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217 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection animaux

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le renard et la cigogne Compère le Renard se mit un jour en frais, Et retint à dîner commère la Cigogne. Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts : Le Galant, pour toute besogne Avait un brouet clair (il vivait chichement). Ce brouet fut par lui servi sur une assiette. La Cigogne au long bec n'en put attraper miette ; Et le Drôle eut lapé le tout en un moment. Pour se venger de cette tromperie, À quelque temps de là, la Cigogne le prie. " Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis Je ne fais point cérémonie. " À l'heure dite, il courut au logis De la Cigogne son hôtesse ; Loua très fort sa politesse, Trouva le dîner cuit à point. Bon appétit surtout ; Renards n'en manquent point. Il se réjouissait à l'odeur de la viande Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande. On servit, pour l'embarrasser En un vase à long col, et d'étroite embouchure. Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer, Mais le museau du Sire était d'autre mesure. Il lui fallut à jeun retourner au logis, Honteux comme un Renard qu'une Poule aurait pris, Serrant la queue, et portant bas l'oreille. Trompeurs, c'est pour vous que j'écris, Attendez-vous à la pareille.

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    Le singe et le chat Bertrand avec Raton, l’un Singe et l’autre Chat, Commensaux d’un logis, avaient un commun Maître. D’animaux malfaisants c’était un très bon plat ; Ils n’y craignaient tous deux aucun, quel qu’il pût être. Trouvait-on quelque chose au logis de gâté, L’on ne s’en prenait point aux gens du voisinage. Bertrand dérobait tout ; Raton de son côté Etait moins attentif aux souris qu’au fromage. Un jour au coin du feu nos deux maîtres fripons Regardaient rôtir des marrons. Les escroquer était une très bonne affaire : Nos galands y voyaient double profit à faire, Leur bien premièrement, et puis le mal d’autrui. Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd’hui Que tu fasses un coup de maître. Tire-moi ces marrons. Si Dieu m’avait fait naître Propre à tirer marrons du feu, Certes marrons verraient beau jeu. Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte, D’une manière délicate, Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts, Puis les reporte à plusieurs fois ; Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque. Et cependant Bertrand les croque. Une servante vient : adieu mes gens. Raton N’était pas content, ce dit-on. Aussi ne le sont pas la plupart de ces Princes Qui, flattés d’un pareil emploi, Vont s’échauder en des Provinces Pour le profit de quelque Roi.

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    Jean de La Fontaine

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    Le singe et le léopard Le Singe avec le Léopard Gagnaient de l’argent à la foire : Ils affichaient chacun à part. L’un d’eux disait : Messieurs, mon mérite et ma gloire Sont connus en bon lieu ; le Roi m’a voulu voir ; Et, si je meurs, il veut avoir Un manchon de ma peau ; tant elle est bigarrée, Pleine de taches, marquetée, Et vergetée, et mouchetée. La bigarrure plaît ; partant chacun le vit. Mais ce fut bientôt fait, bientôt chacun sortit. Le Singe de sa part disait : Venez de grâce, Venez, Messieurs. Je fais cent tours de passe-passe. Cette diversité dont on vous parle tant, Mon voisin Léopard l’a sur soi seulement ; Moi, je l’ai dans l’esprit : votre serviteur Gille, Cousin et gendre de Bertrand, Singe du Pape en son vivant, Tout fraîchement en cette ville Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler ; Car il parle, on l’entend ; il sait danser, baller, Faire des tours de toute sorte, Passer en des cerceaux ; et le tout pour six blancs ! Non, Messieurs, pour un sou ; si vous n’êtes contents, Nous rendrons à chacun son argent à la porte. Le Singe avait raison : ce n’est pas sur l’habit Que la diversité me plaît, c’est dans l’esprit : L’une fournit toujours des choses agréables ; L’autre en moins d’un moment lasse les regardants. Oh ! que de grands seigneurs, au Léopard semblables, N’ont que l’habit pour tous talents !

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    Le vieux chat et la jeune souris Une jeune Souris, de peu d’expérience, Crut fléchir un vieux Chat, implorant sa clémence, Et payant de raisons le Raminagrobis : « Laissez-moi vivre : une souris De ma taille et de ma dépense Est-elle à charge en ce logis ? Affamerais-je, à votre avis, L’hôte et l’hôtesse, et tout leur monde ? D’un grain de blé je me nourris : Une noix me rend toute ronde. À présent je suis maigre ; attendez quelque temps : Réservez ce repas à messieurs vos enfants. » Ainsi parlait au Chat la Souris attrapée. L’autre lui dit : « Tu t’es trompée : Est-ce à moi que l’on tient de semblables discours ? Tu gagnerais autant de parler à des sourds. Chat, et vieux, pardonner ? cela n’arrive guères. Selon ces lois, descends là-bas, Meurs, et va-t’en, tout de ce pas, Haranguer les soeurs filandières : Mes enfants trouveront assez d’autres repas. » Il tint parole. Et pour ma fable Voici le sens moral qui peut y convenir : La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir : La vieillesse est impitoyable.

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    Jean de La Fontaine

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    @jeanDeLaFontaine

    Les animaux malades de la peste Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n'en voyait point d'occupés A chercher le soutien d'une mourante vie ; Nul mets n'excitait leur envie ; Ni Loups ni Renards n'épiaient La douce et l'innocente proie. Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus coupable de nous Se sacrifie aux traits du céleste courroux, Peut-être il obtiendra la guérison commune. L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents On fait de pareils dévouements : Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence L'état de notre conscience. Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons J'ai dévoré force moutons. Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense : Même il m'est arrivé quelquefois de manger Le Berger. Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi : Car on doit souhaiter selon toute justice Que le plus coupable périsse. - Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ; Vos scrupules font voir trop de délicatesse ; Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce, Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur En les croquant beaucoup d'honneur. Et quant au Berger l'on peut dire Qu'il était digne de tous maux, Etant de ces gens-là qui sur les animaux Se font un chimérique empire. Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir. On n'osa trop approfondir Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances, Les moins pardonnables offenses. Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins, Au dire de chacun, étaient de petits saints. L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance Qu'en un pré de Moines passant, La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net. A ces mots on cria haro sur le baudet. Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue Qu'il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable ! Rien que la mort n'était capable D'expier son forfait : on le lui fit bien voir. Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

