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217 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection animaux

    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    A une chatte Chatte blanche, chatte sans tache, Je te demande, dans ces vers, Quel secret dort dans tes yeux verts, Quel sarcasme sous ta moustache. Tu nous lorgnes, pensant tout bas Que nos fronts pâles, que nos lèvres Déteintes en de folles fièvres, Que nos yeux creux ne valent pas Ton museau que ton nez termine, Rose comme un bouton de sein, Tes oreilles dont le dessin Couronne fièrement ta mine. Pourquoi cette sérénité ? Aurais-tu la clé des problèmes Qui nous font, frissonnants et blêmes, Passer le printemps et l’été ? Devant la mort qui nous menace, Chats et gens, ton flair, plus subtil Que notre savoir, te dit-il Où va la beauté qui s’efface, Où va la pensée, où s’en vont Les défuntes splendeurs charnelles ? Chatte, détourne tes prunelles ; J’y trouve trop de noir au fond.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Berceuse Au comte de Trévelec. Endormons-nous, petit chat noir. Voici que j’ai mis l’éteignoir Sur la chandelle. Tu vas penser à des oiseaux Sous bois, à de félins museaux… Moi rêver d’Elle. Nous n’avons pas pris de café, Et, dans notre lit bien chauffé (Qui veille pleure.) Nous dormirons, pattes dans bras. Pendant que tu ronronneras, J’oublierai l’heure. Sous tes yeux fins, appesantis, Reluiront les oaristys De la gouttière. Comme chaque nuit, je croirai La voir, qui froide a déchiré Ma vie entière. Et ton cauchemar sur les toits Te dira l’horreur d’être trois Dans une idylle. Je subirai les yeux railleurs De son faux cousin, et ses pleurs De crocodile. Si tu t’éveilles en sursaut Griffé, mordu, tombant du haut Du toit, moi-même Je mourrai sous le coup félon D’une épée au bout du bras long Du fat qu’elle aime. Puis, hors du lit, au matin gris, Nous chercherons, toi, des souris Moi, des liquides Qui nous fassent oublier tout, Car, au fond, l’homme et le matou Sont bien stupides.

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    C

    Charles Dovalle

    @charlesDovalle

    Bergeronnette Pauvre petit oiseau des champs, Inconstante bergeronnette. Qui voltiges, vive et coquette, Et qui siffles tes jolis chants ; Bergeronnette si gentille, Qui tournes autour du troupeau. Par les prés sautille, sautille, Et mire-toi dans le ruisseau ! Vas, dans tes gracieux caprices, Becqueter la pointe des fleurs, Ou poursuivre, au pied des génisses, Les mouches aux vives couleurs. Reprends tes jeux, bergeronnette, Bergeronnette au vol léger ; Nargue l'épervier qui te guette ! Je suis là pour te protéger ; Si haut qu'il soit, je puis l'abattre... Petit oiseau, chante !... et demain, Quand je marcherai, viens t'ébattre, Près de moi, le long du chemin. C'est ton doux chant qui me console, Je n'ai point d'autre ami que toi ! Bergeronnette, vole, vole, Bergeronnette, devant moi !

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    C

    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    Le colibri Le vert colibri, le roi des collines, Voyant la rosée et le soleil clair Luire dans son nid tissé d’herbes fines, Comme un frais rayon s’échappe dans l’air. Il se hâte et vole aux sources voisines Où les bambous font le bruit de la mer, Où l’açoka rouge, aux odeurs divines, S’ouvre et porte au cœur un humide éclair. Vers la fleur dorée il descend, se pose, Et boit tant d’amour dans la coupe rose, Qu’il meurt, ne sachant s’il l’a pu tarir. Sur ta lèvre pure, ô ma bien-aimée, Telle aussi mon âme eût voulu mourir Du premier baiser qui l’a parfumée !

