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Religion

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Religion

Poésies de la collection religion

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Le laboureur Redonne tes bras à la Terre. Que, par l’apport de tes travaux, Elle accomplisse le mystère, Le prodige des blés nouveaux. Aux lointains conseils de l’Ancêtre, Aux ordres clairs de ton pays, Au commandement du grand Maître, En bon serviteur, obéis. Prépare la glèbe. Commence La grande oeuvre où l’on voit s’unir L’homme qui fournit la semence, Et Celui qui vient la bénir. Avant de pousser ta charrue, Et pour prouver ce que tu crois, Homme de Dieu, d’une main drue, Fais un large signe de croix. Et toi, grand Soleil des semailles, Soleil, dans ton ascension, Au rythme des bras qui travaillent, Répands ta bénédiction! La bénédiction sacrée De toute peine et tout amour; La bénédiction qui crée Le pain joyeux de chaque jour; La bénédiction profonde De ces miraculeux rayons Qui font pousser la moisson blonde, À pleins guérets, à pleins sillons. Afin que le champ de l’Ancêtre, Pour toute gloire et tout honneur, De Père en Fils, ne cesse d’être Le plus beau jardin du Seigneur.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Le rameau bénit Profonde poésie et symbole sublime De ces rameaux sacrés dont le vert éternel Évoque, en nos parvis, l’hosanna solennel, Le triomphe royal des palmes de Solyme ! Palmes qui couronnez l’hiver de nos climats, Et qui, par la verdeur et par l’efflorescence, S’apparentent, sans doute, à l’immortelle essence Des cèdres du Carmel et des pins de Damas ? En mouvante forêt, en larges théories, Pour marquer le respect, l’allégresse et l’amour, Palmes, agitez-vous, et saluez le jour Que ramène, après deux mille ans, Pâques fleuries ! Agitez-vous aux mains de ce peuple de Dieu, Qui vous vénère encore, et croit, d’une âme franche, Que, pourvu qu’on l’expose avec foi, l’humble branche Détourne le tonnerre, et la grêle, et le feu. Et vous, rameaux anciens dont la feuille se fane, Au cercueil, que l’ami vous dépose à genoux ; Entre les doigts des morts, que s’exhale pour nous Le baume amer et doux, qui de la sève émane !

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Lumière Perdu dans les brouillards du sophisme et du doute, Le monde, dans un noir tournoîment emporté, S’effarait, quand soudain retentit sur la route La voix de l’immanente infaillibilité. Et l’on vit, aveuglant les fils de Zoroastre, Perçant l’ombre où la haine occulte écume encor, Brillante des clartés que verse un lever d’astre, Resplendir la tiare aux trois couronnes d’or. Triple soleil d’espoir éclatant dans la brume Du sombre gouffre humain. Triple feu du flambeau Que Rome aux chandeliers à sept branches allume. Triple splendeur de Paul s’élançant du tombeau. Hosanna! Béni soit Léon, l’homme-lumière, L’être divinisé, l’être immatériel, L’âme, l’élu, le saint, l’ange intermédiaire Entre Job et Jésus, entre l’homme et le ciel. Il n’a plus qu’un lambeau de pourpre et de couronne, Mais cet humble martyr qui pleure et qui sourit, Ce divin qui bénit, ce clément qui pardonne, À jamais reste roi par le verbe et l’esprit. Ce souverain qui n’a que son titre de père; Qui, pour sceptre, n’a plus qu’un roseau de pasteur, Ce prince de douleur, d’angoisse et de misère, Apparaît à nos yeux comme un triomphateur. Au-dessus de ces fronts royaux que l’anarchie Menace, beau de calme et de sérénité, Il se dresse, et l’on voit sur sa tête blanchie Flotter comme une vague aube d’éternité. Il parle, et l’Occident se prosterne en prière; Il appelle, et, là-bas, l’Orient, solennel, Dans la chape d’argent de sa gloire première, Exulte au cri du pape et vibre à son appel. Les profondeurs de l’autre azur frémissent toutes, Et la Miséricorde en pleurs, sur l’univers Épandant les trésors des suprêmes absoutes, Rouvre les cieux fermés et ferme les enfers. De l’aurore au couchant, l’encyclique féconde, Dans le déclin du grand siècle qui va finir, Sous le souffle de Dieu, s’en va de par le monde Répandre amour et paix, consoler et bénir. Gloire au nouveau Jean! gloire à l’aigle des symboles! Gloire au révélateur des secrets de Sion! Au voyant dont le front constellé d’auréoles S’incline sous le vent de l’inspiration! Béni soit-il, celui dont le vaste génie, Sur l’abîme du dogme ancien toujours nouveau, Ouvrant une nouvelle échappée infinie, Voit plus large, descend plus profond, va plus haut. Gloire au Buonarotti de la foi catholique, Qui bâtit, sur le roc de Pierre, un monument Taillé dans le carrare et dans le pentélique, Éblouissant d’azur, d’or et de diamant.