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    Les deux chèvres Dès que les Chèvres ont brouté, Certain esprit de liberté Leur fait chercher fortune ; elles vont en voyage Vers les endroits du pâturage Les moins fréquentés des humains. Là s’il est quelque lieu sans route et sans chemins, Un rocher, quelque mont pendant en précipices, C’est où ces Dames vont promener leurs caprices ; Rien ne peut arrêter cet animal grimpant. Deux Chèvres donc s’émancipant, Toutes deux ayant patte blanche, Quittèrent les bas prés, chacune de sa part. L’une vers l’autre allait pour quelque bon hasard. Un ruisseau se rencontre, et pour pont une planche. Deux Belettes à peine auraient passé de front Sur ce pont ; D’ailleurs, l’onde rapide et le ruisseau profond Devaient faire trembler de peur ces Amazones. Malgré tant de dangers, l’une de ces personnes Pose un pied sur la planche, et l’autre en fait autant. Je m’imagine voir avec Louis le Grand Philippe Quatre qui s’avance Dans l’île de la Conférence. Ainsi s’avançaient pas à pas, Nez à nez, nos Aventurières, Qui, toutes deux étant fort fières, Vers le milieu du pont ne se voulurent pas L’une à l’autre céder. Elles avaient la gloire De compter dans leur race (à ce que dit l’Histoire) L’une certaine Chèvre au mérite sans pair Dont Polyphème fit présent à Galatée, Et l’autre la chèvre Amalthée, Par qui fut nourri Jupiter. Faute de reculer, leur chute fut commune ; Toutes deux tombèrent dans l’eau. Cet accident n’est pas nouveau Dans le chemin de la Fortune.

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    @jeanDeLaFontaine

    Les deux pigeons Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre. L'un d'eux s'ennuyant au logis Fut assez fou pour entreprendre Un voyage en lointain pays. L'autre lui dit : Qu'allez-vous faire ? Voulez-vous quitter votre frère ? L'absence est le plus grand des maux : Non pas pour vous, cruel. Au moins, que les travaux, Les dangers, les soins du voyage, Changent un peu votre courage. Encor si la saison s'avançait davantage ! Attendez les zéphyrs. Qui vous presse ? Un corbeau Tout à l'heure annonçait malheur à quelque oiseau. Je ne songerai plus que rencontre funeste, Que Faucons, que réseaux. Hélas, dirai-je, il pleut : Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut, Bon soupé, bon gîte, et le reste ? Ce discours ébranla le cœur De notre imprudent voyageur ; Mais le désir de voir et l'humeur inquiète L'emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point : Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ; Je reviendrai dans peu conter de point en point Mes aventures à mon frère. Je le désennuierai : quiconque ne voit guère N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint Vous sera d'un plaisir extrême. Je dirai : J'étais là ; telle chose m'avint ; Vous y croirez être vous-même. À ces mots en pleurant ils se dirent adieu. Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuage L'oblige de chercher retraite en quelque lieu. Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage. L'air devenu serein, il part tout morfondu, Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie, Dans un champ à l'écart voit du blé répandu, Voit un pigeon auprès ; cela lui donne envie : Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las, Les menteurs et traîtres appas. Le las était usé ! si bien que de son aile, De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin. Quelque plume y périt ; et le pis du destin Fut qu'un certain Vautour à la serre cruelle Vit notre malheureux, qui, traînant la ficelle Et les morceaux du las qui l'avait attrapé, Semblait un forçat échappé. Le vautour s'en allait le lier, quand des nues Fond à son tour un Aigle aux ailes étendues. Le Pigeon profita du conflit des voleurs, S'envola, s'abattit auprès d'une masure, Crut, pour ce coup, que ses malheurs Finiraient par cette aventure ; Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié, Prit sa fronde et, du coup, tua plus d'à moitié La volatile malheureuse, Qui, maudissant sa curiosité, Traînant l'aile et tirant le pié, Demi-morte et demi-boiteuse, Droit au logis s'en retourna. Que bien, que mal, elle arriva Sans autre aventure fâcheuse. Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines. Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ? Que ce soit aux rives prochaines ; Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau, Toujours divers, toujours nouveau ; Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste ; J'ai quelquefois aimé ! je n'aurais pas alors Contre le Louvre et ses trésors, Contre le firmament et sa voûte céleste, Changé les bois, changé les lieux Honorés par les pas, éclairés par les yeux De l'aimable et jeune Bergère Pour qui, sous le fils de Cythère, Je servis, engagé par mes premiers serments. Hélas ! quand reviendront de semblables moments ? Faut-il que tant d'objets si doux et si charmants Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ? Ah ! si mon cœur osait encor se renflammer ! Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ? Ai-je passé le temps d'aimer ?

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    Jean de La Fontaine

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    @jeanDeLaFontaine

    L’aigle et la pie L’aigle, reine des airs, avec Margot la pie, Différentes d’humeur, de langage et d’esprit, Et d’habit, Traversaient un bout de prairie. Le hasard les assemble en un coin détourné. L’agasse eut peur; mais l’aigle, ayant fort bien dîné, La rassure, et lui dit: « Allons de compagnie ; Si le maître des dieux assez souvent s’ennuie, Lui qui gouverne l’univers, J’en puis bien faire autant, moi qu’on sait qui le sers. Entretenez-moi donc, et sans cérémonie. » Caquet-bon-bec alors de jaser au plus dru, Sur ceci, sur cela, sur tout. L’homme d’Horace, Disant le bien, le mal à travers champs, n’eût su Ce qu’en fait de babil y savait notre agasse. Elle offre d’avertir de tout ce qui se passe, Sautant, allant de place en place, Bon espion, Dieu sait. Son offre ayant déplu, L’aigle lui dit tout en colère : «Ne quittez point votre séjour, Caquet-bon -bec, mamie ; adieu ; je n’ai que faire D’une babillarde à ma cour : C’est un fort méchant caractère.» Margot ne demandait pas mieux. Ce n’est pas ce qu’on croit que d’entrer chez les dieux: Cet honneur a souvent de mortelles angoisses. Rediseurs, espions, gens à l’air gracieux, Au coeur tout différent, s’y rendent odieux, Quoique ainsi que la pie il faille dans ces lieux Porter habit de deux paroisses.

