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Automne

110 poésies en cours de vérification
Automne

Poésies de la collection automne

    A

    Albert Lozeau

    @albertLozeau

    Les arbres d’Octobre Au soleil, le matin, les arbres sont en or ; Octobre leur a fait des feuilles précieuses Qui tremblent à la brise et, toujours anxieuses, Craignent le vent d’automne en qui passe la mort. C’est l’immobilité maintenant qu’elles aiment, Ou, venant à l’entour des branches voltiger, Le souffle inoffensif qui les frôle, léger, Et fait luire les tons jaunes qui les parsèment Combien choiront avant le doux soir automnal ! Toujours sur le trottoir il en neige quelqu’une. Ce doit être, là-haut, une angoisse à chacune Quand la petite sœur quitte l’arbre natal… Mais l’orage viendra les pacifier toutes ! Un grand coup de vent dur tordra l’arbre soudain, Et comme des oiseaux qu’on chasse du jardin, Les feuilles partiront en l’air, tombant aux routes, Et les seuils en seront dorés jusqu’au matin.

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    A

    Albert Lozeau

    @albertLozeau

    Octobre Adieu, beau jour d’automne au firmament si bleu, Feuilles brunes encore à l’arbre, hier, adieu ! Le vent froid passe avec des plaintes adoucies, Et les petits oiseaux ont des âmes transies Sur le pavé sonore on entend fuir les pas : L’heure marche, elle aussi, mais on n’y songe pas ! Octobre, mois royal dont les couchants superbes Projettent leurs reflets sur les dernières herbes, Octobre se fait vieux et meurt tous les matins Dans le lit sépulcral des brouillards argentins. Sa douce gloire laisse au cœur une lumière Resplendissante, et moins que son règne, éphémère. Car ton soleil se couche en notre souvenir, Octobre, et chaque jour il peut en revenir ! La pensée, en rêvant de splendeur, le suscite, Et soudain, triomphait, voilà qu’il ressuscite !

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    A

    Albert Lozeau

    @albertLozeau

    Rayon de novembre Comme novembre est doux, ce matin, dans la brume… Le soleil, entre deux nuages gris, s’allume Et s’éteint comme sous la paupière un regard. On dirait que l’Eté rôde au loin, quelque part… C’est son haleine qui voltige tiède et lente, Moins le parfum hier encore respiré Dans le brouillard ténu de la ville bruyante ; Et c’est comme un retour de septembre égaré Mais les arbres n’ont plus de feuilles ; la lumière N’y fait plus resplendir ses flammes coutumières, Et la pensée en pleurs songe sur un tombeau…

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    A

    Albert Lozeau

    @albertLozeau

    À l’automne Par la couleur du ciel et les plaintes du vent, Par les tons nuancés du feuillage mouvant, Par mon désir de rêve et mon cœur qui frissonne, J’ai senti de là-bas venir vers nous l’automne. Dans la sérénité profonde des beaux soirs Où la lune apparaît bleue au firmament noir, Malgré les astres clairs, on l’aperçoit qui rôde Sur le gazon, ou dans les coins des chambres chaudes. Il émane de lui je ne sais quoi de doux Qui frôle notre chair et qui pénètre en nous, Qui nous change, on dirait, en une autre substance, Comme si l’on était de l’air ou du silence ! Il semble que l’on ait des ailes ; que le poids De notre corps se fonde et renaisse à la fois ; Qu’un bonheur à travers notre âme triste passe, Qu’on n’ait plus qu’un degré pour atteindre à l’extase ! Ô volupté de vivre, ô charme alanguissant ! ― Automne qui nous mets du plaisir dans le sang, Qui nous berces, pareil à la bonne nourrice, Jusqu’à ce que notre âme en tes bras s’assoupisse, Je t’aime d’un amour sensuel et païen ! Et je t’élève, ô dieu, fait de songe ancien, Un temple au clair autel entouré de balustres, Où mon cœur balancé brûle comme un grand lustre !