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    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    L’idylle dorée Au vent joyeux de la bonne nouvelle L’étable s’ouvre; et sa merveille est telle Que les naïfs bergers en sont troublés. Illuminant la crèche sombre encore, L’Enfant paraît en un orbe d’aurore, Plus blond que l’or des méteils et des blés. Tout reluit sous l’humble chaume en ruine; Tout y rutile. Ô nuits de Palestine, De vos ciels d’aube pâle, est-ce un reflet? Lune magique, est-ce ton sortilège? Est-ce l’éclat de ta blancheur de neige? Est-ce ton charme, ô bel enfantelet? Un homme est là, grave comme en un temple; Hiératique, il admire, il contemple, Ne sachant plus que bénir à genoux. Dans son long voile et dans sa blanche robe, Pudique et belle, aux regards se dérobe Une humble femme au profil triste et doux. Couple candide, ils restent sans parole, Le front ceint d’une opaline auréole, Navrés d’amour et de ravissement. Le père exulte, et la mère soupire; Tendre, elle fait effort pour lui sourire, Mais son sourire expire tristement. Elle, la Sainte, elle, l’Immaculée, Oh! comme elle est confuse, émerveillée, Toute à son rêve et toute à son affront. Elle se voit dans une bergerie, Et, pour son Christ, non pour elle, Marie Pleure, le glaive au coeur, l’épine au front. Le nouveau-né, demi-nu, que l’haleine Du boeuf et de l’âne réchauffe à peine, Tout frêle et tout mignon, tremble et vagit. La plus modeste entre toutes les mères Se meurt de honte, et le sang de ses pères Comme une pourpre à sa tempe rougit. Dans ce réduit de misère, les anges, Venus du ciel, modulent les louanges Du gracieux petit roi de Sion. L’oreille entend la harpe qui console, La tendre lyre et la tendre viole, Et le théorbe et le psaltérion; Mais ni le luth qui berce et qui caresse, Ni la viole exquise de tendresse, Rien n’a charmé le souci maternel. Pensive, au bord de la crèche accoudée, Elle pressent, crucifiante idée, Quelque chagrin qui lui semble éternel. Les séraphins suspendent leur cantique : Et l’âpre son du hautbois bucolique Se mêle au frais gazouillis des pipeaux. La corne a pris sa voix la plus câline, Et le roseau langoureux, en sourdine, Chante à ravir l’âme des bleus oiseaux. On croit ouïr les endormeuses plaintes De l’air parmi les légers térébinthes, Du soir parmi les pâles oliviers. En la blancheur de la lumière astrale Monte et descend la fraîche pastorale Que dit le choeur rustique des bouviers. Cette musique élyséenne coule Et, vrai miracle, ondule et se déroule, S’achève et file en sanglots inouïs. Des femmes vont à l’adorable Juive Offrir, avec la myrtille et l’olive, Roses et lis tout frais épanouis. Silencieux, dévalant les collines, Orientés par les clartés divines, Déjà, voici les chameliers du Nil. Ils ont offert l’ambre et le cinnamome Et ces lotus d’oasis dont l’arome Calme et guérit le mal le plus subtil. Ni les soupirs des pipeaux et des flûtes, Ni le noël des chevriers hirsutes, Rien n’a charmé le maternel souci; Ni les lotus, ni les lis de Judée, Ni l’oliban des rois de la Chaldée, Rien ne l’allège et rien ne l’adoucit. Dans son berceau, que la mousse encourtine, L’enfant s’éveille, et sa lèvre enfantine S’ouvre et sourit d’un sourire de ciel. Sur cette bouche idéalement rose, La Mère, moins songeuse, moins morose, Pose un baiser mouillé de pleurs de miel. Ô tendres pleurs, délicieuses larmes, Est-il quelqu’un qui résiste à vos charmes? Femme, tes pleurs font pleurer tous les yeux! Dès son réveil, calme, à celle dont l’âme D’inquiétude et d’angoisse se pâme, Le Fils envoie un regard radieux. Nul pavillon d’impérator n’égale Ce gîte où luit la gloire filiale, Ce lit de paille aux rideaux de soleil. Le pâtre adore et Joseph s’extasie : Certes, jamais les huchiers de l’Asie Ni les bouviers n’ont vu tableau pareil. Vision rose, exquise épiphanie, Divine idylle à jamais non finie, Charmante encore après dix-huit cents ans! Aux Bethléem mystiques, des deux Mondes Peuples et rois, caravanes profondes, À pleines nefs apportent des présents. Bercail d’azur, asile de mystère, Où le noël amoureux de la terre Alterne avec le cantique des cieux! Crèche où naquit l’agneau des paraboles, Agreste autel des célestes symboles, Je vois s’ouvrir ton chaume harmonieux. Tout ébloui, sur le seuil je m’arrête, Je me prosterne et je courbe la tête, Dans la pénombre, en silence, à l’écart. Pour te louer, divin berceau, j’aspire L’harmonieux lyrisme qu’on respire Dans les motifs des aèdes de l’art. Ô Mère pure, ô Vierge maternelle, Vase de nard qui déborde et ruisselle, Inonde-moi des flots de ton amour! Je veux bercer ta peine et ta hantise, Adoucir le mal qui te martyrise, Je veux aimer ton Jésus sans retour. Suivant les pas des bergers et des Mages, Je viens offrir l’encens de mes hommages. Que n’ai-je l’or des antiques Crésus! Oh! laisse-moi, Vierge, Mère divine, Prendre en mes bras, presser sur ma poitrine, Ton bien-aimé, ton trésor, ton Jésus! Je veux que ma lèvre à sa lèvre touche. Combien heureux je serais, si ma bouche Pouvait chanter un chant digne de toi! Mais c’est en vain que mon hymne s’élance. Suspends ton rythme, ô mon coeur, le silence Exprime seul mon extatique émoi.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Silence de l’évangile Nous dormons avec des anges rouges qui nous montrent le désert sans minuscules et sans les doux réveils désolés. Nous dormons. Une aile nous brise, évasion, nous avons des roues plus vieilles que les plumes envolées, perdues, pour explorer les cimetières de la lenteur, la seule luxure. * * * * * La bouteille que nous entourons des linges de nos blessures ne résiste à aucune envie. Prenons les cœurs, les cerveaux, les muscles de la rage, prenons les fleurs invisibles des blêmes jeunes filles et des enfants noués, prenons la main de la mémoire, fermons les yeux du souvenir, une théorie d’arbres délivrés par les voleurs nous frappe et nous divise, tous les morceaux sont bons. Qui les rassemblera: la terreur, la souffrance ou le dégoût? * * * * * Dormons, mes frères. Le chapitre inexplicable est devenu incompréhensible. Des géants passent en exhalant des plaintes terribles, des plaintes de géant, des plaintes comme l’aube veut en pousser, l’aube qui ne peut ne plus se plaindre, depuis le temps, mes frères, depuis le temps.