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    @jeanDeLaFontaine

    L’aigle et l’escarbot L’aigle donnait la chasse à maître Jean Lapin, Qui droit à son terrier s’enfuyait au plus vite. Le trou de l’escarbot se rencontre en chemin. Je laisse à penser si ce gîte Etait sûr ; mais où mieux ? Jean Lapin s’y blottit. L’aigle fondant sur lui nonobstant cet asile, L’escarbot intercède et dit : « Princesse des oiseaux, il vous est fort facile D’enlever malgré moi ce pauvre malheureux ; Mais ne me faites pas cet affront, je vous prie ; Et puisque Jean Lapin vous demande la vie, Donnez-la-lui, de grâce, ou l’ôtez à tous deux : C’est mon voisin, c’est mon compère. » L’oiseau de Jupiter, sans répondre un seul mot, Choque de l’aile l’escarbot, L’étourdit, l’oblige à se taire, Enlève Jean Lapin. L’escarbot indigné Vole au nid de l’oiseau, fracasse en son absence, Ses oeufs, ses tendres oeufs, sa plus douce espérance: Pas un seul ne fut épargné. L’aigle étant de retour et voyant ce ménage, Remplit le ciel de cris, et, pour comble de rage, Ne sait sur qui venger le tort qu’elle a souffert. Elle gémit en vain, sa plainte au vent se perd. Il fallut pour cet an vivre en mère affligée. L’an suivant, elle mit son nid en lieu plus haut. L’escarbot prend son temps, fait faire aux oeufs le saut. La mort de Jean lapin derechef est vengée. Ce second deuil fut tel, que l’écho de ces bois N’en dormit de plus de six mois. L’oiseau qui porte Ganymède Du monarque des dieux enfin implore l’aide, Dépose en son giron ses oeufs, et croit qu’en paix Ils seront dans ce lieu, que pour ses intérêts Jupiter se verra contraint de les défendre : Hardi qui les irait là prendre. Aussi ne les y prit-on pas. Leur ennemi changea de note, Sa la robe du dieu fit tomber une crotte ; Le dieu la secouant jeta les oeufs à bas. Quand l’aigle sut l’inadvertance, Elle menaça Jupiter D’abandonner sa cour, d’aller vivre au désert, De quitter toute dépendance, Avec mainte autre extravagance. Le pauvre Jupiter se tut: Devant son tribunal l’escarbot comparut, Fit sa plainte, et conta l’affaire. On fit entendre à l’aigle enfin qu’elle avait tort. Mais les deux ennemis ne voulant point d’accord, Le monarque des dieux s’avisa, pour bien faire, De transporter le temps où l’aigle fait l’amour En une autre saison, quand la race escarbote Est en quartier d’hiver, et comme la marmotte, Se cache et ne voit point le jour.

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    @jeanDeLaFontaine

    L’aigle, la laie, et la chatte L’Aigle avait ses petits au haut d’un arbre creux. La Laie au pied, la Chatte entre les deux ; Et sans s’incommoder, moyennant ce partage, Mères et nourrissons faisaient leur tripotage. La Chatte détruisit par sa fourbe l’accord. Elle grimpa chez l’Aigle, et lui dit : Notre mort (Au moins de nos enfants, car c’est tout un aux mères) Ne tardera possible guères. Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment Cette maudite Laie, et creuser une mine ? C’est pour déraciner le chêne assurément, Et de nos nourrissons attirer la ruine. L’arbre tombant, ils seront dévorés : Qu’ils s’en tiennent pour assurés. S’il m’en restait un seul, j’adoucirais ma plainte. Au partir de ce lieu, qu’elle remplit de crainte, La perfide descend tout droit A l’endroit Où la Laie était en gésine. Ma bonne amie et ma voisine, Lui dit-elle tout bas, je vous donne un avis. L’aigle, si vous sortez, fondra sur vos petits : Obligez-moi de n’en rien dire : Son courroux tomberait sur moi. Dans cette autre famille ayant semé l’effroi, La Chatte en son trou se retire. L’Aigle n’ose sortir, ni pourvoir aux besoins De ses petits ; la Laie encore moins : Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins, Ce doit être celui d’éviter la famine. A demeurer chez soi l’une et l’autre s’obstine Pour secourir les siens dedans l’occasion : L’Oiseau Royal, en cas de mine, La Laie, en cas d’irruption. La faim détruisit tout : il ne resta personne De la gent Marcassine et de la gent Aiglonne, Qui n’allât de vie à trépas : Grand renfort pour Messieurs les Chats. Que ne sait point ourdir une langue traîtresse Par sa pernicieuse adresse ? Des malheurs qui sont sortis De la boîte de Pandore, Celui qu’à meilleur droit tout l’Univers abhorre, C’est la fourbe, à mon avis.

