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Nature

377 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection nature

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Belle Bleue D’absolue et d’infinie, Je suis une courtisane Convoitée par les hommes. Sur le toit du monde, J’ai conquis le coeur des géants. Ceux des mers assoiffées Qui m’ont bordée de remparts Et m’ont possédée jalousement. J’ai amarré mon ancre Et décroché la lune. Ronde de fond en comble, Je garde mes trésors Et préserve ce peu qu’il me reste.

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Crier à la lune J’ai crié à la lune Soupirant ma souffrance J’ai hurlé aux étoiles Implorant mon combat J’ai rencontré mon ombre Confiant mon existence J’ai fui mon cœur En cavale amoureuse J’ai franchi l’horizon Au bout de ma croyance Je me suis illusionnée De rêves et d’enivrances J’ai perdu en exil L’appartenance d’un autre Je me suis dépossédée De tout attachement J’ai apprivoisé mes pensées De tout arrachement Mon corps s’est arrêté J’ai écouté mon rythme Mon cœur s’est arrêté J’ai calmé son battement Mon monde s’est arrêté J’ai soufflé au soleil J’ai regardé le ciel Et respiré au vent.

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Enivrance Enivre-toi de tes envies Hurle jusqu’à la délivrance Ris à en perdre la tête Pleure de tes émotions Déchire-toi de tes cicatrices Vole à travers tes rêves Regarde l’allégresse du monde Vibre au-delà des horizons, Écoute parler la pluie, Vois ce que disent les nuages, Goûte la saveur du soleil, Bois l’eau de la source, Vole à travers le vent, Touche l’érosion de la terre, Marche entre les instants d’un devenir. Tu peux dormir les yeux ouverts, Incrédule ou docile. Tu peux nier ou décider de voir Irrésistiblement la vie.

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Fragile Sortie de terre d’un rien du désert graine de racines Elle s’accroche contre les vents violents. Force de vie grandissante préserve la beauté de sa fragilité. Délicate, Elle s’ouvre enfin sur le monde pour grandir. Une fois debout Épanouie, elle s’effrite, fanée mais toujours là. D’un brin d’air Elle revient à la terre pour toujours.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    La ronce Pour me plaindre ou m’aimer je ne cherche personne ; J’ai planté l’arbre amer dont la sève empoisonne. Je savais, je devais savoir quel fruit affreux Naît d’une ronce aride au piquant douloureux. Je saigne. Je me tais. Je regarde sans larmes Des yeux pour qui mes pleurs auraient de si doux charmes.

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    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    Chanson d’automne À Charles Henry Sur le gazon déverdi, passent – comme un troupeau d’oiseaux chimériques – les feuilles pourprées, les feuilles d’or. Emportés par le vent qui les fait tourbillonner éperdûment. – Sur le gazon déverdi, passent les feuilles pourprées, les feuilles d’or. – Elles se sont parées – les tristes mortes – avec une suprême et navrante coquetterie, Elles se sont parées avec des tons de corail, avec des tons de roses, avec des tons de lèvres ; Elles se sont parées avec des tons d’ambre et de topaze. Emportées par le vent qui les fait tourbillonner éperdûment, Elles passent avec un bruit chuchoteur et plein de souvenirs. Les platanes tendent leurs longs bras vers le soleil disparu. Le ciel morose pleure et regrette les chansons des rossignols ; Le ciel morose pleure et regrette les féeries des rosiers et les fiançailles des papillons ; Le ciel morose pleure et regrette toutes les splendeurs saccagées. Tandis que le vent, comme un épileptique, mène dans la cheminée l’hivernal orchestre, Sonnant le glas pour les violettes mortes et pour les fougères, Célébrant les funérailles des gardénias et des chèvrefeuilles ; Tandis que derrière la vitre embuée les écriteaux et les contrevents dansent une fantastique sarabande, Narguant les chères extases défuntes, Et les serments d’amour – oubliés. 14 décembre 1882

