sous les caresses de la bonne femme décrépite, et remplissait la maison de ses glapissements. Alors la bonne vieille se retira dans sa solitude éternelle, et elle pleurait dans un coin, se disant : — « Ah ! pour nous, malheureuses vieilles femelles, l’âge est passé de plaire, même aux innocents ; et nous faisons horreur aux petits enfants que nous voulons aimer ! »

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    En la forêt de longue attente En la forêt de Longue Attente Chevauchant par divers sentiers M'en vais, cette année présente, Au voyage de Desiriers. Devant sont allés mes fourriers Pour appareiller mon logis En la cité de Destinée ; Et pour mon cœur et moi ont pris L'hôtellerie de Pensée. Je mène des chevaux quarante Et autant pour mes officiers, Voire, par Dieu, plus de soixante, Sans les bagages et sommiers. Loger nous faudra par quartiers, Si les hôtels sont trop petits ; Toutefois, pour une vêprée, En gré prendrai, soit mieux ou pis, L'hôtellerie de Pensée.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    France, jadis on te soulait nommer France, jadis on te soulait nommer, En tous pays, le trésor de noblesse, Car un chacun pouvait en toi trouver Bonté, honneur, loyauté, gentillesse, Clergie, sens, courtoisie, prouesse. Tous étrangers aimaient te suivre. Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance, Qu'il te convient maint grief mal soustenir, Très chrétien, franc royaume de France. Sais-tu d'où vient ton mal, à vrai parler ? Connais-tu point pourquoi es en tristesse ? Conter le veux, pour vers toi m'acquitter, Ecoute-moi et tu feras sagesse. Ton grand orgueil, glotonnie, paresse, Convoitise, sans justice tenir, Et luxure, dont as eu abondance, Ont pourchacié vers Dieu de te punir, Très chrétien, franc royaume de France.

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    Bon espoir Va-t'en ailleurs, fausse Vieille dolente, Grande ennemie à Fortune et Bonheur, Sans fourvoyer par ta parole lente Ce pauvre humain hors la voie d'honneur; Et toi, ami, crois-moi, car guerdonneur Je te ferai, si craintif ne te sens : Crois donc Mercure, emploie tes cinq sens, Cœur et esprit et fantaisie toute A composer nouveaux mots et récents En déchassant crainte, souci et doute. Car celle-là vers qui tu as entente De t'adresser est pleine de liqueur D'humilité, cette vertu patente, De qui jamais vice ne fut vainqueur. Et outre plus, c'est la dame de cœur Mieux excusant les esperits et sens Des écrivains, tant soient-ils innocents, Et qui plutôt leurs misères déboute. Si te supplie, à mon vueil condescends, En déchassant crainte, souci et doute. Est-il possible, en vertu excellente Qu'un corps tout seul puisse être possesseur De trois beaux dons, de Juno l'opulente, Pallas, Vénus? Oui : car je suis sûr Qu'elle a prudence, avoir, beauté, douceur, Et des vertus encor plus de cinq cents. Parquoi, ami, si tes dits sont décents, Tu connaîtras (et de ce ne te doute) A quel honneur viennent adolescents En déchassant crainte, souci et doute. Envoi Homme craintif, tenant rentes et cens Des Muses, crois, si jamais tu descends Au val de peur, qui hors d'espoir te boute, Mal t'en ira : pource à moi te consens En déchassant crainte, souci et doute.

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    L'épître au Roi, pour le délivrer de prison Roi des Français, plein de toutes bontés, Quinze jours a, je les ai bien comptés, Et dès demain seront justement seize, Que je fus fait confrère au diocèse De Saint-Marry, en l'église Saint-Pris. Si vous dirai comment je fus surpris, Et me déplaît qu'il faut que je le die. Trois grands pendards vinrent à l'étourdie En ce palais me dire en désarroi : « Nous vous faisons prisonnier, par le Roi. » Incontinent, qui fut bien étonné ? Ce fut Marot, plus que s'il eût tonné. Puis m'ont montré un parchemin écrit, Où n'y avait seul mot de Jésus-Christ : II ne parlait tout que de plaiderie, De conseillers et d'emprisonnerie. « Vous souvient-il, ce me dirent-ils lors, Que vous étiez l'autre jour là-dehors, Qu'on recourut un certain prisonnier Entre nos mains ? » Et moi de le nier ! Car, soyez sûr, si j'eusse dit oui, Que le plus sourd d'entre eux m'eût bien ouï, Et d'autre part, j'eusse publiquement Été menteur : car, pourquoi et comment Eussé-je pu un autre recourir, Quand je n'ai su moi-même secourir ? Pour faire court, je ne sus tant prêcher Que ces paillards me voulsissent lâcher. Sur mes deux bras ils ont la main posée, Et m'ont mené ainsi qu'une épousée, Non pas ainsi, mais plus raide un petit. Et toutefois j'ai plus grand appétit De pardonner à leur folle fureur Qu'à celle-là de mon beau procureur : Que male mort les deux jambes lui casse ! II a bien pris de moi une bécasse, Une perdrix, et un levraut aussi, Et toutefois je suis encore ici ! […] Si vous supplie, Sire, mander par lettre, Qu'en liberté ces gens me veuillent mettre; Très humblement requérant votre grâce De pardonner à ma trop grande audace D'avoir empris ce sot écrit vous faire; Et m'excusez, si pour le mien affaire Je ne suis point vers vous allé parler : Je n'ai pas eu le loisir d'y aller.

