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Poésies de la collection animaux

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    Jacques Chessex

    @jacquesChessex

    Chat y es-tu Chat y es-tu, que fais-tu J'ai déjà perdu six vies, je ne m'inquiète pas Chat y es-tu, où vas-tu Je rêve que la maîtresse me prend en soi Je deviens sa bouche de soie Chat y es-tu, que narres-tu Gloire des métamorphoses Je me transforme en caverne rose Chat y es-tu, ne te vantes-tu Je change de fourrure Viande lisse Sous sa petite pelisse Chat y es-tu, que songes-tu J'ai reçu une harpe de nacre Un ruisseau vient dans mes lèvres Chat que fais-tu maintenant Ah j'ai du sang dans la moustache C'est toute mon âme qui se tache Chat beau chat, que chantes-tu Je chante un chant de museau et de source Je dédie une ode à la pource Chat maintenant que veux-tu J'ai une souris de lait et de miel dans la bouche Je mange dans la maîtresse ravie Vous voyez je commence ma septième vie O maîtresse en toi vif et mort Et l'élégie de ton astre Éclaire ma fosse

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    Jacques Prévert

    Jacques Prévert

    @jacquesPrevert

    Au hasard des Oiseaux J'ai appris très tard à aimer les oiseaux je le regrette un peu mais maintenant tout est arrangé on s'est compris ils ne s'occupent pas de moi je ne m'occupe pas d'eux je les regarde je les laisse faire tous les oiseaux font de leur mieux ils donnent l'exemple pas l'exemple comme par exemple Monsieur Glacis qui s'est remarquablement courageusement conduit pendant la guerre ou l'exemple du petit Paul qui était si pauvre et si beau et tellement honnête avec ça et qui est devenu plus tard le grand Paul si riche et si vieux si honorable et si affreux et si avare et si charitable et si pieux ou par exemple cette vieille servante qui eut une vie et une mort exemplaires jamais de discussions pas ça l'ongle claquant sur la dent pas ça de discussion avec monsieur ou avec madame au sujet de cette affreuse question des salaires non les oiseaux donnent l'exemple l'exemple comme il faut exemple des oiseaux exemple des oiseaux exemple les plumes les ailes le vol des oiseaux exemple le nid les voyages et les chants des oiseaux exemple la beauté des oiseaux exemple le cceur des oiseaux la lumière des oiseaux.

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    Jacques Prévert

    Jacques Prévert

    @jacquesPrevert

    Cheval dans une île Celui-là, c'est le cheval qui vit tout seul quelque part très loin dans une ilé. Il mange un peu d'herbe ; derrière lui, il y a un bateau ; c'est le bateau sur lequel le cheval est venu, c'est le bateau sur lequel il va repartir. Ce n'est pas un cheval solitaire, il aime beaucoup la compagnie des autres chevaux; tout seul, il s'ennuie, il voudrait faire quelque chose, être utile aux autres. 12 continue à manger de l'herbe et pendant qu'il mange, il pense à son grand projet. Son grand projet, c'est de retourner chez les chevaux pour leur dire : — Il faut que cela change. Et les chevaux demanderont : — Qu'est-ce qui doit changer? Et lui, il répondra : — Ceet notre vie qui doit changer, elle est trop misérable, nous sommes trop malheureux, cela ne peut pas durer. Mais les plus gros chevaux, les mieux nourris, ceux qui traînent les corbillards des grands de ce monde, les carrosses des rois et qui portent sur la tête un grand chapeau de paille de riz, voudront l'empêcher de parler et lui diront : — De quoi te plains-tu, cheval, n'es-tu pas la plus noble conquête de l'homme? Et ils se moqueront de lui. Alors tous les autres chevaux, les pauvres traî-neurs de camion n'oseront pas donner leur avis. Mais lui, le cheval qui réfléchit dans l'île, il élèvera la voix : — S'il est vrai que je suis la plus noble conquête de l'homme, je ne veux pas être en reste avec lui. « L'homme nous a comblés de cadeaux, mais l'homme a été trop généreux avec nous, l'homme nous a donné le fouet, l'homme nous a donné la cravache, les éperons, les œillères, les brancards, il nous a mis du fer dans la bouche et du fer sous les pieds, c'était froid, mais il nous a marqués au fer rouge pour nous réchauffer... « Pour moi, c'est fini, il peut reprendre ses bijoux, qu'en pensez-vous? Et pourquoi a-t-il écrit sérieusement et en grosses lettres sur les murs... sur les murs de ses écuries, sur les murs de ses casernes de cavalerie, sur les murs de ses abattoirs, de ses hippodromes et de ses boucheries hippophagiques ' : « 8oyez bons pour les Animaux » ? Avouez tout de même que c'est se moquer du monde des chevaux « Alors, tous les autres pauvres chevaux commenceront à comprendre et tous ensemble ils s'en iront trouver les hommes et ils leurs parleront très fort. » LES CHEVAUX Messieurs, nous voulons bien traîner vos voitures, vos charrues, faire vos courses et tout le travail, mais reconnaissons que c'est un service que nous vous rendons : il faut nous en rendre aussi. Souvent, vous nous mangez quand nous sommes morts, il n'y a rien à dire là-dessus, si vous aimez ça ; c'est comme pour le petit déjeuner du matin, il y en a qui prennent de l'avoine au café au lit, d'autres de l'avoine au chocolat, chacun ses goûts; mais souvent aussi vous nous frappez : cela, ça ne doit plus se reproduire. De plus, nous voulons de l'avoine tous les jours ; de l'eau fraîche tous les jours et puis des vacances et qu'on nous respecte, nous sommes des chevaux, on n'est pas des bœufs. Premier qui nous tape dessus, on le mord. Deuxième qui nous tape dessus, on le tue. Voilà. Et les hommes comprendront qu'ils ont été un peu fort, ils deviendront plus raisonnables. Il rit, le cheval, en pensant à toutes ces choses qui arriveront sûrement un jour. Il a envie de chanter, mais il est tout seul, et il n'aime que chanter en chœur; alors il crie tout de même : « Vive la liberté ! » Dans d'autres îles, d'autres chevaux l'entendent et ils crient à leur tour de toutes leurs forces : « Vive la liberté ! >. Tous les hommes des îles et ceux du continent entendent des cris et se demandent ce que c'est, puis ils se rassurent et disent en haussant les épaules : « Ce n'est rien, c'est des chevaux. » Mais ils ne se doutent pas de ce que les chevaux leur préparent.

