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Nature

377 poésies en cours de vérification
Nature

Poésies de la collection nature

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    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Les conquérants Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde Occidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ; Ou penchés à l’avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter en un ciel ignoré Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

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    Jules Breton

    @julesBreton

    Aurore La glèbe, à son réveil, verte et toute mouillée, Autour du bourg couvert d’une épaisse feuillée Où les toits assoupis fument tranquillement ; Dans la plaine aux replis soyeux que rien ne cerne, Parmi les lins d’azur, l’oeillette et la luzerne, Berce les jeunes blés pleins de frissonnement. Sereine et rafraîchie aux brumes dilatées, Sous l’humide baiser de leurs traînes lactées, Elle semble frémir dans l’ivresse des pleurs, Et, ceinte des trésors dont son flanc large abonde, Sourire à l’éternel époux qui la féconde, Au grand soleil qui sort, vibrant, d’un lit de fleurs. L’astre vermeil ruisselle en sa gerbe éclatante ; Chaque fleur, alanguie aux langueurs de l’attente, Voluptueusement, vers le foyer du jour Tourne sa tige et tend son avide calice, Et boit ton charme, Aurore, et rougit de délice… Et le germe tressaille aux chauds rayons d’amour. Juillet 1871.

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    Jules Breton

    @julesBreton

    Le soir A Louis Cabat. C’est un humble fossé perdu sous le feuillage ; Les aunes du bosquet les couvrent à demi ; L’insecte, en l’effleurant, trace un léger sillage Et s’en vient seul rayer le miroir endormi. Le soir tombe, et c’est l’heure où se fait le miracle, Transfiguration qui change tout en or ; Aux yeux charmés tout offre un ravissant spectacle ; Le modeste fossé brille plus qu’un trésor. Le ciel éblouissant, tamisé par les branches, A plongé dans l’eau noire un lumineux rayon ; Tombant de tous côtés, des étincelles blanches Entourent un foyer d’or pâle en fusion. Aux bords, tout est mystère et douceur infinie. On y voit s’assoupir quelques fleurs aux tons froids, Et les reflets confus de verdure brunie Et d’arbres violets qui descendent tout droits. Dans la lumière, au loin, des touffes d’émeraude Vous laissent deviner la ligne des champs blonds, Et le ciel enflammé d’une teinte si chaude, Et le soleil tombé qui tremble dans les joncs. Et dans mon âme émue, alors, quand je compare L’humilité du site à sa sublimité, Un délire sacré de mon esprit s’empare, Et j’entrevois la main de la divinité. Ce n’est rien et c’est tout. En créant la nature Dieu répandit partout la splendeur de l’effet ; Aux petits des oiseaux s’il donne la pâture, Il prodigue le beau, ce suprême bienfait. Ce n’est rien et c’est tout. En te voyant j’oublie, Pauvre petit fossé qui me troubles si fort, Mes angoisses de coeur, mes rêves d’Italie, Et je me sens meilleur, et je bénis le sort. Courrières, 1867

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    Jules Breton

    @julesBreton

    Les ruines Les vieillards, quand près d’eux, semaine par semaine, Le temps a dévasté, tour à tour, fleurs et fruits, Les vieillards ont, ainsi que la cité romaine, Au cœur un forum mort plein de temples détruits ; Silencieux désert où leur âme promène Son long ennui stérile, où l’ortie et le buis, Et l’herbe solitaire, en l’antique domaine, Ont étouffé l’orgueil des fastes et des bruits; Où des frontons muets la légende effacée Sous la rouille des ans dérobe sa pensée. Plus de chants, les oiseaux aiment les floraisons. Plus de prisme charmeur irisant les bruines, Mais de graves soleils, de vastes horizons, Éclairant la beauté dernière des ruines.