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    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    Midi À Georges d’Esparbés Le firmament luit comme un cimeterre Et les routes sont pâles comme des mortes. Les Vents – allègres paladins – Sont partis devers Les mers ; Montés sur les éthéréens chevaux Au fier galop de leurs sonnants sabots Ils sont partis devers Les mers. Une paix maléfique plane comme un oiseau Faisant rêver de mort le plaintif olivier Et de forfaits le figuier tenace Dont le fruit mûr se déchire et saigne. Les sources – comme elles sont loin ! Et les Naïades – Où sont-elles ? Mais voici – joie des yeux – Près de la roche courroucée Le petit âne gris Mangeur de chardons.

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    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Au crépuscule Le soir, couleur cendre et corbeau, Verse au ravin qui s’extasie Sa solennelle poésie Et son fantastique si beau.

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    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    La biche La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux : Son petit faon délicieux À disparu dans la nuit brune. Pour raconter son infortune À la forêt de ses aïeux, La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux. Mais aucune réponse, aucune, À ses longs appels anxieux ! Et, le cou tendu vers les cieux, Folle d’amour et de rancune, La biche brame au clair de lune.

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    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Magie de la nature Béant, je regardais du seuil d'une chaumière De grands sites muets, mobiles et changeants, Qui, sous de frais glacis d'ambre, d'or et d'argent, Vivaient un infini d'espace et de lumière. C'étaient des fleuves blancs, des montagnes mystiques, Des rocs pâmés de gloire et de solennité, Des chaos engendrant de leur obscurité Des éblouissements de forêts élastiques. Je contemplais, noyé d'extase, oubliant tout, Lorsqu'ainsi qu'une rose énorme, tout à coup, La Lune, y surgissant, fleurit ces paysages. Un tel charme à ce point m'avait donc captivé Que j'avais bu des yeux, comme un aspect rêvé, La simple vision du ciel et des nuages !

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    Maëlle Ranoux

    @maelleRanoux

    Arbre de nuit Sous la lune absente Je converse avec les géants de la nuit, Ces arbres qui remuent le noir de leur langage mystérieux Ou bien Habitent le silence nocturne. Je devine au loin Mon capitaine Habité par le vent A la proue de son navire couleur de crème Blanc Cassé Fendu par l’écume du trait du jour naissant.

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    Maëlle Ranoux

    @maelleRanoux

    Une mélodie déchirante Mouvements bleus et brumes mortes, Ces violons me transportent. Ils sont Deux lunes rousses Qui transforment la nuit, Se raisonnent, Contournent la folie, Etincellent de sons francs, Duo forte lumineux et blanc. Il enlace son violoncelle et ses mains ne sont pas des mains Ce sont des branches qui appellent le vent. Ses yeux ne sont pas des yeux Mais deux planètes Qui tournent Dans un océan. Musicien cosmique Il laboure son instrument Fouisse sous la terre et de ses larges mains saisissantes Il broie les particules, les racines, les artères. Sa femme étire son archet, Déchire un nuage, Plante son regard dans ses convulsions Caresse un cadavre au casque de guerre Et donne à son cœur un souffle rouge et long. Ils sont tout le paysage humain Fait de chaos et d’harmonies. Ils sont toute la guerre humaine Faite d’amour et de violence réunies.

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    Michel Helbronner

    @michelHelbronner

    L'âme des vois Il est des nuits où les grands bois ont comme une âme Qui dans l'ombre renaît, pleine d'enchantement, Et vogue vers les champs fleuris du firmament. S'enivrer d'un parfum qui la trouble et la pâme. Du brin d'herbe au vieux pin, chaque plante proclame A cette âme inconnue un éternel serment. Qui vers l'azur heureux monte amoureusement Donner à chaque étoile un regard plein de flamme. Il est des nuits d'extase où l'érable rêveur, Évoquant le passé, célèbre avec ferveur La. gloire des aïeux qui dorment dans la plaine. En ces rêves d'amour par l'aurore apaisés. Quand la terre et le ciel confondent leur haleine, On croirait que dans l'air il bruit des baisers.