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    J

    Jacques Viallebesset

    @jacquesViallebesset

    Cosette est ma princesse Cosette est venue à moi Dans les sanglots d’un soir Pour pouvoir s’endormir Dans les branches de mes bras Contre une promesse d’espoir Ma petite princesse est venue à moi La graine de ses ailes Pousse dans le vent Je la porte dans moi Comme l’oiseau sur sa branche. Ma femme- tourterelle, Virevoltes et t’envoles Sans te bruler les ailes Je te garde mes tendres pays Pour y bâtir des nids Et notre seule demeure. Je te garde mes noueuses ramures Ou te poser et soigner tes blessures Tant que j’aurai l’air Qu’il faut aux arbres pour te plaire.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Conseil tenu par les rats Un Chat, nommé Rodilardus Faisait des Rats telle déconfiture Que l'on n'en voyait presque plus, Tant il en avait mis dedans la sépulture. Le peu qu'il en restait, n'osant quitter son trou, Ne trouvait à manger que le quart de son sou, Et Rodilard passait, chez la gent misérable, Non pour un Chat, mais pour un Diable. Or un jour qu'au haut et au loin Le galant alla chercher femme, Pendant tout le sabbat qu'il fit avec sa Dame, Le demeurant des Rats tint chapitre en un coin Sur la nécessité présente. Dès l'abord, leur Doyen, personne fort prudente, Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard, Attacher un grelot au cou de Rodilard ; Qu'ainsi, quand il irait en guerre, De sa marche avertis, ils s'enfuiraient en terre ; Qu'il n'y savait que ce moyen. Chacun fut de l'avis de Monsieur le Doyen, Chose ne leur parut à tous plus salutaire. La difficulté fut d'attacher le grelot. L'un dit : "Je n'y vas point, je ne suis pas si sot" ; L'autre : "Je ne saurais."Si bien que sans rien faire On se quitta. J'ai maints Chapitres vus, Qui pour néant se sont ainsi tenus ; Chapitres, non de Rats, mais Chapitres de Moines, Voire chapitres de Chanoines. Ne faut-il que délibérer, La Cour en Conseillers foisonne ; Est-il besoin d'exécuter, L'on ne rencontre plus personne.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L'hirondelle et les petits oiseaux Une Hirondelle en ses voyages Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu Peut avoir beaucoup retenu. Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages, Et devant qu'ils fussent éclos, Les annonçait aux Matelots. Il arriva qu'au temps que le chanvre se sème, Elle vit un manant en couvrir maints sillons. "Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux Oisillons : Je vous plains ; car pour moi, dans ce péril extrême, Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin. Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ? Un jour viendra, qui n'est pas loin, Que ce qu'elle répand sera votre ruine. De là naîtront engins à vous envelopper, Et lacets pour vous attraper, Enfin mainte et mainte machine Qui causera dans la saison Votre mort ou votre prison : Gare la cage ou le chaudron ! C'est pourquoi, leur dit l'Hirondelle, Mangez ce grain; et croyez-moi. " Les Oiseaux se moquèrent d'elle : Ils trouvaient aux champs trop de quoi. Quand la chènevière fut verte, L'Hirondelle leur dit : "Arrachez brin à brin Ce qu'a produit ce maudit grain, Ou soyez sûrs de votre perte. - Prophète de malheur, babillarde, dit-on, Le bel emploi que tu nous donnes ! Il nous faudrait mille personnes Pour éplucher tout ce canton. " La chanvre étant tout à fait crue, L'Hirondelle ajouta : "Ceci ne va pas bien ; Mauvaise graine est tôt venue. Mais puisque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien, Dès que vous verrez que la terre Sera couverte, et qu'à leurs blés Les gens n'étant plus occupés Feront aux oisillons la guerre ; Quand reginglettes et réseaux Attraperont petits Oiseaux, Ne volez plus de place en place, Demeurez au logis, ou changez de climat : Imitez le Canard, la Grue, et la Bécasse. Mais vous n'êtes pas en état De passer, comme nous, les déserts et les ondes, Ni d'aller chercher d'autres mondes ; C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit sûr : C'est de vous renfermer aux trous de quelque mur. " Les Oisillons, las de l'entendre, Se mirent à jaser aussi confusément Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre Ouvrait la bouche seulement. Il en prit aux uns comme aux autres : Maint oisillon se vit esclave retenu. Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres, Et ne croyons le mal que quand il est venu.