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    Jules Breton

    @julesBreton

    Vieux jardins Qui n’aime ces jardins des humbles dont les haies Sont de neige au printemps, puis s’empourprent de baies Que visite le merle à l’arrière-saison ; Où dort, couvert de mousse, un vieux pan de maison Qu’une vigne gaîment couronne de sa frise, Sous la fenêtre étroite et que le temps irise ; Où des touffes de buis d’âge immémorial Répandent leur parfum austère et cordial ; Où la vieillesse rend les groseilliers avares ; Jardinets mesurant à peine quelques ares, Mais si pleins de verdeurs et de destructions Qu’on y suivrait le fil des générations; Où près du tronc caduc et pourri qu’un ver fouille, Les cheveux allumés, l’enfant vermeil gazouille ; Où vers le banc verdi les bons vieillards tremblants Viennent, sur leur béquille appuyant leurs pas lents Et gardant la gaîté, – car leur âme presbyte Voit mieux les beaux lointains que la lumière habite, – D’un regard déjà lourd de l’éternel sommeil, Tout doucement sourire à leur dernier soleil ?

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    Jules Delavigne

    @julesDelavigne

    La fin Pourquoi on aime tellement regarder le soleil qui se couche ? Sur un lac doré, derrière une montagne rose Ou sur une plage déserte un soir d’été Cette boule de feu plongeant doucement dans la mer lointaine Le soleil qui se lève, c’est l’expectation, le début Mais les débuts sont vides, nous les comprenons Les débuts sont là pour donner du sens aux fins Nous sommes toujours fascinés par les fins Même si ce ne sont que des fausses fins Comme la fin d’un voyage ou d’un film On sait bien qu’à la fin d’un film, l’histoire continue après Il faut juste l’écrire Le soleil qui se couche doucement un soir d’été Nous ramène chaque fois vers cette fascination de la fin La fin de la journée ou la fin sans fin ? Regarder le soleil qui se couche nous aide à mieux comprendre Que nous ne comprenons rien de la fin, car la fin c’est la fin Et à la fin, il n’y a rien

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    Jules Delavigne

    @julesDelavigne

    Le désert Coincé derrière une barrière de fer Les jours sont longs ici dans ce désert. Les loups crient chaque nuit L’odeur des carcasses me rend fou Mais je reste là où je devrais. Aujourd’hui, j’ai dix-huit ans demain, comme toujours, j’irai chercher… J’irai sous le ciel bleu profond gratter la pierre avec mes doigts jusqu’à ce que le sang coule partout dans le sable blanc et magnifique de ce désert mélancolique.

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Aquarelle en cinq minutes Oh ! oh ! le temps se gâte, L’orage n’est pas loin, Voilà que l’on se hâte De rentrer les foins !… L’abcès perce ! Vl’à l’averse ! O grabuges Des déluges !…. Oh ! ces ribambelles D’ombrelles !…. Oh ! cett’ Nature En déconfiture ! …. Sur ma fenêtre, Un fuchsia A l’air paria Se sent renaître….

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    La lune est stérile Lune, Pape abortif à l’amiable, Pape Des Mormons pour l’art, dans la jalouse Paphos Où l’Etat tient gratis les fils de la soupape D’échappement des apoplectiques Cosmos ! C’est toi, léger manuel d’instincts, toi qui circules, Glaçant, après les grandes averses, les oeufs Obtus de ces myriades d’animalcules Dont les simouns mettraient nos muqueuses en feu ! Tu ne sais que la fleur des sanglantes chimies ; Et perces nos rideaux, nous offrant le lotus Qui constipe les plus larges polygamies, Tout net, de l’excrément logique des foetus. Carguez-lui vos rideaux, citoyens de moeurs lâches ; C’est l’Extase qui paie comptant, donne son Ut Des deux sexes et veut pas même que l’on sache S’il se peut qu’elle ait, hors de l’art pour l’art, un but. On allèche de vie humaine, à pleines voiles, Les Tantales virtuels, peu intéressants D’ailleurs, sauf leurs cordiaux, qui rêvent dans nos moelles ; Et c’est un produit net qu’encaissent nos bons sens. Et puis, l’atteindrons-nous, l’Oasis aux citernes, Où nos coeurs toucheraient les payes qu’on leur doit ? Non, c’est la rosse aveugle aux cercles sempiternes Qui tourne pour autrui les bons chevaux de bois. Ne vous distrayez pas, avec vos grosses douanes ; Clefs de fa, clefs de sol, huit stades de claviers, Laissez faire, laissez passer la caravane Qui porte à l’Idéal ses plus riches dossiers ! L’Art est tout, du droit divin de l’Inconscience ; Après lui, le déluge ! et son moindre regard Est le cercle infini dont la circonférence Est partout, et le centre immoral nulle part. Pour moi, déboulonné du pôle de stylite Qui me sied, dès qu’un corps a trop de son secret, J’affiche : celles qui voient tout, je les invite A venir, à mon bras, des soirs, prendre le frais. Or voici : nos deux Cris, abaissant leurs visières, Passent mutuellement, après quiproquos, Aux chers peignes du cru leurs moelles épinières D’où lèvent débusqués tous les archets locaux. Et les ciels familiers liserés de folie Neigeant en charpie éblouissante, faut voir Comme le moindre appel : c’est pour nous seuls ! rallie Les louables efforts menés à l’abattoir ! Et la santé en deuil ronronne ses vertiges, Et chante, pour la forme :  » Hélas ! ce n’est pas bien,  » Par ces pays, pays si tournoyants, vous dis-je,  » Où la faim d’Infini justifie les moyens. «  Lors, qu’ils sont beaux les flancs tirant leur révérence Au sanglant capitaliste berné des nuits, En s’affalant cuver ces jeux sans conséquence ! Oh ! n’avoir à songer qu’à ses propres ennuis ! – Bons aïeux qui geigniez semaine par semaine, Vers mon Coeur, baobab des védiques terroirs, je m’agite aussi ! mais l’Inconscient me mène ; Or, il sait ce qu’il fait, je n’ai rien à y voir.