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    C

    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    Le rêve du jaguar Sous les noirs acajous, les lianes en fleur, Dans l'air lourd, immobile et saturé de mouches, Pendent, et, s'enroulant en bas parmi les souches, Bercent le perroquet splendide et querelleur, L'araignée au dos jaune et les singes farouches. C'est là que le tueur de bœufs et de chevaux, Le long des vieux troncs morts à l'écorce moussue, Sinistre et fatigué, revient à pas égaux. Il va, frottant ses reins musculeux qu'il bossue ; Et, du mufle béant par la soif alourdi, Un souffle rauque et bref, d'une brusque secousse, Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi, Dont la fuite étincelle à travers l'herbe rousse. En un creux du bois sombre interdit au soleil Il s'affaisse, allongé sur quelque roche plate ; D'un large coup de langue il se lustre la patte ; Il cligne ses yeux d'or hébétés de sommeil ; Et, dans l'illusion de ses forces inertes, Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs, Il rêve qu'au milieu des plantations vertes, Il enfonce d'un bond ses ongles ruisselants Dans la chair des taureaux effarés et beuglants.

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    Ange Rouge-gorge Je suis ton Rouge-gorge Je laboure ton terrain Dévasté Au milieu des couches De mucosités infectées Je picore Entre les veines et les os Diligemment Pour trouver Des vers de terre succulents Sous la chair fanée De ta poitrine fragile. Je sens Le battement martelant Du cœur J’entends Le crépitement faible Des poumons Je guette, Je suis patient, Ma quête est de Faire rechanter ta voix. Secoué soudain, Miraculeusement, Par un séisme microscopique Je jaillis de la gorge Dans de l’air pur Les vers délicatement Retenus dans le bec Je suis de retour Sur terre ferme Chaude et fraiche Du Printemps, Tu n’as plus besoin de moi. Je frémis À entendre les chants aigus De ma famille Bien-aimée Dans le sorbier isolé Du jardin Je danse, Je faufile vers Les branches ondulantes Chez-moi, Je nourrie Ma famille chérie.

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    Citoyenne Libellule Rebelle silencieuse délicate comme de la dentelle enrobée de lumière ton corps doré-bourbier du reflet de ta rivière Hausser les ailes turquoises verdoyantes ! Tu veux exploser, cracheuse du feu d’artifice! Tu en as marre du tremblement incessant Dans ton âme amoureuse, terminé le silence patient. Ne voltige plus, voler loin caresser les vents du Nord utiliser les nuages pleurer tout ce que tu veux hurler à faire peur. Il faut prévenir La Terre de la défaillance finale. Plus jamais d’impitoyable loi de silence. Chantonner, bourdonner, rigoler jusqu’au retour à ta chère rivière. Ta voix retrouvée dans une sagesse transparente.

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    M. Le Coq Le coq sublime, ‘M. Charme’, ou ‘M. Malain,’ vient prendre sa place parmi ses concubines. Le maître de ces lieux, toujours prêt, toujours alerte, pousse son chant jusqu’à l’horizon. Escargots, vers de terre et salade verte du champs, sont des plats exquis pour ce coq gourmand. Et voilà cette vie de noblesse, obligée de se terminer dans notre chère assiette.