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    Ebauche d'un serpent … Soleil, soleil!… Faute éclatante! Toi qui masques la mort, Soleil, Sous l'azur et l'or d'une tente Où les fleurs tiennent leur conseil; Par d'impénétrables délices, Toi, le plus fier de mes complices, Et de mes pièges le plus haut, Tu gardes les cœurs de connaître Que l'univers n'est qu'un défaut Dans la pureté du Non-être!…

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Agnus Dei L’agneau cherche l’amère bruyère, C’est le sel et non le sucre qu’il préfère, Son pas fait le bruit d’une averse sur la poussière. Quand il veut un but, rien ne l’arrête, Brusque, il fonce avec de grands coups de sa tête, Puis il bêle vers sa mère accourue inquiète… Agneau de Dieu, qui sauves les hommes, Agneau de Dieu, qui nous comptes et nous nommes, Agneau de Dieu, vois, prends pitié de ce que nous sommes. Donne-nous la paix et non la guerre, Ô l’agneau terrible en ta juste colère. Ô toi, seul Agneau, Dieu le seul fils de Dieu le Père.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Après la chose faite, après le coup porté Après la chose faite, après le coup porté Après le joug très dur librement accepté, Et le fardeau plus lourd que le ciel et la terre, Levé d’un dos vraiment et gaîment volontaire, Après la bonne haine et la chère rancœur. Le rêve de tenir, implacable vainqueur. Les ennemis du cœur et de l’âme et les autres ; De voir couler des pleurs plus affreux que les nôtres De leurs yeux dont on est le Moïse au rocher, Tout ce train mis en fuite, et courez le chercher ! Alors on est content comme au sortir d’un rêve, On se retrouve net, clair, simple, on sent que crève Un abcès de sottise et d’erreur, et voici Que de l’éternité, symbole en raccourci Toute une plénitude afflue, aime et s’installe, L’être palpite entier dans la forme totale. Et la chair est moins faible et l’esprit moins prompt ; Désormais, on le sait, on s’y tient, fleuriront Le lys du faire pur, celui du chaste dire, Et, si daigne Jésus, la rose du martyre. Alors on trouve, ô Jésus si lent à vous venger, Combien doux est le joug et le fardeau léger ! Charité la plus forte entre toutes les Forces, Tu veux dire, saint piège aux célestes amorces, Les mains tendres du fort, de l’heureux et du grand Autour du sort plaintif du faible et du souffrant. Le regard franc du riche au pauvre exempt d’envie Ou jaloux, et ton nom encore signifie Quelle douceur choisie, et quel droit dévouement, Et ce tact virginal, et l’ange exactement ! Mais l’ange est innocent, essence bienheureuse. Il n’a point à passer par notre vie affreuse Et toi, Vertu sans pair, presqu’Une, n’es-tu pas Humaine en même temps que divine, ici-bas ? Aussi la conscience a dû, pour des fins sûres. Surtout sentir en toi le pardon des injures. Par toi nous devenons semblables à Jésus Portant sa croix infâme et qui, cloué dessus, Priait pour ses bourreaux d’Israël et de Rome, À Jésus qui, du moins, homme avec tout d’un homme, N’avait lui jamais eu de torts de son côté, Et, par Lui, tu nous fais croire en l’éternité.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Asperges me Moi qui ne suis qu’un brin d’hysope dans la main Du Seigneur tout-puissant qui m’octroya la grâce, Je puis, si mon dessein est pur devant Sa face, Purifier autrui passant sur mon chemin. Je puis, si ma prière est de celles qu’allège L’Humilité du poids d’un désir languissant, Comme un païen peut baptiser en cas pressant, Laver mon prochain, le blanchir plus que la neige. Prenez pitié de moi, Seigneur, suivant l’effet Miséricordieux de Vos mansuétudes, Veuillez bander mon coeur, coeur aux épreuves rudes, Que le zèle pour Votre maison soulevait. Faites-moi prospérer dans mes voeux charitables Et pour cela, suivant le rite respecté, Gloire à la Trinité durant l’éternité, Gloire à Dieu dans les cieux les plus inabordables, Gloire au Père, fauteur et gouverneur de tout, Au Fils, créateur et sauveur, juge et partie, Au Saint-Esprit, de Qui la lumière est sortie, Par Quel ainsi qu’une eau lustrale mon sang bout,… Moi qui ne suis qu’un brin d’hysope dans la main.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    De plus, cette ignorance de vous ! De plus, cette ignorance de Vous ! Avoir des yeux et ne pas vous voir, Une âme et ne pas vous concevoir. Un esprit sans nouvelles de Vous ! O temps, ô mœurs qu’il en soit ainsi, Et que ce vase de belles fleurs, Qu’un tel vase, précieux d’ailleurs, De la plus belle se passe ainsi ! Religion, unique raison, Et seule règle et loi, piété, Rien, là, de vous n’a jamais été, Pas un penser juste, une oraison ! Aussi cette ignorance de tout ! Et de soi-même, droits et devoirs Et des autres, leurs justes pouvoirs, Leur action légitime et tout ! Jusqu’à méconnaître en moi quel nom, Quel titre augural et de par Dieu ! Et six ans passés à plaire à Dieu, Vertu réelle, effort bel et bon ! Jusqu’à ne pas se douter vraiment Du tour affreux et plus que cruel Qu’un sot grief, à peine réel, Inflige à ses revanches vraiment. Éclairez ces ténêbres de mort, C’est votre créature après tout. L’ignorance invincible l’absout. Bah ! claire et bonne lui soit la mort.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Ecoutez la chanson bien douce Ecoutez la chanson bien douce Qui ne pleure que pour vous plaire, Elle est discrète, elle est légère : Un frisson d'eau sur de la mousse ! La voix vous fut connue (et chère ?) Mais à présent elle est voilée Comme une veuve désolée, Pourtant comme elle encore fière, Et dans les longs plis de son voile, Qui palpite aux brises d'automne. Cache et montre au cœur qui s'étonne La vérité comme une étoile. Elle dit, la voix reconnue, Que la bonté c'est notre vie, Que de la haine et de l'envie Rien ne reste, la mort venue. Elle parle aussi de la gloire D'être simple sans plus attendre, Et de noces d'or et du tendre Bonheur d'une paix sans victoire. Accueillez la voix qui persiste Dans son naïf épithalame. Allez, rien n'est meilleur à l'âme Que de faire une âme moins triste ! Elle est en peine et de passage, L'âme qui souffre sans colère, Et comme sa morale est claire !... Ecoutez la chanson bien sage.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Je ne veux plus aimer que ma mère Marie Je ne veux plus aimer que ma mère Marie. Tous les autres amours sont de commandement. Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement Pourra les allumer aux cœurs qui l'ont chérie. C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis, C'est par Elle que j'ai voué ce sacrifice, Et la douceur de cœur et le zèle au service, Comme je la priais, Elle les a permis ... C'est par Elle que j'ai voulu de ces chagrins, C'est pour Elle que j'ai mon cœur dans les Cinq Plaies, Et tous ces bons efforts vers les croix et les claies, Comme je l'invoquais, Elle en ceignit mes reins. Je ne veux plus penser qu'à ma mère Marie, Siège, de la Sagesse et source des pardons, Mère de France aussi, de qui nous attendons Inébranlablement l'honneur de la patrie. Marie Immaculée, amour essentiel, Logique de la foi cordiale et vivace, En vous aimant qu'est-il de bon que je ne fasse, En vous aimant du seul amour, Porte du ciel ?

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Le ciel est par-dessus le toit Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu'on voit, Doucement tinte. Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. Qu'as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ?

