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Nature

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Nature

Poésies de la collection nature

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    Patrice Cosnuau

    @patriceCosnuau

    Ainsi la terre et l’eau… Je marche vers la mer… Elle respire encore : Son souffle se faufile en caressant la dune Où parfois, je recueille une larme de lune. Que l’étoile scintille et saupoudre ses ors Au creux de ma prière ! Indécise est l’aurore A l’heure de l’assaut mais la nuit, sans rancune, Lui laisse son lit bleu, tout nacré de lagunes. Un lever de soleil vient crever le décor : Que le ciel est énorme et je suis si petit ! Tout mon être est en fête et mon coeur, confetti ! Les tambours invaincus des franges océanes Roulent en fleur d’écume un tempo de victoire Qui fait vibrer le roc, millénaire butoir ; Ainsi la terre et l’eau peaufinent leurs arcanes…

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    Patrice Cosnuau

    @patriceCosnuau

    Les enfants à venir… Dites-moi, professeurs et maîtres de savoir, Patentés et laïcs, jongleurs fous de programmes, Etes-vous ignorants du complot qui se trame Contre l’humanité de l’homme et son pouvoir ? Quelles valeurs et qualités font notre gloire ? Les paravents du siècle ont jaspé nos neurones Mais le coeur se grisaille : en ces cités atones Se crache une douleur sans espoir ni mémoire, Violente et creusant nos puits d’intolérance. Dites bien aux enfants le lieu de leur naissance : La Terre… Ils sauront tôt – n’en déplaise aux pillards – Qu’un si rare berceau peut devenir tombeau ; Les enfants à venir seront privés d’oiseaux Si l’on n’arrête pas cette ignoble fanfare…

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Celle qui n’a pas la parole Les feuilles de couleur dans les arbres nocturnes Et la liane verte et bleue qui joint le ciel aux arbres, Le vent à la grande figure Les épargne. Avalanche, à travers sa tête transparente La lumière, nuée d’insectes, vibre et meurt. Miracle dévêtu, émiettement, rupture Pour un seul être. La plus belle inconnue Agonise éternellement. Étoiles de son cœur aux yeux de tout le monde.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Denise disait aux merveilles Le soir traînait des hirondelles. Les hiboux Partageaient le soleil et pesaient sur la terre Comme les pas jamais lassés d’un solitaire Plus pâle que nature et dormant tout debout. Le soir traînait des armes blanches sur nos têtes. Le courage brûlait les femmes parmi nous, Elles pleuraient, elles criaient comme des bêtes, Les hommes inquiets s’étaient mis à genoux. Le soir, un rien, une hirondelle qui dépasse, Un peu de vent, les feuilles qui ne tombent plus, Un beau détail, un sortilège sans vertus Pour un regard qui n’a jamais compris l’espace.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La mort, l’amour, la vie J’ai cru pouvoir briser la profondeur de l’immensité Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges Comme un mort raisonnable qui a su mourir Un mort non couronné sinon de son néant Je me suis étendu sur les vagues absurdes Du poison absorbé par amour de la cendre La solitude m’a semblé plus vive que le sang Je voulais désunir la vie Je voulais partager la mort avec la mort Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buée Ni rien devant ni rien derrière rien entier J’avais éliminé le glaçon des mains jointes J’avais éliminé l’hivernale ossature Du voeu de vivre qui s’annule Tu es venue le feu s’est alors ranimé L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé Et la terre s’est recouverte De ta chair claire et je me suis senti léger Tu es venue la solitude était vaincue J’avais un guide sur la terre je savais Me diriger je me savais démesuré J’avançais je gagnais de l’espace et du temps J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit Promettait à l’aurore des regards confiants Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard Ta bouche était mouillée des premières rosées Le repos ébloui remplaçait la fatigue Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours. Les champs sont labourés les usines rayonnent Et le blé fait son nid dans une houle énorme La moisson la vendange ont des témoins sans nombre Rien n’est simple ni singulier La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit La forêt donne aux arbres la sécurité Et les murs des maisons ont une peau commune Et les routes toujours se croisent. Les hommes sont faits pour s’entendre Pour se comprendre pour s’aimer Ont des enfants qui deviendront pères des hommes Ont des enfants sans feu ni lieu Qui réinventeront les hommes Et la nature et leur patrie Celle de tous les hommes Celle de tous les temps. Paul Eluard