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Automne Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets, Là-bas tord la forêt comme une chevelure. Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets. L’Automne qui descend les collines voilées Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre coeur ; Et voici que s’afflige avec plus de ferveur Le tendre désespoir des roses envolées. Le vol des guêpes d’or qui vibrait sans repos S’est tu ; le pêne grince à la grille rouillée ; La tonnelle grelotte et la terre est mouillée, Et le linge blanc claque, éperdu, dans l’enclos. Le jardin nu sourit comme une face aimée Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ; Seul, le son d’une enclume ou l’aboiement d’un chien Monte, mélancolique, à la vitre fermée. Suscitant des pensers d’immortelle et de buis, La cloche sonne, grave, au coeur de la paroisse ; Et la lumière, avec un long frisson d’angoisse, Ecoute au fond du ciel venir des longues nuits… Les longues nuits demain remplaceront, lugubres, Les limpides matins, les matins frais et fous, Pleins de papillons blancs chavirant dans les choux Et de voix sonnant clair dans les brises salubres. Qu’importe, la maison, sans se plaindre de toi, T’accueille avec son lierre et ses nids d’hirondelle, Et, fêtant le retour du prodigue près d’elle, Fait sortir la fumée à longs flots bleus du toit. Lorsque la vie éclate et ruisselle et flamboie, Ivre du vin trop fort de la terre, et laissant Pendre ses cheveux lourds sur la coupe du sang, L’âme impure est pareille à la fille de joie. Mais les corbeaux au ciel s’assemblent par milliers, Et déjà, reniant sa folie orageuse, L’âme pousse un soupir joyeux de voyageuse Qui retrouve, en rentrant, ses meubles familiers. L’étendard de l’été pend noirci sur sa hampe. Remonte dans ta chambre, accroche ton manteau ; Et que ton rêve, ainsi qu’une rose dans l’eau, S’entr’ouvre au doux soleil intime de la lampe. Dans l’horloge pensive, au timbre avertisseur, Mystérieusement bat le coeur du Silence. La Solitude au seuil étend sa vigilance, Et baise, en se penchant, ton front comme une soeur. C’est le refuge élu, c’est la bonne demeure, La cellule aux murs chauds, l’âtre au subtil loisir, Où s’élabore, ainsi qu’un très rare élixir, L’essence fine de la vie intérieure. Là, tu peux déposer le masque et les fardeaux, Loin de la foule et libre, enfin, des simagrées, Afin que le parfum des choses préférées Flotte, seul, pour ton coeur dans les plis des rideaux. C’est la bonne saison, entre toutes féconde, D’adorer tes vrais dieux, sans honte, à ta façon, Et de descendre en toi jusqu’au divin frisson De te découvrir jeune et vierge comme un monde ! Tout est calme ; le vent pleure au fond du couloir ; Ton esprit a rompu ses chaînes imbéciles, Et, nu, penché sur l’eau des heures immobiles, Se mire au pur cristal de son propre miroir : Et, près du feu qui meurt, ce sont des Grâces nues, Des départs de vaisseaux haut voilés dans l’air vif, L’âpre suc d’un baiser sensuel et pensif, Et des soleils couchants sur des eaux inconnues… Magny-les-Hameaux, octobre 1894.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Dans le parc… Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude, Sous le ciel pâlissant comme de lassitude, Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents, Bercer l’été qui meurt dans nos coeurs indolents. Nous marcherons parmi les muettes allées ; Et cet amer parfum qu’ont les herbes foulées, Et ce silence, et ce grand charme langoureux Que verse en nous l’automne exquis et douloureux Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres Et des parterres nus où grelottent les marbres, Baignera doucement notre âme tout un jour, Comme un mouchoir ancien qui sent encor l’amour.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Octobre est doux Octobre est doux. — L'hiver pèlerin s'achemine Au ciel où la dernière hirondelle s'étonne. Rêvons... le feu s'allume et la bise chantonne. Rêvons... le feu s'endort sous sa cendre d'hermine. L'abat-jour transparent de rose s'illumine. La vitre est noire sous l'averse monotone. Oh ! le doux « remember » en la chambre d'automne, Où des trumeaux défunts l'âme se dissémine. La ville est loin. Plus rien qu'un bruit sourd de voitures Qui meurt, mélancolique, aux plis lourds des tentures... Formons des rêves fins sur des miniatures. Vers de mauves lointains d'une douceur fanée Mon âme s'est perdue ; et l'Heure enrubannée Sonne cent ans à la pendule surannée...

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    A

    Alix Lerman Enriquez

    @alixLermanEnriquez

    Fragile L’engoulevent se balance sur une feuille rouge. L’automne tremble encore sous la rigueur du ciel bleu froissé par la brise de novembre. L’oiseau entend les pleurs pétrifiés des fruits morts : Châtaignes mordues de soleil, physalis embrasés de couchant, marrons cabossés de silence, dans le chuchotis des insectes, le chuintement des toiles d’araignée qui se déchirent. L’oiseau s’élance au-dessus de la plaine, il plane d’un bonheur fugace et funeste, fonce sur sa proie : une rose sauvage dépareillée qui s’effrite alors comme poudre de soie, comme poussière d’étoile évaporée.

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    A

    Alix Lerman Enriquez

    @alixLermanEnriquez

    Premier automne Châtaignes rabotées de lumière et de silence aussi, comme des coquillages blessés sur le sable, elles recueillent la sueur du jour qui exsude bleue, la suie de la nuit quand vient le soir, le sang de l’aube lorsque le soleil rouge suinte du ciel et de ses frondaisons, lorsque les arbres trempés de pourpre liassent tomber leurs derniers oripeaux : ces feuilles mortes séchées, ces grimoires improvisés où j’inscris mes souvenirs d’été, mes rêves et mes joies rabotées de mes peines dans la pénombre de mes pas.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    L'automne Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards !