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    C

    Christian Mégrelis

    @christianMegrelis

    Le cygne C’était un jour heureux, c’était presqu’autrefois. Fidèles aux vieux serments, solitaires, édéniques, Ensemble parcourant la forêt endémique, Nous recherchions un lac enchâssé dans ces bois. C’étaient aux antipodes où les cygnes sont noirs, Et ce lac disait-on, possédait les plus nobles. Le cygne était pour nous la métaphore commode De ce qu’aux temps passés on appelait devoir. Ils étaient si nombreux, tellement assortis Sur les berges et sur l’eau, mystérieux et altiers, Qu’à les regarder vivre nous étions fascinés Par ces couples funèbres au milieu des orties. Cette course lointaine fut presque la dernière. Aveugles aux présages, sûrs de notre hyménée, Ce lac, et puis ses cygnes, comme un rêve éveillé Sous les flots du malheur brusquement s’effacèrent. Et puis le temps passa. Le temps passe toujours. Et la vie, sous mon toit, retrouvait son chemin Au bord d’un autre lac dont, la main dans la main, En ne pensant qu’à nous, nous aimions faire le tour. Sur le miroir immense où l’azur se contemple, Au milieu de ce lac, témoin de nos amours Dont les rives emprisonnent le parfum de tes jours, Un pur flocon de neige glisse sur l’eau qui tremble. Le col raide, figé dans sa tunique blanche, Il trace un sillon droit sans chercher alentour Ni la volée qu’il mène, ni celle qui, toujours, Lui apprit l’art d’aimer et de voguer ensemble. Sa compagne enfuie, l’immense solitude L’a d’abord étranglé, puis est venue la nuit Où il a deviné qu’elle ne vivrait qu’en lui. Puis cette intuition s’est muée en certitude. Solitaire à présent, il conduit ses fidèles. J’aime à te regarder, j’admire ta prestance Qui nourrît mes pensées au long du deuil immense Qui m’a vu terrassé de survivre sans elle. Comme toi, maintenant, je suis calme et pensif. Me récitant nos vies pour peser nos erreurs, Et je n’en trouve aucune méritant la douleur De cette solitude qui me consume à vif. Comme le cygne du lac, j’apprends la gravité Et reprends mon chemin sur l’océan du temps. Ma tribu, qui m’entoure de son amour constant, Dessine le devoir qui devra m’habiter. Il s’agit de ma vie, toujours tournée vers elle, Ou plutôt de ce qu’il m’en reste aujourd’hui. De ce bout de vie-là, je veux faire une pluie Pour irriguer les vies qu’ils ont tous reçues d’elle. Si jamais je parviens, comme l’oiseau chanteur, A donner à ces vies l’envie de nos espoirs, Nos vies renouvelées, en arrivant au soir, Unies, témoigneront la force du bonheur. Patriarche du lac, cygne mélancolique, Tu m’as montré la vie avecques l’espérance. Voilà, j’avais besoin de cette tâche immense Pour rejoindre Eurydice en son séjour orphique. Ta blancheur triomphante me dessine un bonheur Que tes sombres cousins, présages de la mort, Auraient pu abolir, si tu n’avais guidé mon sort Vers la rive embrasée du feu de nos deux cœurs.

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    Christiane Durussel

    @christianeDurussel

    Cajoline Quand ses yeux se font doux et sa posture câline Quand elle rampe devant moi, quand elle se fait maligne Je ne peux résister à ma douce féline A ma félicité, ma douce Cajoline. Elle me surprend toujours lorsque ses yeux hagards se figent sur quelque objet venu de nulle part Lorsqu'elle tend l'oreille vers quelques sons succints Surgis du fond des âges, d'un passé trop lointain. Que sais-je d'elle, que sais-je de ses méandres de ses secrets occultes, cachés, enfouis, scellés ? A qui destine-t-elle le sacre de ses cultes Lorsque à la pleine lune elle se met à danser ?

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    Christine Larrieu

    @christineLarrieu

    Chant Si j’étais cet Oiseau… Celui de mon enfance, Qui survolait, si beau, Nos têtes innocentes. Je serais Rossignol, Au lent battement d’ailes, Qui, le soir, nos espoirs Dans l’arbre chantera. Je volerais, Colombe, Au dessus de ce monde, Où la sombre misère A les yeux d’une mère. J’affronterais, sans défense, Les océans immenses, Me souvenant de Toi (1) Le cœur rempli d’émoi. Je survolerais, serein, Tous ces monts, ces ravins, Sans craindre vos filets, Ô hommes aveuglés ! J’écouterais, ou non, Le son de vos canons, Écho assourdissant, De voleurs d’existences. Au dessus des déserts, Par les zéphyrs, porté, Je me rafraîchirais Aux ombres crépusculaires. Et puis, je reviendrais, Ô doux cœur transporté, Par un calme matin, M’endormir dans ta main.