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    D

    David Bunel

    @davidBunel

    Aux étoiles perchées... Ainsi je vais, bonnant-malant Un goût de blues et de vin rouge, Aux étoiles perchées, content ... Rêvant vie nouvelle ou tout bouge ! Je la veux d'un feu passionnant, Atteindre l'Hydille ... Aube rouge, Goût de blues, clopin-clopan, Aux étoiles perchées je bouge.

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    D

    David Bunel

    @davidBunel

    L'éventuelle Alors que j'avançais vers l'Eventuel Toi, Mon coeur qui battait la mesure de mes pas Se saisit d'un trouble vif, indéfinissable... Idem à la nuit ou tu fis de moi un roi, Me donnant merveilles, l'ivresse des corps d'Amour las. J'avançais, emplit de sensations agréables, Espérant de tout mon être l'Eventuel Toi, Nos mains qui se serrent, nos mots chuchotés tout bas, Nos baisers passages au dessus de la table. Te cherchant du regard, je n'ai trouvé que moi Dans le reflet des vitres du bar, juste là, Sourire aux lèvres, de mes pensées inavouables.

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    Prière pour aller au paradis avec les ânes Lorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites que ce soit par un jour où la campagne en fête poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas, choisir un chemin pour aller, comme il me plaira, au Paradis, où sont en plein jour les étoiles. Je prendrai mon bâton et sur la grande route j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis : Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis, car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon Dieu. Je leur dirai : " Venez, doux amis du ciel bleu, pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille, chassez les mouches plates, les coups et les abeilles." Que je Vous apparaisse au milieu de ces bêtes que j'aime tant parce qu'elles baissent la tête doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds d'une façon bien douce et qui vous fait pitié. J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles, suivi de ceux qui portent au flanc des corbeilles, de ceux traînant des voitures de saltimbanques ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc, de ceux qui ont au dos des bidons bossués, des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés, de ceux à qui l'on met de petits pantalons à cause des plaies bleues et suintantes que font les mouches entêtées qui s'y groupent en ronds. Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je Vous vienne. Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises lisses comme la chair qui rit des jeunes filles, et faites que, penché dans ce séjour des âmes, sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes qui mireront leur humble et douce pauvreté à la limpidité de l'amour éternel.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Espoir timide Chère âme, si l’on voit que vous plaignez tout bas Le chagrin du poëte exilé qui vous aime, On raillera ma peine et l’on vous dira même Que l’amour fait souffrir, mais que l’on n’en meurt pas. Ainsi qu’un mutilé qui survit aux combats, L’amant désespéré qui s’en va, morne et blême, Loin des hommes qu’il fuit et de Dieu qu’il blasphème, N’aimerait-il pas mieux le calme du trépas ? Chère enfant, qu’avant tout vos volontés soient faites ! Mais, comme on trouve un nid rempli d’oeufs de fauvettes, Vous avez ramassé mon coeur sur le chemin. Si de l’anéantir vous aviez le caprice, Vous n’auriez qu’à fermer brusquement votre main, – Mais vous ne voudrez pas, j’en suis sûr, qu’il périsse !

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Ruines du coeur Mon coeur était jadis comme un palais romain, Tout construit de granits choisis, de marbres rares. Bientôt les passions, comme un flot de barbares, L’envahirent, la hache ou la torche à la main. Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain. Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares. Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares ; Et les ronces avaient effacé le chemin. Je suis resté longtemps, seul, devant mon désastre. Des midis sans soleil, des minuits sans un astre, Passèrent, et j’ai, là, vécu d’horribles jours ; Mais tu parus enfin, blanche dans la lumière, Et, bravement, afin de loger nos amours, Des débris du palais j’ai bâti ma chaumière.