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La chatte métamorphosée en femme Un homme chérissait éperdument sa Chatte ; Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate, Qui miaulait d’un ton fort doux. Il était plus fou que les fous. Cet Homme donc, par prières, par larmes, Par sortilèges et par charmes, Fait tant qu’il obtient du destin Que sa Chatte en un beau matin Devient femme, et le matin même, Maître sot en fait sa moitié. Le voilà fou d’amour extrême, De fou qu’il était d’amitié. Jamais la Dame la plus belle Ne charma tant son Favori Que fait cette épouse nouvelle Son hypocondre de mari. Il l’amadoue, elle le flatte ; Il n’y trouve plus rien de Chatte, Et poussant l’erreur jusqu’au bout, La croit femme en tout et partout, Lorsque quelques Souris qui rongeaient de la natte Troublèrent le plaisir des nouveaux mariés. Aussitôt la femme est sur pieds : Elle manqua son aventure. Souris de revenir, femme d’être en posture. Pour cette fois elle accourut à point : Car ayant changé de figure, Les souris ne la craignaient point. Ce lui fut toujours une amorce, Tant le naturel a de force. Il se moque de tout, certain âge accompli : Le vase est imbibé, l’étoffe a pris son pli. En vain de son train ordinaire On le veut désaccoutumer. Quelque chose qu’on puisse faire, On ne saurait le réformer. Coups de fourche ni d’étrivières Ne lui font changer de manières ; Et, fussiez-vous embâtonnés, Jamais vous n’en serez les maîtres. Qu’on lui ferme la porte au nez, Il reviendra par les fenêtres.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La cour du Lion Sa Majesté Lionne un jour voulut connaître De quelles nations le Ciel l’avait fait maître. Il manda donc par députés Ses vassaux de toute nature, Envoyant de tous les côtés Une circulaire écriture, Avec son sceau. L’écrit portait Qu’un mois durant le Roi tiendrait Cour plénière, dont l’ouverture Devait être un fort grand festin, Suivi des tours de Fagotin. Par ce trait de magnificence Le Prince à ses sujets étalait sa puissance. En son Louvre il les invita. Quel Louvre ! un vrai charnier, dont l’odeur se porta D’abord au nez des gens. L’Ours boucha sa narine : Il se fût bien passé de faire cette mine, Sa grimace déplut. Le Monarque irrité L’envoya chez Pluton faire le dégoûté. Le Singe approuva fort cette sévérité, Et flatteur excessif il loua la colère Et la griffe du Prince, et l’antre, et cette odeur : Il n’était ambre, il n’était fleur, Qui ne fût ail au prix. Sa sotte flatterie Eut un mauvais succès, et fut encore punie. Ce Monseigneur du Lion-là Fut parent de Caligula. Le Renard étant proche : Or çà, lui dit le Sire, Que sens-tu ? dis-le-moi : parle sans déguiser. L’autre aussitôt de s’excuser, Alléguant un grand rhume : il ne pouvait que dire Sans odorat ; bref, il s’en tire. Ceci vous sert d’enseignement : Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère, Et tâchez quelquefois de répondre en Normand.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La goutte et l’araignée Quand l’Enfer eut produit la Goutte et l’Araignée, « Mes filles, leur dit-il, vous pouvez vous vanter D’être pour l’humaine lignée Egalement à redouter. Or avisons aux lieux qu’il vous faut habiter. Voyez-vous ces cases étrètes, Et ces palais si grands, si beaux, si bien dorés ? Je me suis proposé d’en faire vos retraites. Tenez donc, voici deux bûchettes ; Accommodez-vous, ou tirez. – Il n’est rien, dit l’Aragne, aux cases qui me plaise. «  L’autre, tout au rebours, voyant les Palais pleins De ces gens nommés Médecins, Ne crut pas y pouvoir demeurer à son aise. Elle prend l’autre lot, y plante le piquet, S’étend à son plaisir sur l’orteil d’un pauvre homme, Disant : « Je ne crois pas qu’en ce poste je chomme, Ni que d’en déloger et faire mon paquet Jamais Hippocrate me somme. » L’Aragne cependant se campe en un lambris, Comme si de ces lieux elle eût fait bail à vie, Travaille à demeurer : voilà sa toile ourdie, Voilà des moucherons de pris. Une servante vient balayer tout l’ouvrage. Autre toile tissue, autre coup de balai. Le pauvre Bestion tous les jours déménage. Enfin, après un vain essai, Il va trouver la Goutte. Elle était en campagne, Plus malheureuse mille fois Que la plus malheureuse Aragne. Son hôte la menait tantôt fendre du bois, Tantôt fouir, houer. Goutte bien tracassée Est, dit-on, à demi pansée. « Oh! je ne saurais plus, dit-elle, y résister. Changeons, ma soeur l’Aragne. » Et l’autre d’écouter : Elle la prend au mot, se glisse en la cabane : Point de coup de balai qui l’oblige à changer. La Goutte, d’autre part, va tout droit se loger Chez un Prélat, qu’elle condamne A jamais du lit ne bouger. Cataplasmes, Dieu sait. Les gens n’ont point de honte De faire aller le mal toujours de pis en pis. L’une et l’autre trouva de la sorte son conte ; Et fit très sagement de changer de logis.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf Une grenouille vit un boeuf Qui lui sembla de belle taille. Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille Pour égaler l’animal en grosseur, Disant : Regardez bien, ma soeur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ? – Nenni. – M’y voici donc ? – Point du tout. – M’y voilà ? – Vous n’en approchez point. La chétive pécore S’enfla si bien qu’elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs, Tout petit Prince a des Ambassadeurs, Tout Marquis veut avoir des Pages. Jean de La Fontaine  