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    Jean de La Fontaine

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    @jeanDeLaFontaine

    L’alouette et ses petits avec le maître d’un champ Ne t’attends qu’à toi seul, c’est un commun Proverbe. Voici comme Esope le mit En crédit. Les Alouettes font leur nid Dans les blés, quand ils sont en herbe, C’est-à-dire environ le temps Que tout aime et que tout pullule dans le monde : Monstres marins au fond de l’onde, Tigres dans les Forêts, Alouettes aux champs. Une pourtant de ces dernières Avait laissé passer la moitié d’un Printemps Sans goûter le plaisir des amours printanières. A toute force enfin elle se résolut D’imiter la Nature, et d’être mère encore. Elle bâtit un nid, pond, couve, et fait éclore A la hâte ; le tout alla du mieux qu’il put. Les blés d’alentour mûrs avant que la nitée Se trouvât assez forte encor Pour voler et prendre l’essor, De mille soins divers l’Alouette agitée S’en va chercher pâture, avertit ses enfants D’être toujours au guet et faire sentinelle. Si le possesseur de ces champs Vient avecque son fils (comme il viendra), dit-elle, Ecoutez bien ; selon ce qu’il dira, Chacun de nous décampera. Sitôt que l’Alouette eut quitté sa famille, Le possesseur du champ vient avecque son fils. Ces blés sont mûrs, dit-il : allez chez nos amis Les prier que chacun, apportant sa faucille, Nous vienne aider demain dès la pointe du jour. Notre Alouette de retour Trouve en alarme sa couvée. L’un commence : Il a dit que l’Aurore levée, L’on fit venir demain ses amis pour l’aider… – S’il n’a dit que cela, repartit l’Alouette, Rien ne nous presse encor de changer de retraite ; Mais c’est demain qu’il faut tout de bon écouter. Cependant soyez gais ; voilà de quoi manger. Eux repus, tout s’endort, les petits et la mère. L’aube du jour arrive ; et d’amis point du tout. L’Alouette à l’essor, le Maître s’en vient faire Sa ronde ainsi qu’à l’ordinaire. Ces blés ne devraient pas, dit-il, être debout. Nos amis ont grand tort, et tort qui se repose Sur de tels paresseux à servir ainsi lents. Mon fils, allez chez nos parents Les prier de la même chose. L’épouvante est au nid plus forte que jamais. Il a dit ses parents, mère, c’est à cette heure… – Non, mes enfants dormez en paix ; Ne bougeons de notre demeure. L’Alouette eut raison, car personne ne vint. Pour la troisième fois le Maître se souvint De visiter ses blés. Notre erreur est extrême, Dit-il, de nous attendre à d’autres gens que nous. Il n’est meilleur ami ni parent que soi-même. Retenez bien cela, mon fils ; et savez-vous Ce qu’il faut faire ? Il faut qu’avec notre famille Nous prenions dès demain chacun une faucille : C’est là notre plus court, et nous achèverons Notre moisson quand nous pourrons. Dès lors que ce dessein fut su de l’Alouette : C’est ce coup qu’il est bon de partir, mes enfants. Et les petits, en même temps, Voletants, se culebutants, Délogèrent tous sans trompette.

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    Jean de La Fontaine

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    L’âne chargé d’éponges et l’âne chargé de sel Un ânier, son sceptre à la main, Menait, en empereur romain, Deux coursiers à longues oreilles. L’un, d’éponges chargé, marchait comme un courrier; Et l’autre, se faisant prier, Portait, comme on dit, les bouteilles Sa charge était de sel. Nos gaillards pèlerins Par monts, par vaux et par chemins, Au gué d’une rivière à la fin arrivèrent, Et fort empêchés se trouvèrent. L’ânier, qui tous les jours traversait ce gué là, Sur l’âne à l’éponge monta, Chassant devant lui l’autre bête, Qui, voulant en faire à sa tête, Dans un trou se précipita, Revint sur l’eau, puis échappa ; Car au bout de quelques nagées, Tout son sel se fondit si bien Que le baudet ne sentit rien Sur ses épaules soulagées. Camarade épongier prit exemple sur lui, Comme un mouton qui va dessus la foi d’autrui. Voilà mon âne à l’eau; jusqu’au col il se plonge, Lui, le conducteur, et l’éponge. Tous trois burent d’autant l’ânier et le grison Firent à l’éponge raison. Celle-ci devint si pesante, Et de tant d’eau s’emplit d’abord, Que l’âne succombant ne put gagner le bord. L’ânier l’embrassait, dans l’attente D’une prompte et certaine mort. Quelqu’un vint au secours qui ce fut, il n’importe; C’est assez qu’on ait vu par là qu’il ne faut point Agir chacun de même sorte. J’en voulais venir à ce point.

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    Jean de La Fontaine

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    L’âne et le petit chien Ne forçons point notre talent, Nous ne ferions rien avec grâce : Jamais un lourdaud, quoi qu’il fasse, Ne saurait passer pour galant. Peu de gens, que le Ciel chérit et gratifie, Ont le don d’agréer infus avec la vie. C’est un point qu’il leur faut laisser, Et ne pas ressembler à l’Ane de la Fable, Qui pour se rendre plus aimable Et plus cher à son maître, alla le caresser. « Comment ? disait-il en son âme, Ce Chien, parce qu’il est mignon, Vivra de pair à compagnon Avec Monsieur, avec Madame ; Et j’aurai des coups de bâton ? Que fait-il ? il donne la patte ; Puis aussitôt il est baisé : S’il en faut faire autant afin que l’on me flatte, Cela n’est pas bien malaisé.  » Dans cette admirable pensée, Voyant son Maître en joie, il s’en vient lourdement, Lève une corne toute usée, La lui porte au menton fort amoureusement, Non sans accompagner, pour plus grand ornement, De son chant gracieux cette action hardie. « Oh ! oh ! quelle caresse ! et quelle mélodie ! Dit le Maître aussitôt. Holà, Martin bâton!  » Martin bâton accourt ; l’Ane change de ton. Ainsi finit la comédie.

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    Jean de La Fontaine

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    L’araignée et l’hirondelle « O Jupiter, qui sus de ton cerveau, Par un secret d’accouchement nouveau, Tirer Pallas, jadis mon ennemie, Entends ma plainte une fois en ta vie ! Progné me vient enlever les morceaux ; Caracolant, frisant l’air et les eaux, Elle me prend mes mouches à ma porte : Miennes je puis les dire; et mon réseau En serait plein sans ce maudit oiseau : Je l’ai tissu de matière assez forte. » Ainsi, d’un discours insolent, Se plaignait l’araignée autrefois tapissière, Et qui, lors étant filandière, Prétendait enlacer tout insecte volant. La soeur de Philomèle, attentive à sa proie, Malgré le bestion happait mouches dans l’air, Pour ses petits, pour elle, impitoyable joie, Que ses enfants gloutons, d’un bec toujours ouvert, D’un ton demi-formé , bégayante couvée, Demandaient par des cris encor mal entendus. La pauvre aragne n’ayant plus Que la tête et les pieds, artisans superflus, Se vit elle-même enlevée : L’hirondelle, en passant, emporta toile, et tout, Et l’animal pendant au bout. Jupin pour chaque état mit deux tables au monde : L’adroit, le vigilant, et le fort sont assis A la première; et les petits Mangent leur reste à la seconde.

