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Animaux

217 poésies en cours de vérification
Animaux

Poésies de la collection animaux

    F

    François Fabié

    @francoisFabie

    Les moineaux La neige tombe par les rues, Et les moineaux, au bord du toit, Pleurent les graines disparues. « J’ai faim ! » dit l’un ; l’autre : « J’ai froid ! » « Là-bas, dans la cour du collège, Frères, allons glaner le pain Que toujours jette – ô sacrilège ! – Quelque écolier qui n’a plus faim ». A cet avis, la bande entière S’égrène en poussant de grands cris, Et s’en vient garnir la gouttière Du vieux collège aux pignons gris. C’est l’heure vague où, dans l’étude, Près du poêle au lourd ronflement, Les écoliers, de lassitude, S’endorment sur le rudiment. Un seul auprès de la fenêtre, – Petit rêveur au fin museau, – Se plaint que le sort l’ait fait naître Ecolier, et non pas oiseau.

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    F

    François Fabié

    @francoisFabie

    Paysanne de guerre Héroïque, elle aussi, de coeur haut, de bras ferme, La veuve paysanne à qui, depuis vingt mois, Incombent les labours, les marchés, les charrois Et le gouvernement tout entier de la ferme. Au début on lui prend soudain ses trois garçons (Et deux sont morts déjà), son valet de charrue Et son berger… Sa fille, un instant accourue, Lui laisse ses marmots, et repart sans façons… Et plus un journalier valide en la contrée ; Un chemineau douteux pour garder le troupeau. Mais la veuve n’a point plié sous le fardeau, Car plus la tâche est rude et plus elle est sacrée. Repas des gens, repas des bêtes, basse-cour, La traite des brebis, une heure avant l’aurore, Le lavoir, les oisons qui vont bientôt éclore, Et, pour se délasser, semailles et labour. Car elle guide aussi la charrue et la herse, Ses pieds dans des sabots et ses jupes au vent, A travers les guérets, – les corbeaux la suivant Dont le cri de malheur par instant la transperce… Il faut porter le lait an village lointain, Faire aiguiser le soc et la pioche à la forge, Aller moudre au moulin perdu dans quelque gorge, Mettre le bois au four et la pâte au pétrin. * * * Elle rentre le soir, à la ferme en détresse Où tout l’attend, où tout l’appelle, où tout a faim, Les bêtes de provende, et les marmots de pain ; Tous, d’une voix connue et d’une âme maîtresse. Jette du grain, fermière ! emplis les râteliers ; Rends à l’agneau plaintif sa brebis implorante ; Verse à tes petits-fils la marmite odorante ; Prie ensuite avec eux pour les morts familiers : Pour ton mari, parti le premier, avant l’heure, Pour ceux de tes enfants soldats déjà fauchés, Sans qu’ou puisse savoir où leurs corps sont couchés, Et pour d’autres encor, qu’aux alentours on pleure ; Et pour que Dieu conserve à tes ans un appui, Qu’il sauve des périls et bientôt te ramène Ton dernier-né, dernier espoir de ce domaine Qui demain tomberait en quenouille sans lui… * * * Puis, quand tous dormiront, marmots, vacher, servante, Toi, veille encor, reprise ou ravaude des bas ; Réponds à ton petit qui se morfond là-bas, Dans la neige et la boue, la nuit et l’épouvante. Pleure enfin dans ton lit, jusqu’à ce que tes yeux Sentent par le sommeil tarir leur source amère, Et goûte dans un songe un repos éphémère Qu’abrégera le coq d’un clairon furieux. Car déjà demain luit aux vitres de la ferme : Debout, fermière ! et lutte ainsi jusqu’à la fin, Contre le deuil, l’absence, et la terre et la faim, Dans un combat dont nul ne peut prévoir le terme ; Lutte pour conserver les bois, les champs, les prés, Le nom et le renom de la maison ancienne Qui te prit jeune femme, un soir, et te fit sienne, T’enchaînant à jamais par des liens sacrés !… * * * Plus grande que ne fut, certes, la veuve antique, Plus que les Pénélope en secret ourdissant Leur vaine toile pour se garder à l’absent, Nous devons t’admirer, Providence rustique ! Aussi, quand nous aurons chassé l’envahisseur Et que nous fêterons la sainte délivrance, Je voudrais qu’on te mît, toi, mère, ou veuve, ou soeur, Au milieu des héros, à la place d’honneur, Gardienne du sol, Paysanne de France ! François Fabié, Fleurs de genêts