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    L’automne Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire, J’aime à revoir encor, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois ! Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits, C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais ! Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui, Je me retourne encore, et d’un regard d’envie Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui ! Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ; L’air est si parfumé ! la lumière est si pure ! Aux regards d’un mourant le soleil est si beau ! Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel ! Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel ? Peut-être l’avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? … La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ; A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ; Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire, S’exhale comme un son triste et mélodieux.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Pensée des morts Voilà les feuilles sans sève Qui tombent sur le gazon, Voilà le vent qui s’élève Et gémit dans le vallon, Voilà l’errante hirondelle . Qui rase du bout de l’aile : L’eau dormante des marais, Voilà l’enfant des chaumières Qui glane sur les bruyères Le bois tombé des forêts. L’onde n’a plus le murmure , Dont elle enchantait les bois ; Sous des rameaux sans verdure. Les oiseaux n’ont plus de voix ; Le soir est près de l’aurore, L’astre à peine vient d’éclore Qu’il va terminer son tour, Il jette par intervalle Une heure de clarté pâle Qu’on appelle encore un jour. L’aube n’a plus de zéphire Sous ses nuages dorés, La pourpre du soir expire Sur les flots décolorés, La mer solitaire et vide N’est plus qu’un désert aride Où l’oeil cherche en vain l’esquif, Et sur la grève plus sourde La vague orageuse et lourde N’a qu’un murmure plaintif. La brebis sur les collines Ne trouve plus le gazon, Son agneau laisse aux épines Les débris de sa toison, La flûte aux accords champêtres Ne réjouit plus les hêtres Des airs de joie ou d’amour, Toute herbe aux champs est glanée : Ainsi finit une année, Ainsi finissent nos jours ! C’est la saison où tout tombe Aux coups redoublés des vents ; Un vent qui vient de la tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme la plume inutile Que l’aigle abandonne aux airs, Lorsque des plumes nouvelles Viennent réchauffer ses ailes A l’approche des hivers. C’est alors que ma paupière Vous vit pâlir et mourir, Tendres fruits qu’à la lumière Dieu n’a pas laissé mûrir ! Quoique jeune sur la terre, Je suis déjà solitaire Parmi ceux de ma saison, Et quand je dis en moi-même : Où sont ceux que ton coeur aime ? Je regarde le gazon. Leur tombe est sur la colline, Mon pied la sait ; la voilà ! Mais leur essence divine, Mais eux, Seigneur, sont-ils là ? Jusqu’à l’indien rivage Le ramier porte un message Qu’il rapporte à nos climats ; La voile passe et repasse, Mais de son étroit espace Leur âme ne revient pas. Ah ! quand les vents de l’automne Sifflent dans les rameaux morts, Quand le brin d’herbe frissonne, Quand le pin rend ses accords, Quand la cloche des ténèbres Balance ses glas funèbres, La nuit, à travers les bois, A chaque vent qui s’élève, A chaque flot sur la grève, Je dis : N’es-tu pas leur voix? Du moins si leur voix si pure Est trop vague pour nos sens, Leur âme en secret murmure De plus intimes accents ; Au fond des coeurs qui sommeillent, Leurs souvenirs qui s’éveillent Se pressent de tous côtés, Comme d’arides feuillages Que rapportent les orages Au tronc qui les a portés ! C’est une mère ravie A ses enfants dispersés, Qui leur tend de l’autre vie Ces bras qui les ont bercés ; Des baisers sont sur sa bouche, Sur ce sein qui fut leur couche Son coeur les rappelle à soi ; Des pleurs voilent son sourire, Et son regard semble dire : Vous aime-t-on comme moi ? C’est une jeune fiancée Qui, le front ceint du bandeau, N’emporta qu’une pensée De sa jeunesse au tombeau ; Triste, hélas ! dans le ciel même, Pour revoir celui qu’elle aime Elle revient sur ses pas, Et lui dit : Ma tombe est verte ! Sur cette terre déserte Qu’attends-tu ? Je n’y suis pas ! C’est un ami de l’enfance, Qu’aux jours sombres du malheur Nous prêta la Providence Pour appuyer notre cœur ; Il n’est plus ; notre âme est veuve, Il nous suit dans notre épreuve Et nous dit avec pitié : Ami, si ton âme est pleine, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitié ? C’est l’ombre pâle d’un père Qui mourut en nous nommant ; C’est une soeur, c’est un frère, Qui nous devance un moment ; Sous notre heureuse demeure, Avec celui qui les pleure, Hélas ! ils dormaient hier ! Et notre coeur doute encore, Que le ver déjà dévore Cette chair de notre chair ! L’enfant dont la mort cruelle Vient de vider le berceau, Qui tomba de la mamelle Au lit glacé du tombeau ; Tous ceux enfin dont la vie Un jour ou l’autre ravie, Emporte une part de nous, Murmurent sous la poussière : Vous qui voyez la lumière, Vous souvenez-vous de nous ? Ah ! vous pleurer est le bonheur suprême Mânes chéris de quiconque a des pleurs ! Vous oublier c’est s’oublier soi-même : N’êtes-vous pas un débris de nos coeurs ? En avançant dans notre obscur voyage, Du doux passé l’horizon est plus beau, En deux moitiés notre âme se partage, Et la meilleure appartient au tombeau ! Dieu du pardon ! leur Dieu ! Dieu de leurs pères ! Toi que leur bouche a si souvent nommé ! Entends pour eux les larmes de leurs frères ! Prions pour eux, nous qu’ils ont tant aimé ! Ils t’ont prié pendant leur courte vie, Ils ont souri quand tu les as frappés ! Ils ont crié : Que ta main soit bénie ! Dieu, tout espoir ! les aurais-tu trompés ? Et cependant pourquoi ce long silence ? Nous auraient-ils oubliés sans retour ? N’aiment-ils plus ? Ah ! ce doute t’offense ! Et toi, mon Dieu, n’es-tu pas tout amour ? Mais, s’ils parlaient à l’ami qui les pleure, S’ils nous disaient comment ils sont heureux, De tes desseins nous devancerions l’heure, Avant ton jour nous volerions vers eux. Où vivent-ils ? Quel astre, à leur paupière Répand un jour plus durable et plus doux ? Vont-ils peupler ces îles de lumière ? Ou planent-ils entre le ciel et nous ? Sont-ils noyés dans l’éternelle flamme ? Ont-ils perdu ces doux noms d’ici-bas, Ces noms de soeur et d’amante et de femme ? A ces appels ne répondront-ils pas ? Non, non, mon Dieu, si la céleste gloire Leur eût ravi tout souvenir humain, Tu nous aurais enlevé leur mémoire ; Nos pleurs sur eux couleraient-ils en vain ? Ah ! dans ton sein que leur âme se noie ! Mais garde-nous nos places dans leur cœur ; Eux qui jadis ont goûté notre joie, Pouvons-nous être heureux sans leur bonheur ? Etends sur eux la main de ta clémence, Ils ont péché; mais le ciel est un don ! Ils ont souffert; c’est une autre innocence ! Ils ont aimé; c’est le sceau du pardon ! Ils furent ce que nous sommes, Poussière, jouet du vent ! Fragiles comme des hommes, Faibles comme le néant ! Si leurs pieds souvent glissèrent, Si leurs lèvres transgressèrent Quelque lettre de ta loi, Ô Père! ô juge suprême ! Ah ! ne les vois pas eux-mêmes, Ne regarde en eux que toi ! Si tu scrutes la poussière, Elle s’enfuit à ta voix ! Si tu touches la lumière, Elle ternira tes doigts ! Si ton oeil divin les sonde, Les colonnes de ce monde Et des cieux chancelleront : Si tu dis à l’innocence : Monte et plaide en ma présence ! Tes vertus se voileront. Mais toi, Seigneur, tu possèdes Ta propre immortalité ! Tout le bonheur que tu cèdes Accroît ta félicité ! Tu dis au soleil d’éclore, Et le jour ruisselle encore ! Tu dis au temps d’enfanter, Et l’éternité docile, Jetant les siècles par mille, Les répand sans les compter ! Les mondes que tu répares Devant toi vont rajeunir, Et jamais tu ne sépares Le passé de l’avenir ; Tu vis ! et tu vis ! les âges, Inégaux pour tes ouvrages, Sont tous égaux sous ta main ; Et jamais ta voix ne nomme, Hélas ! ces trois mots de l’homme : Hier, aujourd’hui, demain ! Ô Père de la nature, Source, abîme de tout bien, Rien à toi ne se mesure, Ah ! ne te mesure à rien ! Mets, à divine clémence, Mets ton poids dans la balance, Si tu pèses le néant ! Triomphe, à vertu suprême ! En te contemplant toi-même, Triomphe en nous pardonnant !