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    Jean Richepin

    Jean Richepin

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    Oiseaux de passage C’est une cour carrée et qui n’a rien d’étrange : Sur les flancs, l’écurie et l’étable au toit bas ; Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras. Le bac, où les chevaux au retour viendront boire, Dans sa berge de bois est immobile et dort. Tout plaqué de soleil, le purin à l’eau noire Luit le long du fumier gras et pailleté d’or. Loin de l’endroit humide où gît la couche grasse, Au milieu de la cour, où le crottin plus sec Riche de grains d’avoine en poussière s’entasse, La poule l’éparpille à coups d’ongle et de bec. Plus haut, entre les deux brancards d’une charrette, Un gros coq satisfait, gavé d’aise, assoupi, Hérissé, l’œil mi-clos recouvert par la crête, Ainsi qu’une couveuse en boule est accroupi. Des canards hébétés voguent, l’œil en extase. On dirait des rêveurs, quand, soudain s’arrêtant, Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase Ils crèvent d’un plongeon les moires de l’étang. Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises Montrent dans le soleil leurs écailles d’argent, Des pigeons violets aux reflets de turquoises De roucoulements sourds gonflent leur col changeant. Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre, Fait tantôt de l’ébène et tantôt de l’émail, Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre, Semblent sur du velours des branches de corail. Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies, Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers. Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies, Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ? Ô vie heureuse des bourgeois ! Qu’avril bourgeonne Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents. Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne, Ça lui suffit : il sait que l’amour n’a qu’un temps. Ce dindon a toujours béni sa destinée. Et quand vient le moment de mourir, il faut voir Cette jeune oie en pleurs : « C’est là que je suis née ; Je meurs près de ma mère et j’ai fait mon devoir. » Son devoir ! C’est-à-dire elle blâmait les choses Inutiles, car elle était d’esprit zélé ; Et, quand des papillons s’attardaient sur des roses, Elle cassait la fleur et mangeait l’être ailé. Elle a fait son devoir ! C’est-à-dire que oncque Elle n’eut de souhait impossible, elle n’eut Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque L’emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu. Elle ne sentit pas lui courir sous la plume De ces grands souffles fous qu’on a dans le sommeil, Pour aller voir la nuit comment le ciel s’allume Et mourir au matin sur le cœur du soleil. Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie Toujours, pour ces gens-là cela n’est point hideux. Ce canard n’a qu’un bec, et n’eut jamais envie Ou de n’en plus avoir ou bien d’en avoir deux. Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse ! Qu’ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés, Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse, De ne pas voir plus loin que le bout de son nez ! N’avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres, Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants, Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres, Un coucou régulier et garanti dix ans ! Oh ! les gens bienheureux !… Tout à coup, dans l’espace, Si haut qu’il semble aller lentement, un grand vol En forme de triangle arrive, plane et passe. Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol ! Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte Qui brise les soupirs de leur col redressé, Et sautent dans le vide avec une culbute. Les dindons d’une voix tremblotante ont gloussé. Les poules picorant ont relevé la tête. Le coq, droit sur l’ergot, les deux ailes pendant, Clignant de l’œil en l’air et secouant la crête, Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident. Qu’est-ce que vous avez, bourgeois ? Soyez donc calmes. Pourquoi les appeler, sot ? Ils n’entendront pas. Et d’ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes, Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ? Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. L’air qu’ils boivent ferait éclater vos poumons. Regardez-les ! Avant d’atteindre sa chimère, Plus d’un, l’aile rompue et du sang plein les yeux, Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère, Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux. Pour choyer cette femme et nourrir cette mère, Ils pouvaient devenir volaille comme vous. Mais ils sont avant tout les fils de la chimère, Des assoiffés d’azur, des poètes, des fous. Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu’importe ! Là-haut chante pour eux un mystère profond. À l’haleine du vent inconnu qui les porte Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont. La bise contre leur poitrail siffle avec rage. L’averse les inonde et pèse sur leur dos. Eux, dévorent l’abîme et chevauchent l’orage. Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds. Ils vont, par l’étendue ample, rois de l’espace. Là-bas ils trouveront de l’amour, du nouveau. Là-bas un bon soleil chauffera leur carcasse Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau. Là-bas, c’est le pays de l’étrange et du rêve, C’est l’horizon perdu par delà les sommets, C’est le bleu paradis, c’est la lointaine grève Où votre espoir banal n’abordera jamais. Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante ! Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu’eux, Et le peu qui viendra d’eux à vous, c’est leur fiente. Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

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    Jean Richepin

    Jean Richepin

    @jeanRichepin

    Épitaphe pour un lièvre Au temps où les buissons flambent de fleurs vermeilles, Quand déjà le bout noir de mes longues oreilles Se voyait par-dessus les seigles encor verts Dont je broutais les brins en jouant au travers, Un jour que, fatigué, je dormais dans mon gîte, La petite Margot me surprit. Je m’agite, Je veux fuir. Mais j’étais si faible, si craintif! Elle me tint dans ses deux bras : je fus captif. Certes elle m’aimait bien, la gentille maîtresse. Quelle bonté pour moi, que de soins, de tendresse ! Comme elle me prenait sur ses petits genoux Et me baisait! Combien ses baisers m’étaient doux ! Je me rappelle encor la mignonne cachette Qu’elle m’avait bâtie auprès de sa couchette, Pleine d’herbes, de fleurs, de soleil, de printemps, Pour me faire oublier les champs, les libres champs. Mais quoi! l’herbe coupée, est-ce donc l’herbe fraîche ? Mieux vaut l’épine au bois que les fleurs dans la crèche. Mieux vaut l’indépendance et l’incessant péril Que l’esclavage avec un éternel avril. Le vague souvenir de ma première vie M’obsédant, je sentais je ne sais quelle envie ; J’étais triste ; et malgré Margot et sa bonté Je suis mort dans ses bras, faute de liberté.

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    Jean-Charles Dorge

    @jeanCharlesDorge

    L’oiseau Il trace des chemins invisibles dans l’air Secouant sans faiblir de translucides voiles Il pourfend les ciels bas, messager des étoiles, Reliant le présent aux plus lointaines mers. L’oiseau migre sans bruit, libre fils de l’éclair, Abandonnant son nid tout recouvert de toiles. Il affronte les vents tandis que près du poêle, Moi le cancre peureux, je rêve d’univers ! Pourtant je sortirai quand sonnera mon heure ; L’oiseau me montrera combien l’humain se leurre A croire en ce qu’il voit mais qui part dans l’oubli… Il m’entraînera loin, guérissant mon vertige, Et je deviendrai lui, mon destin accompli, Car plus ne reviendrai sur le sol qui m’afflige.