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    Michel Ménaché

    @michelMenache

    Le hibou rêve à midi « Le hibou rêve à midi » Gil Jouanard A pas de hyènes radioactives l’hiver nucléaire se tapit Nos villes rayonnent de néons insouciants de fontaines étincelantes Nos ciels s’illuminent d’un simple clic on se fout des étoiles Hiroshima l’Histoire s’emballe la dissuasion se lâche Fukushima se vide Tchernobyl s’endort Brume de toutes les aubes brume bannière noire au revers des ombres brume des cris d’oiseaux perdus Brume aux cheveux de vent brume des forêts en flamme brume descend le long des rives fantômes d’or et de givre A perte de sens les maîtres sorciers sont sourds au poème L’horizon hors d’âge se perd dans les cendres glacées de terrifiants nuages…

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    Nadia Ben Slima

    @nadiaBenSlima

    Les arbres me parlent, dit Idir Que racontent donc ces végétaux en leur majesté ombrageante ? Quelles vertus relatent-ils à travers leur douce chorégraphie… ainsi menée par le vent ? Sont-ce des paroles augurantes ou le récit de leur trace séculaire ? Ces arbres demeurent le symbole d’une nature meurtrie qui s’époumone reclus dans un bastion précaire, à l’abri de « celui » qui la saccage puis la préserve Zéphyr et brise bousculent alors les feuillages de leur souffle salvateur Que racontent donc ces murmures ?

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    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Plaintes contre les tuileries Agréables jardins où les Zéphyrs et Flore Se trouvent tous les jours au lever de l’Aurore; Lieux charmants qui pouvez dans vos sombres réduits, Des plus tristes amants adoucir les ennuis, Cessez de rappeler, dans mon âme insensée, De mon premier bonheur la gloire enfin passée. Ce fut, je m’en souviens, dans cet antique bois Que Philis m’apparut pour la première fois. C’est ici que souvent, dissipant mes alarmes, Elle arrêtait d’un mot mes soupirs et mes larmes. Et que me regardant d’un oeil si gracieux, Elle m’offrait le ciel, ouvert dans ses beaux yeux. Aujourd’hui cependant, injustes que vous êtes, Je sais qu’à mes rivaux vous prêtez vos retraites, Et qu’avec elle assis sur vos tapis de fleurs, Ils triomphent contents de mes vaines douleurs. Allez, jardins dressés par une main fatale, Tristes enfants de l’art du malheureux Dédale, Vos bois, jadis pour moi si charmants et si beaux; Ne sont plus qu’un désert, refuge des corbeaux; Qu’un séjour infernal où cent mille vipères, Tous les jours, en naissant, assassinent leurs mères.