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Matin d'Octobre Le soleil s'est levé rouge comme une sorbe Sur un étang des bois : — il arrondit son orbe Dans le ciel embrumé, comme un astre qui dort ; Mais le voilà qui monte en éclairant la brume, Et le premier rayon qui brusquement s'allume À toute la forêt donne des feuilles d'or.

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    L’automne Voici venu le froid radieux de septembre : Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ; Mais la maison a l’air sévère, ce matin, Et le laisse dehors qui sanglote au jardin. Comme toutes les voix de l’été se sont tues ! Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues ? Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois Que la bise grelotte et que l’eau même a froid. Les feuilles dans le vent courent comme des folles ; Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent, Mais le vent les reprend et barre leur chemin Elles iront mourir sur les étangs demain. Le silence est léger et calme ; par minute Le vent passe au travers comme un joueur de flûte, Et puis tout redevient encor silencieux, Et l’Amour qui jouait sous la bonté des cieux S’en revient pour chauffer devant le feu qui flambe Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes, Et la vieille maison qu’il va transfigurer Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer.

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Un soir d'automne Une source à mes pieds roule son eau limpide, Et mêle son murmure à celui de mes vers, Tandis qu'autour de moi tombe la feuille humide Du saule qui déjà sent le froid des hivers. A l'autre bord du lac, une beauté timide Dessine, en se jouant, ces coteaux encor verts Qui disputent en vain à son crayon rapide Et leurs mille détours et leurs lointains divers. Et parfois je crois voir une blanche nacelle S'en venir d'elle à moi pour retourner vers elle, Et la muse, au milieu, nous sourire en passant, Et verser tour à tour de sa coupe bénie, Aux changeantes lueurs du jour qui va baissant, La lumière sur l'un, sur l'autre l'harmonie.

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    A

    Apollinaire Gingras

    @apollinaireGingras

    Feuille d'automne et jeune artiste Par la brise d'automne à la forêt volée, Une feuille d'érable erre dans la vallée : Papillon fantastique aux ailes de carmin ! Un enfant, qui folâtre au pied de la colline, S'élance pour saisir cette feuille divine : Enfin, la feuille est dans sa main. Ne méprisez pas, je vous prie, Cette feuille rouge et flétrie, Léger débris de la forêt : Dieu la chérit, puisqu'il l'a faite ! Pour cet enfant déjà poète, Cette feuille - pour nous muette - Porte du beau quelque reflet. Et l'enfant tient sa feuille, et son grand oeil rayonne. Il contemple longtemps cette feuille d'automne : Elle a des couleurs d'or, et des lignes de feu. Le froid l'a fait mourir, et le vent dans la plaine Depuis le point du jour sans pitié la promène : Mais c'est encor l'oeuvre de Dieu ! Ne méprisez pas, je vous prie, Cette feuille rouge et flétrie, Léger debris de la forêt : Dieu vainement ne l'a pas faite ! Pour cet enfant déjà poète, Cette feuille - pour nous muette - Porte du beau quelque reflet. De ses légers ciseaux, la nature avec grâce A découpé la feuille, et, d'espace en espace, L'oiseau l'a, dans les bois, sculptée à sa façon. Dans sa feuille, l'enfant voit des fleurs, voit des anges, - Comme il verra, ce soir, des fantômes étranges Dans le nuage à l'horizon ! Bonheur à toi, feuille flétrie, Qui ce matin dans la prairie Au gré du vent errais encor : Car, grâce à toi, feuille éclatante, D'un enfant que ta vue enchante L'imagination riante Vient d'entrouvrir ses ailes d'or ! Un doux bruissement de la feuille froissée Fait monter à son front une amère pensée : L'enfant devient rêveur.- Dans un petit cercueil, Un jour - ainsi craquaient les feuilles dans la plaine - Il vit porter sa soeur là-bas, près d'un grand chêne... Et quelques pleurs voilent son oeil. Bonheur à toi, feuille bénie, Qui ce matin rouge et flétrie, Prenais ton vol dans la forêt : Pauvre feuille sèche et sonore, Chez un enfant tu fais éclore Deux plaisirs que le coeur adore : Le souvenir, et le regret ! Laissez croître l'enfant, et ce sera peut-être, Peintre ou musicien, dans l'art quelque grand maître - A l'orage trouvant de sublimes accords, Donnant une âme à tout, au soleil, à la brise, - Aux voix du soir, au bruit du torrent qui se brise, - Prêtant l'oreille avec transports ! Et maintenant, feuille flétrie, Dans la forêt, dans la prairie L'aile du vent peut t'emporter : Dieu vainement ne t'a pas faite ! Car, grâce à toi, feuille muette, Chez un enfant déjà poète Le feu divin vient d'éclater ! C'est un artiste en fleur que cet enfant étrange : Peut-être sera-t-il Van Dick, ou Michel-Ange - Faisant fleurir l'ivoire ou sourire l'airain. Un jour peut-être, au front de quelque basilique, Le marbre imitera, sous son ciseau magique, La feuille qu'il tient dans sa main ! Et maintenant, feuille bénie, Dans la forêt, dans la prairie, L'aile du vent peut t'emporter ! Envole-toi joyeuse et fière : Car, grâce à toi, feuille légère, L'amour du beau, tendre mystère, Chez un enfant vient d'éclater !

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Les soleils de Novembre Un beau ciel de novembre aux clartés automnales Baignait de ses tiédeurs les vallons vaporeux ; Les feux du jour buvaient les gouttes matinales Qui scintillaient dans l’herbe au bord des champs pierreux.