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    Jean-Philippe Salabreuil

    @jeanPhilippeSalabreuil

    Autre chant du chien J'abandonne tout au vent Ne me laisse que mon chant Mais plus vrai plus chaud plus calme Dans la trouée bleue de l'âme Des hivers et des printemps J'ai travaillé l'air du temps Qu'il renverse les barrières Qu'il crible d'or la lumière Qu'il crache l'herbe des champs Jusqu'au front des astres lents Lorsque la nuit mise au monde L'étoile dans l'eau profonde Écoute l'obscur l'entend Et surgisse enfin l'instant Qu'avec le râle des chiennes Mon chant de chien vous parvienne.

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    Jean-Philippe Salabreuil

    @jeanPhilippeSalabreuil

    Chant du chien Saint François et La Fontaine Essenine et Supervielle ! C'est ce chien de Salabreuil Avec sa pelisse en deuil Qui vous jappe cantilène Au bord du poème obscur Depuis sa niche d'étoiles Et l'ombre à son souffle impur Se replie au creux du :nonde Quelle honte quelle honte Vous êtes en plein soleil Et des lambeaux de sommeil Faseyent sur vos épaules Quand passe dans la nue molle Un tourbillon d'or poisseux Mais voici que parmi ceux Qui se lèvent tôt sur terre Vous prêtez à la lumière Votre oreille en papier blanc Et ma voix de chien descend Noire depuis cette vie Sur ces fleurs qu'elle déplie Comme fait l'aube au printemps Avec celles éclatantes Des vieux pommiers pour qu'y entre Le bourdon lourd et encreux Du jeune orage d'avril Ne soyez pas mécontents Ce chien fou avec sa queue Fouette ce n'est pas facile Un lait d'astres poussiéreux Non sans mouches ni taons bleus Souvenez-vous l'air s'attarde Un soir de mauvaise garde A l'odeur de foin coupé Dans des profondeurs sans âge Puis l'os long d'un paysage Un peu de lune à laper Qu'on nous jette de la route Bouillon triste maigre croûte Pour que meure la chanson Au mâchis des rogatons Mais c'est à minuit que hurle A la mort le jeune chien Moi j'ai peur et le vent tourne Autour de tout et de rien Et je le sens qui me flatte Soulève abaisse ma patte Je grogne de vieille peur J'aboie après des lueurs Vagabondes qui m'entraînent Ayant rompu toutes chaînes Pardonnez-moi de toujours Vous chercher au loin du jour Me lamenter à vos trousses Quand votre mort est si douce Et si grand votre plaisir A marcher seul et n'offrir Plus aucun chant au silence Pardonnez-moi ma constance A vous suivre et vous trouver Ma gueule jamais lavée Mes ongles rongés de boue Lorsque je me tiens debout A votre épaule très chaude Ma langue pend j'ai faim l'ode Mauvaise me met en soif Je ne suis sûr de rien sauf Que toute une vie radieuse Me fut donnée mais lépreuse La fis pour mourir au coin Noir du paradis des chiens.

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    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    La guenon, le singe et la noix Une jeune guenon cueillit Une noix dans sa coque verte ; Elle y porte la dent, fait la grimace… « Ah ! Certes, Dit-elle, ma mère mentit Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes. Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit ! » Elle jette la noix. Un singe la ramasse, Vite entre deux cailloux la casse, L'épluche, la mange, et lui dit : « Votre mère eut raison, ma mie : Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir. Souvenez-vous que, dans la vie, Sans un peu de travail on n'a point de plaisir ».

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    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le grillon Un pauvre petit grillon Caché dans l'herbe fleurie Regardait un papillon Voltigeant dans la prairie. L'insecte ailé brillait des plus vives couleurs ; L'azur, la pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ; Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs, Prenant et quittant les plus belles. Ah! disait le grillon, que son sort et le mien Sont différents ! Dame nature Pour lui fit tout, et pour moi rien. je n'ai point de talent, encor moins de figure. Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici-bas : Autant vaudrait n'exister pas. Comme il parlait, dans la prairie Arrive une troupe d'enfants : Aussitôt les voilà courants Après ce papillon dont ils ont tous envie. Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l'attraper ; L'insecte vainement cherche à leur échapper, Il devient bientôt leur conquête. L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps ; Un troisième survient, et le prend par la tête : Il ne fallait pas tant d'efforts Pour déchirer la pauvre bête. Oh! oh! dit le grillon, je ne suis plus fâché ; Il en coûte trop cher pour briller dans le monde. Combien je vais aimer ma retraite profonde ! Pour vivre heureux, vivons caché.

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Abeille Abeille, ma semblable, mon amie comme toi j’ai buté sur une vitre de lumière Abeille, ma semblable, mon amie abeille, rentre dans ton repos d’abeille, que seule, de toi, demeure la ruche

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Cheval Fou « ¡corazón con siete puñales ! ¡Ya es tarde ! Vete por el camino de los ayes. » « cœur avec sept poignards ! Comme il est tard ! Va-t-en sur la route des cris. » FG Lorca Sais-tu, Cheval Fou, où nous mènes là-bas, loin là-bas ? Je vois trois destriers là-bas trois destriers noirs, loin là-bas loin, loin, là- bas. Je ne veux de ton eau, fontaine là-bas, loin là-bas boire de ton eau fontaine. Tard, trop tard, que de peines pauvres de vous, loin là-bas là-bas, loin là-bas. Trois destriers noirs, là-bas.