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    F

    François-Marie Arouet Voltaire

    @francoisMarieArouetVoltaire

    À M. le Chevalier de Boufflers Certaine dame honnête', et savante, et profonde, Ayant lu le traité du cœur. Disait en se pâmant : « Que j'aime cet auteur ! Ah ! je vois bien qu'il a le plus grand cœur du monde ! « De mon heureux printemps j'ai vu passer la fleur : Le cœur pourtant me parle encore : Du nom de Petit-Cœur quand mon amant m'honore, Je sens qu'il me fait trop d'honneur. » Hélas ! faibles humains, quels destins sont les nôtres ! Qu'on a mal placé les grandeurs! Qu'on serait heureux si les cœurs Étaient faits les uns pour les autres ! Illustre chevalier, vous chantez vos combats. Vos victoires, et votre empire ; Et dans vos vers heureux, comme vous pleins d'appas. C'est votre cœur qui vous inspire. Quand Lisette vous dit : « Rodrigue, as-tu du cœut?» Sur l'heure elle l'éprouve, et dit avec franchise : « II eut encor plus de valeur Quand il était homme d'Église. »

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    G

    Georges Emmanuel Clancier

    @georgesEmmanuelClancier

    Chanson du Mouton Agnelet feuillets d'or ciel innocence Pies et poules blanches de l'enfance. S'il n'est de fumée sans feu S'il n'est de panier sans anse Le médiéval nous balance Un dimanche d'enluminures bleues.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Ibis Oui, j’irai dans l’ombre terreuse Ô mort certaine, ainsi soit-il ! Latin mortel, parole affreuse, Ibis, oiseau des bords du Nil.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La carpe Dans vos viviers, dans vos étangs, Carpes, que vous vivez longtemps ! Est-ce que la mort vous oublie, Poissons de la mélancolie.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La chenille Le travail mène à la richesse. Pauvres poètes, travaillons ! La chenille en peinant sans cesse Devient le riche papillon.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La chèvre du thibet Les poils de cette chèvre et même Ceux d’or pour qui prit tant de peine Jason, ne valent rien au prix Des cheveux dont je suis épris.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La colombe Colombe, l’amour et l’esprit Qui engendrâtes Jésus-Christ, Comme vous j’aime une Marie. Qu’avec elle je me marie.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La mouche Nos mouches savent des chansons Que leur apprirent en Norvège Les mouches ganiques qui sont Les divinités de la neige.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La mésange Les soldats s’en vont lentement Dans la nuit trouble de la ville. Entends battre mon cœur d’amant. Ce cœur en vaut bien plus de milles Puisque je t’aime éperdument. Je t’aime éperdument, ma chère, J’ai perdu le sens de la vie Je ne connais plus la lumière, Puisque l’Amour est mon envie, Mon soleil et ma vie entière. Écoute-le battre mon cœur ! Un régiment d’artillerie En marche, mon cœur d’Artilleur Pour toi se met en batterie, Écoute-le, petite sœur. Petite sœur je te prends toute Tu m’appartiens, je t’appartiens, Ensemble nous faisons la route, Et dis-moi de ces petits riens Qui consolent qui les écoute. Un tramway descend vitement Trouant la nuit, la nuit de verre Où va mon coeur en régiment Tes beaux yeux m’envoient leur lumière Entends battre mon coeur d’amant. Ce matin vint une mésange Voleter près de mon cheval. C’était peut-être un petit ange Exilé dans le joli val Où j’eus sa vision étrange. Ses yeux c’était tes jolis yeux, Son plumage ta chevelure, Son chant les mots mystérieux Qu’à mes oreilles on susurre Quand nous sommes bien seuls, tous deux Dans le vallon j’étais tout blême D’avoir chevauché jusque-là. Le vent criait un long poème Au soleil dans tout son éclat. Au bel oiseau j’ai dit « Je t’aime ! » Nîmes, le 2 février 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La puce Puces, amis, amantes même, Qu’ils sont cruels ceux qui nous aiment ! Tout notre sang coule pour eux. Les bien-aimés sont malheureux.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La sauterelle Voici la fine sauterelle, La nourriture de saint Jean. Puissent mes vers être comme elle, Le régal des meilleures gens.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La souris Belles journées, souris du temps, Vous rongez peu à peu ma vie. Dieu ! Je vais avoir vingt-huit ans, Et mal vécus, à mon envie.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La tortue Du Thrace magique, ô délire ! Mes doigts sûrs font sonner la lyre. Les animaux passent aux sons De ma tortue, de mes chansons.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le boeuf Ce chérubin dit la louange Du paradis, où, près des anges, Nous revivrons, mes chers amis, Quand le bon Dieu l’aura permis.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le chat Je souhaite dans ma maison : Une femme ayant sa raison, Un chat passant parmi les livres, Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le cheval Mes durs rêves formels sauront te chevaucher, Mon destin au char d’or sera ton beau cocher Qui pour rênes tiendra tendus à frénésie, Mes vers, les parangons de toute poésie.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le dromadaire Avec ses quatre dromadaires Don Pedro d’Alfaroubeira Courut le monde et l’admira. Il fit ce que je voudrais faire Si j’avais quatre dromadaires.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le lion Ô lion, malheureuse image Des rois chus lamentablement, Tu ne nais maintenant qu’en cage À Hambourg, chez les Allemands.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le lièvre Ne soit pas lascif et peureux Comme le lièvre et l’amoureux. Mais que toujours ton cerveau soit La hase pleine qui conçoit.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le poulpe Jetant son encre vers les cieux, Suçant le sang de ce qu’il aime Et le trouvant délicieux, Ce monstre inhumain, c’est moi-même.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le serpent Tu t’acharnes sur la beauté. Et quelles femmes ont été Victimes de ta cruauté ! Ève, Euridice, Cléopâtre ; J’en connais encor trois ou quatre. Guillaume Apollinaire, Le Bestiaire, ou Cortège d’Orphée, 1911