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    États Ah ! ce soir, j’ai le coeur mal, le coeur à la Lune ! Ô Nappes du silence, étalez vos lagunes ; Ô toits, terrasses, bassins, colliers dénoués De perles, tombes, lys, chats en peine, louez La Lune, notre Maîtresse à tous, dans sa gloire : Elle est l’Hostie ! et le silence est son ciboire ! Ah ! qu’il fait bon, oh ! bel et bon, dans le halo De deuil de ce diamant de la plus belle eau ! Ô Lune, vous allez me trouver romanesque, Mais voyons, oh ! seulement de temps en temps est-c’ que Ce serait fol à moi de me dire, entre nous, Ton Christophe Colomb, ô Colombe, à genoux ? Allons, n’en parlons plus ; et déroulons l’office Dés minuits, confits dans l’alcool de tes délices. Ralentendo vers nous, ô dolente Cité, Cellule en fibroïne aux organes ratés ! Rappelle-toi les centaures, les villes mortes, Palmyre, et les sphinx camards des Thèbe aux cent portes ; Et quelle Gomorrhe a sous ton lac de Léthé Ses catacombes vers la stérile Astarté ! Et combien l’homme, avec ses relatifs  » Je t’aime « , Est trop anthropomorphe au-delà de lui-même, Et ne sait que vivotter comm’ ça des bonjours Aux bonsoirs tout en s’arrangeant avec l’Amour. – Ah ! Je vous disais donc, et cent fois plutôt qu’une, Que j’avais le coeur mal, le coeur bien à la Lune.

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    Jérôme Matin

    @jeromeMatin

    Aux fils de Kémèt Nous sommes comme les graines sous le sable Enfouies, Deux millénaires à attendre la pluie. Nous sommes les étoiles prisonnières de la nuit, La lumière fossile d’un passé évanoui. Princes déchus! Soldats sans patrie! Souvenons-nous de Skaka, de Soundiata, d’Aboubakry. Notre mémoire n’est pas morte, Elle est juste endormie. Mais il est des silences plus terribles que des cris. Ne sommes-nous pas filles et fils de kémèt? N’avons-nous pas suffisamment baissé la tête? Les racines attendent-elles que le ciel verse une larme? Elles fendent les entrailles de la terre comme une lame. Au bout de nos lèvres chants et contes oubliés. De poèmes en théorèmes que de savoirs négligés. Souvenons-nous que jadis tous buvaient à nos sources. À la face l’histoire faisons jaillir la vérité. Retournons à nos couleurs, Au naturel de nos corps, Aux tambours qui appellent au souvenir de nos morts. Et toi Ô femme, toi ma reine, mon trésor, Souviens-toi de ton règne, Souviens-toi d’Amanitore.