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    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    À mon jardinier Laborieux valet du plus commode maître Qui pour te rendre heureux ici-bas pouvait naître, Antoine, gouverneur de mon jardin d’Auteuil, Qui diriges chez moi l’if et le chèvrefeuil, Et sur mes espaliers, industrieux génie, Sais si bien exercer l’art de La Quintinie ; Ô ! que de mon esprit triste et mal ordonné, Ainsi que de ce champ par toi si bien orné. Ne puis-je faire ôter les ronces, les épines, Et des défauts sans nombre arracher les racines ! Mais parle : raisonnons. Quand, du matin au soir, Chez moi poussant la bêche, ou portant l’arrosoir, Tu fais d’un sable aride une terre fertile, Et rends tout mon jardin à tes lois si docile ; Que dis-tu de m’y voir rêveur, capricieux, Tantôt baissant le front, tantôt levant les yeux, De paroles dans l’air par élans envolées, Effrayer les oiseaux perchés dans mes allées ? Ne soupçonnes-tu point qu’agité du démon, Ainsi que ce cousin des quatre fils Aimon, Dont tu lis quelquefois la merveilleuse histoire, Je rumine en marchant quelque endroit du grimoire ? Mais non : tu te souviens qu’au village on t’a dit Que ton maître est nommé pour coucher par écrit Les faits d’un roi plus grand en sagesse, en vaillance, Que Charlemagne aidé des douze pairs de France. Tu crois qu’il y travaille, et qu’au long de ce mur Peut-être en ce moment il prend Mons et Namur. Que penserais-tu donc, si l’on t’allait apprendre Que ce grand chroniqueur des gestes d’Alexandre, Aujourd’hui méditant un projet tout nouveau, S’agite, se démène, et s’use le cerveau, Pour te faire à toi-même en rimes insensées Un bizarre portrait de ses folles pensées ? Mon maître, dirais-tu, passe pour un docteur, Et parle quelquefois mieux qu’un prédicateur. Sous ces arbres pourtant, de si vaines sornettes Il n’irait point troubler la paix de ces fauvettes, S’il lui fallait toujours, comme moi, s’exercer, Labourer, couper, tondre, aplanir, palisser, Et, dans l’eau de ces puits sans relâche tirée, De ce sable étancher la soif démesurée. Antoine, de nous deux, tu crois donc, je le vois Que le plus occupé dans ce jardin, c’est toi ? O ! que tu changerais d’avis et de langage, Si deux jours seulement, libre du jardinage, Tout à coup devenu poète et bel esprit, Tu t’allais engager à polir un écrit Qui dît, sans s’avilir, les plus petites choses ; Fît des plus secs chardons des oeillets et des roses ; Et sût même au discours de la rusticité Donner de l’élégance et de la dignité ; Lin ouvrage, en un mot, qui, juste en tous ses termes, Sût plaire à d’Aguesseau, sût satisfaire Termes, Sût, dis-je, contenter, en paraissant au jour, Ce qu’ont d’esprits plus fins et la ville et la cour ! Bientôt de ce travail revenu sec et pâle, Et le teint plus jauni que de vingt ans de hâle, Tu dirais, reprenant ta pelle et ton râteau : J’aime mieux mettre encor cent arpents au niveau, Que d’aller follement, égaré dans les nues, Me lasser à chercher des visions cornues ; Et, pour lier des mots si mal s’entr’accordants, Prendre dans ce jardin la lune avec les dents. Approche donc, et viens : qu’un paresseux t’apprenne, Antoine, ce que c’est que fatigue et que peine. L’homme ici-bas, toujours inquiet et gêné, Est, dans le repos même, au travail condamné. La fatigue l’y suit. C’est en vain qu’aux poètes Les neuf trompeuses soeurs dans leurs douces retraites Promettent du repos sous leurs ombrages frais : Dans ces tranquilles bois pour eux plantés exprès, La cadence aussitôt, la rime, la césure, La riche expression, la nombreuse mesure, Sorcières dont l’amour sait d’abord les charmer, De fatigues sans fin viennent les consumer. Sans cesse poursuivant ces fugitives fées, On voit sous les lauriers haleter les Orphées. Leur esprit toutefois se plaît dans son tourment, Et se fait de sa peine un noble amusement. Mais je ne trouve point de fatigue si rude Que l’ennuyeux loisir d’un mortel sans étude, Qui, jamais ne sortant de sa stupidité, Soutient, dans les langueurs de son oisiveté, D’une lâche indolence esclave volontaire, Le pénible fardeau de n’avoir rien à faire. Vainement offusqué de ses pensers épais, Loin du trouble et du bruit il croit trouver la paix : Dans le calme odieux de sa sombre paresse, Tous les honteux plaisirs, enfants de la mollesse, Usurpant sur son âme un absolu pouvoir, De monstrueux désirs le viennent émouvoir, Irritent de ses sens la fureur endormie, Et le font le jouet de leur triste infamie. Puis sur leurs pas soudain arrivent les remords, Et bientôt avec eux tous les fléaux du corps, La pierre, la colique et les gouttes cruelles ; Guénaud, Rainssant, Brayer, presque aussi tristes qu’elles, Chez l’indigne mortel courent tous s’assembler, De travaux douloureux le viennent accabler ; Sur le duvet d’un lit, théâtre de ses gênes, Lui font scier des rocs, lui font fendre des chênes, Et le mettent au point d’envier ton emploi. Reconnais donc, Antoine, et conclus avec moi, Que la pauvreté mâle, active et vigilante, Est, parmi les travaux, moins lasse et plus contente Que la richesse oisive au sein des voluptés. Je te vais sur cela prouver deux vérités : L’une, que le travail, aux hommes nécessaire, Fait leur félicité plutôt que leur misère ; Et l’autre, qu’il n’est point de coupable en repos. C’est ce qu’il faut ici montrer en peu de mots. Suis-moi donc. Mais je vois, sur ce début de prône, Que ta bouche déjà s’ouvre large d’une aune, Et que, les yeux fermés, tu baisses le menton. Ma foi, le plus sûr est de finir ce sermon. Aussi bien j’aperçois ces melons qui t’attendent, Et ces fleurs qui là-bas entre elles se demandent, S’il est fête au village, et pour quel saint nouveau, On les laisse aujourd’hui si longtemps manquer d’eau. (Epître XI)