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    Jean de La Fontaine

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    @jeanDeLaFontaine

    La génisse, la chèvre, et la brebis, en société avec le lion La Génisse, la Chèvre, et leur soeur la Brebis, Avec un fier Lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au temps jadis, Et mirent en commun le gain et le dommage. Dans les lacs de la Chèvre un Cerf se trouva pris. Vers ses associés aussitôt elle envoie. Eux venus, le Lion par ses ongles compta, Et dit : « Nous sommes quatre à partager la proie. «  Puis en autant de parts le Cerf il dépeça ; Prit pour lui la première en qualité de Sire : « Elle doit être à moi, dit-il ; et la raison, C’est que je m’appelle Lion : A cela l’on n’a rien à dire. La seconde, par droit, me doit échoir encor : Ce droit, vous le savez, c’est le droit du plus fort Comme le plus vaillant, je prétends la troisième. Si quelqu’une de vous touche à la quatrième, Je l’étranglerai tout d’abord. « 

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    Jean de La Fontaine

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    @jeanDeLaFontaine

    La poule aux oeufs d'or L'avarice perd tout en voulant tout gagner. Je ne veux, pour le témoigner, Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable, Pondait tous les jours un oeuf d'or. Il crut que dans son corps elle avait un trésor. Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien, S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien. Belle leçon pour les gens chiches : Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus Qui du soir au matin sont pauvres devenus Pour vouloir trop tôt être riches ?

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    Jean de La Fontaine

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    @jeanDeLaFontaine

    La querelle des chiens et des chats, et celle des chats et des couris La discorde a toujours régné dans l’univers ; Notre monde en fournit mille exemples divers Chez nous cette déesse a plus d’un tributaire. Commençons par les éléments Vous serez étonnés de voir qu’à tous moments Ils seront appointés contraire. Outre ces quatre potentats, Combien d’êtres de tous états Se font une guerre éternelle ! Autrefois un logis plein de chiens et de chats, Par cent arrêts rendus en forme solennelle, Vit terminer tous leurs débats. Le maître ayant réglé leurs emplois, leurs repas, Et menacé du fouet quiconque aurait querelle, Ces animaux vivaient entre eux comme cousins. Cette union si douce, et presque fraternelle, Edifiait tous les voisins. Enfin elle cessa. Quelque plat de potage, Quelque os, par préférence, à quelqu’un d’eux donné, Fit que l’autre parti s’en vint tout forcené Représenter un tel outrage. J’ai vu des chroniqueurs attribuer le cas Aux passe-droits qu’avait une chienne en gésine. Quoi qu’il en soit, cet altercas Mit en combustion la salle et la cuisine Chacun se déclara pour son chat, pour son chien. On fit un règlement dont les chats se plaignirent, Et tout le quartier étourdirent. Leur avocat disait qu’il fallait bel et bien Recourir aux arrêts. En vain ils les cherchèrent. Dans un recoin où d’abord leurs agents les cachèrent, Les souris enfin les mangèrent. Autre procès nouveau. Le peuple souriquois En pâtit maint vieux chat, fin, subtil, et narquois, Et d’ailleurs en voulant à toute cette race, Les guetta, les prit, fit main basse. Le maître du logis ne s’en trouva que mieux. J’en reviens à mon dire . On ne voit sous les cieux Nul animal, nul être, aucune créature, Qui n’ait son opposé c’est la loi de nature. D’en chercher la raison, ce sont soins superflus. Dieu fit bien ce qu’il fit , et je n’en sais pas plus. Ce que je sais, c’est qu’aux grosses paroles On en vient sur un rien, plus de trois quarts du temps. Humains, il vous faudrait encore à soixante ans Renvoyer chez les barbacoles .

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    Le chameau et les bâtons flottants Le premier qui vit un chameau S’enfuit à cet objet nouveau; Le second approcha; le troisième osa faire Un licou pour le dromadaire. L’accoutumance ainsi nous rend tout familier: Ce qui nous paraissait terrible et singulier S’apprivoise avec notre vue Quand ce vient à la continue. Et puisque nous voici tombés sur ce sujet, On avait mis des gens au guet, Qui voyant sur les eaux de loin certain objet, Ne purent s’empêcher de dire Que c’était un puissant navire. Quelques moments après, l’objet devint brûlot, Et puis nacelle, et puis ballot, Enfin bâtons flottants sur l’onde. J’en sais beaucoup de par le monde A qui ceci conviendrait bien: De loin, c’est quelque chose; et de près, ce n’est rien.