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    C

    Claude Luezior

    @claudeLuezior

    Cauchemar En meutes carnassières des cauchemars inassouvis sans cesse à la maraude traquent mes chairs chiens de chasse à l’automne ensanglanté ils vagabondent et mordent toute pensée en fuite loques et outrages ici se contorsionnent et se démembrent par lambeaux des caresses espérées suis-je moi-même gibier en sursis ou acteur insensé d’une fureur vive ? en voilà qui halètent de leur langue rugueuse encadrée par des crocs d’écume et d’ivoire se hérissent les hurlées de louves en gésine dans un clair de nuit que je crains hostile * pourtant ma petite chienne s’est enroulée sur moi-même apaisée sous ma main tout près, en un soupir tiède

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    C

    Claude Roy

    @claudeRoy

    Bestiaire des animaux a l'aise dans leur peau Très oiseaux les oiseaux sont très sûrs d'être oiseaux L'écureuil sait très bien son métier d'écureuil Les chevaux dans leur peau de cheval sont chevaux Le lézard sait par cœur l'art de vivre en lézard La fourrure du chat tient le chat tout entier Le renard est renard tout le long de l'année Le poisson est dans l'eau comme un poisson dans l'eau Mais moi je m'évapore et me perds et me trouve et ne suis jamais sûr d'être ce que je suis.

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    C

    Claude Roy

    @claudeRoy

    Bestiaire des animaux que nous envoient les morts Il suffit d'une étoile à portée de la main pour conjurer le sort Dormez enfants du jour vos paupières demain reconnaîtront les morts Ils vous apporteront ce qu'ils aimaient le mieux ce qui ne déçoit point les ombres du couchant les fontaines les lieux l'odeur triste du foin S'ils laissent un matin un arbre un écureuil un oiseau qu'on entend remerciez-les avant qu'ils ne passent le seuil après il n'est plus temps Ne méprisez jamais les dons que font les morts ils n'ont pas autre chose Le choix n'est pas si grand quand on est loin du port et jamais ne repose.

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    C

    Claude Roy

    @claudeRoy

    Bestiaire du chien a ne pas mettre dehors A ne pas mettre un chien dehors ni un cheval ni un oiseau Un bel hiver par-dessus bord de blanc de neige et de biseaux Deux amants au creux de la nuit à ne pas mettre un chien dehors Au creux du chaud passé minuit deux amants à l'abri du port Aux amants meurtris de sommeil avec infiniment de soin l'hiver construit un soleil un lit d'amour qui sent le foin La neige a beau faire semblant de croire à l'hiver pour toujours tes cheveux blonds sur les draps blancs sont moissons au long des longs jours Ma sommeilleuse ma clarté tes cheveux blonds mes épis d'or se courbent aux vents dévastés à ne pas mettre un chien dehors.

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    C

    César Moro

    @cesarMoro

    Avant le premier oiseau lutteur Tais-toi Illumine le dais coi Le liquide rideau du soupçon Vers la quille peignée d'orage Sidéré sous toit à perdre vue À griffer l'air Vainement feuille Sans palais Sans jardins sans géants Toujours tenir table maison troupeau Musique orange durée Naître à mourir pour le feu Rire à feuilleter les êtres les morts et les autres les lions Éteindre pour barrer Si le paysage devient poule canon pied ou poil

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    Didier Sicchia

    @didierSicchia

    La salamandre rouge J’ai sur le coeur dans la foetale position Une rouge salamandre mélancolique Et ce facétieux amphibien glauque et mignon Démange mon être tant il râle et supplique. On lui accorde dans l’occulte érudition Quelques éternelles aptitudes magiques ; Elle ne craint ni la flamme ni l’ébullition Et se joue de chacun – l’anathème mythique. Nutrisco – extinguo, nec pluribus impar ; Elle a su se blottir en mon être bâtard. Ainsi, c’est le trouble de ma conscience atone Où passent le surin et l’eau dans la gouttière. C’est aussi mon échine râblée qui frissonne Quand au cou me souffle le soir : « Clos tes paupières ! »

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    D

    Didier Sicchia

    @didierSicchia

    L’insecte frivole Sylphide créature aux allants mécaniques, La demoiselle s’abandonne aux migrations Pour l’azur meilleur et dans sa folle ascension L’insolente poursuit son envolée oblique. Quel est donc cet orfèvre des arts métalliques Qui te vêt des tourmalines attributions ? Diaphanes élytres sous les hélianthes scions – Ton enveloppe flamboie de feux organiques. La libellule, ma passionnelle bestiole Sait consoler dûment mes peines vitrioles. Les ondines lui préfèrent les papillons Aux alentours de mes pénibles marécages. Diaphanes élytres sous les hélianthes scions, L’insecte frivole enflamme mes paysages.