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Claire fontaine Claire fontaine où rossignole Un rossignol jamais lassé, N’es-tu pas le charmant symbole D’un cher passé ? Source de fraîche mélodie, Qui fait fleurir, sous nos frimas, Ce rosier blanc de Normandie, Qui ne meurt pas ! À ce bouton de rose blanche, L’hiver ne fut jamais fatal, Non plus qu’au chêne qui se penche Sur ton cristal. Oh ! c’est une peine immortelle Qui s’épanche, en larmes d’amour, Dans la naïve ritournelle De l’ancien jour. C’est un reflet des ciels de France, Ô fontaine, que tu fais voir, Dans la limpide transparence De ton miroir.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Crépuscule rustique La profondeur du ciel occidental s’est teinte D’un jaune paille mûre et feuillage rouillé, Et, tant que la lueur claire n’est pas éteinte, Le regard qui se lève est tout émerveillé. Les nuances d’or clair semblent toutes nouvelles. Le champ céleste ondule et se creuse en sillons, Comme un chaume, où reluit le safran des javelles Qu’une brise éparpille, et roule en gerbillons. Chargé des meules d’ambre, où luit, par intervalle, Le reflet des rayons amortis du soleil, Le nuage, d’espace en espace, dévale, Traîne, s’enfonce, plonge à l’horizon vermeil. Mais l’ombre, lentement, traverse la campagne, Et glisse, à vol léger, au fond des plaines d’or. Septembre, glorieux, derrière la montagne, A roulé, pour la nuit, le char de Messidor.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Fleurs d'aurore Comme au printemps de l'autre année, Au mois des fleurs, après les froids, Par quelque belle matinée, Nous irons encore sous bois. Nous y verrons les mêmes choses, Le même glorieux réveil, Et les mêmes métamorphoses De tout ce qui vit au soleil. Nous y verrons les grands squelettes Des arbres gris, ressusciter, Et les yeux clos des violettes À la lumière palpiter. Sous le clair feuillage vert tendre, Les tourterelles des buissons, Ce jour-là, nous feront entendre Leurs lentes et molles chansons. Ensemble nous irons encore Cueillir dans les prés, au matin, De ces bouquets couleur d'aurore Qui fleurent la rose et le thym. Nous y boirons l'odeur subtile, Les capiteux aromes blonds Que, dans l'air tiède et pur, distille La flore chaude des vallons. Radieux, secouant le givre Et les frimas de l'an dernier, Nos chers espoirs pourront revivre Au bon vieux soleil printanier. En attendant que tout renaisse, Que tout aime et revive un jour, Laisse nos rêves, ô jeunesse, S'envoler vers tes bois d'amour ! Chère idylle, tes primevères Éclosent en toute saison ; Elles narguent les froids sévères Et percent la neige à foison. Éternel renouveau, tes sèves Montent même aux coeurs refroidis, Et tes capiteuses fleurs brèves Nous grisent comme au temps jadis. Oh ! oui, nous cueillerons encore, Aussi frais qu'à l'autre matin, Ces beaux bouquets couleur d'aurore Qui fleurent la rose et le thym.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    La glaneuse Dans l’encadrement clair de la grand’porte ouverte, Que le géranium tout odorant fleurit De son aigrette rouge et de sa feuille verte, La glaneuse robuste apparaît, et sourit. Debout, le buste droit, la poitrine gonflée Du souffle que dilate et rythme le travail, Elle attend, tout de toile et de laine habillée, Le départ pour les champs des gens et du bétail. Et la cour de la ferme et la longue rangée Des bâtiments, fenils et granges, ont frémi, Aux rustiques rumeurs dont la brise est chargée, Par un matin joyeux d’avoir longtemps dormi. Bonjour à toi, bonjour, à la fois semblent dire Les blés dont la rosée achève le roui; Et les herbes des prés que le vent fait bruire Semblent balbutier un poème inouï. À toi, tout le cristal dont mon eau se fait gloire, Dit le puits. C’est pour toi, c’est pour ton riche amour, Ô reine des moissons, que j’offre et donne à boire, À ton homme, à ta fille, à tes fils, tout le jour. Mais voici que soudain, frappant toutes les choses Et les êtres qu’enchaîne encore le sommeil, Gloire à toi, dit l’Aurore : à toi, toutes mes roses! Femme, à toi, tout mon or, répond le grand Soleil.