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Les soleils de Septembre Sous ces rayons cléments des soleils de septembre Le ciel est doux, mais pâle, et la terre jaunit. Dans les forêts la feuille a la couleur de l’ambre ; L’oiseau ne chante plus sur le bord de son nid. Du toit des laboureurs ont fui les hirondelles ; La faucille a passé sur l’épi d’or des blés ; On n’entend plus dans l’air des frémissements d’ailes : Le merle siffle seul au fond des bois troublés. La mousse est sans parfum, les herbes sans mollesse ; Le jonc sur les étangs se penche soucieux ; Le soleil, qui pâlit, d’une tiède tristesse Emplit au loin la plaine et les monts et les cieux. Les jours s’abrègent ; l’eau qui court dans la vallée N’a plus ces joyeux bruits qui réjouissaient l’air : Il semble que la terre, et frileuse et voilée, Dans ses premiers frissons sente arriver l’hiver. Ô changeantes saisons ! ô lois inexorables ! De quel deuil la nature, hélas ! va se couvrir ! Soleils des mois heureux, printemps irréparables, Adieu ! ruisseaux et fleurs vont se taire et mourir. Mais console-toi, terre ! ô Nature ! ô Cybèle ! L’hiver est un sommeil et n’est point le trépas : Les printemps reviendront te faire verte et belle ; L’homme vieillit et meurt, toi, tu ne vieillis pas ! Tu rendras aux ruisseaux, muets par la froidure, Sous les arceaux feuillus leurs murmures chanteurs ; Aux oiseaux tu rendras leurs nids dans la verdure ; Aux lilas du vallon tu rendras ses senteurs. Ah ! des germes captifs quand tu fondras les chaînes, Quand, de la sève à flots épanchant la liqueur, Tu feras refleurir les roses et les chênes, Ô Nature ! avec eux fais refleurir mon cœur ! Rends à mon sein tari les poétiques sèves, Verse en moi les chaleurs dont l’âme se nourrit, Fais éclore à mon front les gerbes de mes rêves, Couvre mes rameaux nus des fleurs de mon esprit. Sans l’ivresse des chants, ma haute et chère ivresse, Sans le bonheur d’aimer, que m’importent les jours ! Ô soleils! ô printemps ! je ne veux la jeunesse Que pour toujours chanter, que pour aimer toujours !

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Les Soleils d’Octobre Aux jours où les feuilles jaunissent, Aux jours où les soleils finissent, Hélas ! nous voici revenus ; Le temps n’est plus, ma-bien-aimée, Où sur la pelouse embaumée Tu posais tes pieds blancs et nus. L’herbe que la pluie a mouillée Se traîne frileuse et souillée ; On n’entend plus de joyeux bruits Sortir des gazons et des mousses ; Les châtaigniers aux branches rousses Laissent au vent tomber leurs fruits. Sur les coteaux aux pentes chauves, De longs groupes d’arbustes fauves Dressent leurs rameaux amaigris ; Dans la forêt qui se dépouille, Les bois ont des teintes de rouille ; L’astre est voilé, le ciel est gris. Cependant, sous les vitres closes, Triste de la chute des roses, Il n’est pas temps de s’enfermer ; Toute fleur n’est pas morte encore ; Un beau jour, une belle aurore Au ciel, demain, peut s’allumer. La terre, ô ma frileuse amie ! Ne s’est point encore endormie Du morne sommeil de l’hiver… Vois ! la lumière est revenue : Le soleil, entr’ouvrant la nue, Attiédit les moiteurs de l’air. Sous la lumière molle et sobre De ces soleils calmes d’octobre, Par les bois je voudrais errer ! L’automne a de tièdes délices : Allons sur les derniers calices, Ensemble, allons les respirer ! Je sais dans la forêt prochaine, Je sais un site au pied du chêne Où le vent est plus doux qu’ailleurs ; Où l’eau, qui fuit sous les ramures, Échange de charmants murmures Avec l’abeille, avec les fleurs. Dans ce lieu plein d’un charme agreste, Où pour rêver souvent je reste, Veux-tu t’asseoir, veux-tu venir ? Veux-tu, sur les mousses jaunies, Goûter les pâles harmonies De la saison qui va finir ? Partons ! et, ma main dans la tienne, Qu’à mon bras ton bras se soutienne ! Des bois si l’humide vapeur Te fait frissonner sous ta mante, Pour réchauffer ta main charmante Je la poserai sur mon cœur. Et devant l’astre qui décline, Debout sur la froide colline, Et ton beau front penché sur moi, Tu sentiras mille pensées, Des herbes, des feuilles froissées Et des bois morts, monter vers toi. Et devant la terne verdure, Songeant qu’ici-bas rien ne dure, Que tout passe, fleurs et beaux jours, A cette nature sans flamme Tu pourras comparer, jeune âme, Mon cœur, pour toi brûlant toujours ! Mon cœur, foyer toujours le même, Foyer vivant, foyer qui t’aime, Que ton regard fait resplendir ! Que les saisons, que les années, Que l’âpre vent des destinées Ne pourront jamais refroidir ! Et quand, noyés de brume et d’ombre, Nous descendrons le coteau sombre, Rayon d’amour, rayon d’espoir, Un sourire, ô ma bien-aimée ! Jouera sur ta lèvre embaumée Avec les derniers feux du soir.