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Luire Terre irréprochablement cultivée, Miel d’aube, soleil en fleurs, Coureur tenant encore par un fil au dormeur (Nœud par intelligences) Et le jetant sur son épaule: «Il n’a jamais été plus neuf, Il n’a jamais été si lourd.» Usure, il sera plus léger, Utile. Clair soleil d’été avec: Sa chaleur, sa douceur, sa tranquillité Et, vite, Les porteurs de fleurs en l’air touchent de la terre.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    L’invention La droite laisse couler du sable. Toutes les transformations sont possibles. Loin, le soleil aiguise sur les pierres sa hâte d’en finir. La description du paysage importe peu, Tout juste l’agréable durée des moissons. Clair avec mes deux yeux, Comme l’eau et le feu. * * * * * Quel est le rôle de la racine? Le désespoir a rompu tous ses liens Et porte les mains à sa tête. Un sept, un quatre, un deux, un un. Cent femmes dans la rue Que je ne verrai plus. * * * * * L’art d’aimer, l’art libéral, l’art de bien mourir, l’art de penser, l’art incohérent, l’art de fumer, l’art de jouir, l’art du moyen-âge, l’art décoratif, l’art de raisonner, l’art de bien raisonner, l’art poétique, l’art mécanique, l’art érotique, l’art d’être grand-père, l’art de la danse, l’art de voir, l’art d’agrément, l’art de caresser, l’art japonais, l’art de jouer, l’art de manger, l’art de torturer. * * * * * Je n’ai pourtant jamais trouvé ce que j’écris dans ce que j’aime.

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    Paul Neuhuys

    @paulNeuhuys

    Histoire naturelle Les abeilles butinent Un sourire de sarigue Plumes d'autruche Chagrins d'autrui Une famille de plantigrades L'homme reflète tous les degrés de la création. Si l'un mord comme un fauve l'autre mord comme un poisson. Que connaît-on des mœurs des holothuries? Grâce au carabou perspicace le monde est complet. La sangsue est hermaphrodite.

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    Au platane Tu penches, grand Platane, et te proposes nu, Blanc comme un jeune Scythe, Mais ta candeur est prise, et ton pied retenu Par la force du site. Ombre retentissante en qui le même azur Qui t'emporte, s'apaise, La noire mère astreint ce pied natal et pur A qui la fange pèse.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Après trois ans Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, Je me suis promené dans le petit jardin Qu’éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle. Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle De vigne folle avec les chaises de rotin… Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle. Les roses comme avant palpitent ; comme avant, Les grands lys orgueilleux se balancent au vent, Chaque alouette qui va et vient m’est connue. Même j’ai retrouvé debout la Velléda, Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue, – Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Clair de lune Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques. Tout en chantant sur le mode mineur L’amour vainqueur et la vie opportune, Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune, Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d’extase les jets d’eau, Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Dans les bois D’autres, – des innocents ou bien des lymphatiques, – Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux, Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux ! D’autres s’y sentent pris – rêveurs – d’effrois mystiques. Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords Epouvantable et vague affole sans relâche, Par les forêts je tremble à la façon d’un lâche Qui craindrait une embûche ou qui verrait des morts. Ces grands rameaux jamais apaisés, comme l’onde, D’où tombe un noir silence avec une ombre encore Plus noire, tout ce morne et sinistre décor Me remplit d’une horreur triviale et profonde. Surtout les soirs d’été : la rougeur du couchant Le fond dans le gris bleu des brumes qu’elle teinte D’incendie et de sang ; et l’angélus qui tinte Au lointain semble un cri plaintif se rapprochant. Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur, Et s’éparpille, ainsi qu’un miasme, dans l’espace. La nuit vient. Le hibou s’envole. C’est l’instant Où l’on songe aux récits des aïeules naïves… Sous un fourré, là-bas, là-bas, des sources vives Font un bruit d’assassins postés se concertant.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Dans l’interminable… Dans l’interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune, On croirait voir vivre Et mourir la lune. Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait voir vivre Et mourir la lune. Corneille poussive Et vous, les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive ? Dans l’interminable Ennui de la plaine La neige incertaine Luit comme du sable.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    En Septembre Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité, Sur les eaux et parmi les feuilles, Jusque dans ta rue, ô Paris, La rue aride où tu t’endeuilles De tels parfums jamais taris, Pantin, Aubervilliers, prodige De la Chimie et de ses jeux, Voici venir la brise, dis-je, La brise aux sursauts courageux… La brise purificatrice Des langueurs morbides d’antan, La brise revendicatrice Qui dit à la peste : va-t’en ! Et qui gourmande la paresse Du poëte et de l’ouvrier, Qui les encourage et les presse…  » Vive la brise !  » il faut crier :  » Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! « 