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    Jérôme Matin

    @jeromeMatin

    L’étreinte du figuier maudit Je suis né d’une graine de Ficus Auréa, Ô combien mortel, Le figuier maudit. Peu soucieux de mes penchants criminels, Sur la branche d’un Mahogany je grandis. Mon âme aspire aux vibrations des étoiles, Aux pulsations de la montagne qui rythment les vallées, Aux messages que portent les oiseaux et le vent De ses régions obscures qui protègent leurs secrets. Je l’étreins, le protège et le soutiens de mes forces, Je l’enlace et l’embrasse de ma passion féroce. Le majestueux, l’acajou séculaire. Mais une tragédie se dessine sous le tropique du cancer. Car nul n’échappe aux crocs du destin. D’aucuns penseront que je suis né pour tuer. Me voilà prisonnier de mes propres instincts, Moi, l’étrangleur favori des sorciers, L’allégorie de la mort qui nourrit les vivants, Moi, le parasite conquérant des feuilles putrides, Écarté à jamais du sentier des pénitents. À présent je suis seul et ma douleur est immense, Un trou béant à la place du coeur, Debout sur les restes de mon amour innocent, Le temps qui s’écoule sera ma sentence.

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    A ma fille Après le sentier et la poussière nous voici parmi les plantes immobiles dans cette préface à la vallée cernés par un silence parfait « C’est le paradis ici ! » Ce cri de l’innocence me libère des rets de la vieillesse

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Araignée Tisse ta toile soleil dans les branches de notre nuit fais naître ta broderie pour que des nuances d’arc-en-ciel y scintillent après la pluie Le jardin nous accueillera avec ses fleurs à l’âme vermeille quand sonnera pour lui seul l’heure où paraît la merveille l’homme enfin réconcilié avec ses frères

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Arbres Stoïques ils se laissent dépouiller par l’automne et restent dignes malgré la chute des feuilles Leur deuil silencieux se drape d’une toge de candeur lorsque vient l’hiver leur embaumeur Pourtant la sève persévère et circule Sa foi en le printemps ne tarde pas à porter ses fruits En été arbres vous devenez des oasis d’ombre Et votre silence parfois est traversé des bruits de la vie Ayons votre passion sédentaire et vos rêves nomades mystérieuses présences de bois artisans de la vraie sagesse

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Aurore Beau est Le monde malgré la nuit secrète ta propre lumière intense Malgré l’opacité du silence Il y aura toujours éphémère cette chance de se nourrir d’espérance Ni la démence ni le sang avec leur laideur et leurs transes n’éteindront le chant de l’oiseau au soleil levant

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Égarement Feuille dans le vent tu tournoies privée de ta sève natale Lac tu gèles sortilège de l’hiver Nuage gris tu pleures dans l’orage Étoile ton silence hurle de ne pas exister

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Contrastes Vous avez la statue de la Liberté à l’entrée de la baie d’Hudson Nous avons de la nature la vérité et l’amour infini des personnes Bercés par le bourdonnement des abeilles et le chant de l’oiseau nous marchons au pied de vos gratte-ciels parmi des citadins-robots Le flot de voitures sous un soleil urbain ne vaut pas le vent dans les ramures et la lumière du matin C’est vrai la célèbre Manhattan fait rêver certains êtres humains cette île où l’on se damne pour ressembler aux Américains C’est là que bat le coeur de la « Big Apple » New-York et ses rockers, la ville de la perpétuelle insomnie Nous préférons cette vie au ralenti où palpite la lenteur où l’on ne nous a pas menti sur la recette du bonheur

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Cybèle Gourmandise du bleu ton corps rongé Ne demeure que peu de ta stabilité Peau de chagrin tu es pour les uns écrin de pluies nourricières pour les autres incandescent refrain Selon les humeurs du vent sereine ou violents soubresauts de ta chevelure répandue sous le ciel indifférent

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Emblème Quand tant d’autres continuent d’offrir des fleurs tes larmes pétales de l’âme ont séché Les cris de détresse t’ont rendu insensible aux caresses des femmes aux morsures des flammes Inhumain comme les drames et l’horreur indicible tu es cette immense clameur face à la cruauté des hommes et l’indifférence du ciel Quand tant d’autres meurent pour rien au nom du Mal ou du Bien tu trouves normal d’être ce fantôme essentiel qui hante les ruines de nos consciences