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    @jeanDeLaFontaine

    Le chat et le rat Quatre animaux divers, le Chat grippe-fromage, Triste-oiseau le Hibou, ronge-maille le Rat, Dame Belette au long corsage, Toutes gens d’esprit scélérat, Hantaient le tronc pourri d’un pin vieux et sauvage. Tant y furent, qu’un soir à l’entour de ce pin L’homme tendit ses rets. Le Chat, de grand matin Sort pour aller chercher sa proie. Les derniers traits de l’ombre empêchent qu’il ne voie Le filet : il y tombe en danger de mourir ; Et mon Chat de crier, et le Rat d’accourir, L’un plein de désespoir, et l’autre plein de joie : Il voyait dans les lacs son mortel ennemi. Le pauvre Chat dit : « Cher ami, Les marques de ta bienveillance Sont communes en mon endroit ; Viens m’aider à sortir du piège où l’ignorance M’a fait tomber. C’est à bon droit Que seul entre les tiens, par amour singulière, Je t’ai toujours choyé, t’aimant comme mes yeux. Je n’en ai point regret, et j’en rends grâce aux Dieux. J’allais leur faire ma prière ; Comme tout dévot Chat en use les matins, Ce réseau me retient : ma vie est en tes mains ; Viens dissoudre ces noeuds. – Et quelle récompense En aurai-je ? reprit le Rat. – Je jure éternelle alliance Avec toi, repartit le Chat. Dispose de ma griffe, et sois en assurance : Envers et contre tous je te protégerai ; Et la Belette mangerai Avec l’époux de la Chouette : Ils t’en veulent tous deux. » Le Rat dit : « Idiot ! Moi ton libérateur ? je ne suis pas si sot. » Puis il s’en va vers sa retraite. La Belette était près du trou. Le Rat grimpe plus haut ; il y voit le Hibou. Dangers de toutes parts : le plus pressant l’emporte. Ronge-maille retourne au Chat, et fait en sorte Qu’il détache un chaînon, puis un autre, et puis tant, Qu’il dégage enfin l’hypocrite. L’homme paraît en cet instant ; Les nouveaux alliés prennent tous deux la fuite. À quelque temps de là, notre Chat vit de loin Son Rat qui se tenait en alerte et sur ses gardes : « Ah ! mon frère, dit-il, viens m’embrasser ; ton soin Me fait injure ; tu regardes Comme ennemi ton allié. Penses-tu que j’aie oublié Qu’après Dieu je te dois la vie ? – Et moi, reprit le Rat, penses-tu que j’oublie Ton naturel ? Aucun traité Peut-il forcer un chat à la reconnaissance ? S’assure-t-on sur l’alliance Qu’a faite la nécessité ?

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    Jean de La Fontaine

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    @jeanDeLaFontaine

    Le chat et le renard Le Chat et le Renard, comme beaux petits saints, S’en allaient en pèlerinage. C’étaient deux vrais Tartufs, deux archipatelins, Deux francs Patte-pelus qui, des frais du voyage, Croquant mainte volaille, escroquant maint fromage, S’indemnisaient à qui mieux mieux. Le chemin était long, et partant ennuyeux, Pour l’accourcir ils disputèrent. La dispute est d’un grand secours ; Sans elle on dormirait toujours. Nos pèlerins s’égosillèrent. Ayant bien disputé, l’on parla du prochain. Le Renard au Chat dit enfin : Tu prétends être fort habile : En sais-tu tant que moi ? J’ai cent ruses au sac. – Non, dit l’autre : je n’ai qu’un tour dans mon bissac, Mais je soutiens qu’il en vaut mille. Eux de recommencer la dispute à l’envi, Sur le que si, que non, tous deux étant ainsi, Une meute apaisa la noise. Le Chat dit au Renard : Fouille en ton sac, ami : Cherche en ta cervelle matoise Un stratagème sûr. Pour moi, voici le mien. À ces mots sur un arbre il grimpa bel et bien. L’autre fit cent tours inutiles, Entra dans cent terriers, mit cent fois en défaut Tous les confrères de Brifaut. Partout il tenta des asiles, Et ce fut partout sans succès : La fumée y pourvut, ainsi que les bassets. Au sortir d’un Terrier, deux chiens aux pieds agiles L’étranglèrent du premier bond. Le trop d’expédients peut gâter une affaire ; On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire. N’en ayons qu’un, mais qu’il soit bon.

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    Le chat et les deux moineaux À Monseigneur le duc de Bourgogne Un chat contemporain d’un fort jeune Moineau Fut logé près de lui dès l’âge du berceau ; La Cage et le Panier avaient mêmes Pénates. Le Chat était souvent agacé par l’Oiseau : L’un s’escrimait du bec, l’autre jouait des pattes. Ce dernier toutefois épargnait son ami. Ne le corrigeant qu’à demi Il se fût fait un grand scrupule D’armer de pointes sa férule. Le Passereau moins circonspect, Lui donnait force coups de bec. En sage et discrète personne, Maître Chat excusait ces jeux : Entre amis, il ne faut jamais qu’on s’abandonne Aux traits d’un courroux sérieux. Comme ils se connaissaient tous deux dès leur bas âge, Une longue habitude en paix les maintenait ; Jamais en vrai combat le jeu ne se tournait ; Quand un Moineau du voisinage S’en vint les visiter, et se fit compagnon Du pétulant Pierrot et du sage Raton. Entre les deux oiseaux, il arriva querelle ; Et Raton de prendre parti. Cet inconnu, dit-il, nous la vient donner belle D’insulter ainsi notre ami ! Le Moineau du voisin viendra manger le nôtre ? Non, de par tous les Chats ! Entrant lors au combat, Il croque l’étranger. Vraiment, dit maître Chat, Les Moineaux ont un goût exquis et délicat ! Cette réflexion fit aussi croquer l’autre. Quelle Morale puis-je inférer de ce fait ? Sans cela toute Fable est un oeuvre imparfait. J’en crois voir quelques traits ; mais leur ombre m’abuse, Prince, vous les aurez incontinent trouvés : Ce sont des jeux pour vous, et non point pour ma Muse ; Elle et ses Soeurs n’ont pas l’esprit que vous avez.