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L'ami de la nature J'crach' pas sur Paris, c'est rien chouett' ! Mais comm' j'ai une âm' de poèt', Tous les dimaiich's j'sors de ma boît' Et j'm'en vais avec ma compagne A la campagne. Nous prenons un train de banlieu' Qui nous brouette à quèques lieu's Dans le vrai pays du p'tit bleu. Car on n'boit pas toujours d'champagne A la campagne. Ell' met sa rob' de la Rein' Blanch' Moi, j'emport' ma pip' la plus blanch' ; J'ai pas d'chemis', mais j'mets des manch's. Car il faut bien quTéléganc' règne A la campègne. Nous arrivons, vrai, c'est très batt' ! Des écaill's d'huîtr's comm' chez Baratt' Et des cocott's qui vont à patt's. Car on est tout comme chez soi A la camp — quoi ! Mais j'vois qu'ma machin' vous em...terre, Fait's-moi signe et j'vous obtempère. D'autant qu'j'demand' pas mieux qu' de m'taire... Faut pas se gêner plus qu'au bagne, A la campagne.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Le ciel est par-dessus le toit Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu'on voit, Doucement tinte. Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. Qu'as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ?

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Le soleil du matin Le soleil du matin doucement chauffe et dore Les seigles et les blés tout humides encore, Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit. L’on sort sans autre but que de sortir ; on suit, Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes, Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes. L’air est vif. Par moment un oiseau vole avec Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec, Et son reflet dans l’eau survit à son passage. C’est tout. Mais le songeur aime ce paysage Dont la claire douceur a soudain caressé Son rêve de bonheur adorable, et bercé Le souvenir charmant de cette jeune fille, Blanche apparition qui chante et qui scintille, Dont rêve le poète et que l’homme chérit, Evoquant en ses voeux dont peut-être on sourit La Compagne qu’enfin il a trouvée, et l’âme Que son âme depuis toujours pleure et réclame.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Les chères mains qui furent miennes Les chères mains qui furent miennes, Toutes petites, toutes belles, Après ces méprises mortelles Et toutes ces choses païennes, Après les rades et les grèves, Et les pays et les provinces, Royales mieux qu'au temps des princes, Les chères mains m'ouvrent les rêves. Mains en songe, mains sur mon âme, Sais-je, moi, ce que vous daignâtes, Parmi ces rumeurs scélérates, Dire à cette âme qui se pâme ? Ment-elle, ma vision chaste D'affinité spirituelle, De complicité maternelle, D'affection étroite et vaste ? Remords si cher, peine très bonne, Rêves bénis, mains consacrées, Ô ces mains, ces mains vénérées, Faites le geste qui pardonne !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Promenade sentimentale Le couchant dardait ses rayons suprêmes Et le vent berçait les nénuphars blêmes ; Les grands nénuphars entre les roseaux Tristement luisaient sur les calmes eaux. Moi j’errais tout seul, promenant ma plaie Au long de l’étang, parmi la saulaie Où la brume vague évoquait un grand Fantôme laiteux se désespérant Et pleurant avec la voix des sarcelles Qui se rappelaient en battant des ailes Parmi la saulaie où j’errais tout seul Promenant ma plaie ; et l’épais linceul Des ténèbres vint noyer les suprêmes Rayons du couchant dans ses ondes blêmes Et les nénuphars, parmi les roseaux, Les grands nénuphars sur les calmes eaux.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La courbe de tes yeux La Courbe de tes Yeux un des plus beaux poèmes de Paul Éluard. C’est un poème d'amour en trois quintils, publié en 1924 dans le recueil Capitale de la Douleur. Il est écrit après sa séparation avec sa femme avec Gala, d’origine Russe, qu’il aime encore. Ils se rencontrent en 1912 se marient en 1917. La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Ces roses pour moi destinées Ces roses pour moi destinées Par le choix de sa main, Aux premiers feux du lendemain, Elles étaient fanées. Avec les heures, un à un, Dans la vasque de cuivre, Leur calice tinte et délivre Une âme à leur parfum Liée, entre tant, ô Ménesse, Qu’à travers vos ébats, J’écoute résonner tout bas Le glas de ma jeunesse.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Douce plage ou naquit mon âme Douce plage où naquit mon âme ; Et toi, savane en fleurs Que l'Océan trempe de pleurs Et le soleil de flamme ; Douce aux ramiers, douce aux amants, Toi de qui la ramure Nous charmait d'ombre, et de murmure, Et de roucoulements ; Où j'écoute frémir encore Un aveu tendre et fier - Tandis qu'au loin riait la mer Sur le corail sonore.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Le tremble est blanc Le temps irrévocable a fui. L’heure s’achève. Mais toi, quand tu reviens, et traverses mon rêve, Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève, Tes yeux plus clairs. A travers le passé ma mémoire t’embrasse. Te voici. Tu descends en courant la terrasse Odorante, et tes faibles pas s’embarrassent Parmi les fleurs. Par un après-midi de l’automne, au mirage De ce tremble inconstant que varient les nuages, Ah ! verrai-je encor se farder ton visage D’ombre et de soleil ?