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Prière Me voici devant Vous, contrit comme il le faut. Je sais tout le malheur d’avoir perdu la voie Et je n’ai plus d’espoir, et je n’ai plus de joie Qu’en une en qui je crois chastement, et qui vaut A mes yeux mieux que tout, et l’espoir et la joie. Elle est bonne, elle me connaît depuis des ans. Nous eûmes des jours noirs, amers, jaloux, coupables, Mais nous allions sans trêve aux fins inéluctables, Balancés, ballottés, en proie à tous jusants Sur la mer où luisaient les astres favorables : Franchise, lassitude affreuse du péché Sans esprit de retour, et pardons l’un à l’autre… Or, ce commencement de paix n’est-il point vôtre, Jésus, qui vous plaisez au repentir caché ? Exaucez notre voeu qui n’est plus que le vôtre.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour Et la blessure est encore vibrante, Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour. Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé Et la brûlure est encor là qui tonne, Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé. Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil Et votre gloire en moi s'est installée, Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil. Noyez mon âme aux flots de votre Vin, Fondez ma vie au Pain de votre table, Noyez mon âme aux flots de votre Vin. Voici mon sang que je n'ai pas versé, Voici ma chair indigne de souffrance, Voici mon sang que je n'ai pas versé. Voici mon front qui n'a pu que rougir, Pour l'escabeau de vos pieds adorables, Voici mon front qui n'a pu que rougir. Voici mes mains qui n'ont pas travaillé, Pour les charbons ardents et l'encens rare, Voici mes mains qui n'ont pas travaillé. Voici mon cœur qui n'a battu qu'en vain, Pour palpiter aux ronces du Calvaire, Voici mon cœur qui n'a battu qu'en vain. Voici mes pieds, frivoles voyageurs, Pour accourir au cri de votre grâce, Voici mes pieds, frivoles voyageurs.