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    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Sigrid Le jour des morts, (un deux novembre), des oiseaux, s’envolant par bandes, des oiseaux nous criaient très fort, par le travers des passes Nord : « Liebe verboten ! Jour des Morts ! Kinder ! Dort Liebe wird nicht erlaubt ! » NOUS DEUX : dans un blockhaus en ruines. L’HORIZON : gris. Puis , la baïne. EUX (les oiseaux ) : criant très fort :  » Liebe verboten ! Jour des Morts ! EUX : c’étaient des oiseaux bilingues. NOUS MAINTENANT : (Présentations : important ! prêtez attention !) Elle, c’est Sigrid, Christine, Klitz née à Berlin, en cinquante huit, de mère polonaise. Lui : Villebramar, Pierre, Jean, de Sigrid, Christine, l’amant de nationalité française. Eux : migrateurs, simples passants, en quelque sorte, figurants ! payés pour nous crier très fort : « Liebe verboten ! Jour des Morts ! » Origine : tous pays du Nord, Finlande, Allemagne, Suède, etc…. bref : figurants ! Rien d’autre. OR , …………………………. Tout le matin des coups de mer, coups de tabac, tempête, puis vers trois heures de l’après midi, comme tu as crié, ma Sigrid ! crié si fort, que les oiseaux s’envolèrent d’un coup très haut. ………………………….. Un grand silence sur la mer. L’Océan : plat. Vögel, nicht mehr ! Dans un blockhaus d’une autre guerre, Christine Sigrid, avec Pierre Christine Sigrid contre Jean la pluie grise, autour, l’océan… ça sert à ça, Christine et Pierre, les blockhaus des dernières guerres heureusement ! heureusement ! pour les Sigrid et pour les Jean ! LE JOUR DES MORTS. UN DEUX NOVEMBRE. DES VOLS D’OIES S’ELEVANT PAR BANDES. DE CINQUANTE, PEUT ETRE CENT. PRES DE CHRISTINE. PRES DE JEAN.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    France, Mère des arts, des armes et des lois France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois, Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ? France, France, réponds à ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix. Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine, Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau. Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure : Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Je vis l’oiseau qui le soleil contemple Je vis l’oiseau qui le soleil contemple D’un faible vol au ciel s’aventurer, Et peu à peu ses ailes assurer, Suivant encor le maternel exemple. Je le vis croître, et d’un voler plus ample Des plus hauts monts la hauteur mesurer, Percer la nue, et ses ailes tirer Jusqu’au lieu où des dieux est le temple. Là se perdit : puis soudain je l’ai vu Rouant par l’air en tourbillon de feu, Tout enflammé sur la plaine descendre. Je vis son corps en poudre tout réduit, Et vis l’oiseau, qui la lumière fuit, Comme un vermet renaître de sa cendre.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Épitaphe d’un chat Maintenant le vivre me fâche ; Et afin, Magny, que tu saches, Pourquoi je suis tant éperdu, Ce n’est pas pour avoir perdu Mes anneaux, mon argent, ma bourse ; Et pourquoi est-ce donques ? pour ce Que j’ai perdu depuis trois jours Mon bien, mon plaisir, mes amours. Et quoi ? ô souvenance grève ! À peu que le cœur ne me crève, Quand j’en parle, ou quand j’en écris : C’est Belaud mon petit Chat gris : Belaud, qui fut par avanture Le plus bel œuvre que Nature Fit onc en matière de Chats : C’était Belaud la mort aux Rats, Belaud, dont la beauté fut telle, Qu’elle est digne d’être immortelle. Donques Belaud premièrement Ne fut pas gris entièrement, Ni tel qu’en France on les voit naître ; Mais tel qu’à Rome on les voit être. Couvert d’un poil gris argentin, Ras & poli comme satin, Couché par ondes sur l’échine, Et blanc dessous comme une hermine ; Petit museau, petites dents ; Yeux qui n’étaient point trop ardents ; Mais desquels la prunelle perse Imitait la couleur diverse Qu’on voit en cet arc pluvieux, Qui se courbe au travers des Cieux ; La tête à la taille pareille, Le col grasset, courte l’oreille, Et dessous un nez ébenin, Un petit mufle lionnin, Autour duquel était plantée Une barbelette argentée, Armant d’un petit poil folet Son musequin damoiselet ; Jambe grêle, petite patte, Plus qu’une moufle délicate ; Sinon alors qu’il dégainait Cela dont il égratignait ; La gorge douillette & mignonne ; La queue longue à la guenonne, Mouchetée diversement D’un naturel bigarement ; Le flanc haussé, le ventre large, Bien retroussé dessous sa charge, Et le dos moyennement long, Vrai souriant, s’il en fut onq’. Tel fut Belaud, la gente bête, Qui des pieds jusques à la tête, De telle beauté fut pourvu, Que son pareil on n’a point vu. Ô quel malheur ! ô quelle perte, Qui ne peut être recouverte ! Ô quel deuil mon âme en reçoit ! Vraiment la mort, bien qu’elle soit Plus fière qu’un ours, l’inhumaine, Si de voir, elle eût pris la peine, Un tel chat, son cœur endurci En eût eu, ce crois-je, merci : Et maintenant ma triste vie Ne haïrait de vivre l’envie. Mais la cruelle n’avait pas Goûté les folâtres ébats De mon Belaud, ni la souplesse De sa gaillarde gentillesse : Soit qu’il sautât, soit qu’il grattât, Soit qu’il tournât, ou voltigeât D’un tour de chat, ou soit encore, Qu’il prît un rat, & or’ & ores Le relâchant pour quelque temps, S’en donnât mille passe-temps. Soit que, d’une façon gaillarde, Avec sa patte frétillarde, Il se frottât le musequin ; Ou soit que ce petit coquin Privé sautelât sur ma couche ; Ou soit qu’il ravît de ma bouche La viande sans m’outrager, Alors qu’il me voyait manger ; Soit qu’il fît en diverses guises Mille autres telles mignardises. Mon Dieu ! quel passe-temps c’était Quand ce Belaud virevoltait, Folâtre autour d’une pelote ! Quel plaisir, quand sa tête sotte Suivant sa queue en mille tours, D’un rouet imitait le cours ! Ou quand, assis sur le derrière Il s’en faisait une jartière ; Et montrant l’estomac velu, De panne blanche crêpelu, Semblait, tant sa trogne était bonne, Quelque Docteur de la Sorbonne ! Ou quand, alors qu’on l’animait, À coups de patte il escrimait, Et puis apaisait sa colère, Tout soudain qu’on lui faisait chère. Voilà, Magny, les passe-temps, Où Belaud employait son temps ; N’est-il pas bien à plaindre donques ? Au demeurant tu ne vis onques Chat plus adroit, ni mieux appris À combattre rats & souris. Belaud savait mille manières De les surprendre en leurs tanières, Et lors leur fallait bien trouver Plus d’un pertuis, pour se sauver : Car onques rat, tant fût-il vite, Ne se vit sauver à la fuite Devant Belaud. Au demeurant Belaud n’était pas ignorant : Il savait bien, tant fut traitable, Prendre la chair dessus la table, J’entends, quand on lui présentait ; Car autrement il vous grattait, Et avec la patte friande De loin muguetait la viande. Belaud n’était point mal-plaisant : Belaud n’était point malfaisant ; Et ne fit onq’ plus grand dommage Que de manger un vieux fromage, Une linotte, & un pinson Qui le fâchaient de leur chanson ; Mais quoi, Magny, nous-mêmes hommes Parfaits de tous points nous ne sommes. Belaud n’était point de ces chats Qui nuit & jour vont au pourchas, N’ayant souci que de leur panse : Il ne faisait si grand dépense, Mais était sobre à son repas, Et ne mangeait que par compas. Aussi n’était-ce sa nature De faire partout son ordure, Comme un tas de chats, qui ne font Que gâter tout par où ils vont. Car Belaud, la gentille bête, Si de quelque acte moins qu’honnête Contraint possible il eût été, Avait bien cette honnêteté De cacher dessous de la cendre Ce qu’il était contraint de rendre. Belaud me servait de jouet : Belaud ne filait au rouet, Grommelant une litanie De longue & fâcheuse harmonie ; Ains se plaignait mignardement D’un enfantin miaulement. Belaud (que j’aie souvenance) Ne me fit onq’ plus grand’ offense Que de me réveiller la nuit, Quand il entroyait quelque bruit De rats qui rongeaient ma paillasse : Car lors il leur donnait la chasse, Et si dextrement les happait, Que jamais un n’en échappait. Mais, las ! depuis que cette fière Tua de sa dextre meurtrière La sûre garde de mon corps, Plus en sureté je ne dors ; Et or’, ô douleurs non pareilles ! Les rats me mangent les oreilles ; Même tous les vers que j’écris, Sont rongés de rats & souris. Vraiment les Dieux sont pitoyables Aux pauvres humains misérables, Toujours leur annonçant leurs maux, Soit par la mort des animaux, Ou soit par quelque autre présage, Des Cieux le plus certain message. Le jour que la sœur de Cloton Ravit mon petit Peloton, Je dis, j’en ai bien souvenance, Que quelque maligne influence Menaçait mon chef de là-haut ; Et c’était la mort de Belaud : Car quelle plus grande tempête Me pouvait foudroyer la tête ! Belaud était mon cher mignon ; Belaud était mon compagnon À la chambre, au lit, à la table ; Belaud était plus accointable Que n’est un petit Chien friand, Et de nuit n’allait point criant Comme ces gros marcoux terribles En longs miaulements horribles : Aussi le petit mitouard N’entra jamais en matouard ; Et en Belaud, quelle disgrâce ! De Belaud s’est perdu la race. Que plût à Dieu, petit Belon, Que j’eusse l’esprit assez bon, De pouvoir en quelque beau style Blasonner ta grâce gentille, D’un vers aussi mignard que toi ! Belaud, je te promets ma foi, Que tu vivrais, tant que sur terre Les Chats aux Rats feront la guerre.