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    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Le chat sous la fenêtre Le chat sous la fenêtre soulève sa petite patte pour pouvoir sortir et ses yeux grands ouverts qui cherchent des regards pour qu’il puisse l’ouvrir Le chat sous la fenêtre tapote doucement avec son coussinet sur quelques marguerites qui se reflètent sur la vitre derrière une ombre bleutée Le chat sous la fenêtre observe les oiseaux, et d’un coup sec s’envole dans le ciel pour attraper le papillon qui a pu s’échapper La chat sous la fenêtre d’un coup a disparu Alors je regarde une corbeille de cerises posée sur le vieux banc cassé La petite patte n’est plus là Le papillon vole un peu plus loin J’entends le son du beau ruisseau qui coule au pied de ma maison il n’y a plus qu’un grand rayon de soleil qui traverse la fenêtre Et c’est bientôt l’été

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    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Oiseau de printemps Joli Chardonneret tu es sorti de l’ombre Posé sur la rembarde pour venir me chanter Une ode à la Nature, au Soleil, au Printemps Tu es venu me dire que l’Amour est devant Saute, vrille, vole Et mange toutes les graines que je t’ai données Reviens sur mon balcon, recommence ton chant Qui m’envahit toute entière Ces matins des beaux jours Joli Chardonneret je te veux sur ma route dans ma jolie campagne au pied de mon balcon

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    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Toile d’hiver La neige est si belle sur les arbres lorsque s’empilent petit à petit tous les flocons qui tombent du ciel Tout est blanc et couleur d’écorce et quelques oiseaux qui brillent comme des étoiles au milieu de ce ciel de jour où le bleu est parti Un rouge-gorge Une mésange Orange virevoltent autour de la mangeoire Et le grand pré est si blanc Blanc Comme une toile moelleuse Comme une toile d’Hiver Où les couleurs de vie ne partiront jamais

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    E

    Emile Nelligan

    @emileNelligan

    Le perroquet Aux jours de sa vieille détresse Elle avait, la pauvre négresse, Gardé cet oiseau d’allégresse. Ils habitaient, au coin hideux, Un de ces réduits hasardeux, Un faubourg lointain, tous les deux. Lui, comme jadis à la foire, Il jacassait les jours de gloire Perché sur son épaule noire. La vieille écoutait follement, Croyant que par l’oiseau charmant Causait l’âme de son amant. Car le poète chimérique, Avec une verve ironique A la crédule enfant d’Afrique Avait conté qu’il s’en irait, A son trépas, vivre en secret Chez l’âme de son perroquet. C’est pourquoi la vieille au front chauve, A l’heure où la clarté se sauve, Interrogeait l’oiseau, l’oeil fauve. Mais lui riait, criant toujours, Du matin au soir tous les jours :  » Ha ! Ha ! Ha ! Gula, mes amours ! «  Elle en mourut dans un cri rauque, Croyant que sous le soliloque Inconscient du bavard glauque, L’amant défunt voulait, moqueur, Railler l’amour de son vieux coeur. Elle en mourut dans la rancoeur. L’oiseau pleura ses funérailles, Puis se fit un nid de pierrailles En des ruines de murailles. Mais il devint comme hanté ; Et quand la nuit avait chanté Au clair du ciel diamanté, On eût dit, à voir sa détresse, Qu’en lui pleurait, dans sa tendresse, L’âme de la pauvre négresse.