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    Philippe Desportes

    Philippe Desportes

    @philippeDesportes

    Plainte Depuis six mois entiers que ta main courroucée Se retira, Seigneur, de mon âme oppressée, Et me laissa débile au pouvoir des malheurs, J'ai tant souffert d'ennuis, qu'hélas ! je ne puis dire Comment mes tristes yeux aux pleurs ont pu suffire, Aux complaintes ma bouche et mon cœur aux douleurs.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Eve et Marie Homme, qui que tu sois, regarde Eve et Marie, Et comparant ta mère à celle du Sauveur, Vois laquelle des deux en est le plus chérie, Et du Père Eternel gagne mieux la faveur. L’une a toute sa race au démon asservie, L’autre rompt l’esclavage où furent ses aïeux Par l’une vient la mort et par l’autre la vie, L’une ouvre les enfers et l’autre ouvre les cieux. Cette Ève cependant qui nous engage aux flammes Au point qu’elle est bornée est sans corruption Et la Vierge  » bénie entre toutes les femmes «  Serait-elle moins pure en sa conception ? Non, non, n’en croyez rien, et tous tant que nous sommes Publions le contraire à toute heure, en tout lieu : Ce que Dieu donne bien à la mère des hommes, Ne le refusons pas à la Mère de Dieu.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Source délicieuse en misères féconde Source délicieuse en misères féconde, Que voulez-vous de moi, flatteuses voluptés ? Honteux attachements de la chair et du Monde, Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés ? Allez honneurs, plaisirs, qui me livrez la guerre, Toute votre félicité Sujette à l'instabilité En moins de rien tombe par terre, Et comme elle a l'éclat du verre Elle en a la fragilité.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Ange divin, qui mes plaies embaume Ange divin, qui mes plaies embaume, Le truchement et le héraut des dieux, De quelle porte es-tu coulé des cieux, Pour soulager les peines de mon âme ? Toi, quand la nuit par le penser m'enflamme, Ayant pitié de mon mal soucieux, Ore en mes bras, ore devant mes yeux, Tu fais nager l'idole de ma Dame. Demeure, Songe, arrête encore un peu ! Trompeur, attends que je me sois repu De ce beau sein dont l'appétit me ronge, Et de ces flancs qui me font trépasser : Sinon d'effet, souffre au moins que par songe Toute une nuit je les puisse embrasser.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Donne moy tes presens en ces jours que la brume Donne moy tes presens en ces jours que la Brume Fait les plus courts de l’an, ou de ton rameau teint Dans le ruisseau d’Oubly dessus mon front espreint, Endor mes pauvres yeux, mes gouttes et mon rhume. Misericorde ô Dieu, ô Dieu ne me consume A faulte de dormir, plustost sois-je contreint De me voir par la peste ou par la fievre esteint, Qui mon sang deseché dans mes veines allume. Heureux, cent fois heureux animaux qui dormez Demy an en voz trous, soubs la terre enfermez, Sans manger du pavot qui tous les sens assomme : J’en ay mangé, j’ay beu de son just oublieux En salade cuit, cru, et toutesfois le somme Ne vient par sa froideur s’asseoir dessus mes yeux.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Hymne de la mort Masures, désormais on ne peut inventer Nul argument nouveau qui soit bon à chanter, Ou haut sur la trompette, ou bas dessus la lyre : Aux anciens la Muse a tout permis de dire, Tellement qu'il ne reste à nous autres derniers Sinon le désespoir d'ensuivre les premiers Et, béant après eux, reconnaître leur trace Faite au chemin frayé qui conduit sur Parnasse ; Lesquels jadis, guidés de leur mère Vertu, Ont tellement du pied ce grand chemin battu Qu'on ne voit aujourd'hui, sur la docte poussière D'Hélicon, que les pas d'Hésiode et d'Homère, D'Arate, de Nicandre, et de mille autres Grecs Des vieux siècles passés, qui burent à longs traits Toute l'eau jusqu'au fond des filles de Mémoire, N'en laissant une goutte aux derniers pour en boire, Qui maintenant confus, à foule à foule, vont Chercher encor de l'eau dessus le double Mont ; Mais ils montent en vain, car plus ils y séjournent, Et plus mourant de soif au logis s'en retournent. Moi donc qui, de longtemps, par épreuve sais bien Qu'au sommet de Parnasse on ne trouve plus rien Pour étancher la soif d'une gorge altérée, Je veux aller chercher quelque source sacrée D'un ruisseau non touché, qui murmurant s'enfuit Dedans un beau verger, loin de gens et de bruit, Source que le soleil n'aura jamais connue, Que les oiseaux du ciel de leur bouche cornue N'auront jamais souillée, et où les pastoureaux N'auront jamais conduit les pieds de leurs taureaux. Je boirai tout mon saoul de cette onde pucelle Et puis je chanterai quelque chanson nouvelle, Dont les accords seront peut-être si très doux Que les siècles voudront les redire après nous... Si les hommes pensaient à