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    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Le récif de corail Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore, Éclaire la forêt des coraux abyssins Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins, La bête épanouie et la vivante flore. Et tout ce que le sel ou l'iode colore, Mousse, algue chevelue, anémones, oursins, Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins, Le fond vermiculé du pâle madrépore. De sa splendide écaille éteignant les émaux, Un grand poisson navigue à travers les rameaux ; Dans l'ombre transparente indolemment il rôde ; Et, brusquement, d'un coup de sa nageoire en feu, Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu, Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.

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    Jules Breton

    @julesBreton

    Automne A Jules Dupré. La rivière s’écoule avec lenteur. Ses eaux Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes Qui se teignent de sang ; de hauts peupliers jaunes Sèment leurs feuilles d’or parmi les blonds roseaux. Le vent léger, qui croise en mobiles réseaux Ses rides d’argent clair, laisse de sombres zones Où les arbres, plongeant leurs dômes et leurs cônes, Tremblent, comme agités par des milliers d’oiseaux. Par instants se répète un cri grêle de grive, Et, lancé brusquement des herbes de la rive, Etincelle un joyau dans l’air limpide et bleu ; Un chant aigu prolonge une note stridente ; C’est le martin-pêcheur qui fuit d’une aile ardente Dans un furtif rayon d’émeraude et de feu. Courrières, 1875

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    Jules Breton

    @julesBreton

    Les cigales Lorsque dans l’herbe mûre aucun épi ne bouge, Qu’à l’ardeur des rayons crépite le froment, Que le coquelicot tombe languissamment Sous le faible fardeau de sa corolle rouge, Tous les oiseaux de l’air ont fait taire leurs chants ; Les ramiers paresseux, au plus noir des ramures, Somnolents, dans les bois, ont cessé leurs murmures, Loin du soleil muet incendiant les champs. Dans les blés, cependant, d’intrépides cigales Jetant leurs mille bruits, fanfare de l’été, Ont frénétiquement et sans trêve agité Leurs ailes sur l’airain de leurs folles cymbales. Frémissantes, debout sur les longs épis d’or, Virtuoses qui vont s’éteindre avant l’automne, Elles poussaient au ciel leur hymne monotone, Qui dans l’ombre des nuits retentissait encor. Et rien n’arrêtera leurs cris intarissables; Quand on les chassera de l’avoine et des blés, Elles émigreront sur les buissons brûlés Qui se meurent de soif dans les déserts de sables. Sur l’arbuste effeuillé, sur les chardons flétris Qui laissent s’envoler leur blanche chevelure, On reverra l’insecte à la forte encolure. Plein d’ivresse, toujours s’exalter dans ses cris ; Jusqu’à ce qu’ouvrant l’aile en lambeaux arrachée, Exaspéré, brûlant d’un feu toujours plus pur, Son œil de bronze fixe et tendu vers l’azur, Il expire en chantant sur la tige séchée.

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