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    La vache dans tous ses états Un jour ou l’autre qui n’a dit, pris de colère ou de dépit ou pour toute raison qui fâche : « la sale vache ! » ou « peau de vache ! » ou « vieille vache ! » ou « grosse vache ! ». Et tant et plus, tutti quanti. Des attributs à l’infini… Or, un matin, v’là que surgit « la vache folle ». Bel inédit ! Sitôt les continents s’affolent et dans le monde il n’est qu’un cri : « La vache folle ! » Avouons-le discrètement : Même assortis d’un tremblement, que joliment ces mots s’accolent ! « La vache folle ! ». Pourrait-il en être autrement ? De folie tout boeuf est exempt. Taureau châtré ? mâle pourtant ! Ainsi jamais n’entendrez dire : « Rôti de vache ». Ça fait trop rire ! Quel menu pourrait le souffrir ? Le « boeuf bourguignon », c’est certain, ne peut se mettre au féminin… Dès lors que la fierté virile est bien ancrée dans nos assiettes, la vache, ici, n’est point en fête… Mais tant de « vaches », en nous, défilent…

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    F

    Francis Etienne Sicard

    @francisEtienneSicard

    Hirondelle Etanché de sa soif, évidé de racines, Escortant le soleil et son arc rougissant, L’oiseau palpe le temps d’une palme de vent Puis griffonne sa chair aux fusains des marines. Son plumage émargé d’un regard sans rétine, Glisse sa peau de miel et son teint de réglisse Entre les plis fardés d’un ciel crû où blanchissent La mousse des marais et les pins à résines. Il fige le plaisir au bout de ses deux ailes, Brise le roc des flots, et d’un stylet de glace, Tranche la soie du jour d’une ganse rebelle. Lors, son vol passe le Nil, les lacs et les terres Où déjà meurt l’orient sur les hautes terrasses, Pour suivre un lourd radeau dont les voiles s’enferrent.

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    Prière pour aller au paradis avec les ânes Lorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites que ce soit par un jour où la campagne en fête poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas, choisir un chemin pour aller, comme il me plaira, au Paradis, où sont en plein jour les étoiles. Je prendrai mon bâton et sur la grande route j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis : Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis, car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon Dieu. Je leur dirai : " Venez, doux amis du ciel bleu, pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille, chassez les mouches plates, les coups et les abeilles." Que je Vous apparaisse au milieu de ces bêtes que j'aime tant parce qu'elles baissent la tête doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds d'une façon bien douce et qui vous fait pitié. J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles, suivi de ceux qui portent au flanc des corbeilles, de ceux traînant des voitures de saltimbanques ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc, de ceux qui ont au dos des bidons bossués, des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés, de ceux à qui l'on met de petits pantalons à cause des plaies bleues et suintantes que font les mouches entêtées qui s'y groupent en ronds. Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je Vous vienne. Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises lisses comme la chair qui rit des jeunes filles, et faites que, penché dans ce séjour des âmes, sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes qui mireront leur humble et douce pauvreté à la limpidité de l'amour éternel.

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    F

    Francis Ponge

    @francisPonge

    A chat perché Je ne peux m'expliquer rien au monde que d'une seule façon : par le désespoir- Dans ce monde que je ne comprends pas, dont je ne peux rien admettre, où je ne peux rien désirer (nous sommes trop loin de compte), je suis obligé par surcroît à une certaine tenue, à peu près n'importe laquelle, mais une tenue. Mais alors si je suppose à tout le monde le même handicap, la tenue incompréhensible de tout ce monde s'explique : par le hasard des poses où vous force le désespoir. Exactement comme au jeu du chat perché. Sur un seul pied, sur n'importe quoi, mais pas à terre : il faut être perché, même en équilibre instable, lorsque le chasseur passe. Faute de quoi il vous touche : c'est alors la mort ou la folie. Ou comme quelqu'un surpris fait n'importe quel geste : voilà à tout moment votre sort.'Il faut à tout moment répondre quelque chose alors qu'on ne comprend rien à rien; décider n'importe quoi, alors qu'on ne compte sur rien; agir, sans aucune confiance. Point de répit. Il faut « n'avoir l'air de rien », être perché. Et cela dure! Quand on n'a plus envie de jouer, ce n'est pas drôle. Mais alors tout s'explique : le caractère idiot, saugrenu, de tout au monde : même les tramways, l'école de Samt-Cyr, et plusieurs autres institutions. Quelque chose s'est changé, s'est figé en cela, subitement, au hasard, pourchassé par le désespoir. Oh! s'il suffisait de s'allonger par terre, pour dormir, pour mourir. Si l'on pouvait se refuser à toute contenance ! Mais le passage du chasseur est irrésistible : il faut, quoiqu'on ne sache pas à quelle force l'on obéit, il faut se lever, sauter dans une niche, prendre des postures idiotes. ... Mais il est peut-être une pose possible qui consiste à dénoncer à chaque instant cette tyrannie : je ne rebondirai jamais que dans la pose du révolutionnaire ou du poète.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    La mort des oiseaux Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois, A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois, Pendant les tristes jours de l’hiver monotone Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne, Se balancent au vent sur le ciel gris de fer. Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver ! Pourtant lorsque viendra le temps des violettes, Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes. Dans le gazon d’avril où nous irons courir. Est-ce que  » les oiseaux se cachent pour mourir ?  »