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    Carlo Bordini

    @carloBordini

    Automne Quand l’imagination découvre l’invention de soi-même elle se lasse d’inventer la réalité les heures n’existent plus, ni les jours, l’existence et la vie se confondent. C’est cela le paradis? ou l’automne? l’hiver précéderait-il l’automne? C’est cela la cabale? tout comme la guerre précède la paix. l’eau est l’eau du puits, vagues molles, concentriques. Ce que rappelle ton sourire incertain. Un souvenir d’au-delà les mers, d’au-delà des colonnes du soleil. Les feuilles tournent et retournent en arrière. tu n’imagines pas de vivre en un château enchanté, et de te réveiller après trente ans, en croyant avoir dormi dix minutes peut-être ce sont les toiles d’araignées qui ont dormi, ou peut-être avons-nous dormi tous deux. j’ai abandonné dans tes terreurs les miennes. l’automne a tout juste commencé.

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    Caroline Baucher

    @carolineBaucher

    A L'Autonme à l’automne à l’automne, les feuilles volent au vent. portées par le temps qui soupire, elles déambulent dans les rues, tristement, cherchant un endroit où se blottir. A l’automne, les enfants reprennent le chemin de l’école. Sur le pupitre, les feuillent rêvent de l’été qui, lentement, s’encre au verso de ce nouveau chapitre. A l’automne, le froid s’installe. déjà, les souvenirs d’été se fanent sur les pages du temps qui râle. les feuilles, couleur de feu de l’automne dans notre cœur, inlassablement flânent bruissement d’aile d’une plume d’automne.

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    C

    Caroline Baucher

    @carolineBaucher

    A quoi pense l'automne A quoi pense l'automne, quand les feuilles flânent au vent, et que le temps pleure dans le coeur des passants? égouttant, sur nos souvenirs ces derniers chagrins, l'été étire ces derniers soupirs. A quoi pense le temps quand le soleil dort, et que les beaux jours s'évaporent dans les premiers frimas de l'hiver? que deviendrai-je sans toi, ô ma mère, A qui penserai-je quand je t'aurai oubliée j'irai déposer sur la tombe du regret l'éternité pour que jamais ne se fane notre amour

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Chant d'automne Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe; L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui? — C'était hier l'été; voici l'automne! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. J'aime de vos longs yeux la lumière verdàtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre. Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre cœur! soyez mère Même pour un ingrat, même pour un méchant; Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. Courte tâche! La tombe attend; elle est avide! Ah! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux!

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Sonnet d'automne Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal : " Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? " - Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite, Excepté la candeur de l'antique animal, Ne veut pas te montrer son secret infernal, Berceuse dont la main aux longs sommeils m'invite, Ni sa noire légende avec la flamme écrite. Je hais la passion et l'esprit me fait mal ! Aimons-nous doucement. L'Amour dans sa guérite, Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal. Je connais les engins de son vieil arsenal : Crime, horreur et folie ! - Ô pâle marguerite ! Comme moi n'es-tu pas un soleil automnal, Ô ma si blanche, ô ma si froide Marguerite ?

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Les quatre saisons - l'automne L'automne fait les bruits froissés De nos tumultueux baisers. Dans l'eau tombent les feuilles sèches Et sur ses yeux, les folles mèches. Voici les pèches, les raisins, J'aime mieux sa joue et ses seins. Que me fait le soir triste et rouge, Quand sa lèvre boudeuse bouge ? Le vin qui coule des pressoirs Est moins traître que ses yeux noirs.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Novembre Je te rencontre un soir d'automne, Un soir frais, rose et monotone. Dans le parc oublié, personne. Toutes les chansons se sont tues : J'ai vu grelotter les statues, Sous tant de feuilles abattues. Tu es perverse. Mais qu'importe La complainte pauvre qu'apporte Le vent froid par-dessous la porte. Fille d'automne tu t'étonnes De mes paroles monotones... Il nous reste à vider les tonnes.