part eux quelquefois Qu'il nous faut tous mourir, et que même les Rois Ne peuvent éviter de la Mort la puissance, Ils prendraient en leurs coeurs un peu de patience. Sommes-nous plus divins qu'Achille ni qu'Ajax, Qu'Alexandre ou César, qui ne se surent pas Défendre du trépas, bien qu'ils eussent en guerre Réduite sous leurs mains presque toute la terre ? Beaucoup, ne sachant point qu'ils sont enfants de Dieu, Pleurent avant partir et s'attristent, au lieu De chanter hautement le péan de victoire, Et pensent que la Mort soit quelque bête noire Qui les viendra manger, et que dix mille vers Rongeront de leurs corps les os tout découverts, Et leur têt qui doit être, en un coin solitaire, L'effroyable ornement d'un ombreux cimetière... C'est le tout que de l'âme, il faut avoir soin d'elle : D'autant que Dieu l'a faite à jamais immortelle, Il faut trembler de peur que par faits vicieux Nous ne la bannissions de sa maison, les Cieux, Pour endurer, après un exil très moleste, Absente du regard de son Père céleste ; Et ne faut de ce corps avoir si grand ennui Qui n'est que son valet et son mortel étui, Brutal, impatient, de nature maline, Et qui toujours répugne à la raison divine... Il ne faut pas humer de Circé les vaisseaux, De peur que, transformés en tigres ou pourceaux, Nous ne puissions revoir d'Ithaque la fumée, Du Ciel notre demeure à l'âme accoutumée, Où tous nous faut aller, non chargés du fardeau D'orgueil, qui nous ferait périr notre bateau Ains que venir au port, mais chargés d'espérance, Pauvreté, nudité, tourment et patience, Comme étant vrais enfants et disciples de Christ, Qui vivant nous bailla ce chemin par écrit Et marqua de son sang cette voie très sainte, Mourant tout le premier, pour nous ôter la crainte. Oh! que d'être jà morts nous serait un grand bien, Si nous considérions que nous ne sommes rien Qu'une terre animée et qu'une vivante ombre, Le sujet de douleur, de misère et d'encombre, Voire, et que nous passons en misérables maux Le reste (ô crève-coeur!) de tous les animaux. Non pour autre raison Homère nous égale A la feuille d'hiver qui des arbres dévale, Tant nous sommes chétifs et pauvres journaliers Recevant sans repos maux sur maux à milliers... Masures, on dira que toute chose humaine Se peut bien recouvrer, terres, rentes, domaine, Maisons, femmes, honneurs, mais que par nul effort On ne peut recouvrer l'âme quand elle sort, Et qu'il n'est rien si beau que de voir la lumière. De ce commun Soleil, qui n'est seulement chère Aux hommes sains et forts, mais aux vieux chargés d'ans, Perclus, estropiés, catarrheux, impotents. Tu diras que toujours tu vois ces platoniques, Ces philosophes pleins de propos magnifiques, Dire bien de la Mort; mais quand ils sont jà vieux Et que le flot mortel leur noue dans les yeux, Et que leur pied tremblant est déjà sur la tombe, Que la parole grave et sévère leur tombe, Et commencent en vain à gémir et pleurer, Et voudraient, s'ils pouvaient, leur trépas différer. Tu me diras encore que tu trembles de crainte D'un batelier Charon, qui passe par contrainte Les âmes outre l'eau d'un torrent effrayant, Et que tu crains le Chien à trois voix aboyant, Et les eaux de Tantale et le roc de Sisyphe, Et des cruelles Soeurs l'abominable griffe, Et tout cela qu'ont feint les poètes là-bas Nous attendre aux Enfers après notre trépas. Quiconque dis ceci, pour Dieu, qu'il te souvienne Que ton âme n'est pas païenne, mais chrétienne, Et que notre grand Maître en la Croix étendu, Et mourant, de la Mort l'aiguillon a perdu, Et d'elle maintenant n'a fait qu'un beau passage A retourner au Ciel, pour nous donner courage De porter notre croix, fardeau léger et doux, Et de mourir pour lui comme il est mort pour nous, Sans craindre comme enfants la nacelle infernale, Le rocher d'Ixion, et les eaux de Tantale, Et Charon, et le chien Cerbère à trois abois, Desquels le sang de Christ t'affranchit en la Croix, Pourvu qu'en ton vivant tu lui veuilles complaire, Faisant ses mandements qui sont aisés à faire ; Car son joug est plaisant, gracieux et léger, Qui le dos nous soulage en lieu de le charger... S'il y avait au monde un état de durée, Si quelque chose était en la terre assurée, Ce serait un plaisir de vivre longuement ; Mais, puisqu'on n'y voit rien qui ordinairement Ne se change et rechange, et d'inconstance abonde, Ce n'est pas grand plaisir que de vivre en ce monde ; Nous le connaissons bien, qui toujours lamentons Et pleurons aussitôt que du ventre sortons, Comme présagiant, par naturel augure, De ce logis mondain la misère future... Que ta puissance, ô Mort, est grande et admirable ! Rien au monde par toi ne se dit perdurable ; Mais, tout ainsi que l'onde à val des ruisseaux fuit Le pressant coulement de l'autre qui la suit, Ainsi le temps se coule, et le présent fait place Au