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    La mer Loin des grands rochers noirs que baise la marée, La mer calme, la mer au murmure endormeur, Au large, tout là-bas, lente s’est retirée, Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt. La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage, Au profond de son lit de nacre inviolé Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage, Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé. La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire, À l’écart, en secret, son immense tourment, Que la fauve amoureuse, au large se retire, Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant. Et la brise n’apporte à la terre jalouse, Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux : L’âme des océans frémit comme une épouse Sous le chaste baiser des impassibles cieux.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Le laboureur Redonne tes bras à la Terre. Que, par l’apport de tes travaux, Elle accomplisse le mystère, Le prodige des blés nouveaux. Aux lointains conseils de l’Ancêtre, Aux ordres clairs de ton pays, Au commandement du grand Maître, En bon serviteur, obéis. Prépare la glèbe. Commence La grande oeuvre où l’on voit s’unir L’homme qui fournit la semence, Et Celui qui vient la bénir. Avant de pousser ta charrue, Et pour prouver ce que tu crois, Homme de Dieu, d’une main drue, Fais un large signe de croix. Et toi, grand Soleil des semailles, Soleil, dans ton ascension, Au rythme des bras qui travaillent, Répands ta bénédiction! La bénédiction sacrée De toute peine et tout amour; La bénédiction qui crée Le pain joyeux de chaque jour; La bénédiction profonde De ces miraculeux rayons Qui font pousser la moisson blonde, À pleins guérets, à pleins sillons. Afin que le champ de l’Ancêtre, Pour toute gloire et tout honneur, De Père en Fils, ne cesse d’être Le plus beau jardin du Seigneur.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Les lys La terre, qui les fait survivre, s’est fleurie De ces grands lys de neige, au cœur tout rutilant, Dont la fleur fait songer à la fleur d’armoirie, Qui fleurdelisait d’or l’azur du drapeau blanc. Les tiges en poussant semblent s’être tendues, Comme en un même jet de sève et de fierté, Et, vers le ciel, vers Dieu, montent à fleurs perdues, Et nulle floraison n’égale leur beauté. On les verra toujours monter en telle gloire, Comme pour protester et redire à jamais, Aux siècles du soleil, aux siècles de l’histoire, Que le sol qui les porte est encore français.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    L’érable L’érable au torse dur et fort, Ébrèche le fer qui l’assaille, Et, malgré mainte et mainte entaille, Résiste aux plus grands coups du Nord. L’hiver, dont le cours s’éternise, De givre et de neige a tissé Le linceul de l’arbre glacé. L’érable est mort ! hurle la bise. L’érable est mort ! clame au soleil Le chêne orgueilleux qui s’élance. L’érable prépare en silence Le triomphe de son réveil. Sous le velours âpre des mousses La blessure ancienne a guéri, Et la sève d’un tronc meurtri Éclate en glorieuses pousses. Des profondeurs d’un riche fond, L’arbre pousse ; il semble qu’il veuille Magnifier, de feuille en feuille, Le miracle d’un coeur fécond. Il n’a fallu qu’une heure chaude Pour que soudain, l’on vît fleurir, Sur les bourgeons, lents à s’ouvrir, La pourpre, l’or et l’émeraude. L’érable vit ! chante en son vol Tout le choeur des forêts en fête : L’érable, de la souche au faîte Frémit au chant du rossignol. Contre la bise et l’avalanche, Le roi majestueux des bois A pris, et reprendra cent fois, Sa victorieuse revanche. L’érable symbolise bien La surnaturelle endurance De cette âpre race de France Qui pousse en plein sol canadien : Robuste et féconde nourrice Dont le flanc, tant de fois blessé, Des rudes coups d’un fier passé Porte l’illustre cicatrice.