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    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Le tiède après-midi paisible de Septembre Le tiède après-midi paisible de septembre Languit sous un ciel gris, mélancolique et tendre, Pareil aux derniers jours d'un amour qui s'achève. Après les longs et vains et douloureux voyages, Le solitaire, ouvrant sans bruit la grille basse, Rentre ce soir dans le logis de sa jeunesse. Ah ! comme tout est lourd, comme tout sent l'automne ! Comme ton cœur d'enfant prodigue bat, pauvre homme, Devant ces murs où tu laissas ta vie ancienne ! La vigne vierge rouge étreint les persiennes, Le seuil humide et froid est obscur sous les arbres, Et le portail, vêtu de lierre, se lézarde. Le voyageur, avant de rouvrir les fenêtres, Respire en défaillant l'odeur des chambres closes ; Il regarde onduler les rideaux des alcôves Et le miroir verdi briller dans les ténèbres. Il pèse sur le bois gonflé, les volets crient, La poussière voltige à la lumière triste ; L'âme émue et les doigts tremblants, pieux, il touche Les roseaux desséchés, le clavecin qui vibre, Les estampes, les maroquins ouatés de mousses : Ah ! ces mousses qui sont les cheveux blancs des livres ! L'enfant morne, oppressé de souvenirs, étouffe, Et son fragile cœur frémit comme une vitre.

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    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    La mort du soleil Le vent d’automne, aux bruits lointains des mers pareil, Plein d’adieux solennels, de plaintes inconnues, Balance tristement le long des avenues Les lourds massifs rougis de ton sang, ô soleil ! La feuille en tourbillons s’envole par les nues ; Et l’on voit osciller, dans un fleuve vermeil, Aux approches du soir inclinés au sommeil, De grands nids teints de pourpre au bout des branches nues. Tombe, Astre glorieux, source et flambeau du jour ! Ta gloire en nappes d’or coule de ta blessure, Comme d’un sein puissant tombe un suprême amour. Meurs donc, tu renaîtras ! L’espérance en est sûre. Mais qui rendra la vie et la flamme et la voix Au cœur qui s’est brisé pour la dernière fois ?

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    Charles-Nérée Beauchemin

    @charlesNereeBeauchemin

    Rayons d’Octobre (I) Octobre glorieux sourit à la nature. On dirait que l’été ranime les buissons. Un vent frais, que l’odeur des bois fanés sature, Sur l’herbe et sur les eaux fait courir ses frissons. Le nuage a semé les horizons moroses, De ses flocons d’argent. Sur la marge des prés, Les derniers fruits d’automne, aux reflets verts et roses, Reluisent à travers les rameaux diaprés. Forêt verte qui passe aux tons chauds de l’orange ; Ruisseaux où tremble un ciel pareil au ciel vernal ; Monts aux gradins baignés d’une lumière étrange. Quel tableau ! quel brillant paysage automnal ! À mi-côte, là-bas, la ferme ensoleillée, Avec son toit pointu festonné de houblons, Paraît toute rieuse et comme émerveillée De ses éteules roux et de ses chaumes blonds. Aux rayons dont sa vue oblique est éblouie, L’aïeul sur le perron familier vient s’asseoir : D’un regain de chaleur sa chair est réjouie, Dans l’hiver du vieillard, il fait moins froid, moins noir. Calme et doux, soupirant vers un lointain automne, Il boit la vie avec l’air des champs et des bois, Et cet étincelant renouveau qui l’étonne Lui souffle au coeur l’amour des tendres autrefois. De ses pieds délicats pressant l’escarpolette, Un jeune enfant s’enivre au bercement rythmé, Semblable en gentillesse à la fleur violette Que l’arbuste balance au tiède vent de mai. Près d’un vieux pont de bois écroulé sur la berge, Une troupe enfantine au rire pur et clair, Guette, sur les galets qu’un flot dormant submerge, La sarcelle stridente et preste qui fend l’air. Vers les puits dont la mousse a verdi la margelle, Les lavandières vont avec les moissonneurs ; Sous ce firmament pâle éclate de plus belle Le charme printanier des couples ricaneurs. Et tandis que bruit leur babillage tendre, On les voit déroulant la chaîne de métal Des treuils mouillés, descendre et monter et descendre La seille d’où ruisselle une onde de cristal.

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    Charles-Nérée Beauchemin

    @charlesNereeBeauchemin

    Rayons d’Octobre (II) À peine les faucheurs ont engrangé les gerbes Que déjà les chevaux à l’araire attelés Sillonnent à travers les chardons et les herbes La friche où juin fera rouler la mer des blés. Fécondité des champs ! cette glèbe qui fume, Ce riche et fauve humus, recèle en ses lambeaux La sève qui nourrit et colore et parfume Les éternels trésors des futurs renouveaux. Les labours, encadrés de pourpre et d’émeraude, Estompent le damier des prés aux cent couleurs. De sillons en sillons, les bouvreuils en maraude Disputent la becquée aux moineaux querelleurs. Et l’homme, aiguillonnant la bête, marche et marche, Pousse le coutre. Il chante, et ses refrains plaintifs Évoquent l’âge où l’on voyait le patriarche Ouvrir le sol sacré des vallons primitifs.

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