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Prière pour le roi Henri le Grand Pour le roi allant en Limousin. Ô Dieu, dont les bontés, de nos larmes touchées, Ont aux vaines fureurs les armes arrachées, Et rangé l'insolence aux pieds de la raison ; Puisqu'à rien d'imparfait ta louange n'aspire, Achève ton ouvrage au bien de cet empire, Et nous rends l'embonpoint comme la guérison ! Nous sommes sous un roi si vaillant et si sage, Et qui si dignement a fait l'apprentissage De toutes les vertus propres à commander, Qu'il semble que cet heur nous impose silence, Et qu'assurés par lui de toute violence Nous n'avons plus sujet de te rien demander. Certes quiconque a vu pleuvoir dessus nos têtes Les funestes éclats des plus grandes tempêtes Qu'excitèrent jamais deux contraires partis, Et n'en voit aujourd'hui nulle marque paraître, En ce miracle seul il peut assez connaître Quelle force a la main qui nous a garantis.

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    G

    Gabriel Leroy

    @gabrielLeroy

    La toquade de Tatwu Il avait un regard pailleté d’ambre et d’or, des sabots de cobalt, et le menton cornu. Dans ses veines ruaient les hydres de l’ichor dont l’ire incandescente empourprait son corps nu. Tatwu aurait été un démon ordinaire s’il n’avait eu un jour l’étrange volonté de dédaigner les lois prodigues des enfers pour convoiter les cieux et leur immensité. Car Tatwu enviait la belle lune blême. Lui qui était déchu, injustement puni, jalousait les atours et les grâces suprêmes de celle qui buvait au broc de l’infini. Pendant presque mille ans il amassa des plumes, de celles que parfois sous les cieux tourmentés aiment à disperser les feux qui se consument. Et le démon s’aila d’ombre et de vanité. Il put choisir alors comme on choisit sa reine le volcan le plus fier et le plus élevé. Mais l’envol annoncé aux charmes de Sélène ne se déroula pas comme il l’avait rêvé. Comme au nœud d’une corde une vie reste prise quand il s’était jeté vers la douce Phoebé, son âme était restée accrochée à la brise et son corps impatient au sol était tombé. Puisqu’en cet instant là si hauts étaient ses rêves et si démesuré son désenchantement, son destin fut depuis de relier sans trêve, le céleste au chtonien, l’enfer au firmament. En essayant en vain de rallier son corps tel au gouffre sans fond son esprit mécréant ne cesse de tomber et de tomber encore, de descendre à jamais les pentes du néant. Il est le passager d’une chute éternelle. C’est lui qui nous inspire et que nous contemplons lorsque l’envie d’aimer vers les cieux nous appelle, mais que nous n’avons foi qu’en des ailes de plomb. Son essence à jamais se cherche entre deux mondes. Quand l’espoir se repait de nos corps impuissants, quand la mélancolie du couchant nous inonde, c’est éternellement Tatwu qui redescend.