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    La mort du singe Frissonnant jusque dans la moelle, Pelé, funèbre et moribond, Le vieux singe, près de son poêle, Tousse en râlant et se morfond. Composant, malgré sa détresse, La douleur qui le fait mourir, Il geint ; mais sa plainte s’adresse Au public qu’il veut attendrir. Comme une phtisique de drame Pâmée en ses neigeux peignoirs, Il joint, avec des airs de femme, Ses petits doigts ridés et noirs ; Et des pleurs, traçant sur sa face Deux sillons parmi les poils roux, Font plus navrante sa grimace Faite de rire et de courroux. Vieil histrion, loin de tes planches, Ainsi tu n’as pas regretté Les bonds effarés dans les branches, L’Inde immense, la liberté ! Ce que tu pleures, c’est la scène Et ce palais de fil de fer Dans lequel, parodiste obscène, Grattant ton poil, montrant ta chair, Railleur, tu faisais voir aux hommes Ce qu’ils ont de vil et de laid, Pour manger les trognons de pommes Dont leur colère t’accablait !

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    L’araignée du prophète Mohammed, qui venait d’épouser Kadidja, N’était qu’un chamelier de l’Hedjas; mais déjà Las de voir adorer des idoles ingrates, Son esprit méditait les sublimes sourates Du Koran et rêvait la grandeur d’un seul Dieu, En plein désert, devant l’infini du ciel bleu. Or, à l’heure torride où le soleil accable Les chameaux et les fait se coucher dans le sable, Accroupis et brisés sur leurs rugueux genoux, Mohammed, en sueur sous le poids du burnous, Vit, près de lui, s’ouvrir une caverne sombre; Et, tenté par le calme et la fraîcheur de l’ombre, Celui qui fut plus tard le Prophète et l’Émir Dans ce trou de lion se coucha pour dormir; Et, lorsqu’ayant posé sous sa tête une pierre, Il allait sommeiller et fermait la paupière, Une énorme araignée, au ventre froid et gras, Glissa de son long fil et courut sur son bras. Brusquement mis sur pieds d un bond involontaire, Mohammed rejeta l’insecte immonde à terre, Et, frissonnant, sans lui laisser le temps de fuir, Leva pour l’écraser sa sandale de cuir. Mais soudain il songea que, puisque Dieu la crée, La bête la plus laide est utile et sacrée, Et que l’homme, déjà trop plein de cruauté, Ne doit la mettre à mort que par nécessité; Et, clément, il laissa partir l’horrible bête. Depuis lors bien du temps a passé. Le Prophète Aux ordres de la loi musulmane a soumis Sa femme, ses enfants, ses parents, ses amis. Chaque jour, à sa voix, l’Islam s’accroît du triple. Aux plus lointains pays du désert maint disciple S’en est allé, portant, cachés sous ses habits, Les saints versets écrits sur des os de brebis; Et vingt tribus au seul Allah rendent hommages. Pourtant les vieux Mekkains, adorateurs d’images, Dont la grande mosquée accueillait à la fois Trois cent soixante dieux d’or, d’argile et de bois, Et ceux à qui les djinns font peur, et les sectaires D’Hobal, et le bas peuple, avide de mystères, Qui prit pour une idole et qui divinisa La vierge byzantine avec l’enfant Issa, Et tous ceux qui tuaient leurs filles en bas âge, Ont pris en sainte horreur l’homme pieux et sage Qui leur parle d’un Dieu qu’ils ne comprennent pas; Ils souillent de