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    L’alchimiste Satan, notre meg, a dit Aux rupins embrassés des rombières :  » Icicaille est le vrai paradis  » Dont les sources nous désaltèrent.  » La vallace couleur du ciel  » Y lèche le long des allées  » Le pavot chimérique et le bel  » Iris, et les fleurs azalées.  » La douleur, et sa soeur l’Amour,  » La luxure aux chemises noires  » Y préparent pour vous, loin du jour,  » Leurs poisons les plus doux à boire.  » Et tandis qu’aux portes de fer  » Se heurte la jeune espérance,  » Une harpe dessine dans l’air  » Le contour secret du silence. «  Ainsi (à voix basse) parla Le sorcier subtil du Grand Oeuvre, Et Lilith souriait, dont les bras Sont plus frais que la peau des couleuvres.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    La tulipe Madrigal Au soleil. Bel astre à qui je dois mon être et ma beauté, Ajoute l’immortalité A l’éclat non pareil dont je suis embellie ; Empêche que le temps n’efface mes couleurs : Pour trône donne-moi le beau front de Julie ; Et, si cet heureux sort à ma gloire s’allie, Je serai la reine des fleurs.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    À la forêt de Gastine Couché sous tes ombrages vers Gastine, je te chante Autant que les Grecs par leurs vers La forest d’Erymanthe. Car malin, celer je ne puis A la race future De combien obligé je suis A ta belle verdure : Toy, qui sous l’abry de tes bois Ravy d’esprit m’amuses, Toy, qui fais qu’à toutes les fois Me respondent les Muses : Toy, par qui de ce meschant soin Tout franc je me délivre. Lors qu’en toy je me pers bien loin. Parlant avec un livre. Tes bocages soient tousjours pleins D’amoureuses brigades, De Satyres et de Sylvains, La crainte des Naiades. En toy habite désormais Des Muses le college. Et ton bois ne sente jamais La flame sacrilège.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Ciel, air et vents, plains et monts découverts Ciel, air et vents, plains et monts découverts, Tertres vineux et forêts verdoyantes, Rivages torts et sources ondoyantes, Taillis rasés et vous bocages verts, Antres moussus à demi-front ouverts, Prés, boutons, fleurs et herbes roussoyantes, Vallons bossus et plages blondoyantes, Et vous rochers, les hôtes de mes vers, Puis qu’au partir, rongé de soin et d’ire, A ce bel oeil Adieu je n’ai su dire, Qui près et loin me détient en émoi, Je vous supplie, Ciel, air, vents, monts et plaines, Taillis, forêts, rivages et fontaines, Antres, prés, fleurs, dites-le-lui pour moi.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Contre les bucherons de la forest de Gastin Elégie Quiconque aura premier la main embesongnée A te couper, forest, d’une dure congnée, Qu’il puisse s’enferrer de son propre baston, Et sente en l’estomac la faim d’Erisichton, Qui coupa de Cerés le Chesne venerable Et qui gourmand de tout, de tout insatiable, Les bœufs et les moutons de sa mère esgorgea, Puis pressé de la faim, soy-mesme se mangea : Ainsi puisse engloutir ses rentes et sa terre, Et se devore après par les dents de la guerre. Qu’il puisse pour vanger le sang de nos forests, Tousjours nouveaux emprunts sur nouveaux interests Devoir à l’usurier, et qu’en fin il consomme Tout son bien à payer la principale somme. Que tousjours sans repos ne face en son cerveau Que tramer pour-neant quelque dessein nouveau, Porté d’impatience et de fureur diverse, Et de mauvais conseil qui les hommes renverse. Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras) Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas, Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ? Sacrilege meurdrier, si on prend un voleur Pour piller un butin de bien peu de valeur, Combien de feux, de fers, de morts, et de destresses Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ? Forest, haute maison des oiseaux bocagers, Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere Plus du Soleil d’Esté ne rompra la lumiere. Plus l’amoureux Pasteur sur un tronq adossé, Enflant son flageolet à quatre trous persé, Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette, Ne dira plus l’ardeur de sa belle Janette : Tout deviendra muet : Echo sera sans voix : Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois, Dont l’ombrage incertain lentement se remue, Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue : Tu perdras ton silence, et haletans d’effroy Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy. Adieu vieille forest, le jouët de Zephyre, Où premier j’accorday les langues de ma lyre, Où premier j’entendi les fleches resonner D’Apollon, qui me vint tout le coeur estonner : Où premier admirant la belle Calliope, Je devins amoureux de sa neuvaine trope, Quand sa main sur le front cent roses me jetta, Et de son propre laict Euterpe m’allaita. Adieu vieille forest, adieu testes sacrées, De tableaux et de fleurs autrefois honorées, Maintenant le desdain des passans alterez, Qui bruslez en Esté des rayons etherez, Sans plus trouver le frais de tes douces verdures, Accusent vos meurtriers, et leur disent injures. Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens, Arbres de Jupiter, germes Dodonéens, Qui premiers aux humains donnastes à repaistre, Peuples vrayment ingrats, qui n’ont sceu recognoistre Les biens receus de vous, peuples vraiment grossiers, De massacrer ainsi nos peres nourriciers. Que l’homme est malheureux qui au monde se fie ! Ô Dieux, que véritable est la Philosophie, Qui dit que toute chose à la fin perira, Et qu’en changeant de forme une autre vestira : De Tempé la vallée un jour sera montagne, Et la cyme d’Athos une large campagne, Neptune quelquefois de blé sera couvert. La matiere demeure, et la forme se perd.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Je mourrais de plaisir… Je mourrais de plaisir voyant par ces bocages Les arbres enlacés de lierres épars, Et la lambruche errante en mille et mille parts Ès aubépins fleuris près des roses sauvages. Je mourrais de plaisir oyant les doux langages Des huppes, et coucous, et des ramiers rouards Sur le haut d’un futeau bec en bec frétillards, Et des tourtres aussi voyant les mariages. Je mourrais de plaisir voyant en ces beaux mois Sortir de bon matin les chevreuils hors des bois, Et de voir frétiller dans le ciel l’alouette. Je mourrais de plaisir, où je meurs de souci, Ne voyant point les yeux d’une que je souhaite Seule, une heure en mes bras en ce bocage ici.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Mignonne, allons voir si la rose A Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d’espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté.

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