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Perce-neige Radieuses apothéoses Du soleil d’or et du ciel bleu, Fraîche gloire des printemps roses, Pourquoi donc durez-vous si peu ? Pourquoi donc êtes-vous si brèves, Aubes de l’enfance ? Beaux jours, Si pleins d’aromes et de sèves, Pourquoi donc êtes-vous si courts ? Jeunesse, où sont-elles allées Les hirondelles de jadis ? Où sont les ailes envolées De tes merveilleux paradis ? Et vous, poétiques chimères, Que dore un rayon d’idéal, Blondes idylles éphémères, N’auriez-vous qu’un seul floréal ? Ô fleurs, vous n’êtes pas finies ! Les plus tristes de nos saisons Auront encor des harmonies Et des regains de floraisons. La mortelle saison du givre N’a pas tué toutes nos fleurs : Nous pourrons encore revivre Le passé, dans des jours meilleurs.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Rayons d’Octobre (III) Écoutez : c’est le bruit de la joyeuse airée Qui, dans le poudroîment d’une lumière d’or, Aussi vive au travail que preste à la bourrée, Bat en chantant les blés du riche messidor. Quel gala ! pour décor, le chaume qui s’effrange ; Les ormes, les tilleuls, le jardin, le fruitier Dont la verdure éparse enguirlande la grange, Flotte sur les ruisseaux et jonche le sentier. Pour musique le souffle errant des matinées ; La chanson du cylindre égrenant les épis ; Les oiseaux et ces bruits d’abeilles mutinées Que font les gais enfants dans les meules tapis. En haut, sur le gerbier que sa pointe échevèle, La fourche enlève et tend l’ondoyant gerbillon. En bas, la paille roule et glisse par javelle Et vole avec la balle en léger tourbillon. Sur l’aire, les garçons dont le torse se cambre, Et les filles, leurs soeurs rieuses, déliant L’orge blonde et l’avoine aux fines grappes d’ambre, Font un groupe à la fois pittoresque et riant. En ce concert de franche et rustique liesse, La paysanne donne une note d’amour. Parmi ces rudes fronts hâlés, sa joliesse Évoque la fraîcheur matinale du jour. De la batteuse les incessantes saccades Ébranlent les massifs entraits du bâtiment. Le grain doré jaillit en superbes cascades. Tous sont fiers des surplus inouïs du froment. Déjà tous les greniers sont pleins. Les gens de peine Chancellent sous le poids des bissacs. Au milieu Des siens, le père, heureux, à mesure plus pleine, Mesure et serre à part la dîme du bon Dieu. Il va, vient. Soupesant la précieuse charge Et tournant vers le ciel son fier visage brun, Le paysan bénit Celui dont la main large Donne au pieux semeur trente setiers pour un.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Roses d’automne Aux branches que l’air rouille et que le gel mordore, Comme par un prodige inouï du soleil, Avec plus de langueur et plus de charme encore, Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil. Dans sa corbeille d’or, août cueillit les dernières : Les pétales de pourpre ont jonché le gazon. Mais voici que, soudain, les touffes printanières Embaument les matins de l’arrière-saison. Les bosquets sont ravis, le ciel même s’étonne De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir, Malgré le vent, la pluie et le givre d’automne, Les boutons, tout gonflés d’un sang rouge, fleurir. En ces fleurs que le soir mélancolique étale, C’est l’âme des printemps fanés qui, pour un jour, Remonte, et de corolle en corolle s’exhale, Comme soupirs de rêve et sourires d’amour. Tardives floraisons du jardin qui décline, Vous avez la douceur exquise et le parfum Des anciens souvenirs, si doux, malgré l’épine De l’illusion morte et du bonheur défunt.