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    Le chat et un vieux rat J’ai lu chez un conteur de Fables, Qu’un second Rodilard, l’Alexandre des Chats, L’Attila, le fléau des Rats, Rendait ces derniers misérables : J’ai lu, dis-je, en certain Auteur, Que ce Chat exterminateur, Vrai Cerbère, était craint une lieue à la ronde : Il voulait de Souris dépeupler tout le monde. Les planches qu’on suspend sur un léger appui, La mort aux Rats, les Souricières, N’étaient que jeux au prix de lui. Comme il voit que dans leurs tanières Les Souris étaient prisonnières, Qu’elles n’osaient sortir, qu’il avait beau chercher, Le galant fait le mort, et du haut d’un plancher Se pend la tête en bas : la bête scélérate A de certains cordons se tenait par la patte. Le peuple des Souris croit que c’est châtiment, Qu’il a fait un larcin de rôt ou de fromage, Egratigné quelqu’un, causé quelque dommage, Enfin qu’on a pendu le mauvais garnement. Toutes, dis-je, unanimement Se promettent de rire à son enterrement, Mettent le nez à l’air, montrent un peu la tête, Puis rentrent dans leurs nids à rats, Puis ressortant font quatre pas, Puis enfin se mettent en quête. Mais voici bien une autre fête : Le pendu ressuscite ; et sur ses pieds tombant, Attrape les plus paresseuses. « Nous en savons plus d’un, dit-il en les gobant : C’est tour de vieille guerre ; et vos cavernes creuses Ne vous sauveront pas, je vous en avertis : Vous viendrez toutes au logis.  » Il prophétisait vrai : notre maître Mitis Pour la seconde fois les trompe et les affine, Blanchit sa robe et s’enfarine, Et de la sorte déguisé, Se niche et se blottit dans une huche ouverte. Ce fut à lui bien avisé : La gent trotte-menu s’en vient chercher sa perte. Un Rat, sans plus, s’abstient d’aller flairer autour : C’était un vieux routier, il savait plus d’un tour ; Même il avait perdu sa queue à la bataille. « Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille, S’écria-t-il de loin au Général des Chats. Je soupçonne dessous encor quelque machine. Rien ne te sert d’être farine ; Car, quand tu serais sac, je n’approcherais pas. C’était bien dit à lui ; j’approuve sa prudence : Il était expérimenté, Et savait que la méfiance Est mère de la sûreté.

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    Le chat, la belette et le petit lapin Du palais d’un jeune Lapin Dame Belette un beau matin S’empara ; c’est une rusée. Le Maître étant absent, ce lui fut chose aisée. Elle porta chez lui ses pénates un jour Qu’il était allé faire à l’Aurore sa cour, Parmi le thym et la rosée. Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours, Janot Lapin retourne aux souterrains séjours. La Belette avait mis le nez à la fenêtre. O Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ? Dit l’animal chassé du paternel logis : O là, Madame la Belette, Que l’on déloge sans trompette, Ou je vais avertir tous les rats du pays. La Dame au nez pointu répondit que la terre Etait au premier occupant. C’était un beau sujet de guerre Qu’un logis où lui-même il n’entrait qu’en rampant. Et quand ce serait un Royaume Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi En a pour toujours fait l’octroi A Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume, Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi. Jean Lapin allégua la coutume et l’usage. Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont de ce logis Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils, L’ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean, transmis. Le premier occupant est-ce une loi plus sage ? – Or bien sans crier davantage, Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis. C’était un chat vivant comme un dévot ermite, Un chat faisant la chattemite, Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, Arbitre expert sur tous les cas. Jean Lapin pour juge l’agrée. Les voilà tous deux arrivés Devant sa majesté fourrée. Grippeminaud leur dit : Mes enfants, approchez, Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause. L’un et l’autre approcha ne craignant nulle chose. Aussitôt qu’à portée il vit les contestants, Grippeminaud le bon apôtre Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre. Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois Les petits souverains se rapportant aux Rois.

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    Le coche et la mouche Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au Soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un Coche. Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu. L'attelage suait, soufflait, était rendu. Une Mouche survient, et des chevaux s'approche ; Prétend les animer par son bourdonnement ; Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment Qu'elle fait aller la machine, S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher ; Aussitôt que le char chemine, Et qu'elle voit les gens marcher, Elle s'en attribue uniquement la gloire ; Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit Un Sergent de bataille allant en chaque endroit Faire avancer ses gens, et hâter la victoire. La Mouche en ce commun besoin Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ; Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire. Le Moine disait son Bréviaire ; Il prenait bien son temps ! une femme chantait ; C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait ! Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles, Et fait cent sottises pareilles. Après bien du travail le Coche arrive au haut. Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt : J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine. Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine. Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S'introduisent dans les affaires : Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés.