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Les oies sauvages Tout est muet, l’oiseau ne jette plus ses cris. La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris. Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant leurs proies, Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur. Voilà qu’à l’horizon s’élève une clameur ; Elle approche, elle vient, c’est la tribu des oies. Ainsi qu’un trait lancé, toutes, le cou tendu, Allant toujours plus vite, en leur vol éperdu, Passent, fouettant le vent de leur aile sifflante. Le guide qui conduit ces pèlerins des airs Delà les océans, les bois et les déserts, Comme pour exciter leur allure trop lente, De moment en moment jette son cri perçant. Comme un double ruban la caravane ondoie, Bruit étrangement, et par le ciel déploie Son grand triangle ailé qui va s’élargissant. Mais leurs frères captifs répandus dans la plaine, Engourdis par le froid, cheminent gravement. Un enfant en haillons en sifflant les promène, Comme de lourds vaisseaux balancés lentement. Ils entendent le cri de la tribu qui passe, Ils érigent leur tête ; et regardant s’enfuir Les libres voyageurs au travers de l’espace, Les captifs tout à coup se lèvent pour partir. Ils agitent en vain leurs ailes impuissantes, Et, dressés sur leurs pieds, sentent confusément, A cet appel errant se lever grandissantes La liberté première au fond du coeur dormant, La fièvre de l’espace et des tièdes rivages. Dans les champs pleins de neige ils courent effarés, Et jetant par le ciel des cris désespérés Ils répondent longtemps à leurs frères sauvages.