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    G

    Georges Emmanuel Clancier

    @georgesEmmanuelClancier

    Espoir La ville jette sur mon corps les griffes de son jeu, Sa nuit, et la verdure pâle perverse des arbres, Sa nuit où les voix ne sont plus qu'une parole en feu Et qui murmure au noir la fureur douce de la chair. Tant d'amoureuses, de rêves et de destins se perdent, Tant d'appels lourds se perdent qui me frôlent jusqu'au sang. Je ne les connais plus : pauvres aveux élincelants Dont la lueur même signe la secrète misère, Je ne sais quels parfums de campagne veillent en eux Ni l'enfance de leur désir le nom de leur soleil, Je ne sais que ces solitudes errantes au ciel : Passions désertes d'une croisade sans regards, Un vent tournoie qui les entraîne et les hausse à la mort. Seul, j'écoute la vaine rumeur des vies égarées, Par la nuit je l'écoute et sous l'ombre de mon silence, Malgré la chaleur qui rôde d'étreintes et de danses Il me faut croire au gel fatal où se prend la pensée. N'est-ce rien d'autre qu'un songe l'astre de cette ville, Ample délire charnel grondant sous la nuit comme île D'été ? Cette menace est mienne qui râle aux faubourgs ; Les murs là-bas sont battus des lames des landes grises : L'herbe brûle, les feux crient, jamais n'y chante le jour. Toute l'horrible absence du monde y creuse les hommes, Aspire leur odorante saison de souvenirs ; Telle qu'une blessure bleue de néant gît la guerre, Bave la guerre, jusqu'aux veines obscures du temps, Cendres et ruines aux combes de l'univers déferlent, La houle des landes amères courbe les vivants. Seul je sens les rues charrier leur poids de simples merveilles, Je guette sous les murs l'insecte mort de la pensée. Seul j'écoute au delà des branches déchirées de l'île Gémir le crime contre l'espoir hautain d'une fleur. Puis, lente, si patiente une aube apaise les présences... Des brumes douloureuses je vois sourdre un peu du baume. Un peu de l'abandon timide où saura fuir la sève. Au loin, pleine des musiques de la terre, une fleur, Mille fleurs poussent leur fraîcheur têtue, percent le gel. Redeviennent les pourpres nervures d'une pensée, Lavent ces atroces fumées où s'écroulaient les peuples, — Des fleurs gonflées de l'aube mélancolique de dieu. Violette et blanche prairie promise hors de l'horizon, J'attends que s'enroulent à l'île les bras de ta sève, Que ton balancement déjà soulève la moisson Du désert ; une tige, un oiseau, le ciel, seules trêves Jaillies à l'âme et brisant l'éternité de la guerre. Viennent la chevauchée et l'oraison de tes feuillages ; Le seuil lisse des fleurs qu'A aborde autour de la terre Et qu'y glisse un être libre de nos pauvres orages ! Je te devine forêt transparente de l'espoir ; Tes rameaux enchevêtrés dans les ombres de la ville Gagnent soudain les hommes, les vêtent de leur écorce Puis les meuvent sous le soir, doucement, comme leurs fruits; Les solitudes, pures des fards anciens de l'angoisse. Fuient la chair, ouvrent les amours, montent, calmes étoiles, À travers les branches sans automne où le monde luit. L'air pose sur mes yeux le même tissu de secrets. Rien n'a tremblé, parmi les allusives inconnues Qui brassaient vers leurs seins, d'une main sauvage, cette heure. Elles passent en moi toujours avec cette senteur De pluie au crépuscule, et toujours, elles chantent, nues. Mais le souffle futur, mais le cœur égal des pollens Ont respiré dans l'élan sans royaume des sirènes, Le présage en est sur leur peau ce reflet de fontaine Où les rêves, les caresses et l'être s'uniraient. Le sommeil des prairies oscille loin des destinées Mais les signes de sa puissance en mon désir se frayent Une trace d'herbes et de sable sous la rosée : Signes des menthes, des iris dressant sur mes années Une foule dont les fleurs rythment la céleste haleine Comme elles rythment le battement inquiet de ma vie... L'espoir est cette jeune fougère qui m'envahit Novembre 1940

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La chanson du mal-aimé Et je chantais cette romance En 1903 sans savoir Que mon amour à la semblance Du beau Phénix s’il meurt un soir Le matin voit sa renaissance. Un soir de demi-brume à Londres Un voyou qui ressemblait à Mon amour vint à ma rencontre Et le regard qu’il me jeta Me fit baisser les yeux de honte Je suivis ce mauvais garçon Qui sifflotait mains dans les poches Nous semblions entre les maisons Onde ouverte de la Mer Rouge Lui les Hébreux moi Pharaon Oue tombent ces vagues de briques Si tu ne fus pas bien aimée Je suis le souverain d’Égypte Sa soeur-épouse son armée Si tu n’es pas l’amour unique Au tournant d’une rue brûlant De tous les feux de ses façades Plaies du brouillard sanguinolent Où se lamentaient les façades Une femme lui ressemblant C’était son regard d’inhumaine La cicatrice à son cou nu Sortit saoule d’une taverne Au moment où je reconnus La fausseté de l’amour même Lorsqu’il fut de retour enfin Dans sa patrie le sage Ulysse Son vieux chien de lui se souvint Près d’un tapis de haute lisse Sa femme attendait qu’il revînt L’époux royal de Sacontale Las de vaincre se réjouit Quand il la retrouva plus pâle D’attente et d’amour yeux pâlis Caressant sa gazelle mâle J’ai pensé à ces rois heureux Lorsque le faux amour et celle Dont je suis encore amoureux Heurtant leurs ombres infidèles Me rendirent si malheureux Regrets sur quoi l’enfer se fonde Qu’un ciel d’oubli s’ouvre à mes voeux Pour son baiser les rois du monde Seraient morts les pauvres fameux Pour elle eussent vendu leur ombre J’ai hiverné dans mon passé Revienne le soleil de Pâques Pour chauffer un coeur plus glacé Que les quarante de Sébaste Moins que ma vie martyrisés Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir Adieu faux amour confondu Avec la femme qui s’éloigne Avec celle que j’ai perdue L’année dernière en Allemagne Et que je ne reverrai plus Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d’ahan Ton cours vers d’autres nébuleuses Je me souviens d’une autre année C’était l’aube d’un jour d’avril J’ai chanté ma joie bien-aimée Chanté l’amour à voix virile Au moment d’amour de l’année

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