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    Le cochet, le chat et le souriceau Un Souriceau tout jeune, et qui n’avait rien vu, Fut presque pris au dépourvu. Voici comme il conta l’aventure à sa mère : J’avais franchi les Monts qui bornent cet Etat, Et trottais comme un jeune Rat Qui cherche à se donner carrière, Lorsque deux animaux m’ont arrêté les yeux : L’un doux, bénin et gracieux, Et l’autre turbulent, et plein d’inquiétude. Il a la voix perçante et rude, Sur la tête un morceau de chair, Une sorte de bras dont il s’élève en l’air Comme pour prendre sa volée, La queue en panache étalée. Or c’était un Cochet dont notre Souriceau Fit à sa mère le tableau, Comme d’un animal venu de l’Amérique. Il se battait, dit-il, les flancs avec ses bras, Faisant tel bruit et tel fracas, Que moi, qui grâce aux Dieux, de courage me pique, En ai pris la fuite de peur, Le maudissant de très bon coeur. Sans lui j’aurais fait connaissance Avec cet animal qui m’a semblé si doux. Il est velouté comme nous, Marqueté, longue queue, une humble contenance ; Un modeste regard, et pourtant l’oeil luisant : Je le crois fort sympathisant Avec Messieurs les Rats ; car il a des oreilles En figure aux nôtres pareilles. Je l’allais aborder, quand d’un son plein d’éclat L’autre m’a fait prendre la fuite. – Mon fils, dit la Souris, ce doucet est un Chat, Qui sous son minois hypocrite Contre toute ta parenté D’un malin vouloir est porté. L’autre animal tout au contraire Bien éloigné de nous mal faire, Servira quelque jour peut-être à nos repas. Quant au Chat, c’est sur nous qu’il fonde sa cuisine. Garde-toi, tant que tu vivras, De juger des gens sur la mine.

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    Le corbeau et le renard Le Corbeau et le Renard est une fable célèbre de Jean de La Fontaine inspirée des Fables d'Ésope. Il s'agit de la deuxième fable du livre I du premier recueil des Fables de La Fontaine (1668). Elle met en scène un corbeau fier et orgueilleux qui perd son fromage au profit du renard rusé et flatteur. Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : « Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. » À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. » Le Corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

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    Le héron Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où, Le Héron au long bec emmanché d'un long cou. Il côtoyait une rivière. L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ; Ma commère la carpe y faisait mille tours Avec le brochet son compère. Le Héron en eût fait aisément son profit : Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ; Mais il crut mieux faire d'attendre Qu'il eût un peu plus d'appétit. Il vivait de régime, et mangeait à ses heures. Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau S'approchant du bord vit sur l'eau Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures. Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux Et montrait un goût dédaigneux Comme le rat du bon Horace. Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ? La Tanche rebutée il trouva du goujon. Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron ! J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise ! Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon Qu'il ne vit plus aucun poisson. La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise De rencontrer un limaçon.

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    Le lion et le rat Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde : On a souvent besoin d'un plus petit que soi. De cette vérité deux Fables feront foi, Tant la chose en preuves abonde. Entre les pattes d'un Lion, Un Rat sortit de terre assez à l'étourdie : Le Roi des animaux, en cette occasion, Montra ce qu'il était, et lui donna la vie. Ce bienfait ne fut pas perdu. Quelqu'un aurait-il jamais cru Qu'un Lion d'un Rat eût affaire ? Cependant il avint qu'au sortir des forêts Le Lion fut pris dans des rets, Dont ses rugissements ne le purent défaire. Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage. Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage.

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    Le lièvre et la perdrix Il ne se faut jamais moquer des misérables, Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ? Le sage Ésope dans ses fables Nous en donne un exemple ou deux. Celui qu'en ces vers je propose, Et les siens, ce sont même chose. Le lièvre et la perdrix, concitoyens d'un champ, Vivaient dans un état, ce semble, assez tranquille, Quand une meute s'approchant Oblige le premier à chercher un asile : Il s'enfuit dans son fort, met les chiens en défaut, Sans même en excepter Brifaut. Enfin il se trahit lui-même Par les esprits sortants de son corps échauffé. Miraut, sur leur odeur ayant philosophé, Conclut que c'est son lièvre, et d'une ardeur extrême Il le pousse ; et Rustaut, qui n'a jamais menti, Dit que le lièvre est reparti. Le pauvre malheureux vient mourir à son gîte. La perdrix le raille et lui dit : « Tu te vantais d'être si vite ! Qu'as-tu fait de tes pieds ? » Au moment qu'elle rit, Son tour vient ; on la trouve. Elle croit que ses ailes La sauront garantir à toute extrémité ; Mais la pauvrette avait compté Sans l'autour aux serres cruelles.

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    Le lièvre et la tortue Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage. Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point Sitôt que moi ce but. - Sitôt ? Êtes-vous sage ? Repartit l'animal léger. Ma commère, il vous faut purger Avec quatre grains d'ellébore. - Sage ou non, je parie encore. Ainsi fut fait : et de tous deux On mit près du but les enjeux : Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire, Ni de quel juge l'on convint. Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire ; J'entends de ceux qu'il fait lorsque prêt d'être atteint Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes, Et leur fait arpenter les landes. Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter, Pour dormir, et pour écouter D'où vient le vent, il laisse la Tortue Aller son train de Sénateur. Elle part, elle s'évertue ; Elle se hâte avec lenteur. Lui cependant méprise une telle victoire, Tient la gageure à peu de gloire, Croit qu'il y va de son honneur De partir tard. Il broute, il se repose, Il s'amuse à toute autre chose Qu'à la gageure. A la fin quand il vit Que l'autre touchait presque au bout de la carrière, Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit Furent vains : la Tortue arriva la première. Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ? De quoi vous sert votre vitesse ? Moi, l'emporter ! et que serait-ce Si vous portiez une maison ?

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    Le loup et l'agneau La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure. Un Agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure. Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. - Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu'elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d'Elle, Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson. - Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l'an passé. - Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère. - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. - Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens : Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts Le Loup l'emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.