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    L’oiseleur L’oiseleur Amour se promène Lorsque les coteaux sont fleuris, Fouillant les buissons et la plaine ; Et chaque soir sa cage est pleine Des petits oiseaux qu’il a pris. Aussitôt que la nuit s’efface Il vient, tend avec soin son fil, Jette la glu de place en place, Puis sème, pour cacher la trace, Quelques brins d’avoine ou de mil. Il s’embusque au coin d’une haie, Se couche aux berges des ruisseaux, Glisse en rampant sous la futaie, De crainte que son pied n’effraie Les rapides petits oiseaux. Sous le muguet et la pervenche L’enfant rusé cache ses rets, Ou bien sous l’aubépine blanche Où tombent, comme une avalanche, Linots, pinsons, chardonnerets. Parfois d’une souple baguette D’osier vert ou de romarin Il fait un piège, et puis il guette Les petits oiseaux en goguette Qui viennent becqueter son grain. Étourdi, joyeux et rapide, Bientôt approche un oiselet : Il regarde d’un air candide, S’enhardit, goûte au grain perfide, Et se prend la patte au filet. Et l’oiseleur Amour l’emmène Loin des coteaux frais et fleuris, Loin des buissons et de la plaine, Et chaque soir sa cage est pleine Des petits oiseaux qu’il a pris.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Dans les bois Au printemps l'oiseau naît et chante : N'avez-vous pas ouï sa voix ?... Elle est pure, simple et touchante, La voix de l'oiseau — dans les bois ! L'été, l'oiseau cherche l'oiselle ; Il aime — et n'aime qu'une fois ! Qu'il est doux, paisible et fidèle, Le nid de l'oiseau — dans les bois ! Puis quand vient l'automne brumeuse, Il se tait... avant les temps froids. Hélas ! qu'elle doit être heureuse La mort de l'oiseau — dans les bois !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Les papillons I De toutes les belles choses Qui nous manquent en hiver, Qu’aimez-vous mieux ? – Moi, les roses ; – Moi, l’aspect d’un beau pré vert ; – Moi, la moisson blondissante, Chevelure des sillons ; – Moi, le rossignol qui chante ; – Et moi, les beaux papillons ! Le papillon, fleur sans tige, Qui voltige, Que l’on cueille en un réseau ; Dans la nature infinie, Harmonie Entre la plante et l’oiseau !… Quand revient l’été superbe, Je m’en vais au bois tout seul : Je m’étends dans la grande herbe, Perdu dans ce vert linceul. Sur ma tête renversée, Là, chacun d’eux à son tour, Passe comme une pensée De poésie ou d’amour ! Voici le papillon « faune », Noir et jaune ; Voici le « mars » azuré, Agitant des étincelles Sur ses ailes D’un velours riche et moiré. Voici le « vulcain » rapide, Qui vole comme un oiseau : Son aile noire et splendide Porte un grand ruban ponceau. Dieux ! le « soufré », dans l’espace, Comme un éclair a relui… Mais le joyeux « nacré » passe, Et je ne vois plus que lui ! II Comme un éventail de soie, Il déploie Son manteau semé d’argent ; Et sa robe bigarrée Est dorée D’un or verdâtre et changeant. Voici le « machaon-zèbre », De fauve et de noir rayé ; Le « deuil », en habit funèbre, Et le « miroir » bleu strié ; Voici l' »argus », feuille-morte, Le « morio », le « grand-bleu », Et le « paon-de-jour » qui porte Sur chaque aile un oeil de feu ! Mais le soir brunit nos plaines ; Les « phalènes » Prennent leur essor bruyant, Et les « sphinx » aux couleurs sombres, Dans les ombres Voltigent en tournoyant. C’est le « grand-paon » à l’oeil rose Dessiné sur un fond gris, Qui ne vole qu’à nuit close, Comme les chauves-souris ; Le « bombice » du troëne, Rayé de jaune et de vent, Et le « papillon du chêne » Qui ne meurt pas en hiver !… Voici le « sphinx » à la tête De squelette, Peinte en blanc sur un fond noir, Que le villageois redoute, Sur sa route, De voir voltiger le soir. Je hais aussi les « phalènes », Sombres hôtes de la nuit, Qui voltigent dans nos plaines De sept heures à minuit ; Mais vous, papillons que j’aime, Légers papillons de jour, Tout en vous est un emblème De poésie et d’amour ! III Malheur, papillons que j’aime, Doux emblème, A vous pour votre beauté !… Un doigt, de votre corsage, Au passage, Froisse, hélas ! le velouté !… Une toute jeune fille Au coeur tendre, au doux souris, Perçant vos coeurs d’une aiguille, Vous contemple, l’oeil surpris : Et vos pattes sont coupées Par l’ongle blanc qui les mord, Et vos antennes crispées Dans les douleurs de la mort !…