futur importun qui les talons lui trace. Ce qui fut, se refait ; tout coule comme une eau, Et rien dessous le Ciel ne se voit de nouveau ; Mais la forme se change en une autre nouvelle, Et ce changement là Vivre au monde s'appelle, Et Mourir, quand la forme en une autre s'en va... Mais notre âme immortelle est toujours en un lieu Au change non sujette, assise auprès de Dieu, Citoyenne à jamais de la ville éthérée, Qu'elle avait si longtemps en ce corps désirée. Je te salue, heureuse et profitable Mort, Des extrêmes douleurs médecin et confort ! Quand mon heure viendra, Déesse, je te prie, Ne me laisse longtemps languir en maladie, Tourmenté dans un lit ; mais, puisqu'il faut mourir, Donne-moi que soudain je te puisse encourir, Ou pour l'honneur de Dieu, ou pour servir mon Prince, Navré d'une grande plaie au bord de ma province.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Il faut laisser maisons et vergers et jardins Il faut laisser maisons et vergers et jardins, Vaisselles et vaisseaux que l’artisan burine, Et chanter son obsèque en la façon du cygne, Qui chante son trépas sur les bords méandrins. C’est fait j’ai dévidé le cours de mes destins, J’ai vécu, j’ai rendu mon nom assez insigne, Ma plume vole au ciel pour être quelque signe Loin des appas mondains qui trompent les plus fins. Heureux qui ne fut onc, plus heureux qui retourne En rien comme il était, plus heureux qui séjourne D’homme fait nouvel ange auprès de Jésus-Christ, Laissant pourrir çà-bas sa dépouille de boue Dont le sort, la fortune, et le destin se joue, Franc des liens du corps pour n’être qu’un esprit.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Plût-il à dieu n’avoir jamais tâté Plût-il à Dieu n’avoir jamais tâté Si follement le tétin de m’amie ! Sans lui vraiment l’autre plus grande envie, Hélas ! ne m’eût, ne m’eût jamais tenté. Comme un poisson, pour s’être trop hâté, Par un appât, suit la fin de sa vie, Ainsi je vois où la mort me convie, D’un beau tétin doucement apâté. Qui eût pensé, que le cruel destin Eût enfermé sous un si beau tétin Un si grand feu, pour m’en faire la proie ? Avisez donc, quel serait le coucher Entre ses bras, puisqu’un simple toucher De mille morts, innocent, me froudroie.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La prière Je voudrais bien prier, je suis plein de soupirs ! Ma cruelle raison veut que je les contienne. Ni les voeux suppliants d’une mère chrétienne, Ni l’exemple des saints, ni le sang des martyrs, Ni mon besoin d’aimer, ni mes grands repentirs, Ni mes pleurs, n’obtiendront que la foi me revienne. C’est une angoisse impie et sainte que la mienne : Mon doute insulte en moi le Dieu de mes désirs. Pourtant je veux prier, je suis trop solitaire ; Voici que j’ai posé mes deux genoux à terre : Je vous attends, Seigneur ; Seigneur, êtes-vous là ? J’ai beau joindre les mains, et, le front sur la Bible, Redire le Credo que ma bouche épela, Je ne sens rien du tout devant moi. C’est horrible.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Les Sept Lys de Marie Le Sept Lys ont fleuri devant l’antique porche. Chacun d’eux est plus long et plus droit qu’une torche, Leurs pistils sont pareils à des flammes de torche. Les Sept Lys ont fleuri miraculeusement Dans le silence auguste et dans l’ombre, au moment Où s’élève le Christ, miraculeusement… Sous l’imposition des mains saintes du prêtre Dans l’ombre et dans l’encens on les vit apparaître… Le peuple vit alors sourire le vieux prêtre… Et tous les contemplaient avec des yeux d’amour. Le prêtre dit, portant ses regards à l’entour : « Mes frères, contemplons les fleurs du Saint-Amour ! » Leur parfum s’exhalait vers la Divine Image. Tous ont compris le sens du glorieux Message Sur l’autel où Marie écoute le Message Et les Lys répandaient une paix autour d’eux Et l’Hostie avait moins de rayonnement qu’eux, La transparente Hostie était moins blanche qu’eux… Apparaissez encore, ô Sept Lys de Marie, Au moment où la foule à genoux pleure et prie ! Apparaissez encore en l’honneur de Marie !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Mains sur un front C’est l’imposition fraîche et lente des mains Sur mon front que remplit l’horreur des lendemains, Ô bénédiction suave de Ses mains ! Les douces mains de femme ont des gestes de prêtre Et répandent en vous la paix et le bien-être, La consolation que vient donner le prêtre ! Elles n’apprennent point le geste qui guérit, Elles l’ont toujours su… Dans l’horreur de la nuit Cette imposition très calme nous guérit… Apaise mon grand mal, de tes mains secourables, Tandis que l’heure glisse aux sabliers des sables, Car le bienfait me vient de tes mains secourables ! Donne-moi ta fraîcheur et donne-moi ta paix ! Et calme le démon qui sur moi se repaît, En signant sur mon front le geste de la paix !