crachats la trace de ses pas; Et la calme douceur qu’il garde sous l’outrage Augmente leur colère et redouble leur rage. On brandit le candjiar, en lui montrant le poing, Et le Prophète va périr, s’il ne fuit point. Une nuit donc, il part, seul avec Abou-Beckre. Or, songeant que parfois le proscrit qu’on exècre Revient en conquérant terrible et meurtrier Et courbe tous les fronts jusqu’à son étrier, Les vieux cheicks, qui joignaient la prudence à la haine, Envoyèrent après Mohammed, par la plaine, Des cavaliers ayant l’ordre de l’égorger. Mais le Prophète alors se souvint du berger. Par des sentiers gravis jadis avec ses chèvres Entraînant Abou-Beckre, et le doigt sur les lèvres, Il put gagner sa grotte ancienne, il s’y cacha, Et, pendant tout un jour, en vain on le chercha. Ils étaient là, muets, dans l’ombre qui consterne, Lorsque les assassins, à l’huis de la caverne, Parurent, l’oeil au guet et l’arc déjà tendu. Le Prophète frémit, en se croyant perdu; Mais, par protection du Très-Haut, l’araignée, Du sage Mohammed autrefois épargnée, Avait filé sa toile au seuil de ces rochers Où les deux fugitifs étaient alors cachés; Et cette aérienne et fragile barrière Suffit pour arrêter la bande meurtrière, Qui revint sur ses pas, pensant qu’un corps humain N’aurait pu se glisser dans cet étroit chemin Sans détruire en passant l’araignée et ses toiles. La nuit vint, et, marchant sous le ciel plein d’étoiles, Le Prophète, sans crainte et libre, s’en alla. Allah! Allah! il n’est pas d’autre Dieu qu’Allah!

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    F

    François Fabié

    @francoisFabie

    Berger d’abeilles Le doux titre et l’emploi charmant : Être, en juin, un berger d’abeilles, Lorsque les prés sont des corbeilles Et les champs des mers de froment ; Quand les faucheurs sur les enclumes Martèlent la faux au son clair, Et que les oisillons dans l’air Font bouffer leurs premières plumes ! Berger d’abeilles, je le fus, A huit ans, la-bas, chez mon père, Lorsque son vieux rucher prospère Chantait sous ses poiriers touffus. Quel bonheur de manquer l’école Que l’été transforme en prison, De se rouler dans le gazon, Ou de suivre l’essaim qui vole, En lui disant sur un ton doux Pour qu’il s’arrête aux branches basses : » Posez-vous, car vous êtes lasses ; Belles abeilles, posez-vous ! » Nous avons des ruches nouvelles Faites d’un bois qui vous plaira ; La sauge les parfumera : Posez-vous, abeilles, mes belles ! » Et les abeilles se posaient En une énorme grappe grise Que berçait mollement la brise Dans les rameaux qui bruissaient. » Père ! criais-je, père ! arrive ! Un essaim ! » Et l’on préparait La ruche neuve où sans regret La tribu demeurait captive. Puis, sur le soir, lorsque, à pas lents, Du fond des pâtures lointaines Les troupeaux revenaient bêlants Vers l’étable et vers les fontaines, Je retrouvais mon père au seuil Comptant ses bêtes caressantes, Et lui disais avec orgueil : » Toutes les miennes sont présentes ! » Le doux titre et l’emploi charmant : Être, en juin, un berger d’abeilles, Lorsque les prés sont des corbeilles Et les champs des mers de froment !

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