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    Ondine Valmore

    @ondineValmore

    A Jacques Durant les longs étés, quand la terre altérée Semble se soulever, blanchie et déchirée, Pour chercher vainement un souffle de fraîcheur Qui soulage en passant son inquiète ardeur; Quand la moisson jaunie, éparse, échevelée, Se penche tristement sur sa tige brûlée, Qu’il est doux, sur ces champs tout à coup suspendu, De voir poindre et grandir le nuage attendu ! Qu’il est doux, sous les flots de sa tiède rosée De voir se ranimer la nature embrasée, Et de sentir la vie, arrêtée un moment, Rentrer dans chaque feuille avec frémissement ! Dans ces vallons étroits, profonds, et solitaires, Où plonge un jour douteux pesant, plein de mystères ; Où l’ombre des sapins couvre les champs pâlis, Loin de l’air et du ciel terrains ensevelis; Qu’il est doux, au milieu de la sombre journée, De voir éclore enfin une heure fortunée, De voir l’astre de feu, que le mont veut cacher, S’élevant glorieux, dominer le rocher ! Ouvrant sa gerbe d’or sur ce côté du monde, De ses jets lumineux il l’échauffé et l’inonde, Et l’aride vallon, semé de mille fleurs, Resplendira bientôt de divines couleurs!

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    Ondine Valmore

    @ondineValmore

    La rose A Monsieur Sainte-Beuve Quand nous respirons cette rose Au front pâle, au souffle embaumé, Tu nous dis qu’en son sein repose Un vers enfermé. Tu la saisis et tu la cueilles, Fouillant dans son calice vert Qui, tout dépouillé de ses feuilles, reste à découvert. Puis tu fais voir l’insecte avide Se tordant, roulé tout au fond De la pauvre fleur au coeur vide Que tes mains défont. Eh! Quoi! savant inexorable, Tuant la rose avant l’hiver, Tu détruis une fleur aimable, Pour trouver un vers! En admirant les belles choses Avions-nous donc trop de candeur? Va, grâce à toi, toutes les roses Vont nous faire peur. Ah ! plutôt dans les fleurs mortelles Montre-nous le miel précieux. Apprends-nous à trouver en elles Ce qui vient des cieux. Apprends-nous à laisser la lie Qui se cache au fond de notre eau. Et que l’âme immortelle oublie Le ver du tombeau !

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