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Eté La mer à la robe bruissante de bleu pose l’émeraude de son regard sur le carrosse d’or éphémère qui nous attend passants lumineux pour un voyage insouciant dans la saison où la royauté privilège du mystère est maintenant une couronne solaire posée sur nos vies humbles

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Le lac A ta surface glissent les cygnes, les barques, l’angoisse d’être mortel Là-haut le ciel joue en virtuose avec sa palette de gris Sur un banc vert ma fillette et mes hivers terrassés par son émerveillement Si la vie a un visage c’est celui d’une innocente qui sans qu’on le sente ressuscite la fluidité des heures sur le lac intemporel où le vent léger s’efforce de creuser une vieillesse éphémère

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Lueur La flèche et le coeur brisés ont perdu la bataille du souvenir gravé sur le tronc de notre échec N’est-ce pas une débâcle que cette vie sous les griffes de la Mort ? Non. Il y a le murmure des rivières et la caresse du vent la persistance de la mémoire où courent libres les chevaux de l’illusion Rien n’est jamais vraiment perdu

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Matin Sur le rebord de ma fenêtre l’oeil aux aguets vient boire l’âme au coeur d’oiseau Son chant en quête de lui-même se glisse dans mon oreille y verse la candeur du réveil Je suis à Casablanca ma ville ma mère les yeux renaissant au matin sur tes genoux d’embruns et de souvenirs rides

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Neige Ville maudite tu as beau tendre l’oreille une blanche bénédiction te vêt en silence Sa paix se pose sur les êtres et leurs créations Dans les jardins publics une marée immaculée recouvre les allées où les pas ont gravé leurs traces éphémères et la nature se fige sous le duvet ininterrompu de l’oiseau de passage qui bientôt nous abandonnera

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Osmose L’eau m’a prêté sa transparence et le ciel son illusion bleue Les arbres m’ont appris le silence la pluie le vert des prairies le soleil la tyrannie du feu Les bêtes sages d’inconscience dévisagent l’homme monstre de science Je suis l’une d’elle Au printemps l’herbe grasse de la vie a un goût d’éternité pour le ruminant d’un présent perpétuel

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Printanière Elle coiffe avec le peigne radieux du soleil sa chevelure verte et fleurie d’où nait le chant des oiseaux Elle rit aux derniers frimas et fait couler de nouveaux ruisseaux pour nous dire que rien ne dure Elle dévoile les couleurs et répand par poignées l’essaim de leurs parfums Malgré la ritournelle des saisons notre Terre aux robes légères passante qui régénère

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Séisme Malgré les décombres les anciens refuges qui s’effondrent un nouveau-né encore relié à sa mère sans vie par le cordon ombilical défi de l’espérance lancé à la Terre qui vous trahit Habitants de Turquie ou de Syrie qui ne comptent plus leurs morts quel mystère choisit vos pays pour y semer la désolation ? Notre planète insurgée contre nos ignominies ou le Mal aveugle qui sans distinction vous frappe ? Non-sens peut-être régneras-tu sans partage Nature sans maîtres imprévisible rage

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Victime Notre Terre corps meurtri fait de beauté défigurée et de la poussière de nos morts d’arbres abattus exécutés dans les forets d’ou fuit le chant de l’oiseau étouffé par les tronçonneuses d’hémorragies de pétrole et d’océans en deuil de requins à la dérive qui rougissent le silence des eaux Notre Terre à l’air irrespirable dans le poison des villes à la nature inaccessible comme un rêve lointain que le citadin amnésique n’ose plus faire Notre Terre que l’orgueil luciférien transforme en enfer

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    Kieran Wall

    @kieranWall

    Gorges L’eau d’un marine verdâtre Trompe l’œil Dessous les ombres albâtres Des rochers. Cette tranquille atmosphère Exiguë Participe au laisser-faire Ambiant Que ponctuent Les sonneries aquatiques : Quelque acrobate gagnant La fraîcheur Sourde d’une eau hiératique, Murmurant Les lézardes de la roche Dans le temps.

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