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    Le rat des villes et le rat des champs Autrefois le Rat de ville Invita le Rat des champs, D’une façon fort civile, A des reliefs d’Ortolans. Sur un Tapis de Turquie Le couvert se trouva mis. Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête, Rien ne manquait au festin ; Mais quelqu’un troubla la fête Pendant qu’ils étaient en train. A la porte de la salle Ils entendirent du bruit : Le Rat de ville détale ; Son camarade le suit. Le bruit cesse, on se retire : Rats en campagne aussitôt ; Et le citadin de dire : Achevons tout notre rôt. – C’est assez, dit le rustique ; Demain vous viendrez chez moi : Ce n’est pas que je me pique De tous vos festins de Roi ; Mais rien ne vient m’interrompre : Je mange tout à loisir. Adieu donc ; fi du plaisir Que la crainte peut corrompre.

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    Le rat qui s’est retiré du monde Les Levantins en leur légende Disent qu’un certain Rat las des soins d’ici-bas, Dans un fromage de Hollande Se retira loin du tracas. La solitude était profonde, S’étendant partout à la ronde. Notre ermite nouveau subsistait là-dedans. Il fit tant de pieds et de dents Qu’en peu de jours il eut au fond de l’ermitage Le vivre et le couvert : que faut-il davantage ? Il devint gros et gras ; Dieu prodigue ses biens À ceux qui font voeux d’être siens. Un jour, au dévot personnage Des députés du peuple Rat S’en vinrent demander quelque aumône légère : Ils allaient en terre étrangère Chercher quelque secours contre le peuple chat ; Ratopolis était bloquée : On les avait contraints de partir sans argent, Attendu l’état indigent De la République attaquée. Ils demandaient fort peu, certains que le secours Serait prêt dans quatre ou cinq jours. Mes amis, dit le Solitaire, Les choses d’ici-bas ne me regardent plus : En quoi peut un pauvre Reclus Vous assister ? que peut-il faire, Que de prier le Ciel qu’il vous aide en ceci ? J’espère qu’il aura de vous quelque souci. Ayant parlé de cette sorte, Le nouveau Saint ferma sa porte. Qui désignai-je, à votre avis, Par ce Rat si peu secourable ? Une Moine ? Non, mais un Dervis : Je suppose qu’un Moine est toujours charitable. Jean de La Fontaine  

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    Le renard anglais Le bon coeur est chez vous compagnon du bon sens, Avec cent qualités trop longues à déduire , Une noblesse d’âme, un talent pour conduire Et les affaires et les gens, Une humeur franche et libre, et le don d’être amie Malgré Jupiter même et les temps orageux. Tout cela méritait un éloge pompeux ; Il en eût été moins selon votre génie : La pompe vous déplaît, l’éloge vous ennuie. J’ai donc fait celui-ci court et simple. Je veux Y coudre encore un mot ou deux En faveur de votre patrie : Vous l’aimez. Les Anglais pensent profondément; Leur esprit, en cela, suit leur tempérament : Creusant dans les sujets, et forts d’expériences, Ils étendent partout l’empire des sciences Je ne dis point ceci pour vous faire ma cour. Vos gens à pénétrer l’emportent sur les autres Même les chiens de leur séjour Ont meilleur nez que n’ont les nôtres. Vos renards sont plus fins, je m’en vais le prouver Par un d’eux qui, pour se sauver Mit en usage un stratagème Non encore pratiqué, des mieux imaginés. Le scélérat, réduit en un péril extrême, Et presque mis à bout par ces chiens au bon nez, Passa près d’un patibulaire. Là, des animaux ravissants, Blaireaux, renards, hiboux, race encline à mal faire, Pour l’exemple pendus, instruisaient les passants. Leur confrère, aux abois entre ces morts s’arrange. Je crois voir Annibal, qui, pressé des Romains, Met leurs chefs en défaut, ou leur donne le change, Et sait, en vieux renard, s’échapper de leurs mains. Les clefs de meute parvenues A l’endroit où pour mort, le traître se pendit, Remplirent l’air de cris : leur maître les rompit , Bien que de leurs abois ils perçassent les nues. Il ne put soupçonner ce tour assez plaisant. « Quelque terrier, dit-il, a sauvé mon galant. Mes chiens n’appellent point au delà des colonnes Où sont tant d’honnêtes personnes. Il y viendra, le drôle ! » Il y vint, à son dam . Voilà maint basset clabaudant, Voilà notre renard au charnier se guindant. Maître pendu croyait qu’il en irait de même Que le jour qu’il tendît de semblables panneaux: Mais le pauvret, ce coup, y laissa ses houseaux . Tant il est vrai qu’il faut changer de stratagème! Le chasseur, pour trouver sa propre sûreté, N’aurait pas cependant un tel tour inventé ; Non point par peu d’esprit ; est-il quelqu’un qui nie Que tout Anglais n’en ait bonne provision? Mais le peu d’amour pour la vie Leur nuit en mainte occasion. Je reviens à vous, non pour dire D’autres traits sur votre sujet ; Tout long éloge est un projet Peu favorable pour ma lyre. Peu de nos chants, peu de nos vers, Par un encens flatteur amusent l’univers Et se font écouter des nations étranges. Votre prince vous dit un jour Qu’il aimait mieux un trait d’amour Que quatre pages de louanges. Agréez seulement le don que je vous fais Des derniers efforts de ma Muse. C’est peu de chose ; elle est confuse De ces ouvrages imparfaits. Cependant ne pourriez-vous faire Que le même hommage pût plaire A celle qui remplit vos climats d’habitants Tirés de l’île de Cythère ? Vous voyez par là que j’entends Mazarin, des Amours déesse tutélaire.

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