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Vers dorés Homme ! libre penseur - te crois-tu seul pensant Dans ce monde où la vie éclate en toute chose : Des forces que tu tiens ta liberté dispose, Mais de tous tes conseils l'univers est absent. Respecte dans la bête un esprit agissant : ... Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ; Un mystère d'amour dans le métal repose : "Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Le papillon I De fleur en fleur, papillon, Et de tige en tige, Beau d'or et de vermillon, Fin d'aigrette et d'aiguillon, Étourdi, voltige ! Dans la corolle, au matin, Comme une épousée Sous ses rideaux de satin, Furtif, d'un baiser lutin, Surprends la rosée. Toi qu'un zéphyr caressant Fit à l'aube éclore, Rêve ailé qui tremble et sent, Effleure tout, beau passant, Fils léger d'Aurore. II La vie, éclair qui s'enfuit, Dore toutes choses, Puis, les rendant à la nuit, Indifférente, poursuit Ses métamorphoses. Un point bleu, signe effrayant Que trace la joie, Rit sur tout front souriant, Mais au chagrin, trait fuyant, Désigne sa proie. Tu jouis : tu vas souffrir ; Vent qui souffle tombe ; Tout ce qui naît doit mourir ; La fleur germe pour fleurir, Fleurit pour la tombe. Astre qui, sur un fond noir, Naît, luit, vole et passe, Chaque être est brillant d'espoir, Mais, météore d'un soir, S'éteint dans l'espace. Bulle éblouissante aux yeux, Qu'un rayon allume, Où l'œil croit voir terre et cieux Qu'es-tu, monde sérieux ? Un jouet d'écume. Donc, papillon palpitant, Puisque monde ou rose Ne dure, hélas! qu'un instant, En ton vol, bel inconstant, Jamais ne te pose. III L'esprit creuse pour savoir L'effet et la cause Mais ce monde est un miroir ; L'esprit ne peut que s'y voir, Et l'énigme est close. Fouillant son problème ardu, Au profond de l'onde, Nuit et jour, l'œil éperdu Sonde... mais un plomb perdu N'est point une sonde. Ignorants, que pouvons-nous ? Mais cette impuissance Ne tourmente que les fous ; Tirons-en le miel si doux, Miel de jouissance. Donc, papillon, folâtrons De la plaine aux cimes ; Volons, demain nous mourrons ; Rions, demain nous irons Voir les grands abîmes. IV Ainsi tu fais, papillon A l'aile éphémère ; Et, narguant l'humble grillon, Inquiet, par tout sillon, Tu suis ta chimère. Fils de l'air, quand, parcourant Tout ton frais empire, Tu vas butinant, errant, Ton cœur libre, ô conquérant, Librement respire. Mais, fils du zéphyr, sens-tu Ce cœur qui soupire ? Cœur volage et combattu, Pourquoi soupirer ? Peux-tu, Peux-tu nous le dire ? V Ô papillon, de Psyché Magnifique emblème, En tout calice penché, Ton cœur avide a cherché, Recherché qui l'aime. Sais-tu, sous le dôme bleu, Sais-tu ce qu'on aime ! Ou ce que cherche en tout lieu La vierge aux ailes de feu, Cet autre toi-même ? Dans l'Olympe radieux, La vierge réclame Des mortels, des morts, des dieux, Son amant mystérieux, Et Psyché, c'est l'âme. Promenant par tout séjour Le deuil que tu cèles, Psyché-papillon, un jour Puisses-tu trouver l'Amour Et perdre tes ailes ! De fleur en fleur, papillon, Et de tige en tige, Fin d'aigrette et d'aiguillon, Beau d'or et de vermillon, Papillon, voltige !

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    J

    Jacques Chessex

    @jacquesChessex

    Animal Madame un jour je caressais quelque pelage D'égaré ou de fantasque au soleil poudreux C'était un chat soyeux, tigre ou chat des chartreux Qu'importe si ce chat était tendre ou sauvage Ou si le nombre des félins par moi flattés Dépasse le millier par toutes les années Où j'ai choyé leur patience illimitée Dans tellement de fourrures et de fumets Que je les confonds tous, parfum fort et souplesse Dans le même creuset où leur ardeur se coule Mais ce jour-là c'est la toison de toi, Maîtresse Qui s'est creusée à mes doigts souples sur la fente Où l'animal cède à la rondeur de la pente Sûre de sa ferveur et d'humidité soûle

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