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    Robert de Montesquiou

    Robert de Montesquiou

    @robertDeMontesquiou

    Semaine Sainte Treize petits enfants, bien propres, sont choisis, Sains d’esprit et de corps, exempts d’érysipèle; Tels des fruits qu’entre mille on élit et qu’on pèle, Rejetant les noueux, les impurs, les moisis. Saturés de parfums et de plaisir rosis, Par le grand aumônier, menés à la Chapelle, Le prêtre, tour à tour, les marque et les appelle, Vêtus de rabats clairs et de draps cramoisis. Le Roi qui, ce jour-là, s’humilie, agenouille Sa Grandeur au-devant d’un, Lis que rien ne souille: L’Enfance ! — et qui doit croître, intact ou déloyal. Fleurs qui, toute leur vie, en le juste ou l’injuste, Sentiront à leur pied cette brûlure auguste Qu’un Saint jour, sur leur chair, mit le baiser royal.

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    Robert Garnier

    @robertGarnier

    Les juives, chœur Pauvres filles de Sion, Vos liesses sont passées; La commune affliction Les a toutes effacées.

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    Robert Tirvaudey

    @robertTirvaudey

    Amour du lointain Il faut se souvenir. Tu revenais de trop loin. Toi l’homme du lointain. Si loin que rien en toi ne résonnait humain. La barbe trop longue, le chapeau de feutre, presque en accordéon, le soulier éculé, la veste élimée, les mains blanches, le dos voûté. Tout en toi. De trop. Les enfants, cruels, qui répètent, se gaussaient de toi. Les femmes maugréaient des injures. Les hommes criaient l’ignominie. Laquelle ? Ils criaient. C’est tout. Dans toutes les directions. Toi-même. Serait-ce un grief ? Tu t’éloignas. As-tu voulu notre résistance ? As-tu désiré l’entraide ? Tu n’avais que ton Dieu. Cet Être si étranger. Tu avais le tragique de l’homme, mais plus la dignité. Tu étais trop loin, trop lointain. Ta langue. Une barrière. Ton culte. Une borne. Ta manière d’être. Un repli. Tu n’étais pas rien. Mais moins que rien. On te reconnaissait, de peur de tout confondre. Car souvent nous sommes les mêmes. On te distinguera par l’étoile. Étoile de David. Sur ton gilet noir. De la couleur vive du désespoir. Un jaune cru. Tu t’éloignes de toutes les frontières, de toutes les limites. Je suis cette limite, cette frontière. Comme tous. Nous sommes la borne. Le douanier de toute culture. Responsabilité du lointain. Responsables de celui qui s’éloigne de toi, de moi. Nous sommes. Toujours et pour toujours. Il faut. Nous nous devons. Un devoir du lointain.

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    Rumi

    @rumi

    Certaines nuits Certaines nuits, Reste debout jusqu’à l’aube. Sois un grand seau, Tiré des obscures profondeurs d’un puits, Et porté vers la lumière. Quelque chose ouvre nos ailes. Quelque chose fait disparaître l’ennui et la peine. Quelque chose remplit notre coupe Nous goûtons alors au sacré.

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